JLF - Wild Child - Call me Mini-Foster !

« June tu dépasse les bornes ! Pourquoi tu ne veux rien nous dire ! Comment veux-tu qu’on t’aide dans ce cas ! »

Je regarde ailleurs et soupire. Comme si ça les regardait VRAIMENT. Remarquez, j’ai l’air fine allongée sur ce lit d’hôpital. Une épaule démise, des bleus de partout, des traces de strangulation bref : un magnifique exemple de l’éducation anglaise que m’ont offert mes parents. Après plusieurs années passées en pensionnat exclusivement féminin qui m’a fait tester les relations lesbiennes, les guirlandes de soutien-gorge et l’alcool coulant à flots, je me suis retrouvée à la faculté de Londres. Et c’est là que j’ai « mal tourné » selon ma belle-mère. Mais commençons par le commencement. Je m’appelle June Lee Foster, je suis née à Londres le 6 février 1993. Mon père, Georges Foster (oui oui le frère du pasteur Foster, le père de Rose Foster) est chirurgien esthétique. Ma mère Stella ex-Foster est une croqueuse de diamants qui s’est hâtée de divorcer pour partir avec son amant patron d’une multinationale quand j’avais quatre ans. Pas idéal pour mon équilibre psychique. Ma belle-mère Ruby Foster, est une espèce de bimbo blonde aux seins refaits par mon père qui tiennent tous seuls. Elle n’est pas méchante, juste que je la méprise profondément et que je déteste la voir se faire des injections de botox dans le salon avec ses copines barbie.

Bref pour passer rapidement sur mon enfance, je n’ai pas été spécialement malheureuse, mais ma famille n’était pas vraiment ce que j’appelle la famille idéale. Entre les ambitions fluctuantes de mon père à mon égard « tu deviendras avocate ! médecin ! journaliste ! » ou encore « tu épouseras un homme aussi riche et brillant que papa », les horribles cours de danse où ma belle-mère me traînait « tu es tellement mignonne avec ce tutu rose ! » ou encore ses délires de m’habiller et de me maquiller comme elle (je vous jure, ressembler à une drag-queen à six ans c’est assez traumatisant), je trouve que niveau équilibre mental je m’en suis plutôt bien sortie. Le plus drôle restant quand même les repas de famille où je devais essuyer les regards dégoulinants de pitié et de compassion des parents de Rose alors qu’ils fusillaient papa et Ruby du regard qui roucoulaient dans un coin. Autant vous dire que pour me soustraire à leur néfaste influence j’étais souvent invitée à venir jouer avec Rose et Elizabeth. D’ailleurs je m’entends mieux avec Rose, bizarre non ?

Après une ellipse temporelle sur mes années au pensionnat, jusqu’à mes dix-huit ans en fait, de folles années lesbiennes et décadentes hahaha, j’ai débarqué à la faculté de Londres pour des études de littérature. C’est là que j’ai gravement déconné. Pas au niveau études non, là j’ai plutôt bien géré pour avoir ma première année. Mais niveau fréquentations par contre… Autant le dire haut et fort : j’ai un faible pour les mauvais garçons. Outre le fait que je ne suis pas d’un abord facile, il paraît que je suis une adepte du sarcasme et de l’humour noir, j’ai tendance à être « légèrement » accro aux sensations fortes. Après l’alcool dont j’avais déjà testé les effets plutôt sympathiques (du style passer du stade pompette à carrément déchirée en moins d’une heure), vous vous doutez bien que les jolies pilules ont suivi. Même si je préfère l’alcool de toutes façons. Or cette parenthèse « testons joyeusement des substances illicites » m’est plutôt rapidement passée. Contrairement à « je suis accro aux mauvais garçons et au sexe hard ». Bingo, je pars du principe qu’un type capable de me tuer sera toujours un bon coup. Et ça ne s’est pas encore démenti.

Sauf que je suis à l’hôpital aujourd’hui. Parce que mon partenaire du moment m’a étranglée un peu trop longtemps et que je me suis évanouie pendant… hum, bref. Qu’il m’a conduite à l’hôpital parce qu’il n’est pas totalement irresponsable ni totalement con et qu’on a appelé mes « parents ».

« Tu ne veux pas porter plainte June ? »

Je regarde mon père d’un air dubitatif.

« Tu as vu les traces de dents que je lui ai laissé ? Et le reste ? »

Il blêmit et même si j’ai un mal de chien, intérieurement, je jubile.

« Papa, j’aime le sexe violent et ceci n’est qu’un accident de parcours. Même si j’ai rarement autant pris mon pied. Donc non je ne vais pas porter plainte. »

Il se décompose et je vois bien qu’il tombe des nues. Je croise les bras et le fixe crânement dans les yeux. Je sens que je vais le regretter.

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Ou peut être pas en fait. Debout devant l’immeuble de Rose, je me frotte la tête. Je crois que mon géniteur est complètement crétin et que je dois vraiment tenir davantage de ma mère qui, même si c’est une traînée, avait sûrement quelque chose dans le crâne. « June, Ruby et moi avons beaucoup parlé et… tu devrais t’éloigner de ce type, de Londres, histoire de te reconstruire. » Je m’étais mordu la langue pour ne pas éclater de rire. Me reconstruire ? Ah ben c’est clair qu’avec mon enfance et l’autre cruche de Ruby qui s’est fait poser des implants fessiers (si si) il y a quelques semaines, j’ai vraiment besoin de me reconstruire. « Alors j’ai appelé Rose, j’ai organisé ton transfert pour Oxford pour la rentrée. Tu logeras chez elle le temps de te trouver un appartement, ne t’en fais pas je paierais la somme qu’il faudra. Elle a accepté de s’occuper de toi et de te… remettre dans le droit chemin. » La bonne blague ! Ma cousine Rose qui enchaîne les cuites, a fait une overdose cet été et fréquente des mecs pas nets ? J’ai gentiment hoché la tête en faisant semblant de me repentir. Et me voilà devant chez ma cousine préférée qui doit être « ravie » de m’accueillir. Je monte les escaliers en traînant mon énorme valise en lâchant un chapelet de jurons et frappe à la porte. Patiente. Un peu trop longtemps à mon goût.

« ROSE MARGARET FOSTER OUVRE ! JE SAIS QUE TU ES LA ETEINS DONC CETTE MERDE D’ABBA ET RAMENE TON CUL TOUT DE SUITE ! »

Welcome to Hell !

→ Ton heure de gloire est enfin arrivée, un producteur de cinéma vient de te remarquer dans la rue et te propose de devenir la star de son nouveau film. Que lui dis-tu ? En vrai vous faîtes ça pour abuser les pauvres jeunes filles innocentes c'est ça ? Vous avez une tête suspecte.

→ Une pauvre fille en pleurs chante All by myself avec son cornet de glace à la vanille en plein de milieu de la rue retournant tous les regards sur son passage, y compris le tien. Ta réaction ? Je me sens vaguement gênée pour elle et je me dépêche de filer, me sentant vraiment mal à l'aise. C'est tout à fait le genre de truc que je ferais sous l'influence d'une boisson bien alcoolisée.

→ Ton(ta) cousin(e) t'avoue sous l'emprise de l'alcool son attirance pour toi, et tente de t'embrasser. Premières impressions à chaud ? Réactions à froid ? non ? …. BEUHAHAHAHAHAHAAAAAAA ! Rose m'embrasser ? Je prends une photo SUR LE CHAMP et je lui montre quand elle aura dessoulé. Croyez moi y'a vraiment moyen de rigoler avec ça.

→ Ton idée du parfait samedi soir : une soirée arrosée au Carling à Oxford, une nuit de folie au Fez Club de Cambridge, une sortie au théâtre de Londres ou une soirée geek avec plat commandé et partie de jeux vidéos avec tes meilleurs potes ? Carling, Oxford, Mojito. J'ai tout dit ?

→ T'es au confessionnal, tu peux avouer ta pire faute, ou encore un secret particulièrement pesant que tu n'aimerais pas voir révélé. Que dis-tu au père Patrick pour te soulager la conscience ? … j'ai toujours un faible pour les types capables de me tuer et plus vieux que moi. J'suis pas guérie.

→ Le père Patrick était en fait un vrai sociopathe fan de Pretty Little Liars, et t'envoie un sms anonyme où il vous demande de choisir entre un secret révélé qui pourrait anéantir ta réputation ou briser ta famille, et de voler la bague de fiançailles Cartier d'un de vos amis. Après mûre réflexion, qu'est-ce que tu choisis ? Là je suis gravement dans la merde donc je vais aller boire un coup et aller chercher cette foutue bague avant de la faire avaler au Père Patrick, j'dirais au juge qu'il aura essayé de regarder sous ma jupe et que c'était de la légitime défense.

→ C'est le mec (la fille) de tes rêves, tu en es persuadé(e) et pourtant, celui(celle)-ci est en couple avec quelqu'un d'autre. Tu te la joues résigné(e), stratégique, ou éploré(e) ? On veut les détails ! Vu qu'en règle générale je suis plutôt attirée par les mauvais garçons, je ne fais pas dans la finesse, j'attaque de front, je le fais boire un peu et tant pis pour la copine esseulée. C'est pas comme si je comptais sur une relation de longue durée.

→ Dans dix ans, je me vois bien ouvrir un resto spécialité moules frites avec Camille Jules Martin, marié, six gosses et à l'origine d'une toute nouvelle sauce roquefort-épinards et toi, des projets pour l'avenir ? J'me vois pas, c'est marrant non ? Ou alors dans un état pas franchement reluisant hahaha ! Genre prof de littérature alcoolique, c'est bien comme projet professionnel non ?

→ Et enfin, honnêtement, entre truth ou dare, qu'est-ce que tu préfères ? (oui ça rime !) Dare, Truth je sais pas faire (et ça rime !).

→ En pleine soirée baby-sitting, l'adorable petite fille aux cheveux blonds que vous gardez s'installe sur vos genoux et vous demande, d'un air suppliant : « Moi plus tard, je veux être la Reine d'Angleterre. Papa m'a dit que pour pouvoir le faire, il fallait aller à l'université. Mais il a dit aussi qu'il fallait choisir entre Oxford et Cambridge, parce que ce sont elles les meilleures d'Angleterre. A ton avis, il vaut  mieux apprendre à devenir Reine à Oxford, ou à Cambridge ? »  Va à Cambridge morveuse, c'est là-bas que tu as le plus de chances d'apprendre à te comporter comme une reine. Descends de mes genoux, je suis pas un doudou.

→ Après avoir écouté votre argumentaire, elle s'interrompt une seconde et fronce étrangement le nez. « Mais, au fait, qu'est-ce que c'est, le Judging Cambridge Club ? » Des gens qui te disent qui fréquenter, comment te comporter. Ils sont chiants, ils se prennent pour les garants de la morale et ne supportent pas l'excentricité. Et il paraît que leur chef est une dominatrice en puissance. Je plains son mec.

→ « Aaaah, d'accord. Je comprends mieux. Et les TroubleMakers, alors ? C'est la même chose ?» Ah non, eux leur truc c'est de te pourrir la vie par tous les moyens possibles et imaginables. Genre te droguer, à l'insu de ton plein gré bien sûr, avant que tu n'aille faire une intervention devant tes élèves, comme Mr Buckley, répandre des rumeurs sur ton compte, bref tu vois le genre.

→ « C'est bien compliqué tout ça. Mais alors, si je choisis Cambridge et que finalement je préfère Oxford, j'ai le droit de changer en cours de route ? » Franchement je sais pas trop. Je suppose que c'est possible, mais passer d'Oxford à Cambridge ça doit être bien douloureux si tu veux mon avis. L'ambiance T.M versus JCC et culs serrés, ça doit faire tout drôle de passer de l'un à l'autre.

→ « Hm... Bon. Ca m'avance pas beaucoup. Mais en même temps, j'ai le temps. »