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 NEL + LBH ✱ Will we ever stop pretending someday ?

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MessageSujet: NEL + LBH ✱ Will we ever stop pretending someday ?   NEL + LBH ✱ Will we ever stop pretending someday ? Icon_minitimeMer 9 Oct - 19:20

Comme promis, j'avais adopté un rythme de vie fantomatique une fois rentrée de l'hôpital. Je mangeais seulement quand ça me permettait de dormir un tant soit peu, et malgré ça, je manquais d'un sommeil certain. Quand mon oncle m'appelait, je faisais toujours en sorte de prendre un timbre de voix enjoué. Pour la première fois, je lui ai menti, lui disant que si je m'absentais des cours, c'était parce que j'avais pris quelques vacances pour aller à Paris. Alors qu'en vérité, je n'ai passé le pas de ma porte qu'une fois, pour faire des courses. La nuit tombait, alors que j'avais, encore une fois, dormi toute la journée. Par intermittence, bien entendu, je n'arrivais jamais à dormir plus d'une heure à chaque fois. Alors que je me levais péniblement pour me servir un verre d'eau, on frappa à la porte de mon appartement. Je fronçais les sourcils, eh merde. Tirant sur le tee shirt ample et long que j'avais mis pour dormir, je passais une main dans mes cheveux, me préparant à sortir à l'amie ou la personne qui serait là mon baratin tout prêt: Moi ? j'ai juste attrapé un bon gros rhume, voyons. J'ouvrais alors la porte, loin de m'attendre à la personne que j'allais trouver derrière. «  Salut... » - « ... Noam ? » Question rhétorique, évidemment que c'était lui en face de moi, dans son costume sombre, le regard rivé sur moi d'une force qui me mit presque mal à l'aise. Je tirais sur mon tee shirt une nouvelle fois, détournant les yeux. « Qu'est ce que tu fais là? » Je faisais des efforts surhumain pour l'oublier, et voilà qu'il me revenait comme une claque en plein visage. «  Tout le monde s'inquiète pour toi » J'arquais les sourcils, déglutissant en regardant toujours ailleurs. Sans blague, certains m'avaient carrément envoyé des messages pour savoir si j'étais repartie en France. Je ne leur avait pas répondu, tout simplement, alors je n'étais même pas étonnée qu'ils s'inquiètent pour moi. «  Je venais juste voir si tu vas bien... » Je sentais son regard peser sur moi à nouveau, et je me dérobais, laissant la porte ouverte pour aller chercher mon verre d'eau. « Eh bien, tu pourras dire à tout le monde que je ne suis pas morte dans mon appartement. » Dis-je en portant à mon verre à mes lèvres. «  Tu ne penses pas que les gens aimeraient voir par eux même que tu n'es pas morte ? » Je haussais les épaules d'un air désintéressé. Si c'est pour qu'ils me proposent de sortir et pour que je les remballe méchamment, à quoi bon? « J'suis pas spécialement loquace ces jours ci, t'auras qu'à leur dire que j'suis à Paris c'est ce qu'ils croient tous. » - «  Tu devrais aller leur dire avant que quelqu'un ne t'envoie les flics...» Il marque un point. J'ferais peut-être une sortie dans la semaine ma foi. Je portais de nouveau mon verre à mes lèvres, le terminant d'une traite tout en écoutant Noam me dire «  Ca n'a pas l'air méga nourrissant, l'eau ... » Je déglutis, posant mon verre sur ma table en haussant les épaules. « Ouais, j'sais, faut que j'aille faire des courses. » Argumentais-je en lui servant un sourire des plus sincères que je pouvais lui faire, mais ça ressemblait plus à une grimace qu'autre chose. «  Tu es sûre que tu vas bien ? » Je m'arrêtais d'arpenter mon salon, me tournant vers Noam. L'espace d'une fractions de secondes, j'apparaissais telle que j'étais depuis des semaines: L'ombre de moi même, le regard vide, les joues creuses, mes longs cheveux bruns en bataille. Non, je ne vais pas bien, voilà ce que ça voulait clairement dire, mais jamais il n'obtiendra ses mots de ma bouche. Je lui tournais le dos, m'occupant de ranger deux bouquins qui traînaient. « Si les autres s'inquiètent pour moi, ils ont mon adresse, au pire, tu peux leur donner, ça t'épargnera la peine de venir toi-même. » Dis-je simplement en soupirant, fermant les yeux en m'appuyant contre la bibliothèque une fois les livres rangés, le temps que la pièce cesse de tourner. «  Ca ne me dérange pas...» Comment pouvait-il dire ça après le dernier échange qu'on avait eu ? « La bonne blague. » Dis-je en soupirant, passant une main sur mon visage. J'étais morte de chaud, et j'étais debout depuis trop longtemps. Ces derniers jours, les rares moments ou je me levaient étaient pour faire des allers retours jusqu'à ma cuisine, ou ma salle de bain. « Je ferais mieux d'y aller. » Je me tournais pour faire face à Noam, me mordant l'intérieur de la joue. Il semblait aussi mal que moi, et mes traits s'adoucirent, bien que toujours aussi creux. « Désolé de t'avoir fait déplacer pour rien. T'en fais pas, on t'embêtera plus, je vais surement retourner à Londres, ça sera mieux pour tout le monde. » Je n'avais plus aucune raison d'être à Cambridge, j'étais venue dans le simple but de l'envahir, et j'avais fait tout l'inverse. J'en étais tombée amoureuse, et maintenant, je voulais m'effacer de son existence, rester un lointain souvenir. Il se retourna vers le couloir, prêt à partir. C'était mieux comme ça. J'allais attendre qu'il ait disparu dans le couloir. Ensuite seulement, je fermerais la porte, et j'allais faire ma valise. Je dirais la vérité à mon oncle, ça le motivera sans doute à me faire transférer à une université Londonienne. Et tout serait fini comme ça. Alors pourquoi... « Je savais que tu allais à Londres ce jour là.» Pourquoi fallait-il à cet instant qu'il me dise ça ? Mon coeur rata un battement, et je vacillais presque, me précipitant d'une démarche mal assurée vers la porte. « Pourquoi tu dis ça maintenant ? » Les larmes étaient montées d'un coup, et je fixais Noam qui me tournait le dos. La voix tremblante je demandais, laissant tomber cette façade que je m'étais construite : « C'est quoi ton but Noam ? Celui de me faire mal une dernière fois avant que je disparaisse en me disant ce que j'aurais voulu entendre à l’hôpital ? » Je m'accrochais presque à l'encadrement de la porte, tant j'avais l'impression que j'allais m'évanouir au moindre faux mouvement. Noam se retourna pour me faire face, et tassée comme j'étais, il devait bien me dominer de presque trois têtes. « Non... Je ne voulais pas que tu partes sans savoir la vérité. Parce que tu la mérites.» Je le regardais sans comprendre. Pourquoi est ce qu'il retourne sa veste comme ça ? « Oui, tu aurais du être une victime de l'attentat...» Il disait la vérité, je le savais, mais je ne comprenais pas le but. « Pourquoi tu m'as pas laissé en être alors ? » J'étais sérieuse, le fixant du regard, en quête des réponses que j'étais venue chercher à l'hosto, et qu'il semblait désormais plus prêt à me donner. « Parce que je ne veux pas que tu meures.» Je retenais mon souffle en l'entendant employer le présent. Ça m'avait frappé encore plus que le reste de la phrase. « Mais tu .. » Je suspendais ma phrase, le dévisageant désormais également. Je me souvenais de chacun de ses mots ce soir là. Et il avait clairement dit qu'il aurait voulu me voir morte, que ce soit de la main de son père ou grace à la bombe. « L'autre jour tu n'as pas dit ça.. » Dis-je en laissant échapper une larme sur ma joue, battant des paupières en baissant les yeux. En même temps, j'ai aussi dit que c'était le même connard que son père, alors que visiblement.. Non. « J'ai réagi sans réfléchir... J'étais en colère contre toi.» Voilà qui était dit. Je relevais la tête vers lui, sourcils froncés. « C'que j'ai dit.. A propos de .. » A propos de son père, à propos du fait qu'il soit pareil. Mais je ne le mentionnais pas, disant simplement. « Est ce que c'est toi qui a préparé tout ça? Londres... » J'avais besoin de savoir. Je savais qu'il m'en avait protégé maintenant, mais j'avais besoin de savoir qu'il n'était pas un monstre. J'avais besoin de l'entendre, même si je pense que je savais déjà la réponse.. Du moins, j'espérais la savoir. Il sembla presque choqué de mon sous entendu, écarquillant les yeux de surprise. Parallèlement, je soufflais, soulagée. « Non ! Bien sûr que non... On m'avait juste dit d'éviter Londres et ses transports ce jour là.» Je fis un rire nerveux, plaquant une main sur mes lèvres. Dire que c'était ce qui avait tout déclenché.. Le coup de fil de mon oncle, ses sous entendus qui m'avaient laissé penser que Noam avait tout commandité... « Je suis désolée... Je ... » Je me détournais de lui, honteuse. « Tu n'es pas un sale type.. » Et là, je ne savais pas si je lui disais à lui, ou si je me le révélais à moi même. J'avais envie de m'enterrer six pieds sous terre. « Hum.. Merci.» Je levais un regard timide vers lui, mordant l'intérieur de ma joue. Je me sentais bien bête là, en fait, et je sais que ma remarque n'était pas des plus pertinentes, mais j'étais en plein en train de me rassurer moi-même à vraie dire. « Mes paroles ont dépassé ma pensée l'autre soir. J'tenais à le dire aussi. » Parce que bon, c'était peut-être pas évident. Je passais une main sur mon visage. Depuis combien de temps étais-je debout dans ce couloir? « C'est du passé.» Je hochais la tête, approuvant ses paroles en silence. Mais je savais que désormais, plus rien ne serait jamais comme avant. Et ça me pinçais le coeur à cette simple pensée. Noam me tira de mes pensées lorsqu'il brisa le silence pour me demander : « Tu veux vraiment partir de Cambridge ?» Le vouloir, ou le devoir ? Je me mordais l'intérieur de la joue, baissant les yeux. « Ça.. Te facilitera les choses. » Il n'aurait plus à me croiser sur le campus, et aurait tout le loisir de passer à autre chose. Mais non, parallèlement, je ne voulais pas quitter Cambridge, parce que je ne me sentais pas la force de passer à autre chose.« Ne fais pas ça pour moi.» Mes yeux passèrent en une seconde du sol jusqu'au visage de Noam, que je déchiffrais avec incompréhension. « Je veux dire... si tu fais ça, fais le pour toi...» Je déglutis, la gorge sèche. D'une certaine manière, je suppose que de toutes façons j'allais le faire pour moi aussi. Ce serait plus simple pour moi de passer outre les lambeaux qu'il restait de notre relation complexe en étant loin de lui. Parce que je savais que croiser son visage chaque jour, ou du moins souvent, serait une véritable torture. « Ça sera plus simple pour moi aussi, je suppose. » - « Rien ne t'y oblige.. Tu peux encore rester ici...» Pourquoi est ce que son insistance sonnait comme une supplique silencieuse ? Sans doute essayais-je encore d'interpréter les choses à mon avantage. Non Noam, pitié, arrête de dire ça comme ça. Je baissais les yeux, ne répondant pas. Je le dévisageais toujours, une lueur triste dans le regard, sachant pertinemment que c'était surement la dernière fois que je le voyais. « Au fait, le costume.. Ca t'va bien. » Dis-je avec un maigre sourire. Je ne savais juste pas comment lui dire au revoir, maintenant que les choses avaient été mises à plat. Je n'avais pas la force de fermer la porte sur cette partie de ma vie que représentait Noàm. « Le t-shirt bien trop large rend bien mieux sur toi que sur n'importe qui d'autre.» Me répondit-il avec ce sourire qui vous donne une boule au ventre. Je crois que j'aurais presque préféré qu'il ne me retourne pas le compliment. De toutes manières, je savais qu'il était faux: Je ressemblait à une anorexique mal dans sa peau, et l'assumais entièrement. Néanmoins, je lui rendais son sourire, je devais bien en profiter, c'était surement la dernière fois que je lui adressais. « Merci.. » La gorge nouée, le cœur au bord des lèvres, mes doigts serrent une dernière fois l'encadrement de la porte avant que je ne me redresse pour faire entièrement face à Noam. « Je pense que je t'ai suffisamment retenu comme ça.. » J'avais suffisamment repoussé l'échéance, et si je continuais de le regarder comme ça, j'allais perdre le contrôle de la situation, comme cette fois en sortant de boite, ou nous avions commencé à parler sincèrement, et ou il avait fini par m'embrasser.« C'est un adieu ?» Je le fixais, adossé au mur de mon couloir, imprimant cette dernière image dans ma rétine. Sa phrase sonnait déjà comme un adieu, lui comme moi le savions. « Ça m'en a tout l'air.. » Répondis-je presque à voix basse, les paupières recommençant déjà à me brûler sous l'effet des larmes qui voulaient forcer leur chemin. « OK.» Je passais ma langue entre mes lèvres, sentant ma tête tourner, rien qu'à l'entendre dire ça. Il partait, ça y est. Plus vite j'aurais appelé mon oncle et fait mes valises, et mieux ce serait, pour lui comme pour moi. « Je ne suis vraiment pas doué pour dire Adieux...» Noam se décolla du mur, alors que je me trouvais toujours dans l'encadrement de ma porte, relevant mon regard vers lui pour l'observer, encore et encore. « Moi non plus.. » Ma lèvre inférieure tremblait, mes doigts se crispèrent à nouveau sur l'encadrement de la porte. « J'te souhaite d'avoir une belle vie.. » Dis-je maladroitement, ne sachant plus trop quoi dire avant qu'il ne s'en aille. Parce que je le sentais prêt à me tourner le dos d'une seconde à l'autre. Je l'observais alors une dernière fois, si près et pourtant encore si loin, comme ce soir là ou nous avions passé la soirée ensemble au bar. Alors qu'il me tournait le dos pour s'enfoncer dans le couloir, une pensée égoïste me poussa à m'extraire de l'encadrement de ma porte. Si je ne devais jamais le revoir... « Noam.. » Commençais-je en m'avançant. Mais avant que je ne puisse l'atteindre, le sol se déroba sous mes pieds. A trop être restée amorphe ces dernières semaines, le moindre effort précipité m'était fatal, apparemment.« Lib, ça va ? … Lib, tu m'entends ?» Lorsque j'émergeais, je n'étais pas étalée de tout mon long sur le sol, comme je m'y attendais, mais dans les bras de Noam. Prenant concience de ma situation ridicule, je haussais les épaules, répondant simplement; « Désolé.. J'crois que t'as raison à propos de l'eau.. » Mon coeur allait s'arracher de ma poitrine tant il voulait s'arracher de ma poitrine. J'étais naïve de croire que lui balancer des excuses bateau suffiraient. J'avais l'impression qu'il était inquiet, et ça me perturbait un peu, néanmoins, mes pensées furent bien vite accaparées par le fait que je venais de décoller entièrement du sol, me trouvant dans les bras de Noam qui retournait à l'intérieur de mon appartement pour me déposer dans mon canapé. Je me recroquevillais honteusement dans celui ci. J'avais réussi à le retenir malgré moi, finalement. « Tu as quelque chose à manger dans tes placards ou tu veux que je commande des pizzas ? Parce qu'il est hors de question que je te dise adieu alors que tu es dans cet état là. » Je croisais les bras, portant un certain intérêt à la texture de mon canapé pour éviter de le regarder. « Mes placards sont pleins.. » Dis-je en les désignant du bout des doigts. Certains trucs devaient être périmés depuis le temps, surtout au frigo, mais la vérité, c'est que je n'avais quasiment rien touché depuis mes dernières courses, manquant d’appétit. Aussitôt eus-je dit que mes placards étaient pleins, aussitôt Noam disparu dans la cuisine. Je me tassais dans mon canapé en position assise, les genoux regroupés contre ma poitrine, frustrée de le voir tout à coup si concerné. Il revint quelques minutes plus tard en me tendant une assiette: « Même si je sais que je cuisine très mal et que c'est pas bon, essaie de manger s'il te plait...» Je le regardais avant de baisser les yeux sur l'assiette. Mon estomac se contracta, mais je n'avais juste pas le coeur à lui dire non. Je hochais alors la tête. « Je vais être lente alors si tu comptes attendre que j'aie fini, le canapé est dispo. » Dis-je en attrapant un sandwich du bout des doigts. Déjà qu'ordinairement j'avais un appétit d'oiseau, imaginez alors ce que ça donne après deux semaines sans manger. Je pris un sacré temps à finir le premier sandwich, et alors que j'entamais avec difficulté le second, je me risquais à dire un: « Désolé pour la frayeur.. Je comptais pas te tomber dessus. » Loin de là. Il était assit à côté de moi, veste retirée et cravate dénouée, et je faisais tous les efforts du monde pour ne pas le dévisager plus de cinq secondes d'affiler. « Tu ne m'es pas tombée dessus...» Je pinçais les lèvres, reposant l'assiette avec le sandwich a moitié commencé sur la table basse. J'avais l'impression que je venais de me taper un Burger King XXL. « Et tu n'as pas à t'excuser pour ça. » Je grimaçais. Si, je le devais, il allait partir, et à cause de moi il était là. Même si, intérieurement, j'étais soulagée de l'avoir encore ne serait-ce qu'un peu à mes côtés. Je hochais doucement la tête, jouant nerveusement avec une des mèches brunes qui se trouvait devant mon visage. « Ça n'empêche pas que je t'ai encore retenu.. Pardon. » Je rendais les choses encore plus difficiles. Je relevais les yeux vers lui, soutenant son regard, perturbée par l'idée qui m'avait traversé l'esprit quand je m'étais élancée vers lui tout à l'heure. « Je ne serais pas resté si je ne le voulais pas ...» Mon coeur se serra en l'entendant dire ce genre de chose. Encore mon esprit qui interprétait ça n'importe comment. « Tu vas mieux ?» Me redressant légèrement, je passais ma langue entre mes lèvres avant de hocher la tête doucement. « Ça va oui.. » Mais pour combien de temps à vraie dire ? Dès qu'il aurait passé le pas de cette porte je savais que j'allais me morfondre à nouveau, c'était une évidence, ce malaise était la preuve que me tenir loin de lui, le "détester"... Ça ne m'allait pas. « Merci pour les sandwichs » Finis-je par dire, gênée, ne sachant plus trop comment agir. Dire qu'il y a une heure je voulais encore terriblement le détester.. « Je crois que tu es la seule personne au monde à avoir mangé un truc que j'ai cuisiné. Je ne cuisine pas pour moi, j'ai trop peur de m'empoisonner...» J'esquissais un sourire à la fois amusé et touché, d'apprendre qu'il avait "cuisiné" pour moi. Oui oui, même des sandwichs, ça comptait. « Et apparemment je ne suis pas mourante, c'est un test concluant. » Du moins, pas encore, mais j'étais presque sure que ce n'étaient pas ses sandwichs qui allaient m'empoisonner. Son cou tendu ainsi, je voyais la cicatrice rouge qui s'y étendait, à quelques centimètres de moi. Je me risquais à m'approcher et à tendre ma main pour la longer sans la toucher, passant mes doigts juste en dessous. « Tes blessures.. Ca va au fait? » Beau prétexte pour le toucher une dernière fois avant qu'il ne s'en aille, oui, je sais. Mais mon prétexte fut de courte durée. « Ca va, même si c'est encore sensible.» Je détachais le contact de mes doigts froids sur la peau bouillante de son cou, à regret, laissant retomber ma main grossièrement contre le canapé. « Oh, désolé.. » Murmurais-je en m'empourprant légèrement, des couleurs que je n'avais pas arboré depuis un moment. « Ca me rappelle de ne pas faire de mélanges bizarres...» Un frisson me parcourut l'échine lorsque me revint en mémoire cette histoire de mélange, d'accident dans le pont.. Noam aurait pu y passer. Je déglutis, murmurant : « Essaies de t'en souvenir même une fois que ça ne sera plus sensible.. Tu aurais pu y passer. » Et ça m'aurait certainement anéantie. « Je n'avais pas fait le mélange intentionnellement... Je crois que je ne savais même pas ce que je faisais à ce moment là...» Je ne sais pas si je devrais être rassurée, ou d'avantage inquiète. Tout ce que j'espérais, c'est que plus jamais il ne fasse ça. Jamais. « Mais je suis encore en vie...» Dit-il d'une manière tout sauf plaisante. Je me penchais un peu pour le regarder, capter son regard. « Heureusement. » Dis-je simplement, soutenant son regard clair. A l'heure actuelle, je le verrais encore comme le pire des enfoirés. Mais j'étais sure que sa mort m'aurait malgré tout affectée. « Ouais... Heureusement. » Je n'aimais pas son ton, mais je décidais de ne pas relever, et de laisser couler. Le principal à l'heure actuelle, c'était qu'il était là, à côté de moi. Je levais les yeux sur sa cicatrice à nouveau, qu'il touchait lui-même. « Pourquoi es tu venue à l'hopital ? » Je me mordais la lèvre inférieure. J'aurais du m'y attendre. Mais ce soir, c'était visiblement la soirée des révélations, alors.. « On m'a appris pour ton accident.. A l'origine, je voulais seulement demander ton état aux médecins.. Mais l'infirmière a reconnu mon nom et m'a donné le billet de train.. Alors j'ai eu besoin de réponses. » Je haussais une épaule, gênée de dire la vérité ainsi. « Je vois.» Un nouveau frisson me parcourut l'échine devant la froideur de sa réponse. Je baissais les yeux; était-il en colère contre moi, contre le fait que je sois venu le voir ? Est ce qu'il m'en voulait ? J'essayais de développer d'avantage mon explication; « D'ailleurs... J'ai été étonnée d'avoir tenu plus de cinq minutes sans que tu ne me vire au vu de .. La dernière fois. » J'avais cru qu'il m'éjecterais sous un tas d'insultes, mais il n'en avait rien fait. « Je sais que c'est bizarre, mais j'étais quand même heureux de te voir. Et je n'avais clairement pas la force de recommencer comme... la dernière fois.» Je retenais un sourire en l'entendant dire qu'il était heureux de me voir malgré tout. Les choses étaient tellement tendues, depuis ce soir là.. Mais au moins.. Désormais les choses semblaient claires entre nous.. Il n'y avait plus de mensonges. Ou bien l'essentiel était passé. « Ca devait être la morphine qui devait me rendre sympa pour une fois...» Je fis un sourire en coin. « Dieu bénisse la morphine! » Dis-je pour essayer de le suivre, esquissant un nouveau sourire. « Moi aussi j'étais heureuse.. De voir de mes yeux que tu allais t'en sortir. » S'il n'y avait pas eu la dispute, j'aurais surement dormi à son chevet jusqu'à ce qu'il aille mieux. Mais les choses étaient différentes, encore et toujours. Noam sonda mon regard tout en demandant, visiblement curieux: « Tu ne me haissais pas quand tu es venue à l'hopital ?» J'arquais les sourcils, puis battais plusieurs fois des paupières tout en le regardant d'un air interrogateur. Pourquoi diable aurais-je accouru à l'hopital en apprenant l'accident ? Pour assister à son agonie ? Il ajouta: « Bizarrement, je pensais que tu aurais souhaité que je ne m'en sorte pas... Que je finisse comme les gens du métro de Londres. Apres tout, moi même j'y ai pensé» Je me redressais brusquement dans le canapé, m'approchant de lui au point de presque me jeter dessus, mais je me freinais dans mon élan, me contentant de le dévisager avec horreur en m'exclamant « Non! » Réalisant la brusquerie de ma réaction, je passais ma langue entre mes lèvres, et me plaçais à genoux face à lui, le dévisageant toujours. « Si j'avais "réussi" à te détester Noam.. Pourquoi diable serais-je venu à l'hôpital? Pourquoi est ce que ce billet de train m'aurait été si important ? » Je confiais sans le vouloir la vérité. Oui, dès que j'avais posé les yeux dessus, ce billet avait représenté ma porte de sortie, ma chance de retrouver le Noam que je croyais avoir découvert.. Le vrai Noam. Les vérités s'enchaînaient les unes après les autres, comme par automatisme. La machine était lancée. « Parce qu'il te permettait de savoir si j'étais véritablement un monstre ou alors si j'avais une once d'humanité. » Je le dévisageais, secouant sans m'arrêter la tête de gauche à droite, niant en bloc ses paroles. Je le corrigeais, d'une voix brisée et marquée par la sincérité de mes paroles : « Parce qu'il représentait mon seul moyen de savoir si tu tenais à moi.. Ou si tu avais vraiment agi par désintérêt. » Et à ça, je pouvais ajouter l'épisode d'Apollon, qui m'avait rendu folle après notre dispute. C'était incohérent, pourquoi sauver la vie d'une personne, si on veut également sa mort ? Je réalisais après coup ce que je venais de dire. Mais les choses étaient lancées, maintenant ça passe ou ça casse. « Dés que j'ai su que tu devais aller à Londres ce jour là, j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour t'empêcher d'y aller... Je ne pouvais pas prendre le risque que tu sois blessée... Ou pire.  » Je ne quittais pas une seconde Noam du regard, même pour cligner des yeux. Est ce que je  venais d'halluciner ce qu'il venait de dire ? Il venait de dire ce que j'avais voulu entendre à l'hôpital, même si je ne me l'étais jamais avoué avant ce soir. Il renchérit : « Tu sais pourquoi j'ai mélangé alcool et somniphères Lib ? Parce que c'était la seule manière d'oublier pour au moins quelques instant « La dernière fois », d'oublier tout ce que je t'avais dit ainsi que ta réaction. Parce que je ne m'étais pas sentit aussi mal depuis... longtemps. » Mes yeux s'étaient mis à briller sans que je m'en rendre compte. Alors s'il avait eu cet accident.. Mes doigts revinrent effleurer, plus légèrement que la fois précédente encore, sa cicatrice. « Je suis désolée.. » Balbutiais-je en me retenant de pleurer, le regardant à nouveau dans les yeux. « C'est de ma faute.. J'ai été aveuglée par ce que m'a dit mon oncle, je .. » J'inspirais profondément, réalisant ma bêtise. Noam était tout l'inverse de son père, et je lui avait dit des choses horribles. Ma main remonta automatiquement de son cou à sa joue, geste machinal pendant que je répétais: « Je suis désolée.. » Je me sentais bête, méchante, irresponsable. Si j'avais toujours assumé mes actes, Noam venait de me faire regretter chacune de mes paroles à son encontre. Jamais je n'avais voulu le blesser. « Ne pleure pas, s'il te plait... J'en peux plus de te faire pleurer à chaque fois que je te vois Liberty. » Je me pinçais les lèvres, malheureusement battant des paupières à ce moment, une larme s'aventurant sur ma joue. Je fermais même les yeux en sentant la main de Noam qui balaya une mèche de mon visage, un geste simple qui pourtant, m'électrifiait de la tête aux pieds. Toutes mes émotions étaient actuellement amplifiées. « Tu n'as pas à être désolée. Nous sommes tous les deux en vie, ici, maintenant. Tout ça, c'est du passé, et ça ne reviendra jamais. » Je rouvrais les yeux, plongeant dans son regard azur. Je pouvais dire ce que je voulais, j'avais besoin de lui. J'avais l'impression que mon coeur n'avait jamais aussi battu que depuis qu'il était entré dans mon appartement. Jusqu'alors il était inanimé, surtout ces dernières semaines. Mon pouce vint caresser sa joue, doucement. « Alors pardonnes moi au moins pour ça.. » Murmurais-je en approchant mes lèvres des siennes jusqu'à les rencontrer, un baiser presque aérien tant il était léger, mais lourd de sens. Il aurait pu me repousser, au lieu de quoi je sentis les doigts de Noam se presser contre la peau de mon cou, de ma nuque, chaque mouvement qu'il faisait m'électrifiant littéralement. Je finis par rompre le baiser, reculant mes lèvres à peine pour retrouver mon souffle. Je posais doucement mon front contre celui de Noam, l'écoutant murmurer: « Je te pardonnes si ce n'est pas un baiser d'adieux. » Je le regardais, esquissant un sourire léger, et demandais alors dans un murmure également : « Est ce que ça veut dire que tu voudrais que je reste à Cambridge ..? » J'avais besoin de l'entendre me le dire, comme pour confirmer que je ne me faisais pas d'illusions. Mais son sourire répondait déjà à toutes mes questions : « Reste s'il te plait... » Je buvais ses paroles, il aurait pu me demander n'importe quoi que j'aurais obtempéré. Alors que Noam entrelaçait nos doigts, je serrais les miens, comme pour l'empêcher de se dérober désormais. Il ajouta avec un léger sourire taquin : « Et puis, trop de gens s'inquiéteraient si tu partais à Londres, et j'aurais encore à venir vérifier que tu es en vie...» Je passais ma langue entre mes lèvres, soutenant son regard clair quelques secondes jusqu'à ce que ses lèvres rencontrent les miennes à nouveau, agrandissant mon sourire. Je le voyais bizarrement sous un autre jour, j'avais envie de croire à la sincérité de ses paroles, de ne plus remettre en question leur vérité. J'esquissais un bref sourire, penchant légèrement la tête en haussant une épaule : « Ça ferait cher en budget train pour vérifier mon état, surtout juste pour rassurer les autres.. Je voudrais pas être à l'origine de ta ruine... » Je haussais vaguement les sourcils avant de coller à nouveau mon front au sien, doucement. « Je pense que je vais rester alors... » Même si dans ma tête, j'étais déjà sûre de défaire ma valise. « C'est trop gentil de penser à ma santé économique mademoiselle Hellington, que ferais je sans vous ? » Je ris légèrement, face à sa remarque. Ce qu'il ferait sans moi, probablement la même chose que moi sans lui : Nous tournerions en rond et enchaînerions les conneries comme les dernières semaines. « Si ça ne vous dérange pas trop, monsieur Lewis, on va éviter de se poser la question de façon approfondie.. » Je me redressais un peu dans le canapé, haussant les sourcils d'un air subjectif. Je ne voulais plus jamais penser qu'il puisse avoir un accident à cause de moi. Nouveau sourire. Je photographiais mentalement chaque fois que la courbe de ses lèvres esquissait un sourire, comme si demain j'allais réaliser que tout ça n'était qu'un fantasme du à mon manque de forces. Je délirais peut-être qui sait ? « L'important, c'est que tu restes...» Me dit-il, et j'aurais presque pu rougir de plaisir, au lieu de quoi je baissais les yeux en hochant la tête, approuvant ses paroles. « Et par le plus grand des hasards, tu penses ressortir un peu de chez toi ? » La principale raison pour laquelle je m'étais enfermée dans ma bulle ? Lui. Et il allait surement être la cause de ma sortie. Ah, les hommes. Je fis un sourire en coin, haussant une épaule tandis que je levais une main pour caresser sa joue tout en répondant dans un murmure :  « Ça dépend, mais c'est probable si j'ai une bonne motivation pour sortir de ma tanière..  » Chaque fois que je captais son regard, je devais rassembler toutes mes forces pour détourner les yeux, et là, à sa façon de me regarder, j'étais littéralement coincée. Bien que ce soit loin de me déplaire. « Hum, et tu vois une bonne motivation dans cette pièce ?» Me demanda alors Noam, se rapprochant de mon visage, me coupant le souffle jusqu'à ce que ses lèvres touchent les miennes. Je me redressais un peu pour presser d'avantage mes lèvres aux siennes, ma main libre venant se loger dans son dos. Je reculais, juste le temps de murmurer : « A vraie dire j'ai les yeux posés dessus.. » Même si pour être honnête j'étais presque d'avantage motivée à le garder en captivité dans mon appart, voir même dans ma chambre, si vous voyez ce que je veux dire. J'allais pour rattraper ses lèvres, lorsque j'entendis frapper plusieurs coups à ma porte d'entrée, me faisant sursauter. « Qu'est ce que... » Encore un étudiant inquiet pour ma pomme ? Je repoussais doucement Noam pour me redresser et me diriger vers la porte, que j'ouvrais. Mais alors si je m'attendais à tout, je n'attendais franchement pas de voir la silhouette de mon oncle se dessiner devant nous deux, les traits inquiets. « On.. Oncle Oliver ? » Son regard oscillait déjà entre moi et Noam, et je déglutis, de marbre. « Liberty. Je croyais qu'il t'était arrivé quelque chose, tu ne répondais plus à mes appels et tu t'es absenté de cours.. » Et je lisais déjà dans son regard qu'il croyait que Noam m'avait fait quelque chose. Je baissais les yeux sur ma silhouette amincie, et je marmonnais en croisant les bras : « J'étais malade. » Je n'avais plus rien à voir avec la jeune femme souriante et épanouie de quelques secondes plus tôt. Raide, je fixais mon oncle, dont le regard oscillait toujours entre moi et Noam. Je tournais d'ailleurs les yeux sur celui ci, qui s'était redressé, lui adressant un regard désolé. De tous il avait fallu que ce soit lui qui arrive maintenant. « Tu es sûre que tu vas bien ? » Le regard d'Oliver se fit plus insistant sur moi et je demeurais impassible, hochant la tête. Il semblait presque choqué de me trouver dans la même pièce que l'homme que j'avais voulu anéantir en venant à Cambridge. Je hochais la tête donc avec plus de conviction. « Intoxication alimentaire, tu ne voulais pas voir - ni entendre - ça. Noam m'a rattrapée au bord de l'évanouissement alors qu'il était de passage, c'est pour dire. » De quoi le choquer encore plus. Mon oncle me regardait comme si je venais d'être victime d'un lavage de cerveau. « Tu as l'air d'aller mieux, je pense que je vais te laisser Liberty. » Mon coeur se serra rien qu'à l'entendre m'appeler comme si j'étais une simple connaissance, et je tournais les yeux vers Noam, le coeur battant. Mais je comprenais la situation, et je préférais pour lui qu'il soit hors de portée de mon oncle. Je lâchais la porte d'entrée pour me diriger vers lui, et mon oncle en profita pour s'inviter dans l'appartement.. Quelque chose me disait que j'allais avoir droit à une leçon de morale. « Merci d'être venu.. » Murmurais-je à l'intention de Noam, soutenant son regard. Merci de m'avoir donné une raison de rester, et d'avoir tout fait changer, même si le chemin s'annonçait encore tumultueux.

Je le suivais du regard tandis qu'il allait chercher sa veste, ignorant totalement mon oncle qui devait surement nous regarder, hébété. Un frisson me parcourut l'échine, lorsqu'il frôla ma main avec la sienne, volontairement, j'en étais sure. « Je t'en prie. » Me murmura enfin Noam en se rendant vers la porte de sortie, avant de dire un cordial « Au revoir » A mon oncle. Alors seulement, j'entendis ses pas s'éloigner progressivement. J'allais pour fermer la porte d'entrée à contre coeur, mais mon oncle s'était déjà chargé de la claquer. A peine eus-je entendu le cliquetis de la serrure qui claque, que sa voix retentit dans la pièce : « Mais à quoi est ce que tu joues, Liberty Hellington ? » Je tournais les yeux vers lui, sérieuse. Ça n'a plus rien d'un jeu, tonton, pensais-je tout simplement, avant de me laisser tomber dans le canapé.


Dernière édition par Liberty B. Hellington le Sam 28 Déc - 0:13, édité 41 fois
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MessageSujet: Re: NEL + LBH ✱ Will we ever stop pretending someday ?   NEL + LBH ✱ Will we ever stop pretending someday ? Icon_minitimeMer 9 Oct - 19:33

    J'avais repris ma vie. Pas d'une manière très plaisante dans la mesure où je n'avais plus goût à grand chose. J'allais en cours pour ne pas être recalé à mon semestre, et je rentrais chez moi. Plus de soirées trop arrosées dans des bars, entouré de filles trop faciles pour être réelles. Plus de soirées pizza-bières chez des amis que j'avais clairement délaissé. Aujourd'hui, j'avais eut un entretien à Londres pour un stage dans mon domaine. Quand le recruteur m'avait demandé comment je me qualifierais, je n'avais pas su quoi répondre. Ma vie était en morceaux, et même si je faisais mon maximum pour tenter d'éviter de me couper avec le verre de ceux-ci, je n'arrivais à rien du tout. Toutes les journées se ressemblaient, et je n'en pouvais plus. J'avais essayé de chasser Liberty de mon esprit mais cela ne marchait pas. Cela faisait deux semaines que je ne l'avais pas.
    À Londres, j'avais croisé un de nos amis communs. Apres lui avoir raconté que ma vie était juste redevenue aussi parfaite qu'avant, je décidai de prendre des nouvelles de Liberty, arguant que je ne l'avais pas vu depuis longtemps. Il m'apprit avec surprise que lui non plus ne l'avait pas revu, qu'elle n'était pas revenue en cours et qu'il doutait fort qu'elle vive encore dans son appartement. Les rumeurs qu'elle était rentrée chez elle à Paris courraient bon train.
    Le soir en rentrant, je ne repassais même pas chez moi. Je savais qu'il était tard, mais je voulais aller soir de mes yeux qu'elle était partie. Je ne passais même pas me changer, portant encore ce costume sombre que j'avais choisi pour l'entretien et dont la blancheur du col de la chemise faisait ressortir la cicatrice rouge qui me lacérait toujours le cou. Je frappais quelques coups, relativement doucement. Une partie de moi voulait croire que la jeune femme n'était pas partie, qu'elle était toujours là. Et c'est cette partie là qui fut rassurée quand j'entendis la porte qui s'ouvrit. Je me retrouvais face à une Liberty qui ne ressemblait plus qu'à l'ombre d'elle même. Comparé à elle, on aurait dit que j'avais passé deux semaines aux maldives, à l'exception de mes yeux, ternes et eteints. «  Salut... »
    « Qu'est ce que tu fais là? » Apparemment, j'étais là pour vérifier pour ses amis qu'elle n'avait pas changé de pays sans en avertir quiconque. Maintenant que je voyais bien que non, j'aurais dû partir, mais non, je ne bougeais pas. Je la fixais, un peu trop peut être, comme si son visage avec quelque chose d'imperceptiblement changé depuis la derniere fois qu'on ne s'était vus. Je tentais pourtant de garder ma contenance, du mieux que je le pouvais. " Tout le monde s'inquiète pour toi." Moi le premier, mais ce genre de mots, de révélation, n'arrivait pas à franchir la barrière de mes lèvres. Je la dévisageais : " Je venais juste voir si tu vas bien..."
    « Eh bien, tu pourras dire à tout le monde que je ne suis pas morte dans mon appartement. » Je ne savais pas comment interpréter cette reflexion. Se fichait elle complétement de savoir qu'il y avait des gens qui tenaient à elle à l'extérieur ? J'avais beau dire, je faisais pareil à l'exception que je me rendais sur le campus, je montrais que j'étais toujours en vie. Même si intérieurement, depuis la dispute et a fortiori depuis l'hopital, j'étais carrément inerte. «  Tu ne penses pas que les gens aimeraient voir par eux même que tu n'es pas morte ? » Pourquoi est-ce que je m'acharnais à vouloir la faire sortir de chez elle ? Ça ne me rapporterait rien, excepté la douleur de la croiser tous les jours. Mais j'avais juste l'impression que je voulais la voir aller mieux et pas se transformer en l'ombre d'elle même qu'elle devenait. Elle était squelettique. «  Ca n'a pas l'air méga nourrissant, l'eau ... " j'ajoutais d'un air éteint, pariant que même un type non athlétique comme moi pourrait la soulever sans le moindre problème à présent.« J'suis pas spécialement loquace ces jours ci, t'auras qu'à leur dire que j'suis à Paris c'est ce qu'ils croient tous. » J'étais là parce qu'on m'avait de venir la voir, clairement pas de la croire ou de transporter et délivrer la bonne parole de ses mensonges au reste du monde. J'hochais la tête ne l'écoutant. Apparemment, nous étions dans le même cas, sauf que j'avais décidé de ne pas faire comme si j'avais disparu sans laisser d'adresse. «  Tu devrais aller leur dire avant que quelqu'un ne t'envoie les flics... » Ma remarque sur l'eau ne fut pas mal prise. Je m'attendais au contraire quand je l'avais prononcée. Voulais je la faire réagir ? En quelques sortes, oui. Je voulais revoir la Liberty battante, même si elle me haissait, pas cette copie de copie de copie de la française. « Ouais, j'sais, faut que j'aille faire des courses. » Son sourire parraissait tout sauf sincère, et je lui rendit la même chose. Qu'il était difficile de parraitre de nouveau naturel avec elle. Pourquoi avais-je écouté cet ami et étais je venu ici ? « Tu es sûre que tu vas bien ? » Je lui posais cette question avec toute la franchise dont j'étais capable. Je voulais vraiment savoir. Je réalisais que ce que je voulais surtout savoir, c'était si elle s'en sortait mieux que moi ou pas.
    « Si les autres s'inquiètent pour moi, ils ont mon adresse, au pire, tu peux leur donner, ça t'épargnera la peine de venir toi-même. » Je m'étais adossé contre la porte d'entrée, négligemment. Cette scène était irréaliste : elle rengeant ses livres en pagaille, en pyjama. Moi, venant la voir apres notre dispute, en costume-cravate. Mais tous les deux, nous étions des fantômes, des ombres de nous mêmes, des gens qui n'étaient plus adaptés à la vie en société depuis quelques temps. Je ne voulais pas partir, mais que dire d'autre, que faire d'autre. D'apres ses réactions à elle, elle ne semblait pas comme moi, pleine d'incertitude et d'ambivalence sur le jugement qu'elle devait me réserver. Et puis, avant même que je n'ai pu réfléchir, quelques mots sortirent de ma bouche : «  Ca ne me dérange pas... » Merde Noam, penser puis parler, c'est l'ordre. Je m'étais exposé, une nouvelle fois, et je ne voulais pas qu'elle me tire dessus à coup de boulet une nouvelle fois. « Je ferais mieux d'y aller. »

    Je me renfrognais. J'avais horreur de me confier à quelqu'un et quand je le faisais, même trop rapidement à Liberty, elle me rembarrais en beauté. Comment apres avoir la foi de continuer à essayer ? Je mordais l'intérieur de ma joue, mon regard devint plus sombre, en accord avec la couleur de mes vêtements. Il n'y avait rien qui aurait pu me motiver plus à partir. « Désolé de t'avoir fait déplacer pour rien. T'en fais pas, on t'embêtera plus, je vais surement retourner à Londres, ça sera mieux pour tout le monde. » Je me radouçis instictivement mais l'envie de partir était toujours présente. J'étouffais dans cet appartement, j'étouffais également de la voir comme ça. J'amorçais un pas vers le couloir, convaincu que définitivement plus rien ne m'attachais à elle. Rien sauf un dernier mensonge, un dernier point. Je passais ma langue sur mes lèvres, ne sachant pas si cette ultime vérité était bonne à dire. Je réalisais que si elle partait, de toute manière, cette information mourrait avec moi. Me retournant vers le couloir, ne la regardant même pas en disant ça, agissant lâchement surement pour la première fois de ma vie, j'ajoutais : « Je savais que tu allais à Londres ce jour là. »
    Si je l'avais regardée dans les yeux, jamais je n'aurais pu lui dire cela. C'était un aveu, une confession, quelque chose qui requerrait toute la force que j'avais pour lui dire. C'était quelque chose de difficile pour moi, mais j'avais l'impression qu'il fallait que je soulage ma conscience. Ou alors qu'elle méritait juste la vérité ? Je n'en savais rien. Dés le moment où j'entendis que sa voix se fendait, je ne compris plus rien. Mon cerveau se mit en mode off, refusant d'analyser même la plus basique des données. Pourquoi tu dis ça maintenant ? » Je restait silencieux, muet, incapable de lui répondre la moindre chose. Pourquoi dire ça maintenant, pourquoi utiliser un aveux en forme d'adieu ? « C'est quoi ton but Noam ? Celui de me faire mal une dernière fois avant que je disparaisse en me disant ce que j'aurais voulu entendre à l’hôpital ? » Je me retournais finalement vers elle, la dominant de ma taille. Elle voulait entendre ça à l'hopital ? Elle voulait entendre que j'avais fait expres de la protéger ? Non, impossible. Elle m'avait elle même dit qu'elle savait quel type d'homme j'étais. Je lui répondis d'une voix blanche «  Non... Je ne voulais pas que tu partes sans savoir la vérité. Parce que tu la mérites. ». Je marquais une pause, imaginant l'attentat avec elle dedans. Comment aurais je pu me regarder dans un miroir apres ça ? «  Oui, tu aurais du être une victime de l'attentat... » Pourquoi avais-je rescenti le besoin de lui dire la vérité ? Pourquoi, pour une fois, il fallait que je me montre totalement franc avec quelqu'un ? Peut-être parce que j'avais conscience que je tenais à cette personne, et que je préférais bousiller une partie de mon égo plutôt que de la perde ad vitam eaternam. Je ne trouvais pas de réponses, et à vrai dire, je m'en fichais. Seul l'instant comptait, et pas les reflexions. « Pourquoi tu m'as pas laissé en être alors ? » Mes sourcils se froncèrent tout seul, mon visage réagissait en même temps que les pensées fusaient dans ma tête. J'étais en proie à un véritable combat intérieur, de ceux qui peuvent vous faire perdre toute raison rapidement. «  Parce que je ne veux pas que tu meures. » Raison des plus simples mais des plus vraies. Non, je ne voulais pas qu'elle meure, et un lapsus m'avait échappé. J'avais utilisé le présent, c'était toujours vrai aujourd'hui, malgré ce que je lui avais dit quelques jours plus tot.
    Il arrive souvent que les mots dépassent la pensée, qu'ils aillent plus loin que ce qu'on avait originellement pensé. Mais tant pis, une fois que le mal était fait, des excuses ne servaient pas à grand chose, l'autre personne pensait automatiquement que lorsque vous disiez le pire, vous le pensiez réellement. La colère peut nous faire faire ou dire bien des choses, et je devais admettre que j'étais assez mauvais pour la gérer. Tout comme mon stress. Or, la jeune femme avait réussi brillament à me mettre dans cette double situation ce soir là. « L'autre jour tu n'as pas dit ça.. » C'est vrai, j'avais dit la vouloir morte. Mais c'était faux. C'était une simple manoeuvre d'auto-défense. Si je l'avais vraiment voulu morte, il aurait simplement fallu que je parle d'elle aux amis de mon père qui avait repris son affaire, et la chose aurait été faite. Mais jamais je n'avais évoqué ce nom devant eux. Au fond, je voulais la protéger. “ J'ai réagi sans réfléchir... J'étais en colère contre toi.
    « C'que j'ai dit.. A propos de .. » Allait elle oser évoquer mon père ? Il était mon sujet tabou, mon talon d'achile personnel surlequel je n'avais jamais eut aucun contrôle. J'avais perdu tout mon calme quand elle avait parlé de lui la dernière fois, et j'espérais que ça n'allait pas recommencer aujourd'hui. Mais elle se coupa, s'autocensurant pour une raison que je ne comprenais pas vraiment. Et puis, sans me laisser le moindre répis dans ses questions, elle continua, touchant inexorablement sa cible à chaque nouveau coup : « Est ce que c'est toi qui a préparé tout ça? Londres... » Mes pupilles se dilatèrent sous l'effet de la surprise. Pensait-elle que j'étais un monstre à ce point là ? Ce n'était pas parce que j'avais grandit dans ce milieu, que je le cautionnais. «  Non ! Bien sûr que non... On m'avait juste dit d'éviter Londres et ses transports ce jour là. » J'omettais une petite vérité ici : je savais l'heure et le moyen de transport utilisé dans l'attaque, mais je n'avais aucune envie qu'elle continue à me voir comme Satan personnifié.  « Je suis désolée... Je ... »  Cet adjectif était l'adjectif de la semaine! La dernière fois, c'était moi qui l'avait prononcé. S'excuser est un pas capital, bien qu'extrêmement difficile à faire, surtout lorsqu'en face on a une personne dont on craint la moindre réaction. S'excuser, c'est se mettre à nu et faire fit de son égo. Bizarrement, c'était ce que je comprenais dans les excuses de la jeune femme. Qu'elle reconnaissait s'être trompée, à un moment ou un autre, sur moi. Comme moi sur elle, d'ailleurs. « Tu n'es pas un sale type.. » J'eus un sourire à moitié crispé. J'avais passé ma vie a essayer de ne pas être un sale type de devenir quelqu'un de bien avec pourtant de l'argent sale. J'avais lutté pour que les comparses de mon père ne comptent pas sur moi plus tard. Mais je l'étais quand même un peu, un sale type. Je n'avais pas contacté la police pour l'attentat, par exemple. Je lui répondais, évasif. “ Hum.. Merci”. Que répondre excepté cela à une telle révélation. Je n'allais surement pas danser sur les toits de Cambridge en montrant ma joie.
    « Mes paroles ont dépassées ma pensée l'autre soir. J'tenais à te le dire. » Je pense que chacune de nos paroles avait été bien au delà de ce qui est normalement disable à quelqu'un d'autres. Chacun d'entre nous avait exploité brillamment les failles de l'autre, dans le but de le faire tomber plus bas que lui, et avait magnifiquement réussis. Pour se rendre compte de ce triomphe magistral, il suffisait de voir dans quel état ils avaient été durant ces derniers jours. «  C'est... » c'est oublié ? Non, ça ne l'était pas, c'était même loin de l'être. Mais je voulais tout de même tourner la page sur ça, reprendre ma vie comme avant, même s'il y manquerait toujours la saveur si particulière que Liberty y apportait. «  C'est du passé. » Je m'autorisais tout de même à poser cette question qui me taraudait : « Tu veux vraiment partir de Cambridge ? »
    Me faciliter des choses ? Que voulait-elle me faciliter ? C'était son départ qui allait rendre encore plus dur la situation dans laquelle j'étais maintenant. Je ne voulais pas me l'avouer, certes, mais c'était bel et bien le cas. Comment avais-je pu en arriver là, moi qui me targuait pourtant de ne pas m'attacher au gens. «  Ne fais pas ça pour moi. » J'étais incapable de lui dire que je voulais qu'elle reste, incapable de prononcer ces mots car encore quelques heures plus tot, nous étions toujours non pas des ennemis jurés mais à présent, je voyais l'ambivalence entre ce statut, et le fait que clairement, j'avais eut des sentiments pour elle. Que j'avais encore ? «  Je veux dire... si tu fais ça, fais le pour toi... »
    « Ça sera plus simple pour moi aussi, je suppose. » Pour moi aussi je supposais, même si je ne voyais pas cela comme aller de l'avant, bien au contraire. Je me voyais repartir à ma petite vie d'avant, mais serais-je capable de l'assumer en sachant que ce qui avait pimenté et surtout rendue ma vie agréable pendant quelques mois, ça avait été elle ? «  Rien ne t'y oblige.. Tu peux encore rester ici...» Allez y vous, essayez de retenir quelqu'un sans en avoir l'air, sans sacrifier votre égo. C'est extrêmement dur et destabilisant.. « Au fait, le costume.. Ca t'va bien. » Je lui souriais en réponse à son compliment. Il est était rare de me voir en costume, et je devais avouer ne pas franchement me sentir extrêmement à l'aise dans ce type de vêtements. Etrange pour un gosse de riche etant habitué à l'argent sale. Je lui retournait son compliment, avec ce même sourire qu'on les gens qui savent que la fin est proche. «  Le t-shirt bien trop large rend bien mieux sur toi que sur n'importe qui d'autre. » « Je pense que je t'ai suffisamment retenu comme ça.. » Je me tenais dans ce couloir, adossé légérement contre le mur. J'avais l'impression de porter ce mur, et que je devais continuer à faire cela. Comme si, si je partais, le mur allait s'effondrer. Comme si, si je partais, c'en était bel et bien fini de ma relation avec elle. Ces hauts et ces bas. Cette gifle et ce baiser. Apollon et l'accident. J'avais plus vécu en quelques mois que pendant tous les jours qui avait courrus depuis la mort de mon père. Je la fixai, ayant perdu mon sourire. Mon regard s'était terni, je ne comprenais que trop qu'elle souhaitait se débarasser de moi. Mais comme un con, je voulais en avoir le coeur net. Tellement net qu'il fallait que la réalité soit douloureuse pour que je sois sur que ce n'était pas un rêve eveillé de plus. «  C'est un adieu ? »
    « Ça m'en a tout l'air.. » Je haissais du fond du coeur les adieux. Il n'y avait rien de plus pénible, dans la mesure où jamais on ne savait quoi dire, jamais on ne savait quoi faire. Il fallait se montrer attaché, sans se montrer pathétique. Tout était une question de dosage, que je n'avais jamais appris. «  OK. » Je pinçais mes levres, faisant le maximum pour assimiler l'information. Je relevais les yeux vers elle. «  Je ne suis vraiment pas doué pour dire Adieux... » Je me décolais du mûr, plus prêt que jamais à partir, me disant que si je ne le faisais pas maintenant, je ne le ferais jamais.
    « J'te souhaite d'avoir une belle vie.. » Entendre ce genre de mots venant d'elle, ce genre de banalité, m'enfonçait un peu plus. Ce soir, j'avais l'impression de toucher le fond. Comment avais je pu devenir si sensible, tant le contraire de moi même en si peu de temps. Moi qui me targuais de savoir qui j'étais, et préférant mentir et me dissimuler plutôt que d'avouer la vérité, je tombais dans le propre piège que j'avais tendu. Je m'étais rapproche d'elle pour la faire souffrir, et de toute évidence, j'avais reçu un joli retour de baton. « Toi aussi. » Les secondes défilaient et je devenais de moins en moins loquace, comme prisonnier des mots qui ne voulaient pas sortir. J'avais besoin d'air, de sortir d'ici. Je commençais donc à partir, lui tournant progressivement le dos, lorsque j'entendis mon prénom résonner dans ce couloir sombre. « Noam.. » J'eus juste le temps de la rattraper dans mes bras alors qu'elle menaçait de s'écraser de tout son long sur le sol. «  Lib, ça va ? … Lib, tu m'entends ? » Ma voix trahissait mon inquiétude et je réalisais à ce moment là que jamais je ne pourrais me détacher d'elle.
    « Désolé.. J'crois que t'as raison à propos de l'eau.. » Je la regardais en pinçant toujours les lèvres. Elle m'inquiétait. Elle m'avait souvent inquiétée d'ailleurs, signe s'il en était qu'elle me tenait à coeur. Elle était à la limite du transparent, pâle comme jamais et maigre au possible. Moi je ne dormais plus, et elle, de toute évidence, ne mangeais pas. Je la pris un peu mieux dans mes bras, la portant jusqu'à son canapé ou je la déposais, évitant son regard à tout prix afin de ne pas jouer avec le feu. « Tu as quelque chose à manger dans tes placards ou tu veux que je commande des pizzas ? Parce qu'il est hors de question que je te dise adieu alors que tu es dans cet état là. » Mon ton se voulait peut être légèrement sec, mais c'était la tension qui venait de s'accumuler en moi durant ces dernieres secondes qui ressortaient.
    « Mes placards sont pleins.. » Alors pourquoi s'obstiner à ne pas manger ? Même si la question me brûlait les lèvres, je n'allais pas lui imposer de répondre à celle-ci. Elle état adulte, elle faisait ce qu'elle voulait, même si ça m'embêtait de la voir dans cet état. Je n'ajoutais rien, me dirigeant vers ce que je pensais être la cuisine. En l'espace de quelques secondes, je trouvais le pain de mie, du jambon, du fromage frais et du nutella. Je m'atellais à faire ce dont je n'étais pas vraiment douer pour : cuisiner, entre grands guillemets. Je réapparus quelques minutes plus tard, une assiette à la main où se trouvaient un sandwich salé et un sucré, assiette que je tendis à Liberty. «  Même si je sais que je cuisine très mal et que c'est pas bon, essaie de manger s'il te plait... » Moi, inquiet et préoccupé ? Non, jamais.
    « Je vais être lente alors si tu comptes attendre que j'aie fini, le canapé est dispo. » M'activer comme cela pour elle, m'inquiéter aussi, tout cela m'avait rendu presque épuisé. Le manque de sommeil y jouait pour beaucoup, surement. J'enlevais ma veste que je posais sur le canapé, déserrait la cravatte qui avait fait de moi le mec parfait de la city pour la journée, alors que je la regardais manger en silence. Tout ce que je voulais, c'est qu'elle aille mieux, rien de plus. « Désolé pour la frayeur.. Je comptais pas te tomber dessus. » J'haussais les sourcils. Elle n'avait pas à s'excuser. J'avais été là pour elle comme quand j'avais été là contre Appolon, rien de plus, rien de moins. J'hochais la tête en signe de de rien. « Tu ne m'es pas tombée dessus... » Et c'était vrai, je l'avais rattrapée in extremis. «  Et tu n'as pas à t'excuser pour ça. ». Je ne savais plus quel comportement adopté, littéralement perdu dans cet environnement étranger et presque hostile.
    « Ça n'empêche pas que je t'ai encore retenu.. Pardon. » Au contraire, rester était mon souhait le plus cher alors que je m'étais apprété à lui dire adieu. Mais lui avouer que j'aurais aimé resté était au dessus de mes forces. Je n'était plus doué avec les mots lorsqu'il fallait affronter ses propres sentiments. Elle ne devait en aucun cas s'excuser pour cela, bien au contraire. Elle n'avait aucune idée du fait que j'aurais presque remercié ce malaise. « Je ne serais pas resté si je ne le voulais pas ... ». Voyant qu'elle avait fini son assiette, je posais celle-ci sur la table. Je cherchais à voir si la jeune femme avait repris des couleurs. « Tu vas mieux ? » Même si la question semblait être axée sur le moment, dans ma tête, elle prenait un sens beaucoup plus général. Alors elle allait mieux ? Tant mieux, même si cela voudrait surement dire que je devais la laisser et rentrer chez moi, où j'allais surement encore passer une nuit à ne pas dormir, omnubilé encore et encore par des pensées que je n'arrivais pas à chasser. « Merci pour les sandwichs » De nouveau, j'hochais la tête en murmurant : « De rien . » Ce n'était rien du tout, mais je crois que je n'avais jamais fait ça pour personne avant. Et pourtant, cela me semblait tellement naturel de prendre soin de Liberty, comme si les deux précédentes semaines n'avaient pas existées. Il ne me restait qu'une cicatrice encore rouge dans le cou comme trace que des événements extérieurs étaient arrivés. «  Je crois que tu es la seule personne au monde à avoir mangé un truc que j'ai cuisiné. Je ne cuisine pas pour moi, j'ai trop peur de m'empoisonner... » J'essayais de la faire sourire en racontant une blague sur moi, blague absolument pas drôle, témoignant de mon anxiété. Quand tu es indécis, tu parles trop Noam.
    « Et apparemment je ne suis pas mourante, c'est un test concluant. » Je m'autorisais également un sourire. C'était si facile avec elle, je n'arrivais même plus à comprendre comment nous avions pu en arriver à tomber aussi bas, à nous sortir ces horreurs mutuelles. Parce que nous avions un passé commun que je ne devais pas oublier, un passé qui surement fairait qu'il n'y aurait jamais rien de possible entre nous, et que je devais l'oublier. Mais cela m'était plus que difficile. «  Peut être qu'un jour j'essaierai les pâtes alors. » Et puis, elle changea de conversation. « Tes blessures.. Ca va au fait? » Sentir ses doigts frolant la peau de mon cou me fit avoir une réaction physique. Je sentis mes muscles se contracter légérement et ma peau frissoner. Le cou était une zone que je ne laissais personne toucher en tant normal, mais comment refuser ce geste venant de Liberty ? J'aurais eut beau avoir toutes les excuses du monde que je n'aurais rien fait. «  Ca va, même si c'est encore sensible. » Par cette phrase, j'implorais subtilement Liberty de ne pas prolonger plus ce contact, sous peine que je fasse taire ma raison pour laisser parler les émotions et les sentiments. «  Ca me rappelle de ne pas faire de mélanges bizarres... »Je sentais le contact de ses doigts disparaître, à regret. Mais durant les quelques secondes où ils avaint été posés sur moi, je ne pensais plus qu'à ça. Au moindre contact avec elle, je me retrouvais totalement perturbé, perdu dans cette cascade de sensations qui se déversait sur moi. «  Oh, désolée... » Je lui fit un sourire entendu, comme quoi ça allait, qu'elle n'avait pas à se sentir désolée de quoi que ce soit, qu'elle ne pouvait en aucun cas savoir. « Essaies de t'en souvenir même une fois que ça ne sera plus sensible.. Tu aurais pu y passer. » Elle avait raison, j'avais été à deux doigts d'y laisser la vie. Si je n'avais pas une voiture de luxe qui avait des airbags partout, je serais mort. J'essayais de chasser cette pensée de ma tête, mais je n'y arrivais pas. « Je n'avais pas fait le mélange intentionnellement... Je crois que je ne savais même pas ce que je faisais à ce moment là... » C'était une semaine apres la dispute, une semaine apres les mots, les gestes et les actes. Une semaine sans presque dormir, à boire et à profiter de moment sans pensées grâce aux somniphères. «  Mais je suis encore en vie... » finissais-je, sur un ton un peu plus terne, comme si au final, j'aurais peut être dû rejoindre ceux de l'attentat.« Heureusement. » Je n'avais jamais eut de tendance suicidaire, ou quoi que ce soit du genre, bien au contraire. J'étais le genre de personne qui ne comprenait pas ceux qui décidaient de mettre fin à leur vie. Cependant, pendant le court instant lucide que j'avais eut avant de me planter dans le poteau, je m'étais dit que ce n'était pas si grave que ça, que de toute façon, rien ne me rattachais vraiment à cette vie. Plus de famille, une carrière en devenir mais de toute évidence, je n'allais pas changer le monde ou le transformer. Alors je n'avais pas cherché à freiner. Mais j'avais gardé ça pour moi. «  Ouais... Heureusement. » J'étais de nouveau pessimiste, sans savoir pourquoi. Peut être parce que je me disais que je devrais bientôt y aller. Instinctivement,  je passais mes doigts sur la cicatrice. « Pourquoi es tu venue à l'hopital ? » Cette question m'avait obsédée depuis que je lui avait dit que je ne savais pas pour Londres, or, comment elle l'avait elle su ?
    « On m'a appris pour ton accident.. A l'origine, je voulais seulement demander ton état aux médecins.. Mais l'infirmière a reconnu mon nom et m'a donné le billet de train.. Alors j'ai eu besoin de réponses. » Je sentis une légère vague d'énervement monter en moi. Je ne voyais pas pourquoi s'était sentit obligé de lui apprendre pour moi. D'ailleurs, si ça n'avait tenu qu'à moi, personne n'aurait su à propos de l'accident mais le fait de ne plus avoir de famille obligeait l'hopital à appeler vos plus proches amis. Mais c'était le fait qu'elle n'était venue me voir, moi, qu'uniquement car on lui avait parlé du billet, qui m'énervait. Mais qu'est ce que j'avais cru ? Qu'elle tenait à moi ? Que j'étais un minimum important à ses yeux ? Pourquoi encore se faire des illusions pareilles à mon âge. Je fermais les yeux un instant, tentant de reprendre mon calme interne. «  Je vois. » Réponse très lacunaire s'il en était, mais c'était le mieux que je pouvais faire.
    « D'ailleurs... J'ai été étonnée d'avoir tenu plus de cinq minutes sans que tu ne me vire au vu de .. La dernière fois. » Je contractais les machoires. La dernière fois. Cette nuit effroyable où j'aurais mieux fait de ne pas ouvrir la porte. Mais tant pis, je l'avais fait quand même. J'essayais de me repasser en tête ce que j'avais ressentit quand je l'avais vu, endormie pres de moi. D'abord, j'avais pensé qu'elle était belle, endormie de cette façon. Et puis, j'avais réalisé que même si je la haissais pour avoir tué mon père et s'en être presque vanté devant moi, je devais admettre que ça m'avait fait plaisir de la voir. «  Je sais que c'est bizarre, mais j'étais quand même heureux de te voir. Et je n'avais clairement pas la force de recommencer comme... la dernière fois. » Je soupirais, faisant semblant d'être amusé, essayant de casser cet aveu. «  Ca devait être la morphine qui devait me rendre sympa pour une fois.. »
    « Dieu bénisse la morphine » Elle avait raison, la morphine avait été salutaire. Elle m'avait permise de dormir, de recouvrer un peu de force, et je devais avouer que ce n'était pas de trop. Apres l'accident, j'avais pu reprendre une vie normale, une vie sans exces d'alcool ni de somniphères pour m'aider à tenir les jours comme les nuits. « Moi aussi j'étais heureuse.. De voir de mes yeux que tu allais t'en sortir. » Je ne savais plus quoi penser. Qu'elle tenait à moi ou qu'au fond d'elle, elle verrait toujours le fils du type qui avait tué ses parents, fils tout aussi diabolique de toute évidence. Curieux, je lui posais la question «  Tu ne me haissais pas quand tu es venue à l'hopital ? » Je la regardais dans les yeux, tentant de comprendre ce qui se passait dans sa tête. «  Bizarrement, je pensais que tu aurais souhaité que je ne m'en sorte pas... Que je finisse comme les gens du métro de Londres. Apres tout, moi même j'y ai pensé. » Je venais d'avouer quelque chose, quelque chose d'important, de lourd de significations et de conséquences. J'avais parlé sans penser à tourner ma langue sept fois dans ma bouche. Au final, je m'en mordais instictivement les doigts. J'avais le don de tout foutre en l'air.« Si j'avais "réussi" à te détester Noam.. Pourquoi diable serais-je venu à l'hôpital? Pourquoi est ce que ce billet de train m'aurait été si important ? » Que voulait)elle dire ? J'étais partagé. Partagée entre ce que je voulais comprendre de ce qu'elle me disait, et la peur paranoïaque de sur-interpréter ses paroles. J'avais peur, pour la première fois depuis très longtemps, de trop comprendre, ou pas assez, ce qui dans les deux cas me ménerait à sa perte. Je fronçais légérement les sourcils, mordant également l'intérieur de mes joues, me battant pour ne pas réduire encore cette proximité qu'elle avait instaurée. Et puis, tant qu'on était dans les vérités, je continuais à mon tour : «  Parce qu'il te permettait de savoir si j'étais véritablement un monstre ou alors si j'avais une once d'humanité. » C'était comme cela que j'avais vu les choses à l'hopital. Maintenant, je commençais à croire autre chose, mais je n'osais pas me dire que je pouvais avoir raison, que le fait que je tenais à elle était réciproque.  « Parce qu'il représentait mon seul moyen de savoir si tu tenais à moi.. Ou si tu avais vraiment agi par désintérêt. » Je sentis quelque chose en moi se fendre en deux à ce moment là. Surement mes convictions. Je me retrouvais muet pour un moment. Elle semblait se poser autant de questions que moi, si ce n'était plus. Elle et moi semblions être dans le même brouillard épais sur l'autre, et cela ne laissait présager rien de bon. Je la regardais, l'air perdu dans mes pensées : « Dés que j'ai su que tu devais aller à Londres ce jour là, j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour t'empêcher d'y aller... Je ne pouvais pas prendre le risque que tu sois blessée... Ou pire. » L'espace d'un instant, je déglutis avec difficulté, fermant les yeux un moment pour tenter de réaliser que ce moment était bien réel, et non pas un rêve. J'ajoutais, toujours sur ce ton de la confession brisée :« Tu sais pourquoi j'ai mélangé alcool et somniphères Lib ? Parce que c'était la seule manière d'oublier pour au moins quelques instant «  La dernière fois », d'oublier tout ce que je t'avais dit ainsi que ta réaction. Parce que je ne m'étais pas sentit aussi mal depuis... longtemps. » Longtemps... La mort de mon père. Voila, maintenant elle savait tout, et je me retrouverais en position de faiblesse, attendant fébrilement sa réponse.«  Je suis désolée... C'est de ma faute... J'ai été aveuglée par ce que m'a dit mon oncle, je... »  Mais elle n'avait pas à l'être. C'était être totalement humain que de faire des erreurs, croire en ce qui était facile de croire. Si on vous dit qu'est ce qui est zebré blanc et noir, vous allez me dire un zèbre et pas un âne croisé ? Et bien là, c'était la même chose. Le fait que je sois le fils d'un mafieux faisait penser que j'en était un aussi, alors que non. Mais c'était humain de le penser, et je comprenais presque. J'essayais mentalement de trouver toutes les excuses possibles à Liberty, et j'étais assez doué pour ça. «  Ne pleure pas, s'il te plait... J'en peux plus de te faire pleurer à chaque fois que je te vois Liberty. » Je serrais la machoire, mordant fort mes dents pour ne pas trembler, pour ne pas qu'un seul de mes gestes ne devienne hésitant. Instinctivement, je refis ce geste que j'avais fait dans la ruelle, écarter une mèche de son visage et venir la placer derrière son oreille. Je regardais ce teint pâle, ces grands yeux qui fixaient les miens... «  Tu n'as pas à être désolée. Nous sommes tous les deux en vie, ici, maintenant. Tout ça, c'est du passé, et ça ne reviendra jamais. » Ne jamais dire jamais Noam, surtout quand on est proche de la mafia et d'autres organisations criminelles.

    « Alors pardonnes moi au moins pour ça.. » La pardonner pour ? Sur le moment, je ne comprenais pas. Je pensais qu'on avait finalement tout mit à plat, qu'enfin les vérités avaient été dites et étaient sues. À vrai dire, je n'avais jamais pensé ce moment possible, ni réalisable par ailleurs. J'avais imaginé que jamais elle ne saurait ces vérités qui me concernaient. Mais maintenant si, et elle ne fuyait pas. Au contraire, elle réagit de la manière la plus douce qui soit. La manière même que je m'étais juré de ne pas connaître à nouveau, sachant parfaitement qu'elle me ménerait à ma perte, qu'elle me ferait surement oublier à jamais toute la négativité que je pensais d'elle. Je répondis à son baiser, j'avais espéré celui-ci depuis un bout de temps, mais ce qui était en train de se passer représentait vraiment plus. C'était la fin d'une époque, la fin des conflits peut être, et surtout, la promesse d'une sorte de nouveau départ. Ma main se glissait contre son cou, contre sa nuque, mes phallanges cherchant à garder cette douceur sous elles pour toujours. Mais rien n'est éternel, et ce baiser s'arrêta. La vie reprit. Fatalement. Je murmurais, encore légérement sous ce délicieux choc : « Je te pardonnes si ce n'est pas un baiser d'adieux. [/color]». Ce contact avait été electrisant. Ce baiser m'avait fait revenir à la vie que je pensais avoir perdue depuis des semaines. «Est ce que ça veut dire que tu voudrais que je reste à Cambridge ..? » Un sourire se dessina sur mes lèvres, et une lueur nouvelle l'accompagnait dans mon regard. Quelle autre réponse apporter à cette question qu'un Oui massif. «  Reste s'il te plait... » Mon regard se perdait dans le sien, comme lors de la post soirée dans la ruelle où je l'avais embrassée pour la première fois. À présent, aucune trace d'alcool ne trainait dans mes veines, et je n'aurais rien donné pour qu'il y en ait. Je tenais à me rappeler du moindre détail de ces instants comme hors du temps. Instinctivement, je m'étais mis à jouer avec sa main, entortillant ses doigts entre les miens comme un geste naturel. Trop peut-être. Le doute ne me quittait donc jamais ? Avec un sourire sur le bord des lèvres, j'ajoutais sur un ton de plaisanterie : «  Et puis, trop de gens s'inquiéteraient si tu partais à Londres, et j'aurais encore à venir vérifier que tu es en vie... » avant de l'embrasser de nouveau.

    En un instant, tout le mal qu'on avait pu se faire durant les semaines précédentes s'était échappé de mes souvenirs. Je ne pensais plus à ça, ni à l'accident. Tout ce qui m'importait, c'est qu'elle était là, en face de moi, et qu'elle semblait partager mes sentiments. De sentiments que je n'aurais jamais pensé éprouver alors que mon premier but avait été de la faire souffrir. Là, rien que cette pensée m'était insupportable. Me trouvant à quelques centimètres d'elle, j'aurais pu jurer qu'elle avait repris des couleurs, mais peut être était-ce mon regard sur elle qui s'était déjà un peu modifier. « Ça ferait cher en budget train pour vérifier mon état, surtout juste pour rassurer les autres.. Je voudrais pas être à l'origine de ta ruine... Je pense que je vais rester alors... » Pour toute réponse, je lui souriais. Je ne voulais pas qu'elle parte, je ne l'avais jamais voulu. Même au point d'orgue de nos disputes, je crois que je ne l'avais pas voulu. «  C'est trop gentil de penser à ma santé économique mademoiselle Hellington, que ferais je sans vous ? » La question était rhétorique, j'avais passé des semaines à me sentir mal à cause d'elle. Parce que j'étais sans elle ? « Si ça ne vous dérange pas trop, monsieur Lewis, on va éviter de se poser la question de façon approfondie.. » Je crois que je n'avais pas autant souris depuis des semaines. Ca faisait du bien, au moins pour un instant, de ne plus se poser de question, d'agir naturellement avec quelqu'un. Plus de mensonges, plus de faux-semblants, plus d'inquiétude. C'était un moment privilégié, hors du temps. À vrai dire, je ne pensais pas vraiment que la soirée finirait de cette manière. «  L'important, c'est que tu restes... » Qu'aurais je fais si elle était partie ? Une hypothèse pas très plaisante, je devais me l'avouer. J'aurais continué à être mal sentimentalement, pendant un temps, et puis j'aurais noyé mes regrets dans le travail. L'alcool n'étant plus une solution, il me fallait bien un autre exutoire. Est ce que ça allait aller mieux à présent ? Je n'en doutais pas. Avec un sourire, j'ajoutais : «  Et par le plus grand des hasards, tu penses ressortir un peu de chez toi ? ». Je voulais qu'elle aille mieux, et pour cela j'aurais fait n'importe quoi. « Ça dépend, mais c'est probable si j'ai une bonne motivation pour sortir de ma tanière.. » Ne plus la voir m'avait inquiété, mais il avait fallu que j'attende qu'on me pousse à aller la voir pour que je me bouge. Je profitais du contact de sa main contre ma joue. Aussi électrisant que l'étaient ses doigts contre ma cicatrice un peu plus tôt. Me rapprochant de son visage, j'ajoutais : «  Hum, et tu vois une bonne motivation dans cette pièce ? » avant de poser mes lèvres sur les siennes, avec une infinie douceur. « A vraie dire j'ai les yeux posés dessus.. » Tout cela semblait si facile apres tout ce que nous avions traversé, Liberty et moi. Personne n'aurait pu parier sur le fait qu'une soirée se termine de la sorte entre nous, ennemis naturels que nous pensions être. Mais nos émotions nous avaient rattrapées, et là, la tenant entre mes bras, je ne pouvais qu'en être pleinement satisfait. Les coups frappés contre la porte me sortirent de mon rêve eveillé. J'étais prêt à lui demander si d'autres garçons s'étaient mis en tête de venir la libérer de sa tour/appartement mais elle était déjà debout, allant droit vers sa porte d'entrée. Je ressentis une pointe de jalousie, ne serait ce qu'à cette pensée. Moi, le type qui allait vers les relations faciles pour ne pas m'attacher, j'étais jaloux à présent. À cette pensée, un sourire vint s'installer sur mes lèvres. Sourire que je ravalais immédiatement quand les yeux du nouvel arrivant se posèrent sur moi. Son oncle. Celui qui s'était affiché avec elle quand mon père était mort, celui qui avait clairement incriminé dans la presse le groupe de feu mon père pour les attentats. Un homme charmant en somme. « Liberty. Je croyais qu'il t'était arrivé quelque chose, tu ne répondais plus à mes appels et tu t'es absenté de cours.. » Instinctivement, je me relevais. Je me sentais de trop dans cette pièce. Notre moment était passé. Pourtant, mes jambes demeuraient en coton, je n'arrivais pas à faire un pas pour la quitter. « J'étais malade. » Je jetais un regard vers elle. Son excuse était crédible, mais je sentais dans le regard du nouvel arrivant qu'il n'en croyait pas un mot... Le regard de son oncle me glaçait le sang. Il savait qui j'étais, et je savais parfaitement qui il était, j'en étais persuadé. Je captais le regard de Liberty, lui repondant par un simple hochement de tête qu'elle n'avait pas à se sentir désolée. Parfois, le destin faisait extrêmement mal les choses. La température de la pièce semblait être descendue très rapidement, l'atmosphère était froide au possible et je sentais que le fameux tonton ne me portait pas du tout dans son coeur. L'inverse était récoproque, je devais l'avouer. Sans lui, jamais nous n'aurions échangé de tels mots chez moi avec Liberty... Je chassais ce souvenir de mon esprit à temps pour entendre Liberty lui mentir une nouvelle fois. « Intoxication alimentaire, tu ne voulais pas voir - ni entendre - ça. Noam m'a rattrapée au bord de l'évanouissement alors qu'il était de passage, c'est pour dire. » Je me sentais clairement de trop. Je ne voulais pas m'imposer entre eux. Je profitais de l'occasion pour ajouter : «  Tu as l'air d'aller mieux, je pense que je vais te laisser Liberty. » Plus de surnom, plus de mots sussurés à quelques centimètres l'un de l'autre. Son oncle m'avait ramené à la réalité.

    Mon coeur se serrait, mais je ne voyais absolument rien d'autre à faire dans cette situation. Rester n'aurait surement pas été une bonne idée, loin de là. Pourtant, j'avais la désagréable impression de prendre la fuite. « Merci d'être venu.. » Je passais près d'elle pour aller récupérer ma veste que j'avais laisser sur le bord de son canapé. En même temps, je frolais sa main de la mienne, tentant peut être vainement de la convaincre que cette soirée avait vraiment eut un sens, que malgré notre passé commun, j'avais été parfaitement honnête avec elle. Je lui rendis son regard en m'avançant vers la porte, murmurant à son attention «  Je t'en prie. » Arrivé au niveau de son oncle qui me regardait sortir comme on regarde un tigre rerentrer dans sa cage, je lui adressais tout de même d'une voix neutre un «  au revoir » pas très jovial. Et puis, je m'enfonçais dans un couloir sombre. J'avais besoin de reprendre mes esprits. Et vite.





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