you know you love me. ✄ pour Tristan.

« Do you wanna touch, do you wanna touch me theeeere... » Tête en arrière, yeux fermés, je m'égosille tandis que l'eau brûlante me tombe dessus. En une demi heure de douche, j'ai eu le temps de répéter un peu pour la chorale et de me rendre compte que mon répertoire musical ne convenait sûrement pas. Je ferme le robinet et sors de la cabine dans un nuage de vapeur tout en m'essorant les cheveux. « Baby won't you please run your fingers through my hair... » Je continue de chantonner tout en m'enroulant dans une serviette -LA serviette- pour commencer à me frictionner. Un regard vers ma montre m'informe qu'il est 21h30 et donc que je suis en retard. Tristan ne va pas tarder à arriver pour notre soirée Gossip Girl et il vaudrait mieux qu'il évite de me trouver dans sa serviette. Je la balance sur mon lit et enfile mon pyjama. Stop. Je n'enfile pas mon pyjama et mets simplement mon short domestique -autrement dit que je ne mets que chez moi- et mon débardeur du même qualificatif. Un coup de sèche-cheveux juste pour éviter que ces derniers ne gouttent et j'entreprends de mettre un peu d'ordre dans ma chambre. Vêtements entassés dans le placard, livres sous le lit et couette rabattue, on a tous sa vision de l'ordre. Ok, je pense que c'est bon.

Je descends à la cuisine pour y trouver... ma mère et deux de ses amies. Et merde. « Maman ? Qu'est-ce que que tu fais encore là ? T'avais pas un dîner ou je sais pas trop quoi ce soir ? » Elle fronce les sourcils et me somme de saluer les invitées, ce que je fais avec un sourire crispé. « Nous avons décidé de manger ici finalement, le temps est trop mauvais, tu entends ce tonnerre ? D'ailleurs, allons au salon, c'est plus confortable. » Je décline l'invitation et me rue sur mon téléphone pour expédier un rapide sms à Tristan :

Mère à la maison, SONNE SURTOUT PAS envoie moi un sms quand t'es en bas je viens t'ouvrir.

Par chance l'escalier qui mène à ma chambre est accessible sans avoir à passer par le salon où gloussent désormais les trois femmes. J'ai à peine le temps de poser mon portable qu'il vibre déjà. Sans prendre le temps de lire le texto, j'enfile la première paire de chaussures qui me tombe sous le pied et sors discrètement de l'appartement. Je fonce au rez-de-chaussée et ouvre la porte donnant à l'extérieur pour tomber sur l'insupportable sourire de Tristan, apparemment ravi de passer une soirée à mater Ed Westwick. « Entre vite Faure, et pas un bruit, si ma mère te voit, je m'arrangerai pour te tuer avant qu'elle ne m'éventre ! » Je pense que c'est devenu une habitude de jamais lui dire bonjour, comme je lui dis jamais au revoir à quoi bon ?

Avec la promotion des derniers épisodes de gossip girl lancé par la CW, il était devenu presque impossible de retenir mon impatience pour les prochains épisodes. Blair allait elle finir avec le Prince Louis, Dan ou choisir le côté obscur en rejoignant le sexy Chuck Bass ? De ce que j'avais pu voir de la promotion, tout cela semblait bien difficile à dire. Deux bagues avaient été montrées à l'écran et Dan était resté en retrait. Connaissant particulièrement bien l'esprit pervers de ces scénaristes, il ne fallait quoi qu'il arrive en aucun cas se fier aux images. La seule chose dont j'étais absolument certain, était de pouvoir mater Ed Westwick en direct pourvu qu'il n'y ai aucune coupure d'électricité liée aux conditions météorologiques. La journée avait d'ailleurs été particulièrement chaude, tout comme celles qui la précédait mais, ne portons pas la poisse, enfilons plutôt une tenue convenable. Un Faure se doit de soigner son look, même pour geeker. Caro m'avait invité à venir chez elle, pour l'occasion, disons que c'est chacun son tour, j'interprète ca comme un besoin d'intimité, Laureline va déjà faire la gueule qu'on ne regarde pas ensemble, mais je ne peux pas me diviser. Le don d'ubiquité est attribué à Prue Halliwell, mais n'abordons pas les sujet facheux, j'ai toujours préfère Prue à sa remplaçante.

Neuf heure et demi, je me fais conduire chez Carolyn, loin de me douter qu'elle vit encore chez ses parents et qu'il va me falloir jouer les amants à la deseperate housewives au risque de passer par la fenêtre si l'un des géniteur à la mauvaise idée d'aller souhaiter bonne nuit à sa petite fille chérie. Mais le sms ne tarde pas, me voilà informé. Réponse ironique : « T'es pas sérieuse... » Mais si. Suivons les instructions, mieux vaut ne pas activer le contrôle parental, ou la soirée est foutue. Je lui envoie un texto et sans se faire prier plus que cela elle descends avec une attitude d'agent secret raté voulant échapper à l'autorité parentale. Mon sourire est particulièrement narquois mais je la suis jusqu'à sa chambre. « Encore une adolescente rebelle... T'es peut être un peu trop jeune pour moi en fin de compte... » Je souris avant de laisser mes yeux traîner sur les murs de sa chambre puis sur sa housse de couette. « Par chance j'ai échappé aux draps Harry Potter. » J'envoie un petit sms à Laureline, histoire qu'elle sache qu'il reste une boite de raviolis dans la placard du haut puis me laisse tomber sur le lit de Carolyn. « Reste à occuper le temps jusqu'à trois heures du matin, sans réveiller tes parents, il va falloir faire preuve d'imagination.... »

« Un peu trop jeune ? Ne te vante pas trop Tris' je suis sûre que tu n'as même pas de poils sur le torse, ne va pas te la jouer mec mature trop vite. » Ma voix est basse mais le sarcasme dont elle est chargée est parfaitement audible. Je prends rapidement la serviette laissée sur le lit et l'emmène dans la salle de bain pendant qu'il lâche un petit commentaire sur mes draps. Je retiens un sourire. Ses réflexions fusent plus rapidement que d'habitude, l'excitation dûe à l'approche de l'heure fatidique sans doute. Tristan est pire que moi en ce qui concerne Gossip Girl, l'évocation d'un simple nom que je ne citerai pas ici le met dans un état indescriptible, proche de la tétanie. « Je les ai changé ce matin, je me doutais bien que je n'échapperai pas à te boutades sinon. J'aurais mieux de m'abstenir puisque tu me charies quand même, et dormir sans Harry va m'être pénible même une seule nuit. » Je plaisante évidemment, quoique j'ai toujours aimé Harry Potter pour ne rien vous cacher. J'ai découvert cette saga dès la sortie du premier tome et suis instentanément tombée amoureuse des Weasley, tous adorablement roux. Cette réflexion m'amène à penser que mon béguin pour Freddy est peut être lié à ça. Allez savoir, mon inconscient me joue peut être quelques mauvais tours.

Je profite qu'il envoie un sms pour filer au rez-de-chaussée prévenir ma mère que je compte passer la soirée dans ma chambre à regarder un film ou sur skype et que j'allais me coucher tôt. Sans attendre son approbation je remonte illico et ferme à clé derrière moi, mieux vaut ne pas tenter le diable. Tristan est installé sur mon lit sans aucune gêne et continue l'inspection de ma chambre. Je soupire et vais m'asseoir à ses côté, à genoux. « Mes parents, autrement dit ma mère, est dans le salon en train de fêter l'anniversaire d'une de ses amies, aucun risque de ce côté, en plus sa chambre est aussi au rez-de-chaussée, à l'autre bout de l'appart'. Tu peux faire du bruit si tu veux. Enfin... pas trop quand même. » Je lui lance un regard méfiant. Cet idiot serait bien capable de se mettre à hurler pour savoir en combien de temps ma mère débarquerait. « Quant à ce que nous allons faire... tu sembles avoir plus d'inspiration que moi et je suis sûre qu'un karaoké ne te tente pas plus que ça. Tes idées sont toujours plus productives. » Le sourire qui naît sur mes lèvres s'éteint lorsqu'un violent coup de tonnerre me fait sursauter.

« Les poils sur le torse n'ont aucun fichu rapport avec ça, je me contente de ceux d'Ed Westwick de loin, et du reste j'épile les miens, choix purement artistique tu t'en doute. » Vous en connaissez vous des futurs mannequins avec une forêt vierge implantée sur la poitrine ? Tous les créateurs sont homo ou presque, l'infime partie qui reste prône le métrosexualisme poussé à l'extrême. Je ne fais pas exception, et je n'ai pas à craindre qu'on me traite d'homo, puisque je le suis presque à 50%. Un problème en moins. Je laisse un sourire s'esquisser sur mes lèvres, montrant bien que je suis nullement atteint par ses pseudos sarcasmes. Elle ne prend pas la mouche non plus pour Harry et continue dans l'humour quelque chose qui nous caractérise tous les deux et qui joue probablement dans notre amitié un rôle particulièrement essentiel. J'apprécie Caro, sans doute parce que c'est une fille simple qui a de la personnalité. « Ce n'est pas comme si tu allais dormir seule, Chuck Bass, N'huit et moi même allons te tenir compagnie. » Et oui, ce soiiir c'est le graaand soir on va faire tanguer les étoiles, je pourrais presque en chanter mozart l'opéra rock si Laureline ne faisait pas la gueule en échange. Pour tuer le temps en revanche il n'y a rien de mieux, et nous sommes deux adorables geeks.

Grâce à ce crétin choriste homosexuel de Camille, les notifications pleuvent, , tandis que je montre à Caro ses dernières imbécillités. « Pourquoi tu traînes avec...cette chose, il est pas pire que Paige, mais pas mieux non plus... » Inutile de nous attarder sur son cas j'irai au préalable saluer de tomates l'une de ses prestation s'il ose revisser son solo en public. En attendant voyant le pc de Caro allumé je lui fous du Tokio Hotel que je partage même sur son mur en riant, pour la suite, ce sera les 2be2, pour parfaire sa culture, mais je suis étonné de constater qu'elle connaît même les paroles. « Tu étaaais fan avoue. » Je ris avant d'aller polluer quelques murs au passage tout en évitant soigneusement Camille qui je ne sais par quel processus étrange est arrivé dans mes amis facebook. « Hôte indigne, tu ne me proposes même pas l'apéritif ! » Oui Tristan Faure ne supportera pas une scène de Dair supplémentaire sans être sûr d'avoir ce qu'il faut dans le sang pour le supporter.

Je retiens de justesse une grimace dégoûtée en imaginant le torse imberbe de mon ami. Horreur, le voilà passé du stade de beau gosse viril à celui de mâle qui s'assume pas. Je prends une profonde inspiration et me mords la langue pour ne rien dire de particulièrement acerbe. Un homme sans poil est et restera à jamais un de mes sujets de moquerie favori. Il saisit évidemment la plaisanterie et y répond avec un sourire mi-figue, mi-raisin. Je fais mine de réfléchir puis assène « Mouais, je préfère Harry il a des cicatrices de guerre, c'est si masculin. » Air innocent, je pousse mon ordinateur vers lui et prends le téléphone qu'il me tend pour parcourir des yeux les divers commentaires de Camille sans faire attention à la remarque imprégnée de méchanceté et de dédain de Tristan. Je lui adresse un sourire lointain digne de Luna Lovegood et réponds simplement « Il faut bien que quelqu'un le protège de toi espèce de brute. » Je ne vais pas plus loin craignant qu'on aborde prématurément le sujet de la chorale qui mènera sans aucun doute à la mise à la porte de l'impertinant, impertinant qui d'ailleurs vient de mettre Youtube en route, 1000 Meere de Tokio Hotel pour être précise. Je fredonne la chanson tout en le poussant doucement pour me caler entre lui et l'ordinateur et commenter la vidéo qu'il vient de publier sur mon mur.

WIR MUSSEN NUR NOCH 1000 MEERE WEIT ♥

« J'avoue. » Aucune suite n'est demandée et je sais que je n'en aurais pas. Nous alternons encore quelques commentaires jusqu'à ce que je me relève pour m'agenouiller sur le sol et plonger mon buste sous le lit pour trouver de quoi nous rafraîchir. J'attrape mon ancien sac de cours et le tire hors de là dans un bruit de bouteilles entrechoquée. Je me redresse et pose le sac sur mon lit. « Sers toi, par contre j'ai pas de diluant, mais t'es un homme non ? » Je pose sur lui un regard candide avant d'aller fermer les volets, stressée par l'éclair qui vient de zébrer le ciel. Je reviens m'installer devant l'ordinateur juste à temps pour voir le post de Lucy. Mes épaules et ma nuque se contracte lorsque je le lis. Je tape quelques mots mine de rien et commence à chanter le refrain de Like a Virgin. « Ca passerait cette chanson à la chorale tu crois pas ? » Trop tard, les mots sont sortis, l'avenir de la soirée dépend désormais de sa réponse qui sera je l'espère pas trop désagrable. Je ne peux pas voir son visage placé juste derrière moi, mais j'imagine l'expression qu'il arbore.

Harry avouons le n'est pas très mignon, ce n'est pas le genre d'hommes à faire fantasmer les midinettes pour sa plastique de rêve et ses cheveux digne d'une pub pour herbal essence. Les princes anglais n'ont de réel charme que leur titre, bien que William avant la calvitie ait été plutôt agréable à regarder il faut tout de même le noter, mais rien à voir avec Westwick. Quand aux cicatrices de guerres, je reconnais bien là une ex fan de Jasper Cullen, ou de Harry Potter qui d'autre pourrait trouver ça sexy et masculin ? « Traumatisme de l'enfance, après le complexe d'œdipe, survient le complexe d'Harry. Il te fait acheter des parures de draps, appeler ton animal de compagnie Hedwige et pour finir, inconsciemment trouver du charme aux hommes balafrés. Je devais annoncer ma thèse. » Je souris nullement concerné par ses petits piques qui sont d'ailleurs d'un ordinaire affligeant. « Cela étant la cicatrice sur la joue de Mathias Lauridsen me fait bien plus d'effet que toute celles que le prince Harry a pu accumuler. » Le sujet Camille est abordé, illustré de quelques commentaires d'une finisse rare sur nos murs. « C'est vrai, ainsi je tiendrais confidentiel, le cadeau de fin d'année que je lui réserve, crois le ou non, il a comme une valeur sentimentale à mes yeux, et je compte réaliser un de ses rêves de gleek. » Je fais confiance à Caro pour deviner et aller annoncer la bonne nouvelle à Camille, dans tous les cas, il n'y échappera pas, et bien malheureusement ca m'amuse.

Alors que je lui met du Tokio Hotel, elle semble connaître les paroles par cœur en fredonnant la chanson avec assurance. « Honnêtement, je préfère bad romance. » Un sourire s'affiche sur mon visage, alors qu'elle plonge sous le lit pour sortir une bouteille de vodka, du propre les gamines de nos jours. « Vilaine fille, tes parents devraient davantage te surveiller, premièrement tu invites des garçons à dormir chez toi en pleine semaine, les faisant entrer en douce et sans bruit, pour ensuite sortir une bouteille de sous ton lit. Vraiment pas sage comme fille. » Elle me propose de me servir, mais pas de verre en vue. Allons y gaiment. « Pas de diluant mais pas de verres non plus, jouons les primates. » Je lui prends la bouteille avant d'en boire une gorgée assez conséquente pour enfin lui rendre pour qu'elle se serve également. « Tu n'as pas à t'en faire je suis assez pointilleux sur l'hygiène dentaire et buccale en général, j'utilise même une lotion au fluor. » Je lui adresse un sourire colgate smile, alors que le liquide continue de brûler mon gosier. Elle chante Like a virgin et je la suis avec amusement, avant d'être brusquement coupé par l'évocation de la chorale. Je l'avais presque oubliée. « Peut être qu'en en faisant partie j'aurais soumis l'idée et même improvisé un duo avec Camille, mais on sait tous que ce n'est pas le cas, alors je ne vais pas me prononcer. » Tristan Faure à la chorale est socialement inenvisageable.

« Mon chat s'appelait Pattenrond avant de se défenestrer. Il ne supportait plus mes trips musicaux en pleine nuit. » Je souris tristement au souvenir de mon ancien animal retrouvé éclaté sur le bitume, trois étages plus bas. Après cet événement je me suis rendue compte que chanter à pleine voix à trois heures du matin pouvaient se révéler néfaste pour les autres. J'ai appris la leçon, maintenant je vais à la chorale et je chante pour Candice, espérant obtenir le même résultat qu'avec mon chat défunt. Je lève les yeux au ciel alors qu'il parle de Camille. Je n'ai jamais bien compris pourquoi ces deux là ne peuvent pas se sentir mais ça m'embête bien. « Tu sais à quel point j'aime Camille Tristan, tout ce que tu lui feras subir aura des répercussions. Crains mon courou vengeur. » Je retiens un sourire et adopte une posture impressionnante pour bien montrer ma détermination à protéger mon ami. J'admets que me placer devant lui quand Tristan lui balancera un slush à la figure me coutera beaucoup, mais je le ferai. Et je le punirai ensuite. Je prends une gorgée de vodka qui me fait grimacer avant d'en avaler une autre immédiatement après pour m'y habituer, au risque de m'étouffer. Ce qui, par bonheur, n'arrive pas. « Je suis majeure Tristan, j'invite qui je veux, je veux juste éviter que ma mère ne te voit toi en particulier. T'es pas vraiment le genre de garçon que je fréquente habituellement. » Ou du moins que je fréquentais à l'époque où j'étais amie avec Lemon. Ados boutonneux à lunettes et appareil dentaire sans aucun charme, l'exact opposé de Tristan en somme. « Quand à ça -je montre d'un signe du menton la bouteille qu'il tient désormais entre ses mains- c'est planqué ici pour ne pas que ma mère la boive. Tout simplement. » Un problème supplémentaire qui n'a pas sa place ici.

Sa réponse est plus que correcte, je souris à l'écran devant moi. Il pourra dormir à l'intérieur cette nuit. « Je ne la chanterai pas, ça serait inconvenant à mon avis, et Bad Romance ne passerait pas mieux. Quoique... » Je laisse ma phrase en suspens alors que je lui donne un léger coup de coude dans le ventre pour le faire reculer, me permettant de me retourner plus facilement pour lui faire face. A genoux sur ma couverture, mains sagement posées sur mes cuisses, je pose un regard intéressé sur son visage, désormais vu en plongée. « Il reste quatre heures et demi avant le début de Gossip Girl. Quatre longues heures à trépigner... » Je bois encore un peu avant de finir ma phrase « qu'est-ce que tu veux faire ? Il me semble que j'ai des dominos dans mon armoire. » Je lève innocemment le regard vers mon plafond avec l'air que je prends habituellement quand ma mère me demande si je vais vraiment chez Paige finir un exposé.

« Et on le comprend, pauvre bête, c'est d'une cruauté. » Je souris amusé, avant de soupirer, je n'avais moi même jamais eu de véritable animal de compagnie si ce n'est Nolan lorsqu'il craignait encore que Caroll-Ann se jette sur moi. Attitude mielleuse et café servi à table, je tirais particulièrement profit de la situation, sans ne serais-ce qu'avoir envie de préciser moi même les choses avec Caroll-Ann. Si Nolan avait été malin, non seulement il ne se serait pas mis en tête de sortir avec une fille qui ne lui correspondait pas, mais qui plus est il aurait probablement remarqué que toute mon attention s'était toujours concentré sur Calliope. Quoi que j'en dise, cette période n'est pas derrière moi. Je voudrais prétendre le contraire que je ne duperai pas Léandre et Laureline. L'amour c'était une belle connerie, et ce même si j'y ai mis fin avant même de prendre conscience que cela ait pu en être. De toute évidence, elle vit sa vie, sans se préoccuper de la mienne, et je ne préfère pas songer à ce qu'elle peut bien devenir, ca ne devait finalement pas signifier grand chose pour finir ainsi. Même si notre duo me manque encore quelque fois, les choses sont plus simples depuis qu'elle est partie. Pas d'attaches, pas de souffrance, le contrôle dans toutes les situations, c'était ce que j'avais toujours voulu. A quel prix?

« Je ne suis pas vraiment pour les relations sado-maso, mais bien que je t'apprécie, je ne compte pas non plus renvoyer ce colis de slushies de collection glee que j'ai spécialement fait importer pour lui. Et puis rien ne t'empêche de le prévenir Mata-Hari ! » Elle se saisit de la bouteille et avale une gorgée avant de la reposer et de déclarer avec une conviction d'adolescente rebelle qu'elle compte bien défier l'autorité parentale, non sans avouer à demi mot qu'elle a été jusqu'à évoquer ma réputation à ces parents. « A moins que tes parents fassent partie des TroubleMakers ou suivent leur blog comme ma mère, ou encore que ton père surfe sur les sites pornos gays je ne vois pas comment ils pourraient douter de mon éducation, à moins que tu ne leur ait parlé de moi, ce qui serait avouons le tout à fait étrange à imaginer. » Je ne dis rien à sa réflexion sur la bouteille, dans ce genre de cas, mieux vaut encore garder le silence. Elle se déplace et me demande ce que nous pourrions bien pouvoir faire de notre soirée. Je prends la bouteille et avale une nouvelle gorgée. « On pourrait par exemple, apprendre à se connaître autrement qu'en façade, tu me raconte une anecdote de ta vie, et je daignerai faire de même, un genre d'action vérité light pour ne pas que ta mère nous surprenne. »

Je me doutais bien qu'un regard impérieux ne suffirait pas à faire changer Tristan d'avis concernant la douche particulière dont il compte faire profiter Camille, même si j'espérais secrètement pouvoir éviter ce mauvais traitement. Une petite voix dans maon esprit me souffle que je ne suis pas obligée de protéger Camille sans cesse mais je la fais taire d'un mouvement de tête. Camille est un de mes meilleurs amis et il ne fait pas le poids contre Tristan et je risque moins que lui à tenir tête à cet être rustre et violent. Exagération quand tu nous tiens. « Je n'ai aucune envie de me faire fusiller pour trahison. Je me contenterai de me prendre une partie de ce délicieux slush que tu vas lui lancer dessus, tâche juste de prendre un parfum que j'aime. Mandarine conviendra je pense, pas trop salissant. » Je souris malgré moi avant de boire une fois encore.
« Et ce n'est pas de ton éducation que mes parents douteraient, c'est de la mienne. C'est plus une question de physique que de mental. En plus... » Nouveau sourire. « Ce qui viennent restent sagement assis en tailleur sur le tapis, ils s'affalent pas sur mon lit. » Une fois de plus, j'en viens à me demander comment j'ai pu supporter d'avoir ces gens chez moi trois nuits par semaines. Plus encore, je me demande comme Lemon fait pour continuer de les fréquenter tout en étant amie avec des gens tellement plus intéressants à côté. « En bref, je n'ai pas parlé de toi à ma mère. Si elle te voit, les choses parleront d'elle-même. » Elle se rendrait compte que sa petite fille commence à s'intéresser à d'autres choses qu'à ses études en fait.

Je le regarde boire avec peut être un peu trop d'insistance avant de lui voler la bouteille pour faire de même alors qu'il m'explique son idée. « Ca me va, mais c'est pas très clair. Bon, je vais essayer quand même. Une anecdote tu dis ? Hmmm... » Déjà, impossible de lui parler de la période où j'étais amie avec Lemon, c'est tabou. Donc... « La dernière fois que j'ai vu mon père c'était en janvier 2001, la dernière fois que je lui ai parlé en 2004. Je n'en suis même pas triste, c'est juste devenu une habitude. » C'est vrai, vivre sans lui est mon choix, j'aurais pu retourner là bas si je l'avais voulu mais j'étais bien mieux ici, particulièrement ce soir. « A toi, dis moi quelque chose de personnel. » Après avoir bu une gorgée, je lui tends la bouteille par réflexe.