MOI → dreamed of para-para-paradise

La vie de flic n'est pas aussi simple qu'elle pourrait l'être. J'ai toujours éprouvé cette forme de fascination maladive pour les gens qui commettaient l'irréparable par désespoir ou par dépit, essayant de comprendre ce qui pouvait pousser un homme en apparence tout ce qu'il y a de plus normal à se lancer dans la délinquance pour échapper à la routine de sa vie. Je crois que j'ai compris, et plus encore, je pense que si je n'avais pas été flic, j'aurais été de ces gens qui bousculent leurs habitudes et sortent du cadre de la loi pour se prouver qu'ils existent. Les sombres mystères qui entourent ma famille sont sans doute pour beaucoup dans mon choix de vie, je dois également le reconnaître. Il y a ma mère, d'abord, que je n'ai jamais eu la chance de connaître. Elle a disparu peu après ma naissance, me laissant un père perdu, maladroit et peu assuré. Je ne me suis jamais entendu avec mon père, et son étrange attrait pour tout ce qui est illicite ne joue pas en sa faveur dans notre relation, j'imagine.
Fils unique de cette famille massacrée, j'ai toujours été à la recherche de quelque chose, d'une explication logique qui justifie le manque d'affection dans lequel j'ai grandi. Jusqu'au jour où j'ai fini par abandonner, par accepter le sort en attendant des jours meilleurs.

Après des études de sciences politiques, j'ai décidé de me lancer et de devenir flic, ce qui n'a pas franchement enchanté mon père, pour être absolument honnête. La première affaire est souvent la pire, moi, c'est celle qui m'a confirmé que j'avais bien choisi ma voie. On avait retrouvé le corps de cette femme dans une benne à ordures, une histoire sordide de prostitution teintée de drogue et d'alcoolisme, la misère humaine dans sa forme la plus élémentaire. Tout puait la mort et l'humidité morbide, du visage barré de coups de cette pauvre fille aux suspects défilant dans les locaux des interrogatoires. Loin d'exceller au premier abord, j'avais mené mes premières investigations sous le commandement d'un chef de police extraordinaire dont je garderai à jamais un souvenir mémorable. Après cinq longs mois d'enquête, à piétiner dans la boue, à remuer l'histoire et à chambouler les familles, nous avions fini par enfermer un type pour vingt-cinq ans dans une cellule de 10 m².

Je ne pense pas qu'on mérite de mourir en prison. Le fait de tuer, de déraper, ne justifie pas que l'on doive perdre dès lors toute chance de pardon, d'abandon, ou de second espoir. Je ne tire pas un plaisir maladif dans le fait d'arrêter les salops qui commettent des meurtres sur des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards esseulés ou des adolescents. Je préférerai que personne ne tue et que tout le monde reste tranquillement chez soi. Mais la vie est ainsi faite que le crime existe, et pour tout vous dire, nourrit la société d'une manière particulièrement subtile. J'ai accompagné mon parcours policier d'une licence en criminologie, la psychologie ramenée à son état le plus pur, comprendre la démarche du criminel. Je suis formé pour prendre leur place, pour tenter de comprendre leur mode d'action, de fonctionnement, leurs pensées les plus profondes, et croyez-moi, quand vous recevez une telle formation, il est aisé de devenir fou. Je pense que la frontière entre un homme de loi et un criminel est bien plus mince qu'on pourrait le croire, et qu'on se le dise, personne n'est à l’abri du dérapage qui lui coûtera, à lui aussi et quoi qu'on en dise, sa vie.

Je ne vis pas que pour mon travail, même s'il occupe une place conséquente de ma vie. Lors de ma première année de boulot à Scotland Yard, j'ai rencontré une secrétaire des locaux de police, Emma. Je suis tombé fou amoureux d'elle, de ces premiers amours adultes qui sont voués à durer longtemps. Nous sommes restés des années ensemble avant que je ne la demande en mariage finalement, et qu'elle accepte de devenir ma femme. Jusqu'au jour-j, où elle a préféré ne pas se montrer à l'Eglise, alors que je l'attendais, coincé dans un costume trop cher pour moi, devant l'autel supposé nous unir. Je ne l'ai jamais revue depuis, mais étant donné que l'un de mes meilleurs amis est son frère, la situation reste légèrement délicate. Depuis cette histoire, il y a deux ans maintenant, je n'ai connu aucune relation sérieuse, préférant m'échouer de temps à autre chez une conquête plus ou moins régulière durant une soirée bien moins risquée qu'une promesse pour la vie.

Je travaille en ce moment sur une affaire un peu louche qui me donne du fil à retordre. Heureusement, je peux compter sur Priam. Il est mon partenaire dans ce boulot quotidien. Notre cible du moment ? Celle que plusieurs personnes veulent abattre, le Casino Hastings-Bass. Je suis persuadé qu'il s'y passe de sales trucs et je suis déterminé à trouver quoi, surtout depuis qu'une femme est morte lors d'une de leurs soirées.

→ Ton heure de gloire est enfin arrivée, un producteur de cinéma vient de te remarquer dans la rue et te propose de devenir la star de son nouveau film. Que lui dis-tu ? Je passe mon chemin.

→ Une pauvre fille en pleurs chante All by myself avec son cornet de glace à la vanille en plein de milieu de la rue retournant tous les regards sur son passage, y compris le tien. Ta réaction ? J'essaye de la calmer et de la mettre à l'abri des regards indiscrets.

→ Ton(ta) cousin(e) t'avoue sous l'emprise de l'alcool son attirance pour toi, et tente de t'embrasser. Premières impressions à chaud ? Réactions à froid ? Réaction à chaud, je la repousse, réaction à froid, je n'en parle plus jamais.

→ Ton idée du parfait samedi soir : une soirée arrosée au Carling à Oxford, une nuit de folie au Fez Club de Cambridge, une sortie au théâtre de Londres ou une soirée geek avec plat commandé et partie de jeux vidéos avec tes meilleurs potes ? Un restau, un bar quelconque, ou à la maison, au ciné, peu m'importe, je m'adapte !

→ T'es au confessionnal, tu peux avouer ta pire faute, ou encore un secret particulièrement pesant que tu n'aimerais pas voir révélé. Que dis-tu au père Patrick pour te soulager la conscience ? J'ai déjà tué un homme.

→ Le père Patrick était en fait un vrai sociopathe fan de Pretty Little Liars, et t'envoie un sms anonyme où il vous demande de choisir entre un secret révélé qui pourrait anéantir ta réputation ou briser ta famille, et de voler la bague de fiançailles Cartier d'un de vos amis. Après mûre réflexion, qu'est-ce que tu choisis ? Je le coffre pour outrage à agent et diffamation.

→ C'est le mec (la fille) de tes rêves, tu en es persuadé(e) et pourtant, celui(celle)-ci est en couple avec quelqu'un d'autre. Tu te la joues résigné(e), stratégique, ou éploré(e) ? On veut les détails ! Résigné, j'arrête.

→ Dans dix ans, je me vois bien ouvrir un resto spécialité moules frites avec Camille Jules Martin, marié, six gosses et à l'origine d'une toute nouvelle sauce roquefort-épinards et toi, des projets pour l'avenir ? No idea.

→ Et enfin, honnêtement, entre truth ou dare, qu'est-ce que tu préfères ? (oui ça rime !) Dare

→ En pleine soirée baby-sitting, l'adorable petite fille aux cheveux blonds que vous gardez s'installe sur vos genoux et vous demande, d'un air suppliant : « Moi plus tard, je veux être la Reine d'Angleterre. Papa m'a dit que pour pouvoir le faire, il fallait aller à l'université. Mais il a dit aussi qu'il fallait choisir entre Oxford et Cambridge, parce que ce sont elles les meilleures d'Angleterre. A ton avis, il vaut mieux apprendre à devenir Reine à Oxford, ou à Cambridge ? » J'en sais rien, Reine c'est bien trop ambitieux de toute façon.

→ Après avoir écouté votre argumentaire, elle s'interrompt une seconde et fronce étrangement le nez. « Mais, au fait, qu'est-ce que c'est, le Judging Cambridge Club ? » J'en ai aucune idée.

→ « Aaaah, d'accord. Je comprends mieux. Et les TroubleMakers, alors ? C'est la même chose ?» Eux non plus, je sais pas.

→ « C'est bien compliqué tout ça. Mais alors, si je choisis Cambridge et que finalement je préfère Oxford, j'ai le droit de changer en cours de route ? » Non je ne crois pas.

→ « Hm... Bon. Ca m'avance pas beaucoup. Mais en même temps, j'ai le temps. »