MNA ⊱ Don't stop me now I'm having such a good time

JANVIER 1972

Quand je serai grande, je serai une princesse. Toutes les petites filles le disent mais moi c’est différent, je le sais. Pourtant maman n’y croit pas trop, papa encore moins et à l’école, on se moque de moi. Parce que je suis rousse. Donc je ne peux pas être une princesse. Certains disent même que je suis une sorcière. Parfois, je leur fait croire que je lance des sorts, parfois j’hurle tellement fort qu’ils finissent par être d’accord avec moi. Au final, je sais qu’ils sont jaloux parce que 1) je suis rousse et 2) je suis une princesse. Je sais qu’il faut bien travailler alors je m’applique à l’école et de temps en temps, Mlle Leblanc m’autorise à m’entrainer sur le piano de la salle de musique. Toute princesse qui se respecte sait au moins jouer d’un instrument. Moi, ça sera le piano. Je remets mon serre-tête en place et prends peur. « Mamaaaaaaaaaaan ! Où est ma tiare ? »

NOVEMBRE 1983

Finalement, être une princesse, ça craint. On est constamment dans l’attente du prince charmant qui, finalement, ne pointe jamais le bout de son nez. Je ne comprends même pas qu’on puisse laisser les filles dans l’illusion aussi longtemps. C’est vrai, quoi tous les princes charmants rencontrés jusque là se sont révélés être des crapauds transformés en prince pour la nuit ou des écuyers ayant décidés qu’ils méritaient une petite promotion, le temps de se faire une princesse. Etre une sorcière est beaucoup plus intéressant et diablement plus sexy. Désormais, je ne serai plus la pauvre conne qui attend l’homme de sa vie et qui croit au prince charmant. Celui-là se pointera quand il l’aura décidé. En attendant, ça serait bête de ne pas profiter de sa jeunesse. Un jour, quelqu’un a dit que la vie était courte et c’est le meilleur conseil jamais donné à ce jour. J’enfile une veste, piquée à ma mère, sur ma petite robe noire. Escarpins dans mon sac à main, j’hurle en passant dans le salon que je vais dormir chez Hélène. Ce qui est plus ou moins vrai. Je sors avec Hélène mais je ne compte pas dormir chez elle. J’espère juste qu’il y aura un crapaud à mon goût ce soir.

DECEMBRE 1987

Dans un dernier sursaut passionné, un cri d’extase s’échappe de nos bouches, simultanément. Pour une fois, tout le monde est satisfait. Mes lèvres s’étirent en un sourire qu’il finit par me rendre. Il bascule sur l côté tandis que je roule sur le ventre. Il s’installe à son aise, s’appuyant contre la tête de lit, une main derrière la tête. J’attrape une cigarette dans le paquet qui git sur sa table de nuit, me rappelant soudainement que « arrêter de fumer » est ma troisième résolution de cette année. Les deux premières ayant été effectuées avec succès, je détesterai terminer l’année sur un échec. Dans un soupir, je l’allume et aspire ma dose de nicotine. Il m’observe puis finit par sourire de nouveau. « Gregory. » Je me retourne vers lui et l’observe à mon tour. Cheveux bouclés, yeux bleus étincelants, corps parfaitement sculpté à faire damner un saint. Il est le genre de garçon qui sait user de ses charmes et qui vous fait regretter d’y avoir cédé. Je lui rends son sourire et recrache de la fumée. « Madeleine, enchantée. »

MARS 1989

Tandis qu’il m’explique mes rêves se brisent. On est deux. Deux femmes dans sa vie. Je le savais qu’il serait source de problèmes pourtant, je n’ai pas su y résister. C’est le premier qui me paraissait parfait pour me sortir de cette vie pauvre, qui aurait presque pu me faire croire de nouveau au prince charmant et à mon titre de princesse tant convoité. Dommage. Finalement, je ressemble plus à la cendrillon de Jean-Louis Aubert plutôt qu’à cette salope des contes de fée pour qui tout finit bien. Je me mords la joue pour m’empêcher d’éclater de rire quand il m’annonce qu’elle est enceinte. Ce n’est pas drôle et c’est même la pire chose qui pouvait m’arriver. Mais cette situation est complètement absurde. Mon poing se serre et j’attrape ma tasse à café pour m’occuper les mains. Le signe positif du test de grossesse et la confirmation par ma prise de sang me narguent quand il m’explique qu’il ne peut pas la laisser tomber. C’est donc elle qu’il choisit. Il n’était vraiment pas fait pour moi. Finalement je suis presque rassurée puisque la décision de garder le bébé n’appartient qu’à moi désormais. Je termine mon café et récupère mes affaires. Gregory me regarde faire, bouche bée. Je me lève et m’arrête à sa hauteur. « J’ai compris. Je vous souhaite tout le bonheur du monde. » Mes lèvres s’étirent en un rictus moquer puis je me baisse pour déposer un dernier baiser sur ses lèvres. Je sors du café et attrape une cigarette d’un paquet qui traine depuis toujours au fond du sac. J’avais réussi à arrêter mais là j’en ai vraiment besoin.

AVRIL 1989

« Trop tard ? Vous êtes sérieuse ? Mais je suis censée faire quoi maintenant ? » J’hurle contre l’infirmière qui a eu le malheur de m’annoncer la mauvaise nouvelle. Est-ce que j’ai l’air d’avoir envie d’un bébé ? Est-ce que j’ai l’air d’être faite pour être mère ? L’infirmière grommelle quelque chose et s’échappe de la pièce. J’hurle de nouveau en insultant tout le monde et me rhabille rapidement. Je récupère mes affaires et sors comme une furie de la clinique. Et merde. Gregory n’est plus là et je me retrouve seule avec un bébé dans le ventre. Comment suis-je censée trouver un mec qui s’occupera de moi et qui me passera la bague au doigt avec le bébé d’un autre ? Je m’observe dans la vitrine du magasin. Je ne peux même pas cacher mes rondeurs. C’est foutu. J’hésite un instant à rappeler Gregory pour lui dire mais je me rappelle soudainement qu’il est sûrement marié à l’heure actuelle et qu’il en a choisi une autre. Il ne me croira sûrement pas si je l’appelle.

OCTOBRE 1995

Je place six bougies sur un gâteau acheté quelques heures plus tôt. Aujourd’hui, Nicolas a six ans. Il va falloir faire les choses en grand, même si ça ne sera que nous deux. J’ai prévenu tout le monde que je ne voulais voir personne. Et quand je dis tout le monde, je parle d’Antoine, celui qui devrait bientôt me passer la bague au doigt. Je soupire en souriant. Ça fait longtemps que j’attends ce moment. Pour une fois, que la présence de mon fils ne gêne pas. J’attrape le paquet d’allumettes et en allume une avant de me rappeler que Nicolas n’est pas prêt. Je le rejoins dans le salon où il est en train de dessiner. Je me penche vers lui pour observer son dessin. Comme d’habitude, je retrouve la maison pleine de couleurs, une femme aux longs cheveux roux, un petit garçon et un homme. Nicolas a encore écrit papa au dessus de l’homme. Je soupire une nouvelle fois. A chaque fois c’est pareil. J’ai le droit aux questions sur la non présence de papa à la maison et aux dessins représentant la famille parfaite que nous devrions être. Pourtant, ça a toujours été que lui et moi et ça le sera toujours. On ne peut pas compter sur les hommes. « Nicolas ? » Il relève la tête, arrêtant de colorier. « Tu ranges tes affaires, j’ai quelque chose pour toi. » Il acquiesce et range ses feutres. Il file s’installer à table tandis que je retourne à la cuisine. J’allume les bougies et attrape le gâteau en chantant « Joyeux anniversaire ». Je le dépose devant lui et l’embrasse. « Joyeux anniversaire mon chéri »

JUIN 2009

Ses cheveux sont mal coiffés et beaucoup trop longs. Je n’ai rien contre les cheveux longs mais là ce n’est pas possible. Son rouge à lèvres est de la mauvaise couleur et je n’ose même pas m’attarder sur ses yeux. Son chemisier est fermé avec un bouton de trop et beaucoup trop grand. Elle l’a emprunté à sa sœur obèse ? Sa jupe est trop longue et de la mauvaise forme. Ne lui a-t-on jamais appris qu’il fallait mettre ses jambes en valeur ? Quoi que ses jambes ressemblent à deux poteaux donc c’est peut-être mieux qu’elle les cache. Et ses chaussures sont affreuses. Tellement affreuses que je réprime un frisson et soupire. Mes yeux remontent jusqu’au visage de cette fille que Nicolas a ramené à la maison. Je fais l’effort de sourire un minimum tandis que mon fils me présente cette fille. « Enchantée. » Je n’aime déjà pas cette fille et le fait qu’il me la présente m’indique qu’elle est importante, pas juste de passage dans sa vie. Les yeux rivés sur elle, je cherche désespérément ce qu’il lui trouve. Puis je me retrouve à prier pour que ça ne dure pas, estimant que mon unique fils mérite mieux que cette Mélanie.

SEPTEMBRE 2012

Je souris à mon reflet et remets quelques cheveux en place. L’homme en face de moi m’observe depuis cinq bonnes minutes. S’il avait été à mon goût, je n’aurai pas hésité mais la calvitie et les lunettes double foyer ne sont pas pour moi. Le train s’arrête en gare et je récupère mes affaires rapidement avant de me faire aborder par mon voisin. Mes escarpins claquent sur le sol tandis que les regards se tournent vers moi. Je souris à un homme qui se tient à côté de sa femme et cherche un endroit pour me poser. Je grimace en voyant l’état de certains cafés de la gare. Mais je finis quand même pas en choisir un. Je m’assieds à une table après avoir commandé un thé, qui aura un goût épouvantable. Je cherche mon téléphone dans mon sac et compose le numéro de Nicolas. Il répond au bout de quelques minutes. « Nicolas, mon chéri, tu es au bureau ? J’ai une bonne nouvelle pour toi. Je suis à Londres ! J’ai trouvé un adorable appartement du côté de Kensington, parfait pour ma nouvelle vie londonienne. Donc ce soir, je t’invite à diner, nous allons célébrer ça tous les deux. » J’insiste bien sur le « tous les deux », pour qu’il comprenne que je ne veux pas voir sa baleine de fiancée puis raccroche sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit. Je lui enverrai un message avec l’adresse du restaurant. Je quitte le café pour attraper un taxi qui m’amènera à mon nouveau chez moi. Une fois que je serai bien installée, je pourrai calculer le temps qu’il me faudra pour aller à Oxford. J’ai entendu dire qu’un nouveau casino avait ouvert et que son propriétaire était plein aux as et légèrement excentrique. L’homme parfait ! Je souris et monte dans la voiture qui se trouve devant moi. Adieu la vie parisienne !

→ Ton heure de gloire est enfin arrivée, un producteur de cinéma vient de te remarquer dans la rue et te propose de devenir la star de son nouveau film. Que lui dis-tu ? Réponse ici.

→ Une pauvre fille en pleurs chante All by myself avec son cornet de glace à la vanille en plein de milieu de la rue retournant tous les regards sur son passage, y compris le tien. Ta réaction ? Réponse ici.

→ Ton(ta) cousin(e) t'avoue sous l'emprise de l'alcool son attirance pour toi, et tente de t'embrasser. Premières impressions à chaud ? Réactions à froid ? Réponse ici.

→ Ton idée du parfait samedi soir : une soirée arrosée au Carling à Oxford, une nuit de folie au Fez Club de Cambridge, une sortie au théâtre de Londres ou une soirée geek avec plat commandé et partie de jeux vidéos avec tes meilleurs potes ? Réponse ici.

→ T'es au confessionnal, tu peux avouer ta pire faute, ou encore un secret particulièrement pesant que tu n'aimerais pas voir révélé. Que dis-tu au père Patrick pour te soulager la conscience ? Réponse ici.

→ Le père Patrick était en fait un vrai sociopathe fan de Pretty Little Liars, et t'envoie un sms anonyme où il vous demande de choisir entre un secret révélé qui pourrait anéantir ta réputation ou briser ta famille, et de voler la bague de fiançailles Cartier d'un de vos amis. Après mûre réflexion, qu'est-ce que tu choisis ? Réponse ici.

→ C'est le mec (la fille) de tes rêves, tu en es persuadé(e) et pourtant, celui(celle)-ci est en couple avec quelqu'un d'autre. Tu te la joues résigné(e), stratégique, ou éploré(e) ? On veut les détails ! Réponse ici.

→ Dans dix ans, je me vois bien ouvrir un resto spécialité moules frites avec Camille Jules Martin, marié, six gosses et à l'origine d'une toute nouvelle sauce roquefort-épinards et toi, des projets pour l'avenir ? Réponse ici.

→ Et enfin, honnêtement, entre truth ou dare, qu'est-ce que tu préfères ? (oui ça rime !) Réponse ici.

→ En pleine soirée baby-sitting, l'adorable petite fille aux cheveux blonds que vous gardez s'installe sur vos genoux et vous demande, d'un air suppliant : « Moi plus tard, je veux être la Reine d'Angleterre. Papa m'a dit que pour pouvoir le faire, il fallait aller à l'université. Mais il a dit aussi qu'il fallait choisir entre Oxford et Cambridge, parce que ce sont elles les meilleures d'Angleterre. A ton avis, il vaut mieux apprendre à devenir Reine à Oxford, ou à Cambridge ? » Sérieusement, chérie, il faut arrêter avc ces rêves de princesse/reine/prince charmant. Ça n'existe pas et à moins d'être directement reliée à la famille royale (ou de t'appeler Kate Middleton), ça n'arrivera pas. Mais si tu insistes vraiment, épouses un prince au Qatar, tu arriveras bien à devenir reine un jour.

→ Après avoir écouté votre argumentaire, elle s'interrompt une seconde et fronce étrangement le nez. « Mais, au fait, qu'est-ce que c'est, le Judging Cambridge Club ? » Rien qu'avec le nom, je peux te dire qu'ils vont te juger sur ta façon d'être et peut-être tes tenues vestimentaires. Pour ne pas faire partie des mauvais élèves, je peux te donner quelques conseils si tu veux.

→ « Aaaah, d'accord. Je comprends mieux. Et les TroubleMakers, alors ? C'est la même chose ?» Ils ont l'air plus turbulents que le JCC de Cambridge. uc

→ « C'est bien compliqué tout ça. Mais alors, si je choisis Cambridge et que finalement je préfère Oxford, j'ai le droit de changer en cours de route ? » Réponse ici.

→ « Hm... Bon. Ca m'avance pas beaucoup. Mais en même temps, j'ai le temps. »