Last chance to lose control (Mona)

Dix-huit ans, les hormones en ébullition, Zach pousse la porte d'une maison envahie par de nombreux Londonien fêtard. Une énième fête à laquelle il assiste, ce mois-ci. Depuis le début de l'année à la London School of Economics, il n'est pas des plus assidu. Le fait de s'asseoir huit heures par jour dans un amphithéâtre bien trop bondé à son goût, écoutant un professeur était d'un ennui mortel. Son rêve de conquérir la CITY, lui échappe peu à peu. Alors, même s'il se force à venir en cours, surtout pour faire plaisir à ses parents qui lui ont payé l'école, il ne faudrait tout de même pas qu'il renonce tout de suite, il ne pourrait plus profiter des bars et des soirées, il finit ses nuits en écoutant son professeur parlant de bourse et comment faire le meilleur investissement. Il écoute tout de même quelques cours, ceux qu'il juge intéressant, pour plus tard, il a encore plus ou moins l'espoir de pouvoir passer en deuxièmes années. La majeure partie du temps, le blond, drague ses petits camarades et se renseigne sur les meilleures soirées du coin.
À cette soirée, l'alcool coule à flot, la musique est bien trop forte et certains fument déjà à outrance, enfumant la pièce principale. Un peu comme toutes les autres qu'il avait déjà assistés. Mais à chaque fois Zach fait des rencontres intéressantes. Il salue l'ami en passant devant lui, celui qu'il l'avait renseigné pour cette fête, c'était peut-être d'ailleurs chez lui ? Il n'en sait rien et en vérité, il s'en contre-fiche totalement. Zach se demande bien ou a pu passer William, son colocataire, il lui avait donné l'adresse, il balaye du regard la salle remplie de jeunes sautant un peu partout au rythme de la musique. Le connaissant, il avait dû se perdre et trouver une autre soirée, ou alors il avait trouvé le lit d'un ou d'une conquête.  
Il attrape une bouteille à côté de lui et s'en va vers la cuisine à la recherche d'un gobelet propre. Il rentre alors malencontreusement dans une jeune-femme brune, éclaboussant un peu son haut au passage à cause de sa bouteille ouverte. « Merde ! » Il la dévisage un instant, sans rien lui dire, ni même s'excuser. C'est bizarre, mais elle ne lui est pas inconnue. En même temps, c'était probable qu'il l'avait déjà rencontré. À une fête ou alors il l'avait dragué. Passé la nuit avec elle ? Il se rend compte qu'il la fixe tout en passant une main dans ses cheveux, il se décide à s'excuser : « Excuse-moi, en général, je regarde où je marche. » Il se rapproche d'elle tout en disant cela, pour qu'elle puisse l'entendre. « Mon pote m'a lâché, tu veux boire un verre ? » Ajoute-t-il en lui montrant la bouteille d'alcool qu'il avait trouvé, il y a maintenant deux minutes. Il l'invite, mais ici, tout est en libre-service.

On atteint doucement (mais sûrement) ce moment de la soirée où je ne sais plus vraiment comment je suis arrivée, ni avec qui je suis arrivée et encore moins comment je compte rentrer. Je crois pouvoir dire sans me planter que ces derniers mois m'ont radicalement changée. La petite lycéenne timide et renfermée s'est littéralement évaporée pour laisser place à une sorte de double, façon party girl, encore partiellement non identifiée. J'en découvre un peu plus sur ses limites chaque jour pour le meilleur comme pour le pire.

Je erre dans cette maison bondée à la recherche d'un visage familier et d'un verre à remplir. Alors que j'entre dans ce qui ressemble à une cuisine, les visages de quelques amis me reviennent en mémoire et je me souviens les avoir vu m'abandonner pour clairement se lécher mutuellement le visage. Cette image me donne vaguement un haut-le-cœur et pendant un instant de lucidité,  je me dirige vers l'évier pour boire une gorgée d'eau en espérant bêtement que personne ne m'a vue faire. Je me retourne et entre en collision avec un verre. Et qui plus est un verre plein dont le contenu se répand doucement  sur mon haut. Le corps relié à ce verre lâche un juron alors que je frotte les quelques tâches qui ont rendu le tissus presque transparent. « Tu sais si tu voulais me voir à poil t'aurais pu me demander au lieu de ruiner mes fringues ». Je lève les yeux vers le corps qui est un joli corps finalement, grand, blond, chevelure soyeuse et visage presque familier. Il me fixe en silence et je commence à trouver ça gênant, ou alors je m'ennuie, c'est possible aussi. Il finit par se rapprocher et s'excuser de sa maladresse. Pour seule réponse, je ferme mes deux poings et relève mes pouces devant lui, sans doute une manière de lui faire comprendre que je ne lui en voulais pas le moins du monde. Mais n'importe quoi. Je ne suis peut être pas assez alcoolisée pour ne pas remarquer que mon attitude est ridicule. C'est la raison pour laquelle j'accepte la bouteille. Je la lève devant moi et élève la voix pour qu'il m'entende : « Portons un toast, à tous ceux qui se sont fait lâcher ce soir. » Je bois une bonne gorgée et lui remet la bouteille entre les mains. Je passe du coq à l'âne et m'approche de son oreille pour qu'il m'entende. « Tu vas penser que je suis une tarée, mais j'ai déjà vu tes cheveux quelque part... » Je glisse mes doigts dans quelques mèches blondes « Pourquoi est-ce qu'ils sont si soyeux ? C'est fou... » Je m'arrête soudainement et le regarde dans les yeux « Et ce n'est pas une technique de drague mec, vraiment pas. » J'attrape à nouveau la bouteille pour me faire taire.

Il était certain, que s'il l'avait voulu a poil, il aurait fait autrement. Il n'avait pas vraiment de difficulté dans ce domaine. Sa mère et son père, lui avaient donné de bons gènes. Alors qu'il bugge un moment sur cette fille, il revient très vite à ses esprits et s'excuse. Pour toute réponse, elle lui tend ses deux pouces, sûrement pour montrer que tout aller bien de son côté. Il trouve cela un peu bizarre, mais qui est-il pour juger ? À sa proposition pour boire, la brune s'empare de la bouteille et porte un toast à tous ceux qui se sont fait lâcher. C'est peut-être son cas aussi. Il ne peut s'empêcher de répondre en gueulant un peu, en souriant. Zach la regarde boire la bouteille au goulot et décide de faire de même quand elle lui remet entre ses mains. Attends ? Il avait bien entendu ? Soyeux ? C'était bien la première fois qu'on lui posait cette question et qu'en plus, on lui tripotait les cheveux en même temps. Mais il se laisse faire, un peu amusé par son comportement. Il s'amuse lui aussi à lui prendre une mèche de cheveux brune pour regarder s'il était aussi soyeux que les siens. Il hausse un sourcil à sa remarque, il n'était pas, bien sûr, qu'elle ne le drague pas. « T'es sûre que tu me dragues pas ? Dis-le-moi tout de suite si tu veux monter. » Il rit en montrant les escaliers, tout en sous-entendant qu'elle voulait peut-être passer à l'étape supérieure avec lui. Cela n'étonnerait pas le blond et surtout ne le dérangerais pas le moins du monde. C'était une jolie fille. Cependant, il reprend pour répondre à sa question. « Pour mes cheveux, ça doit être grâce à mon shampoing, si tu veux jte filerais la marque ! » Il lui fit un grand sourire. Ironique ? Peut-être. Alors qu'elle lui avait de nouveau piqué la bouteille des mains, il en profita pour récupérer une cigarette qu'il avait roulée en prévision et son briquet dans la poche de son jean. « Tu fumes ? » Il lui fit un clin d'œil pour lui indiquer que ce n'était pas une simple cigarette. D'ailleurs, il avait pris un petit stock avec lui en prévision. Il préfère fumer ce qui vient d'une plante, qu'un truc totalement chimique. « Moi, c'est Zach. » S'ils devaient se partager un joint alors, il valait mieux se présenter officiellement.