SMC ; “I don't even know what I was running for—I guess I just felt like it.”

First things first; or how i went from my home to another.

Toxicomane. Dépressive. Incapable de prendre soin de sa fille unique. Pendant plusieurs années, j’ai pris soin de ma mère, et pas le contraire. Jusqu’à ce que les services sociaux s’en mêlent. Comment ils ont découvert le pot aux roses (ou le poteau rose !) je n’en ai aucune idée. (Quoi qu’un poteau rose est un peu plus suspect, quand même) J’étais très bien capable de prendre soin de moi-même, et ma mère n’était pas une si grosse charge : elle arrivait quand même à fonctionner, à faire le nécessaire pour l’école. Je savais faire à manger -des bols de céréales, réchauffer des plats déjà préparés-, un peu de ménage, je pouvais très bien vivre de cette façon. Ils ne l’ont pas vu de cette façon. Ils ont rempli quelques papiers, passé quelques coups de fil. Je n’habitais soudainement plus avec ma mère.

Et mon père ? Plus dans le décor depuis un bon moment. Avant ma naissance, même. Décédé dans un infortuné accident de la route, laissant ma mère seule pour s’occuper d’un bébé qui n’allait naître que dans six mois. Ils n’étaient de toute façon plus ensemble, avant même que l’un ou l’autre ne soit au courant de la grossesse. Et je n'avais apparemment pas de famille proche. Oncles, tantes, cousins... nope. Alors... Famille d'accueil.

J’étais à la charge de la famille Hamilton, qui résidait non loin de ma ville d’origine.Dix à douze jeunes à la fois. Certains restaient quelques mois. D’autres plusieurs années.

J’y ai vécu une enfance heureuse.

La situation de ma mère ne s’est pas améliorée.

Je ne vous dit pas que je l’ai bien pris. Que je n’ai pas essayé de rentrer chez moi, de retourner voir ma mère qui, somme toute, avait besoin du coup de pouce supplémentaire que je devais fournir. Mais j'y ai été heureuse.



Unexpected turn of events; or how history tends to repeat itself.

Dépressive et alcoolique. Inapte à recevoir des enfants chez elle. J’ai tendance à croire que les services sociaux sont pires que Big Brother, et qu’ils ont des yeux partout. Mary Hamilton combattait des problèmes d’alcool. Et, malgré tous nos efforts pour le cacher, ils ont su.

J’ai encore dû changer de résidence. Quitter une famille aimante, compréhensive, des adultes que je considérais depuis plusieurs années non comme mes parents, mais presque. Comme un oncle et une tante très proches. Et les autres jeunes comme des amis, des cousins, presque comme des frères et sœurs, pour ceux qui y restaient assez longtemps. J’avais seize ans. Seize ans et absolument aucune envie de recommencer de nouveau. Je n’avais pas besoin qu’on me balade d’une famille d’accueil à l’autre, merci bien. Capable de m’occuper de moi-même, à deux ans tout juste de mes dix-huit ans, j’ai fait une demande d’émancipation.

Il me fallait terminer le lycée, d’abord. Trouver un boulot étudiant, et bosser les soirs et weekends. Et après ? Je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire comme métier. Comme carrière. Et je n’avais pas vraiment d’argent pour payer l’université, et pas les notes nécessaires pour obtenir une bourse. Que faire, alors ?

Directement après avoir été diplômée, j’ai entrepris les démarches pour avoir un VISA au Canada, pour un travail, d’une durée d’un an. Vancouver. J'y ai pris un petit appartement, dénichant un boulot de serveuse dans un restaurant du coin.


Life moves pretty fast; or how i decided to keep on moving with it.

Après un an au Canada, j’ai décidé de partir ailleurs. J’avais envie de voyager un peu plus, de me dépayser un peu plus. Plusieurs destinations me sont passées en tête. L’Australie, l’Irlande, l’Inde… Et au final, je me suis posée à Londres. Ça me semblait logique, emblématique. L’Angleterre, l’origine de mon propre pays, la Reine, les groupes mythiques, tout le tintouin.

J’avais réalisé que le boulot de serveuse, quand on le faisait bien, pouvait se révéler très payant. Alors rebelote : visa pour l’Angleterre, pour travailler, pour deux ans cette fois. Et j’ai pris mes cliques et mes claques, le premier avion, avec mes trois valises remplies à craquer, pour m’installer et recommencer de nouveau. Moi qui n’avais pas voulu être baladée de famille en famille à mes seize ans, j’avais carrément la piqûre du voyage. Ou peut-être que je cherchais ma place.

Mais, l’important, comme on dit, c’est d’être heureux. Pas vrai ?

→ Ton heure de gloire est enfin arrivée, un producteur de cinéma vient de te remarquer dans la rue et te propose de devenir la star de son nouveau film. Que lui dis-tu ? Je rigole. Je me demande vaguement si c'est sérieux, mais il est évident qu'au final, je décide que c'est une grosse blague. Et j'enfile ma paire de lunettes de soleil en m'excusant, mais... j'dois vraiment aller au boulot !

→ Une pauvre fille en pleurs chante All by myself avec son cornet de glace à la vanille en plein de milieu de la rue retournant tous les regards sur son passage, y compris le tien. Ta réaction ? J'trouve qu'elle exagère. Et je tente de comprendre la correspondance entre la chanson, le cornet de glace et le milieu de la rue. Perso, je préfère broyer du noir et pleurer mes malheurs en solitaire. Avec le pot de glace au complet et un film d'action.

→ Ton(ta) cousin(e) t'avoue sous l'emprise de l'alcool son attirance pour toi, et tente de t'embrasser. Premières impressions à chaud ? Réactions à froid ? J'veux pas lui faire de peine, mais il est pas en état, là. J'essaie d'le ramener gentiment à la raison, j'préfère qu'on en reparle lorsqu'il aura pas six vodkas dans le nez. J'préfère qu'on n'en reparle pas du tout en fait, mais bon... On verra bien quand il aura décuvé !

→ Ton idée du parfait samedi soir : une soirée arrosée au Carling à Oxford, une nuit de folie au Fez Club de Cambridge, une sortie au théâtre de Londres ou une soirée geek avec plat commandé et partie de jeux vidéos avec tes meilleurs potes ? Toutes ces réponses ! Allez, faut pas limiter ses expériences ! Et puis ça dépend de mon humeur, franchement. Parfois j'ai envie de m'en mettre une avec des potes et d'avoir mal aux cheveux le lendemain, parfois j'ai envie de regarder de brillants comédiens sur scène, et d'autres fois j'ai juste envie de pizza bien grasse, de mets chinois ou de poulet frit devant la télé !

→ T'es au confessionnal, tu peux avouer ta pire faute, ou encore un secret particulièrement pesant que tu n'aimerais pas voir révélé. Que dis-tu au père Patrick pour te soulager la conscience ? Pardonnez-moi mon père, parce que j'ai péché. Encore une histoire de menus mensonges, de vol de bonbons au supermarché et d'abus d'alcool.

→ Le père Patrick était en fait un vrai sociopathe fan de Pretty Little Liars, et t'envoie un sms anonyme où il vous demande de choisir entre un secret révélé qui pourrait anéantir ta réputation ou briser ta famille, et de voler la bague de fiançailles Cartier d'un de vos amis. Après mûre réflexion, qu'est-ce que tu choisis ? N'ayant pas réellement de tel secret, je doute de vivre cette situation... J'suppose que je prendrais le risque de perdre ma réputation. Et puis de toute façon, je n'ai déjà pas de famille à proprement dire...

→ C'est le mec (la fille) de tes rêves, tu en es persuadé(e) et pourtant, celui(celle)-ci est en couple avec quelqu'un d'autre. Tu te la joues résigné(e), stratégique, ou éploré(e) ? On veut les détails ! Stratégique. Sans manigancer de sales plans pour récupérer mon homme, j'imagine que j'attendrais, et m'assurerais de ne pas être loin en cas de rupture soudaine... Évidemment, 'faut pas exagérer non plus, je ne m'empêcherais pas de saisir une autre chance qui passe. Y'a pas qu'un poisson dans l'océan !

→ Dans dix ans, je me vois bien ouvrir un resto spécialité moules frites avec Camille Jules Martin, marié, six gosses et à l'origine d'une toute nouvelle sauce roquefort-épinards et toi, des projets pour l'avenir ? Et y'a de la place pour des serveuses, dans ce futur resto' ? Parce que bon, j'me projette pas très bien dans le futur, mais c'est pas mal d'avoir un plan B, au cas où...

→ Et enfin, honnêtement, entre truth ou dare, qu'est-ce que tu préfères ? (oui ça rime !) dare

→ En pleine soirée baby-sitting, l'adorable petite fille aux cheveux blonds que vous gardez s'installe sur vos genoux et vous demande, d'un air suppliant : « Moi plus tard, je veux être la Reine d'Angleterre. Papa m'a dit que pour pouvoir le faire, il fallait aller à l'université. Mais il a dit aussi qu'il fallait choisir entre Oxford et Cambridge, parce que ce sont elles les meilleures d'Angleterre. A ton avis, il vaut mieux apprendre à devenir Reine à Oxford, ou à Cambridge ? » Ah ça c'est vrai, ton papa a bien raison, c'est important l'université. Tu vois, moi je n'y suis pas et je ne pourrai ja-mais devenir Reine ! C'est vraiment une erreur de parcours. - pause- Et puis les deux universités sont vraiment très chouettes. Tu devrais visiter les deux campus, poser des questions, tout ça ! Il faut que tu fréquentes un endroit où tu te sens bien.

→ Après avoir écouté votre argumentaire, elle s'interrompt une seconde et fronce étrangement le nez. « Mais, au fait, qu'est-ce que c'est, le Judging Cambridge Club ? » Ils sont pas très sympa, ceux-là, si tu veux mon avis. Ils veulent juste te faire rentrer dans leur moule, et te mener la vie dure si tu refuses de céder à leurs petits caprices. Mais ne t'inquiète pas, ça ne dureras pas éternellement !

→ « Aaaah, d'accord. Je comprends mieux. Et les TroubleMakers, alors ? C'est la même chose ?» Non, ceux-là ce sont juste de vilains chenapans qui refusent de grandir et de laisser tomber leurs jeux puérils.

→ « C'est bien compliqué tout ça. Mais alors, si je choisis Cambridge et que finalement je préfère Oxford, j'ai le droit de changer en cours de route ? » Ben pourquoi pas ? T'es le capitaine de ta vie, hein, c'est toi qui est aux commandes. L'important c'est de faire ce que tu aimes, et de prendre des décisions qui te conviennent et que tu peux assumer !

→ « Hm... Bon. Ca m'avance pas beaucoup. Mais en même temps, j'ai le temps. »