LJHC ∆ we should live while we're young so take me home we'll stay up all night.

SAN JOSE, COSTA RICA. « Et toi, t’as quel âge ? » Je montre deux doigts au monsieur bizarre qui me parle. Déjà, je ne sais pas trop ce que je fais là, cet endroit est bizarre. Maman a dit qu’on allait « au tribunal » pour « régler un ou deux trucs » mais je sais pas ce que c’est, moi, un tribunal. J’ai deux ans, je suis une grande fille, mais on m’a jamais parlé d’un tribunal. Le monsieur, maman a dit que c’était un juge. Je sais pas ce que c’est non plus mais il parait qu’il faut être trèèèèès gentille avec lui et surtout ne pas lui raconter n’importe quoi si on veut pas se faire gronder. Et moi je veux pas me faire gronder. Alors je lui dis rien que la vérité. Je m’appelle Leocadia Julia Herrera-Carter, j’ai deux ans. Oui Camila, c’est ma grande sœur. Oui, ça c’est mon papa. Et ça c’est ma maman. Est-ce qu’ils crient beaucoup en ce moment. Oui, un peu. Pas plus que d’habitude. Est-ce que je comprends pourquoi on est là ? Non. Les mêmes questions sont posées à ma sœur qui dit la même chose ou presque. Elle, elle s’appelle Camila et elle a trois ans. Mais sinon, elle dit la même chose. Le monsieur bizarre dit qu’on va « procéder au divorce ». Je sais pas ce que ça veut dire. J’essaie de demander ma maman mais elle a les larmes aux yeux. C’est bizarre ça. Moi je croyais que ça pleurait pas les mamans. Papa a l’air triste aussi. J’aime pas quand ils sont tristes. Quand on sort du « tribunal », je réclame une glace. Parce qu’il fait chaud. Et parce que j’ai été tellement sage avec le monsieur que je la mérite. Pour une fois, j’y ai le droit. Alors on s’assoit tous les quatre sur une terrasse. Ma glace, elle est énorme ? Framboise, vanille, citron, caramel. Maman dit que j’ai les yeux plus gros que le ventre mais c’est pas vrai, je vais la finir. Papa dit rien. C’est bizarre que papa dise rien. En général quand je prends un aussi gros goûter il fait une remarque. Mais tout est bizarre aujourd’hui. Je tire le bras de maman qui est assise à côté de moi. « Maman, qu’est-ce qu’il se passe ? » Elle soupire. Elle a pas l’air d’avoir envie d’expliquer maman. Je sais pas pourquoi. Elle regarde papa mais il hausse les sourcils comme pour dire « c’est à toi qu’elle a posé la question, réponds ». Je sais pas pourquoi ma question est pas bien. C’est normal de vouloir savoir, non ? « Leocadia, Camila, je… » Elle ferme les yeux un instant. Déjà elle nous a appelé par nos noms entiers. Pas Leo et Cam. Ça arrive que dans les moments graves. Ou quand on a fait des bêtises. Mais j’ai pas fait de bêtises. J’ai été super sage avec le juge. « Votre papa et moi on a… on a décidé de se séparer. Ça veut dire qu’on est plus vraiment amoureux l’un de l’autre et que donc on est plus mariés. C’est pour ça qu’on est allés voir le juge. C’est parce qu’il n’y a que lui qui peut dire qu’un mariage est terminé. Vous comprenez ? » Je hoche la tête mais en fait je comprends rien et j’ai l’impression que Cam est pas beaucoup plus avancée que moi. « Ça veut dire que je vais aller habiter à Los Angeles… et le juge a dit que vous deviez venir avec moi. Papa reste au Costa Rica et vous irez le voir pendant toutes les vacances d’accord ? » Je suis contente de partir. Parce que Los Angeles ça a l’air trop trop trop cool. Mais papa va trop me manquer. Je me lève et je lui fais le plus gros câlin possible. « T’es le meilleur papa du monde et tu vas me manquer papa. Tu viendras nous voir hein ? » J’ai envie de pleurer mais je me retiens. Je suis une grande fille.

LOS ANGELES, USA. « Elle a seulement dix-sept ans et elle vient de lancer son album, on la connaissait depuis un bout de temps pour sa présence sur les tapis rouges, veuillez accueillir Julia Herrera-Carteeeeeeeeeeeer ! » J’entre sur le plateau, tout sourire. Je ne suis pas particulièrement fière de mon album mais je suis fière d’être interviewée sur une chaîne de télé aussi connue. Je suis fière de ne plus faire partie de ces gens qui sont sur les tapis rouges car ils sont fils ou fille de. Ça y est. J’ai fait un truc pour lequel je serai peut-être extrêmement connue au lieu de vivre toute ma vie dans l’ombre de ma mère. Et c’est une plutôt bonne nouvelle. Je fais la bise au présentateur et m’assois. « Alors Julia, cet album, vous y pensiez depuis longtemps ? Vous êtes très jeune, ce n’est pas si courant d’être repérée à cet âge-là ! » Je hausse les épaules en me souvenant des conseils de ma mère. Toujours sourire. Prendre le temps de répondre pour ne pas dire de bêtises. Ne pas être arrogante. Essayer d’être aussi drôle que possible sans être lourde. Faisable. « Oh vous savez c’est un rêve de petite fille. Enfin j’ai commencé par vouloir devenir princesse, évidemment, mais à six ou sept ans je savais que je voulais faire ça, j’ai commencé à penser concrètement au genre de musique que je pourrais faire il y a quatre ou cinq ans et ça a donné « Leo », mon album ». Je croise mes jambes. « D’ailleurs, pourquoi ce nom d’album ? » Le présentateur se rapproche de moi et me fait un clin d’œil. « Qui est donc ce Leo ? » Je secoue la tête. « Non… Leo n’est pas un homme ahaha ! C’est moi en fait. On m’a toujours appelée Julia mais mon vrai nom est Leocadia. Et j’ai appelé mon album comme ça parce que je me dévoile dedans et que c’est le vrai moi » J’éclate de rire. « Je suis désolée, ce que je dis n’a aucun sens. » Le présentateur et le public rient avec moi. Je suis sauvée. « Et il me semble que vous avez écrit une des chansons avec votre sœur ? » Je hoche la tête. « Oui, Camila et moi n’avons qu’un an de différence et on s’entend vraiment très bien alors quand j’ai su que j’allais faire cet album, je l’ai convaincue d’écrire une chanson avec moi pour qu’on puisse la chanter toutes les deux ! Elle a énormément de talent et une très jolie voix et je voulais que tout le monde puisse l’entendre ! » Il me pose encore une ou deux questions sans grand intérêt puis me remercie d’être venue. Je lui serre la main et repars dans les coulisses ou maman et Camila m’attendent. « J’ai été comment ? » Ma sœur me prend dans ses bras « INCROYABLE BRAVOOOOOOO » Maman me félicite aussi et me rassure. « Pour ta première interview c’était du bon boulot, ils vont t’adorer Ju, j’en suis persuadée !!!! »

LONDRES, UK. « Cam, omg, Camilaaaa, prends ton portable et viens dans la cuisine. Et reste calme. Je sais que c’est dur mais reste calme » J’entends des pas dans l’appartement. « J’arriiiiiiiiiiiiive ! » Nous avons enfin emménagé à Londres dans un appartement hyper sympa, très bien placé et plutôt grand. J’habite avec Camila et il faut dire que la vie sans parents est un peu plus compliquée qu’elle n’en a l’air. Laver les fringues, déjà. Dieu merci, nous avons une machine à laver et nous n’avons pas besoin de nous trainer jusqu’à une laverie. Mais quand même. Je ne savais pas qu’il existait autant de programmes différents pour laver un t shirt. C’est complètement absurde. Mais les machines sont pour le moment le dernier de mes soucis. Je suis actuellement debout sur la table de la cuisine, en train de regarder une immense araignée tisser sa toile sur une des chaises de la cuisine. Lorsque Camila arrive, elle ne comprend pas tout de suite ce qu’il se passe. « MONTE SUR LA TABLE JE T’EXPLIQUE APRES » Elle me rejoint en passant devant l’araignée qu’elle ne remarque pas. Et pousse un grand cri lorsque je lui montre. « Je suis désolée de pas t’avoir prévenue de ce qui t’attendait mais je pouvais pas rester mille ans ici toute seule, faut appeler Eduardo, il le faut absolument, faut qu’il la tue omg, je sais pas combien y en a mais imagine y a une colonie dans la maison, imagine elles nous mangent, Cam je flippe oh mon dieu oh mon dieu ». Plus je parle plus ma voix part dans les aigus, c’est un désastre. Ma sœur ne dit pas un mot mais elle a l’air tout aussi paniqué que moi. Elle sort son téléphone et appelle notre demi-frère qui habite, dieu merci, à dix minutes de la maison et qui, heureusement, est un peu moins chochotte que nous. En l’attendant, nous nous asseyons sur la table et restons dans les bras l’une de l’autre pour se rassurer comme nous pouvons ce qui est très loin d’être évident. Eduardo arrive quelques minutes plus tard. La porte est ouverte ce qui nous évite de jouer à la courte paille celle de nous deux qui aurait dû marcher devant l’araignée pour aller lui ouvrir. « Les filles ? » Je hurle. « ON EST LA VIENS NOUS AIDER Y A UNE ENORME ARAIGNEE JE FLIPPE TROP ED WE NEED YOU » Il nous rejoins dans la cuisine et éclate de rire lorsqu’il aperçois la raison de notre frayeur. « Est-ce que vous m’avez VRAIMENT fait venir pour une araignée de la taille de mon ongle de petit doigt ? Vraiment ? » « ELLE EST HYPER GROSSE ED, TUE LA C’EST PAS LE MOMENT DE FAIRE DE L’HUMOUR JE DETESTE LES INSECTES C’EST PAS BEAU CA PIQUE CA FAIT PEUR J’EN VEUX PAS, BOUGE LAAAA » Il explose de rire en me voyant hurler et écrase l’araignée du bout de sa chaussure. « C’est bon ? Rassurées ? » Camila et moi descendons de notre table, méfiantes. « Ouais bof, je suis sure qu’il y en a d’autres ça me fait super peur » Il soupire. « Ju, le pire qu’elle puisse te faire, cette araignée, c’est un mini bouton qui gratte deux jours ! » Je secoue la tête. « Je suis sure qu’elle peut me tuer. » Il rit de moi avant de nous faire des câlins à toutes les deux et se s’éclipser. Je me tourne vers Cam. « On est d’accord que c’est super dangereux non ? » Elle hoche la tête. « On est d’accord. »

LONDRES, UK. Je ne sais pas vraiment ce que je fous là. On m’a demandé de venir dans une suite du Claridge pour y rencontrer Jacob Kharral, un acteur d’une série à succès parfaitement stupide de Disney Channel. Cela dit, malgré les défauts de la série en question, Jacob est adulé par un nombre de personnes assez monstrueux. Et il est très mignon. Je ne suis donc pas si mécontente de le rencontrer… En entendant quelqu’un toque à la porte je me précipite pour l’ouvrir, un grand sourire aux lèvres. Il me bouscule pour entrer et marmonne un vague « Salut » avant d’ajouter : « On ne va pas y aller par quatre chemin, j’ai besoin que tu me rendes service ! » Je hausse les sourcils. « Bonjour, je t’en prie, entre, fais comme chez toi… » Je me dirige tranquillement vers un canapé, m’y assois et l’invite à en faire de même en lui montrant un fauteuil en face de moi. « Pourquoi as-tu besoin de moi ? » Il s’installe. « J’ai un marché à te proposer. Tu es parfaitement libre de refuser, mais c’est dans ton intérêt d’accepter » Il marque une pause pendant que je tente de garder un visage totalement impassible. « Pour faire court, je n’en peux plus d’être harcelé par mes admiratrices ! Je ne peux pas faire un pas dehors sans qu’elles ne se jettent sur moi et elles commencent sérieusement à m’étouffer. Je vis plutôt mal la situation et mon manager s’est dit que prétendre que j’avais une petite-amie calmerait surement les ardeurs. C’est là que tu entres en jeu ! » Je retiens un sourire. Il me propose un arrangement parfait. Avoir un petit ami célèbre sans avoir besoin de lui faire croire que je suis folle amoureuse de lui. Pouvoir continuer à voir d’autres hommes sans avoir à rendre de comptes. Je refuse cependant de lui laisser croire que la réponse est évidente. Je soupire donc. « Et je ferais ça parce que ? » « Parce que grâce à ça, tu vas faire parler de toi ! C’est toujours plus efficace que les petites scènes ridicules auxquelles tu t’adonnes en ce moment. J’ai besoin d’une petite-amie fictive pour qu’on me fiche la paix. Quant à toi, tu cherches désespérément à te faire remarquer. On y trouve tous les deux notre compte ! Maintenant, si tu n’es pas emballée, je peux aller voir ailleurs! Mais n’oublie pas que beaucoup aimeraient avoir cette chance. » Je lui adresse mon sourire le plus hypocrite. « Petit un, tu n’es pas dieu mon amour, tu es peut être un bon parti parce que tu es connu et que tu as des fans mais ce n’est pas pour ça que tu es absolument génial et que toutes les filles du showbiz se jettent à tes pieds. Petit deux, ma carrière est peut-être actuellement au point mort mais c’est peut-être parce que je n’ai pas plus de temps que ça à y consacrer, penses-y cinq minutes. » Je m’interromps une seconde et prends une grande inspiration. Je suis en train de lui donner l’impression que je le hais (ce qui n’est pas totalement faux il m’agace au plus haut point) alors que j’ai besoin de lui. « Cela dit, je suis d’accord. C’est vrai que ça pourrait servir. Mais on le fait selon mes règles. » Il fronce les sourcils, je souris. Je suis très fière de la manière dont je gère cet entretien pour le moment. « Des règles ? Tiens donc ! Je suis impatient de les entendre… » Je hausse les épaules. « Ce ne sont pas des règles très contraignantes mais c’est le minimum. On n’est pas vraiment ensemble donc je me fous de qui tu te tapes mais je veux que tu sois discret et que tu te fasses pas cramer par la presse, je refuse d’être la cocue de service, règle numéro un. Règle numéro deux, je ne te demande pas de bien m’aimer mais je te demande de sourire quand on est dans un endroit public et de faire semblant d’être merveilleusement heureux avec moi. Et enfin, règle numéro trois, je veux que tu me défendes contre les petites connes qui vont me haïr juste parce que je te rends un service. A prendre ou à laisser. » Je croise les jambes et prends un petit air supérieur en attendant son verdict. « Ça me semble raisonnable ! De ton côté, évite de jouer les petites-amies autoritaires et possessives – et par pitié, reste naturelle. Je n’ai jamais été très démonstratif comme garçon alors les papouilles en public, tu oublies ! Il faut tout de même qu’on ait l’air crédible. » Je hausse les épaules, exprimant mon total désintérêt quant au nombre de faux bisous que je devrai lui faire. « Alors on fait comme ça ? » Je serre la main qu’il me tend. « On fait comme ça. » Je me lève, prends mon sac et enfile mon manteau. J’écris mon numéro de téléphone et mon compte twitter sur un morceau de papier que je lui tends. « Ah, et tiens au fait. Contacte-moi quand tu veux commencer. » Je me dirige vers la sortie et pars sans dire au revoir. Une fois dehors, je hèle un taxi. Ce n’est qu’une fois à l’intérieur, à l’abri des regards indiscrets, que je m’autorise une petite danse de la joie. Bien joué Julia, très bien joué.

PARIS, FRANCE. Le Ritz. Jacob fait la promotion de sa série en France et le management a jugé bon que je l’accompagne. Ça fait presque un an que nous jouons à ce petit jeu et je commence à en avoir marre. Nous sommes enfermés dans une chambre d’hôtel qui ne contient qu’un lit double, au cas où certains fans auraient accès aux registres du Ritz (ce qui est absurde), dans lequel nous sommes obligés de dormir tous les deux ensemble puisque nous refusons l’un comme l’autre d’occuper le canapé. Pour être totalement honnête, et à mon plus grand déplaisir, j’arrive de moins en moins à détester Jake comme je m’étais promis de le faire au début de cette mascarade. En le voyant sortir de la salle de bain, je ne peux m’empêcher de penser qu’il est quand même très mignon. Je me donne une baffe intérieure. Non Julia. Rappelle-toi comme il est méprisant. Et pourri gâté. Et drama queen. Je prends un air agacé, totalement simulé. « Tu te sens vraiment obligé de prendre mille ans dans la douche hein… T’es vraiment une fille, mon dieu. » Je me dirige dans la salle de bain où je n’ai rien à faire à la base et me brosse les cheveux pour me donner une contenance. « Il faudrait qu’on pense à aller faire un petit tour dans la capitale avant de rentrer demain soir. Michael m’a téléphoné et selon lui, une petite balade en amoureux ne serait pas du luxe ! Il paraît qu'on se fait un peu trop discret en ce moment… » Je soupire pour la forme et sors de la salle de bain, tenant toujours ma brosse à cheveux. Ce Michael qui décide de tous nos déplacements me fatigue un peu. Je sais que c’est en grande partie grâce à lui que j’ai été si bien accueillie par les fans de Jacob mais ce n’est pas une raison. J’aime assez l’idée de pouvoir aller là où je veux quand j’en ai envie sans avoir un petit monsieur qui discute tous mes faits et gestes. Cela dit, je sais bien que je n’ai pas vraiment le choix. Je hausse les épaules. « On sort si tu veux… Cela dit, je sais pas où on pourrait aller… » Je réfléchis une seconde. « Faut trouver un endroit où on est surs de trouver fans et paparazzis. Je refuse de m’afficher avec toi pour rien. On pourrait pas juste leur faire coucou depuis le balcon sinon ? » J’y mets toute la mauvaise volonté du monde, comme d’hab. Parce qu’au moins, quand on s’engueule, on se parle. « Et puis quoi encore? Tu te prends pour Kate Middleton?! » Je lui jette un regard noir et tourne les talons. Je préfèrerais que ses paroles me touchent moins. J’aimais mieux l’époque où je me fichais de ce qu’il pensait et où je le voyais seulement comme une façon de trouver des rôles corrects. Je m’allonge sur le lit et croise les bras. « Dis-moi l’endroit où tu veux aller puisque tu es si génial. Je précise au passage que je suis pas sûre de te supporter plus d’une demi-heure donc ce serait sympa si tu trouvais un truc court à faire. » « J'en sais rien moi, je connais pas Paris! Puis tu me saoule! Faut toujours que tu te vexes pour un rien! Si j'étais aussi susceptible que toi, ça ferait longtemps que cette supercherie aurait pris fin! Grandis un peu, bordel! » Je hausse les sourcils. Est-il sérieux ? Je plisse les yeux, me lève et m’approche de lui. Pour lui mettre une énorme claque. « Tu es aussi susceptible que moi, arrête de toujours tout gâcher, ça pourrait très bien se passer tout ça mais tu éprouves toujours le besoin de foutre la merde. Michael peut aller se faire voir, je sors pas aujourd’hui, en tout cas, pas avec toi ! » Je retourne dans la salle de bain et ferme la porte à clé. Je ne sais pas pourquoi je me suis emportée comme ça. Je m’assois dos à la porte. Les larmes coulent sur mes joues sans que je sache réellement pourquoi. Je m’auto désespère. Peu de temps après, j’entends la porte de la suite claquer. Je jette un œil hors de la salle de bain pour vérifier que le passage est libre. Pas de trace de Jake dans la suite. Je sors et m’installe sur le canapé. Je regrette mon geste. Je sais que je n’aurais jamais dû le frapper même si je ne l’admettrai jamais. Il est parti maintenant. C’est débile. Il ne reviendra sûrement pas. A sa place je ne le ferais pas en tous les cas. Je devrais m’en foutre mais ce n’est vraiment pas le cas. Je tente l’auto persuasion. Il va me manquer parce qu’avec lui, c’est toutes mes perspectives de carrière future qui s’envolent. Juste au moment où je commençais à avoir des fans et où les ventes de mon album repartaient grâce aux fans de Jacob. Je sais bien que c’est plus que ça. Je sais bien que, malgré ses très très très nombreux défauts, Jake va me manquer. Je soupire et allume la télé. J’évite soigneusement Disney Channel et trouve un épisode de Bob l’Eponge sur nickelodéon pour me remettre d’applomb. Même en français, c’est marrant Bob l’Eponge et ça fait penser à autre chose. A la fin du premier épisode, on toque à la porte. Je soupire et vérifie que j’ai l’air présentable dans une glace avant d’aller ouvrir. Un monsieur de l’hôtel me tend un bouquet de fleurs. « On a livré ça pour vous. » Je hausse les sourcils, étonnée, puis remercie le monsieur en prenant le bouquet. Un mot y est attaché. Signé par Jacob. « Je suis désolé, j’ai dépassé les bornes ». Je secoue la tête et souris. Cet homme est absurde mais il fait les choses bien. J’attrape mon portable et lui envoie un sms. « J’ai dépassé les bornes aussi, tu méritais pas cette baffe, désolée. Et merci pour les fleurs. »

→ Ton heure de gloire est enfin arrivée, un producteur de cinéma vient de te remarquer dans la rue et te propose de devenir la star de son nouveau film. Que lui dis-tu ? Je fais semblant de réfléchir intensément et tente de me faire désirer mais je saute sur l'occasion. Et je pense que ça m'arrivera un jour, après tout je suis la "petite amie" d'une immense star de disney channel, ça devrait inspirer des gens!

→ Une pauvre fille en pleurs chante All by myself avec son cornet de glace à la vanille en plein de milieu de la rue retournant tous les regards sur son passage, y compris le tien. Ta réaction ? Je lève le nez et je passe mon chemin. Je ne vais quand même pas m'arrêter pour une pauvre nana qui se sent obligée de se ridiculiser en public, faut pas déconner.

→ Ton(ta) cousin(e) t'avoue sous l'emprise de l'alcool son attirance pour toi, et tente de t'embrasser. Premières impressions à chaud ? Réactions à froid ? Ma première réaction serait le fameux coup de tête, manchette, balayette. En gros je me débrouillerais pour que ma main reste imprimée sur sa joue une bonne heure. Et à froid je me contenterais de lui hurler dessus en lui expliquant qu'il est un gros pervers dégueulasse et incestueux.

→ Ton idée du parfait samedi soir : une soirée arrosée au Carling à Oxford, une nuit de folie au Fez Club de Cambridge, une sortie au théâtre de Londres ou une soirée geek avec plat commandé et partie de jeux vidéos avec tes meilleurs potes ? Hm... j'aime bien le Carling! Cela dit le Fez Club est pas mal non plus ! Sinon les soirées geeks et les soirées théâtres c'est pas tellement mon truc!! Le mieux ça reste les cérémonies d'awards, on rencontre plein de gens trop cools et en plus on boit du champagne gratos, j'aime bien!

→ T'es au confessionnal, tu peux avouer ta pire faute, ou encore un secret particulièrement pesant que tu n'aimerais pas voir révélé. Que dis-tu au père Patrick pour te soulager la conscience ? Je lui dirais que c'est vrai que mon album, c'était nul. Mais la probabilité pour que je me retrouve dans un confessionnal et quand même très faible.

→ Le père Patrick était en fait un vrai sociopathe fan de Pretty Little Liars, et t'envoie un sms anonyme où il vous demande de choisir entre un secret révélé qui pourrait anéantir ta réputation ou briser ta famille, et de voler la bague de fiançailles Cartier d'un de vos amis. Après mûre réflexion, qu'est-ce que tu choisis ? Euh je peux répondre que je le retrouve et que je le bute ou pas? Je pense que je vole la bague Cartier si vraiment je n'ai pas le choix... Mais on n'a toujours le choix non?

→ C'est le mec (la fille) de tes rêves, tu en es persuadé(e) et pourtant, celui(celle)-ci est en couple avec quelqu'un d'autre. Tu te la joues résigné(e), stratégique, ou éploré(e) ? On veut les détails ! Stratégique, toujours. Et ça marche, toujours. Je suis un génie.

→ Dans dix ans, je me vois bien ouvrir un resto spécialité moules frites avec Camille Jules Martin, marié, six gosses et à l'origine d'une toute nouvelle sauce roquefort-épinards et toi, des projets pour l'avenir ? Oula... Cool ta vie haha... Moi je me vois mariée à un homme connu et friqué dont je suis amoureuse (pas comme cet abruti de Jacob dont je suis très loin d'être amoureuse)... J'aimerais être actrice aussi, je suis sure que j'y arriverai un jour.

→ Et enfin, honnêtement, entre truth ou dare, qu'est-ce que tu préfères ? (oui ça rime !) Dare!

→ En pleine soirée baby-sitting, l'adorable petite fille aux cheveux blonds que vous gardez s'installe sur vos genoux et vous demande, d'un air suppliant : « Moi plus tard, je veux être la Reine d'Angleterre. Papa m'a dit que pour pouvoir le faire, il fallait aller à l'université. Mais il a dit aussi qu'il fallait choisir entre Oxford et Cambridge, parce que ce sont elles les meilleures d'Angleterre. A ton avis, il vaut mieux apprendre à devenir Reine à Oxford, ou à Cambridge ? » Ecoute chérie, on apprend à devenir reine nulle part... Et très franchement ces universités sont fatigantes à toujours se disputer! Je te conseille d'aller à la fac de Londres comme moi, c'est plus chic et les gens sont un peu moins débiles.

→ Après avoir écouté votre argumentaire, elle s'interrompt une seconde et fronce étrangement le nez. « Mais, au fait, qu'est-ce que c'est, le Judging Cambridge Club ? » Ce sont des gens très distingués qui sortent régulièrement un classement des personnes les plus hype et les moins hype de l'université. Ces listes sont assez biens pour savoir qui on peu fréquenter ou non et en plus il parait que leurs soirées sont vraiment sympas!

→ « Aaaah, d'accord. Je comprends mieux. Et les TroubleMakers, alors ? C'est la même chose ?» Oula, non. C'est une bande d'étudiants immatures qui fait des blagues pas sympas du tout aux autres et qui publient des ragots sur leur tumblr. Ils se croient drôles mais ils sont pathétiques.

→ « C'est bien compliqué tout ça. Mais alors, si je choisis Cambridge et que finalement je préfère Oxford, j'ai le droit de changer en cours de route ? » C'est pas si simple que ça, les deux universités se détestent comme je te l'ai déjà dit et elles aiment pas entrer en contact. Cela dit je crois qu'il y a des passerelles mais tu te renseigneras en temps utile.

→ « Hm... Bon. Ca m'avance pas beaucoup. Mais en même temps, j'ai le temps. »