stop calling me w/ raphaelle

Je quitte ma classe, exténué. Ce n’est pas facile tous les jours de faire face à des enfants, parfois trop surexcités, parfois amorphes  et non intéressés par ce qu’on essaie de leur faire apprendre. Je dépose les chefs d’œuvres de mes élèves sur la banquette arrière. Acheter cette voiture, même si ce n’est pas le modèle dernier cri, a été la meilleure idée de l’année. Je ne me vois pas rentrer en bus avec tout ça, tous les soirs. Je m’installe derrière le volant et prends la direction du riverside, pour faire une rencontre étonnante mais nécessaire. Je trouve une place facilement et entre dans l’établissement pour réserver une table en attendant mon invitée. J’observe le menu, hésitant à l’échanger contre le livre qui pèse une tonne dans mon sac. Je n’aime pas connaitre le menu par cœur et regarder la personne d’en face le parcourir. J’ai toujours l’impression d’être impatient ou agacé par la personne qui prend son temps. Je finis par reposer le menu et observe les gens qui entrent. N’ayant entendu que sa voix, j’avais précisé que je porterais une chemise rouge à carreaux et une cravate noire ce jour-là. Tout à coup, je me mets à paniquer. Et si par hasard, quelqu’un d’autre porte cette tenue aujourd’hui ? Je fais le tour de la salle et soupire de soulagement en constatant que je suis le seul ce soir. Bien, ça évitera d’autres malentendus. Je remarque une jeune fille qui entre et qui a l’air de chercher quelqu’un. Je la fixe, hésitant à lever la main. C’est le problème quand tu dois rencontrer quelqu’un mais que tu ne la connais absolument pas.

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Elle n'y comprenait vraiment rien, tout ce dont elle était sûre c'était qu'ils n'arrivaient pas à se comprendre. La faute de son niveau d'anglais et peut-être aussi de l'accent prononcé de son interlocuteur, ou de son débit... Quoiqu'il en soit il lui avait proposé de se rencontrer. Raphaëlle avait accepté, peut-être un peu vite étant donné qu'elle ne savait pas du tout à qui elle avait à faire et qu'elle allait devoir se rendre dans une ville totalement inconnue. Probablement qu'elle aurait pu être un peu plus prudente, penser un peu plus à tous ces accidents qui arrivent, mais pas cette fois en tous cas. Ce n'était qu'une fois dans le train qu'elle se rendit compte qu'elle avait peut-être un peu réagis sans réfléchir. Enfin, maintenant qu'elle avait pris son billet c'était trop tard, et puis autant aller jusqu'au bout. Elle se prit également à se persuader mentalement que le voyage valait tout de même la peine car elle pourrait en profiter pour visiter Cambridge. Elle tourna un petit moment avant de trouver l'adresse qu'on lui avait indiqué. Une fois dans le café, elle plissa ses yeux pour tenter de deviner qui pouvait l'attendre. Elle s'était souvenue de son indication, comme quoi il porterait une chemise rouge et une cravate noire, mais elle ne voyait personne correspondre à cette description. Elle se prit à imaginer que son anglais lui avait une fois de plus fait défaut et qu'elle n'avait pas bien compris comme il serait habillé. Jusqu'à ce que, jusqu'à ce qu'un individu précédemment dissimulé derrière la carte du restaurant ne se révèle porter les vêtements indiqués. Raphaëlle eu tout d'un coup dans gros excès de timidité, mais les choses étaient d'ores et déjà trop tard, il avait lever les yeux sur elle. Rien ne permettait d'être sûr qu'il l'avait reconnu, mais rien ne permettait de parier le contraire non plus. Si c'était bel et bien lui alors il était beaucoup plus jeune qu'elle ne l'avait imaginé au son de sa voix. La française passa un coup de main nerveux sur ses vêtements avant de s'avancer jusqu'à sa table. "Je suppose que je dois être la personne que vous attendez." Elle marqua une pause et puis lui présenta sa main. "Raphaëlle Tellier, l'appartement sur Oxford."

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