RIB ♦ I've got the moves like Jagger.

La moitié de l’année est déjà passée. C’est le moment du bilan, de revenir sur ce qu’il s’est passé pour moi. Je sais que cette rétrospection peut paraitre idiote, futile mais j’en ai besoin. Je ne dois pas oublier d’où je viens, le chemin que j’ai parcouru. Enfin, je saurais toujours d’où je viens. Mon nom me colle à la peau, Brennan. Du haut de mon mètre quatre-vingt dix, on pourrait croire que je contrôle, que je domine comme une tour de contrôle surplombant avec facilité son horizon. Mais non, je subis. Et tout particulièrement ce nom. Brennan. Famille où la réussite est logique et obligatoire, où ton avenir est conditionné depuis ton plus jeune âge. Autant dire que c’est une dictature à échelle familiale. Néanmoins, je n’ai jamais eu à me plaindre de l’amour de mes parents. Ils ont toujours été présents pour moi, ont tout fait pour que je m’en sorte le mieux. Je les en remercie. Mais involontairement, ce nom, mon nom, m’a mis une pression de folie. Je viens d’une famille d’exigence. La barre a été mise haute auparavant. Mon père est un chirurgien réputé, ma mère une peintre reconnue. C’est elle qui a réussie, avec ma cousine, à faire accepter à mon père, à la famille toute entière mon départ pour une voie beaucoup moins classique que ce qu’ils avaient déjà tracée. Pas d’Oxford pour moi, je n’ai pas été accepté. Cela aurait été une surprise irréelle. Déjà que j’ai eu d’énormes difficultés à obtenir mon diplôme, je ne pouvais en aucun cas prétendre à l’une des écoles élitistes de ce pays. J’ai essayé, j’ai perdu. Mais la déception était quasiment inexistante. La richesse familiale m’avait permis de boucler le lycée diplôme à la main grâce à de nombreux cours particuliers. Même l’influence de ma famille ne put me faire entrer à Oxford. Un mal pour un bien on va dire. Je ne suis pas idiot, même si c’est ce qu’on pourrait croire à en suivre ma lente déchéance au niveau de mes résultats scolaires. Dès tout petit, on a trouvé chez moi un QI très élevé, digne des petits génies de notre ère moderne. Une énorme satisfaction pour les Brennan qui me voyaient déjà comme le prochain Premier Ministre du pays. Grosse déception pour eux lorsque mon niveau descendait en chute libre et que rien ne pouvait me rattraper de la gamelle finale. Ma passion avait rapidement détourné mon intérêt pour l’école. C’en était fini des heures à travailler sur mes cours de mathématiques, ou autres puisque ça n’avait plus aucune importance pour moi. A la place, je faisais fructifier mon temps en le passant dans ma chambre, à danser sur les plus grands tubes de l’époque. Du Usher, du Chris Brown, toute cette culture américaine de très grands danseurs me faisait évoluer au quotidien. Michael Jackson m’inspirait, Justin Timberlake me donnait envie de l’imiter. Bien évidemment, cette passion bien que grandissante ne sortait pas de ma chambre. Idem pour le chant. Je ne chantais que lorsque la maison était libre, mes parents partis pour un diner entre mondains ou autre stupidités auxquelles je refusais la participation. Et même lorsqu’ils étaient absents, je chantais à demi-voix, de peur qu’ils rentrent plus tôt que prévu et qu’ils me prennent en flagrant délit.
Seule Margot m’a déjà vu danser ou chanter dans la famille. Apparemment, selon elle, c’est un don que je possède. Un don que je ne souhaite pas partager avec le reste de la famille Brennan. Margot, c’est plus qu’une cousine. C’est la sœur que je n’ai jamais eu. C’est celle qui était là quand j’avais besoin d’un soutien que mes parents ne pouvaient me fournir. Margot est la seule qui a crue en moi, qui m'a accompagné jusqu'au bout. Jusqu'à l’audition pour la London School of Art. On devait la rejoindre tous les deux, au final, je fus le seul à intégrer la prestigieuse école. Quel dommage. C'était la seule personne qui m'avait motivé pour rejoindre Londres et elle ne me rejoindrait pas dans cette aventure. Cela m'a profondément touché, pendant un moment je ne souhaitais pas y aller, en tout cas, sans elle. Là encore, elle m'a convaincu. Comme elle a convaincu mes parents auparavant d'allonger l'argent pour mon avenir, qu'elle voyait brillant. Margot et moi, c'est une longue histoire d'amitié, et je continue mon parcours à la LSOA dans le seul but de la rendre fier de moi, suivant ce parcours pour nous deux. Je vais faire en sorte que nos rêves se réalisent. Je la retrouve bien heureusement très souvent, à Cambridge, pour participer aux séances hebdomadaires de la chorale de l’Université. Ce sont mes professeurs qui m’ont conseillés de rejoindre ce petit groupe. Bien évidemment, j’ai accepté avec plaisir cette possibilité de voir Margot plus souvent. Mais également pour m’améliorer dans le chant. Tous ont des voix magnifiques et je ne peux qu’être tiré vers le haut avec de tels chanteurs. La perfection, je me dois de l’atteindre, et très rapidement. La London School of Arts est le gratin de toute la Grande-Bretagne, je dois me démener pour réussir à m’en sortir. Je dois travailler plus que les autres, plus longtemps, plus dur. Ça me fatigue, ça me met la pression. Je ne dors plus. Je ne pense qu’aux prestations du lendemain. Les médicaments sont mon salut pour une nuit quoique pas forcément très réparatrice. Mais je ne peux pas abandonner, laisser tomber. Parce que j’aime ça. Et pour Margot.

→ Ton heure de gloire est enfin arrivée, un producteur de cinéma vient de te remarquer dans la rue et te propose de devenir la star de son nouveau film. Que lui dis-tu ?Je suis très méfiant avant tout. Mon instinct me dirait de sauter sur l'opportunité et de ne plus la lâcher. Mon cerveau lui demanderait son identité, de m'expliquer tout son projet, pourquoi moi. Mais je ne pense pas que j'accepterais. Je suis bien trop anxieux pour devenir une star de cinéma. Je me vois mal dans ce monde tout de suite. Peut-être après mes études j'atteindrais ce niveau-là d'accomplissement mais pas pour le moment. Je ne préfère pas me précipiter pour peut-être un mauvais rôle dans un nanard national. A moins que ma co-star soit Scarlett Johansson, alors là, je dis oui tout de suite !

→ Une pauvre fille en pleurs chante All by myself avec son cornet de glace à la vanille en plein de milieu de la rue retournant tous les regards sur son passage, y compris le tien. Ta réaction ? Je ne bronche pas. Je l'observe chanter. Elle peut chanter divinement bien comme parfaitement mal, je ne bougerais pas le petit doigt. Elle aime peut-être se mettre en scène, c'est n'est pas mon problème. Elle a eu le cœur brisée, ça l'est encore moins. Je ne suis pas méchant, j'ai juste une sainte horreur des personnes qui se donnent en spectacle pour attirer l'attention. Ironie de la peur d'un artiste ? Aucune, j'assume simplement le fait que d'attirer l'attention par n'importe quel procédé ne fait pas parti de ma manière de faire, que cela plaise ou non. D'autant plus que ma timidité m’empêchera de faire quoique ce soit pour cette jeune fille. A moins qu'il s'agisse là encore de Scarlett.

→ Ton(ta) cousin(e) t'avoue sous l'emprise de l'alcool son attirance pour toi, et tente de t'embrasser. Premières impressions à chaud ? Réactions à froid ? A chaud, je la repousse. Je serais bien évidemment surpris. J'ai du mal avec ma famille en général alors la difficulté ne sera pas très grande pour repousser la personne. Sauf Margot. Si cela se passe, je ne sais pas ce qui pourrait arriver. Je la repousserais, bien sûr, mais par la suite, je ne sais pas quel impact cela pourrait avoir sur notre relation. De la gène, très certainement.

→ Ton idée du parfait samedi soir : une soirée arrosée au Carling à Oxford, une nuit de folie au Fez Club de Cambridge, une sortie au théâtre de Londres ou une soirée geek avec plat commandé et partie de jeux vidéos avec tes meilleurs potes ? Une sortie au théâtre, sans aucune hésitation. C'est ma passion, j'adore me détendre en allant voir des opéras, des ballets ou autres spectacles musicaux. Ça me permet de me calquer par rapport à ces artistes professionnels. D'autant plus si c'est une représentation avec Scarlett.

→ T'es au confessionnal, tu peux avouer ta pire faute, ou encore un secret particulièrement pesant que tu n'aimerais pas voir révélé. Que dis-tu au père Patrick pour te soulager la conscience ? Très certainement le fait de prendre ces médicaments qui me sont "interdis". J'ai du me faire moi-même une fausse ordonnance pour être régulièrement approvisionné. Je ne suis pas un drogué ou un junkie, c'est juste que ça m'est nécessaire. Personne ne peut comprendre le besoin que j'en ais.

→ Le père Patrick était en fait un vrai sociopathe fan de Pretty Little Liars, et t'envoie un sms anonyme où il vous demande de choisir entre un secret révélé qui pourrait anéantir ta réputation ou briser ta famille, et de voler la bague de fiançailles Cartier d'un de vos amis. Après mûre réflexion, qu'est-ce que tu choisis ? Ma famille. Je suis déjà en quelque sorte la risée de ma famille en n'ayant pas suivi un cursus scolaire élitiste, en n'étant pas accepté comme les autres à Oxford. Ça me tuerait mais je ne suis pas un voleur. D'autant plus que Margot me comprendra. Ou du moins, je l'espère.

→ C'est le mec (la fille) de tes rêves, tu en es persuadé(e) et pourtant, celui(celle)-ci est en couple avec quelqu'un d'autre. Tu te la joues résigné(e), stratégique, ou éploré(e) ? On veut les détails ! Scarlett ? Si elle est en couple avec quelqu'un d'autre que moi, je ne peux rien y faire. Je ne vais pas m'acharner à briser un couple juste pour avoir ma chance. D'autant plus que ça se jouera au petit bonheur la chance. Je ne suis pas pour le malheur des autres, encore plus si je dois le causer.

→ Dans dix ans, je me vois bien ouvrir un resto spécialité moules frites avec Camille Jules Martin, marié, six gosses et à l'origine d'une toute nouvelle sauce roquefort-épinards et toi, des projets pour l'avenir ? J'aimerais traverser le monde entier, soit en tant que danseur d'une grande star ou alors mon propre patron : chanteur. Je veux rester dans ce domaine du show-business, découvrir la terre et ses habitants, me représenter devant des foules en folie, voir les groupies me lancer leur culottes. J'espère que dans dix ans, j'aurais percer.

→ Et enfin, honnêtement, entre truth ou dare, qu'est-ce que tu préfères ? (oui ça rime !) Truth. La vérité sort toujours, qu'on le veuille ou non.

→ En pleine soirée baby-sitting, l'adorable petite fille aux cheveux blonds que vous gardez s'installe sur vos genoux et vous demande, d'un air suppliant : « Moi plus tard, je veux être la Reine d'Angleterre. Papa m'a dit que pour pouvoir le faire, il fallait aller à l'université. Mais il a dit aussi qu'il fallait choisir entre Oxford et Cambridge, parce que ce sont elles les meilleures d'Angleterre. A ton avis, il vaut mieux apprendre à devenir Reine à Oxford, ou à Cambridge ? » A mon avis, ton papa se trompe. Tu peux faire beaucoup de choses à l'université mais tu ne peux pas apprendre à devenir Reine. Tu nais futur reine. Mais après, tu peux devenir Reine de ta promotion, peut importe où tu ailles, je suis sûr que tu réussiras.

→ Après avoir écouté votre argumentaire, elle s'interrompt une seconde et fronce étrangement le nez. « Mais, au fait, qu'est-ce que c'est, le Judging Cambridge Club ? » D'après mes sources, petite, ce sont des gens de Cambridge qui font en sorte que les élèves ne gâchent pas la réputation de l'école. Ils doivent bien se tenir et suivre de nombreuses règles compliquées et ennuyantes. Ils cherchent la perfection pour ne pas ternir Cambridge et son passé. Tu sais ce que ça veut dire "ternir", n'est-ce pas ?

→ « Aaaah, d'accord. Je comprends mieux. Et les TroubleMakers, alors ? C'est la même chose ?» Pas du tout ! Ce sont un peu les méchants, comme dans chaque histoire. Ils font des choses pas bien à des gens qui ne le méritent pas forcément.

→ « C'est bien compliqué tout ça. Mais alors, si je choisis Cambridge et que finalement je préfère Oxford, j'ai le droit de changer en cours de route ? » Bien sûr, le demi-tour n'est pas interdit. Tu fais ce que tu veux de ta propre vie, tout le monde a le droit à une seconde chance !

→ « Hm... Bon. Ca m'avance pas beaucoup. Mais en même temps, j'ai le temps. »