CAJK ☪ la seule, la vraie, l'unique

Caroll-Ann Jenzell. C'est moi. C'est cool nan ? Je te vois venir avec tes yeux ouvert comme des soucoupes de thé là. Du calme. Nan, ce n'est pas parce que j'ai un prénom comme ça que je suis du genre chiante et bourgeoise. Loin de là...
Je suis née à Londres, par une après-midi d'août. Bon, d'accord, je l'avoue, la situation bourgeoise de la famille n'est pas vraiment fictive. Même pas du tout. Mais le côté famille modèle, lui, a du être vu et revu. J'ignore le visage de mes parents. Enfin, je le connais bien sur, grâce à des photos. Mais pas réellement. Je ne connais pas ma mère me bordant le soir ou me consolant parce que je pleure. Je n'ai aucun souvenir de mon père s'inquiétant de mes fréquentations ou m'empêchant de sortir. Juste Conchita, la femme de ménage portugaise qui m'a élevée autant qu'elle le pouvait. Pauvre femme, moi je lui en ai fait voir de toute les couleurs. Aujourd'hui je réalise que sans elle, j'en serais bien loin. Et puis il y avait Ludwig. J'avais 12 ans quand il a commencé à changer radicalement. Au début je ne comprenais pas. J'ai cru qu'il devenait fou. Apparemment c'est de famille. Il a commencé à s'habiller n'importe comment, à délirer sur Val-A., ce stupide correspondant français. J'ai commencé à m'inquiéter pour lui, mais Conchita disais qu'il était heureux. Pour moi il était plus cinglé qu'autre chose. Jusqu'à ce que moi aussi j'atteigne mes 14 ans et que je comprenne que mon frère venait de franchir la porte. Quand j'ai appris qu'il était gay, je crois que c'est à ce moment là que j'ai réalisé que mon frère était un cas à part. Toutes mes copines le trouvaient sexy, attirant, adorable... Et moi je savais qu'elle n'avait aucune chance. Jouissif nan ? Pour une sœur possessive, oui. Entre nous c'était le paradoxe : je ne supportais pas que les filles parlent de lui, mais il n'avait jamais rien à dire sur mon copains. L'indépendance m'est venu tôt... et peut être un peu trop tôt d'ailleurs.
J'avais 19 ans quand Ludwig s'est tiré à Dublin, en emmenant avec lui ma seule figure maternelle : Conchita. Je lui en ai voulu à ce moment là. Beaucoup voulu. J'avais dix neuf ans et au fond, je n'étais encore qu'une gamine. Il m'a forcé à grandir trop vite. Une nouvelle femme de ménage est arrivé à la maison. Une espagnole. Maria. Je l'ai détesté, dès le début. C'était une femme douce mais un peu autoritaire, qui savait parfaitement tenir une maison. Elle n'a pas su me retenir moi. J'ai commencé à sortir, d'abord le week-end puis tout les soirs. J'ai terminé avec difficultés ma dernière année de lycée, puis je suis tombée dans une spirale infernale. Je n'ai pas beaucoup revu mon frère. Maria, dans sa délicatesse, disait souvent que j'étais malade quand il était là. Que ma santé devenait fragile, qu'il ne fallait pas qu'il me voit. Elle a voulu le protéger. Alors elle m'a laissé faire, elle a pris soin de moi à chaque fois que j'en avais besoin. Je me suis laissé prendre au piège des yeux bleu d'un toxico, et j'ai découvert le Londres underground. Jusqu'au jour où il a fallu que Maria vienne me chercher à l'hôpital. Quand elle m'a ramener à la maison je n'étais plus moi même. J'avais changer. Alors elle ne m'a pas laissé le choix : il fallait que j'aille avec Ludwig, que je reprenne des études et que je retrouve mon frère, que tout redevienne comme avant. C'est comme ça que je me suis retrouvé dans un avion. Un vrai cauchemar. Je me souviens de la psy de l'hôpital qui disais que je manquais d'affection. Je n'ai jamais manqué de rien, ni de personne. Je suis parfaitement saine d'esprit, non ?

Finalement j'me suis tirée avec l'amour de ma vie. Enfin, disons le très vite. Entre Ana, Appolon, Narcisse, Noé, Nolan et les autres. Enfin Narcisse et moi, on est partis. Et puis je suis tombée enceinte. On s'est marié dans un luxe affreux. Et puis y a eu ce gosse. Cette petite chose qui braille tout le temps, qu'il faut changer, dont il faut s'occuper. J'ai laissé ça à la nourrice, c'était plus simple. Et puis il est même pas de Narcisse, ce môme. Peut être que c'est pour ça que j'ai divorcé. Ou peut être pas, d'ailleurs. Au fait... Ludwiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiig, si t'as filé ma chambre, je te découpe avec mes talons aiguilles !

→ Ton heure de gloire est enfin arrivée, un producteur de cinéma vient de te remarquer dans la rue et te propose de devenir la star de son nouveau film. Que lui dis-tu ? t'es mignon mais le cinéma, c'est mon truc seulement si tu fais un film sur ma vie. De toute façon mon heure de gloire c'est pas nouveau, j'ai épousé un type richissime, j'ai mes entrées partout et tout le monde me connait. Next ?

→ Une pauvre fille en pleurs chante All by myself avec son cornet de glace à la vanille en plein de milieu de la rue retournant tous les regards sur son passage, y compris le tien. Ta réaction ? Une petite fille, une glace à la vanille, une chanson de merde, sa figure. Vous voyez le rapport ? J'ai besoin de vous faire un dessin ? Vous pensez que ça chante toujours avec de la vanille plein la tronche et un cornet dans la bouche ?

→ Ton(ta) cousin(e) t'avoue sous l'emprise de l'alcool son attirance pour toi, et tente de t'embrasser. Premières impressions à chaud ? Réactions à froid ? Ludwig, depuis quand est-ce qu'on a un cousin et/ou une cousine ? Concrètement on s'en fou, la famille c'est la merde qu'entre frères et sœurs. Cela dit, si il/elle est moche, une bonne baffe dans la tronche devrait être suffisant.

→ Ton idée du parfait samedi soir : une soirée arrosée au Carling à Oxford, une nuit de folie au Fez Club de Cambridge, une sortie au théâtre de Londres ou une soirée geek avec plat commandé et partie de jeux vidéos avec tes meilleurs potes ? Par regret de ma vie antérieure, let's go to the Carling.

→ T'es au confessionnal, tu peux avouer ta pire faute, ou encore un secret particulièrement pesant que tu n'aimerais pas voir révélé. Que dis-tu au père Patrick pour te soulager la conscience ? Hum... Que mon fils n'est pas de son père ? Que je me suis droguée pendant longtemps ? Au choix, père Patrick peut tout entendre.

→ Le père Patrick était en fait un vrai sociopathe fan de Pretty Little Liars, et t'envoie un sms anonyme où il vous demande de choisir entre un secret révélé qui pourrait anéantir ta réputation ou briser ta famille, et de voler la bague de fiançailles Cartier d'un de vos amis. Après mûre réflexion, qu'est-ce que tu choisis ? Raconte tout mon vieux, c'est pas un problème.

→ C'est le mec (la fille) de tes rêves, tu en es persuadé(e) et pourtant, celui(celle)-ci est en couple avec quelqu'un d'autre. Tu te la joues résigné(e), stratégique, ou éploré(e) ? On veut les détails ! Disons que... Il serait tellement dommage qu'on découvre que l'objet des attentions de la personne que je veux ait l'herpès/le sida/l'hépatite C (rayer la mention inutile). Voilà. Au pire, une voiture qui oublie de freiner à un passage piéton et l'histoire est réglée. (Enfin, si vous me connaissez bien vous savez que tous les coups sont permis, y compris la crème dépilatoire dans les cheveux ou la teinture sur les poils pubiens. Et les draps Dora l'exploratrice).

→ Dans dix ans, je me vois bien ouvrir un resto spécialité moules frites avec Camille Jules Martin, marié, six gosses et à l'origine d'une toute nouvelle sauce roquefort-épinards et toi, des projets pour l'avenir ? J'ai fais (presque) tout ce que je voulais, à savoir épouser un type richissime, être reconnue dans le monde de la jet-set et ouvrir une fondation à mon nom. Next ? Ré-épouser un type richissime.

→ Et enfin, honnêtement, entre truth ou dare, qu'est-ce que tu préfères ? (oui ça rime !) Dare, of course.

→ En pleine soirée baby-sitting, l'adorable petite fille aux cheveux blonds que vous gardez s'installe sur vos genoux et vous demande, d'un air suppliant : « Moi plus tard, je veux être la Reine d'Angleterre. Papa m'a dit que pour pouvoir le faire, il fallait aller à l'université. Mais il a dit aussi qu'il fallait choisir entre Oxford et Cambridge, parce que ce sont elles les meilleures d'Angleterre. A ton avis, il vaut mieux apprendre à devenir Reine à Oxford, ou à Cambridge ? » prends le de la part d'une nana qui a étudié la psychologie à Oxford, l'université, ça ne vaut rien. Le plus important, c'est la façon dont tu vas apprendre la vie par toi même et la façon par laquelle tu va t’octroyer progressivement tout les pouvoirs possibles et inimaginables. cela dit, les fils à papa les plus célèbres vont à Oxford. Cambridge, c'est plus du nerd. Reste à savoir si tu veux épouser un politicien ou un médecin.

→ Après avoir écouté votre argumentaire, elle s'interrompt une seconde et fronce étrangement le nez. « Mais, au fait, qu'est-ce que c'est, le Judging Cambridge Club ? » Une bande de cons ma petite chérie. Des gens qui prêchent la bonne parole et la bonne manière. Des gens qui ne te serviront à rien, en fait. En résumé, C'est cambridge.

→ « Aaaah, d'accord. Je comprends mieux. Et les TroubleMakers, alors ? C'est la même chose ?» Absolument pas ! les TroubleMakers sont les jeunes les plus doués de leur génération pour mettre la pagaille partout où ils passent. Oxford bien entendu. C'est ce qui fait de mieux en matière d'apprentissage de la vie et des rapports sociaux.

→ « C'est bien compliqué tout ça. Mais alors, si je choisis Cambridge et que finalement je préfère Oxford, j'ai le droit de changer en cours de route ? » Passer de Cambridge à Oxford, c'est intelligent. En fait, mieux vaut aller direct à Oxford. Pour ce qui est de le faire, vraiment... Je n'en sais rien. renseignes toi auprès de l'administration, Moi c'est clairement pas mon problème. Sois une fille intéressante et intelligente, renseignes toi par toi même. Et maintenant, dégage, j'ai autre chose à faire.

→ « Hm... Bon. Ca m'avance pas beaucoup. Mais en même temps, j'ai le temps. »