LL ★ devil or angel

♧ Lolita passe du rire aux larmes en un clin d'oeil. ♧ Elle n'a pas sa langue dans sa poche. ♧ On pourrait croire le contraire mais elle travaille beaucoup, elle est très ambitieuse. ♧ Pas très facile à vivre, elle met cependant un grain de folie plutôt agréable dans la vie de ses proches. ♧ On adore l'adorer. ♧ Elle a vécu treize ans à Las Vegas avant de venir habiter chez son oncle et sa tante en Angleterre. ♧ Son dressing est digne de celui d'une star. ♧ C'est une vraie petite princesse.


J'ai traîné dans les casinos avant même de tenir sur mes deux jambes. Mon père étant le grand patron d'une chaîne entière et ma mère travaillant avec lui, j'étais amenée à m'y rendre souvent, bien que je n'ai pas l'âge requis. Être la fille du boss comporte quelques avantages, surtout quand ledit boss est incapable de vous dire non. J'ai toujours trouvé que les joueurs s'apparentaient à des mafieux, toujours en train d'essayer d'impressionner leurs adversaires, bluffant comme ils respiraient. Néanmoins je les adorais, et c'est toujours le cas. Je passais mes soirées sur les genoux de ces gens – les femmes comme les hommes. « Will, ta fille est une vraie merveille. » « Oh voilà la jolie petite princesse! » Des compliments de ce genre, j'en entendais tous les jours. Mon parrain lui-même est un célèbre joueur de poker ; c'est peut-être pour ça que j'aime autant le jeu et que je suis une si bonne manipulatrice. Car vous trouverez rarement meilleur(e) que moi.

« Il m'a quittéééééééée... j'm'en remettrais jamais! » Couchée sur mon lit, je verse toutes les larmes de mon corps sous le regard compatissant de ma tante, qui me caresse les cheveux. « Il en valait pas la peine, il faut pas de faire du mal pour lui! Pourtant il avait l'air gentil ce Sebastian! » Je me relève d'un coup et darde mon regard noir sur elle. « Non mais tu suis pas! C'est Luka! Sebastian je l'ai largué y a deux semaines déjà. » Je lève les yeux au ciel pour marquer mon agacement face au fait qu'elle ne soit pas très bien renseignée sur moi alors que je lui parlais de Luka tout le temps. Elle soupire et quitte ma chambre. Elle a cependant raison sur un point : je ne dois pas me laisser abattre. Enfin, je me fous de Luka comme de mon premier jeton de poker mais c'est surtout le fait QU'IL m'ait quitté qui me reste en travers de la gorge. C'est toujours moi d'habitude. Rien à faire, mon ego en prend un coup. Je remets mes cheveux en place et fait un sourire à mon miroir avant de me saisir de mon téléphone portable. « Maël? C'est Lolita. Ca t'dis de prendre un verre en ma compagnie? »

Fini le petit lycée, bienvenue dans la cour des grands. L'université, mon nouveau royaume. J'en rêve la nuit : je me vois en reine tyrannique et adorée de ses fidèles sujets, hurlant « qu'on lui coupe la tête » à tout bout de champs et ayant en guise de coussin un petit cochon bien dodu et... d'accord, d'accord. J'ai trop regardé l' « Alice au pays des merveilles » de Burton. N'empêche que c'est une nouvelle ère qui commence et que j'espère bien régner ici encore. Les cours de lycée ça va bien cinq minutes, au bout d'un moment ce n'est plus drôle. D'ores et déjà inscrite à la chorale, je compte bien gravir les échelons à la vitesse de la lumière. Et avant qu'Oxford est eu le temps de dire ouf, je serais au sommet.

J'arrive essoufflée au café, où mes deux meilleurs amis m'attendent déjà. Mes boucles flamboyantes s'emmêlent et je dois être rouge comme une tomate d'avoir trop couru. Je commande un café au bar et va m'installer avec ma tasse à la table ou se trouvent Alexan et Tatiana. « Mais t'as tapé un sprint ou quoi? » Je prends une gorgée de ma boisson et entame mon récit. « Bah tu sais à quel point je déteste arriver en retard quelque part, ça me donnerait presque des boutons! La ponctualité, c'est important. Tout ça c'est à cause de ce triple idiot d'imbécile de chauffeur de taxi! J'étais au téléphone avec ma mère avec qui je n'avais pas parlé depuis deux semaines – je voyais bien qu'il écoutait, quel manque de politesse – quand le taxi s'est arrêté comme ça, pouf, sur la route, d'un coup! Alors évidemment j'ai fait une crise, parce qu'on était pas encore arrivés et que j'allais être en retard et là, qu'est-ce qu'il me dit? Que c'était une panne d'essence, qu'il avait complètement oublié de passer remplir le réservoir, qu'il était désolé. Donc j'ai bien pris soin de l'engueuler, puis je l'ai payé parce que même s'il est débile et en plus indiscret, il me faisait pitié. Et je suis parti en courant pour vous rejoindre! Le bar n'était plus très loin quand là, bim! J'me prends un choc. En fait j'ai percuté une fille qui portait une veste to-ta-le-ment affreuse! Tiens bah... la même que toi Tatiana. Ca te va mieux qu'à elle mais la prochaine fois laisse la dans ta penderie quand même : j'te dis ça en toute amitié. Bref, le temps que je me relève j'étais déjà plus à l'heure, mais j'ai couru quand même. Et là j'ai croisé mon ex avec une blonde j'vous dis pas! Mais si, mon ex, Elliott! Non, vous remettez pas? Bon j'reviens sur la blonde, la fille c'était une vraie pouffiasse sur des talons de quinze centimètres et... » « Lolita, bois ton café, il va être froid! » Une manière polie de me dire "ferme la, veux-tu?". Alexan se masse les tempes et se tourne vers Tatiana. « Comment cette fille peut parler aussi longtemps? » Je lui tire la langue.

→ Ton heure de gloire est enfin arrivée, un producteur de cinéma vient de te remarquer dans la rue et te propose de devenir la star de son nouveau film. Que lui dis-tu ? Je suis une jeune fille en quête de gloire et trop polie pour refuser une demande aussi pressante de la part d'un illustre producteur alors ma réponse serait sûrement quelque chose comme un « YEEEEEEEEEEEEEEEEEEES » retentissant.

→ Une pauvre fille en pleurs chante All by myself avec son cornet de glace à la vanille en plein de milieu de la rue retournant tous les regards sur son passage, y compris le tien. Ta réaction ? Se donner ainsi en spectacle c'est un peu extrême, mais presque admirable – bien que ce soit un véritable suicide social. Bon aller, c'est l'heure de faire ma B.A, je vais lui donner un petit mouchoir.

→ Ton(ta) cousin(e) t'avoue sous l'emprise de l'alcool son attirance pour toi, et tente de t'embrasser. Premières impressions à chaud ? Réactions à froid ? Oh vous savez, mon cousin est plutôt sexy dans son genre, alors un petit baiser, pourquoi pas? De toutes façons il a bu, demain il ne se souviendra de rien. Et ne criez pas à l'inceste, il ne faut pas être si excessif enfin!

→ Ton idée du parfait samedi soir : une soirée arrosée au Carling à Oxford, une nuit de folie au Fez Club de Cambridge, une sortie au théâtre de Londres ou une soirée geek avec plat commandé et partie de jeux vidéos avec tes meilleurs potes ? Une soirée au Carling bien sur, les quelques soirées que j'y ai passé ont toujours été très réussies et tous les gens que j'apprécie s'y trouve – bien qu'il y en ait que je n'aime pas forcément dans le tas... Comment ça je n'ai pas l'âge de boire? Même moi à dix-sept ans je sais que quelques billets remplacent aisément une carte d'identité.

→ T'es au confessionnal, tu peux avouer ta pire faute, ou encore un secret particulièrement pesant que tu n'aimerais pas voir révélé. Que dis-tu au père Patrick pour te soulager la conscience ? Pardonnez moi mon Père car j'ai péché. J'ai couché avec un homme sans être liée à lui par le mariage, et en plus j'suis même pas majeure. Allez donnez moi mon ticket « voyage direct vers l'Enfer » qu'on en finisse, de toutes manières j'ai toujours su que je ne verrais jamais les petits anges du Paradis.

→ Le père Patrick était en fait un vrai sociopathe fan de Pretty Little Liars, et t'envoie un sms anonyme où il vous demande de choisir entre un secret révélé qui pourrait anéantir ta réputation ou briser ta famille, et de voler la bague de fiançailles Cartier d'un de vos amis. Après mûre réflexion, qu'est-ce que tu choisis ? Sérieusement, vu toutes les rumeurs qui circulent sur moi, c'est pas les racontars de ce Père Patrick qui pourront changer les choses. Mais il est douteux pour un homme de Dieu, vraiment douteux...

→ C'est le mec (la fille) de tes rêves, tu en es persuadé(e) et pourtant, celui(celle)-ci est en couple avec quelqu'un d'autre. Tu te la joues résigné(e), stratégique, ou éploré(e) ? On veut les détails ! Moi, éplorée ou résignée? Moi? Sérieusement. C'est pas parce que je suis jeune – sûrement une des cadettes de l'université – que je suis une cruche. Non mais! Si j'ai des vues sur ce mec, je fais tout ce que je peux pour l'avoir, point. Au final, c'est ma rivale qui s'en mordra les doigts.

→ Dans dix ans, je me vois bien ouvrir un resto spécialité moules frites avec Camille Jules Martin, marié, six gosses et à l'origine d'une toute nouvelle sauce roquefort-épinards et toi, des projets pour l'avenir ? Dans dix ans? Je me vois avocate dans un grand cabinet, peut-être même le mien. J'aurais atteint tous mes objectifs professionnels et tout le monde connaîtra mon nom. Pour ce qui est d'être marié et d'avoir des enfants, je vous avouerais que je n'y pense pas trop pour l'instant.

→ Et enfin, honnêtement, entre truth ou dare, qu'est-ce que tu préfères ? (oui ça rime !) Dare, c'est bien plus drôle.

→ En pleine soirée baby-sitting, l'adorable petite fille aux cheveux blonds que vous gardez s'installe sur vos genoux et vous demande, d'un air suppliant : « Moi plus tard, je veux être la Reine d'Angleterre. Papa m'a dit que pour pouvoir le faire, il fallait aller à l'université. Mais il a dit aussi qu'il fallait choisir entre Oxford et Cambridge, parce que ce sont elles les meilleures d'Angleterre. A ton avis, il vaut mieux apprendre à devenir Reine à Oxford, ou à Cambridge ? » Pour être reine il faut être une battante, et être intelligente. Comme toi j'ai toujours voulu avoir le pouvoir, c'est pourquoi je me suis inscrite à Oxford. Là-bas on t'apprends pleins de choses, et surtout tu te forges un caractère. Si déjà tu as ta cour à l'université, tu n'auras pas trop de mal à monter sur le trône. Et tu as une jolie petite frimousse, je suis sure que tu y arriveras!

→ Après avoir écouté votre argumentaire, elle s'interrompt une seconde et fronce étrangement le nez. « Mais, au fait, qu'est-ce que c'est, le Judging Cambridge Club ? » Simplement des gens qui se croient absolument au-dessus de tout le monde et se permettent de juger tout le monde. Ils sont à Cambridge et sont capables de descendre la côte de popularité de quelqu'un en trois phrases. Plutôt hallucinant. Personnellement je ne suis pas leur plus grande fan – tu vois un peu le niveau de Cambridge...

→ « Aaaah, d'accord. Je comprends mieux. Et les TroubleMakers, alors ? C'est la même chose ?» Non, les TroubleMakers sont bien différents. Déjà eux, ils interviennent à Oxford. Et ils font ce qu'ils appellent des « blagues » qui peuvent être de très mauvais goût, je te l'accorde, mais qui restent très drôles. Ils sont aussi plutôt forts pour lancer les rumeurs. Si les TM te laissent tranquille, tu es invisible. Mais dès qu'ils commencent à s'intéresser à toi, la partie devient tout de suite plus intéressante... mais il ne faut pas être une « chochotte ».

→ « C'est bien compliqué tout ça. Mais alors, si je choisis Cambridge et que finalement je préfère Oxford, j'ai le droit de changer en cours de route ? » Bien sur que tu as le droit, ma grande. Mais je te le déconseille, tu serais mal vue! Et là, que ce soit par le JCC ou les TM, on pourrait te faire des misères...

→ « Hm... Bon. Ca m'avance pas beaucoup. Mais en même temps, j'ai le temps. »