bem | about pizzas and moving in

Il lui mentait. Clairement, à ce stade, c'était devenu purement et simplement du mensonge, peu importe ce qu'il se répétait à longueur de journées et ce qu'il faisait pour éviter d'y penser. So, staying in London and not talking about flying back to LA, wasn't exactly the same as flat out lying buuut ─ Ben mentait à Lemon, voilà tout. Et, vraiment, il n'en avait pas eu l'intention en arrivant. Ou du moins pas consciemment. Peut-être que le fait qu'il n'avait pas acheté tout de suite son billet de retour ni même vaguement fixé de date était édifiant ─ it was ─ mais il n'était pas le type le plus organisé qui soit et il avait simplement eu envie de profiter de ses vacances avec sa copine ─ who wouldn't have? Seulement ces vacances n'étaient plus vraiment des vacances mais un préavis effectué à distance, au grand dam de son patron qui avait marmonné un shoulda known quand il lui avait annoncé la nouvelle au téléphone ─ autre preuve que sa décision de rester à Londres n'était peut-être pas si inattendue que ça ? Et Lemon n'était pas au courant. Pas de sa démission, ni de son souhait de rester un bon moment dans le coin, ni même qu'il cherchait désespérément à vendre son appartement. Il lui mentait, détournait son attention avec des sourires bêtes, des invitations au resto et des confidences un peu niaises qu'il n'arrivait plus à retenir depuis un moment.

Il lui mentait mais il avait décidé d'arrêter, autant parce qu'il ne pouvait plus gérer la culpabilité que parce qu'il craignait de devoir se rhabiller complètement s'il continuait à tenir un tel rythme de diversion culinaire.

Ce soir donc, pas de réservation, pas de livraison du thaï découvert dans la matinée au gré de ses errances sur le net, juste un plat de pâtes qui attendait d'être réchauffé et le regard peu rassurant de Pancakes, étalé à ses côtés sur le canapé. « You're not helping buddy, definitely not, lâcha-t-il à l'intention de la bête, pas le moins du monde perturbée par son commentaire, you could try cheering me up or, dunno, boosting my ego, telling me everything's gonna be fine. No one will share their croissants with you if she mad and decides to throw me out » Les probabilités étaient minces mais après tout, so were the ones about his parents getting a divorce and yet- mais ce n'était pas le sujet. Le sujet, d'ailleurs, était en train de rentrer et Ben, en train de réaliser qu'il n'avait absolument rien préparer, en dehors des pâtes ─ which wasn't probably as romantic as he thought it was. Qu'était-il sensé faire, déballer son sac directement ou préparer le terrain ? Et comment préparer le terrain, au juste ? Vaguement paniqué, il trouva néanmoins le courage d'abandonner le canapé et Pancakes pour retrouver Lemon. « Babe, hi » bredouilla-t-il et, damn, avait-on jamais entendu andouille plus embarrassée que lui ? Probably not. « How was your day? I meant to text you to ask what you wanted for tonight but my phone died when Pancakes and I took a walk earlier and, yes, it's probably because I took too many pictures but- never mind. Can we talk? » Ben s'était rarement senti si gêné et pourtant, il avait vécu plus d'une situation profondément pénible tout au long de sa scolarité. Pourtant, affronter les bullies et leur obsession pour le shampoing improvisé au fond des cuvettes du lycée semblait presque une bagatelle à présent. Il savait qu'il n'avait rien à se reprocher, si ce n'était quelques semaines à esquiver les questions et à vaguement mentir à sa petite-amie, mais il avait l'impression qu'il s'agissait d'une étape. Une étape qu'ils n'étaient peut-être pas prêts à franchir.

La journée a été folle. Crise après crise au travail. Du plantage monumental des machines - et pour une entreprise spécialisée dans le design, c'est un peu problématique d'avoir des ordinateurs qui ne marchent plus - au meeting avec un de nos plus grands clients that got pushed up last minute, en passant par les toilettes bouchées - c'est crade, je sais, mais kind of a big deal, as well. C'était le chaos, ou presque. Et puis, à force d'un brainstorming bien mené, les solutions ont commencé à tomber, l'une après l'autre, and things fell into place. D'anciens ordinateurs ont été ressortis for back-up, on a réussi à faire une présentation old school qui se tient - heureusement que certains d'entre nous savent manier un crayon aussi bien que Photoshop - et les toilettes, well, nos voisins du dessous ont eu l'amabilité de nous ouvrir les leurs, thank God. Avec tout ça, on a à peine eu le temps, ni même l'envie, d'une pause déjeuner. Ce qui ne nous a pas empêchés de célébrer le succès, after the mess, avec des verres de champagne. Parce qu'apparemment, notre CEO a des bouteilles de Dom Perignon qui traînent dans son bureau, for some reason.

Et c'est donc la tête pas tout à fait claire que je pousse la porte de chez moi, où m'attend mon petit ami. « Babe, hi », m'accueille-t-il aussitôt. « Hiiiiiiiiii », je m'exclame, avec un grand sourire. Je suis toujours contente de le retrouver et je ne le cache jamais, mais l'alcool encore dans mon sang en rajoute un peu, quand même. « How was your day? I meant to text you to ask what you wanted for tonight but my phone died when Pancakes and I took a walk earlier and, yes, it's probably because I took too many pictures but- never mind. Can we talk? » Wow, what ? Enchaînement rapide, he's nervous. Et ce "can we talk?" ne présage rien de bon. Pourtant, c'est bien de parler. Ca permet de faire passer des informations, de communiquer des idées, d'exprimer des émotions. Well, le corps peut faire ça aussi, in some ways. Mais les mots... Yet, généralement, quand quelqu'un demande de "parler" à quelqu'un, c'est rarement bon signe. And even my bubbly mind knows that. Qu'est-ce qu'il va m'annoncer ? Qu'il va repartir à Los Angeles, sans doute ? Yes, but when? Does he have to, though? Yes, he does. Sa famille est là-bas. Son travail est là-bas. Ses amis sont là-bas. C'est beaucoup de choses là-bas, face à moi, toute seule, ici. Il est resté plus que je n'aurais osé espérer, honnêtement. Mais alors que lui est en vacances, moi j'ai commencé le travail, j'ai trouvé mon nouveau rythme de vie, et je me suis habituée à sa présence. On est ensemble depuis bientôt trois ans et pourtant on n'a jamais vraiment vécu ensemble, ensemble. Parfois c'était son appartement, parfois le mien, d'autres we were too lazy or busy or tired for neither et on se parlait plutôt au téléphone ou sur Skype. Mais il est là depuis... un peu plus de deux mois et la séparation, bien qu'attendue, sera rude. « My day was a bit chaotic, but turned out fine. And it's alright, I'm sure you picked something good, I trust you. And um, sure, yeah, we can talk. Aren't we talking already, though? » Je ris un peu, awkwardly. Je n'ai vraiment pas envie d'avoir cette conversation. I already know how it's going to unfold. « Um, but. Can I eat while we talk? I barely ate all day. And to be completely honest, I had a glass of champagne before leaving work so I'm not 100 percent on top of things right now. Food would help. »

Ils se connaissaient depuis suffisamment longtemps, avec Lemon, pour que Ben sache que rien de dramatique ne déboucherait de cette discussion. Mais ─ parce qu'il y avait forcément un mais, sinon la vie perdait de sa saveur, right ? ─ il ne parvenait pas à se débarrasser de cette crainte qui le suivait depuis quelques temps. A moins que ce ne fut de la culpabilité ? Ben était incapable de le dire. Il savait qu'il en avait assez de remettre à plus tard cette conversation. Il avait pris sa décision, un peu à la hâte, certes, mais il était certain de savoir ce qu'il voulait. Restait à découvrir si Lem serait partante pour tenter cette nouvelle aventure à deux. Ces derniers mois étaient la preuve qu'ils pouvaient vivre sous le même toit sans étouffer mais ─ encore ce fameux mais, damnit ─ leur quotidien avait alors le goût de l'éphémère. Il était sensé repartir, retourner en Californie et ne revenir que dans un futur lointain, encore vague. Le divorce de ses parents avait remis en question son mal du pays. Il fallait qu'il s'éloigne quelques temps, c'était clair, et en même temps, rien ne le retenait vraiment à LA. Il y avait ses amis, bien sûr, mais les amitiés, les vraies, étaient capables de survivre à la distance. Il y avait sa famille aussi mais il voulait s'en écarter un moment, le temps de digérer cette triste affaire. A Londres, il y avait Lemon et Ben l'avait assez attendue pour savoir qu'il voulait faire un grand bout de chemin, sinon sa vie, avec elle. Pourtant, here he was, all nervous and fidgety à l'idée de le lui annoncer. And she was tipsy. Great. « Yeah, yeah, we're talkin' babe, we are » acquiesça-t-il avec un sourire tendre. Il eut brièvement en tête des images datant des quelques années ensemble, entre bières et lendemains difficiles. « I made pasta, yeah, ajouta-t-il, plus nerveux que jamais, could be good, dunno, with some cheese. Sorry, I got a bit nervous and food always distracts me, so... » So out with it Benjamin Voorhees. God, pourquoi était-ce si difficile ? « Shall we? » fit-il, avec un geste pour la cuisine derrière lui. La cuisine, heaven on Earth most of time. Not today though, not today. « Ok, so, I have some news and you might not like them. If so, please, be honest about it, ok? Don't be, like, afraid to hurt my feelings or anything. We can figure things out, we always do, right? » Right, Voorhees, keep stalling. Il lui tourna le dos pour attraper les assiettes, si angoissé qu'il en avait les mains moites. Gross. How could she possibly want to live with him, really. « The thing is, I, mh. You know how I was supposedly, like, on vacation from work, right? Well, I, shit, oh what the hell, I'm not going back. They're not really happy about it but I don't really wanna go back to Cali right now, it's just- I don't want to. I'd like to stay here, if you'll have me » Il se sentit vaguement coupable de ne pas évoquer ses parents. Il le lui dirait, plus tard. « Or I could look for an apartment. A flat, sorry. I mean, we don't have to live together if you don't want us to » s'empressa-t-il de la rassurer, se sentant un rien idiot avec les couverts à la main et la peur lui tordant le visage.