Thaïs hocha de la tête face à l'artiste qui était en train de lui déballer toute l'étendue de son savoir et de sa façon de percevoir l'art en général. Il lui expliquait combien sa peinture pouvait toucher les personnes car il y avait de l'émotion à l'intérieur et c'était ce qu'il recherchait tout d'abord dans un tableau. Bien sûr, au départ, il mentionnait la difficulté d'imaginer l'aboutissement de son oeuvre car comme tout artiste rien n'était facile à débuter. Cependant, lorsqu'il était lancé, rien non plus ne pouvait l'arrêter. Aujourd'hui était un jour riche en connaissance. Thaïs s'était levée très tôt le matin pour pouvoir être la première à franchir les portes de cette exposition. Elle l'avait attendu et rêvé toute les semaines. Avec hâte, elle s'était précipitée pour prendre son petit déjeuner vers les huit heures du matin, elle n'avait même pas attendu Iona pour le prendre alors que d'habitude elle avait toujours cette petite attention pour elle. Depuis qu'elles vivaient avec elle, Thaïs était aux petits soins pour sa colocataire. En même temps, elle était un peu comme ça lorsqu'elle aimait bien quelqu'un. Mais là ce matin, elle n'avait pas eu le temps parce qu'elle savait qu'il y allait avoir du monde et comme elle ne voulait absolument pas être la dernière à entrer, le petit rituel du matin n'avait pas été accompli. Et d'ailleurs, c'était déjà un miracle qu'elle ait pu se lever aussi tôt puisqu'elle était rentrée super tard de sa soirée au Carling. Une soirée qui lui avait parue étrange à vrai dire, surtout la fin avec Kael... Enfin bref, elle s'était vite rendue à cette exposition et était restée toute la journée. Entre les discussions avec les artistes, les analyses qu'elle faisait elle-même sur les tableaux, les entractes, les autographes, les conférences etc. c'était sûr qu'elle allait y passer toute la journée. Mais cet artiste était le dernier de sa liste à voir. Un sourire s'afficha sur ses lèvres et elle serra la main de l'individu qui lui renvoyait son sourire radieux. Lorsque celui-ci se tourna pour voir d'autres personnes qui avaient des millions de questions sur ses oeuvres, Thaïs prit son portable en main et regarda l'heure. Il était presque vingt deux heures. Oui, il était temps pour elle de rentrer enfin. Ce genre de journée était riche en connaissance, certes, mais la fatigue commençait à tirer sur les forces de la jeune femme. La seule chose qu'elle voulait faire dorénavant, c'était de rentrer et de se reposer.
Elle sortit de l'établissement et se rendit au parking pour rejoindre sa cacahuète de Smart puis la fit démarrer, sortant complètement de l'endroit. Elle parcourra alors les petites routes du centre ville jusqu'à enfin se rendre devant son immeuble. Elle gara sa voiture dans le parking et sortit de celle-ci. Levant la tête un peu plus haut, elle vit encore de la lumière dans l'appartement. Ses lèvres s'étirèrent quelque peu, affichant alors un petit sourire. Iona était encore debout, en même temps, elle lui avait dit plus tôt sur les sms qu'elle lui envoyait, qu'elle avait du travail pour cette semaine. Et Thaïs savait parfaitement que Iona était une bosseuse. Ses pas la dirigèrent alors à l'intérieur de l'immeuble et elle prit l'ascenseur à toute hâte parce que le vieux voisin qui habitait juste en face d'elle n'avait pas daigné à stopper les portes. Pourtant, Thaïs n'oubliait pas la politesse que sa mère lui avait inculqué et lui dit tout de même bonsoir. En retour par contre, le vieil homme marmonna dans sa barbe. Vraiment pas très aimable, il devait avoir quelque chose contre les jeunes ou peut-être parce que parfois lorsque Thaïs se retrouvait seule dans l'appartement, les musiques qu'elle écoutait étaient trop fortes jusqu'à déranger ce même homme. C'était même fort possible ! Les portes s'ouvrirent et Thaïs sortit de l'ascenseur puis tourna dans un couloir, faisant quelques pas et se retrouva bien vite devant sa porte. Elle sortit ses clefs de son sac à main et pénétra alors dans son antre, fermant l'entrée derrière elle. Qu'est-ce que ça lui faisait du bien de rentrer à la maison ! Elle posa son sac sur le buffet près de l'entrée et enleva ses chaussures pour se retrouver pied-nu, tiens d'ailleurs, un des facteurs de la fatigue : les pieds qui lui faisaient un mal de chien. Elle était restée debout presque toute la journée. En s'avançant un peu dans le couloir, elle retira sa petite veste, l'accrochant au porte-manteau et elle apparut enfin dans le salon. Sa main se porta derrière sa nuque, la massant légèrement puis son regard se tourna vers la table à manger qui faisait office de bureaux aussi et vit de dos Iona qui était en train de tapoter sur son clavier. Cette dernière avait l'air très concentré d'ailleurs parce qu'elle ne s'était même pas retournée pour voir qui était entré à l'appart'. Thaïs s'approcha d'elle doucement et posa ses mains sur ses deux épaules, se baissant légèrement pour que son visage puisse se retrouver près d'une des joues de Iona.
❝ Salut toi. ❞
Thaïs était comme ça avec les personnes dont elle était proche, très tactile et Iona ne faisait pas exception à la règle. Et puis en même temps, Iona plaisait énormément à Thaïs alors cette dernière redoublait d'effort dans ses toucher qui étaient gentillets, jamais enfonçants, ni déplacés. Elle ne se permettrait pas d'être ainsi avec elle même si elle flirtait beaucoup avec celle-ci, elle attendait patiemment qu'Iona puisse lui dire okay pour tenter quoi que ce soit de plus. Un baiser sur sa joue et elle se redressa légèrement mais laissant toujours ses mains sur ses épaules, commençant à les masser doucement.
❝ Ouh, dis moi, tu as été toute la journée sur ton ordinateur vu les noeuds que tu as n'est-ce pas ? ❞
Dernière édition par Thaïs Cross le Sam 16 Juil - 14:07, édité 4 fois
Invité
Invité
Sujet: Re: « Home, sweet home » ┃Iona&Thaïs Sam 9 Juil - 1:29
" Oh parle-moi encore beau blond, raconte-moi encore comment tu m'enlèveras avec ta belle ferrari blanche et combien nous vivrons heureux dans ton immense appartement, dis-moi encore à quel point tu m'aimes; dis le moi. Non, non, non attends ne part pas, je... " Je me tournais et me retournais dans mon lit, bougonnant comme une enfant. Emmitouflée dans ma couette, je me refusais à quitter ce rêve merveilleux et m'y accrochais tant bien que mal, tandis que mes paupières s'ouvraient toujours un peu plus; péniblement, presque malgré moi en fait. La lumière du jour se faisait de plus en plus violente et, je regrettais d'ors et déjà d'avoir prit la mauvaise habitude de dormir sans volets, persiennes ou rideaux à franges. Je regrettais déjà de ne pas avoir pu dormir plus longtemps. D'avoir quitté ce doux rêve et mon prince charmant. Un sourire se dessina sur mon visage tandis que je me levais contre toute attente, amusée par ma naïveté apparente. Rêver au prince charmant, rien de plus délirant ! D'autant plus qu'au vingt-et-unième siècle ce type d'hommes se faisait aussi rare que les corsets et la poudre blanche. Enfilant une robe de chambre, je quittais alors mon antre et me dirigeais en plein cœur du salon où, Bouzzoo -ou le félin le plus étrange qui ne m'ait jamais été permis de posséder - m'attendait, affalé sur le canapé. Thaïs étant partie depuis belle lurette maintenant - je venais de découvrir son message et y répondais sans plus attendre - j'en déduisais que ce dernier avait encore en sa possession la télécommande. La télévision était en effet allumée et je le savais suffisamment habile désormais pour poser son énorme patte sur le petit objet et lui donner commande. Certes il mettait en marche le poste de télévision très régulièrement, mais de là à dire que c'était un animal intelligent...
Câlinant quand bien même ce gros balourd, je me préparais ensuite à déjeuner et sortait faire des courses en ville. Un petit tour à Londres pour récupérer quelques dossiers et je regagnais déjà l'appartement, du travail par-dessus la tête. Bon sang ce que ce job pouvait être contraignant pensais-je tandis que mon adorable colocataire m'envoyait un second message me notifiant qu'elle rentrerait tard. Qu'elle se rassure, je ne serai pas couchée pour autant, bien au contraire je crois que je sympathiserai plutôt avec la nuit blanche. Portant de l'intérêt à son programme de la journée, je lui notifiais alors qu'elle devrait me parler de cette fameuse exposition - dont elle ne cessait de parler depuis des semaines d'ailleurs - et ajoutais qu'elle n'avait pas à s'en faire et que je l'attendrai. Ce n'était pas comme si j'avais le choix de toute façon. Éteignant ensuite mon mobile pour éviter que l'on ne me dérange, je me préparais rapidement une thermos de thé à la vanille - mon préféré - et je me remettais au boulot. Six. Près de six articles m'attendaient, dont deux que je n'avais absolument pas commencé. La journée allait être longue.
Les minutes et les heures s'écoulèrent pourtant de manière fulgurante et, sans que je ne puisse m'en rendre compte la journée s'acheva totalement. Dos à la fenêtre je levais finalement les yeux de mon écran et prenait conscience qu'il faisait presque nuit noire dehors; c'était incroyable ! Avais-je été si absorbée par mes articles au point de ne pas voir passer le temps ? Sans doute; mon ventre criait d'ailleurs famine depuis un bon moment. Fatiguée d'écrire et comprenant que mes yeux allaient probablement finir par sortir de leurs orbites, faute de repos suffisant, je cédais finalement à l'appel de la faim et rejoignais la cuisine où je me faisais chauffer une pizza. Rien de très diététique, vous m'en direz tant, mais après une journée pareille, j'avais besoin de reprendre des forces et probablement d'un petit remontant; et puis de toute manière libre à moi de consommer ce que bon me semble, pensais-je tandis que je faisais préchauffer le four, me servant une dose légère de whisky dans le même temps. Dose que j'avalais bien rapidement, soucieuse à l'idée que Thaïs ne rentre subitement et ne se méprenne sur mes agissements. Sait-on jamais si elle venait à me prêter certaines tendances alcooliques, maintenant ?!
22h05. Je terminais mon dîner. En fée du logis que j'étais je débarrassais ma table et nettoyais mes petites affaires, avant de m'installer de nouveau devant mon pc portable, désireuse de peaufiner un ou deux détails. J'étais particulièrement méticuleuse et je ne pouvais supporter l'idée qu'un de mes articles ne paraisse avant d'avoir été préalablement et parfaitement bien relu et corrigé. Perfectionnisme, quand tu nous tiens ! Aussi et quand quelqu'un fit irruption dans l'appartement, je ne pris même pas la peine de me retourner. Vu l'heure, ça ne pouvait être que Thaïs, puis j'avais entendu le bruit de ses clefs s'échapper de la serrure de la porte d'entrée de toute façon, me plaisais-je à penser tandis qu'elle arrivait. Quand elle disait que cette exposition s'éterniserait, elle ne fabulait pas. L'avantage, c'est que son escapade m'avait au moins permis de tout boucler !
« Salut toi. » lâchait-elle contre toute attente, glissant sa tête prêt de la mienne dans le même temps. Habitée alors par un léger soubresaut, je retrouvais bien vite ma quiétude habituelle et détournais la tête en sa direction, souriante. Son visage étant présentement proche du mien, j'en profitais pour la saluer, d'une bise amicale et enjouée. Il fallait dire que l'appartement était affreusement calme quand elle n'était pas là; peut-être même un peu trop d'ailleurs. Posant dans la foulée ses mains sur mes épaules, Thaïs commença à me masser. Si je me formalisais de son geste ? Pas vraiment, non. La jeune femme avait toujours été très tactile avec les gens qu'elle appréciait, elle m'avait mis au courant et j'étais plutôt flattée de savoir qu'elle me portait de l'intérêt et qu'elle me le montre; même si parfois elle arrivait à me gêner. Je lui plaisais, elle ne s'en était pas cachée. Tolérante et amicale, je ne m'étais pas permise de la juger; d'autant plus qu'elle se montrait on ne peut plus correcte dans ses gestes. Quand bien même elle aurait voulu plus, elle ne s'abaisserait pas à le demander. Elle voulait que la démarche vienne de moi, que ça soit spontané. Malheureusement pour elle, elle risquait encore de patienter. Bien que je n'ai rien contre, ce n'était pas mon truc; je n'étais pas de ce bord-là. Elle l'avait bien compris et nos divergences sexuelles ne nous empêchaient en rien de nous apprécier; bien au contraire.
« Toute la journée, oui. Enfin toute l'après-midi du moins. Je suis sortie faire les courses, étant donné que c'était mon tour cette semaine. Mais et toi ? Ta journée ? l'exposition comment c'était ? Tu as l'air épuisée ! ». Adorable elle était véritablement adorable et à mes petits soins qui plus est, ce n'était pas désagréable. « Merci. » ajoutais-je en me levant doucement et en l'invitant à me rejoindre dans le canapé, dans lequel je m'étais pitoyablement enfoncée, exténuée.
Invité
Invité
Sujet: Re: « Home, sweet home » ┃Iona&Thaïs Sam 16 Juil - 14:31
Let your hands slide over to my side, come a little closer, desire is the key.
Thaïs caressait doucement la peau douce de la jeune femme grâce à ses mains et adorait en faite lui donner tout pleins d'attention. L'affection particulière qu'elle lui portait se ressentait sur la façon dont comment elle se comportait en la présence de la jeune femme. Thaïs ne lui avait jamais caché qu'Iona lui plaisait énormément. Elle n'hésitait pas à lui rappeler à chaque fois combien elle aimerait vraiment que ça soit réciproque. Mettant en place un jeu de séduction presque impossible puisque la jeune journaliste ne semblait pas lui renvoyer les mêmes signaux. Cependant, ce n'était pas très grave pour Thaïs puisque cela lui importait peu qu'Iona ne puisse penser qu'aux hommes. Elle n'allait pas arrêter de la charmer pour autant, caressant l'espoir qu'un jour futur la jeune femme lui tombe dans ses bras. Et elle redoublera d'effort pour la séduire juste pour atteindre ce but qu'elle s'était fixée depuis qu'elle avait su qu'elle aimerait bien qu'Iona puisse être attirée par elle à son tours. C'était pour cela qu'elle était toujours attentionnée envers elle, plus qu'avec ses ami(e)s à vrai dire. Même si elle ne la considérait nullement comme une conquête de plus à mettre dans son lit, c'était comme si ce défi alimentait leur relation en vérité, malgré qu'elle appréciait grandement Iona comme elle était, mettant à part tout ce projet qu'elle avait perçu pour elle. Pourtant, elle ne pouvait pas non plus nier que toutes les attentions qu'elle lui montrait signifiaient grandement le désir de la séduire. Une de ses mains allait parfois sur sa nuque, faisant glisser lentement la paume de sa main contre sa peau puis se remit à nouveau sur son épaule. Un simple contact qui semblait faire du bien à Iona, vu la fatigue qu'elle avait du engendré en ne faisant que travailler toute l'après-midi. Lorsque cette dernière se leva, Thaïs la laissa s'enfuir du contact légèrement intime -puisque c'était ça, ce genre de toucher paraissait très intime- qu'elle avait installé, suivant du regard Iona qui se dirigeait vers le canapé du salon, tombant dans le moelleux comme un pacha. Thaïs tourna son corps vers elle en posant ses mains sur le haut du dossier de la chaise qu'avait quitté Iona avant de la rejoindre complètement, s'asseyant à ses côtés, mettant son coude contre le dossier du canapé, laissant infiltrer sa main dans sa chevelure sombre pour se poser contre sa propre nuque. Thaïs avait l'air crevé, cela se voyait dans les traits de son visage. En même temps, elle n'avait pas beaucoup dormi. Elle était rentrée super tard et s'est levée super tôt pour pouvoir être une des premières à franchir les portes de l'exposition. C'était sûr qu'à cette heure si tardive, son corps lui disait d'aller se reposer le plus vite possible. Cependant, elle tenait bon tout de même. Elle ne voulait pas quitter de si tôt sa colocataire en vérité. En plus elle avait l'impression qu'en ce moment elles ne faisaient que de se croiser alors pour elle, ce n'était pas grave si elle restait encore à veiller tard. De toute façon, demain, elle n'avait rien à faire, elle allait rester à la maison donc bon, c'était l'occasion de passer un peu de temps avec la belle Iona.
Un sourire vint s'afficher sur ses lèvres tout en pensant à la journée qu'elle venait de passer. C'était vraiment un jour riche en émotion pour l'artiste qu'elle était. Et elle avait hâte bien sûr de parler de tout ce qu'elle avait vu là-bas à Iona. Elle entrouvrit ses lèvres et commença alors à lui raconter comment les artistes étaient, comment leurs oeuvres semblaient vivres et communiquer avec les regards que les spectateurs posaient sur eux. Comment elle était émerveillée à chaque fois qu'elle parlait à un artiste. Tout ce que faisait que leurs tableaux étaient si spéciales pour eux. Les significations des couleurs, de chaque trait peint, des expressions de leur personnage. Bref, elle lui racontait absolument tout. Le fait est que cette journée était une des journées dont elle graverait en mémoire pour un bon moment.
❝ C'était vraiment incroyable Iona. Je crois que tu aurais aimé assister à ça. Chaque tableau était un véritable spectacle pour les yeux, c'était vraiment beau ! ❞
Le regard de Thaïs pétillait rien qu'en racontant sa journée, cela lui semblait vraiment lui tenir à coeur. En même temps, elle était artiste, elle peignait depuis qu'elle était adolescente. Même si elle ne pensait pas du tout à sa maladie, c'était une sorte d'échappatoire pour elle cet art qu'elle maîtrisait. Cela lui permettait de se contenir quelque peu. Pour l'instant elle n'avait pas encore fait de grosses crises, juste quelques humeurs changeants, mais rien de grave encore. Bref, tout ça pour dire que l'art était important pour elle. C'était pour cela qu'elle s'émerveillait facilement lorsqu'elle racontait des choses qui touchaient cette discipline. Elle stoppa son récit pour jeter un oeil sur son interlocutrice, puis posa son autre main sur la cuisse de celle-ci.
❝ Je parle beaucoup trop non ? dit-elle, souriant maladroitement. J'ai tendance à ne plus savoir m'arrêter lorsqu'il s'agit d'art. ❞
Invité
Invité
Sujet: Re: « Home, sweet home » ┃Iona&Thaïs Jeu 21 Juil - 22:34
Probablement surprise par mon soudain éloignement, elle ne réagit d'abord pas. Faisant glisser ses mains - que j'avais involontairement et brusquement repoussées - sur le dossier de la chaise, elle se contenta de me regarder m'asseoir, pensive. J'osais espérer ne pas l'avoir froissée en me levant, car ce n'était nullement mon intention. Loin d'être gênée par son massage, j'avais simplement ressentie le besoin de m'affaler sur le canapé, moi-même épuisée; mais en rien je n'avais cherché à poser une quelconque distance entre nous. Jamais. Nous commencions à nous connaître un peu maintenant et si ses gestes avaient été déplacé, si j'avais voulu m'éloigner, je pense qu'elle comme moi, savions que j'aurai réagi autrement. A défaut de la repousser violemment en hurlant - ce n'était pas mon genre - je lui aurais au moins fait comprendre qu'elle n'était pas correcte, avec de simples mots. C'était bien suffisant. Contre toute attente, elle me rejoignit finalement, s'accoudant à son tour sur le rebord du canapé, passant une main dans ses cheveux dans le même temps. Elle était visiblement toute aussi épuisée que moi par cette journée interminable, si ce n'est bien plus. Et à cet instant nous avions plus l'air de deux femmes âgées et mal en points que de deux jeunes femmes vives et pétillantes. Cette scène m'apparaissait plutôt comique je devais bien l'avouer et je ne pus alors m'empêcher d'y sourire. Nous faisions véritablement pitié, là, affalées comme de vieilles mémés ! Mais le pire dans tous cela, c'est que je m'en moquais. Car au fond, peu importait réellement l'image que l'on renvoyait, seul l'instant présent comptait. Rire, échanger, partager, simplement me tenir là, à ses côtés. Ces instants se faisaient trop rares en ce moment et je devais bien avouer que sa compagnie me manquait. Plus que n'importe lequel de ces amis que j'avais eu la chance de me faire depuis mon arrivée, je voulais passer du temps avec elle, car elle seule me comprenait réellement. C'était asse étrange à dire, mais quand elle n'était pas là, sa présence me manquait et pourtant je n'éprouvais rien de particulier pour elle. Si ce n'est de l'amitié, une profonde et sincère amitié. J'étais d'ailleurs et toujours si impliquée dans le lien que j'entretenais avec mes amis, que mes petites attentions, ainsi que mon comportement portaient parfois à confusion, plus encore avec Thaïs. J'essayais toutefois de ne pas me montrer trop affectueuse ou quoi que ce soit, car bien qu'elle sache - normalement - à quoi s'en tenir, j'avais peur qu'elle ne se méprenne sur mes intentions et je ne voulais pas lui donner de faux espoirs. Surtout pas. La blesser aurait été la pire des choses pour moi. Je l'appréciais bien trop pour lui faire du mal.
Retrouvant subitement son entrain légendaire, ma charmante colocataire, commença finalement à me compter sa journée, me sortant ainsi de mes pensées. Elle mit d'ailleurs un tel engouement dans son discours, que j'y fus bien plus attentive que je n'aurai pu l'imaginer. De toute évidence, elle avait véritablement apprécié cette journée et elle en ressortait si émerveillée, que j'en venais presque à regretter de ne pas l'avoir accompagné. Ses yeux, plus pétillants que jamais, n'auraient su exprimer mieux le plaisir et l'émerveillement qu'elle avait pu ressentir. Sa voix enjouée et son air, plus excité que jamais, vinrent compléter le tableau. Moi ? Je l'écoutais toujours. A la fois fascinée, intéressée et amusée. Fascinée par la forme qu'elle avait subitement retrouvé. Intéressée, par le déroulement de sa journée et les personnages qu'elle avait pu rencontrer et, amusée enfin par tant de vivacité. Si je ne l'avais pas connu aussi bien, j'aurai même cru que tout était surfait. Mais il n'en était rien, puisque Thaïs était indubitablement passionnée par l'Art et elle mieux que quiconque dans mon entourage pouvait en parler. Moi-même j'avais toujours été fascinée par les domaines artistiques et c'est d'ailleurs pourquoi je les avais inclus dans mon métier. Maintenant que j'y repensais, ma rubrique sur l'Art, celle que je dirigeais et travaillais, avait probablement contribué à notre rapprochement. Avoir les mêmes centres d'intérêts, ne pouvaient qu'aider, pas vrai ?
« Je parle beaucoup trop non ? » s'interrompit-elle d'un coup, faussement gênée « J'ai tendance à ne plus savoir m'arrêter lorsqu'il s'agit d'art. ». Amusée, je ne trouvais rien de mieux à faire que de la taquiner. Elle m'adorait de toute manière, alors je pouvais me le permettre ! « Beaucoup trop, oui. Un véritable moulin à parole. Qui plus est, tes monologues, parce que c'est de ça dont il s'agit, sont d'un ennuie... Je crois que tu ne t'en rends pas compte, ma chérie ». J'avais fait preuve d'un sérieux exemplaire, ce qui avait alors posé un doute dans l'atmosphère. Thaïs avait les yeux écarquillés désormais et elle me regardait bouche-bée, se demandant probablement ce qu'il me prenait, tout à coup. N'y tenant plus j'éclatais alors de rire et ajoutais après lui avoir gentiment tapoté l'épaule.
« Non, mais je plaisante ma belle ! T'aurais vu ta tête, on aurait dit que tu allais tomber en syncope. Bien sûr que non tu ne m'ennuies pas. Je me demande comment tu fais pour parler aussi vite, sans respirer surtout et je ne comprends pas toujours tout, mais c'était passionnant. Si passionnant que je regrette déjà de ne pas t'avoir accompagnée ! La prochaine fois, tu me préviendras à l'avance que je puisse me libérer, parce que je veux t'accompagner ! Tu n'es pas sans connaître ma passion pour l'art, d'ailleurs j'ai moi-même passé la journée à peaufiner un article portant sur une grande exposition à Cambridge, les jours derniers. N'empêche qu'à cause de ça, j'ai tout raté. Enfin, je suppose que c'est ma destinée ! » Thaïs ? Parler trop ? Avec du recul, je pense qu'elle avait trouvé son maître. J'étais bien plus pipelette. De même, je ne parlais pas, je blablatais ! « Alors qui parle trop, maintenant ? » lançais-je en riant.
Invité
Invité
Sujet: Re: « Home, sweet home » ┃Iona&Thaïs Jeu 28 Juil - 16:26
Il paraît que l'on ne frappe pas assez fort. Il paraît que nous ne sommes que des langues de vipères. Jeunes oxfordiens, oseriez-vous donc sous-estimer ainsi vos maîtres? Je ris sous cape à l'idée de ce que vont découvrir les gentils petits étudiants dans la douceur de leur foyer. On nous a posé un défi, nous comptons le relever. On est du genre à aimer faire chier notre monde, si certains en doutaient encore. Je me glisse dans l'appartement, composant le code de l'entrée de ma main gantée de noir. Pas un chat. Parfait.
J'inspecte brièvement les lieux, puis force les placards sous l'escalier. Le bordel là dedans est phénoménal, on dirait que la concierge n'est pas des plus organisé. Ce qui, je dois dire, m'arrange pour l'occasion. Je dissimule l'appareil au milieu de tout ce bric à brac, mettant une paire de chaussures par ci et des produits ménagers par là. J'installe alors la chaîne, dont le compartiment des piles a été scotché avec soin, histoire de compliquer la tâche. Ce sera beaucoup plus drôle. Enfin pour moi, pas pour les habitants de l'immeuble, comme Thaïs Cross ou l'aînée de Stowe. Sourire machiavélique aux lèvres, j'appuie sur le bouton play et monte le son à fond. Céline Dion braille alors dans toute la cage d'escaliers.
Avant que les locataires ne sortent, agressés par les notes bruyantes de All by myself qui tourne en boucle, je laisse un petit mot sur la rambarde. « You are never alone with us. » J'entends du bruit dans les étages et sort rapidement, un sourire satisfait aux lèvres.
Il était bien évident que sa chère Iona avait le même débit de parole que Thaïs. Cependant lorsqu'elle lui avait joué la carte de la taquinerie en faisant semblant d'être sérieuse en lui disant que tout ce que Thaïs racontait était d'un ennuie mortel, cette dernière n'avait pas hésité à lui montrer une expression quelque peu surprise. Oh bien sûr, cela faisait déjà assez longtemps qu'elles avaient dépassé le stade "qui aime bien, châtie bien" pourtant, Thaïs avait presque cru Iona lorsqu'elle lui racontait que son récit était tout simplement barbant et que cette journée qu'elle avait passé n'était vraiment pas gargantuesque. Mais la petite tape ainsi que le rire qu'elle lui offrit peu après cette boutade, l'avait tout de suite rassuré. D'ailleurs en réponse, elle secoua légèrement la tête de gauche à droite tout en souriant légèrement.
❝ Tu devrais t'inscrire dans un club de théâtre, tu sais ! ❞
Répondit-elle, sans la moindre ironie. Parce que c'était vrai, elle avait vraiment cru à ce que disait Iona, même si elle n'avait pas gardé longtemps son sérieux, c'en était assez pour mettre le doute dans la tête de Thaïs. Bref, elle reposa sa tête au creux de sa main qui était adossée sur le dossier du canapé tandis que son autre main qui était sur la cuisse de Iona se mit à glisser vers son avant-bras posé pas loin de ses jambes. Ses doigts se mirent à caresser doucement sa peau, innocemment tout en écoutant à nouveau Iona qui semblait comprendre pourquoi Thaïs était si émerveillée par sa journée. Oui c'était exactement le mot, "passionnant". La passion était mise en valeur sur chaque oeuvre, sur chaque réponse que les artistes formulaient pour les spectateurs. C'était cette passion qui avait rendu sa journée extraordinaire. Alors que ce n'était que de l'Art. Pour certain, cela semblerait fou de se mettre dans un état pareil à cause de dessins dessinés sur une toile. Mais pour Thaïs c'était normal de s'émerveiller de ce genre de chose. Rien ne pouvait la combler mieux que la peinture. C'était vraiment sa première passion évidente qui s'était montrée lorsqu'elle était adolescente. Lorsqu'elle s'était perdue dans les affres de ses maux qu'elle enfouissait au plus profond d'elle-même. Jusqu'à se convaincre qu'elle n'avait plus rien. Oui la peinture avait été salvatrice pour elle et d'ailleurs, les personnes qui avaient des troubles comportementaux avaient bien souvent trouvé refuge dans l'Art. Thaïs ne faisait pas exception à cette règle et depuis, cette passion l'avait aidé à tenir bon. À s'échapper un peu de ses tourments qui la consumaient de jour en jour. Parce que c'était encore le cas à cet instant précis, c'était juste qu'elle ne voulait rien voir et qu'elle s'était persuadée que tout allait pour le meilleur du monde en ne prenant plus ses médicaments. Heureusement que pour l'instant elle ne faisait pas de grosses crises et que ses humeurs changeantes n'étaient pas trop violentes pour que Iona se pose trop de questions.
La main qui caressait le bras de Iona se faufila sur sa paume et le regard verdâtre de Thaïs se glissa à la rencontre de ses yeux noisettes. Elle s'intéressait vraiment à tout ce que touchait Iona et sa curiosité grandissait au fur et à mesure que la jeune femme parlait. L'article sur lequel Iona avait travaillé, attisait son attention. De toute façon tout ce qui touchait les expositions intéressait grandement Thaïs. Elle voulait en savoir plus, son appétit n'était jamais satisfait lorsque cela parlait d'Art. La connaissance dans cette discipline se devait être travaillée, sans relâche.
❝ Cette exposition devait être grandiose non ? ❞
Elle inspira lentement puis bougea quelque peu vers elle, se rapprochant de la jeune femme tout en gardant le contact avec sa peau. C'était plus fort qu'elle, elle se devait d'être toujours en contact avec Iona. C'était automatique. Elle se retrouva alors bien face à elle, à quelques centimètres de son visage. Levant une de ses mains sur ses paupières pour qu'elle puisse fermer les yeux, puis baissant de nouveau celle-ci pour la reposer de nouveau sur la main de Iona.
❝ Imagines alors que tu y étais, décris moi ce que tu as pondu sur ton article. J'aimerais savoir comment c'était. ❞
Un exercice simple, tout dans l'imagination, cependant Thaïs adorait imaginer ce genre de chose. Elle n'hésitait pas à consulter des magazines d'expositions juste pour rêver de sa présence dans les lieux. Juste pour ressentir les sentiments qu'elle aurait eu si jamais elle était là, devant les différents tableaux qui s'offraient à elle. Entrouvrant les lèvres, elle observait Iona devant elle qui commençait à se prendre à ce petit jeu. Thaïs quant à elle, avait de plus en plus de mal à contenir la distance entre leur deux corps malgré qu'elles soient tout de même proches. Cependant, elle ne faisait pas encore de gaffe même si l'envie de se rapprocher d'elle pour l'embrasser était vraiment présente. Cependant, une musique retentit violemment dans les couloirs de l'immeuble qui brisa nettement ce petit cocon que Thaïs avait instauré pour eux deux. Son regard vira vers la porte d'entrée et vers Iona qui avait de nouveau les yeux grands ouverts. Puis elles se décidèrent à faire comme les voisins : sortir de leur appartement pour se regarder dans les blancs des yeux avec le voisinage tout en ayant une expression de surprise face à ce genre de situation.
❝ Même si j'adore All by myself, je dois avouer que là c'est assez dérangeant !! ❞
Criait-elle à Iona tout en mettant ses mains sur ses oreilles.