A little party never killed nobody!! [Soirée VIP costumée pour Halloween + anniversaire de Ken]

A little party never killed nobody...

2H00, dans la villa

Des Pétards explosaient dans tous les coins de la villa. Ou étaient-ce les feux d'artifice tirés dans le jardin qui produisaient ce vacarme incessant? Toujours est-il que Kenneth, un verre à la main - ponch ou sangria? il n'en avait plus aucune idée - n'en pouvait plus de se marrer face aux attitudes impossibles de ses invités. Entre ceux qui s'écroulaient, ivres morts, ceux qui se mettaient à danser de façon improbables ou ceux qui se mettaient à draguer tout et n'importe qui, il ne pouvait pas s'ennuyer une seule minute! Il s'en souviendrait longtemps de cette fête! Bien sur, la plupart des costumes d'Halloween n'allaient malheureusement pas passer la nuit, mais l'ambiance était carrément fun! Tenant tant bien que mal sur ses jambes, l'acteur zigzaguait entre les invités, se frayant un chemin dans le bordel sans nom qu'était devenu sa villa, entre fausses araignées, toiles en tout genre, citrouilles et chapeaux de sorcière abandonnés. Lui-même ne dénotait pas dans le décor avec son costume de "Sweeney Todd", les cheveux colorés en noir et blanc. Il eut un sourire en pensant au foin que ferait la femme de ménage en découvrant tout ça le lendemain. Cherchant des yeux son compagnon, il finit par le reconnaître (dans son costume de vampire), affalé sur le canapé de son salon. Pauvre chaton, il ne tient vraiment pas l'alcool... Il s'approcha doucement de lui et l'embrassa sur le front, avant de s'en aller voir ses autres invités. En fait... C'était peut-être mieux qu'il ne se réveille pas. Car Kenneth était d'humeur joyeuse, voire très joyeuse, et quand il est comme ça, à peu près rien ne l'arrête. Une boule de poil orange passa alors en trombe devant, tenant dans sa gueule ce qui apparaissait être un portable. Norbert avait encore fait des siennes! Et avec son costume de citrouille, il était parfait! Mais à qui pouvait donc être ce portable? Kenneth haussa les épaules et attrapa une bouteille pour se resservir. Soudain, un éclair de lucidité illumina ses pensées. Mais où pouvait bien être Henry? Le repérant au niveau de la terrasse du jardin accolé à la piscine, il se dirigea vers lui dans une trajectoire plus ou moins aléatoire, distribuant des kiss et des câlins à qui voulait. "HENRRRRY... Mon amiiii..." Son accent purement écossais était accentué par son taux d'alcoolémie frôlant l'indécence. Il avait du mal à évaluer les distances, alors quand il décida de prendre son ami dans ses bras, il faillit tomber à la renverse sur lui, et se retint de justesse à la table qui se trouvait juste à côté. Il mit néanmoins un bras autour des épaules d'Henry et leva son verre avant de dire: "A l'a... l'amitié! Et aux femmes... Et aux hommes!... Et à nous! Tiens, bois Henry, bois pour mon anniversaire!" Sur ce, il amena le verre directement sous le bec d'Henry, l'obligeant à finir le verre d'alcool. "Jt'avais dit que la vie était plus... plus drôle quand on a bu!" Gardant un bras autour de ses épaules, il l'entraîna plus loin, vers une autre terrasse transformée pour l'occasion en dancefloor (ou pour certains en zone de streap-tease improvisée xD). "Aaaah voilàààà! Un endroit intéressant! Allez Henry, faut se lâcheeeer!" Libérant enfin le psychiatre, l'acteur rejoignit ses invités, n'hésitant pas à chauffer ceux qui se laisser faire, embrassant à tout va, ignorant ceux qui l'inciteraient à se calmer... Il ne fallut pas longtemps pour qu'il finisse torse nu, imitant à la perfection un Go go dancer survolté. Bon sang, ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas autant amusé - et le fait que la famille et les mais proches soient là n'y étaient pas pour rien. Déchiré comme il était, il ne se rendait plus compte de rien, et encore moins de son comportement. On lui pardonnera. Après tout, c'était son anniversaire, non? D'ailleurs, il avait reçu tous types de cadeaux, plus extravagants les uns que les autres. Et puis chacun savait que son cœur était pris et qu'il ne trahirait que difficilement son Jim. Apercevant Juliet un peu plus loin, il lui fit signe de le rejoindre sur le dancefloor pour s'amuser. La pauvre, espérons qu'elle n'a pas peur du ridicule avec un oncle pareil. Décidant de ne pas laisser son ami sur le côté pendant qu'il s'amusait, Kenneth attira Henry par le bras vers la piste de dance et lui demanda, un sourire taquin sur les lèvres: "Alors, tu m'as pas dit ce que tu m'offrais pour mon anniversaire! J'ai le droit de choisir?"Et Ken n'avait pas l'intention de le lâcher tant qu'il n'avait pas eu sa réponse.
Bref la soirée était loin d'être terminée...

EDIT/ Pour vous faciliter la vie, j'vous ai concocté un plan de la villa pour pas que vous vous perdiez: PLOP
Ah et voilà le premier étage (il est pas dit que j'en fasse pas un deuxième XD): PLOP2

Une soirée d’Halloween organisée par mon oncle, je n’aurais pu manquer ça pour rien au monde. Je me suis achetée un costume, sexy mais pas démesurément vulgaire, et je me suis rendue à la soirée en invitant qui voulait à venir avec moi. La meilleure surprise de la soirée réside sans aucun doute dans le fait qu’Henry est là, même si je ne rencontre que ses yeux tristes qui s’excusent depuis tout à l’heure. Je sirote un verre de champagne en voguant entre les invités, ignorant mon frère adoré depuis le début de la soirée qui insiste pour qu’on rentre et que je vienne dormir chez lui, ce que je n’ai absolument pas l’intention de verre. Abandonnant ma coupe vide, je fais de grands signes de la main à Kenneth quand il m’indique qu’il faut le rejoindre sur le dancefloor, et n’hésite que la moitié d’une seconde en réalisant que c’est Henry qui est en train de lui tenir compagnie. J’attrape une coupe pleine que j’avale cul-sec avant de me précipiter vers le dancefloor. Henry arbore le même air triste habituel depuis quelques semaines et je fronce le nez, détournant le regard un instant. Je soupire, me demande toujours pourquoi la situation est aussi compliquée, pourquoi je ne peux pas juste arrêter de souffrir une bonne fois pour toute. Il serait tellement simple qu’il me laisse l’aimer… Il évite mon regard, finit par m’adresser un vague signe de la main que le silence compense par un regard plein de sous-entendus, et puis s’éclipse avant même que je ne sois arrivée à sa hauteur. Désormais à côté de Kenneth, je n’ai d’autre choix que d’embrasser mon oncle et d’échanger avec lui quelques pas de danse. Je déglutis, terminant une nouvelle coupe de Champagne, alors que ma vue se brouille déjà.

Je quitte la piste de danse, à la recherche de l’amour de ma vie, celui qui fait battre mon cœur tellement, tellement vite, et finis par le trouver tout seul, échoué sur un mur. Je m’approche non sans avoir volé du Champagne à un serveur qui passe, et me poste en face de lui. « Bonsoir Henry », je murmure. Je ne l’ai pas vu depuis l’horrible dîner, froid et distant, que nous avons partagé après ma venue au cabinet. « Votre déguisement est très réussi ». « Merci. » Je souris et hoche vivement la tête, me demandant s’il va partir immédiatement ou si l’alcool lui fera oublier qu’il a très envie de m’éviter. « Et vous êtes absolument magnifique ce soir, pour être honnête, vous êtes...la plus jolie femme de cette soirée et, je devrais vraisemblablement rentrer avant de... » Il boit ma propre coup et je ris un peu en secouant la tête, pas vraiment habituée à le voir boire. « Vous dire des choses incohérentes, à vous ou à quelqu’un d’autre d’ailleurs. » Ses mains rejoignent mes épaules et je me demande un instant ce qu’il va faire, me pousser, ou m’approcher, mais il ne fait rien. « Mais vous êtes radieuse, vraiment radieuse. » Je ris de nouveau et me mords la lèvre inférieure, flattée, tandis que mes mains rejoignent les siennes. « Ou alors », je propose en hochant vivement la tête pour appuyer le génie de mon idée à venir. « Ou alors vous restez, parce que l’alcool justifie que vous oubliez de m’éviter pour la soirée, et que mon oncle et mon frère veillant sur moi d’un œil plus ou moins attentif, vous n’avez à peu près rien à craindre sur l’étendu de mes tentatives de la soirée, alors on peut profiter tranquillement de ces quelques heures de répit ensemble », je suggère, posant ma tête sur son épaule. « Parce que croyez-moi Henry, c’est fatiguant d’être ignorée par vous quand on vous aime aussi fort que je vous aime ». J’embrasse son cou avant de reculer un peu. « Alors, deal ? » Mais il m’écarte et je tape du pied comme une enfant mécontente. « Je ne vous ignore pas, et vous ne pouvez pas faire ça, pas ici en tout cas, voyons Juliet avez-vous complètement perdu l’esprit ??? » Je fronce le nez et croise les bras. « Si, vous m’ignorez », je réplique en secouant vivement la tête, alors que je sens l’alcool me monter à la tête et développer mes pires côtés drama queen. J’attrape son bras et le tire vers le couloir, ne le lâchant qu’une fois que nous sommes seuls, à l’abri des regards. « Ici, c’est mieux ? », je demande en enroulant mes bras autour de son cou, plantant mon regard dans le sien. « Je ne vous manque pas ? » je demande dans un murmure, les yeux presque brillants.

Cette soirée s’annonce mal très mal, deux coupes de champagne et je sens déjà mon esprit s’évader bien trop loin. A vrai dire je n’ai pas fait preuve d’une clairvoyance extraoordinaire en m’imaginant survivre à une soirée organisée par mon ami Kenneth. Et me revoilà donc dix ans en arrière, lors de mes premières années universitaires lorsqu’il tenait absolument à rester jusqu’à des heures indues en s’assurant bien entendu que son pauvre ami boive au moins jusqu’à s’en rendre malade le lendemain. Ma tête tourne, et un élan de culpabilité me saisit alors que je pense à Amy à qui j’ai sciemment menti sur mon agenda de la soirée, pire que ça, je songe à mon état actuel, ou penser n’est même plus un option valable. Je tangue, verre à la main, quand le chef de maison s’approche en me prenant par le cou, me forcant à ingurgiter quelque chose qui ressemble à du rhum ou je ne sais quoi encore. « Ken, je crois que ça suffit... Je vais passer mon tour. » Je réplique clignant des yeux pour tenter d’optimiser la netteté de mon champ de vision. Mais Kenneth me tire par le bras se fichant éperdument de mes suppliques. Et il veut que je danse, voilà une bien mauvaise idée et...Mon regard se pose sur un soutien gorge que je trouve sur le sol. Je le ramasse avec difficulté et le tend avec confusion à une invitée qui se déhanche en face de moi. « Vous avez perdu... » Le regard qu’elle m’adresse est on ne peut plus clair et je secoue la tête. « Enfin non, vous, oubliez ça. » Je laisse tomber le vêtement sur le sol et me masse le sommet du crâne planté au milieu de la piste comme un piquet, lorsque Kenneth décide dans un élan de stupidité lui aussi, d’appeler Juliet. Mon regard se pose tragiquement sur elle, et nos yeux se croisèrent presque instantanément. Une ombre de tristesse parcoure alors mon regard déjà vitreux et je décide de baisser la tête pour ne pas avoir à la regarder, alors même que je suis incapable d’avoir une énième conversation triste avec elle. J’aime Juliet, j’aime vraiment Juliet. Alors je relève les yeux, agite mollement la main pour la saluer avant de disparaître du dancefloor évitant ainsi à Kenneth de me faire faire des choses que je pourrais regretter le lendemain.

J’essaye de m’éclipser rapidement et manque de faire tomber le plateau d’un serveur embauché pour la soirée. « Je suis vraiment désolé. » Je passe une main dans mes cheveux et m’appuie contre le mur pour reprendre ma respiration. Le calme est de courte de durée cependant puisque Juliet loin d’être idiote me retrouve sans la moindre difficulté. Alors qu’elle est là très proche, je me perd à plonger mon regard dans le sien assez désespérément. « Bonsoir Henry. » me lance t-elle alors avec urgence, comme s’il était nécessaire qu’on ait au moins cette conversation futile ce soir. « Votre déguisement est très réussi ». « Merci. » J’articule, avant de réfléchir à ma prochaine phrase ce qui ne m’empêche pas d’aller beaucoup plus loin que je ne l’aurais voulu dans l’art du compliment. « Et vous êtes absolument magnifique ce soir, pour être honnête, vous êtes...la plus jolie femme de cette soirée et, je devrais vraisemblablement rentrer avant de... » Je hoche la tête, et me saisit de la coupe de champagne de Juliet pour l’avaler. « Vous dire des choses incohérentes, à vous ou à quelqu’un d’autre d’ailleurs. » Je pose mes mains sur ses épaules pour l’éloigner de mon chemin avec tendresse mais ne m’exécute pas restant simplement en face d’elle. « Mais vous êtes radieuse, vraiment radieuse. » Je tousse un peu tandis que Juliet rayonne, posant ses mains sur les miennes. « Ou alors... Ou alors vous restez, parce que l’alcool justifie que vous oubliez de m’éviter pour la soirée, et que mon oncle et mon frère veillant sur moi d’un œil plus ou moins attentif, vous n’avez à peu près rien à craindre sur l’étendu de mes tentatives de la soirée, alors on peut profiter tranquillement de ces quelques heures de répit ensemble. Parce que croyez-moi Henry, c’est fatiguant d’être ignorée par vous quand on vous aime aussi fort que je vous aime ». Ses lèvres se posent sur mon cou et je ferme les yeux avant de brutalement réaliser que notre semblant de relation est effectivement un peu trop exposé. « Alors, deal ? » J’ouvre les yeux et mon regard se pose sur Kenneth. Paniqué j’écarte Juliet comme je peux. « Je ne vous ignore pas, et vous ne pouvez pas faire ça, pas ici en tout cas, voyons Juliet avez vous complètement perdu l’esprit ??? » Je la questionne tout en lissant ma cravate.  « Si, vous m’ignorez », réplique alors Juliet en faisant la moue. Je secoue la tête mais elle ne me laisse pas le temps de faire un geste de plus, me tirant avec elle dans un coin plus isolé. « Ici, c’est mieux ? » Ses bras s’enroulent autour de mon cou et nos regards se croisent alors. « Je ne vous manque pas ? » « Cessez dont les larmes de crocodile Juliet. » Je dépose mes lèvres rapidement sur les siennes pour la distraire et me dégage de son emprise. « Juste un, et c’est suffisant. » Je lui adresse un clin d’oeil et tente de m’éclipser mais heurte le mur de plein fouet cassant mes lunettes sur le coup.

Une fête d’halloween, qui aurait pu croire que je me retrouverais là bas après ce qui s’était passé dans ma vie. En plus de cela, il ne s’agissait pas d’une petite fête entre amie mais bien d’une grosse fête (d’anniversaire) d’une grande célébrité. Je suis appuyée contre un mur et observe les gens danser comme des malades, limite cul nu et je me demande vraiment ce que je fais ici. Il fut une époque où je serais l’une de ses filles à danser, à faire du charme, mais là, je me sens juste pas à ma place. Depuis l’attentat, j’ai été forcé de faire le bilan de ma vie, et c’était pitoyable. J’étais une salope et rien de plus. On se souviendrait de moi comme une salope et rien d’autre. Je n’avais pas d’amis et ou ils étaient faux. Les seules personnes vraies avec moi et fidèles étaient mon petit ami et mon psy. Bonjour, le bilan magique. J’ai toujours voulu changer pour devenir une femme meilleure mais je repoussais toujours tout au final. Mais après avoir failli mourir dans cet attentat, être restée plusieurs heures sous les débris à me demander si quelqu’un m’entendait, à me demander si je pourrais revoir le jour et rester en vie, j’ai eu le déclic. La vie est trop courte et je ne veux pas que l’on se souvienne de moi comme étant une salope, j’en avais marre de cela. Cette fois-ci, je prenais beaucoup plus au sérieux ma thérapie. Bien entendu, il y avait des ratés comme avec Tim qui restait une obsession, mais pour la plupart, j’essayai vraiment de faire du mieux que je pouvais. La preuve était que j’avais arrêté d’allumer mon psy. J’avais aussi arrêté mes études, erreur ou non, je savais que je devais prendre d’abord soin de moi avant tout.

Mon déguisement ? je n’avais pas vraiment fait original. Je ne prenais plus soin de moi. J’avais peur de sortir alors pourquoi prendre soin de moi ? J’avais simplement mis des vêtements que j’avais déchiré et souillé de terre, j’avais laissé mes cheveux pleins de nœud depuis plusieurs semaines et je m’étais juste ajoutée du maquillage blanc pour accentuer mon teint blafard, mais je n’avais pas eu grand chose à faire. J’étais un zombie ? un fantôme ? un je ne sais pas quoi ? je laissais l’appréciation à qui voulait. Vous devez vous demander ce que je fais dans cette soirée ? je dois dire que moi aussi… Plus sérieusement, mon petit ami tenait à me faire sortir. Il fut une époque, c’était notre soirée. J’avais finalement accepté mais il avait fini par me planter juste une fois devant cette grande baraque. Il a pas voulu me dire pourquoi, mais chose est sur, je suis toute seule dans une baraque que je connais pas avec personne que je connais. C’était la maison d’un grand acteur et il fut une époque j’aurais tout donné pour venir ici, mais maintenant, j’étais juste blasée. Aujourd’hui, j’avais plus important à faire. Je devais faire un changement en profondeur sur moi et cela ne pouvait pas se faire si je continuais à rester aussi superficielle.

Un verre à la main, je regardai les scènes qui s’offraient à moi, ayant un dégout certain en voyant cette fille que j’avais croisé chez mon psy et qui était devenue actrice comme si elle avait eu une envie de pissée. C’est alors que je la vis s’approchant … du psy… tiens, il est là lui. C’est amusant. De loin, j’observe la scène hallucinante qui s’offre à moi. Il se fout vraiment de ma gueule celui là. Sous ses grands principes, il ne respecte pas celui le plus important pour les psy. Je sens une grande déception m’envahir. Si j’avais arrêté d’envisager de le mettre dans mon lit, je croyais en sa droiture et sa sincérité. Il était devenu le pilier sur qui je me reposais pour changer. Et ce pilier venait de se transformer en tour de Pise vraiment très instable. Alors que ce dernier se prenait un mur, je m’approchai de lui. Ses lunettes sont tombées, totalement cassées. Et alors qui semble lutter pour retrouver son équilibre, je les ramasse. « Dois-je chercher un autre psy car le mien va être radié pour ne pas respecter le serment d'Hippocrate ? » lui demandais-je sèchement en lui tendant ce qui reste de ses lunettes. Même si les verres sont fendus, je suppose qu’il peut toujours me voir.

Je me masse le crâne en grimaçant. Apparemment j’ai légèrement sous estimé mon taux d’alcoolémie, et je ferais mieux par ailleurs, de trouver un peu de glace avant de cette fois sous estimer l’énorme bosse qui devrait se dessiner sur mon front après un tel coup. La vision déjà trouble, je cherche à tâtons mes lunettes, quand une voix un peu sèche vient perturber ma recherche, présentant les morceaux cassés dont je ne ferais plus grand chose maintenant. Mais le plus étonnant est encore le contenu de son discours. « Pardon ??? » Je m’exclame sans comprendre l’accusation relativement injustifiée dont... Roxanne -qu’est-ce qu’elle fait ici- Curtis m’accable en affichant un air vraiment méprisant. Je tente de connecter mes neurones entre eux, entreprise assez délicate en somme, qui me fait retracer le temps de quelques longues secondes tout ce que j’ai pu faire de mal ce soir et qui pourrait potentiellement avoir un lien évident comme étroit, avec ma profession alors que je suis en plein milieu d’une soirée à caractère tout à fait personnel si je ne m’abuse.

Et alors, que mon cerveau percute finalement, je m’exclame de nouveau théâtral. « Aaaaaaaaaaah. » Je  glisse ma main dans ma poche de veste et sort un nouvelle paire de lunettes qui faisait initialement partie de mon cosplay doctor who mais qui sont miraculeusement adaptées à ma vue, avant de sourire comme un débile assez fier de mon tour de passe-passe. « Ce sont les mêmes que Dav... » Je m’arrête conscient que ce qu’elle cherche, s’apparente davantage à une explication rationnelle concernant le baiser pourtant très rapide et discret que je viens de concéder plus que d’offrir à Juliet, et non pas l’adresse internet exacte du site ou j’ai commandé la réplique parfaite des lunettes de David Tennant. « Right. Tout d’abord, laissez moi vous dire que boire en présence de patients qui  s’invitent à la soirée d’anniversaire de votre meilleur ami à votre insu, n’est pas proscrit par le serment d’Hippocrate.  Mais je pense que vous le savez, passons donc au paragraphe deux et à la véritable raison de votre agression envers ma personne. La blonde Juliet. Je n’irais pas jusqu’à nier effrontément qu’elle ait jamais été ma patiente cela dit cela fait des mois qu’elle a changé de psychiatre, et pour la petite histoire, nous n’avons jamais... » Je secoue la tête et poursuis à une vitesse qui en impressionnerait plus d’un pour éviter la conversation assez gênantes qui pourrait malencontreusement échapper mes lèvres alcoolisées. « Enfin ce n’est pas le propos, je comprends que vous ayez désormais des doutes sur ma capacité à gérer mes relations patient-médecin, mais je répondrais à ça que tout ce qui concerne cette éblouissante jeune femme relève de ma vie personnelle. En d’autres termes, puisque nous avons établi ensemble le fait qu’elle ne soit plus ma patiente, j’ai tout à fait le droit de l’embrasser si j’en éprouve l’envie, bien que dans le cas présent il s’agisse plus d’une tentative désespérée d’évasion, mais je suis également parfaitement conscient que personne ne va avaler ça, donc venons en au troisième point. Je crois Roxanne, et pardonnez moi s’il s’agit là d’une interprétation minimaliste de votre psyché que vous n’appréciez guère le fait que je fréquente l’une de mes ex patientes avec qui vous vous êtes lamentablement donnée en spectacle il y a de ça quelques mois en faisant entre autres des paris très déplacés sur laquelle de vous deux arriverait à coucher avec moi la première. Je pense donc et probablement à raison qu’il s’agit là d’une guerre d’égo mal placé mais qui n’a aucun lien de corrélation avec ma capacité à exercer mon job selon les termes du serment que j’ai prononcé. »

Je marque une très courte pose pour prendre cette fois une voix plus douce et concernée sans évidemment lui laisser le temps de répliquer entre deux. « Éprouver une attirance pour son thérapeute est ce qu’on appelle un transfert, c’est malheureusement un processus assez récurent dans la relation patient-médecin, et le patient doit se rendre compte par lui même qu’il projette ses fantasmes et ses émotions à la place d’apprendre à les exprimer et les canaliser. C’est évidemment contre productif pour le médecin qui ne doit jamais se laisser entraîner sur cette voie. C’est pourquoi Juliet ici présente... » Je la désigne d’un signe de tête comme si elle jouait cette fois le rôle de l’assistante dans un tour de magie assez explosif et poursuis. « Qui était plus intéressée par moi que par l’idée d’une thérapie a pris la décision de me fréquenter en dehors de mes heures de travail, ce qui lui apporte beaucoup plus de satisfaction, ce après une discussion assez censée à propos de nos envies mutuelles. En quelques sorte, et je me dois d’ajouter que tous les termes de cette conversation étaient corrects, très corrects. » Je souris aimablement et sors le sonic screwdriver que ma fille Violet m’a offert l’année dernière. « Vous trouvez pas ça génial ? » Je la questionne en pointant l’objet en direction de sa tête comme un gamin de trois ans. Il se peut qu’elle me hurle dessus, qu’elle me gifle, mais dans tous les cas je l’aurais très certainement bien mérité.

Il ne fallait pas être devin pour constater que mon psy n’était pas de toute fraicheur. Il semblait ne plus savoir où il était. Mais cela n’enlevait rien à son geste. Je gardais mon visage dur alors qu’il tentait de parler de sa paire de lunette totalement ridicule. Nan mais dans quel monde il vivait. Les bras croisés, je détournai le regard en regardant mes pieds en l’écoutant parler. Je me retenais de ne pas laisser exploser mes émotions. Se rendait-il vraiment compte de ce qu’il était entrain de me dire ? Ce qu’il me disait me faisait mal. J’avais une totale foi en lui. Il était ce qui me disait que je pouvais être une femme meilleure. Il était pour moi un modèle de professionnalisme et je m’étais dit que si il le pouvait, cela voulait dire que moi je pouvais être une femme parfaite. Je l’avais idéalisé. Il avait été ma bouée de sauvetage et il venait de la dégonfler. Cependant, est-ce que j’allais être capable de nager toute seule ? Je ne sais pas. Il fallait que je me réconforte dans l’idée qu’il me restait une autre bouée et que je n’avais qu’à garder la tête hors de l’eau jusqu’à la retrouver. Mais je doutais que mon petit ami soit assez fort pour être mon seul soutien. Une béquille toute seule ne servait pas à grand chose dans mon cas. Au fur et à mesure de ses paroles, j’avais fait quelques pas en arrière, me refusant de le regarder. Je n’allais pas bien mais on pouvait croire que je ne faisais que jouer mon personnage. Et puis de toute façon, tout le monde était trop bourré pour se rendre compte de grand chose.

Une fois qu’il eut fini de parler, je restais le visage baissé. Je relevai le visage, mécontente, lorsqu’il me demanda si ce n’est pas génial. D’un geste violent, je balayai son jouet ridicule. « Vous savez beaucoup de personne me prenne pour idiote. Peut-être cela vient du fait que je n’ai fait « que » des études de comédie. Mais je ne suis pas idiote, je vous le dis. » Je m’approchai de lui. « Donc si je vous écoute. Vous vous êtes tellement rapproché d’elle qu’il est devenu impossible pour vous deux de rester dans cette situation, elle a du changer de psy par votre faute. Donc vous avez failli à votre rôle. Vous me dites vous même que cette histoire est du à un transfert qu’elle a fait sur vous et vous avez, de toute évidence, en toute conscience, accepté d’entrer dans son délire. Vous faites donc tout sauf l’aider. Vous la conforter dans sa vision factice. » Je fais une moue et applaudis. « Vous êtes prodigieux. Si vous êtes capable de faire cela à une personne en qui vous êtes attachées, je ne préfère pas imaginer ce que vous pourrez faire avec un patient lambda. » Je fis une pause. « Je me suis trompée, vous n’êtes pas la personne adéquate pour me venir en aide. » Un transfert ? J'en avais peut-être fait un oui. Pas sur le plan romantique non. Il n'avait toujours été qu'un challenge. En revanche, j'avais vu en lui la clef de ma réussite, j'avais mis en lui ma seule solution de trouver le bonheur et d'être une personne nouvelle. Je m'étais emballée et j'en payais le prix. Je constatais que je n'étais qu'une patiente lambda et je détestais cela.

Je m’éloignai de lui. Je n’avais plus le visage d’une femme en colère mais juste celui d’une femme profondément déçue qui vient de voir le léger monde qu’elle avait réussi à se reconstruire, s’effriter. J’avais peur de le voir se détruire totalement, mais j’étais décidée à ce que cela ne soit pas le cas. Je ne le laisserais pas faire cela. Je fis quelques pas pour partir et finalement je revins vers lui. « Ah oui, et je trouve cela pitoyable de me rappeler une époque que j’essaye d’oublier. Vous savez très bien que j’essaye de changer ce que je suis, que je prend à présent notre thérapie au sérieux et je trouve cela dégelasse de me renvoyer à ce que j’étais sans la moindre des diplomatie. Je vous annonce que notre collaboration est terminée. Quelqu’un d’autre m’aidera. Après tout, un échec de plus ne changera rien pour vous, en revanche, moi je ne le supporterais pas. » Mes paroles avaient fusés cependant avec colère et froideur. C’était assez inquiétant comme si j’étais à la fois hors de moi et à la fois pas moi même, totalement ailleurs et loin d’ici.Tout en le regardant, je fis non de la tête et reculais. Cette soirée était une catastrophe. Pourquoi j’étais sorti de chez moi ? Pourquoi mon fiancé m’avait-il laissé tomber ? J’étais tellement en colère en cet instant. Il fallait que je trouve un téléphone, je devais demander à mon petit ami de revenir me chercher. Je ne pouvais plus rester ici, je n'en avais plus la force.

Assez logiquement, ma patiente, ou mon ex patiente prends très mal ma trop sincère interprétation. Règle numéro un, ne jamais parler en termes techniques avec un patient, c’est ce qu’on apprend dès la première année. Les interprétations sont elles même à éviter, on doit patiemment pousser le patient au même résultat en utilisant la méthode douce. Le résultat est le même dans le fond, seulement voilà, il le prend beaucoup mieux en général quand ca sort de sa propre bouche et non de celle de son psy. Mon manque de tact est dramatique dans cette situation, et dans le fond je sais que j’ai terriblement merdé, mais pour ma défense un patient ne devrait jamais aller à la rencontre de son psy en état d’ivresse parce qu’il pourrait lui dire des choses qu’il n’est pas prêt à entendre. Évidemment dans son flot de paroles, certaines des informations sont complètement absurdes, et certains de mes propos sont même allègrement modifié et réinterprétés, mais il est bien évidemment impossible de l’arrêter avant qu’elle n’ait fini. Une partie de ce qu’elle dit me blesse évidemment, mais l’alcool, et ma remarquable proportion a pouvoir moi même accepter l’interprétation d’une étudiante en théâtre sur mon propre cas aidant quelque peu, je parviens à ne prendre ce que je souhaite dans son discours décousu et dramatique. On ne peut pas me retirer que j’ai un bon esprit de synthèse et une capacité à écouter et à retenir un monologue qui s’étire pourtant en longueur. Elle s’éloigne cela dit, puis revient, tentant de me faire payer de la meilleure manière possible le choc infligé par mes derniers propos.

« Je n’ai jamais dit que vous étiez idiote. J’ai malencontreusement parlé beaucoup trop vite, déversé trop d’informations, le genre de choses qui reste initialement sur papier parce que le patient n’est pas prêt à l’entendre, vous avez raison, j’ai clairement manqué de professionnalisme. Cela dit estimez vous heureuse, vous n’avez pas payé pour ça, parce que comme je me tue à vous le dire votre psychiatre a également une vie personnelle, envie de de boire, d’embrasser cette fille, de tomber amoureux, de danser la macarena, de détester son job, et de ne pas être capable de trouver les mots adéquats avec un taux d’alcoolémie aussi élevé dans son système sanguin. La bonne nouvelle, c’est que je suis humain comme vous, la mauvaise c’est que votre raisonnement est complètement faux, je me dois de le soulever. Je n’ai rien raté avec Juliet. Juliet est venue me consulter non pas parce qu’elle cherchait un psy, mais parce qu’elle a toujours voulu être avec moi. Partant de ce fait, il ne s’agissait pas d’un transfert mais d’un coup de foudre. Enfin, quelque chose comme ça, et je lui ai juste donné ce qu’elle était venue chercher, non sans difficultés c’est vrai, et pas complètement c’est sans doute vrai aussi, mais encore une fois je ne suis pas là pour discuter de ma vie amoureuse, ça ne vous intéresse pas le moins du monde, enfin en théorie. » Je marque une légère pause, avant de reprendre loin d’en avoir terminé.

« On ne change pas le passé Roxanne, et on ne l’oublie pas non plus, c’est quelques chose que vous devez accepter. Que vous le vouliez ou non, ces comportements font partie de votre passé et de vous, le fait que vous n’ayez pas agi de façon correcte ce jour là, ne fait pas de vous une mauvaise personne, mais vous ne pouvez pas prétendre que cette Roxanne est derrière vous et n’existe plus, si vous n’êtes pas capable d’assumer ce qu’elle a pu faire. Le plus important ce n’est pas de changer ce qu’on est à tout prix, c’est de s’accepter avec ce qu’il y a de meilleur et de moins bon en soi. Vous choisirez le psychiatre qui vous conviendra, c’est à votre seule appréciation, mais je ne pense pas que vous puissiez exiger de moi que je vous offre une consultation lors d’une soirée arrosée dans l’état ou je suis donc vous devrez vous contenter de l’humain qui vous fait face avec ses propres problèmes si vous désirez vous lancer dans une longue conversation existentielle. Juste ne vous sentez pas trahie parce que j’embrasse ma petite amie, ou alors posez vous la question de savoir pourquoi ca vous dérange autant ou même pourquoi vous la détestez tant que ça alors que je la trouve brillante et touchante. » Je prends une inspiration. « Pour clore cette conversation, je serais d’avis que vous profitiez de l’hospitalité de Kenneth et que vous vous serviez un verre comme tout le monde, histoire d’oublier ce que je vous ai dit, si vous cherchiez à discuter avec le Dr Howard que j’ai malencontreusement laissé à Hampstead ce soir pour passer trois minuscules heures avec mes amis avant de devoir jongler avec mon job de père célibataire, la crise économique, mes propres sentiments, et les mauvais programmes télévisuels et mes problèmes de connexion internet. Et pour l’amour du ciel ce n’est pas ma faute si j’aime les blondes. » Je lâche avant de récupérer un verre que j’avale pour oublier qu’il faut toujours à toute heure de la journée qu’on exige de moi, la perfection, pas le moindre faux pas. C’est assez triste en fait, même en quittant la maison je suis toujours face au même problème. Je jette un coup d’oeil à Juliet, lui souris et embrasse sa tempe avant de soupirer.

Wouhou, tout ça va un peu trop vite pour mon cerveau. Henry qui se mange le mur, et cette furie de Roxanne Curtis qui débarque pour discuter d'un certain Hippocrate qu'Henry aurait violé. Je fronce le nez, décide que le rôle de blondie bourrée me va très bien et l'écoute asséner son poison en penchant un peu la tête. Je crois que cette fille est jalouse de moi, et je ne peux pas vraiment m'empêcher de sourire fièrement à cette idée. On aura beau dire ce qu'on voudra, parmi tous les gens qui veulent désespérément Henry Howard sur cette planète, je suis quand même celle qui s'en sort le mieux - et pourtant ce n'est pas facile tous les jours. Je ris un peu, et puis tourne la tête vers Henry qui décidément parle lui aussi beaucoup, l'alcool n'aidant sans doute pas. Je me mords la lèvre en écoutant ses premières répliques qui tournent bien entendu autour de moi puisque je semble être le principal problème de la pauvre Curtis - d'ailleurs je me demande franchement ce qu'elle vient foutre ici, est-ce que Kenneth la connait ?

Pfiou, voilà qu'elle ne s'arrête plus d'affirmer qu'il a violé ce fichu Hippocrate. J'attrape un verre et laisse mon regard errer dans la salle bondée de monde, de gens que je connais plus ou moins. Alec me fait un signe au loin et j'envisage un instant de le rejoindre, interrompue dans mon entreprise par la voix d'Henry qui réplique de nouveau. Est-ce qu'il vient de dire qu'il avait envie de passer la soirée à m'embrasser tranquillement ? J'hausse un sourcil curieux, me rapprochant imperceptiblement de l'arène pour profiter plus amplement des vapeurs d'alcool qui délient la langue de l'homme de ma vie, prudente d'abord, puis complètement ouvertement, fascinée.

Par un étrange processus de transformation que mon cerveau bourré ne s'explique pas, je crois qu'Henry Howard est en train d'expliquer à Roxanne Curtis qu'il m'aime. Je m'apprête à soulever la question à voix haute quand il m'arrête nette dans ma tentative avortée. J’embrasse ma petite amie. Je le fixe, les yeux écarquillés, tandis que lui continue comme si de rien était. Je me mords la lèvre, sa voix faisant écho à l'intérieur de ma tête. Petite-amie. Je suis sa petite-amie. Je suis la petite-amie d'Henry, sa petite-amie qu'il a envie d'embrasser, et qu'il embrasse, d'ailleurs, puisqu'il en a envie. Mes yeux se déposent un instant sur Roxanne et revienne vers Henry qui semble reprendre son souffle après sa tirade passionnée. Il attrape un verre qu'il boit, et s'approche de moi pour embrasser ma tempe. Ah, ça, non. Les petites-amies méritent mieux que des bisous sur la tempe. Je fronce le nez et l'attire contre moi, glissant mes bras autour de son cou, mes doigts glissant dans ses si célèbres cheveux. Je lui offre un sourire radieux, et me hisse sur la pointe des pieds pour embrasser ses lèvres, ne lui laissant pas le temps de s'en tirer comme ça. J'approfondis le baiser, pressant mon corps contre le sien tandis que mes lèvres explorent les siennes avec envie, mais avec amour et tendresse aussi.

Lorsque je me détache finalement, mon sourire n'a pas quitté mes lèvres. « Dites, Henry, vous ne l’avez quand même pas violé, cet Hippocrate ? », je murmure avant d'éclater de rire, lui volant un nouveau baiser, plus léger celui-là.

Je continuai à l’écouter tout en sentant un nouveau vent de colère me parcourir. Pourquoi je n’avais pas été assez rapide. J’étais refermée comme une coquille, attendant simplement qu’il se taise. J’avais bien compris qu’il était alcoolisé et qu’il essayait de se rattraper, ou de se montrer honnête… enfin, je ne sais pas vraiment ce qu’il était entrain de faire, mais une chose est sûre, pour moi, il ne faisait qu’empirer la situation. Les bras croisés, mon poids porté sur la hanche droite, je levais les yeux aux ciels. « Par moment vous devriez apprendre à arrêter de parler docteur. » Mais de toute façon, il ne m’écoutait déjà plus se bécotant avec sa dite petite amie.

Profitant de cela pour mettre un terme à cette conversation qui ne terminerait de toute façon pas bien, je retournai à l’intérieur et trouvais un type téléphonant. Je lui pris le téléphone, le poussant pour qu’il tombe. Je n’avais pas eu à faire un grand effort. J’étais en colère, je n’avais pas envie d’être gentille ni mignonne. Comme venait de le dire mon psy, jamais je ne changerai, je devais apprendre à vivre avec. Je serais à jamais cette fille méchante et je devais apprendre à vivre avec, c’était mon intention… du moins pour ce soir. De toute façon, tout le monde était trop bourré pour avoir un jour le moindre souvenir de cette soirée… sauf moi qui ne l’était pas… bourré. Mettant le portable à mon oreille, je m’apprêtai à raccrocher lorsque je vis qu’en faite, le mec ne téléphonait pas ou du moins, il croyait le faire mais n’avait rien activé. Composant le téléphone de mon petit ami, j’attendais qu’il réponde mais je tombai sur la messagerie. « Chandler ! c’est Roxanne ! C’est quoi le coup que tu viens de me faire ! Reviens me chercher, j’ai pas envie de rester ici, je me sens super mal, s’il te plait, reviens me chercher et ramène moi à la maison. » Je laissais ma voix partir vers de l’émotion avant de raccrocher et ravaler un sanglot. Oui, j'étais comme une petite fille de cinq ans perdu dans un grand supermarché. J’allais devoir tenir encore un moment avant de voir Chandler venir me rejoindre. Une idée de m’enfermer dans les toilettes me vint à l’esprit.

Parcourant la maison, je pris mon second verre de la soirée mais qui était plus corsée car ressemblait à de la vodka. Buvant une longue gorgée, je trouvais enfin des toilettes. L’idéal serait que j’aille tout de même saluer Kenneth, le gros client de Chandler mais je n’en avais pas la force, pas ce soir. J’aurais de nombreuses autres occasions de le voir et de faire plus connaissance avec lui. Trouvant enfin des toilettes, j’ouvrais. Les nombreux fêtards n’avaient pas rendu l’endroit bien propre. Fermant à clef, je remarquai qu’il n’y avait pas de fenêtre, pas bien grave, je sortirai pas de si tôt. Posant mon verre sur l’évier, je commençai à nettoyer frénétiquement les lieux à coup de papier toilette mouillé, savon liquide et chasse d’eau. Nettoyer, j’avais toujours trouvé ce moyen excellent pour se changer les idées. C'était aussi un excellent moyen de ne plus penser.

Je traine sur facebook, en me remémorant la dernière conversation que j’ai eue avec Henry sur ce site. Tout ça parce que je ne fais pas comme ces jeunes qui restent scotchés à leurs murs alors qu’il ne se passe absolument rien. Il ferait mieux d’écouter mes cours ça leur servira plus que de savoir que leur ex ou leur meilleure amie préfère s’amuser avec un prof légèrement sado-maso. Bon certes, cette histoire pourrait être assez exceptionnelle, surtout en salle des profs, mais ça ne leur servira jamais lors d’un concours pour accéder au métier qu’ils convoitent. Je fais défiler des photos, ignorant la sonnette et les enfants qui attendent impatiemment que quelqu’un vienne leur ouvrir pour avoir des bonbons. Je finis par me lever pour aller me chercher un énième verre de scotch qu’on m’a tant reprocher lors de conversations sérieuses et autres disputes avec des amis, mes ex-maris et même Henry. Je soupire et savoure mon verre. On m’a souvent traitée d’alcoolique pourtant j’estime que savourant mon verre parce que je prends toujours les meilleures bouteilles de whisky, ça n’est pas possible. Me comparer à un clochard ou quelqu’un qui boit juste pour boire, se bourrer la gueule et oublier sa vie est complètement absurde. Même si ça m’arrive aussi. Je me nommerai plutôt comme une amatrice de bonnes bouteilles. Heureusement que Bart me comprend et n’est pas du genre à s’insurger en me voyant boire. Je soupire une nouvelle fois et tombe sur une photo postée par Aileen. On dirait une soirée déguisée puis mon cerveau fait tilt. Ça doit être une fête pour Halloween. Je fronce les sourcils, reconnaissant Juliet dans un coin de la photo. Je me penche vers mon écran d’ordinateur, reconnaissant Henry et bien d’autres visages connus. Je passe à la photo suivante, voulant vérifier si cette soirée date ou si elle a lieu actuellement. « Oh putain ! » Ma main serre la souris quand je vois que TOUS mes amis et mon frère s’amusent chez mon ex-mari. J’appuie sur la souris, passant aux photos suivantes. Cependant, j’ai plutôt affaire à des photos de ma fille que j’aurai préféré ne pas voir. Je retourne à la photo d’origine, essayant de deviner qui d’autre pourrait être à cette soirée. Je jure une nouvelle fois et reprends un verre de whisky. Je n’arrive pas à croire que tout le monde est invité sauf moi. Je n’arrive pas à croire qu’Henry a osé y aller. Il me reproche de m’être mariée sans avoir songé aux conséquences de mon acte alors qu’il embrasse à pleine bouche Juliet et que la photo est partout sur facebook. J’attrape mon téléphone et compose le numéro de mon frère. Je vide mon verre d’un trait et finis par tomber sur le répondeur d’Henry. Je raccroche brutalement, préférant lui faire l’honneur de lui hurler dessus face à face. Je fixe la photo pendant encore de longues minutes avant de prendre une décision que certains qualifieraient d’absurde. Je laisse un message à Bart, lui disant que je viens le chercher dans dix minutes parce que j’ai besoin de lui. Je prends cinq minutes pour me changer et fonce à ma voiture, direction le casino pour prendre Bart puis direction Londres, pour faire une petite visite surprise à mon ex-mari. Après tout c’est son anniversaire.

Je fonce à travers les rues de notre chère capitale, remerciant pour la dixième fois Bart de m’accompagner. Je lui explique une nouvelle fois pourquoi je suis aussi énervée et pourquoi il est aussi vital que j’aille faire une apparition à la petite sauterie familiale où tout le monde est invité sauf moi. « Tu comprends, Kenneth me reproche d’avoir mal éduqué notre fille, d’être responsable de son comportement mais ce que je vois, moi, aujourd’hui, c’est qu’il organise une fête avec sex, drogue et rock’n’roll en présence de NOTRE fille. » Je soupire à deux doigts de me mettre à l’insulter. Mais je préfère garder ça pour quand il sera face à moi. J’accélère une fois dans la rue de Kenneth et me gare à l’arrache, derrière une voiture beaucoup trop tape-à-l’œil. J’attrape mon sac et me dirige vers la maison d’un pas décidé, Bart sur mes talons. J’entre, sans prendre la peine de sonner. La musique est de toute façon beaucoup trop forte pour que quelqu’un entende et vienne m’ouvrir. Je m’avance vers le salon, transformé pour la soirée en dancefloor. Je croise le regard de quelques amis qui détournent bien vite les leurs en me voyant. Ils ont bien raison de se faire petit. Clara me fait de grands signes tout en hurlant qu’elle adore mon déguisement. J’hausse un sourcil. Elle est déjà bien alcoolisée puisque je ne suis pas déguisée. Je m’éclaircis la gorge et repère la sono. Je fonce vers elle, mettant un terme à la musique. De nombreuses exclamations se font entendre et Kenneth apparait comme par magie, rassurant ses invités avec quelques gestes sur l’absence de musique. Je croise les bras sur ma poitrine, prête à exploser. Cependant, je décide de commencer doucement. « Bonsoir, Ken ! Alors comme ça on organise une petite soirée pour son anniversaire ? » J’attrape une coupe sur le plateau d’une serveuse. Je la lève en sa direction. « Joyeux anniversaire alors ! » Je la vide d’un trait. « J’espère que tu ne m’en veux pas, je me suis permise de venir avec mon mari te souhaiter tout le bonheur du monde pour cette nouvelle année. D’ailleurs tu devrais faire attention, les rides commencent à se voir de plus en plus sur ton visage. » Je donne ma coupe vide à une personne derrière moi. « Je vois qu’on a invité tous nos amis et même mon frère. Ouh ouh Henry, je t’ai vu ! Je suis vraiment mais vraiment heureuse que tu profites enfin de ta jolie étudiante. Il était temps que tu t’envois en l’air. Et je trouve ça encore mieux qu’après TOUS les reproches que tu as pu me faire sur l’étalage de ma vie privée sur facebook, tu te lances enfin toi aussi là-dedans. Je suis sûre que Violet sera ra-vie de voir son père emballer la première fille un peu vulgaire qu’il trouve. » Je me tourne vers Juliet, regrettant mes dernières paroles. « Juliet, dear, pardonne mon langage, je n’ai rien contre toi. Bon que doit-on faire pour avoir à boire ? Et ne me dites pas, coucher avec le propriétaire, c’est déjà fait et ça n’a pas vraiment marché. Il a préféré aller voir ailleurs. » Je souris à la foule rassemblée devant moi, cherchant du regard Bart, qui me soutiendra, j’en suis sûre.

Mais l’intermède est de courte durée, et il ne me faut que quelques secondes pour le comprendre. Je suis interrompue dans mes rêveries et mes embrassades par l’entrée en trombe d’Amy dans la grande maison de Kenneth. Je sursaute en l’entendant hurler sur mon oncle d’abord, et tourne la tête vers Henry, un peu grimaçante. J’hésite à me détâcher de lui pour aller à sa rencontre, mais réalise bien rapidement qu’elle est accompagnée et que venir à la notre est de toute façon tout à fait dans ses plans. Je me mords la lèvre en essayant de comprendre ce qu’il se passe, mais mon esprit embrouillé m’empêche d’être fixée.

Et puis finalement, à force de secondes, c’est vers Henry que l’attention d’Amy se déporte. Je la regarde s’approcher et plisse le front quand je comprends qu’elle est en colère et bien loin finalement d’être contente de me voir. Les mots qui sortent de sa bouche ne percutent pas tout de suite, et je regarde Henry en plissant le front, détachant finalement doucement mes bras de son cou pour m’éloigner légèrement comme la décence l’impose sans doute. Je ne comprends que les mots d’Amy sont prononcés à mon encontre que lorsqu’elle se tourne vers moi pour prétendre qu’elle n’a rien de particulier contre moi, et je manque soudainement d’air, mon cœur s’arrête de battre. Je me fige devant elle comme la gamine que je suis sans doute et me mets à trembler, n’osant même pas chercher le regard d’Henry. La première fille vulgaire qui passait par là ? Je baisse les yeux vers mon déguisement et me sens soudain affreusement gênée, alors que tous les amis de Ken présents ce soir se tournent vers nous pour profiter du spectacle. Je ravale mes larmes en luttant comme je peux pour conserver un tant soit peu de dignité et dépose ma main sur l’épaule d’Henry sans lâcher Amy du regard. « Je vais vous laisser », je murmure en déglutissant. Ma gorge me serre et mon cœur me fait un mal de chien. J’essaye de me souvenir de qui je connais à cette fichue soirée, de qui est là tout de suite pour me ramener chez moi, mais je n’arrive à penser qu’aux mots d’Amy qui se répètent encore et encore à l’intérieur de mon crâne.

Je pensais pourtant qu’elle m’aimait bien, mais… Je ferme les yeux pour prendre une inspiration et embrasse la joue d’Henry sans ajouter un mot, reculant de quelques pas en me tenant le ventre pour disparaitre, sortir de la pièce principale. J’ai besoin de quitter cette maison, ma tête me tourne tandis que je repense à tout ce qu’induisait sa phrase, de la vulgarité à la partie de jambes en l’air, ce qui est tellement loin d’Henry finalement, et la remise en cause de l’affection que ne me portera peut être jamais Violet, rendant impossible toute histoire avec Henry. J’attrape mon manteau, cherchant désespérement quelqu’un à appeler pour qu’on vienne me récupérer. Je me sens mal, sale, et seule aussi, un peu comme quand j’étais étudiante à Oxford, un peu comme avant, un peu comme si notre histoire venait, aussi, de se terminer de manière définitive, et cette pensée achève de me broyer le cœur. Je marche, un peu, ou peut être longtemps, enveloppée dans mon manteau avec les souvenirs heureux et les sourires de la soirée qui affluent, et la violence d’Amy, et le reste. Je finis par trouver un banc ou je m’installe un instant, le temps de retrouver figure humaine, contenance au moins.

Je hausse un épaule après mon discours soudainement interrompu par les bras de Juliet qui m’attirent à elle pour un baiser dont je contrôle absolument pas l’intensité et qui fait battre mon cœur d’un rythme irrégulier et peu habituel. Ses mains se glissent dans mes cheveux et je reste plus de quelques instants figé avant de pouvoir réagir, pas sûr d’avoir tellement compris son histoire d’hypocrite a vrai dire. « Quel hypocrite ? » Je réplique sans comprendre ayant vraisemblablement oublié toute cette longue et laborieuse conversation sur la façon dont j’exécute mon job misérablement de manière générale. Mais alors que le sourire de Juliet s’étire sur ses lèvres et me promet déjà ce qu’il a toujours su m’offrir depuis qu’elle a fait irruption dans ma vie, ma sœur Amy fait son apparition aux côtés de son nouveau compagnon. Comme la plupart des invités je me tourne vers elle et elle ne tarde pas à exploser avec toute la violence qui a toujours fait partie de sa flamboyante personnalité. Mais cette fois, ce n’est pas seulement Kenneth qu’elle vise mais bien moi, dans un long monologue d’atrocités qui me fend le cœur, alors que mon esprit refuse d’en venir à la conclusion qu’elle pense elle aussi toutes ces choses de moi. J’ai l’impression que ses paroles me broient de l’intérieur, alors que je sens Juliet qui s’échappe lentement de notre étreinte. Mon bras tente de la retenir dans une tentative désespérée de m’accrocher à celle qu’il me reste, mais elle est déjà partie, me laissant là seul face au torrent de reproches que je n’aurais jamais cru entendre de sa bouche à elle. Amy, ma propre sœur, celle qui ne m’avait encore jamais jugé, celle qui semblait vouloir que je cesse de vivre dans la culpabilité et la solitude de ma vie sans Daisy, c’était maintenant celle qui déversait sa haine, écrasant et balayant d’une simple phrase les tentatives prudentes et fragiles essayées jusque là pour sortir la tête hors de l’eau.

J’aurais pu me taire un fois de plus, accepter qu’ils aient finalement tous raison à propos de moi, accepter d’être un psychiatre pathétique, un professeur irresponsable, et un être père pitoyable, me blâmer pour dix années de plus, mais je n’en ai plus le courage, parce que c’est injuste. Ce qui m’arrive est injuste et le fait qu’aucun d’eux ne me laisse une chance de vivre après tout ça l’est plus encore. La rage se fraye un chemin jusqu’à mon cœur alors que l’envie d’exploser me brûle de l’intérieur depuis qu’elle a commencé à parler. Les gens me regardent avec étonnement et dégoût parce qu’elle utilise les mots les plus péjoratifs au monde pour décrire des sentiments qui n’ont pourtant rien de tout ce qu’ils s’imaginent. Tout dans cette situation me rappelle finalement le jour ou j’ai quitté Oxford le cœur en miettes, au centre de rumeurs, docilement gentiment, calmement, leur donnant tous presque raison en gardant le silence et en piétinant ma dignité comme je l’ai fait. Se conduire correctement, faire les choses correctement, aimer correctement, tout ça n’a vraisemblablement aucune valeur. Peu importe finalement que vous ayez fait passer le reste du monde avant vous tout au long de votre vie, on vous reprochera toujours le jour ou vous autoriserez le moindre écart. Vouloir être une bonne personne vous condamne à être une personne malheureuse, dont on acceptera jamais la moindre erreur, parce que vous ferez toujours partie de ces personnes qui sont capable de mieux que ça. Aujourd’hui la détresse me brûle les veines comme de l’acide, et le bonheur ressenti un peu plus tôt ne fait que la rendre plus réelle. Alors que l’ai vient à me manquer, je tente de prendre une inspiration que ma colère désespérée rend presque impossible. Je ne suis pas un mauvais père et c’est quelque chose qu’elle n’a aucun droit de me reprocher. « Je ne suis pas un mauvais père. Violet est heureuse avec moi, et je te défend de prétendre le contraire, parce que s’il y a bien quelqu’un qui sait à quel point j’ai mis ma vie de côté pour elle c’est toi. Je t’interdis Amy, je t’interdis... » Je ferme les yeux et prends une inspiration pour lutter contre la souffrance que je ressens et laisse mon bras retomber le long de mon corps renonçant à la pointer si misérablement du doigt. « Tu crois que je n’ai pas assez souffert ? Elle morte, sa mère est morte à cause de moi, parce que je n’étais pas assez bon, elle ne reviendra jamais, et t’as aucune idée de ce que c’est que de vivre avec ça, de te demander tous les jours si tu arriveras un jour à cesser de t’en vouloir pour ça. Tu m’as poussé à voir les choses autrement, et j’ai vraiment été heureux récemment. Pourquoi me reprendre tout ça maintenant ? Tu veux que je sois aussi seul que tu l’es, c’est ce que tu veux pour moi ? Parce qu’il ne fallait pas me laisser y croire dans ce cas, ça fait trop mal. » Je marque une pause et essuie une larme que je refuse de verser ce soir. « Je te remercie de participer à ruiner ma carrière et ma réputation, alors que tu sais pertinemment que tout ce que tu décris est complètement absurde et très loin de moi. Je suis amoureux de Juliet, oui, je plaide coupable, pour le reste, t’es assez intelligente pour savoir qu’on en est pas là. » Je lui tourne le dos et décide de disparaître moi aussi, désespéré et seul, mais au moins maître de ce que j’ai laissé franchir la barrière de mes lèvres et qui aurait pu être bien pire.

Une fête ? UNE FÊTE ?! Mais bien sûr que Sonje allait venir, elle adorait ça les fêtes et on peut même dire qu'elle était un peu accro ... Non, elle l'était carrément ! Elle passait énormément de temps dans des soirées/boîtes de nuit/ ou autres. Elle devait participer à ce genre d'événement au moins quatre fois par semaine et si vous me dites que ça fait beaucoup je vous approuverai à cent pour cent. Je me demande si certaines elle ne devrait pas ralentir le rythme... Car en plus de passer son temps à s'amuser, il n'est de la voir finir sa soirée complètement ivre ! Ce qui était une habitude plutôt mauvaise ais-j'envie de dire, cela pouvait très grandement être mauvais pour sa santé, mais ça la jeune femme n'en avait rien à faire. Tout ce qu'elle voulait c'était de s'éclater un maximum pendant qu'elle était jeune car peut-être qu'elle ne pourrait pas le faire en étant plus vieille. Mais bon ce soir l'amusement n'était pas sa première priorité, elle avait aussi besoin d'enquêter à propos d'une certaine Roxanne pour un client qui l'avait gentiment dit qu'elle allait venir ici. Cette soirée allait donc être à moitié détente et à moitié boulot. C'est vrai qu'elle aurait pu se contenter de faire sa petite enquête mais la jeune femme ne voulait surtout pas manquer une occasion de se divertir. Quelle femme irrécupérable !

Elle repéra finalement sa proie quand celle-ci entra dans un conflit avec ce qui lui servait de psy si Sonje avait tout bien compris. Elle semblait vraiment contrariée puis déçu et ce que lui répondit son interlocuteur n'arrangea pas les choses. Elle observa la scène sans intervenir et elle attendit le moment où Roxanne partit pour la pister discrètement mais malheureusement pour elle, la brune était plutôt rapide. Sonje la perdit rapidement de vue et se retrouva donc à la chercher dans toute la maison en vain. Elle fouilla un peu partout, monta même au deuxième étage et quand elle se faisait un peu trop remarquer elle prétendait toujours être à la recherche de toilettes. Finalement, elle revint à son point de départ pour reprendre une boisson -sans alcool cette fois, elle résiste- à la banane. Elle s'adossa contre le buffet en soupirant avant d'apercevoir une femme en colère se dirigeait vers la sono. « Bonsoir, Ken ! Alors comme ça on organise une petite soirée pour son anniversaire ? » Encore une engueulade ? Et bien c'était la totale ce soir, cette soirée était vraiment très mouvementée ! Sonje observa toute la scène avant de presque s'étouffée avec son jus de fruit quand le dénommé Kenneth jeta son ex-femme dans la piscine. Elle toussa très fort avant de se diriger presque naturellement vers la piscine pour interpeller cet homme qui semblait avoir pas mal d'alcool dans le sang. « Mais ... MAIS CA VA PAS ?! » cria-t-elle avec son accent allemand qu'elle n'arrivait jamais à contrôler. Elle était encore en train de tousser et ses yeux devinrent vite rouges mais elle arriva quand même à le forcer à lui face en le tirant presque par l'épaule. « Je sais pas si vous vous rendez compte que... » Continua-t-elle tout en toussant moins violemment cette fois. « Faut pas déconner comme ça bordel ! » Termina-t-elle en tournant la tête vers la femme qui venait de se faire jeter à l'eau.

Il s'était tartiné la figure d'une peinture blanche qui n'arrivait même plus à recouvrir ses taches de rousseurs entièrement. Un zombie au teint blafard, comme tout zombie me direz vous qui s'effaçait au même rythme que le temps passait. Plus rapidement qu'il que prévu d'ailleurs. Comment il était arrivé là, et bien c'est Kenneth qui lui avait proposé de venir, lui, le gamin du parc qu'il avait prit sous son aile. Alors il profitait du buffet et des boissons à volonté, de la musique assourdissante et des invités qui, pour certains, ne lui étaient pas inconnus. Les manches de la chemise remontées jusqu'aux coudes et la cravate gryffondor à moitié pendante, le zombie n'était plus très frais, un verre à la main, circulant à la vitesse d'un véritable mort-vivant entre les invités tout aussi ralentis que lui, hurlant à qui pouvait encore lui prêter attention que c'était la fête. A deux heures du matin environ le feu d'artifice continuait dans le jardin, provoquant un vacarme masqué par le volume de la musique et les invités tous déguisés dansant, parlant, chahutant autour de la piscine. Il ne connaissait pas énormément de monde, voir quasiment personne hormis la famille de Ken, mais vu l'heure peut lui importait il connaissait tout le monde, dans sa tête. Arrivé au milieu du dancefloor il essayait (toujours) de se frayer un chemin vers le coin nourriture de l'autre coté de la piscine. Il avait la dalle, ça, ce n'était pas négociable. Sirotant entre deux groupes de danseurs  sa boisson à la couleur rouge et au fort goût de vodka, un bloody mary sûrement, il tentait de rejoindre le saint Graal, de quoi manger tout en se déhanchant au son de la musique. C'était quoi ? Il n'en avait pas non plus la moindre idée.

Il était entrain de passer sa soudaine faim sur un plateau de petit four qu'il avait trouvé sur une table dont le goût semblait délicieux vu à la vitesse qu'il les enfilait, lorsque la musique s'arrêta subitement. C'était un drama en live. Kenneth, son ex-femme et une troupe d'invité paumé qui observait la scène, dont lui, le plateau à la main il avait abandonné le bloody mary sur place, les ragots semblaient plus intéressant à ses yeux. Il eu juste le temps de voir au dessus des autres invités la chute de ce qui semblait être l'ex femme de Kenneth dans la piscine. La seule qui semblait réagir au milieu des invités scotchés était une blonde qui, quelques mètres devant lui avant manqué de s'étouffer semble-t-il. Il suivit le mouvement, s’approchant un peu plus prêt. Il radota quand l'invité à coté de lui vola sur son plateau l'un des derniers canapé surplombé d'une majestueuse crevette, n'écoutant pas vraiment ce qui se disait, apparemment pas grand choses. « Quelqu'un la repêche ? » Il avait beau ne pas être très loin de la piscine, l'idée d'aller repêcher quelqu'un de l'eau à deux heures du matin lui rappelait le facteur Titanic et n'avait pas vraiment envie de risquer de tomber, lui aussi. Espérant qu'une âme généreuse ne le fasse à sa place, il resta au même plan que les autres, sûrement plus éméché qu'il ne le pensait. « Her heart will go on and on. » Il rit à sa propre blague, il était sûrement le seul.

Apparemment, son geste avait créée l'évènement. Tous les invités le regardaient avec des yeux médusés, étonnés de son accès de colère. Même le DJ s'était arrêté. Et le silence qui s'installait alors était si assourdissant qu'on pouvait entendre une mouche voler. Tentant tant bien que mal de reprendre une respiration normale, l'acteur passa une main dans ses cheveux en soupirant profondément. Une jeune femme avec un accent joliment germanique avait semble-t-il failli s'étouffer et le lui avait bien fait sentir, mais il l'avait à peine regarder, ignorant les remarques qu'on pourrait lui faire. Il était désolé pour elle, mais de un, il ne la connaissait pas, et même s'il aimait les gens, il n'était certainement pas d'humeur à se montrer gentleman en lui faisant des excuses. Cela faisait bien longtemps qu'il avait envie de se venger un peu de ce que lui faisait subir son ex-femme, alors l'occasion avait été trop belle. Toute cette agitation avait réveillé son fiancé qui l'avait rejoint au bord de la piscine. Voyant dans quel état d'énervement était son amant, il resta en retrait, n'osant pas intervenir dans cette histoire qui allait encore retomber sur lui. Kenneth tourna sa tête vers Cael quand il l'entendit demander si quelqu'un devait la repêcher ou non. Il mourrait d'envie d'interdire à quiconque d'aller lui porter secours. La voir se galérer dans l'eau lui procurait beaucoup de plaisir. Certes, c'était un peu cruel, mais l'acteur était réellement énervé. Juliet était partie, tout comme Henry, et l'ambiance était entièrement retombée. Il ne ressentait même plus l'effet euphorisant de l'alcool. Finalement, quelques invités se décidèrent à aider Amy à sortir de l'eau. Il ne lui jeta même pas un regard, tandis qu'il se dirigeait vers la sono et le DJ. Empruntant le micro, il prit une inspiration. "Désolé tout le monde, mais la fête est finie! Si vous voulez bien vous diriger vers la sortie de la ville, je vous en serais reconnaissant. Vous pourrez remercier ma chère ex-femme d'avoir tuer cette soirée!" Reposant le micro sous l'œil hagard des invités, il rentra dans la villa, serrant des mains aux invités qui avaient la délicatesse de le prendre au mot et de s'éclipser. Il fit un effort en offrant un sourire à ceux qui lui lançaient un timide "Joyeux anniversaire quand même" avant de partir. Après tout, ce n'était pas de leur faute. De toute façon, c'était toujours les mêmes qui gâchaient tout... Amy s'en alla, même s'il ne la vit pas partir. Elle avait peut-être trouvé une âme charitable pour la ramener chez elle.

De minutes en minutes, la villa se vidait, et l'ampleur des dégâts sur la grande maison s'offrit bientôt aux yeux de Kenneth et de Jim. Ce dernier, touché par l'émoi de son futur mari, était venu vers lui lorsque tout le monde avait quitté le navire. Le prenant dans ses bras, ils étaient restés longtemps l'un contre l'autre. Ils n'avaient pas besoin de mots.

FIN
C'était la femme de ménage qui allait être contente!