MINI-INTRIGUE : CAN I ASK YOU A QUESTION ?

A l’abri des regards et adossée contre un arbre, j’attends que les cours se terminent. J’ai l’impression d’être un de ces vieux pervers en rut qui guettent les petites filles. Je grimace, l’image est vraiment dégoûtante. Ce que je fais là ? Je l’avoue volontiers, cette idée est loin d’être la meilleure que j’ai eue, mais je n’avais pas le choix. En quelques mots : j’attends Violet Howard. Pourquoi ? Mais parce que j’ai cruellement besoin de mon scoop, évidemment ! Cette histoire entre son père et la jeune Russel m’obsède à un point tel que j’ai fini par en perdre le sommeil ! C’est pour vous dire comme mon métier me passionne… Si je suis intrusive ? Malhonnête ? Casse-pied ? Sans gêne ? Oui, et alors ? Vous êtes parfaits peut-être ? De toute manière je m’en moque, je ne cherche pas à être aimée, ni même acclamée, tout ce que je veux c’est être reconnue et distraire les gens. Car ces petits citoyens pourront dire ce qu’ils voudront, je sais pertinemment qu’ils regardent mon émission et adorent que je m’immisce dans la vie de leurs célébrités favorites. Ils sont curieux, mais ça n’a rien de choquant, car c’est le propre de l’être humain ! Quoi qu’il en soit, ma petite discussion avec le psychiatre ne m’a rien appris de nouveau, raison pour laquelle j’ai dû me résoudre à aller aborder sa fille. Si j’avais eu le choix, croyez-moi, je l’aurais laissé en dehors de tout ça –mais les messages sur mon site internet se multiplient, mes fans souhaitent que je fasse éclater la vérité et j’ai bien l’intention de répondre à leurs attentes.

La cloche du lycée sonne enfin et déjà les premiers étudiants se précipitent à l’extérieur de l’établissement. Mes lunettes noires vissées sur le nez et parée de mon imperméable à la Castiel , j’avance d’un pas décidé vers la grille du lycée. C’est fou, quand j’y pense, qu’une gamine de l’âge d’Howard fréquente déjà les bancs du lycée. Elle doit avoir quoi ? 12 ? 13 ans ? C’est incroyable ! Elle m’impressionnerait presque. Enfin, j’ai bien dit presque, car personne, hormis peut-être ma future descendance, n’égalera jamais ma ruse et mon talent !

« Bonjour ! Violet c’est ça ? » La blondinette me fixe avec incrédulité. « Nancy Davis ! » Je lui tends une main qu’elle ne saisit pas ! Cette petite est presque aussi charmante que son paternel ! Je suis mal barrée ! « Tu aurais quelques minutes à m’accorder ? »