heather, sally & james - alright, this is awkward

HEATHER, SALLY & JAMES -  ALRIGHT, THIS IS AWKWARD. ►

« J’ai vraiment l’impression que ma relation avec James est passée au niveau supérieur. La semaine dernière il m’a demandé de venir m’installer chez lui. Bon bien sûr tu me connais, j’ai répondu que j’avais besoin de réfléchir –mais ça m’a vraiment touchée qu’il me le propose. Quoi ? Evidemment, quelle question ! Je suis même folle amoureuse de lui ! Non. Il a dû me le dire une fois, mais c’est quelqu’un de très réservé alors, je ne m’inquiète pas pour ça. Me tromper ? Je ne pense pas. Enfin, ce n’est pas son genre. Il n’a pas connu beaucoup de femmes. A dire vrai, c’était quelqu’un de très discret, une sorte de timide maladif quand il était jeune. Si j’en crois les dires de son meilleur ami : il n’est tombé amoureux que deux fois. Sa dernière histoire en date, il l'a vécue à New-York. Mais ce n'était qu'un amour de vacances, ça n’a pas duré. Excuse-moi, mais on frappe à la porte. Je te rappelle plus tard. Moi aussi je t’embrasse. Bye ! » Je raccroche et me précipite dans la chambre de James pour enfiler un gilet. Je le noue grossièrement autour de ma taille, pratiquement sûre qu’il s’agit de mon petit-ami. James est sorti acheter des viennoiseries pour le petit-déjeuner. La boulangerie se trouvant en bas de la rue, ça devrait logiquement être lui. « J’espère que tu as pris tout ce que je t’ai demandé, car cette petite séance m’a ouvert l’appétit » je m’exclame en me précipitant vers la porte. Quand je l'ouvre ce n’est pas à James que je fais face –mais à une parfaite inconnue. « Bonjour… » je bafouille en me raclant la gorge. « Je peux vous aider ? » Ses joues s’empourprent. Visiblement, je ne suis pas la seule à être dans l’embarras. « Heu… Je… Bonjour… Vous devez être Sally » J’acquiesce d’un signe de la tête, même si de mon côté : je ne sais absolument pas qui elle est. « Je suis Heather, une… amie de James. Il ne vous a probablement pas parlé de moi, heu… » Elle marque une courte pause et j’essaye de chercher dans mes souvenirs, pour savoir si mon petit-ami m’a parlé ou non de cette jeune femme.  « On était censé aller boire un verre, mais il n’a pas l’air d’être là… » Ça me revient maintenant : Heather, la petite américaine, son amour de vacances… « Je suis un peu en avance en même temps… » C’est peu dire. James ayant toujours été quelqu’un de relativement ponctuel, je serais même d’avis qu’elle n’a pas très bien compris l’horaire. « Enfin, ce n’est pas grave, je ne voudrais pas vous déranger, je l’appellerais plus tard » conclue-t-elle, prête à tourner les talons. « Il est sorti acheter de quoi déjeuner ; mais il ne devrait plus tarder maintenant. Vous pouvez l’attendre à l’intérieur, si vous voulez » je réplique en m’écartant de la porte pour la laisser passer. « Vous voulez boire quelque chose ? Café ? Jus de fruit ? »

Elle essaye de me sourire, mais je vois bien que ma présence la met mal à l’aise. James me cacherait-il quelque chose ? Aurait-il renoué avec elle ? Me serait-il infidèle ? J’en doute. Ce n’est pas son genre et puis, je m’en serais déjà rendue compte. « Non… Merci beaucoup, c'est très gentil à vous… Je… Je ne veux vraiment pas déranger, je peux l’appeler plus tard, vous n’avez pas à m’inviter ou quoi que ce soit, vraiment… » Bafouille-t-elle en évitant soigneusement mon regard. « Vous ne me dérangez pas. Tous les amis de James sont mes amis » je réplique par simple politesse, même si après mûre réflexion, la situation me met tout aussi mal à l’aise. Comme elle ne semble pas décidée à prendre quelque chose, je m’assois en face d’elle et commence à chercher un sujet de conversation. En vain. Heureusement, la porte s’ouvre.

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Je sors de la station de métro, un grand sourire sur les lèvres. Ça ne fait pas si longtemps que je vis à Londres, mais souvent, j’ai l’impression que j’y ai passé toute ma vie. Bien sûr, c’est loin d’être le cas, et je suis loin de connaître toute la ville, d’autant plus que la capitale britannique est immense, mais je m’y sens tellement bien que j’en viens à me dire que j’ai pris la meilleure décision de ma vie. Néanmoins, tout n’est pas parfait encore. Pour la simple et bonne raison que j’ai à peine revu James depuis que je suis arrivée. Or, aujourd’hui, je passe le chercher chez lui pour aller boire un verre. Dire que je suis angoissée est un euphémisme. C’est pathétique, je sais, mais je l’aime toujours, je n’y peux rien. J’ai passé plus de quatre ans à le chercher, et je ne vais pas le laisser me filer entre les doigts. Pas encore une fois. Ce jour d’été où je l’ai laissé partir est mon plus grand regret, et je n’ai pas l’intention de refaire cette erreur. « Allez, c’est parti. » J’inspire un grand coup, avant de sonner à la porte. Ce n’est pas James, mais une – très très jolie – jeune femme, qui m'ouvre, bafouillant un vague bonjour, manifestement surprise, et gênée. « Je peux vous aider ? » Je rougis comme une tomate. « Heu… Je… Bonjour… Vous devez être Sally » Qui pourrait-elle être, si ce n’est la petite amie de James ? « Je suis Heather, une… amie de James. Il ne vous a probablement pas parlé de moi, heu… » Je marque une courte pause, me mordant la lèvre. « On était censé aller boire un verre, mais il n’a pas l’air d’être là… Je suis un peu en avance en même temps… Enfin, ce n’est pas grave, je ne voudrais pas vous déranger, je l’appellerais plus tard. » J’avais complètement oublié qu’il vit avec Sally. Quelle idiote. Idiote idiote idiote. Heather, tu es une petite idiote. Ca y est, tu le retrouve, et te revoilà devenue pire qu’une pré-ado fan de Petit homme à la mèche coupée tenant en sa main un micro. Utilises ton cerveau, un peu, et arrête de te jeter la tête la première dans tout sans réfléchir comme ça, ça t’éviteras les déceptions. « Il est sorti acheter de quoi déjeuner ; mais il ne devrait plus tarder maintenant. Vous pouvez l’attendre à l’intérieur, si vous voulez » Je me mords la lèvre, hésitante. Je n’ai qu’une envie, c’est que le sol s’ouvre sous moi et m’avale tout rond. Je vais mourir d’embarras. Mais j’entre quand même, je ne sais pas vraiment pourquoi. « Vous voulez boire quelque chose ? Café ? Jus de fruit ? » Je lui fais un petit sourire, mal à l’aise. « Non… Merci beaucoup, c'est très gentil à vous… Je… Je ne veux vraiment pas déranger, je peux l’appeler plus tard, vous n’avez pas à m’inviter ou quoi que ce soit, vraiment… »

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J’étais sur le point de rentrer chez moi quand j’ai décidé de faire un crochet chez le fleuriste. Pourquoi ? C’est simple, j’avais envie de faire plaisir à Sally. Les choses fonctionnent vraiment bien entre nous. Constamment sur la même longueur d’ondes, il nous arrive rarement de nous disputer –et même quand nous élevons la voix, ce n’est jamais bien méchant. Au risque de passer pour un grand sentimental, j’ai parfois l’impression d’avoir trouvé la femme idéale. Ces derniers temps, nous nous sommes beaucoup rapprochés. On ne passe plus une nuit l’un sans l’autre et plus le temps passe, plus je me dis que ce serait peut-être pas mal de sauter le pas. Oui, je songe sérieusement à lui proposer de venir s’installer chez moi. De toute manière, elle y passe les trois quarts de son temps libre alors, qu’est-ce que ça changerait au final ? D’un autre côté, ce n’est pas mon genre de prendre des décisions trop hâtives, raison pour laquelle j’ai décidé de me laisser encore un peu de temps pour y réfléchir. Je n’aime pas me précipiter, c’est dans mon caractère, je suis méfiant, parfois même craintif. Mais si on me demandait comment je vois ma vie d’ici quelques années, je m’imaginerais volontiers auprès de Sally dans une belle maison avec, pourquoi pas, un bébé en route. Bon bien sûr, il y a Heather. Je ne m’en cache pas, j’ai été perturbé de la revoir mais notre idylle appartient au passé et il faut que j’aille de l’avant. De toute manière, elle est –tout comme moi- passé à autre chose, il y a bien longtemps. Bref, je pousse la porte de l’immeuble avec mes paquets sous le bras et grimpe jusqu’à mon étage. Une fois devant la porte d’entrée, je la pousse et reste penaud lorsque je crois le regard de la belle américaine. « Tu es déjà là ? Je ne t’attendais pas si tôt ! » je m’exclame avant de faire un pas vers elle pour la saluer comme il se doit.

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