welcome to all of my three friends | ft. the activists

Depuis qu'elle habitait seule, accueillir des gens chez elle rendait toujours Aurora nerveuse ; en-dehors de la simple contrainte d'avoir des gens chez soi, elle saisissait bien qu'elle n'était pas des plus ordonnées, ni de très bon goûts quand il s'agissait de décorer son appart. Sa capacité à meubler son appartement lorsqu'elle avait emménagé avait été de piquer le maximum possible de meubles à la maison familial, d'acheter un canapé dont la matière des coussins lui plaisait (qu'elle avait mis deux mois à trouver), un nouveau bureau, et de remplir tout le reste de l'appartement avec ce qu'elle avait récupéré dans son ancienne chambre. La plupart étaient en relation avec ses intérêts spéciaux, et il suffisait de faire un tour du salon pour en dresser une liste à peu près exhaustive. Tout ce qu'elle avait affiché au mur était des illustrations de comics, de vieilles affiches de films d'horreurs et celle d'Hamilton que Meagan lui avait offerte. En-dessous de la télévision, sur le manteau de la cheminée, elle avait placé un crâne en référence à Sherlock à côté d'une figure de Judge Dredd.
Rien ne s'accordait, et tout formait un joyeux bazar qui rassurait Aurora mais rendait confus le reste du monde. Et même si elle s'entendait bien avec ses amis de l'université, elle n'était pas encore sûre qu'ils tolèrent toutes les figurines gores qu'elle exposait sur le bar qui séparait la cuisine du salon. Pour la soirée elle avait relégué tout ce qui pouvait sembler trop bizarre dans sa chambre, et nettoyé aussi bien que possible le reste de l'appartement. Elle se souvenait à peu près de ce qui avait été servi durant la dernière soirée Netflix, et avait acheté à peu près les mêmes choses la dernière fois qu'elle était partie faire les courses. Aurora s'était demandé ce qu'ils allaient bien regarder, et avait pensé à faire le choix elle-même pour régler une bonne fois pour toutes ce problème, mais ça permettait aussi de facilement démarrer la conversation, et elle s'était ravisée. Enfin, elle avait tant bien que mal mis en ordre son bureau ; ses derniers gribouillages trônaient en une pile pas très stable au sommet de son bureau. Non, elle avait tout préparé et il ne lui restait qu'une chose à faire avant que tout le monde arrive : attendre.
Elle s'était allongée sur le canapé et traînait sur son téléphone. L'illustratrice avait un projet à rendre dans trois semaines et son agent la connaissait tellement bien qu'elle commençait déjà à la relancer ; elle se promit de s'y mettre le lendemain, mais tant qu'elle attendait des gens elle ne pouvait pas se mettre à travailler maintenant. Elle serait dans l'incapacité de faire quoi que ça soit tant que tout le monde n'était pas venu, reparti, et son appartement à nouveau en ordre. Elle se demanda à nouveau si elle ne devait pas choisir ce qu'ils allaient regarder elle-même, et alors que son cerveau repartait dans un engrenage de question-réponse, on sonna enfin à l'interphone.
Aurora bondit pour aller ouvrir et indiquer l'étage au passage. Ne savant trop quoi faire, elle attendit le premier arrivé sur son palier.