MJH ◭ La jeunesse est une fraction de folie.

Je mentirais si je disais avoir eu une enfance abominable. En vérité, j'ai grandi dans un cadre totalement normal et sain. Mon père, français d'origine est venu s'installer à Londres après être tombé amoureux de la ville, puis lors d'une soirée, il a rencontré ma mère et quelques années plus tard, ils sont venus s'installer à Oxford pour un peu plus de tranquillité. Ils se sont mariés et Barthélémy est né un an plus tard. Ensuite les jumeaux Caiden et Derek, deux ans après Barthélémy et enfin moi, 3 ans après les jumeaux. J'ai eu une enfance tout ce qu'il y a de plus banale. Bien sûr je pourrais vous parler du côté globe-trotter que mes parents adoptaient chaque été et qui m'a permis de voyager aux quatre coins du monde. Qui m'a permis de rencontrer une nombre incroyable de personnes chaque été. De voir combien les populations des différents pays ne vivaient pas du tout, mais alors pas du tout de la même façon que nous. J'avais la chance d'avoir mes deux parents et trois grands frères adorables qui prenaient soin de moi. J'étais chouchoutée et pourtant je ne me permettais pas d'en profiter plus que je n'aurais dû. J'étais pourtant la petite dernière et de surcroît, j'étais une fille après trois garçons. J'avais double raison d'être chouchoutée et j'en profitais juste assez pour que personne n'ait l'impression que j'abuse et n'arrête de me donner les quelques privilèges qui me revenaient grâce à cette place de petite dernière que j'occupais. J'aurais volontiers cédé ma place à une seconde petite fille. J'ai souvent rêvé d'avoir une sœur, car n'avoir que des frères n'était pas toujours évident lorsque je voulais jouer à la poupée et qu'ils préféraient la « bagarre ». Néanmoins, cette vie me convenait, elle était agréable, je n'ai jamais eu à me plaindre. Avoir une vie simple avec des plaisirs simples, c'était tout ce à quoi mes parents aspiraient et j'ai suivi cette voie un peu inconsciemment. On pourrait croire le contraire mais beaucoup de personnes n'ayant pas une enfance facile envies cette vie simple et sans problèmes. Quant à ceux qui ont eu la même vie, ils se contentent de hausser les épaules en disant qu'il lui manquait peut-être un peu de piment. Pas moi. Une nouvelle période de vacances amenait son nouveau lot de découverte en famille. Et même s'il ne s'agissait que de deux semaines au Kenya ou de trois jours à Paris, je m'en fichais, car j'étais avec ceux que j'aimais et je découvrais avec eux le vrai sens des mots famille et partage. Vous vous demandez certainement comment nous faisions pour nous permettre de partir à chaque période de vacances ? Et bien, rien de plus simple étant donné que comme je le disais, nous avions une vie très simple en dehors des vacances. Sans nous priver, nous économisions énormément à chaque salaire de mes parents et cela nous permettait bien des avantages. Et si par hasard nous ne pouvions pas nous payer les vacances dont nous rêvions, les suivantes étaient encore plus formidables. Ces moments de partage et d'amour inconditionnels m'ont permis d'avoir avec mes frères une relation exemplaire, basée sur la confiance, mais surtout sur l'amour que nous nous portions mutuellement. Il était tellement plus simple de m'entendre avec mes frères alors que nous partagions ensemble des choses merveilleuses. Bien sûr nous avions nos petites disputes, nos petites chamailleries, comme dans toutes les familles, mais pourtant j'osais avouer sans peine que j'aimais mes frères. Et puis, je n'étais qu'une enfant et lorsqu'on est enfant, il y a très peu de raisons pour que vous détestiez vos frères et sœurs, tant qu'ils vous acceptent comme vous êtes.

Oui, en comparaison à énormément d'enfants, j'ai eu une enfance simple, avec une famille soudée. Mes parents se sont toujours aimés comme aux premiers jours. Mes frères étaient la crème de ce que l'on peut espérer dans une fratrie et nous partagions bien plus qu'une famille « normal » pouvait le faire. C'était parfait. Cependant, nous savons tous, que la perfection n'existe pas. Et parfois, tout cela vole en éclat au moment où on s'y attend le moins. Mais les choses changent. Elles changent indubitablement.

Je n'ai jamais réellement voulu que tout ceci change. Après tout, comme je le disais, j'aimais ma vie et en grandissant, je pensais que cela continuerait. Je pensais que ma relation idyllique avec ma famille resterait la même. Je n'en veux à personne, car les changements sont tous de ma faute. Je ne remettrais pas la faute sur quelqu'un d'autre que moi et mon égoïsme. En grandissant, j'ai connu la joie d'avoir un petit ami. Et l'envie de rester à ses côtés c'est faite plus grande que celle de partir avec ma famille. J'ai alors, comme mes frères l'avaient fait un peu plus tôt que moi, abandonné les voyages en famille pour les vacances entre amis. Creusant un fossé entre ma famille et moi. Aujourd'hui encore je cherche un moyen de combler tout ça. Mais c'est impossible, j'en suis bien consciente. Je n'ose même pas imaginer le mal que j'ai fait à mes parents. J'étais la dernière, je savais combien ils avaient souffert de voir mes frères délaisser nos activités familiales. Comment ai-je pu être assez stupide pour faire la même chose ? Je vous le demande, car moi, j'ai beau chercher, cette question reste belle et bien sans réponse. Ce qui est horrible c'est que j'aurais pu partir avec eux, rien ne me retenait vraiment à Oxford. J'étais seulement trop égoïste. Et trop amoureuse aussi. Et certainement aveuglée par mes sentiments ! En bref, je suis un monstre pour avoir choisi mes amis à ma famille. Et bien que je sache que m'en vouloir ne changera absolument rien à ce que j'ai fait, je ne peux pas m'empêcher de me dire avec le recul que je n'aurais réellement pas dû faire ça. Surtout que mes sentiments pour ce garçon (Dénys) ont peu à peu décliné pour finir par disparaitre. Mais le mal était fait. Mes parents ne me proposaient même plus de partir avec eux. Ils faisaient leur voyage dans leur coin, me laissant vivre ma vie du mien. Et puis c'est vrai que les voir agir ainsi ne m'a pas du tout motivé au début pour essayer de renouer plus amplement le contact. Ils m'énervaient, me dégoûtaient presque, car ils ne faisaient aucun effort pour comprendre que j'avais eu besoin de liberté mais qu'à présent j'étais prête à faire un pas vers eux, si seulement ils commençaient. Eh bien oui que voulez-vous, on n'appelle pas l'adolescence « l'âge bête » pour rien. Qu'est-ce que l'on peut être stupide et borné quand on a 16 ans, c'est vraiment impressionnant.

Enfin je dis ça, mais il a suffi que je rencontre Kyle pour de nouveau ne plus du tout tenter le moindre rapprochement avec ma famille. A vrai dire, je ne sais pas pourquoi je me suis autant attachée à lui, comme ça d'un coup. Peut-être parce que c'était la première personne depuis longtemps qui faisait vraiment attention à ce que je ressentais. Encore une fois, je sais que mes raisons sont égoïstes et que ça commence à faire beaucoup, mais je crois que c'est un trait de caractère qui m'est malheureusement resté avec le temps, bien que j'aurais aimé m'en débarrasser. Enfin, je ne sais pas si c'est de l'égoïsme ou plus du narcissisme. Mais c'est bien là, présent. Et cela a tendance à me pourrir la vie. Ou à m'apporter les meilleures choses du monde. Comme Kyle. Nous nous sommes mis ensemble environ deux mois après notre rencontre. J'avais 17 ans. Lui 18. Je me rappelle parfaitement la première chose qu'il m'a dite. « Une robe blanche ? Pour une soirée ? Tu n'as pas peur ? » J'ai ri aux éclats et nous avons passé la soirée à danser et à parler ensemble, persuadés que nous n'allions pas nous revoir. Mais nous étions sans vraiment le savoir dans le même lycée. C'est fou ce qu'on peut croiser les gens sans s'en rendre compte lorsqu'on ne les connait pas. Et il suffit de les connaitre un peu, pour les voir absolument partout. Et puis il lui a fallu deux mois pour que je sois folle de lui. C'était comme une évidence.


Et puis le bonheur ça vous touche en plein coeur. C'est aussi douloureux qu'extraordinaire. Mais le pire, c'est quand ça s'arrête. Il faudrait pouvoir se souvenir de ce que l'on ressentait avant tant la douleur oppresse tout et vous fait oublier à quel point on était heureux. Mais la perte d'un être cher, ça fait si mal. J'ai mis un peu plus de deux ans à me remettre du meurtre de Kyle. Un tueur en série dont on n'a jamais retrouvé la trace. Et c'est peut-être ça qui est le plus douloureux au fond, savoir que le meurtrier est toujours en cavale et que peut-être est-il là, chaque jour de votre vie, à vous surveiller, à vouloir savoir ce que vous faites. A vous traquer, pour savoir quel est le meilleur moment pour vous faire subir le même sort. Je ne sais pas comment les familles des autres victimes vivent, parce qu'encore une fois, j'ai été tellement égoïste, je me suis enfermée dans mon malheur, refusant l'aide de ceux qui étaient prêts à m'en donner. Creusant encore et toujours un fossé entre les autres et moi. Durant un peu plus de deux ans, j'ai vécu une vie de célibataire endurcie par la perte de mon fiancé. C'était tellement simple de rencontrer quelqu'un, de boire, de se laisser charmer et de partir comme une voleuse. C'était tellement bon de savoir que l'on s'intéressait à moi. Tout était tellement simple. Sauf la souffrance. C'était la seule chose un peu difficile. Se lever le matin, travailler, vivre, c'était un automatisme. Mais se retrouver le soir, seule, dans son lit à repenser au passé, c'était ce qu'il y avait de plus terrible et de plus difficile. De quoi vous donner envie de rester sous la couette durant des jours entiers. Mais on continue d'avancer, parce qu'on sait que l'être que l'on a aimé, n'aurait pas souhaité ça. Il n'aurait pas souhaité notre malheur. Il aurait voulu que l'on continue de vivre. Enfin du moins on vit avec cette idée pour ne pas culpabiliser de vivre encore. Dans ses moments là, j'avais vraiment l'impression que rien de bien ne pouvait m'arriver. Je ne prenais pas le temps d'apprécier les bonnes choses du quotidien. Je ne retenais que les galères. Les problèmes. Et puis petit à petit, on recommence à vivre. On rencontre des nouvelles personnes. On fait des choix différents. On sort de son malheur, on réapprend à vivre. On accepte d'en parler. On accepte la perte. Des personnes merveilleuses entrent dans votre vie et elles vous rappellent qu'il y a des milliards de choses à faire dehors. Vous faites vos propres choix, vous foncez tête baissée, même si vous savez que c'est dangereux. Peu importe. L'important c'est de vivre. Tout ça jusqu'au prochain malheur. Environ un an après la mort de Kyle, nous avons découvert que mon père était atteint de la maladie d'Alzheimer. Mes frères, ont fait le test pour savoir s'ils étaient atteints de cette maladie, heureusement pour eux, aucun d'eux ne l'a. Mais j'ai refusé tout net de le faire. Je n'avais pas besoin d'un nouveau malheur. J'ai fait tellement de mal à ma mère en refusant ça. Elle avait besoin d'être rassurée. Ce que je comprenais évidemment, mais égoïstement moi je n'avais pas besoin de ça. Je ne voulais pas de ça dans ma vie. Je refusais de savoir si oui ou non, plus tard je serais comme mon père. A ne plus savoir où j'ai mis mes clés. A ne plus reconnaitre mes propres enfants. C'était impossible. Et j'ai creusé plus profond encore le fossé entre eux et moi. A notre retour d'Italie, nous espérions que son état c'était amélioré, il se souvenait de certaines choses. Mais il y a eu comme une énorme rechute. Et mon père a pris le volant. Il a eu un accident. Il est mort. Et moi j'ai fui.

Je ne remercierais jamais assez Elenore de m'avoir offert cette issue de secours. Pouvoir m'abrutir dans le travail durant un an a été la meilleure chose qu'elle a faite pour moi. J'ai quitté Londres, Oxford, ma vie en Angleterre durant un an. Sans vraiment prendre le temps d'expliquer le "pourquoi du comment" à quelqu'un. Fuir m'a fait énormément de bien. Mais revenir, après un an... Ai-je le droit d'être morte de trouille ?

→ Ton heure de gloire est enfin arrivée, un producteur de cinéma vient de te remarquer dans la rue et te propose de devenir la star de son nouveau film. Que lui dis-tu ? NON C'EST PAS POSSIBLE. Voilà une vague idée de ma première réaction, mais très vite l'euphorie risque de retomber, car ma place n'est pas devant la caméra mais derrière et je suis assez douer dans mon métier. De plus, je fais quelque chose que j'aime. Peu importe les paillettes, les strass, etc. Je suis bien plus à l'aise derrière la caméra à maquiller ce qui seront devant. Bien sûr que j'ai rêvé 100 fois de prendre leur place, mais si on venait à me le proposer, je refuserais. Sans aucune hésitation.

→ Une pauvre fille en pleurs chante All by myself avec son cornet de glace à la vanille en plein de milieu de la rue retournant tous les regards sur son passage, y compris le tien. Ta réaction ? J'ai tendance à être beaucoup trop gentille. Je crois en tout cas. Enfin tout ça pour dire que mon premier réflexe serait sans doute d'aller la voir. A quoi bon l'ignorer si c'est un peu d'attention qu'elle recherche ? Bon, après je ne dis pas que je m'assiérais près d'elle. Je l'emmènerais plutôt dans un petit café sympa et lui demanderais de m'expliquer ce qui ne va pas. Voir quelqu'un triste me fait vraiment trop mal au coeur pour la laisser. J'ai vraiment essayé de prendre les choses du bon côté depuis la mort de Kyle, je voudrais que tout le monde puisse vivre comme moi. C'est une sensation merveilleuse que de tout prendre bien et de toujours voir le bon côté des choses.

→ Ton(ta) cousin(e) t'avoue sous l'emprise de l'alcool son attirance pour toi, et tente de t'embrasser. Premières impressions à chaud ? Réactions à froid ? Bon déjà soyons claires avant que j'en arrive à boire avec un de mes cousins, il faudrait que Noël ou une fête quelconque est lieu, car sinon, je les vois rarement, à part peut-être un ou deux qui ne vivent pas trop loin. A chaud je crois que je le frappe. C'est plus fort que moi, avec mes cousins ont c'est toujours entendu de cette façon. J'avais beau ne pas le vouloir, la seule façon que j'avais pour qu'ils me comprennent, c'était de les cogner. Mais nous n'étions que des enfants à l'époque. Cependant, je ne sais pas si aujourd'hui une gifle serait suffisante pour qu'il comprenne que quelque chose ne tourne pas rond dans ce qu'il me raconte. A froid ... Attendez est-ce que c'est sérieux ? Peut-il y avoir une réaction à froid après ça ? Vous savez encore envie de voir cette personne après ? Moi je ne suis pas sûre. Sauf si c'est pour qu'il s'excuse et me dise qu'il plaisantait ou un truc du genre. Sinon je crois que j'aurais peur. Très peur.

→ Ton idée du parfait samedi soir : une soirée arrosée au Carling à Oxford, une nuit de folie au Fez Club de Cambridge, une sortie au théâtre de Londres ou une soirée geek avec plat commandé et partie de jeux vidéos avec tes meilleurs potes ? Passer des journées entières sur un plateau de tournage ou un plateau télé, c'est hyper stressant. Tout le monde cri, tout le monde court. En fait on ne dirait pas, mais j'ai une vie hyper stressante. C'est pour ça que le soir je ne sors pas souvent. On appelle ça la vie active. J'ai 23 ans et parfois j'ai un raisonnement de personne qui a passé toute sa vie à travailler et qui, le soir, ne rêve que de prendre un bon bain, regarder un peu la télé et pourquoi pas s'endormir sur son canapé parce qu'elle est épuisée. En vérité, je ne rêve pas vraiment de ça. Parfois ça m'arrive d'avoir envie d'une petite soirée tranquille. Mais à choisir je préférerais passer la soirée avec quelques amis, boire quelque verre. Même si ça veut dire que je ne vais pas dormir beaucoup, ressembler à un zombie et hiberner comme une marmotte samedi et dimanche dans la journée. Par contre, je vous laisse deviner d'où je me trouverais le samedi soir.

→ T'es au confessionnal, tu peux avouer ta pire faute, ou encore un secret particulièrement pesant que tu n'aimerais pas voir révélé. Que dis-tu au père Patrick pour te soulager la conscience ? L'été dernier, mon père est mort dans un accident de voiture. Mais ce n'est pas ça le secret en lui-même. Cela doit faire deux ans maintenant que nous savons (ma mère, Barthélémy, Derek, Caiden et moi) que mon père était atteint de la maladie d'Alzheimer. Il n'avait pas le droit de prendre la voiture seul depuis, mais il l'a fait quand même. Après la mort de mon père, j'aurais dû rester avec ma famille. Mais c'était beaucoup trop dure pour moi d'être avec eux. Les voir tristes m'était totalement insupportable. Alors, au lieu de rester pour les soutenir, je suis partie. Grâce à Elenore j'ai eu une bonne raison de m'en aller. Un an de "tournée". Loin de ma famille, loin de tout. Et surtout loin de ma mère qui n'avait qu'une idée en tête : me faire passer le test pour savoir si moi aussi, j'étais sujette à la maladie. Je ne veux pas savoir.

→ Le père Patrick était en fait un vrai sociopathe fan de Pretty Little Liars, et t'envoie un sms anonyme où il vous demande de choisir entre un secret révélé qui pourrait anéantir ta réputation ou briser ta famille, et de voler la bague de fiançailles Cartier d'un de vos amis. Après mûre réflexion, qu'est-ce que tu choisis ? Malheureusement pour mon ami, la famille passe avant tout. Surtout que comme vous l'aurez remarqué, je me sens vraiment coupable de ce que j'ai fait à ma famille dernièrement. Donc à choisir, je choisirais de préserver ma famille de tout ce qui peut lui faire du mal.

→ C'est le mec (la fille) de tes rêves, tu en es persuadé(e) et pourtant, celui(celle)-ci est en couple avec quelqu'un d'autre. Tu te la joues résigné(e), stratégique, ou éploré(e) ? On veut les détails ! Stratégique. Et c'est là mon gros problème, je me laisse souvent diriger par mes sentiments, par conséquent, il est tout à fait possible que je décide que si je le veux, je l'aurais. Évidemment, au fil du temps on apprend à faire des vagues sans se mouiller et il est très facile de lancer quelques rumeurs ou de faire quelques coups bas pour arriver à ses fins sans se faire remarquer.

→ Dans dix ans, je me vois bien ouvrir un resto spécialité moules frites avec Camille Jules Martin, marié, six gosses et à l'origine d'une toute nouvelle sauce roquefort-épinards et toi, des projets pour l'avenir ? Dans dix ans ? J'aimerais bien continuer de travailler dans le cinéma en tant que maquilleuse. Bien sûr entre temps j'aurais arrêté durant deux/trois ans pour pouvoir m'occuper des deux voir des trois enfants que j'aurais eu avec mon mari. Très cliché, mais on appelle ça, la reproduction du schéma de vie. J'ai grandi dans une famille un peu classique et reproduire ce schéma ne me gênerait pas du tout. Et malgré la mort de mon père l'été dernier et la menace de maladie d'Alzheimer qui pèse sur ma tête : j'aime ma vie.

→ Et enfin, honnêtement, entre truth ou dare, qu'est-ce que tu préfères ? (oui ça rime !) Comme je le disais, je me laisse beaucoup trop souvent diriger par mes sentiments. Et ces derniers nous poussent parfois à OSER faire des choses que l'ont ne se serait jamais capable de faire. Donc dare, sans aucune hésitation.

→ En pleine soirée baby-sitting, l'adorable petite fille aux cheveux blonds que vous gardez s'installe sur vos genoux et vous demande, d'un air suppliant : « Moi plus tard, je veux être la Reine d'Angleterre. Papa m'a dit que pour pouvoir le faire, il fallait aller à l'université. Mais il a dit aussi qu'il fallait choisir entre Oxford et Cambridge, parce que ce sont elles les meilleures d'Angleterre. A ton avis, il vaut mieux apprendre à devenir Reine à Oxford, ou à Cambridge ? » Les deux sont de très grandes et très bonnes universités tu sais. Tu vois, moi je crois que l'important ce n'est pas d'aller à Oxford ou à Cambridge "parce que" soit disant l'une serait meilleure que l'autre. Je crois qu'il faut que tu choisisses par rapport aux affinités que tu peux avoir avec les méthodes d'enseignements, avec ce qu'il y est enseigné. Mais surtout il faut que tu choisisses pour toi, il faut que tu choisisses l'université dans laquelle tu sais que tu te sentiras le mieux. Ainsi tu pourras donner tout ce que tu as pour apprendre à devenir reine et c'est forcément toi qu'il choisiront ! Parce que tu sais ce que tu veux et que tu as tout donné pour y arriver. Mais ce qu'il faut que tu retiennes, c'est que les deux se valent, Oxford ou Cambridge.

→ Après avoir écouté votre argumentaire, elle s'interrompt une seconde et fronce étrangement le nez. « Mais, au fait, qu'est-ce que c'est, le Judging Club Cambridge ? » Il s'agit d'un "club" dont tu n'auras certainement pas à t'en faire si tu choisis les études "comment devenir reine". C'est un petit groupe de personnes, les meilleurs étudiants de chaque section d'étude à Cambridge qui "jugent" ta façon d'être et qui font une estimation de ta popularité au sein de l'université. Mais pour eux la popularité n'a absolument rien avoir avec le fait d'avoir beaucoup d'amis, il s'agit de ta façon de t'habiller, de tes notes ainsi que de tes activités extra-scolaire. Ils te notent. C'est en quelques sortes une matière en plus. Il faut être irréprochable pour être dans les premiers de la liste.

→ « Aaaah, d'accord. Je comprends mieux. Et les TroubleMakers, alors ? C'est la même chose ?» Houlà non pas du tout ! Les TroubleMakers n'ont absolument rien en commun avec le JCC. Il s'agit plutôt d'une petite bande très bien organisé qui ne cherche qu'à pourrir la vie des habitants d'Oxford. En fait, ils sont plutôt du genre à tout faire pour que ta vie soit un enfer. Ils peuvent par exemple voler ton téléphone portable et tu peux rapidement te retrouver à devoir fournir des explications pour quelque chose que tu n'as pas fait ! Leur seul but est de te rendre la vie impossible. Et nous devons bien leur reconnaitre ça : ils excellent en la matière.

→ « C'est bien compliqué tout ça. Mais alors, si je choisis Cambridge et que finalement je préfère Oxford, j'ai le droit de changer en cours de route ? » Lorsque moi j'y allais, c'était impossible de changer et c'était vraiment frustrant, parce que beaucoup hésité. Mais peut-être que lorsque tu seras en âge d'y aller, tu auras le droit de changer, toi. Et puis, avec l'option princesse, on fait ce que l'on veut ma chérie. Allez, va te brosser les dents maintenant !

→ « Hm... Bon. Ca m'avance pas beaucoup. Mais en même temps, j'ai le temps. »