how to get away with murdering that prick w/ aisling

C'est furieuse que Gaby quitta le théâtre, si bouleversée que ses mains en tremblaient. Elle manqua d'en lâcher son casque en l'enfilant tant le tremblement était violent. Quel sale petit con. Jesse Andrews était officiellement le pire enfoiré qu'elle ait jamais rencontré. Jusqu'à présent, il s'était contenté de lui servir disquette sur disquette, frôlant parfois l'homophobie, toujours dans un machisme des plus détestables, sans jamais se départir de son affreux sourire. Ugh. Et dire que Casey était ami avec ce type-là. Mais elle avait supporté jusqu'à présent, parce qu'elle n'avait pas le choix et qu'au fond, il n'était pas si méchant. Détestable oui, mais pas méchant. Un chien qui aboie mais ne mord pas. Et, vraiment, il n'avait rien fait de plus, n'avait rien dit de très original aujourd'hui. Si elle avait été capable de réfléchir rationnellement, Gaby s'en serait aperçue. Seulement elle ne réfléchissait plus depuis qu'il avait eu l'audace de commenter sa relation avec Cara. Cara qui était de retour à Londres, Cara qui était passée au théâtre, Cara qui s'était comportée comme si elle n'avait pas soudainement décidée d'aller poser ses valises en Californie sans lui demander son avis. Bien sûr que Jesse avait eu son mot à dire là-dessus. Evidemment. Le sale petit abruti.

(C'était la faute de Cara, bien sûr que c'était la faute de Cara mais Gaby n'avait jamais été capable de la blâmer pour quoi que ce soit, ni avant ni maintenant).

Furibonde, elle gagna le métro avec la ferme intention d'abattre la première personne qui la regarderait de travers. Gaby n'était pourtant pas quelqu'un d'agressif. Elle respirait la joie de vivre à peu près vingt-quatre heures sur vingt-quatre, pensait qu'il valait mieux prendre les bonnes choses comme les mauvaises avec le sourire et s'employait à mettre de bonne humeur ses proches lorsque ça n'allait pas. Elle n'était pas encline à céder à la colère. Mais cette réflexion était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase.

Elle aurait pu aller chez Casey. Enfin, non, Casey et le bellâtre qui servait de doublure de pacotille étaient copains comme cochons. Elle aurait pu rentrer chez elle et geindre jusqu'à ce que Sage tente de lui remonter le moral ou lui propose d'appeler Charles pour une soirée musicals improvisée. Elle aurait pu, oui. Mais devant l'appartement d'Aisling qu'elle atterrit, l’œil noir et les joues rouges d'avoir grimpé en vitesse les escaliers. Téléphone en main, elle écrivit rapidement un texto à sa colocataire pour la prévenir qu'elle rentrerait tard et frappa.  « Désolée de débarquer à l'improviste, lâcha-t-elle lorsque la porte s'ouvrit, j'espère que je ne te dérange pas mais, euh, j'étais à deux doigts de commettre un meurtre et j'ai pensé que tu étais la personne idéale pour m'en empêcher. Ou m'aider à cacher le corps » En plaisanter était un peu apaisant. Un peu, keyword. Aisling ferait le reste. C'était à Casey que Gaby devait de l'avoir rencontrée, même si son meilleur ami aurait certainement préféré oublier la jolie brune. Il avait d'excellents goûts en matière de femme, il fallait le reconnaître, mais il avait un sérieux problème lorsqu'il s'agissait de choisir ses amis. Fort heureusement pour elle, Gaby avait toujours eu de la chance de ce côté-là. Elle était d'ailleurs persuadée que c'était la chance et non le charme de Casey qui avait mis Aisling sur sa route.   

Naturellement, Aisling passait toutes ses journées de pauses au théâtre. Lorsqu’elle n’était pas sur le plateau des Maraudeurs, elle préparait la futur pièce de la troupe. Elle avait un rôle tout à fait mineur du fait de son implication à mi-temps, mais s’en satisfaisait très bien, et passait beaucoup de temps à s’occuper des décors. Sinon, elle se contentait de traîner dans le théâtre et de s’occuper de la bonne humeur. En réalité on avait pas spécifiquement besoin de ça pour ça, le théâtre en dehors de son odeur distincte de poussière et de vieux sentait l’atmosphère chaleureuse des bons copains. Mais elle était toujours extrêmement contente de passer du temps avec eux. C’était toujours bizarre, après avoir passé des années à se voir tous les jours, de ne plus se voir que quelques jours par semaines. Pendant des années ils avaient été sa famille, les seuls gens qu’elle voyait en dehors de ses petits boulots minables. Ils étaient tout pour elle, ses meilleurs amis, ses frères, ses soeurs qu’elle n’avait pas eu. Aujourd’hui tout ceci avait un peu changé. Ou alors ils s’étaient d’avantage rapprocher de frères et soeurs, ils avaient grandis, ils se voyaient moins. Aisling s’était fait d’autre très bon pote, et sortait beaucoup - peut être trop. Et là ou à l’époque le théâtre était son grain de folie, sa machine qui marche à cent à l’heure mais qui lui fait du bien et la motive, c’était devenu sa maison, et c’était terriblement confortable d’être de retour chez sois. Elle avait donc passé la journée avec eux, et avait fait les petites mains sur les décors tout en répétant la petite dizaine de phrase qu’elle avait à glisser, ça et là.

Elle rentra la soir heureuse - de toute façon honnêtement, il était rare de voir Aisling malheureuse - et fatigué - bon, ça durerait peut être une demi-heure, après les batteries seraient à nouveau rechargée. Elle s’étala sur son lit - de toute façon son appartement ne comportait pas grand chose d’autre qu’un lit, une kitchenette et une multitude de plante et d’étagère qui meublait le tout, ainsi qu’un fauteuil. Trente minutes de farniente dans la jungle tropicale O’Leary au milieu de Greenwich devrait suffire à la remettre sur pied. Cependant, quinze minutes plus tard, plus ou moins, Aisling étant le genre de fille à vivre sans montre - et donc à être toujours en retard - on frappa à la porte. Aisling était toujours étonné d’entendre quelqu’un frappé à sa porte. Ce n’était pas que personne ne savait ou elle habitait. C’était juste qu’elle était si rarement chez elle que c’était faire un beau pari que de venir la trouver chez elle. Le plus efficace pour la joindre était encore d’avoir recourt au portable… Et encore, elle répondait pas toujours. Ouai, non, Aisling était chiante à traquer. Elle s’étira lentement de son lit et combla les quelques pas pour rejoindre la porte qu’elle ouvrit pour tomber sur… Gaby. Son visage s’illumina. Elle adorait Gaby - okay, Aisling aimait vraiment beaucoup de monde - mais la blondinette avait été un véritable coup de coeur. Elle l’avait d’ailleurs rencontré dans une situation qu’elle jugeait délicate - ou les lendemains de coucherie était toujours des moments d’échec pour Aisling, et elle préférait rentrer vite fait. Mais Gaby était tellement lumineuse et parfaite qu’elle avait fait une entorse à sa walk of shame. Elle l’écouta amusé avant de la prendre confortablement dans ses bras. « Là, là, tu sens la tension qui s’en va ? » souffla-t-elle en retenant une pointe de rire. Elle se détacha d’elle, et recula de manière à la faire rentrer. « T’as besoin d’un verre ? » demanda-t-elle en faisant un regard malicieux. Oui, autre détail impressionnant c’était surement la ranger impressionnante de bouteille de whisky qu’elle pouvait avoir. « Dis moi, qui est le futur mort ? » Elle lui aurait bien demandé des banalités du genre tu vas bien, etc. Mais vu son arrivée exceptionnel, elle avait déjà au moins la moitié des réponses. « Installe toi ! Fais comme chez toi ! Tu connais la chanson ! Le lit, le fauteuil ! Là ou il y a de la place ! » Et oui, il y avait assez peu de place chez Aisling. Un jour peut être qu’elle accepterait l’offre de Sully, et qu’il se prendrait un truc à deux, plus grand.

Si à moment donné elle avait vaguement craint qu'Aisling ne soit peut-être pas la personne idéale à aller voir dans ce genre de situations, l'étreinte que lui offrit la jeune femme en la voyant effaça les quelques résidus de doute qui subsistaient. Hugs made everything better, tout le monde savait ça et Gaby était plus qu'heureux que cette fille qu'elle considérait comme une amie proche ait été élevée dans cette philosophie. Ce n'était pas donné à n'importe qui — Sage par exemple évitait à tout prix ce genre de contact physique — mais Aisling O'Leary était apparemment née sous une bonne étoile. A moins qu'elle ne soit, elle, une bonne étoile. Dans tous les cas, que les fées se soient penchées sur son berceau ou qu'elle en fut une, Gabrielle était heureuse d'être venue directement la voir en sortant du théâtre. Dieu que ça faisait du bien de se sentir un peu soutenue. « Je sens, oui, je sens » répondit-elle, volontairement dramatique. Elle se détacha de son amie avec un sourire, ravie de la voir enfin là. S'il y avait bien quelqu'un qui pouvait comprendre tout le dégoût que lui inspirait cet abruti de Jesse Andrews, c'était bien Aisling. Cette dernière ouvrit la porte de son appartement et s'effaça pour laisser passer Gaby qui n'hésita pas plus longtemps avant d'entrer. « Un verre, oui. Ou trois » répondit-elle devant la proposition fort à propos de la jolie brune. Sa résistance à l'alcool était légendaire et n'importe qui, à côté, aurait fait figure de petit joueur. Gaby, elle, était un poids plume dans la catégorie. Il lui suffirait probablement d'une bière pour se sentir un peu pompette et partir dans de grands discours révolutionnaires. « Jesse Andrews » annonça-t-elle, lugubre, lorsqu'on lui rappela l'objet de sa visite. Jesse fucking Andrews. Un type, objectivement, talentueux mais si insupportable que Gaby refusait expressément de lui reconnaître le moindre don. Hors de question de faire ne serait-ce qu'un vague compliment à ce petit con. Même si, en l'occurrence, ni sa voix ni sa détermination à la mettre dans son lit n'était vraiment la cause de sa mauvaise humeur. Oui mais elle ne parlerait pas de Cara, nope, no way. Elle se débarrassa de son châle et déposa son manteau sur le dossier du fauteuil où elle prit place, suivant les indications de son hôtesse. Il fallait reconnaître à Aisling cette grande hospitalité. Elle savait recevoir et elle savait mettre à l'aise, deux qualités qui avaient tout de suite plu à Gaby. « Ce mec est insupportable. Il n'a toujours pas compris que je serais sans doute bien plus intéressée par sa copine ou même sa mère que par lui. I mean, est-ce que c'est vraiment compliqué à comprendre ? J'ai été claire pourtant mais noooon, il continue à croire que je vais lui tomber dans les bras et no offense mais ew, nope » Le dégoût qu'il lui inspirait mentalement altérait certainement cette opinion-là mais Gaby était incapable de réfléchir rationnellement. Encore moins maintenant.

Aisling était chaleureuse. C’était quelque chose d’acquis pour tout le monde maintenant. Elle était affectueuse et attentionné. Elle aimait les câlins et écouter. Elle souriait tout le temps. Et son appartement était une minuscule caverne bienveillante. Oui, venir voir Aisling lorsqu’on allait pas parfaitement bien était surement une bonne idée. Gaby aussi était aussi - généralement - aussi lumineuse qu’elle. C’était sans doute pour cette raison que les deux filles c’étaient autant apprécié dès leur première rencontre. L’appartement avait résonné de rire et de sourire et Casey avait surement voulu aller se pendre quelque part. Quoiqu’il en soit, même si aujourd’hui Gaby n’était pas de la meilleure humeur, elle était la bienvenue pour venir râler, boire et oublier chez elle. De toute façon, à chaque fois que l’on incluait boire dans l’équation Aisling était partante. Un jour, il faudrait peut être qu’elle se fasse soigner. Mais pour le moment tout était sous contrôle. « Va pour trois. » lâcha-t-elle dans un rire. Elle se dirigea vers la mini kitchenette de son appartement. Qui n’était en réalité qu’un long plan de travail, contre un mur, juste à gauche de son entrée. Et puis de toute façon dans un vingt quatre mètre carré, elle n’avait jamais besoin d’aller bien loin. « Qu’est ce que je te serre ? Whisky ? Je dois avoir de la bière aussi ! » Mais qu’on se le dise, elle avait beaucoup de whisky et un freezer plein de glaçon. Elle lui demanda tout de même ce qui l’amenait ici, ou plutôt ce qui la mettait dans cet état. La réponse lui glaça le sang, et elle se retourna vers son ami légèrement interloqué. Elle n’avait pas entendu ce nom depuis… six ans. Elle maudissait ce nom. Et oui c’était un enfoiré. Enfin non, avec le temps, elle s’en foutait un peu, c’était du passé, et elle était largement retombée sur ses pattes. Mais tout de même. Le mec était un con. Et même si aujourd’hui tout allait bien, elle ne revenait toujours pas de ce qu’il avait osé faire. Ce n’était pas son genre de chercher la vengeance. Mais Gaby avait l’air d’avoir une dent contre lui aussi, et était-ce chercher la vengeance pour elle même si en réalité elle le faisait pour Gaby ? Elle ricana légèrement jaune en écoutant son amie. Oui, ça ressemblait bien à Jesse Andrews. Le truc c’est que maintenant elle se sentait sale et mal à l’aise de lui avoir cédé il y a six ans. Mais c’est qu’il avait l’air sympa le con, et puis ils s’amusaient bien ensemble. Ils étaient dans la galère. Elle avait juste cru qu’ils s’étaient bien trouvé. Mon oeil. Peut importe ce que Gaby voudrait boire, elle, elle irait au whisky. Pour faire ressortir ses vieux squelettes du placard, il lui fallait au moins ça. « Et euh… Tu le connais d’ou Jesse ? » demanda-t-elle pour se remettre les pendules à l’heure ? En même temps, elle n’avait aucune espèce d’idée de ce qu’il était devenu. Elle ne voulait pas le savoir, et n’avait pas pris la peine de le chercher. Moins elle le voyait, mieux elle se portait. Elle savait que sinon, toutes ses valeurs pacifiste risquaient de s’envoler, et elle lui en collerait une. « Et tu devrais peut être sortir avec sa mère pour lui montrer… » souffla-t-elle dans un sourire stupide. Bon. Ok. Mauvais idée. Si ça se trouve, pour avoir fait un fils pareil, sa mère était aussi une garce. « Et peut être que je vois de qui tu parles… » Peut être rien du tout. Elle voyait exactement. « Mais c’est une histoire aussi vieille que sordide. Oublions ! Tu veux un plan d’extermination ? » Ouai, c’était mieux que de raconter son histoire à elle.