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 Take it all + Roah

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MessageSujet: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeVen 12 Juin - 11:50

Raphael fixait le plafond de sa salle de musique depuis l’aube. Il s’était réveillé avec un poids dans le ventre, une impossibilité à respirer. Ce n’était rien, ça lui arrivait régulièrement. Il était souvent pris d’angoisse, son coeur se serrait, sa trachée se bloquait, il suffoquait, se réveillait en panique. Il fixait le plafond et, éventuellement, il parvenait à ce calmer. Il retrouvait rarement le sommeil après ce genre d’épisode. Il restait là, à fixer désespérément le plafond comme s’il pouvait lui apporter une sorte de réconfort. Il essayait de faire le vide, ou plutôt, il essayait de ranger, méticuleusement tout ce qui arrivait dans sa tête. Faire le tri le calmait, un peu. Il concentrait son esprit sur la plus insignifiante des pensées, et il arrivait, pendant un moment, à oublier le sentiment de panique qui lui saignait la gorge. Il parvenait à oublier Charles baignant dans son propre sang. Il éludait la pensée de Noah, confus, perdu, et abattu quand il avait rompu avec lui. Il n’oubliait jamais qu’il devait voir Noah chaque jour, et faire comme si de rien était.

Comme. si. de. rien. était.

Qu’est ce que cela pouvait signifier ? Comme s’ils n’avaient jamais été amoureux ? Comme s’ils n’avaient jamais couché ensemble ? Comme s’ils ne s’étaient pas promis l’éternité ? Comme s’il ne s’était jamais rencontré ? Mais ils s’étaient rencontré. Tout le monde le savait. Ils avaient été bon ensemble. Ils avaient partagé une complicité lors des répétitions. Tout le monde le savait - ou presque - Raphael travaillait bien, très bien, mais il travaillait encore mieux avec Noah. Et peut importe ce que les autres pensaient. Leur complicité n’avait surement existé qu’à cause de leur relation. Faire comme si de rien était, c’était oublié à quel point ils avaient pu se comprendre et s’apprécier. C’était recommencer à zéro. Pouvaient-ils seulement s’entendre ? Pouvaient-ils être de simple collègue lorsqu’ils n’étaient jamais passé par la case ami ? C’était ce que Noah voulait. C’était ce que Raphael devait faire. Il devait pouvoir le regarder, normalement, sans trop s’arrêter, sans faire peser son regard sur lui . Il devait pouvoir s’approcher, le diriger, comme s’il ne voulait pas être à des kilomètres de lui, comme s’il ne souhaitait pas être au creux de ses bras. Il devait tourner la page, ou faire semblant en tout cas.

Et il l’avait fait. Du mieux qu’il pouvait. Il s’était efforcé de ne pas penser en sa présence, de ne pas se souvenir. Il rangeait ses idées insignifiantes, il se concentrait sur ses détails, il évitait de s’écouter respirer, de faire attention aux battements de son coeur. Il s’en était sorti. Du moins c’était ce qu’il pensait. Noah n’avait pas fuit, n’avait pas quitté la production. Il n’y avait pas eu de scène. Il avait réussit. Ils avaient réussit. Ils pouvaient travailler ensemble, sans encombre, sans scène. Tout allait aller mieux. Un jour. Eventuellement. Il pourrait cesser de regarder son plafond, des heures durant, attendant que le jour se lève, dans cet état de semi panique. Peut être pourrait-il cesser de s’en vouloir, de le vouloir. Peut être reprendraient-il leur vie, vraiment comme si de rien était. Comme s’ils n’avaient pas été heureux, comme s’ils n’avaient pas voulu que ça ne s’arrête jamais.

Il était arrivé tôt au théâtre, comme d’habitude. Il préférait arriver tôt. Il n’y avait rien pour lui à la maison le matin. Il n’y avait qu’un plafond à observer, ou une femme, ce qui était encore pire. Il revu le programme de la journée, travaillé sur ses partitions, et avait croisé l’un des directeurs du théâtre, visiblement ravi de le voir. Ils avaient parlé de la production, de comment se passait les répétitions, de si Raphael était content du casting. Ils avaient pris un café, avaient discuté avec entrain - ou presque. Jusqu’à ce que la question tombe comme un couperet « Il s’est passé quelque chose entre toi et Noah ? » Raphael s’arrêta le nez dans sa tasse, prit le temps d’avaler une gorgée pour se calmer avant de répondre, perplexe « Non. Pourquoi ? » Il irait en enfer pour ses mensonges. « Des bruits de couloir rien d’autre. Il paraît que vous étiez… Plus proche avant. » Ah oui ? Raphael serra les dents, fronça surement un peu les sourcils. Plus proche avant… Ils étaient assurément plus proche avant. Mais était-ce un problème qu’il ne le soit plus autant ? « Je… Non, monsieur, il n’y a rien de particulier avec Noah. » avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. « Mais cela pose un problème que nous ne soyons plus aussi proche ? » demanda-t-il, peut être un peu gêné. Après tout, si cela ne posait aucun problème, il n’en parlerait pas. Il n’était peut être pas un génie en matière de relation sociale, mais tout de même. Il se débrouillait mieux que ça. « Non, seulement que certain vous trouve un peu… froid l’un envers l’autre. Mais tant qu’il n’y a rien, et que vous bossez correctement, il n’y a pas de problème. » Un peu froid… Forcément avant ils devaient être d’avantage bouillant. Il n’y avait pas de point de comparaison. « Non monsieur, il n’y a rien. » et la troisième pour finir la discussion. 

De retour dans sa loge, il envoya voler toutes les partitions qu’il avait trillé un peu plus tôt. Ils avaient l’air froid. Ils avaient l’air froid. Et comment n’avaient-il plus l’air froid ? Comment faisaient-ils pour que tout revienne à la normal. Ils s’étaient aimé, peut être un peu trop, ils s’aimaient toujours - pour Raphael en tout cas - définitivement trop . Ils géraient la situation comme ils pouvaient, et ça ne concernaient personnes. Les gens ne s’étaient pas posé de question sur leur ancienne complicité, par contre, lorsqu’elle était ternie, on se demandait ou elle était passée. Reprenant légèrement son calme, il sorti en trombe de sa loge - ce que ne ferait assurément pas un homme calme - et un peu plus loin entra de celle de Noah - après avoir frappé, tout de même. Il entra, ferma la porte derrière lui, et parla, sans même faire attention à ou se trouvait Noah dans la pièce. « Noah ! Il faut qu’on parle ! Le directeur m’a… » Il s’arrêta bêtement, bouche entrouverte, le regard dans le vague, ou plutôt fixé sur un, ou des endroits très précis. Son regard avait visiblement finit par trouver Noah. Noah qui trainait dans sa loge torse nu. Raphael ne voulait pas savoir la raison. Noah n’avait jamais vraiment besoin de raison pour être à moitié nu. Raphael voulait juste pouvoir reprendre le fil de ses pensées, et ne pas laisser son regard détailler infiniment les muscles qu’il ne lui avait jamais vu. Il ferma les yeux, brutalement, pour détourner le regard. Il était idiot. Idiot. Et Noah allait avoir toutes les raisons de lui en mettre une, de partir, et d’abandonner son rôle de Javert. « Désolé, je vais revenir plus tard… Quand tu seras habillé! » Oh, il savait qu’il était puéril, et qu’il n’y avait probablement que lui que cette vue dérangeait. Et Noah en avait surement rien à foutre de discuter dans cette tenue. Ca ne lui avait jamais posé problème. Et aujourd’hui encore, ce n’était pas lui qui était comme un con, subjugué par son torse. « Et bonjour ! Mon dieu, je fais tout à l’envers ! » Et comme à chaque fois qu’il était embarrassé, il parlait trop. « J’vais y aller… et puis revenir… j’ai juste un truc à voir avec toi… rien de bien grave. » Il regardait ses pieds, la main sur la porte, près à sortir.
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeDim 28 Juin - 17:40

Ils y arrivaient.
Pour être tout à fait honnête, Noah n’aurait pas parié sur cet état de fait. Prêt à quitter le casting à l’instant de leur première confrontation, il avait eu, pendant des jours et des jours durant, l’impression d’être, quelque part, encore sur le départ. Un pied dans la production, un pied en dehors, il s’était comme préparé mentalement à l’éventualité de l’échec - et chaque heure passée à attendre le moment de la cassure lui avaient donné l’inébranlable certitude qu’elle finirait par survenir. Peut-être même qu’il l’avait espéré, au fond. Il avait donné sa parole sur un coup de colère et sous une impression de logique, cédant une nouvelle fois à cet homme, quelque part, cédant en tous cas à ses jolies promesses - mais Noah avait de l’honneur, quelque part sous les couches de dérisions, et malgré les remords avait été forcé de s’y tenir. Il avait… attendu, patiemment, comme pour pouvoir éclater d’un grand « je te l’avais dit! » à l’instant où il partirait en claquant la porte.
Mais ils y arrivaient.
Oh, ce n’était pas facile. Loin de là. Honnêtement, attendre le contraire aurait été d’une monumentale stupidité - non pas que Noah ne soit pas capable de monumentale stupidité, leur passé commun le lui avait largement prouvé. Ce n’était pas facile. Il fallait… réunir des forces monumentales pour greffer, à un jeu de chanteur, un jeu d’acteur de la vraie vie, faisant de cette édition des Misérables l’occasion des répétitions les plus épuisantes qu’il avait rencontré de sa carrière. Mais tout allait bien, quelque part. Jour après jour, il se berçait dans l’illusion que les choses se faisaient un peu plus simples - ou, à défaut de « simples », gérables. Raphael avait scrupuleusement respecté sa part du contrat, précis et méticuleux, comme toujours. Ils allaient peut-être pouvoir survivre. Quelque part, le tout était de tenir le coup jusqu’aux premiers moments de mise en scène, où la masse de l’ensemble, des décors, des chanteurs, aussi, noierait l’idée dévorante d’un « tous les deux ». Combien de temps encore? Oh. Trop longtemps. Mais Noah, à défaut d’avoir vu se rompre le pari sur lequel il avait presque compté, s’efforçait de s’accrocher à cette échéance.
Ils y arrivaient. Peut-être même qu’ils pourraient y arriver jusque là, après tout. Après toutes les douleurs et toute la solitude, il avait bien le droit d’espérer un petit miracle.

Il s’était levé tôt ce matin là. L’accident lui avait au moins donné certaines bonnes habitudes - si par « bonnes habitudes » on pouvait décemment entendre un soin encore plus pointu apporté à son corps. Ses belles routines de danseurs devenues caduques il en avait adopté d’autre, trouvant la force, presque du jour au lendemain, de se lever tôt pour poursuivre sa rééducation et la reconstruction de son propre physique par des footings acharnés et interminables. Les jours où il se tournait et se retournait dans son lit, grand chat paresseux, lui semblaient parfois à des années lumières. Maintenant il parcourait le parc de Kensington, casque aux oreilles, le soleil à peine levé, pour se laver des cauchemars et des pensées de la nuit et commencer le jour avec la certitude qu’il allait mieux, un peu mieux, au moins physiquement, et qu’avancer restait possible. Son apparence en avait changé drastiquement - bien sûr - mais, toute nouvelle, elle appartenait aussi à une nouvelle vie. L’important, c’était surtout cela. Commencer à nouveau. Evoluer.
Sasha avait levé un sourcil narquois en le voyant passer la porte en sueur, installées, les jambes croisées, au sommet d’une chaise, avec une allure si noble et si digne qu’elle en ressemblait à s’y méprendre à la Demeter couchée sur le comptoir. Comme tous les jours il avait avalé à la va-vite un café, des substances jaunes dégoulinantes sur les cheveux de Caro, était passé sous la douche, en était ressorti encore à demi-détrempé, avait enfilé les premiers vêtements qui passaient, attrapé sa montre, réalisé avec horreur que sa belle avance avait commencé à se résorber.
Ce ne fut qu’une fois arrivé dans sa loge qu’il réalisa qu’il portait un vieux t-shirt délavé, noir, estampillé d’un visage immaculé sur un rectangle pourpre et du nom « Duran Duran ». Le temps l’avait rendu un petit peu trop étroit, les couleurs un petit peu moins éclatantes, l’usure avait attaqué les bordures, quelques coutures s’étaient effilochées - mais cela ne l’empêcha en rien de le revoir, il y avait quatre années de cela, sur la silhouette d’un chef d’orchestre qui se tournait vers lui et qui lui souriait, cheveux détrempés coulant jusqu’aux épaules. Il inspira profondément. Expira. C’est d’un geste et un seul qu’il le retira, le coeur serré dans une espèce de douleur sourde mais cruelle. Ne pas penser à ça. Ne surtout pas penser à ça. Il trouverait bien quelque chose dans un recoin de ses placards - il avait forcément abandonné un truc ou deux ici, ces derniers jours. Forcément, oui. Mais pas ça. Ne pas penser à ça.
C’est avec une sorte d’impression d’ironie sordide qu’il entendit une porte s’ouvrir à la volée derrière lui et une voix trop connue s’élever. Sans prêter réelle attention à ce qui venait d’être dit il ferma les yeux, et, lentement, se tourna, pour mieux les rouvrir sur Raphael. Raphael. Bien sûr. Raphael qui le fixait, interloqué. Raphael qui… La rage montait doucement en lui, à peine l’amorce d’une vague, une pression lourde, mais une pression seulement. La bouche résolument close il l’observa s’enfoncer, se reprendre, s’efforçant de garder un air serein - ayant tout simplement l’air furieux. Raphael qui détournait les yeux comme il l’aurait fait il y avait deux ans. Avant. Mais exactement de la même manière qu’à la veille de cette histoire: avec une sorte d’envie mal retenue, mal dissimulée. Raphael qui n’avait pas le droit. Pas le droit de lui faire ça. Pas maintenant. Pas lui. Pas après tout ce qui avait bien pu se passer. Surtout pas.
Mais il avait promis. Il avait promis de faire des efforts lui aussi - alors Noah, à nouveau, inspira profondément, expira dans un long souffle. « Reste. » finit-il par dire, presque un grondement. « Et bonjour, effectivement… » - un ajout, poli à défaut d’être cordial. « J’ai pas encore de quoi… m’habiller. » enfin, hors du t-shirt qu’il tenait, roulé en boule, dans sa main - mais hors de question. « Mais c’est pas la première fois. ». Euphémisme. Raphael l’avait vu nu à une quantité invraisemblable d’occasions. Nu pour un oui ou pour un non. Bien plus nu que ça, aussi. « On aura autre chose à faire après, et Sasha m’attend (enfin - pas spécifiquement, mais elle l’attendait toujours plus ou moins). Qu’est-ce qui se passe? » finit-il par ajouter, aussi ferme et définitif que possible. Peut-être qu’une part de lui se réjouissait de cette mise à l’épreuve. Peut-être qu’une autre voulait voir comment Raphael pouvait réagir, ce qui se tramait de son côté, peut-être qu’une autre part, plus minime encore, espérait trouver réponse à ses questions après tant de temps - toujours est-il que, imperceptiblement, il se redressa, bomba le torse, regagnant toute sa taille et toute son ampleur. Oh, il aurait pu accepter l’ordre, chercher, attendre que Raphael revienne - il n’en avait pas envie. C’était probablement une sorte de masochisme, mais il voulait comprendre cette attitude que le chef d’orchestre, après quatre ans, venait d’adopter à nouveau. Oui. c’était sûrement une sorte de masochisme.
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeDim 28 Juin - 23:00

Noah était furieux. Ca se voyait. Ca se lisait sur son visage, lorsque Raphael arrivait à détourner le regard de ses épaules, de son torses pour remonter vers ce dernier. Il avait toutes les raisons de l’être. Qu’est-ce que Raphael était entrain de faire ? Il n’avait plus le droit de regarder Noah … Comme ça. Ils n’étaient plus rien. Il ne s’était rien passé. Jamais. Raphael n’avait plus aucune raison d’agir comme il le faisait. C’était malsain, et surtout extrêmement mal venu. Noah avait le droit de le foutre à la porte, de lui en coller une. Il aurait presque aimé qu’il le fasse. Au moins ça l’aurait sortit de la boucle infernal dans laquelle il se trouvait.
Tout lui était revenu en pleine figure. Il se revoyait encore fidèle et vertueux essayant vainement de repousser un Noah sublime et désirable. Il l’avait toujours voulu. Il n’avait jamais été capable de détacher son regard de lui. Il avait quelque de magnétique. Quelque chose qui allait bien au delà de sa musculature parfaite. Quelque chose qui découlait de son assurance, de son sourire, de son regard, et qui le faisait frémir à coup sûr. Mais pourtant aujourd’hui, il n’y avait rien de tout ça. Raphael n’avait même pas eu le temps de faire attention à ce qui se tramait sur le visage de son ancien amant que son regard avait dangereusement dévier sur son torse. Et merde ! Il n’avait jamais vu ça. Pourtant on ne pouvait pas dire que Noah avait un jour manqué de muscle. Que ça soit à dix sept ans, à trente ou à trente quatre, Raphael avait toujours été stupidement subjugué par la manière dont ses traits étaient défini. Il pouvait passer un temps infini, blottit contre lui, légèrement somnolant, à redessiner chacun de ses traits. Il ne se serait jamais lasser ni de Noah, ni de son corps. Mais subitement il se rendait compte du trou qui s’était creusé entre eux, et qu’en deux ans, il ne connaissait déjà plus le corps de Noah.
Ce n’était évidement pas la conscience de cette réalité qui l’avait tant troublé. Il aurait pu mentir, nier ce qu’il venait de se passer. Il l’avait fait par le passé, plus d’une fois, lorsque Noah venait lui faire son légendaire rentre dedans. Mais il n’avait jamais été dupe. Non seulement c’était inutile, mais en plus de cela ça aurait été insultant pour lui. Raphael avait toujours été trop transparent pour Noah. Et oui, de toute évidence, il le désirait. C’était quelque chose qui n’avait pas changé. Comme le faite, qu’après deux ans à apprendre à accepter ce désir, il se retrouvait subitement à la case départ, bloqué, gêné et angoissé face à ce dernier. Il fallait dire qu’il n’avait pas lieu d’être - enfin peut être que si - mais il n’avait pas le droit de lui montrer. C’était tout au plus un fantasme qui devait rester profondément enterré dans son crâne. Voilà. Ni plus ni moins. Et mon dieu ce qu’il était stupide.

Le « reste » prononcé par Noah l’horrifia et lui glaça le sang. Il n’était pas sérieux ? Il avait vu qu’il ne parvenait pas à se concentrer. Il avait vu l’éclair qui avait traversé son regard quand il l’avait vu. Voulait-il réellement que la conversation avec leur fantôme passé derrière eux ? Parce que c’était exactement ce qui était entrain de se produire. Dans sa tête s’enchaînait tout ses moments ou Raphael, stupide, avait été foudroyé de gêne et d’envie face à Noah. Mais Noah était catégorique, et son ton faisait raisonné l’ordre comme quelque chose d’obligatoire. Il lâcha la poignée, et se retourna vers lui, lentement, terriblement lentement, comme s’il attendait que Noah change d’avis, pour finalement s’en aller. Mais Noah ne changea pas d’avis, et enchaîna, presque comme si de rien était. Raphael s’adossa à la porte, et s’efforça de concentrer son regard sur le visage fermé et furieux de Noah. Là, au moins, ça le refroidissait nettement. Il fronça les sourcils quand Noah affirma ne pas avoir de quoi s’habiller. Vraiment ? Il voulait que cela se fasse comme ça ? Peut être qu’ils devaient tous les deux se mettre à l’aise et discuter à moitié nu l’un en face de l’autre. Il ne pouvait pas lui faire ça. Ils n’étaient pas rien. Il n’y avait pas jamais rien eu entre eux. Et Noah, comme ça, devant lui, ça n’avait rien d’anodin. Ca n’avait jamais rien eu d’anodin. « Tu es venu comme ça ? » demanda-t-il suspicieux. Evidement que non. Il était forcément venu avec quelque chose sur le dos. Alors pourquoi diable l’avait-il retiré. Et pourquoi n’avait-il pas remis quelque chose ? Il ricana bêtement lorsque Noah lui rappela que ce n’était pas la première fois. Ce n’était pas nécessaire. Il le savait. Chaque souvenir d’eux deux étaient suffisamment vif dans son esprit pour qu’il n’ait pas besoin qu’on le luis rappelle. Mais c’était différent. « Pas comme ça. » répondit-il comme pour justifier son comportement. Il savait que la remarque de Noah sonnait comme un « get your shit together, it’s nothing you haven’t seen before ». Mais c’était différent. Non seulement il n’était pas aussi musclé lorsqu’ils étaient ensemble. Mais ils étaient surtout ensemble à chaque fois qu’il le voyait comme ça. Ou alors c’était dans cette fameuse phase ou Noah se montrait chaque jour plus inventif pour provoquer des réactions chez Raphael. Quoiqu’il en soit, ils n’étaient pas en froid mortel, ou en étrange statut quo particulièrement fragile pour sauver quoiqu’il puisse y avoir entre eux dans leur futur professionnel. C’était putain de différent. Et ça, là, tous les deux, c’était pas sain. Et Raphael voulait bien faire tout ce qui était en son pouvoir pour vraiment avoir l’air impassible et désintéressé. Mais Noah allait quand même devoir réellement se rhabiller.

Il hocha la tête quand à l’emploi du temps de Noah, et un peu du sien. Ils auraient surement trouver un moment plus tard. Mais soit. S’il voulait qu’on en finisse. Il inspira profondément pour essayer de se remettre les idées en place, et de sortir des phrases sensées. « J’ai parlé avec le directeur… » c’était une entrée en matière. « et c’est rien de bien grave… mais les gens parlent et… » Il ne manqua pas de remarquer le changement de posture de Noah. Et non. Vraiment. Ce n’était pas nécessaire. Il se pinça l’intérieur de la lèvre, et inspira à nouveau. Il soupira, et la voix étrangement éteinte, il souffle « Noah rhabille toi s’il te plait. » Il n’allait pas pouvoir se concentrer et être intelligible dans ce genre de situation. Il n’avait certes pas le droit de vouloir encore Noah de la sorte. Mais Noah n’avait pas non plus à lui imposer sa présence à moitié nu. Si c’était peut être normal pour lui, et que ça ne le dérangeait pas. Lui il n’allait vraiment pas pouvoir faire ça… « Je peux pas parler sérieusement avec toi comme ça… » souffla-t-il doucement. Il y avait quand même eu des progrès depuis le début. Quand bien même soutenir son regard lui faisait l’effet d’une brûlure vive à l’intérieur, il le faisait. Sa voix avait retrouvé de sa chaleur, et malgré la distance qu’il instaurait toujours entre eux - il s’obstinait à tenir la porte, ou à se retenir dessus - il y avait du mieux.
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeLun 29 Juin - 0:32

Il y avait des instants où, Face à Raphael, parfois, Noah cessait totalement de réfléchir. Tout devenait une affaire de moment - une sorte de choix éternel entre la lutte désespérée et la fuite farouche, ou il réagissait au lieu de simplement agir. Cette homme provoquait cela en lui. Il provoquait une forme si particulière et si aiguë de douleur que penser se faisait impossible. Une seule perspective demeurait: survivre. Oh, bien sûr, il n’y avait pas de véritable question de vie ou de mort, bien sûr, ils n’étaient pas des guerriers sur un champ de bataille, mais ils avaient leur propre type de guerre, celle du désamour, froide, ou plutôt glaciale. La tension permanente faisait comme un sifflement au creux d’une oreille, léger mais constant, de ce genre qui rend fou. Raphael était resté tout cela. Deux ans s’étaient écoulés mais il était resté cette chose qui ne s’en va pas - jamais. Il suffisait de le regarder pour que les souvenirs le prennent à la gorge - et avec l’intolérable bonheur qu’ils représentaient, l’amertume de la douleur dans laquelle toutes ces choses étaient venues s’achever. Raphael était demeuré une mémoire du bonheur, une série d’image de jours heureux, qui viennent se trouver écrasées par une porte qui claque, étouffées par un « je t’aime » auquel ne répond que le silence, broyées par une tôle qui se plie en percutant un mur. Raphael était tout cela, et sa voix seule suffisait à le prendre à la gorge. Encore. Toujours. Stupide. Si stupide. Lui qui avait cru avoir de la fierté, de la dignité et de la force - il n’avait rien d’autre que des regrets.
Des regrets et quelques lambeaux de provocations un peu vaines - oh, elles avaient gardé leur superbe le reste du temps, mais Raphael avait rendu celles prononcées en sa présence caduques, quelque part. En tous cas il l’avait dépossédé de ses armes en le rejetant. Il n’y avait plus de calcul, de mise sur le désir et de merveilleux coups d’éclat, simplement ce genre de parades étranges que font les animaux, parfois, déployant toute leur superbe et toutes leurs couleurs dans une ultime tentative pour intimider l’ennemi et sauver leur propre existence. Plus que cela, oui, tout à fait, qu’il se disait en se retournant, à demi-nu et toujours impudique, savourant comme une infime victoire le regard que Raphael, soigneusement, porta sur son visage et uniquement sur son visage. Tout était bon à prendre. Tout était bon à prendre pour se redonner même un semblant de contenance - y compris les questions suspicieuses, y compris le « Bien sûr que non… » qu’il lui répondit dans un soupir, y compris ce ton étrange que conservait l’autre homme, tout proche de celui qu’il aurait pu adopter, la bouche sèche, la gorge nouée.
Tout était bon à prendre pour ne pas s’écrouler.
Le moment. Simplement le moment. Se concentrer sur le moment et ne pas céder à ce mélange doucereux de fatigue, de solitude, et de colère. Ne pas se laisser aller à la suprême humiliation de balancer un sec et cassant « mais parle, enfin, putain » à Raphael quand, balbutiant, il les laissait à se regarder en chiens de faïence - un soupir suffisait, largement, c’était même bien plus que nécessaire pour manifester son épuisement, voilà. Et puis à sa dernière provocation fanée, à sa dernière tentative d’être celui qu’il avait un jour été devant le chef d’orchestre, ce bombage de torse stupide et cette posture dominatrice à défaut de l’être réellement, une réaction. A peine un souffle, et puis un autre, dans une sorte de supplique. Le triomphe fut minime, mais c’en fut bien un. Il prit bien soin de lever les yeux au ciel et de soupirer à nouveau avant de lever le poing dans lequel il tenait toujours, froissée, roulée en boule, l’une des reliques de leur passé heureux. Ne conservent que la pince d’un pouce et d’un index, il laissa le tissus se dérouler pour dévoiler le t-shirt entier, son motif, les lettres formant le nom d’un groupe qu’il avait toujours un peu trop aimé pour sa propre dignité, les souvenirs, avec, du même coup, sûrement. « J’étais en retard, en revenant de mon footing et… well, je voulais pas mettre ça mais j’ai pris les premiers trucs qui passaient, je m’en suis rendu compte qu’ici, et tu peux toujours rêver pour que je l’enfile à nouveau. » Dans une sorte de mouvement faussement désinvolte (faussement, tellement faussement), il balança le vêtement sur la chaise la plus proche. Il savait qu’il n’avait pas à s’expliquer. Il s’était juste… curieusement senti obligé de le faire. Toujours trop soucieux de l’opinion de Raphael, sûrement, malgré le fiel qu’il s’acharnait à glisser dans chaque mot. « Si tu es capable de supporter la vue quelques minutes encore, j’ai probablement de la rechange au fond d’un placard ou d’un autre. Juste… laisse moi le temps. Et je sais que bla, bla, « pas comme ça », bla, bla, mais essaye de m’expliquer quand même. » Son ton luttait pour être ferme - il était surtout fatigué, avec une pointe d’agacement latent. « Tu devrais pouvoir y arriver. C’est pas comme s’il y avait encore… » Conscient des mots qui allaient franchir sa bouche, un « quoique ce soit d’intéressant ici pour toi » qu’il n’aurait pu que regretter, il se retint lui-même, pour une fois, fermant farouchement ses lèvres, haussant les épaules en lieu et place d’une référence trop directe à leur relation, en lieu et place d’une nouvelle pointe de douleur, aussi. S’efforçant de mimer la tranquillité, il tourna des talons, quitta le regard de Raphael, entreprit la fouille méticuleuse de son armoire. C’est de cette place qu’il reprit la parole, dans un simple « Le directeur, donc? », puis un très ironique « Et les gens ont toujours parlé, tu sais, de tout et n’importe quoi. Si pour le coup ça te concerne toi en plus de me concerner moi, laisse-moi te dire une chose: ils s’y prennent un peu tard » Avec un froncement de sourcil, il referma la main sur ce qui, au premier toucher, aurait potentiellement pu être un t-shirt - mais qui, à terme, n’était qu’une veste déjà rendue caduque par la montée des températures et l’arrivée de l’été. Un soupir. Aussi calme et raisonné que possible, il reprit ses recherches, en s’efforçant d’oublier la présence de Raphael juste là, derrière lui, dans son dos. Oublier, oui. C’était la meilleure solution. Dommage qu’elle ne soit que temporaire.
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeLun 29 Juin - 0:34

Rapidement, Raphael se rendit compte qu’il faisait tout de travers. Ce qui n’avait, en somme, rien de bien étonnant. Il n’avait jamais été particulièrement doué en matière de relation humaine. Il n’était encore moins en ce qui concernait les relations amoureuses. Et maintenant que le sujet venait sur le tapis, il ne savait définitivement pas gérer une rupture. Le pire étant surement que dans sa tête, cette rupture était toujours le truc le plus stupide, invraisemblable et illogique qu’il n’avait jamais fait. Enfin non, c’était logique, c’était vraisemblable - c’était tout de même très con - mais disons seulement que s’il avait eu le choix il n’aurait jamais agit de la sorte. Mais ça c’était son histoire, c’était sa version, ce n’était que dans sa tête. Pour Noah, la rupture était bien effective - en même temps, depuis deux ans, ça avait eu le temps de devenir très réel - et Raphael n’avait aujourd’hui plus aucune raison de faire attention à Noah de cette manière. Il oubliait souvent cette donnée. Aimer Noah de loin, et à s’en faire mal, était devenu une seconde habitude pour lui, et il oubliait trop naturellement que ce n’était peut être si évident pour Noah. Le comportement de Raphael, devait, à bien y réfléchir, avoir strictement aucun sens aux yeux de son ex. Néanmoins la conscience du problème, ne l’aidait pas à l’éviter. Il n’avait aucune idée de comment il était supposé agir autrement. Et s’il ne pouvait définitivement pas dire qu’il n’avait toujours pas réussit à l’oublier - ce qui serait bizarre puisque c’était lui qui avait rompu - il ne pouvait pas non plus agir comme s’il l’avait fait. Surtout lorsque Noah semblait déterminé à être autour de lui, sans t-shirt. Sa musculature avait beau avoir changé depuis la dernière fois ou ils avaient été ensemble - Paris, son coeur se serra à la simple pensée de la ville, et des souvenirs qui suivaient - il arrivait encore à sentir l’effet de sa peau sous ses doigts. Et mon dieu ça lui manquait.

Parfois il se disait que le sexe était ce qu’il lui manquait le plus à propos de Noah. Après tout, sans mentir, les trois quart de leur relation avaient été basé la dessus. Et depuis la rupture Raphael n’avait pas eu exactement l’occasion de… Enfin… Jane était on ne peut plus dégouté par lui, et il ne doutait pas que la simple idée de dormir dans le même lit que lui la révulsait - et s’il était honnête, ça devenait de plus en plus réciproque. Et les seules fois ou il était physique avec quelqu’un, c’était au court des entrainements d’escrime. Et donc cela restait à bonne distance du fleuret, et dissimuler sous une armure relativement épaisse et sophistiquée. A force, on pourrait surement dire qu’il était redevenu puceau, ou quelque chose comme ça. Alors oui, de toute évidence, avoir le torse de Noah sous les yeux lui rappelait des temps autrement plus prolifique ou il savait encore ce que le mot plaisir voulait dire. Néanmoins, il finissait toujours par se sentir mal de reléguer Noah seulement à ses capacités sexuelles. Et cette simple pensée suffisait à ramener tout le reste, les embrassades et les siestes câlins interminable - enfin jamais aussi interminable qu’ils l’auraient voulu - les je t’aime susurré, la tendresse, les sentiments. Oh mon dieu ce qu’il lui manquait. Il aurait tué pour pouvoir disparaître contre son torse, dans le creux de ses bras. Il aurait surement éclaté en sanglot contre lui, et ils n’auraient rien pu faire d’autre de la soirée. Mais il le voulait tellement que par moment, il oubliait pourquoi il l’avait laissé partir. Malgré tout ça, sa conscience était toujours suffisamment présente pour lui rappeler que peut importe la raison, s’en était une bonne.

Retour case départ donc, là ou il essayait de ne pas être un total abrutit, et ou il essayait de rendre l’air respirable. Pour lui en tout cas, parce que du côté de Noah il n’était pas tout à fait sur que l’ambiance en soit au même niveau de gêne et d’embarras que pour lui. Après tout, ce n’était surement pas Noah qui était entrain de chercher une solution dans son cerveau pour arrêter de fixer stupidement la définition parfaite de ses pectoraux, de ses trapèzes, de ses épaules. Ce n’était pas Noah qui s’empêchait de s’imaginer trouver si facilement sa place contre lui. Ce n’était pas Noah qui était définitivement trop habillé pour la température de la pièce. Non, évidement, parce que Noah, comme à son habitude, était à moitié nu. Et comme à son habitude - il fallait croire que certaine chose devait rester immuable - il n’avait pas l’intention de se presser pour se rhabiller. Il voulu soupiré quand à l’explication donné, jusqu’à ce que son regard glisse sur le t-shirt qu’il tenait dans la main. Sa bouche tomba stupidement ouverte, et il avala péniblement sa salive, resserrant immédiatement sa mâchoire - les manières bordel. Là, pour le coup, il était sur qu’ils avaient exactement la même image dans l’esprit, et le même souvenir. Et bordel, la température de la pièce venait encore d’augmenter de plusieurs degrés. L’excuses de Noah était actuellement plutôt bonne, et s’il pouvait remercier le faite qu’être l’amant faisait qu’il n’avait strictement rien de Noah, il prit conscience qu’il avait du laisser un nombre incalculable de chose chez Noah emprunt de leurs souvenirs. Choses dont Noah ne s’étaient visiblement pas débarrassé de manière drastiques.

Il fronça néanmoins les sourcils à la manière d’amener les choses de Noah. N’était-il plus aussi lisible qu’auparavant ? Ou cherchait-il les compliments d’une manière complètement tordue et mal venue. Raphael n’était pas capable de le dire. Et une douleur sourde se mêla à une étrange forme de colère dans sa poitrine. S’il osait jouer avec lui à nouveau - quand bien même il méritait de souffrir une éternité de sa main - il ne trouverait pas ça drôle. Et si vraiment il avait blessé Noah au point qu’il pense que le voir ainsi était difficilement supportable… Il préférait ne pas finir cette pensée là. Sans même réfléchir à ce qu’il devait faire - ou avait le droit de faire - il gronda « Arrêtes de faire comme si tu ne savais pas que tu est toujours bien plus que supportable à regarder… » D’ailleurs ce n’était pas sa vue qui avait un problème avec ce qu’elle voyait, mais bien d’avantage ses hormones. « Ca me facilitera la tâche ! » Pas que la tâche était vraiment difficile à … Holly shit il n’était pas non plus préparé pour la vue de dos. Alors que son esprit l’imaginait déjà se rapprochant de lui pour glisser ses mains sur ses hanches avant de laisser filer ses mains sous la ceinture de son pantalon tandis que ses lèvres remontaient du milieu de ses omoplates à son cou, il se retourna et appuya son front sur la porte avant de murmurer plus pour lui même un « What the hell ! » Après tout Noah n’avait clairement pas cessé d’être désirable, et jusque là ça n’avait pas posé plus de problème que ça. Bon, peut être parce que généralement il était plus habillé que ça. Peut être aussi parce qu’ils n’étaient pas généralement dans une loge, et que même si ce n’était pas la même, cela ramenait forcément beaucoup de souvenir. Peut être aussi parce qu’il manquait cruellement de sommeil et qu’il se mettait simplement à souffrir d’hallucination. Ouai… Non. Il était juste en manque.

Quoiqu’il en soit, la voix de Noah le rappela à la terre ferme, et il reprit sa place dos à la porte avant qu’il ne se retourne tout à fait. Oui, bien sûr. Le directeur. Et les gens qui parlent. Comment allait-il formuler ça déjà ? Ah oui, juste, comme d’habitude, il avait surgit devant Noah sans avoir réfléchit à un plan d’action. Ce qui était pour beaucoup de raison complètement stupide puisqu’il se savait incapable de réfléchir lorsqu’il était face à Noah. Bien, il allait y aller à l’improvisation. Quel était le meilleur moyen de résumé d’une seul coup ses inquiétudes et celle du directeur. « Non… C’est juste que… » Le meilleur moyen n’était surement pas d’hésiter tous les trois mots. Mais il faisait ce qu’il pouvait. Il fixait aussi un point lointain sur le mur, une petite poussière, ou un ancien trou, il ne savait pas, mais tout ce qui n’était pas le dos de Noah était bien. « On les a habitué à être plus… Chaleureux l’un avec l’autre. » Gros euphémisme. Quand bien même ils avaient jamais été amoureux en public, il était de toute évidence complice. « Et certain trouve ça suffisamment bizarre pour que ça soit remonté jusqu’aux oreilles du directeur… » Et c’était ça qui l’effrayait le plus finalement. Il se foutait qu’on parle. Comme le disait si bien Noah, on parlait toujours. Mais si ça remontait jusqu’aux oreilles du directeur c’était que cela ne parlait que de ça. « Et je sais pas, j’imagines que je veux juste que tout se passe bien, pour toi, mais aussi pour les autres… » Raphael’s saving the world… « Et je… Les répétitions de groupes approchent à grand pas » dieu soit loué quelques parts « Et je voulais m’assurer qu’il n’y aurait pas de problème, et que ce qui reste de… nous… Ne se mette pas en travers de l’ambiance général et… » Il parlait étrangement à la fois vite et à la fois de manière toujours irrégulière et bafouillante. « Basiquement je voulais te demander s’il y a quoique ce soit que je puisse faire pour rendre les choses plus simple et plus naturelle. » Sur la fin, il avait explosé d’une traite, sans prendre de respiration, ou sans réfléchir. Ouai, ne surtout pas réfléchir. Cela semblait être un bon plan.
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeLun 29 Juin - 19:58

Noah aurait bien voulu être capable de tourner la page. Vraiment. Il aurait voulu. Il le prétendait, d’ailleurs, parfois – en prenant certes un peu ses rêves pour des réalités, mais prononcer ces mots, face à Sasha, l’aidait, par moments, à se sentir un peu mieux. Il répétait qu’il n’aimait plus Raphael De Lacy, que c’était de l’histoire ancienne, qu’en deux ans il avait quand même réussi à passer autre chose, il n’avait plus dix-sept ans, il n’était plus un gamin stupidement romantique qui rêverait de prince charmant et de grands chevaux blancs. Il aurait bien voulu être capable de tourner la page parce que c’était ce que le monde, mais aussi la plus élémentaire des logiques, attendait de lui. Sérieusement. Qui s’accrochait comme ça ? Qui s’accrochait aussi longtemps ? La colère, la tristesse, l’incompréhension, la douleur, toutes ces choses avaient gardé leur richesse de teinte du tout premier jour. C’était pitoyable, et lui-même était capable de le reconnaître. Foncièrement pitoyable. Il voulait oublier Raphael. Il voulait parvenir à se convaincre totalement qu’il n’avait fait que rêver cette histoire et en rêver sa sincérité que, à terme, il ne s’était agit que d’une interminable mascarade vécue entre deux couloirs et dans un appartement, qu’il y avait cru, oui, mais qu’il s’était trompé sur toute la ligne. Peut-être que, comme cela, il parviendrait à se sentir moins… moins trahi. Moins défait. Moins bafoué dans toute sa fierté et toute sa splendeur. Peut-être que, comme cela, il arriverait à ne pas penser à Raphael comme parfois il avait bien pu penser à Tony – avec cette impression, âcre et tenace, qu’il avait laissé filer sa chance, fait fuir une personne qui aurait pu lui donner l’inestimable impression d’être profondément vivant. A la place, parfois, il profitait simplement de la douce illusion qu’il l’aimait un peu moins, juste un peu moins, mais que c’était déjà ça. Et lui qui pensait avoir grandi. Au fond, il était toujours cet enfant que l’on rejette, du jour au lendemain, et qui, en seule réaction, se couvre de remords et de regrets.

Tout le reste n’était que façades. Oh, les façades étaient splendides. Même lui pouvait le reconnaître. Noah avait toujours pris un soin excessif de lui-même. Il n’y avait absolument aucun autre mot pour décrire cette espèce de folle maniaquerie, une suite interminable de manies et d’habitudes qui faisaient parfois lever les yeux au ciel à Sasha qui lui rappelait alors, bruyamment, qu’elle était supposée être la seule et unique femme à vivre dans cet appartement. Noah n’avait jamais été de ces types qui se lèvent à la va-vite, quelques minutes à peine avant l’heure de leur départ, et qui s’enfoncent dans leur boulot avec l’allure du saut du lit : il pouvait passer un temps interminable dans la salle de bain à vérifier que chaque détail lui convenait à la perfection. Il pouvait même affirmer, rare créature à en être capable sans une once de mensonge ou d’hypocrisie, qu’il mangeait réellement équilibré, tout le temps, et que son régime était calculé avec une précision qui en aurait fait pâlir d’envie quelques diététiciens. Il était sportif, aussi, et, au-delà du simple effort, aimait l’aspect que la chose lui procurait. L’arrêt brutal (trop brutal, beaucoup trop brutal) de sa pratique de la danse avait certes grandement modifié son aspect, mais il l’avait compensé par d’autres pratiques, pour être sûr et certain que le temps ne le toucherait pas. Noah prenait soin de lui-même avec la folie caractéristique de ceux qui ont peur de changer. Noah prenait soin de lui-même avec le désespoir caractéristique de ceux qui ont peur qu’on puisse lire leurs faiblesses, aussi. Toute sa vie était fondée sur le paraître – même son métier, il n’était pas dupe, sa voix n’aurait pas été si précieuse si elle n’avait pas eu de surcroît un écrin. Derrière, il y avait la peur, les doutes, les craquelures, l’intolérable impression d’abandon que Raphael De Lacy et Tony Wellington avaient laissé en claquant la porte derrière eux. Il savait jouer parce qu’on s’était joué de lui. Il savait provoquer parce qu’il avait été blessé. Il savait parler, rire, chanter plus fort, toujours un peu plus fort, pour faire écran. C’était toute la logique de chacune de ses actions. Faire écran. Cacher. Il portait son corps, sa voix, son attitude et sa démarche dans l’espoir que les gens s’arrêteraient à ses choses, ne creuseraient pas plus loin, afin qu’ils ne découvrent pas la réalité de ses pensées. Toutes ces choses étaient un peu plus fortes encore farce à Raphael lui-même. La logique était presque instinctive – presque animale. Demeurer fort pour ne pas donner la satisfaction d’avoir vaincu. Nier, jusqu’au bout, l’existence des blessures. Prétendre.

Il ne voulait pas s’écrouler devant Raphael. Jamais. Pas le laisser voir ce qu’il lui avait fait. Pas le laisser voir les doutes. Pas le laisser voir la peur. Pas le laisser voir la vulnérabilité. Surtout pas. Parce que Raphael avait eu les clés de son être, le loisir de contempler tous ses souvenirs et toutes ses cicatrices, et, pourtant, il lui avait tourné le dos à le laissant à toute la profondeur de ses paranoïas. Il savait très exactement ce qui pourrait le faire souffrir – et l’avait fait tout de même. Oui, certainement que Noah lui en voulait. Le nier aurait été stupide. Mais surtout, encore, toujours, il se jugeait lui-même coupable. Peut-être qu’il en avait trop fait, trop tôt, trop vite, trop donné, peut-être qu’il lui avait fait peur, ou qu’il l’avait lui-même blessé, ou que Raphael, en voyant la profondeur des imperfections et des angoisses, avait décidé qu’il valait mieux lui tourner le dos. Ou qui sait ? Peut-être que Raphael s’était lassé, comme Tony avait bien pu se lasser il y avait des années et des années de cela, et, dans ce cas, l’erreur leur appartiendrait à tous les deux. Toutes ces choses étaient, de toutes façons, beaucoup trop complexes, quand le simple fait d’y songer suffisait à lui donner la nausée et à faire éclore de nouvelles pointes de douleur.



Ne restaient que les façades. Les provocations puériles. Les mots. Son physique, aussi. Restait aussi ces minuscules accrocs qu’il lisait parfois dans la posture et dans les yeux de Raphael, ces souvenirs de leurs débuts et de cette longue traque dans laquelle Noah, il y avait une autre vie de cela, s’était lancé pour le faire céder à ses avances. Lire ces traces de gêne et, peut-être, il n’en savait plus rien, de désir, le mettait en rage presque autant que cela faisait naître une once de triomphe. Tous les doutes, les colères, les épuisements et les restes de fierté se lisèrent certainement dans ce fantôme de sourire qui éclaira son visage à la supplique (presque un ordre) que formula Raphael. Lui-même n’aurait pas su dire pourquoi il disait ce genre de choses. Une part de lui, très certainement, pensait que le chef d’orchestre n’éprouvait plus aucun intérêt pour lui. Une autre lisait l’intérêt sans savoir réellement quoi en faire. Au terme, il n’y avait que la confusion, l’impression d’être perdu, de se perdre un peu plus encore, et de s’embourber dans un réseau si dense de questionnements que s’y noyaient toute chance d’en ressortir un jour. Une seule certitude : il aurait tué pour, une toute dernière fois, le sentir tout contre lui. Tant pis s’il y avait quelque chose de pitoyable et de stupide à souffrir de ne pas se souvenir du dernier baiser qu’ils avaient échangé.

Est-ce que c’était Paris ? C’était certainement Paris. Il lui avait volé des baisers dans le train mais le train était aussi allé trop vite pour lui, trop vite pour qu’il réalise qu’ils seraient bientôt à Londres, qu’il faudrait se séparer, à nouveau, prétendre qu’ils n’étaient rien l’un pour l’autre, à nouveau. Il n’avait pas une seule seconde songé qu’ils ne s’embrasseraient plus jamais. On ne sait jamais quand est la dernière fois. Jamais. Il aurait, puéril, voulu savoir. Est-ce que c’était trop demander ? A priori. Et il y pensait, à fouiller dans ses étagères déjà encombrées pour trouver un putain de t-shirt, il y pensait et ces simples faits suffisaient à lui faire serrer le dents, à faire pulser quelque chose comme de la rage, aussi, au plus profond de son ventre. Il aurait voulu savoir. Parce que à un moment donné, à ce moment là, même, symboliquement, ils étaient passés d’amants à étranger et une porte s’était refermée brutalement. A un moment donné, ils s’étaient dit adieu, sans un mot.

C’est après une trop longue lutte, certainement, qu’il referma la main sur une de ses rares chemises. Pendant une demi-seconde, ses yeux se posèrent sur Raphael, dans un regard qui aurait pu signifier un « ça y est ? satisfait ? » avant qu’il n’entreprenne de l’enfiler. C’est à ce moment aussi que les explications tant attendues s’enchaînèrent enfin – toujours balbutiées, toujours saccadées, mais au moins l’autre homme parvenait à s’exprimer et, au loin, se dessinait la fin de l’étrange torture qu’était leur entrevue. Un nouveau sourire pointa au coin de ses lèvres quand, une nouvelle fois, Raphael se fit le chantre du bien de tout le monde et le grand défenseur des intérêts de la compagnie – plus un rictus un peu moqueur, un peu ironique, que toute autre chose, à vrai dire. Et puis à nouveau le silence. Noah secoua brièvement la tête, dans un geste qui signifiait avant tout la fatalité. Qu’y avait-il à faire ? Ils étaient dans une compagnie de théâtre, après tout. Le grand point commun de toutes les compagnies de la création toute entière ? Elles avaient leur lot de ragots et de bruits de couloir du genre. Le fait que, avant toute autre chose, il entreprenne de caler sa chemise sous sa ceinture et de souffler un « Passe-moi les bretelles qui traînent sur la table, s’il te plait. », en disait probablement long sur le peu d’importance et de crédit qu’il accordait à toutes ces histoires. Comme si cela n’avait pas été suffisant, il haussa des épaules, lissant soigneusement une chemise parfaitement ajustée sur son torse, sur ses épaules et sur son ventre. « Tu as conscience qu’il n’y a pas grand-chose à faire, Raphael, hein ? » dit-il, avec le ton de celui qui rappelle la plus pure des évidences : « Personne n’est au courant de… comment tu as dit ça déjà ? Ce qu’il reste de nous. Nice. A part Sasha. Et Sasha ne dira jamais rien, pas si elle sait que ça peut me nuire. » Hum ? Oui, il y aurait eu fort à parier qu’elle aurait balancé sans scrupule si Noah n’avait pas été concerné par cette histoire. Tranquille, Noah se rapprocha de la large coiffeuse, y récupéra la bouteille d’eau qu’il y avait abandonné quelques dizaines de minutes à peine plus tôt. Une longue gorgée, puis une autre, puis une autre, avant qu’il ne se décide à reprendre : « Pendant les autres Misérables, les gens jasaient bien sur Enjolras et Grantaire. Tout le monde était au courant qu’on était un peu plus que partenaires, tous les deux. Personne ne s’est affolé outre mesure. Même toi, ça te posait pas de problème. Professionnellement. » Dans d’autres domaines, oui, sa complicité avec ses co-stars avait parfois été soumise à questionnements – mais ces domaines ne concernaient en rien le travail en lui-même. « On peut très bien s’être disputés pour une raison X ou Y pendant Miss Saigon ou le Phantom. C’est le problème de personne, et les gens finiront bien par passer à autre chose. » Son trajet l’avait rapproché de Raphael, et il tendit à nouveau la main, répétant, presque impatient : « Bretelles ? »
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeLun 29 Juin - 20:03

Raphael était stupide. Stupide de croire que Noah pouvait en avoir quelque chose à foutre. Stupide de croire qu’il pouvait vouloir discuter de ce genre de chose. Encore plus stupide de penser qu’ils pouvaient améliorer les choses. Si ça continuait comme ça, il serait surement capable de sortir l’abominable phrase « j’aimerais que l’on reste ami ». Ou peut être pas. Ils ne pouvaient pas être ami. Même lui le savait. Ils ne l’avaient jamais été, ne le seraient jamais. Ils étaient deux aimants que l’on ne sépare pas tout à fait, mais sous aucune condition ils ne pouvaient être ami. Raphael ne pourrait définitivement pas supporter de sortir avec Noah sans vouloir lui attraper les mains, sans chercher à se glisser contre son cou, sans goûter ses lèvres. Il ne pourrait pas supporter de l’entendre parler d’autres hommes, de le voir avec d’autres hommes. Mais à bien y réfléchir, ce qu’il était entrain de faire là, surgir brusquement dans sa loge pour lui demander comment il pouvait être plus chaleureux l’un avec l’autre c’était exactement ça. C’était comme lui demander d’être ami. C’était lui demander d’être à nouveau comme avant, sans l’être. Etre complice sans être proche. C’était… Ridicule, et incohérent. Et qu’est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête ?

La réponse était rien. La réponse était toujours rien. Il ne lui passait plus rien dans la tête. Il ne pensait à plus rien. Ne voulait plus penser à rien. Ne voulait plus rien faire. Il voulait se laisser couler au fond d’une rivière, sentir son cerveau lentement exploser sous l’asphyxie, puis, brutalement, laisser ses poumons se remplir d’eau. Il voulait abandonner, ne plus jamais rien penser. Il n’en pouvait plus d’être comme ça, d’être fébrile, contracté, perdu, envieux. Il n’en pouvait plus de rêver, de pas avoir. ll ne voulait plus être triste, il n’avait aucun moyen d’être joyeux. Il voulait s’endormir et ne plus jamais se réveiller. Il voulait pouvoir parler à Charles, lui demander si c’était mieux, après, si cela s’arrangeait, s’il allait mieux, là haut, ou ou qu’il soit. Mais il ne pouvait plus parler à Charles. Parce que Charles n’était plus là. Parce qu’il n’y avait de là haut, d’autre dimension, de résurrection. Il y avait la vie, et le néant. La vie n’avait rien de satisfaisant. Le néant était terrifiant. Mais au moins, ce n’était plus rien. Plus rien. Et parfois, à bien y réfléchir, c’était mieux que tout ce qu’il pouvait avoir à l’instant.

Alors parfois, il ne réfléchissait plus. Il se laissait porter par l’instant, par l’instinct, parce que lui dictait ses tripes. Il supposait que quelque part, s’il avait atterrit là, avec cette stupide manoeuvre pour lui parler, c’était simplement qu’il avait eu envie de le voir. Il avait toujours envie de le voir. Quand bien même c’était une larme brûlante plantée dans un corps de glace. Il semblait, au fur à mesure des jours, avoir besoin de cette piqûre de rappel agonisante au fond de lui. Il avait besoin de mourir un peu plus, pour se rapprocher du néant, ou pour prendre conscience qu’il était encore vivant. Parfois il ne savait plus. Parfois il n’était plus sûr d’être encore réveillé. Sa vie avait finit par prendre la couleur de ses cauchemars. Il n’y avait plus aucune différence. Au moins, face à Noah, il était vivant. Vivant à vouloir en crever, mais tout de même bien vivant. Le brun avait toujours su le réveiller. Il l’avait sorti de la torpeur de son mariage il y a quatre ans. Aujourd’hui il le sortait de ses cauchemars, lui rappelant que même s’il était bel et bien réveillé, sa vie était devenue son cauchemar.

Et pour l’avoir vu, il l’avait vu. Il avait l’image de son torse gravé au fer rouge contre ses rétines, des souvenirs pleins la tête. Il avait une chaleur dans les veines qu’il ne parvenait pas à contrôler. Il n’était pas con. Il savait très bien ce qu’il se passait. Il savait très bien ce qu’il voulait. Il n’était plus un gamin. Il savait pourquoi il bafouillait. Il savait que c’était les battements de son coeur qui le rendait sourd. Il voulait Noah. Comme au premier jour, comme tous ceux qui avaient suivit après ça. L’envie, le désir n’avait jamais vraiment disparu, ne le quittait rarement. Il supposait que généralement, il arrivait juste à le mettre de côté. Il arrivait à ne pas se focaliser sur ses bras, sur son torse, à ne pas s’imaginer contre lui. Maintenant, quand bien même Noah enfilait sa chemise avec un air plus que satisfait, il ne parvenait pas se défaire de l’idée de la déboutonner aussi sec. Mais quelle idée de demander à un homme de s’habiller si c’était pour le déshabiller la seconde suivante ? Et quand bien même Raphael était trop maîtrisé et intelligent pour faire quelque chose d’aussi stupide - et malvenu - il devait avouer qu’il avait toujours adoré voir Noah en chemise. Qu’on se le dise, tout allait à Noah, et même lorsqu’il faisait les arrangements les plus douteux, Raphael ne pouvait pas dire qu’il avait l’air d’un sac, ou qu’il était moche. Mais il ne résistait à la carrure décontractée de Noah dans une chemise bien coupée au manche remontée jusqu’au coude. Oui, surement, dans l’un de ses fantasmes, il aurait débarrassé Noah de ses t-shirt d’adolescent, et l’aurait habillé de chemise. Il aurait été absolument irresistible.

Il fut réveillé de sa rêverie déplacée par une demande qui sortait de nulle part. Enfin non, elle devait surement être cohérente avec quelque chose. Le faite que Noah soit entrain de s’habiller par exemple. Mais elle tombait définitivement comme un cheveux sur la soupe au milieu de la conversation. Enfin, s’il était tout à fait honnête avec lui même, il se foutait de la conversation. A croire que les mots lui étaient monté au cerveau en même temps qu’il les disait et qu’il avait compris l’incohérence de ses propos. S’il était honnête avec lui même, il ne savait donc même plus bien ce qu’il foutait là. Et il prenait doucement conscience qu’il aurait effectivement du partir à l’instant même ou il avait entre aperçu le torse de Noah. Mais il était resté, et maintenant il devait se décoller de la porte - au fond, il se doutait surement qu’il n’allait pas pouvoir rester là indéfiniment. Il baissa les yeux de sa chemise pour regarder la table ou se trouvait les bretelles en question. Il n’avait d’ailleurs jamais bien compris ce goût pour les bretelles, mais soit, ce n’était définitivement plus son problème. Il n’avait plus rien à dire. Il baissa les yeux, comme un enfant prit un flagrant délit de foutage de gueule ou d’inutilité lorsque Noah reprit la parole. La mâchoire serré, il avait stupidement bloqué sa respiration. Il s’imaginait au fond de la baignoire, ou d’un lac, incapable de se sortir hors de l’eau, à sentir son cerveau pulser contre ses tempes pour réclamer de l’air. Dans sa poitrine son coeur battait à lui faire mal. Contre la porte il sentait ses mains trembler, et devenir moite. Il oubliait les bretelles. Il essayait de trouver un moyen de rebondir. Il ne savait pas comment faire. Il ne savait pas ce qu’il y avait à faire. Il se sentait pousser au fond du gouffre. Comme si la seule chose qu’il lui restait à faire était d’avouer qu’il ne savait pas du tout ce qu’il foutait là, qu’il n’avait pas réfléchit, que ce lui lui avait paru être un problème majeur cinq minutes plus tôt lui semblait maintenant dérisoire. Mais Noah s’en foutait. Noah n’avait plus aucune considération pour lui. Noah était… Juste devant lui, droit, majestueux, et impatient. Il releva la tête, ouvrit la bouche et senti l’air s’engouffrer à nouveau dans ses poumons. Il referma la bouche - pour s’éviter une tête de poisson hors de l’eau - et cligna plusieurs fois des yeux alors que ses iris cherchait à supporter les siens. Il ne su pas exactement pourquoi Noah n’avait pas lui même tendu le bras pour se saisir des bretelles alors qu’il en était si près. Il ne su pas non plus pourquoi il se décolla de la porte - se rapprochant en même temps de lui un peu plus - pour se saisir des bretelles - au lieu de lui indiquer de les prendre lui même. Il su encore moins pourquoi ses doigts effleurèrent le poignet de Noah en lui glissant l’objet dans la paume. Et il n’eut absolument pas conscience de ses lèvres qui vinrent chercher les siennes. Ses yeux avaient du se fermer, parce qu’électrocuté par le contact de ses lèvres sur les siennes, il les rouvrit brutalement horrifié, se recula d’un coup sec et se cogna violemment contre la porte. Là son coeur partait définitivement dans tous les sens. Sur son visage se peignait toute sorte d’expression d’horreur. « Je… Fuck… i’m… » Plus rien ne faisait de sens dans sa tête. Qu’est-ce qu’il avait fait ? Venait-il réellement de.. Oh. Mon. Dieu. Pourquoi ? Non question stupide. Il savait pourquoi. Il en avait envie. Mais POURQUOI ? Il ne… pouvait pas. N’avait pas le droit. Il… « Fuck… shit… » et quand il se lançait dans un chapelet de juron de la sorte, c’est que vraiment rien de mieux ne pourrait sortir. « Sorry… Crap… Shouldn’t have… » Il baissait résolument les yeux au sol, se tortillait de gêne comme pour essayer de faire un trou dans la porte pour s’extraire de la. Bouger vers l’avant l’aurait obliger à se rapprocher de Noah à nouveau et a prendre le risque de… Visiblement il ne pouvait plus se faire confiance. « Fuck. Fuck. Shit. Fuck. Fuck. » Oui, bon, on avait compris. Du moins si tout ce qu’il disait était compréhensible. Tout semblait potentiellement sortir dans une invraisemblable palette de mmh. Qu’est ce qu’il avait fait ?
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeLun 29 Juin - 20:06

A nouveau, le refrain infernal. Il n’aurait jamais dû venir ici, il n’aurait jamais dû auditionner, enfin si, mais il aurait dû renoncer à l’instant même où son regard avait croisé celui de Raphael De Lacy. A nouveau, cette logique parfaite, rouée par des heures et des heures à se la répéter et à retourner les raisons dans tous les sens: travailler ensemble n’allait strictement rien apporter de bon, bien au contraire, et il valait mieux pour tout le monde que Noah claque la porte. Mais il avait promis. Il avait promis et il s’y accrochait pour ne pas partir, tout bonnement et tout simplement, quand Raphael lui expliquait des angoisses sans queue ni tête et se contentait de le regarder, les yeux écarquillés, quand il lui expliquait le pourquoi du comment de l’inutilité de ces considérations. Il s’accrochait de toutes ses forces à ce qui lui restait d’égo et de fierté, fermant les yeux sur cette rage sèche qui, encore, toujours, bouillonnait au fin fond de son ventre. Et pourtant. Par instants, ses vagues se faisaient si fortes qu’elles lui en coupaient un peu le souffle. Il savait qu’il n’y avait pas réellement de raison. Toutes les promesses que Raphael avait faites, Raphael les avait tenues - elles en suffisaient de toute évidence pas à maintenir l’illusion pour le reste de la compagnie et le reste de l’équipe, mais ils ne s’étaient pas entretués, et chaque close du contrat s’était vue respectée à la lettre. Et pourtant. Cela ne suffisait pas. Il le réalisait, là tout de suite, alors que le simple fait de croiser son regard suffisait à faire remonter cet atroce bourbier d’émotions. La colère. Les regrets. La douleur. Et tout ce qu’il restait d’un amour qu’il niait de toute ses forces et de toute sa fierté, mais qui survivait tout de même. Trop tôt. Trop vite. Même avec toute la bonne volonté du monde, ils ne pourraient travailler sereinement ensemble. Peut-être un jour ou un autre - avec beaucoup d’optimisme. Pas maintenant. Oh, deux ans, cela pouvait sembler une petite éternité. Ca n’en était pas une.
Probablement que dans l’ironie et les sarcasmes de Noah, il y avait une volonté de mettre directement le doigt sur l’absurdité de la situation et de faire comprendre au chef d’orchestre que le sujet, non content d’être clos, n’avait jamais vraiment mérité d’être ouvert. Il y avait, en tous cas, une volonté d’en finir et de boucler cette affaire au plus vite. Pas de ces choses le matin - pas quand il n’était pas encore prêt à les affronter. Il n’avait, au fond, qu’une seule hâte: retrouver Sasha et se vautrer à ses côtés dans sa loge, dans une intense contemplation du plafond piqué d’humidité, en collectant soigneusement son énergie pour la journée à venir. Est-ce que c’était trop demander? C’était probablement trop demander, qu’il se dit, sentant naître une nouvelle pique de colère quand Raphael, les yeux un peu vagues, sembla se déconnecter totalement ce qu’il disait. Il y avait bien longtemps que Noah avait cessé de comprendre la logique de toute cette entrevue mais, pour ainsi dire, il y avait aussi bien longtemps que Noah avait cherché à essayer de le faire. Il recevait simplement les informations comme elles venaient, contradictoires et douloureuses. Contradictoires et douloureuses parce qu’à côté de la distance, de la froideur et de tous les symptômes de leur séparation, il y avait ces instants de flottement étranges.
Cet instant de flottement étrange, surtout.

Il n’eut pas réellement le temps de saisir ce qui était en train de se dérouler. Simplement qu’une seconde il tendait la main vers Raphael, en partie pour obtenir ce qu’il réclamait pour la seconde fois en cinq minutes à peine, d’autre part dans un vain espoir de le faire revenir un peu sur terre - et que la seconde suivante, quelque chose avait basculé. Les informations ne parvinrent qu’en désordre et en pointillés dans son cerveau. Le toucher de doigts sur son poignet quand, enfin, Raphael se décida à lui tendre la paire de bretelles. L’expression étrange qui traîna sur le visage du chef d’orchestre, et le lot de souvenir qu’elle emmena avec elle, aussi - il avait eu la même expression le jour des trente ans de Noah, au moment où il avait compris que ce dernier irait jusqu’au bout de sa provocation stupide et se servirait de lui pour boire sa tequila. Et puis il eut ce mouvement, cette impulsion vers l’avant de Raphael qui lui était si familière, à lui, qu’il n’en eut même pas de vraie réaction. Noah eut la sensation étrange - et absurde, quelque part - de ne réaliser qu’il y avait eu un baiser qu’à l’instant où celui-ci fut rompus. Toujours est-il qu’il laissa une brûlure sur ses lèvres et une autre, aussi, de pure colère.
Il lui fallut une seconde, peut-être deux ou trois, pour réagir. Un temps en tous cas pour se sortir de la torpeur et de l’horreur, aussi, dans le chapelet d’insultes qui avait commencé à s’échapper des lèvres de Raphael. Son premier geste se fit en deux temps - d’abord ce qui ressemblait en tout point à un mouvement de recul, ensuite le relâchement pur et simple de sa pression sur cette foutue paire de bretelles. Quelques mots s’échappèrent de sa bouche, un simple « Are you fucking kidding me? », prononcé d’une voix plus blanche que furieuse. Tout ce qu’il avait jusque là compris de leur relation, il cessait brutalement de le comprendre. Le geste de Raphael ne faisait aucun sens à ses yeux - et tant mieux, parce que celui qu’il fit lui-même à cet instant n’en avait pas non plus. A l’intérieur, il s’écroulait. Au plus profond de son coeur, il n’y avait plus qu’une douleur pulsante en tout point pareille à celle de l’incompréhension, le jour où Raphael avait rompu. Et pourtant, à l’extérieur, il eut tout à coup une expression d’autorité dans laquelle se mêlait la colère quand sa main se posa à plat sur la poitrine de l’autre homme et le repoussa jusqu’à le plaquer contre la porte. La réaction tenait peut-être du manque - en tous cas, elle tenait certainement de la souffrance. Toujours est-il que l’instant d’après il refermait cette main sur le col de la chemise et, à nouveau, venait chercher le contact d’une bouche dont il avait été privé pendant deux ans. Son autre main, tout contre la porte, s’était tant et si bien serrée en poing que les phalanges blanchies en tiraient sur ses nerfs. Il s’en moquait. Ou peut-être pas. Le plus important, c’était Raphael tout contre lui et cette impression d’atroce incandescence. Le plus important, c’était qu’il était en train de commettre l’erreur de sa vie - mais que, en prime, il la commettait sans comprendre. Ou est-ce qu’il voulait réellement comprendre? Après tout, quand il s’arracha enfin à sa bouche et siffla, tout contre son oreille, les dents douloureusement serrées « Pourquoi tu as fait ça? Hein? Pourquoi? », il ne s’attendait même pas à une réponse.
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeLun 29 Juin - 20:09

Le temps ou Raphael était capable de tenir à sa vertu, de garder ses promesses et de résister à la tentation était loin. Si un jour, il y avait très très longtemps, il avait été capable de résister pendant un mois aux avances sans innocence, répétitive, et pesante de Noah, aujourd’hui il… Aujourd’hui il craquait en même pas deux semaines et sans que Noah ne fasse rien. C’était un record. Et si Noah était capable d’avoir de l’humour dans cette situation, il apprécierait surement l’ironie de la chose. Peut être même qu’il serait fier de lui. Mais non. Il fallait se rendre à l’évidence. La seule chose que Raphael méritait présentement, c’était son poing dans la figure.

Tout était de sa faute. Peut être pas le tout début de leur relation il y a quatre ans. Quoique… Il aurait pu être plus ferme. Il aurait pu retenir ses regards, l’envoyer bouler avec plus de force. S’il avait vraiment voulu, il aurait surement su se faire entendre. Il ne pouvait donc pas vraiment dégager sa responsabilité de cette énorme incartade qui n’en finissait plus de peser sur sa vie. Pour la suite, il prenait tous les tords. C’était lui qui était tombé amoureux, lui qui avait refusé de lâcher Noah, lui qui avait promis, encore et encore que tout irait bien. C’était lui encore qui avait rompu toutes ces promesses, d’un seul coup, en quelques mots, et en un claquement de porte. C’était encore lui aujourd’hui qui se retrouvait à coller les lèvres aux siennes. Oh, il pouvait se cacher derrière le faite que ce n’était même pas un vrai baiser. Mais honnêtement, ce n’était probablement pas un alibi suffisant. On ne collait pas ses lèvres à celles de son ex comme ça sans raison en lui filant de quoi s’habiller convenablement. C’était juste… Non. Raphael. Personne ne faisait ça. Personne ne pouvait comprendre un tel geste. Il tenait de l’absurde, du fantasme. C’était un putain de lapsus. Freud aurait surement beaucoup de chose à en dire. Mais ce n’était peut être pas la priorité.

La priorité c’était Raphael qui ne savait plus ou donner de la tête. Raphael dont la poitrine menaçait d’exploser, de se déchirer, et de dégueuler ses organes sur le sol. Oh il avait mal. La douleur provenait d’une terreur pure et lancinante, résonnant dans une seule question : « Qu’est ce qu’il avait fait ? ». Raphael n’était pas quelqu’un de spontané, ni même d’impulsif. Il était quelqu’un de raisonné, de rationnel. Il était quelqu’un qui suivait les partitions. Et honnêtement, ce genre de scénario ne pouvait être écrit dans aucune partition. Maintenant il avait son coeur qui s’emballait de manière parfaitement irrégulière, ses poumons qui se rétractaient sous l’absence d’air, ses muscles qui se contractaient dans l’attente de l’impact. Parce que l’impact allait arriver. Il fallait quoi. Deux, trois secondes, le temps que Noah comprennent ce qui venait de se passer, et il pourrait réagir. Raphael imaginait un coup si violent qu’il se voyait déjà traverser la porte - pourtant close - pour aller cogner le mur du couloir. Mais il n’en fut rien. L’uppercut, le poing, la gifle, rien de tout ça n’arrivait. Sa mâchoire était complètement bloquée, son regard vrillait dangereusement sur le visage de Noah pour essayer de lire sa réaction, mais le coup ne venait pas. Il recula. Ce qui n’était guère étonnant. Il avait toutes les raisons de se sentir agressé dans son intimité. Un bruit sourd lui indiqua que les bretelles étaient maintenant au sol, et que c’était bien la peine de les lui avoir tendu quelques secondes plus tôt - ok, trop tôt. Oh bien sûr, il y eu les mots qui donnèrent à Raphael l’envie de disparaître, de ne jamais avoir exister, de ne plus jamais être. De toute évidence, il y avait la colère de Noah qui faisait écho dans chacun de ses os et qui le rendait malade. Mais il n’y avait pas eu de coup. Il y avait juste eu cette main brulante qui le repousse contre la porte. Cette main qui avait trouvé un écho dans le regard terrifié et inquisiteur de Raphael. Il y avait eu le choc de son dos qu’il avait à peine sentit tant son cerveau était obnubilé entre une douleur bien plus abstraite, mais bien plus violente, et un désir brutal et incendiaire.

Si quelques secondes plus tôt il n’aurait pas su prédire ce qu’il allait se passer, les gestes de Noah était désormais devenu prévisible. Enfin, pas tout à fait. Le corps de Raphael semblait conscient de ce qui était entrain de se passer, et s’adaptait avec un naturel affolant à la situation, alors que la tête s’affolait encore, incapable de dépasser le faite qu’il n’avait pas reçu de coup. Comme au premier jour, sa bouche s’entrouvrit avant même que les lèvres de Noah ne touche véritablement les siennes. Il répondit cependant avec bien plus de violence et de vigueur que leur premier baiser. Il y avait quelque chose d’épouvantablement douloureux dans la manière dont leurs lèvres dansaient ensemble. S’ils n’avaient rien oublier des sensations physiques qui accompagnaient leurs baisers - et encore les souvenirs s’étaient fanés doucement dans l’esprit de Raphael - il n’était clairement pas préparé aux sentiments que cela impliquait. La pression du corps de Noah sur le sien était un poignard de culpabilité qui l’éventrait sans vergogne. La chaleur de sa bouche sur la sienne n’était rien d’autre qu’un fer rouge qui laissait sa trace indélébile. Il ne s’en remettrait pas.

Il était presque à bout de souffle lorsque Noah se détacha du baiser pour siffler sa rage dans son oreille. Raphael n’avait pas fait attention, mais il avait déjà une main solidement accrochée à sa nuque, ses doigts ayant naturellement trouvé le chemin de ses cheveux. Il se figea un instant contre lui en entendant la question. La seule chose qu’il aurait pu être capable d’articuler sur le moment aurait été un « i don’t know » absolument pas recevable - en plus d’être parfaitement faux. Il se pinça la lèvre inférieur avant de trouver le chemin de son cou. Il s’arrêta un très court instant contre sa peau, faisant glisser son nez sur l’arrête de son cou, s’imprégnant de son odeur. Et soudainement la question de Noah devenait stupide, et la réponse criante d’évidence. Il lui manquait, terriblement, douloureusement. Il le voulait brûlant, pressant, même violent s’il le fallait. Il l’aimait, autant qu’hier, sans commune mesure. Ses lèvres s’attaquèrent soudainement à la peau qui glissait sous elles. Une main aveugle cherchait à tâtons le verrou de la porte pour le fermer. Peut importe s’il devait le rouvrir dans deux minutes parce que Noah le jetait de la comme un mal propre. Il semblait avoir encore suffisamment de présence d’esprit pour savoir qu’il ne valait mieux pas qu’ils soient dérangés. Vaguement rassuré par le click du verrou, sa main vain trouver le col de la chemise de Noah et glissa jusqu’au premier bouton. Dans la précipitation il du d’avantage tirer que glisser contre le tissus, parce qu’il sentit le bouton céder sous ses doigts et mordit la nuque de Noah, avant de descendre pour s’occuper des autres boutons - si possible en leur réservant un sort moins cruel.
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeLun 29 Juin - 20:10

Non. Il n’était pas supposé faire ça. Ils n’étaient pas supposé faire ça. Il allait le regretter, et Raphael aussi - et ils le savaient tous les deux parfaitement, ce qui, quelque part, rendait la chose mille fois pire. Mais déjà, Noah ne pouvait plus s’arrêter. Le baiser de Raphael avait été bref, comme un oubli, comme un geste inconsidéré, mais il avait réveillé quelque chose - la plus totale incandescence de la souffrance et des souvenirs, toute l’étendue flamboyante du manque et des regrets. Non. Il n’était pas supposé faire ça. Ce soir il allait se prostrer dans son lit et se maudire jusqu’à ce que le sommeil s’en suive, c’était une évidence - mais il y avait une autre évidence, celle selon laquelle il était trop tard pour reculer. C’était sa faute à lui, à Raphael. Il se le répétait comme un mantra, en partie pour oublier sa propre culpabilité, et le fait qu’il se laissait, petit à petit, enfermer dans un piège. C’était la faute à Raphael qui, malgré les deux années qui s’étaient écoulées, était quelque part resté le même, était resté l’homme qui lui avait un jour appartenu, l’homme qu’il avait aimé de toutes ses forces. Qu’il aimait encore. C’était la faute à Raphael qui le regardait comme s’il ne s’était pas lassé de lui, comme s’il ne l’avait pas rejeté, un jour, en bloc et sans préavis. C’était la faute à Raphael qui était apparu, un beau jour, entre les quatre murs du Queen’s Theatre. C’était la faute à Raphael qui l’avait empêché de partir. C’était la faute à Raphael qui l’avait convaincu de rester.
Ou alors c’était simplement sa faute à lui, Noah Valdivieso, pour être incapable de se détacher du souvenir. Peut-être bien. Il ne voulait pas y penser. De toutes façons, s’il avait voulu le faire, il en aurait été incapable - il y avait simplement une voix dans son crâne qui lui hurlait qu’elle en voulait encore, et encore, comme il cherchait la bouche de Raphael, comme il reconnaissait le goût de ses lèvres, le contact de sa peau, son odeur, aussi. Rien n’avait changé. Et c’était comme si ces deux années de son existence - ces deux années de cauchemar, de douleur et de tôle qui se froisse et d’os qui se brise net contre un mur - avaient, pour quelques secondes, cessé d’exister. C’était un soulagement, quelque part. C’était aussi se brûler de plein fouet au souvenir de leur séparation. Il était simplement trop tard pour reculer. Trop tard. Pas maintenant qu’il avait Raphael tout contre lui.
Il le sentait respirer tout contre son cou, il sentait son souffle balayer sa peau, et il se demandait par quel miracle il tenait encore le coup. Sa main s’était resserrée sur le col de Raphael, une pression si forte qu’il aurait pu en avoir mal, mais c’était au moins la certitude qu’il était là, juste là, tout contre lui, et cette chose, incroyablement douloureuse, était aussi inestimable. Il n’entendit qu’à moitié le bruit caractéristique du verrou que l’on referme - et même sans y avoir réellement réfléchit il sut que oui, c’était sûrement une chose à faire, oui. La main qu’il avait gardé contre le mur vint glisser le long d’une taille, s’aventurer sans vergogne sous une chemise pour, du plat, parcourir à nouveau la peau sensible d’un ventre. Elle était brûlante. Elle était brûlante et il réalisa que la sienne devait l’être aussi, quand il sentit les dents de Raphael se refermer sur sa nuque et le premier bouton de sa chemise éclater sous la pression d’une main malhabile. Il n’avait pas obtenu de réponse à ses questions. Mais même lui aurait été incapable de le faire, réalisa-t-il soudain. Il ne savait pas pourquoi il faisait cela. Il allait le regretter.
Et alors? Pendant deux ans il avait regretté de ne pas avoir conservé avec assez de couleurs et de détails ces souvenirs précis. La pression autour du col se desserra enfin, et il entreprit, de son côté aussi, de défaire les boutons un à un. Quelque chose pulsait en lui - et ce quelque chose ressemblait à s’y méprendre aux symptômes du manque. Il les connaissait si bien. Ce monstre là n’en vint à se taire que quand, à nouveau, il s’empara des lèvres de Raphael, autoritaire et demandeur. Ses deux mains concouraient à tirer fébrilement sur le tissus d’une de ses stupides chemises de marque, dans une lutte farouche qui ne prit fin que lorsqu’il parvint enfin à défaire toute la rangée de boutons. Sa peau n’avait pas changé. Les traits, les textures, tout était resté en tout point semblable à ses souvenirs, lui donnant, l’espace d’une douloureuse seconde, l’impression qu’il ne s’agissait là que d’une illusion. Mais ce n’était pas une illusion. Raphael était bien là. Splendide et incompréhensible. Sublime et absurde. Il était là et il n’avait aucune raison de l’être, et les souvenirs le prenaient si fort à la gorge que Noah en avait presque, par instants, l’impression d’étouffer. C’est au plus fort qu’il ferma les yeux. La main qui s’était acharnée à défaire les boutons quitta son exploration pour, quelques instants durant, se déposer sur le cou de l’autre homme, en sentir le souffle. Il y eut, pendant une demi-seconde, l’amorce aussitôt abandonnée d’une pression, avant que, simplement, elle ne le prenne en coupe. « Fuck. Fuck… » qu’il grogna presque, miroir des chapelets d’insultes formulés par Raphael à peine plus tôt. Les mots se bousculaient dans sa bouche, et pourtant, les seuls sons à en sortir étaient ceux là. Pour le reste, la déchirure était encore trop grande - et l’impression d’être écartelé entre les « je t’aime » et les « je te hais » trop violente. A défaut, il entourait Raphael de ses mains, parcourait sa nuque, parcourait ses côtés et, sa tête pressée contre la sienne, respirait de son mieux pour ne pas suffoquer sous les sentiments contradictoires. Il ne comprenait pas, il ne saisissait pas, mais lui, il savait qu’il était trop tard pour rebrousser chemin, ou pour renouer contact avec la raison. Tant pis s’il devait réaliser que ce qu’il avait voulu le plus au monde était aussi précisément la chose qui lui faisait le plus de mal.
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeLun 29 Juin - 20:12

Il l’aimait. C’était un cri assourdissant qui lui soufflait dans ses oreilles, jusqu’à lui faire perdre tout sens de l’équilibre. C’était une urgence brûlante dans le bas ventre, qui fourmillait sous sa peau, excitait ses sens. C’était d’infimes tremblements qui régulaient ses membres pourtant bien au faite de ce qu’ils avaient à faire. Raphael n’avait pas oublié Noah. Il n’aurait pas pu oublier Noah. L’idée était peut être tentante. Sa vie serait assurément plus simple sans l’autre homme - plus fade aussi, plus dérisoire. Mais l’idée était surtout vaine, et ridicule. Il n’oublierait pas Noah. Peut importe ce que lui demandait Jane, peut importe ce que la logique et la raison lui soufflait de faire. Il n’oublierait pas Noah. Il le savait hier, lorsqu’il avait lâché monocorde des mots qu’on ne pardonne pas. Il le savait aujourd’hui, lorsqu’il retrouvait ses lèvres, sa peau, son odeur, et cette chaleur bien connue. Il le saurait demain, lorsqu’il croiserait son regard et que tout lui soufflerait qu’une seule chose : il l’aimait. Ca lui paraissait évident, et il se reposait sur la certitude qu’il avait toujours été transparent pour Noah pour se dire qu’il savait. Evidement qu’il savait. Pouvait-il en être autrement ? Pour quelle autre raison se serait-il retrouvé contre lui, sur ses lèvres, sous ses doigts ? Il ne réfléchissait plus à leur relation actuelle, ou à l’état d’esprit de Noah. Il devait savoir. Il ne pouvait que savoir. Ses sentiments hurlaient si fort dans son crâne. Noah ne pouvait que les entendre.

Et s’il ne les entendait pas ? Et s’il ne le sentait pas ? Et s’il ne le savait pas ? Pourquoi continuait-il ? Que cherchait-il contre lui ? Son esprit déraillait, s’asphyxiait. Il perdait le contrôle, se laissait aller à son envie, et puis réfléchissait, trop, et menaçait de tout arrêter. Du moins, c’était ce qu’il cherchait à faire, en hurlant à grand cris, en tambourinant contre ses tempes. Parce que ce n’était pas raisonnable. Parce que c’était stupide. Parce que Noah pouvait ne pas comprendre. Parce qu’en réalité il y avait d’avantage de chance qu’il ne puisse pas comprendre. Depuis quand le sexe était uniquement relié à l’amour. Certes, pour Raphael, ça avait étrangement été le cas. Il n’y avait eu dans sa tête, que Noah, et son corps semblait avoir accepté cette donnée. Mais ce n’était pas le cas de Noah. Noah savait bien que ses gestes peuvent se dissocier des sentiments. Que l’envie, le manque, et le désir pouvait se passer d’amour. Pouvait-il saisir, dans l’empressement de ses mains contre sa chemise, dans la force de sa poigne sur sa nuque l’amour désespéré ? Ou sentait-il seulement un manque physique qu’on venait combler en terrain connu ? Parce qu’ils n’avaient rien oublié, et que les réflexe demeurait les mêmes. Il se damnait pour le goût de ses lèvres, pour l’odeur de sa peau, pour les frissons que provoquaient ses doigts. Et il n’avait qu’une certitude, il en voulait plus, beaucoup plus. Et peut importe ce que lui soufflait son cerveau, il n’arrêterait pas, il ne voulait pas arrêter, il ne pouvait pas arrêter. C’était une idée un peu stupide, qui paraissait nécessairement foncièrement exagérée. D’autant plus qu’il y avait longtemps que Raphael avait su être maître de ses frustrations. Mais il n’avait jamais eu cette retenue avec Noah. Et quoique ce dernier puisse penser, c’était bien plus qu’un simple manque à combler. C’était un repos avant une nouvelle apocalypse. C’était un moment pour se sentir entier, vivant. C’était un moment pour ressentir, pleinement ce qui luttait seconde après seconde pour prendre tout l’espace dans sa tête. Et tant pis si après c’était pire. Tant pis si c’était égoïste. Tant pis s’il se ferait mal. Tant pis pour la raison, pour la justice, et pour la vertu. Il avait besoin de l’aimer.

Il avait besoin de le lui dire aussi, besoin d’être assuré qu’il l’entende, qu’il le comprenne. Les trois petits mots fourmillaient dans son cerveau au rythme absurde des battements de son coeur. Ils cherchaient à se faufiler entre ses lèvres lorsque Noah lui volait son souffle. Ils brillaient dans ses iris lorsque Noah se reposait contre, les paumes sur sa gorge, le souffle court. Non, il ne devait pas le dire. Il ne pouvait pas le dire. Il y avait un égoïsme à ne pas franchir, une promesse à respecter - c’était bien le moment d’y penser. Et puis tout était déjà suffisamment clair. Noah devait le sentir contre ses pouces dans les battements de son coeur, ou sur son visage, dans la lourdeur erratique de son souffle, ou dans leur chaleur communicative. Il fermait les yeux, il se pinçait les lèvres, il se rassurait. Noah savait, il comprenait, tout allait bien. Il était un gamin qui avait besoin de croire en un mensonge pour supporter le moment, pour ne pas s’effondrer. Il fermait les yeux avec violence, pour se persuader de ce qu’il racontait. Tout allait bien. Noah savait. Noah comprenait. Il n’y avait pas de malaise. Il n’y avait pas de violence dans la manière dont son ancien amant le prenait en coupe. Tout allait bien. Il l’aimait. Ils le savaient. Ils étaient d’accord.

Les mots de Noah viennent perturber cette litanie mentale destinée à ne pas lui faire perdre la tête. Il rouvrit les yeux, croisa les pupilles incandescente de Noah, en saisit le trouble. Son coeur se fendit, s’effondra, brûla. Il ne comprenait pas. Il n’entendait rien. Il ne sentait rien. Il se consumait, au même rythme que lui, ou plus vite peut être. Je t’aime. Les mots lui brûlèrent les lèvres, il se les pinça pour retenir l’idée. Il cambra son dos cherchant à se rapprocher de lui lorsqu’il sentit ses mains sur ses côtes. Il glissa les siennes sur ses épaules, par dessous la chemise, pour la faire glisser le long de ses bras - c’était absurde comme moment, lui retirer une chemise qu’il avait enfilé quelques minutes plus tôt. Je t’aime. Il se saisit de ses lèvres avidement pour éviter d’épancher ses mots. Une main vint se glisser sans son dos, l’autre dans sa nuque. Il s’agrippa fermement à lui, pressant son torse brulant sur le sien. Je t’aime. Il lui mort la lèvre inférieur, se détache à peine pour reprendre son souffle, dessine une ligne de baiser sur sa mâchoire, sur son cou, sa clavicule. Sa main glisse de sa nuque, à son torse. Je t’aime. Il enfouit son visage dans le creux de son cou, laisse échapper un grognement de frustration. Dans sa tête c’est l’incendie et c’est sa peau qui en pâti, qui souffle l’évidence qu’il retient.
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeDim 5 Juil - 15:42

Pour un peu, Noah en aurait oublié où ils se trouvaient. En tous cas, la perspective d’une journée de boulot et des autres qui, peut-être, les attendait, avait déjà bel et bien disparu. L’empressement, le désir, les souvenirs, tout s’était abattu sur lui avec une violence si démesurée que le reste du monde avait basculé au fin fond de ses pensées. D’ailleurs, il n’était même plus véritablement certain de penser encore. Il n’y avait plus que l’instinct, qui par ailleurs tournait à plein régime. Sa peau avait gardé la mémoire de Raphael, chaque centimètre en avait conservé le souvenir des gestes et des instincts, il n’y avait pas la moindre place pour le raisonnement, seulement pour un mélange absurde de réflexes à la fois salvateurs et douloureux. Ses mains, la pulpe de chacun de ses doigts, se réjouissait à la fois du triomphe de reconnaître le contact qui frottait leurs nerfs mais rappelaient, aussi, toute l’étendue de la douleur. N’en ressortait qu’un marasme d’émotions, si profond que, quand Noah osait lui accorder un regard, il en avait presque le vertige. Dans le doute, il le fuyait comme la peste. Dans le doute, il s’abandonnait aux territoires qu’il connaissait par corps et par coeur. Peut-être qu’avec quelques efforts, quelques efforts de plus encore, la souffrance s’envolerait enfin. Il oublierait qu’il aimait toujours Raphael, il oublierait que parce qu’il l’aimait toujours il en avait mal de le tenir dans ses bras, et il n’y aurait plus que l’alchimie de deux corps qui, puisqu’ils s’étaient connus, pouvaient, sur un malentendu, se retrouver. Probablement que ça serait trop simple, trop beau pour être vrai, probablement qu’il n’y parviendrait pas, mais il s’accrochait à cet espoir - il s’accrochait farouchement à cet espoir parce qu’il n’avait plus que cela, il était déjà trop tard pour reculer, trop tard pour renoncer au plaisir masochiste de retrouver Raphael De Lacy.
Il était, déjà, à peu près certain que Sasha allait hurler à l’instant où elle allait l’apprendre. Il n’avait pas la moindre trace d’espérance de le lui cacher, et pas la moindre illusion sur sa réaction. Déjà Noah était lucide sur les conséquences de ses actes, lucide sur le monceau de regrets qui s’abattrait sur lui aussitôt l’instant révolu, lucide sur les choses que sa meilleure amie lui dirait, aussi. Qu’il était inconscient. Qu’il se faisait du mal. Et alors? Et alors. De la façon la plus perverse qui soit, il voulait ça. Il voulait brûler tous ses feux, juste pour une toute dernière chance de le sentir contre lui. Tous les jours, même. Il aurait accepté que cette douleur là se fasse quotidienne, parce que au moins, elle remplaçait le vide, au moins, elle remplaçait l’abandon. Il se haïssait parce qu’il était puéril, il se haïssait parce qu’il était pitoyable, mais cela ne l’empêchait pas une seconde de venir chercher les lèvres de Raphael, et de l’embrasser avec assez de force pour s’y oublier quelques secondes. Les yeux fermés, il tentait d’imprimer au plus parfait dans sa mémoire les souvenirs du toucher, des odeurs, du goût, du feu qui commençait à brûler au plus profond de ses reins.
Tant pis s’il avait envie de hurler, par moments. Envie de lui demander pourquoi il était parti, hein, qu’est-ce qui clochait chez lui putain, pourquoi il le voulait pour ça mais l’avait rejeté pour tout le reste. Tant pis si la rage, sèche, faisait un noeud dans le fond de sa gorge, et si les mains qui couraient sur sa peau laissaient une traînée incandescente. Tant pis si, quand il écarta une brève seconde ses bras de Raphael pour mieux s’arracher à sa propre chemise, il le fit avec l’impression de se noyer, tout à coup, d’être à nouveau percuté par le manque, plus violent que jamais. La douleur pinçante infligée à sa lèvre ne suffit pas à le ramener à la réalité. Il se laissait bercer par l’instant dans toute sa splendeur - et dans toute son horreur. Il sentait chaque baiser déposé dans son cou, chaque centimètre qu’une main parcourait dans son dos, avec une absurde intensité. Pendant une demi-seconde, il vacilla sous cette puissance, avant de se rattraper, laissant ses deux mains courir le long d’un torse, puis d’une taille, avant de s’attaquer sans ménagement à la boucle d’une ceinture. Sa bouche s’était attaquée à la chair d’un cou, qu’elle dévorait sans l’ombre d’une prudence. Il ne s’écarta qu’une demi-seconde, presque suffoquant, pour souffler, impatient: « Ta chemise. Enlève ta chemise. » Sa voix était autoritaire. Il en avait certes défait les boutons, mais, tout à l’urgence et au besoin, il n’avait plus d’autre priorité que de venir à bout de ses vêtements au plus vite. Ses mains, rendues malhabiles par le désir, ne parvinrent à vaincre la boucle qu’au terme d’une lutte farouche, une victoire ponctuée d’un soupir de triomphe, avant qu’il ne s’attaque aux boutons. Il fallut, à nouveau, plusieurs secondes pour que, enfin, il puisse glisser sa main sous la barrière des vêtements. Ses dents s’enfoncèrent alors dans la peau offerte d’une gorge. Son coeur, lui, lui sembla manquer un battement, dans un bref instant qui lui donna presque le vertige. D’une main, il s’appuya de nouveau contre le mur, inspira profondément, si proche de Raphael qu’il en sentait toute sa chaleur irradier de sa peau, avant de repartir à l’assaut. Oh il l’aimait. Il l’aimait encore. Et c’était une putain de tenaille dans sa poitrine, une pression constante et dévorante, une douleur presque autant qu’une ivresse. Il l’aimait et, fébrile, il vint chercher la taille d’un pantalon, tirer dessus, presque fébrile, presque nerveux, toujours aussi impatient. Il avait besoin de lui. Il avait besoin de Raphael sur tellement de points que c’était comme un vide qu’il ne comblerait jamais - besoin de Raphael sur tellement de points qu’il venait à son contact avec une sorte de désespoir. Il prenait, en attendant, tout ce qu’il pouvait. Et tant pis si ce « tout ce qu’il pouvait » n’était que physique - c’était déjà ça, sentir à nouveau sa peau toute proche de la sienne.
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeDim 5 Juil - 15:52

En deux ans, Raphael avait eu le temps d’imaginer une bonne centaine de fois - sinon bien plus - comment pourrait se passer ses retrouvailles avec Noah. Il avait retourné la solution dans tous les sens. Il avait réécrit l’histoire avec un nombre de si improbable et aberrant. Ils les avaient même transféré dans des univers alternatif, simplement pour se rassurer, pour se dire que quelque part, ils étaient heureux. C’était ridicule, vain et vraiment puéril, il supposait qu’il en avait seulement eu besoin pour ne pas s’effondrer. Ca n’avait pas réellement fonctionner - il avait été stupide de penser que cela pourrait donner le change. Comme si une romance fictive qui ne lui appartenait même pas pourrait un jour remplacer ce qu’il avait eu avec l’autre homme. Il pouvait imaginer ce qu’il voulait, réécrire ce qu’il souhaitait, cela ne remplacerait jamais ce qu’il avait perdu - par sa faute. Lorsque Noah avait eu son accident, il avait brisé le statu-quo qu’avait construit Raphael autour de leur histoire. Ses rêves ne fonctionnaient que si Noah était encore là, en pleine santé. Il ne pouvait pas rêver sans lui. Lorsqu’il attendait, devant l’hôpital, comme si cela pouvait remplacer le faite de vraiment aller le voir, il s’imaginait ce qu’il se passerait s’il passait la porte, et qu’il trouvait le chemin de sa chambre. Il se demandait si Noah lui en voudrait d’être là. Il se demanderait avec quelle puissance les sentiments le frapperaient. Résisterait-il à l’envie brûlante de venir s’installer au plus près de lui, de l’embrasser, de prendre sa main ? Non, surement pas, il le savait, il n’aurait jamais pu le voir comme ça sans immédiatement remettre en question tout ce qu’il avait fait jusque là et vouloir rester nuit et jour à ses côtés. Il n’était donc jamais rentré. Et il avait continuer à fantasmer leur retrouvailles, à fantasmer le jour ou il pourrait tenir toutes les promesses qu’il lui avait faites.

Il n’avait jamais imaginé que cela puisse être comme ça, de manière si brutale, si incontrôlée, si bestiale. Parce qu’il y avait beaucoup de ça. Ils semblaient tous les deux avoir cédés à une pulsion qui les dépassait et qui leur apparaîtrait bientôt aberrante. Tout le monde semblait le trouver trop froid, trop droit, trop imperturbable, et voilà qu’il n’était même plus capable de faire face à Noah torse nu sans se retrouver la seconde suivante sur ses lèvres. Parce que dans sa tête, c’était exactement ce qui s’était passé. Une seconde il était bien, il se préparait à lui tendre les bretelles, l’autre il l’embrassait, s’en rendait compte, et reculait brusquement. Cela ne faisait aucun sens. Cela n’en faisait pas maintenant, cela n’en ferait surement pas plus tard. Lorsque tout serait finit, et qu’il essayerait de remettre les pièces du puzzle dans l’ordre, il découvrirait qu’ils en manquaient forcément, ou qu’ils avaient essayé de recoller quelque chose de définitivement brisé. Mais pour l’instant, il n’était plus capable de réfléchir. Il continuait de déposer ses pièces du puzzle contre son cou, sur sa peau, sur la pulpe de ses lèvres. Des pièces qu’il ne retrouverait pas, qu’il abandonnait définitivement, des parties de lui, de son amour, de son intégrité aussi. Il n’aurait jamais du se laisser aller à ce jeu là, mais il en avait terriblement besoin.

Il en avait besoin, parce que dans toute cette précipitation, dans ce manque de prudence, dans cette impatience, les choses sonnaient enfin juste pour lui. S’il oubliait tout, la rupture, la souffrance, le désespoir, il ne restait que l’amour, que le désir, et que la certitude d’avoir toujours appartenu à ses bras. Il pouvait se concentrer là dessus. Il pouvait se satisfaire de la marque incandescente que ses doigts laissait sur lui. Il pouvait se laisser aux frissons interminables que provoquaient ses lèvres sur sa peau. Les battements de son coeur le rendait sourd, le rendait ivre. Il voyait et sentait Noah partout. Il ne désirait que lui, n’aimait que lui, voulait se perdre contre lui jusqu’à n’être qu’un souffle brisé, qu’un tremblement incontrôlable. Son coeur manqua un battement lorsqu’un ordre résonna à ses oreilles. Il n’était pas habitué, pas dans un tel grognement autoritaire en tout cas. Sans même réfléchir il s’exécuta néanmoins. En deux ans c’était devenu un mécanisme de se débarrasser consciencieusement des vêtements. Cela évitait d’imprégner les odeurs, de semer le doute - cela n’avait, de toute évidence pas suffit. Il lança la chemise à l’écart, sans faire attention à ou elle tombait. Il aurait du prendre l’habitude de la plier correctement, pour éviter les plis, il s’était toujours dit qu’il le ferait, il ne l’avait jamais fait. Ses mains retrouvèrent son torse, ses côtes, s’attaquèrent à sa ceinture alors que Noah finissait de défaire la sienne et glissait sa main sous l’épaisseur devenue désagréable du jean. Lui qui avait toujours été d’avantage à l’aise avec ses vêtements, avait finit par les trouver particulièrement inconfortable dès qu’il se trouvait avec Noah. Il laissa échapper un gémissement sonore qu’il étouffa dans un pincement de lèvres alors que Noah plantait ses dents dans son cou, l’attirant un peu plus à lui. Il bouillonnait. Ce n’était jamais suffisant, Noah n’était jamais suffisamment près. Il voulait ses lèvres, il voulait sa gorge, ses reins, d’un seul geste, d’un seul baiser. Il courait après une chimère, après un sentiment bien précis que lui qu’il n’avait pas ressentit depuis longtemps. Le jean déboutonné, il le fit glisser sur ses hanches, emportant en même temps son caleçon, impatient. Accompagnant ses vêtements mains s’arrêtèrent sur ses fesses, ses cuisses, l’attira contre lui, toujours un peu plus fort, toujours un peu plus près. Il se brûlerait sur sa peau, en garderait la marque, le souvenir et l’odeur. Il embrasserait cette peau jusqu’à se retrouver dans chaque recoin. Il s’épancherait sur ses lèvres jusqu’à se qu’il entende les mots qu’il retenait pour lui. Dans sa poitrine son coeur battait à lui faire mal. Dans sa tête il n’entendait plus que cette suite sans fin de je t’aime. Il voulait le crier, pour ne plus l’entendre. Il voulait n’être plus que réaction sous les doigts experts de Noah. Il voulait être souffle, frisson, gémissement, soupire, baiser. Il voulait que l’amour qui gueulait dans son crâne, qui étouffait son coeur, trouve raison dans le creux de leurs reins. Il voulait Noah. « Noah… » échappa-t-il d’un souffle brûlant, entre deux baisers fiévreux.
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeDim 5 Juil - 15:55

C’était comme si on existence était demeurée au point mort, comme s’il avait, en deux ans, été incapable d’avancer. Vingt-quatre mois après sa rupture avec Tony, pourtant, il était monté sur scène dans ses premiers véritables rôles, il avait retrouvé Sasha, s’était installé avec elle, avait multiplié les aventures. Qu’est-ce qui avait suivit Raphael ? Des regrets, un Phantom grimaçant, marqué du sceau de la drogue, une douleur cuisante, des semaines et des semaines entières à errer dans un hôpital. Autant dire, pour un homme qui s’était toujours voulu si fabuleusement vivant : rien. Loin d’évoluer il avait régressé, sacrifié sa carrière pour des mois entiers. Dans le temps perdu la blessure de Raphael De Lacy ne s’était, bien sûr, jamais refermée.
Comment aurait-elle pu ?
Avec toute sa naïveté d’enfant, il se raccrochait à Raphael comme on se raccroche aux derniers souvenirs véritablement heureux. Bien sûr il avait eu ses joies, ses petits triomphes, ses petites euphories, mais plus jamais de cette paix totale et absolue que l’on ne ressent que dans de trop rares instants de certitudes. Les semaines, puis les mois, puis les années, avaient peu à peu effacé l’intolérable frustration de ne jamais avoir eu totalement cette homme rien que pour lui, et n’était restée que la douce certitude que rien ne manquait alors à son existence. Les heures où il jouait Sweeney Todd sur scène et, pour une étreinte volée mais sublime, retrouvait son amant au fin fond des coulisses, brillaient dans sa mémoire avec la splendeur d’un diamant. Tant pis s’il avait, certainement, enjolivé beaucoup de choses. Il vivait avec la certitude qu’à cette époque là, en tous cas, il était heureux, parfaitement heureux - et il vivait aussi avec cette autre certitude, moins reluisante, selon laquelle elle était révolue.
Restaient les souvenirs et leur célébration sauvage. Restaient deux corps qui, à une époque, s’étaient connus par coeur. Restait l’impression de revenir à Raphael comme en rampant, pitoyable, piteux, bouffé par l’envie, ou plutôt, par la dépendance. Restait l’amour qu’il avait été incapable de faire taire, aussi, et qui bouillonnait au fin fond de son ventre, s’entremêlait au désir, hurlait de toutes ses forces qu’il avait survécu au temps et à la douleur. Bien sûr, Noah savait que ces feux mal éteints ne feraient que se nourrir de la chaleur du corps de Raphael. Bien sûr. Mais ces feux mal éteints lui glaçaient le reste du corps, aussi, et le crucifiaient sous le besoin de l’autre homme. C’était au moins son domaine - celui du physique qui se frotte au physique et qui, dans quelques instants parfaits, peut parfois se défaire des sentiments. Il n’en réchapperait pas pour autant à la douleur.
Mais à cet instant il se moquait de la douleur. Il n’y avait que - ou surtout, plutôt, surtout - le plaisir. Le triomphe primaire de sentir Raphael pulser sous sa main, de l’entendre réagir, d’une plainte inarticulée, au traitement qu’il infligeait à sa gorge. Il y avait un sentiment pervers de victoire, aussi, à savoir que même si les sentiments s’en étaient allés (pas de son côté, pas de son côté mais il aurait tellement voulu), Raphael était malgré tout demeuré un instrument vulnérable entre ses mains, sensible aux endroits et aux façons qu’il lui avait toujours connu. A l’instant où il sentit son propre jean glisser sur ses hanches, puis sur le haut de ses cuisses, il était lui-même parvenu à son objectif, dégageant toujours plus de chair brûlante. Ses doigts desserrèrent leurs emprises - courant le long des bras de Raphael, il dégagea de force ses mains de sa peau et, de toute son autorité, les plaqua contre la porte. Pendant une seconde, ou peut-être deux, il eut le réflexe de les entremêler aux siennes. Puis, comme électrifié, il se souvint que cette tendresse ne leur appartenait plus - et son étreinte vint se lier autour de deux poignets.
Le soupir où il discerna son nom fut noyé dans un baiser, un baiser comme pour faire taire, un baiser comme pour éviter que ne se ravivent trop les souvenirs. Cependant, Noah eut au moins une concession - celle de se rapprocher un peu plus encore et, peau nue directement contre peau nue, de laisser ses hanches rouler vers l’avant. Le geste était primaire, instinctif, cyclique - mais il avait quand même quelque chose de grisant, comme chaque centimètre de sa peau entrait en contact avec celle de Raphael, dans une pression régulière, chaque fois un peu plus profonde, chaque fois un peu plus forte. Il aurait voulu prendre le temps. Eventuellement faire les choses correctement, profiter une dernière fois du corps de l’autre, en garder chaque souvenir, chaque sensation - mais il y avait là et avant tout le sentiment de l’urgence. Sa bouche, quand elle n’embrassait pas, restait toute proche de celle de Raphael, imprégnée du goût de Raphael, et elle respirait l’air qui exhalait de ses poumons avec toute l’ivresse du manque. Quand ses mains défirent leur pression sur les poignets, ce fut uniquement pour se nouer autour d’une taille, accentuer encore leur proximité - ses doigts si fermement ancrés qu’ils en laisseraient probablement une marque. Ses lèvres, à un centimètre à peine de leurs jumelles, frémirent dans un long soupir. Un mouvement de la hanche, une pression de la cuisse, et, autant que possible, il se fraya une place entre les jambes de Raphael, avant de reprendre le rythme infernal de ses coups de reins, rendus par instants irréguliers par son propre désir. Il avait besoin de Raphael. Tellement besoin de Raphael que parfois il en avait du mal à respirer. Besoin d’être plus proche, toujours plus proche, encore plus proche que cela, de l’apprendre à nouveau par coeur et de sentir à nouveau qu’il n’appartenait qu’à lui. Besoin de savoir qu’il détenait encore ce pouvoir là. De lire encore, toujours, dans ses yeux, cette lutte éternelle entre la pudeur et l’envie. Il avait compris qu’il pouvait faire une croix sur l’amour - mais il voulait au moins ça, même si c’était, certainement, déjà beaucoup trop demander.
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeDim 5 Juil - 15:57

Raphael semblait toujours avoir vécu dans une dimension parallèle. Derrière son piano, ses doigts glissant à la perfection sur les touches, c’était le seul moment ou il semblait avoir une véritable légitimité. Le reste du temps, il était bancale, en attente. Il n’avait jamais su ce qu’il attendait. Jusqu’à Noah. Noah était son sursaut de vie, son regain de conscience, cette certitude que la vie méritait d’être vécu. Il avait tout mis entre parenthèse à l’instant même ou il avait rompu. Il n’avait jamais pu tirer un trait pour lui. Devant Jane, devant ce mur froid douloureux et intransigeant, il s’était placé en gamin. Il avait hoché la tête, il s’était exécuté, et dans son dos, il avait croisé les doigts, de toute ses forces. Comme un gamin qui cherche la faille dans le règlement, il avait finit par trouver la parade. Oui, il ne pourrait plus le voir. Oui, il l’abandonnerait, détruirait tout ce qu’ils avaient pu construire. Mais il l’aimerait. Oh il l’aimerait. Ca serait sa dernière défiance, son acte de rébellion. On le privait de tout ce qu’il avait toujours voulu. Il ne l’oublierait pas. Il laisserait son fantôme briller dans ses iris. Et il attendrait. Il avait toujours été doué pour attendre. Encore une fois, il mettrait sa vie en parenthèse. Il retrouverait son quotidien bancale, insignifiant et fébrile. Il attendrait. Il laisserait la souffrance le ronger comme une punition mérité. Il attendrait. Il l’aimerait. Il s’en foutait. C’était seulement une chose qu’on ne pouvait pas lui prendre.

C’était stupide, c’était malsain comme manière de faire. Avec les mois, avec son acharnement à ne rien oublier, à garder intact un amour trop absolu, trop violent, il se renfermait sur lui même. Il avait naturellement élevé Noah - et tous les souvenirs qu’il avait avec lui - sur une sorte de piédestal inatteignable. Tout était trop beau, trop heureux. Il avait oublié les premiers mois, le sentiment d’urgence qui lui tordait les boyaux - et qu’il retrouvait pourtant aujourd’hui - la terreur de le perdre, de se faire abandonner, de n’être qu’un jeu. Il oubliait l’amour non réciproque, le sourire vainqueur qui illuminait toujours le visage de Noah et qui lui avait vaguement donné l’impression d’être un trophée. Noah était beau, terriblement beau. Il se brûlait à la chaleur radiante de son visage. Il voulait mourir sur son sourire, s’endormir dans le creux de son cou. Il l’aimait avec cette sorte de perfection qu’on les amours éternel et invivable.

Maintenant qu’il le retrouvait, il s’animait. Il se réveillait d’un sommeil glaciale et sans songe. Il était un pantin qui s’articulait et qui frémissait sous les actions du marionnettiste. Lorsque ses yeux n’étaient pas clos, il imprégnait la mémoire de ses traits dans ses souvenirs. Il laissait glisser son regard sur sa peau. Et par flash, il l’admirait comme s’il était le monde. Dans ses moments il était submergé par la violence de ses sentiments. Dans le même instant, l’amour, le manque, et l’impression vaine que l’attente ne résoudrait rien, qu’il l’avait bel et bien perdu, lui saignait la gorge. Et en filigrane, la culpabilité, le sentiment déstabilisant de s’adonner à l’interdit, de détruire celui qui était tout s’installait, faisait confortablement son ni, et le hanterait pour le reste de son attente. Aurait-elle une fin ? Ou s’était-il condamné à n’aimer que de loin, comme un gamin qui s’accroche désespérément au dernier souvenir heureux pour ne pas se rappeler qu’il n’a plus que ça, des souvenirs.

En attendant il n’y a plus que ça, il n’y a plus qu’eux. Il n’y avait que leur peau maintenant nu qui s’accrochait l’une à l’autre avec désespoir, urgence, et envie. Il en avait oublié le reste, la loge, le monde qui devait fourmiller dans le théâtre, et les répétitions, dans quoi, dix, quinze, vingt minutes peut être. Il ne savait plus, il n’y pensait plus. Cela n’avait plus d’importance. Il n’y avait plus que le léger vertige vibrant dans son crâne et qui l’obligeait à se raccrocher de toute ses forces. Il n’y avait plus que sa respiration lourde et saccadée qui répondait à la sienne. Il n’y avait plus que le grognement sourd de frustration lorsque Noah lui arrachait les mains de sa peau pour les planquer contre la porte. Il luttait dans l’autre sens, voulait retrouver sa peau, dessiner ses hanches, les rapprocher encore un peu plus de lui. Il le fit de lui même, lui arracha un sursaut de respiration. Un instant, il sentit ses doigts s’entrelacer aux siens. Il s’arrêta de lutter vainement contre la force de Noah qu’il n’avait de toute façon aucune chance de vaincre, et voulu s’accrocher à ses doigts, à cet entrelacs. Mais la pression rassurante et chaude des doigts de Noah s’arracha à sa main et se fixa sur ses poignets. Il grogna une nouvelle fois, et à défaut de pouvoir toucher Noah avec ses mains, il cambra son dos, tendit son corps à la recherche du sien, vint s’attaquer à toute la peau mise à la disposition de ses lèvres.

Il retrouva ses lèvres, y noya la fin de son prénom, et le reste de la déclaration. Raphael aurait pu être qualifié de bruyant. D’ailleurs Sasha ne s’était jamais dérangée pour lui donner ce qualificatif. S’il avait longtemps été gêné et que depuis le premier jour il avait tout de même fait beaucoup d’effort, il avait aussi appris à oublier toute notion de pudeur avec Noah. Ses poings s’étaient refermé sous la frustration et sous le besoin qu’il avait de s’accrocher à Noah pour mettre plus de conviction dans ses propres mouvements. Ses phalanges blanchissaient sous la tension infligé à ses bras. Son visage infiniment proche de celui de Noah - à vrai dire leur front se touchaient, leur nez s’allongeaient l’un à côté de l’autre, leurs lèvres se frôlaient presque lorsqu’elles ne s’embrassaient pas. Raphael haletait si près de son amant - pouvait-il l’appeler comme ça ? Même si ce n’était de toute évidence qu’une seule fois ? Même s’il ne savait pas ce qu’il restait de leur amour ? Il respirait fort lorsque ce n’était pas des gémissements qu’il cherchait à noyer sur les lèvres de Noah dans un semblant de pudeur. Lorsque Noah relâcha enfin la pression sur ses poignets pour se saisir de ses hanches il s’accrocha fermement à ses épaules laissant Noah prendre sa place entre ses jambes. La porte vibrait dans son dos, et il devait prendre doucement conscience de l’absence totale de discrétion dont il devait faire preuve parce qu’il venait presque systématiquement étouffer ses soupires et gémissements contre les lèvres de Noah. Le plaisir rendait de plus en plus sa grippe sur Noah tremblante. Il prit tout de même en coupe son visage d’une main laissant ses doigts s’agripper à sa nuque, et son pouce reposer sur sa joue. Il brûlait. Et doucement il prenait conscience du fracas dans lequel allait se finir cet intermède. S’ils fonctionnaient à présent en parfaite harmonie, comme s’ils n’étaient qu’un. Que se passerait-il dès qu’ils seraient au bout ? Dès qu’ils auraient rompu leur corps au plaisir que l’autre peut lui procurer ? Dans un instant de panique, sa raison lâcha prise - de toute façon annihilé par le mouvement des hanches de Noah - et ses lèvres frémirent sous le poids de ce qui avait manqué de lui échapper une dizaine de fois. Le souffle rompu, la tête engourdie du plaisir qui monte, il soupire - comme il peut avec le besoin latent de reprendre son souffle - « Noah… I… »
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeDim 5 Juil - 15:58

Il y avait une peur panique à l’idée de voir Raphael s’en aller à nouveau. Il y avait une sorte de terrible angoisse qui le prenait à la gorge et menaçait de l’étouffer – une pression constante autour de son cœur, qui se mêlait à celle qui se formait au plus profond de ses reins. Et après. Et après ça. Après ça, quoi ? Le retrouver, même pour une étreinte presque brutale volée à une matinée de répétition, prenait tout à coup des teintes de cruauté. A nouveau il avait son goût sur ses lèvres, le son de sa voix dans les oreilles, sa chaleur contre la sienne, et, lentement mais sûrement, Noah réalisait qu’il allait, à nouveau, en être privé. C’était intolérable de cruauté. Une sorte de mauvais coup du destin. La frustration et le manque avaient eu suffisamment de poids dans son existence pendant les deux années de leur séparation – il n’était pas tout à fait certain de pouvoir à nouveau les supporter de plein fouet, dans toute leurs violences. Il venait de raviver ses propres blessures, avec brio, et, à nouveau, devrait composer avec des plaies ouvertes – et en prime l’épuisement d’avoir trop longtemps cherché à oublier. En vain.

Et pourtant, c’était sans relâche que son bassin venait chercher la friction, sans aucune trêve que, fébrile, il rencontrait Raphael dans les mouvements de ses hanches. Il y avait bien longtemps qu’il avait cessé de respirer normalement – son souffle venait en halètements sonores qui balayaient, brûlants, le visage de Raphael. Tellement proches. Quand il ne fermait pas les yeux pour mieux sentir le feu qui se nouait dans ses reins il peinait de toutes façons à les garder ouvert, curieusement ébloui par la vision qui s’offrait à ses yeux et par les trop nombreux souvenirs qui s’y rattachaient. Ses mains migrèrent à nouveau, de la taille aux hanches, un peu plus bas, empoignant la chair, une prise pour appuyer un peu plus et un peu mieux ses mouvements. Le rythme était devenu erratique. Douloureux, presque. Il entendait Raphael gémir contre ses lèvres et c’était à chaque fois un dilemme écrasant, l’embrasser pour faire taire une musique qu’il avait un peu trop aimé ou laisser faire, parce qu’embrasser était presque pire, embrasser lui rappelait qu’ils s’étaient aimés. Oh, oui, il avait peur. Il avait peur parce que, même sans réellement s’en rendre compte, il avait appris à vivre sans ces choses pendant deux mois, et qu’à nouveau il redoutait d’en être privé. Il était en colère, aussi – un autre sentiment pesant de haine et d’amertume qui, dans sa lourdeur, se conjuguait étrangement bien au désir. Les questions se bousculaient dans son cerveau, condamnées à rester sans réponse : une litanie interminable de « pourquoi tu as fait ça, Raphael, hein ? Pourquoi tu me fais ça ? Est-ce que tu sais que je t’aime encore ? » qui menaçait de le rendre fou. A la place, il se mordit la lèvre, étouffa un juron, s’installa un peu mieux entre les jambes offertes, des deux mains vint s’emparer du haut des cuisses, une prise presque cruelle. C’est dans un instinct primaire de possessivité et de revanche qu’il abandonna le visage de Raphael pour mieux venir apposer la marque de sa bouche et de ses dents à la jonction d’une épaule et d’un cou. La déchirure entre l’urgence et le besoin de l’avoir encore à lui, rien qu’à lui, était si grande qu’elle en était presque physiquement douloureuse. Pas une seconde de trêve n’avait été accordée dans ses coups de reins pressants.

Et il l’aimait. Il l’aimait encore. Il l’aimait avec une telle note de souffrance et de remords qu’il s’en demandait parfois s’il en connaîtrait la paix, un jour, ou si il passerait le reste de son existence seul, à multiplier les aventures sans lendemain en regrettant l’harmonie qu’il avait un jour partagé avec cet homme. Il l’aimait et, quand il abandonna sa laborieuse entreprise sur son épaule, ce fut pour revenir chercher, autoritaire, sa bouche. Une main s’était nouée à l’arrière de sa tête, dans un geste tendre qui, pour un peu, aurait pu le rendre fou. Il l’aimait. Il l’aimait tellement, et il avait besoin de lui, si fort qu’il en avait mal. A ce stade, il n’était plus qu’un mélange de désir, de plaisir, de colère, d’amour, de regrets – un cocktail au goût entêtant qui lui donnait le vertige. La voix de Raphael résonna à nouveau, passant du gémissement articuler à l’ébauche d’une syllabe, puis de son propre prénom, puis d’une autre syllabe. C’est comme redoutant la brûlure des mots qui pourraient franchir sa bouche que Noah s’écarta, à peine, suffisamment pour laisser glisser ses deux mains des cuisses au maigre intervalle de leurs deux corps. Là. Là. Il y était presque. Ils y étaient presque. Quand il les empoigna tous les deux, le geste souple, habile et autoritaire, ce fut avec un nouveau juron à peine retenu. Un instant à peine et il prit lui-même la parole, articulant dans un lourd souffle un « I fucking hate you » qui, pourtant, pour lui, sonnait presque comme un mot d’amour, comme un aveu suprême de sa faiblesse et de combien, en deux ans, il avait été incapable de tourner la page sur leur histoire. Ses deux poignets, à l’unisson, se courbèrent dans un geste presque vicieux et il sentit le feu dans ses reins atteindre enfin son paroxysme. Nichant sa tête dans la gorge offerte il mordit une dernière fois, le souffle coupé par l’ivresse, en se répandant entre leurs deux corps. Quelque chose saignait en lui, continuellement, mais il ferma les yeux pour faire abstraction de la douleur, respirant toujours à plein nez l’odeur d’un homme qu’il avait aimé plus que lui-même. Il l’aimait. Il l’aimait si fort qu’il en avait mal. Il l’aimait si fort qu’il s’en rendait presque malade. D’autant plus fort qu’il savait que, pas une seule seconde, il n’aurait pu lutter contre l’instinct primaire qui, à nouveau, l’avait ramené tout contre lui.
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeDim 5 Juil - 16:04

Il avait mal de le serrer contre lui, ses muscles tendus s’accrochaient à lui avec le désespoir d’un homme qui se noie. Et il se noyait, Raphael, dans le marasme d’émotion qu’il avait recherché, qu’il avait crée. Et il en redemandait, Raphael, malgré la douleur. Il en redemandait parce qu’il n’était pas sûr de savoir faire sans. Peut importe la souffrance, peut importe les deux années passées à errer sans savoir ou aller. Il était là et pour une fois il n’était nul part d’autre. Ses pensées, son corps, son coeur, reposaient en une seule place, juste et parfaite, tout contre Noah. Là. Là il était bien. Là il était exactement ou il voulait être. Il était… Il ne voulait plus jamais avoir à bouger de là. Et c’était d’ici que découlait toute la douleur, toute l’horreur. Il n’avait rien à faire contre Noah. Il n’y avait plus le droit depuis deux ans, et rien ne lui en donnait d’avantage l’autorisation aujourd’hui. Dès que cela serait finit. Dès qu’ils auraient fini la réalité surgira, et exposera l’horreur de ce qu’ils étaient entrain de faire. Raphael ne voulait pas de cette réalité. Il ne voulait pas savoir qu’il avait eu tord. Il ne voulait pas prendre conscience que pour un bien extatique éphémère ils s’étaient fait beaucoup - beaucoup - de mal. Il ne voulait pas non plus sortir de cette loge. Il ne voulait pas avoir à affronter cette journée. Il ne voulait pas affronter le reste du cast. Il n’était pas prêt. Il avait besoin de cette chaleur contre lui. Il avait besoin de la force avec laquelle Noah l’empoignait pour tenir. Il avait besoin de son souffle pour respirer.
Mais Noah intensifiait ses mouvements. Il ne lui laissait aucun répit, pas même le temps de reprendre son souffle. Il respirait difficilement, alternant entre halètement sonore et erratique et gémissement qu’il n’avait jamais su retenir. Il s’accrochait fébrilement à Noah, l’accompagnant dans ses mouvements. La tête commençait à lui tourner. Il y avait dans l’air une odeur entêtante et trop connue. Le souffle de Noah lui brûlait la peau pourtant il ne se lassait pas, lorsqu’il parvenait à entrouvrir les paupières de saisir des flash de son visage. Il était là, c’était lui qui s’épanouissait sous ses yeux, lui qu’il gravait dans ses rétines. Il reposait son front contre le sien - ils étaient fiévreux - caressait son nez avec le sien. Il avait beau savoir, que les gestes de tendresse n’avait plus lieux d’être. Noah avait mis un point d’honneur à les éviter, Raphael les ramenait toujours, par petite touche, sans même y réfléchir, simplement parce qu’il lui venait naturellement, qu’il en avait pris l’habitude, que rien avait changé. Mais tout avait changé. Il était stupide de penser le contraire. Il était stupide de se raccrocher à cette pensée erronée pour se protéger, pour ne pas sentir le changement, pour ne pas s’y abîmer. Noah devait être plus courageux, ou agacé - il avait toutes les raisons de l’être - puisqu’il quitta son visage pour venir mordre son cou. Normalement Raphael l’aurait repousser, lui aurait dit d’aller mordre ailleurs, à un endroit plus discret. Normalement Noah ne se serait pas attaqué à son épaule de la sorte. Noah savait. Noah s’en fichait. Raphael était incapable de lui dire d’arrêter. La douleur se mêlait au plaisir, il se laissait aller aux sensations. Sa main s’accrochait un plus fermement à sa nuque - il n’aurait eu qu’un geste à faire, qu’un pincement bien sentit pour l’obliger à relever la tête, à arrêter son geste, mais il n’en fit rien, il laissa filer ses doigts dans ses cheveux.
Il voulait arrêter, non, continuer, non, ralentir. Oui. Il voulait ralentir, étirer le temps étirer le plaisir, ne plus en finir. Il était terrifié. Cela ressortait en pointe qui perçait par delà le plaisir. Au plus la brûlure au creux de ses reins s’intensifiait, au plus un tenace sentiment de panique lui serrait le coeur. Qu’est-ce qu’il faisait là ? Qu’est-ce qu’ils étaient entrain de faire ? -dans les faits il avait une plutôt bonne idée de la réponse- Mais qu’est-ce que cela voulait dire ? Et qu’est-ce qu’il allait se passer, dès qu’ils se détacheraient l’un de l’autre ? La peur lui glissait sous la peau, sur la langue, et lui soufflait un besoin irrépressible de dire ce qu’il pensait, ce qu’il ressentait. Il n’en avait pas le droit. Il n’arrivait plus à le retenir. Il n’avait pas le droit de le retenir non plus. Peut importe comment Noah le prendrait. Peut importe ce qu’il adviendrait. Peut importe demain, cela faisait longtemps qu’il était déjà fichu. Il rassembla les mots sur sa langue - pas qu’il en fallait beaucoup plus de trois - trouva dans son souffle l’air suffisant pour les former, pour les souffler. Il s’arrêta brusquement dans un gémissement sonore alors que Noah semblait être décidé à en finir. Si perdu dans son aveux, il avait à peine sentit ses mains glisser de ses cuisses entre leur deux corps il ne sentait désormais plus que les mouvement de ses poignets. Il bascula un instant la tête contre la porte, pour chercher un peu d’air. La peur, la douleur, momentanément avait été engloutie par le plaisir. Un plaisir qu’il n’avait pas oublier, qu’il n’avait pas idéalisé, qui restait vivide dans son esprit. Et puis quatre mots frappèrent l’air, lui coupèrent le souffle. Sinon à cause des mouvements de Noah, il s’était figé. Un douleur lancinante pénétra tout ces membres. Il voulait arrêter. Il pouvait pas continuer. Il ne savait plus pourquoi il avait fait ça. Il ne savait plus pourquoi il avait espéré. Il ne savait pas ce qu’il était venu chercher. Il devait partir. Son coeur cognait dans sa tête en battement déchirant. Il chercha à se mouvoir, il lui fallu un millième de seconde pour se rappeler que là ou il était, il n’irait nul part. Un mouvement du poignet l’arrêta brusquement dans sa panique et sa douleur. Son esprit ploya sous l’effet d’une extase atroce et éprouvante. Ses muscles crispés sur les quatre mots lui faisait mal. Ses yeux le brûlaient, et il réalisa, que s’il ne pleurait pas, ses rétines devaient être noyées sous une couche de larme. Les dents de Noah sur sa gorge lui rappela sa présence. Il remarqua que ses doigts étaient intensément crispée sur sa nuque et son épaule, au point dans laisser une marque. Il noya son visage contre la peau brûlante d’un cou. Ses dents entamèrent sa lèvre jusqu’à ce que le goût caractéristique du sang se répande sur sa langue. Il reprenait son souffle comme il pouvait, se retenait sur Noah pour ne pas s’effondrer - ses jambes ne portaient presque plus rien - et l’ironie de la situation le frappa. Il le haïssait. Peut être plus que tout, et il était là, amoureux et brisé, à se retenir sur lui, comme s’il était son unique salvation. Et il l’était, bien sûr, mais il était aussi celle qui avait le pouvoir de tout détruire. Et si malgré la douleur, malgré le sentiment tenace de culpabilité, de honte, de malêtre lui saignait la gorge, il savait que s’il lâchait Noah, et qu’il le laissait repartir, tout serait cent fois pire. La réalité serait pire que quatre mots destructeurs lancés au moment opportun.
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeDim 5 Juil - 16:05

Noah venait de foutre deux ans en l’air, et il en avait conscience. Oh, ce temps là ne s’était pas envolé, pas vraiment, il ne s’était, en tous cas, pas effacé – mais toutes les douleurs lui semblaient tout à coup stériles, comme s’il avait souffert pour rien, cru avancer sans jamais réellement le faire. Les yeux fermés, tout contre le cou de Raphael, il laissait une partie de lui revivre la rupture, puis le Phantom, puis la rechute dans les travers de son adolescence, puis l’angoisse, puis la tôle qui se froisse, puis les os broyés entre deux forces, puis l’hôpital, puis la terreur à l’idée de mourir sans avoir rien fait de sa vie, puis la rééducation, le vide, le manque. Tout était présent dans sa mémoire, un nœud d’émotions trop dense. Tous ces épisodes se condensaient en une seconde à peine, leurs souffrances se répondaient, se concentraient. Il n’avait dépassé aucun souvenir. Le temps n’avait rien changé à l’affaire. Toutes ces choses auraient pu arriver la veille, ou l’heure dernière, ou la seconde dernière, elles auraient eu le même impact sur lui. D’ailleurs, peut-être bien qu’elles étaient arrivées à nouveau la seconde dernière, effectivement, tant la violence de son étreinte avec Raphael l’avait laissé vide, creux, épuisé. Respirer s’était fait difficile. Ses poumons s’agitaient en vain dans le seul et unique but de se remplir, ne le faisaient jamais, jamais parfaitement en tous cas. Il réalisa tout à coup qu’il avait passé les dernières secondes en apnée, le front appuyé sur l’épaule de l’autre homme, trop sonné par le désir, par l’amour, par les regrets et par la colère pour se résoudre à reprendre le fil de son existence. A peine songeait-il à ce qu’il avait dit à Raphael, aux mots qui avaient franchi sa bouche quelques instants à peine avant le sommet de l’extase, à leur portée, à tout l’aveu que, par là-même, il avait fait. S’il avait dû être tout à fait honnête, peut-être qu’il aurait dû rajouter qu’il l’aimait encore, aussi, beaucoup trop, qu’il était vide depuis deux ans, que le lendemain lui faisait toujours un peu peur et que toute sa belle assurance avait été à jamais fissurée. Mais il lui aurait fallu des heures pour tout dire. Des heures pour tout expliquer. Des heures qu’il n’avait pas, surtout, des heures que Raphael ne lui aurait probablement pas consacrées, des heures auxquelles la honte l’aurait empêché de s’abandonner. Et puis, après tout, tout se concentrait dans la rage. La seule question était : est-ce qu’elle était pour lui-même, ou pour l’homme qu’il tenait entre ses bras.

Une part de lui avait conscience de sa propre immaturité. Il avait toujours prétendu être amoureux de Raphael, amoureux comme il ne l’avait jamais été, probablement plus encore qu’à la lointaine époque où il vouait une dévotion sans borne à Tony – mais cet amour là n’avait jamais été assez pur et assez idéal pour être désintéressé. Noah avait aimé Raphael (aimait Raphael) comme les personnages qu’il incarnait sur scène – d’une manière brute et égoïste, avec toute la profondeur de la terreur de la solitude, du vide et de l’abandon. Quand l’autre homme l’avait quitté, avait ignoré ses « je t’aime » et signé leur arrêt de mort sans un regard derrière lui, il aurait dû accepter, totalement, respecter son choix et se dire que c’était peut-être la meilleure solution, si elle la rendait heureuse. Oh, personne n’aurait été capable de le faire sur l’instant, pas même un saint – mais lui n’avait jamais atteint ce stade, même avec la longueur. Il était resté concentré sur la plaie béante que ces mots avaient creusée dans son ventre, sur l’intolérable sentiment d’avoir été bafoué, laissé pour compte, aussi. Et dieu, qu’il s’en était voulu. Il aurait pu, il aurait dû tourner la page. Il avait réagi comme un enfant et même aujourd’hui il réagissait comme un enfant. Alors oui. Il y avait de la haine. Contre lui, contre lui-même, contre tout le monde, contre la situation, aussi, contre ce brutal retour de flamme qui venait balayer toutes les illusions de maturité et de force. Il y avait de la haine mais tout son fondement était l’amour, un amour sale qu’il aurait voulu cacher, encore, taire, de peur d’en sentir tout le poids à nouveau. Mais maintenant, Raphael savait – il savait au moins qu’il y avait une émotion qui bouillonnait en Noah, d’une telle violence qu’il avait été incapable de la contenir, passion, haine, les deux entremêlés trop étroitement dans un marasme de douleur.

Dans l’épuisement, tous ses sens étaient exacerbés. Il sentait distinctement la chaleur humide entre Raphael et lui, il avait senti la contraction de son ventre dans un spasme presque douloureux, il sentait son souffle, aussi, qui balayait sa peau, la pression, comme un étau, de sa main sur sa nuque. Raphael s’accrochait à lui et Noah en ressentait tout le poids, comme lui-même avait laissé ses mains dériver pour soutenir d’une part la cuisse de l’autre homme, de l’autre enserrer son dos. Un vertige atroce s’était emparé de l’arrière de son crâne et lui-même se soutenait tout autant que Raphael le faisait. Pendant quelques secondes, il garda ses yeux fermés, fermés aussi fort que possible, et se laissa emporter dans une illusion de tendresse et de douceur. Il était bon, pour prétendre, pour s’enfermer dans une forme toute particulière de déni – il en avait après tout plus ou moins fait son métier. C’est la gorge nouée par une ébauche de sanglot qu’il laissa ses lèvres traîner le long du cou de Raphael, douces, comme elles avaient bien pu le faire il y avait deux ans de cela, déposa un chemin de baiser légers et paresseux, laissa sa main remonter un dos dans une infime caresse, aussi. Pour quelques instants, ce fut comme si rien ne s’était passé. Comme s’il pouvait librement murmurer à Raphael qu’il l’aimait, et qu’il l’aimerait toujours, et que tout était simple, et que tout allait bien. Mais tout n’allait pas bien.

Tout n’allait pas bien et il inspira profondément, une toute dernière fois, laissant l’odeur de Raphael lui monter à la tête et imprégner sa mémoire. Tout n’allait pas bien et, contre sa joue, il tenta d’imprimer le contact de sa peau, juste une toute dernière fois. C’était sa chance, qu’il se disait, quelque part, sa chance de garder les souvenirs qu’il voulait, ces véritables adieux qui lui avaient été volés par la brutalité de leur rupture. Son geste tenait presque du questionnement quand, doucement, il déposa un baiser au coin des lèvres de Raphael, avant de s’en emparer, lentement. C’était là. C’était sa chance. Sa toute dernière chance et après, peut-être bien, il trouverait la force de renoncer à tout ça et la force de tourner la page. L’espoir était vain et, s’il le savait, il ne voulait pas y penser. Il s’arracha à ses lèvres avec une sorte de douleur au fond du regard. Une dernière fois, son image, et puis il s’écarta, tourna les yeux, remonta, dans un seul geste, son jean et son boxer. Les questions les plus pragmatiques, lentement mais sûrement, reprenaient leur place – un signe avant-coureur de retour à la réalité. Il allait falloir qu’il prenne une douche, qu’il trouve d’autres vêtements, aussi, comme si la première fois n’avait pas été assez laborieuse comme ça. Noah ferma les yeux, inspira profondément, expira. C’est épuisé qu’il souffla « Tu devrais y aller. » Il n’avait pas la force de parler de ce qu’ils venaient de faire. La honte, déjà, menaçait à l’horizon. La journée allait être infernale. Il réalisa tout à coup que, à coup sûr, quelqu’un les avait entendu en passant dans le couloir – ils n’avaient pas une seule seconde cherché la discrétion, après tout. Ils n’avaient rien cherché du tout, d’ailleurs. Mais y penser était déjà trop difficile. Même jeter un regard dans la direction de Raphael, abandonné contre la porte, beau, beaucoup trop beau, était déjà trop difficile. Il avait envie de le retrouver, déjà. De l’embrasser à nouveau. Juste une fois. Juste une dernière fois – ça ne pourrait pas faire de mal, non ? Si. Si. Ca pourrait réveiller l’amour, la rage sèche, les regrets, la peur de ne pas réussir à s’en relever. « Tu… oui, tu devrais y aller. » dit-il à nouveau, à peine un soupir. Il allait murmurer des excuses, il les ravala de justesse. A la place, c’est un « S’il te plait. » qu’il articula doucement. Il ne lui tournait pas encore le dos – mais il restait résolument de trois quarts, une main redessinant, presque nerveusement, les lignes les plus récentes de son tatouage. Qu’il parte. Qu’il parte vite. Parce que Noah allait se noyer dans des méandres d’émotions contradictoires, et qu’il avait peur que Raphael, puisqu’il était supposé n’être qu’un étranger, le voie s’écrouler.
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeDim 5 Juil - 16:08

Noah ne bougeait pas. Ils ne bougeaient pas, et Raphael ne comprenait pas. Noah avait pourtant été clair, il le détestait. Il le haïssait même, et plus encore. Il n’y avait pas de mot plus fort, de violence plus exacerbée que les sentiments de Noah à son égards. Ils ne pouvaient pas faire semblant. Noah savait très bien qu’il avait prononcé ses mots, ça n’avait pas été un éternuement incontrôlé, ça avait été un souffle brûlant, pensé, placé au moment même ou les mots pourraient se glisser sous la peau et faire leur office meurtrier. Noah savait très bien ce qu’il avait dit. Il savait ce que ça impliquait. Il devait savoir la douleur qui rendait sourd Raphael. Mais il ne bougeait pas. Il ne se séparait pas de lui. Il n’explosait pas non plus dans l’excès de violence que Raphael aurait pu imaginer. Raphael ne comprenait pas. Il était perdu. Il était trop atone et léthargique pour pouvoir réagir. Ses jambes flageolante sous lui, lui indiquait clairement qu’il ne tiendrait pas de bout. Ses poumons crispées refusaient d’aspirer suffisamment d’air. Il sentait son cerveau sous alimenté. Il sentait une langueur et un vertige saisir tous ses membres. Il aurait pu avoir l’air d’un mourant. Un mourant qui s’attache une dernière fois à la seule chose qui compte. Il se tenait à Noah, comme si sa vie en dépendait. Comme s’il ne pourrait reprendre le court de ses pensées, de sa vie, sans cette étreinte absurde. Parce que lorsque Noah bougea, se ne fut pas pour se détacher, pour le repousser, pour lui demander de fuir. Se fut une main qui s’accrocha de nouveau à sa cuisse, une autre qui lui enserra le dos, nouant leur étreinte avec plus de force, plus de désespoir. Ils étaient intriqués d’une manière étrange, le poids de l’autre sur le corps de son amant indiquait clairement qu’ils avaient tous les deux besoins de soutient et que quelque part ils ne tenaient pas seul. Pourtant se soutenant chacun sur l’autre, ils tenaient, dans une étreinte intime qui ne collait qu’au passé, qui n’avait rien à faire ici.

Raphael lâcha un soupire incongru lorsqu’il sentit les lèvres de Noah glisser contre la peau de son cou. Il devait le haïr, il devait le repousser, il devait le frapper. Il ne devait pas se montrer si tendre, il ne devait pas apposer des marques d’amour dans le creux de son cou. Raphael restait immobile, ou presque, faisant glisser son visage pour épouser parfaitement le creux qui lui était offert. Sa main, sur sa nuque, semblait être plus accessoire et se permettait d’aller et venir, tendrement, en une caresse légère. Le temps s’étirait. Raphael n’oubliait pas la haine. Raphael se concentrait sur l’amour. Parce que c’était nécessairement ça, non ? Qu’est-ce que cela pouvait être d’autre ? Il avait du mal à se souvenir de leur début, de quand Noah n’était pas encore amoureux, lorsque tout ceci n’était qu’un jeu, que deux corps qui s’épuisent l’un contre l’autre, qui se répondent avec désir, avec envie, mais sans tendresse. Il ne se souvenait plus de si Noah avait été capable de tendresse sans amour. Il voulait penser que non, il voulait penser que la haine ne découlait que d’un amour aussi fort, que tout n’était pas perdu, qu’un jour, il pourrait se racheter. Il voulait penser que ces mots n’étaient que les témoins alarmants de blessures profondes, et qu’il était désolé, monstrueusement désolé. Il n’avait jamais voulu lui faire de mal. Il aurait voulu l’aimer pour l’éternité, dans la niaiserie qui pouvait les caractériser. Il l’aimerait pour l’éternité, il lui avait promis, il ne se déferait pas de cette promesse, avec ou sans lui. Mais il l’avait trahit, il l’avait abandonné, il l’avait détruit. Pouvait-on réparer tant de souffrance ? Pas maintenant, pas aujourd’hui, il n’aurait jamais du commencer à y penser, il n’y avait rien, strictement rien qu’il puisse faire. Rien n’avait changé. La réalité était toujours pareille. Ils s’étaient juste laissé aller dans un marasme de souvenirs et de sentiments, ils s’étaient oublier l’un contre l’autre, pour le meilleur, et pour le pire, surtout pour le pire.

Il avait rouvert les yeux lorsqu’il sentit Noah contre sa joue, au bord de ses lèvres. Ses cils battaient doucement, enregistrant en mémoire les détails du visage triste de Noah qui s’épanouissait sous ses yeux. Il n’aurait pas du, chacune de ses images arrachées était un poignard en plein coeur. Il fut surpris de sentir le baiser, ses paupières se fermèrent, il répondit avec tendresse et amour. Il voulait continuer à s’abîmer sur ses lèvres, ne jamais les quitter. Il voulait paresser toute une journée, allonger au plus près de Noah, si près que leur peau se frôlerait dans des caresses infinis, si près qu’ils n’auraient que quelques millimètres à parcourir pour s’embrasser. Il aurait pu lézarder lascivement pendant des heures contre lui. Mais ce baiser n’avait pas le goût des autres. Il n’y avait plus l’empressement du début, il n’y avait pas l’amour tranquille de leur passé. Il y avait un goût douloureux d’adieu, un goût terrifiant de « je te laisse partir ». Mais Raphael ne voulait pas partir, cela devait se sentir à la pression de sa main sur sa nuque, à la manière dont ses lèvres répondaient aux aurevoirs. Raphael embrassait pour lui dire « je t’aime encore » ou encore « je suis désolé. » ou pire « attends moi s’il te plait je te rattrape. » Mais ce n’était que des promesses, encore des promesses, des promesses qui se passaient de mot parce que Noahe en avait de toute façon trop entendu pour en croire de nouvelles.

Lorsque Noah se détacha se fut un déchirement. La réalité arrivait à grand pas, et Raphael sentait une douleur paniquer infecter ses poumons et son coeur. La loge prenait forme dans ses yeux, ils réalisaient ce qu’ils avaient fait en voyant remonter son pantalon. Un instant il s’appuya sur la porte, réalisant seconde après seconde tout ce qui allait arriver. Il allait devoir sortir. Il allait devoir reprendre apparence humaine quelque part, trouver des vêtements propres - ce qui ne serait pas bien compliqué normalement - se débarrasser de l’odeur de Noah. Mon dieu, l’odeur de Noah, il ne sentait plus que ça sur lui, et la sueur - définitivement la sueur - un cocktail qui n’était définitivement pas décent au travail. Le travail, mon dieu, le travail, ils étaient au travail. Quelle heure était-il ? Combien de temps avaient-ils avant de devoir affronter tout le monde. Il prit conscience de la porte sur laquelle il était appuyé, il se pinça les lèvres. On avait du les entendre, on les avait forcément entendu, les bruits de son corps sur la porte avait du résonner dans tout le couloir - et il s’épargnait le souvenir de ses gémissements trop sonore. La voix de Noah résonna. Oui. Oui. Il était désolé. Mon dieu. Comment ils en étaient arrivé là ? C’était sans importance. Pourquoi Noah ne l’avait-il pas arrêté ? Sans importance non plus. Les mains tremblantes de panique il remonta à son tour son jean et son caleçon. Il détestait se rhabiller dans ses conditions. Non qu’il ait déjà été dans ses conditions. Mais il aurait voulu prendre une douche. Il avait besoin d’une douche. Son regard scanna la pièce à la recherche de sa chemise. Sortir, mon dieu, il ne voulait pas sortir. Il savait pourtant qu’il ne pouvait pas rester là. Mais il ne voulait pas sortir, risquer de tomber sur quelqu’un. Il ne voulait pas non plus affronter les répétitions. La journée allait être infernale. Quelle idée ils avaient eu là ? Aucune, de toute évidence. Ils n’avaient simplement pas réfléchit. Il referma les boutons de sa chemise un part un, la rangea dans son pantalon, la lissa du plat de la main. C’était stupide, il se changerait dans deux minutes. Mais il ne voulait pas sortir et risquer de tomber sur quelqu’un dans cet état là. Il réalisa que ses cheveux vendaient de toute façon la mèche à coup sûr. Une grimace, un instinct de désespoir traversa ses yeux. Oui, il devait partir. Il avait besoin de partir, de réaliser ce qu’il avait fait, de s’effondrer. Il s’appuya sur la table, regarda ses pieds. Il respirait déjà bruyamment, menaçant d’être submergé par les larmes. « Tu… tu peux vérifier qu’il n’y a personne dans le couloir… je… » C’était pire que tout. Maintenant il devait se faufiler discrètement. « S’il te plait. » souffla-t-il, en faisant écho au sien. Il ajouta néanmoins, la gorge nouée, et sèche, un « je suis désolé » qui ne commençait même pas à couvrir toute cette histoire.
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeDim 5 Juil - 16:11

Il n’y avait plus qu’une seule et unique chose à faire, et cette chose, c’était tout simplement oublier. Tourner la page, sereinement, maintenant qu’il avait plus ou moins fait ses adieux. Amer, il s’était donné des exigences, des réclamations – qu’il aurait voulu avoir une dernière fois, un dernier baiser, juste pour savoir sur l’instant qu’il n’aurait plus jamais Raphael pour lui. Ca y était. Il n’avait plus rien à réclamer – plus aucun mot à mettre sur son indignation et sur sa solitude. Toutes les clés étaient dans ses mains. Noah pouvait oublier. Ce n’était pas bien sorcier après tout. Fermer les yeux, inspirer, expirer, occuper ses mains, occuper sa voix, occuper ses pensées, occuper son corps, jusqu’à ce que les souvenirs douloureux finissent par s’en aller. Oh, jamais pour de bon, bien sûr – mais au moins les enfermer dans un minuscule tiroir au fin fond de son cerveau, de sorte qu’ils deviennent totalement inoffensifs. A terme, il y arriverait. On y arrivait toujours, après tout. Il n’était pas le premier et ne serait certainement pas le dernier à chercher à se remettre d’une rupture douloureuse et d’un amour déchu. Il y arriverait. A terme, il y arriverait. Deux ans n’avaient pas suffi ? Et bien peut-être que les deux prochaines années, elles, seraient assez. Peut-être. Il fallait, au moins, se raccrocher à cet espoir. A défaut d’être crédible, il rendait les choses plus humaines. Bien sûr, tourner la page était totalement illusoire, mais en y croyant très, très fort, peut-être bien que la blessure cicatriserait mieux.

Ou peut-être pas.

Sans en avoir totalement conscience, il avait associé le souvenir de Raphael à toutes les douleurs qu’il avait traversées. L’instant où l’autre homme avait disparu au fond du couloir en ignorant ses « je t’aime » était devenu l’instant où Tony s’était acharné à détruire toute la confiance qu’il avait pu construire. L’instant où il avait senti son cœur se comprimer sous une douleur sourde était devenu l’instant où il avait rouvert les yeux sur le ciel, sur la douleur, sur l’intime certitude qu’il allait mourir, sur les hurlements de nerfs à vif dans des jambes broyées. L’instant où il l’avait vu lui tourner le dos était devenu celui où il avait vu sa carrière chanceler dans un Miss Saigon désastreux, et s’amonceler les critiques négatives sur sa voix, son jeu, son rôle. Raphael, puisqu’il l’avait tant aimé et en vain, était devenu le symbole vivant d’une confiance qui s’écroule et d’une façade qui laisse entrapercevoir des fissures. Son ego avait saigné à grosses gouttes, il avait perdu quelque chose, perdu l’insouciance et la candeur, la confiance flamboyante d’un homme qui avait avancé dans sa carrière d’un pas de conquérant. Se remettre de Raphael aurait impliqué qu’il se reconstruise lui-même. Il ne s’était pas reconstruit. Loin de là. Au fond, là où personne ne pouvait le voir, là où personne ne pouvait deviner les plaies, il était resté meurtri. Il était resté un homme qui, dans son appartement, fait hurler chaque muscle en essayant de se lever d’un fauteuil roulant pour faire au moins quelques pas. Il était resté un homme terrorisé, blessé dans ce qui avait jusque là fait toute sa valeur, qui craint de ne plus jamais pouvoir se tenir debout, droit et fier. Une part de lui, défaitiste et morne, cherchait encore le corps de Raphael, chaque minuscule signe de tendresse, dans le fol espoir de retrouver tout ce qu’il avait perdu. Mais qui trompait-il ? Il ne retrouverait rien. Quand il se tenait nu devant son miroir, il voyait les épaisses coutures de cicatrices le long de ses cuisses, l’infime déformation d’un mollet là où avait pénétré, tranchante, une plaque de tôle. Il se voyait infirme. Il se voyait fini. Les plus mauvais jours, c’était comme s’il avait pris dix ans d’âge en l’espace d’un regard.

Quelque chose était mort et il avait mal.

Ils n’auraient jamais dû faire ça. Oui, il avait eu cette dernière étreinte – mais ils n’auraient jamais dû faire ça. Parce qu’il avait laissé traîner ses lèvres le long de la gorge de Raphael, parce qu’il s’était, quelque part, laissé allé à croire que tout allait bien et que rien n’avait changé, laissé à croire que ces deux années n’étaient jamais arrivées, qu’elles n’avaient été qu’un sordide – et atroce – mauvais rêve. Quand il acheva de remettre son jean, son index traîna une demi-seconde sur la ligne d’une de ses cicatrices et il retint son souffle. Il avait encore le goût de Raphael sur ses lèvres. En se concentrant bien, il pouvait même retrouver son odeur, la sensation de sa peau. Ils n’auraient jamais dû faire ça. Non, définitivement, il ne trompait personne. Toutes les douleurs étaient toujours là et ces adieux n’avaient strictement rien changé à l’affaire. En prime, il puait certainement la culpabilité – la tristesse devait se lire sur son visage, la certitude d’avoir fait une connerie monumentale, aussi. Tout le monde allait se poser des questions. Tous ceux qu’il allait croiser savaient certainement déjà. Il était bien placé pour savoir que les nouvelles couraient vite dans les opéras et dans les compagnies de musicals – il avait été l’objet de rumeurs aussi souvent qu’il les avait relayées, un bruit et tout se savait, immédiatement. Ils n’auraient jamais dû faire ça. Les gens ne soupçonneraient jamais Raphael, impeccable, strict Raphael, mais ils poseraient des questions à Noah, et il n’était pas près. Pas près à affronter ce souvenir trop frais. Il eut un vague mouvement, désemparé – un regard vers son sac où dormait le paquet de cigarettes qu’il n’ouvrait qu’une fois par mois, les jours de crise, un regard vers la porte, un regard dans la direction de Raphael, aussitôt interrompu celui-là. Sa peau était encore brûlante là où elle était entrée en contact avec celle de l’autre homme. Pour un peu, il sentait encore le contact de sa main sur sa nuque. Et ça lui faisait mal. Terriblement mal.

L’atmosphère de la pièce était saturé de culpabilité. Il entendait le froissement de vêtements et pouvait deviner que Raphael était en train de se rhabiller à la va-vite – lui il ne bougeait pas, encore trop épuisé. Une douche. Une douche. Ils allaient être en retard. Forcément. Au moins un peu. Quoique – Raphael était capable de se presser pour éviter tout soupçon, jouer la carte de l’innocence et du professionnalisme. Du mariage parfait, aussi. Cette dernière pensée lui arracha une nouvelle pointe de douleur, comme résiduelle de l’époque où il était cet amant que l’on cache farouchement pour conserver les apparences. Il avait revu Maggie De Lacy il y avait quelques temps, aux parcs de Kensington, complètement par hasard. Qu’est-ce qu’elle dirait si elle savait que son père avait trompé sa mère pendant deux ans avec un de ses chanteurs, et venait de récidiver de la pire des façons, la façon coupable, dans une loge au petit matin ? Respirer était à nouveau devenu difficile. Il avait comme un nœud dans la gorge, et l’impression d’avoir été, quelque part, abusé, utilisé. Non, Raphael n’était pas heureux dans son mariage, il n’avait jamais été heureux aux côtés de sa petite femme glaciale et parfaite, mais il avait choisi ce côté de son existence malgré tout. Noah n’avait été qu’un exutoire, à l’époque. Pire. Il était encore un exutoire. La pensée, au fond, lui donnait presque la nausée. Ils n’auraient jamais dû faire ça. Il était encore fou amoureux de Raphael De Lacy, au point que la douleur en était presque physique et la résistance nulle. Il n’aurait jamais dû faire ça. Jamais dû céder. Jamais dû revenir ici, non plus. Mais ils étaient déjà trop avancés dans les répétitions pour que Noah recule et abandonne son rôle de Javert. Ou peut-être qu’il était encore temps et que d’une façon perverse, un petit peu masochiste, il voulait rester pour voir Raphael quand même, en dépit de toutes les douleurs et en dépit de tous les regrets ? Il ne savait plus. Il ne savait plus rien, à vrai dire.

Quand la voix du chef d’orchestre résonna à nouveau, elle lui arracha une sorte de grimace douloureuse. Sa main n’avait pas cessé une seconde de triturer les complexes motifs du tatouage de son bras gauche, retraçant un temps du pouce le soleil argentin qui s’épanouissait sur son poignet, puis la fine cursive des mots du Phantom. Purge your thoughts of the life you knew before, close your eyes, let your spirit start to soar and you’ll live as you’ve never lived before. Il n’avait manifestement pas été capable de suivre ces préceptes. Jamais. Toujours pas. Tout proche d’une sorte de panique nerveuse il hocha la tête, mollement, avant de se diriger vers la porte, comme brutalement électrisé, comme brutalement revenu à la vie. Son indifférence n’était que d’apparences. Quiconque aurait pris la peine de le lire aurait vu que, quelque part, quelque chose était en train de saigner abondamment. « Trop tard » souffla-t-il simplement aux nouvelles excuses. L’erreur avait été commise. Si Noah était plein de regrets, il savait aussi reconnaître quand l’heure était passée pour les réparer. Une inspiration profonde et il ouvrit la porte, glissa un regard vers les loges closes, le couloir vide. C’est sans se retourner vers Raphael qu’il dit « Tu peux y aller. Il n’y a personne. Personne n’en saura rien, ne t’inquiète pas. ». Une fois encore, il y avait de l’amertume, et de la douleur, beaucoup trop de douleur. « Vite. » ajouta-t-il après un bref silence, autant pour lui garantir l’anonymat que pour ses propres nerfs, éreintés par sa seule présence. Les mots qu’il avait chanté il y avait deux ans de cela lui revenaient en mémoire, sa propre voix, amplifiée, presque grinçante, hurlant go now and leave me. Ils n’auraient jamais dû faire ça, mais le mal était fait. Maintenant, il avait besoin d’être seul, à défaut de pouvoir être avec lui, et de se raccrocher à l’espoir que dans quelques heures, quelques jours, quelques semaines ou quelques mois il parviendrait enfin à ne plus y penser. Il parviendrait enfin à ne plus le vouloir.
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MessageSujet: Re: Take it all + Roah   Take it all + Roah Icon_minitimeDim 5 Juil - 16:13

Raphael était pétrifié. Conscient de ce qu’ils venaient de faire, et d’à quel point c’était une monumentale erreur, il était pétrifié. Il avait l’air froid, absent, à peine capable de réagir. Il essayait simplement de se tenir entier, debout. Il essayait de ne pas s’effondrer là, dans la loge de Noah. Parce qu’il ne pouvait pas. Parce que Noah ne pourrait pas comprendre. Il ne savait pas ce qui se passait dans la tête de Noah, mais il se doutait que ce dernier était loin du compte. Comment pouvait-il en être autrement ? Il ne lui avait rien dit. Le silence, les mensonges par omission allait le dévorer vivant. Il était un imposteur, un être odieux qui mentait, utilisait, tout cela pour son bon plaisir. Mais quel plaisir en retirait-il exactement ? Un plaisir extatique de quelques instants pour une journée épouvantable de culpabilité et de ressentiment - peut être même plus - ? Mais il n’y avait rien qu’il puisse faire, ou dire, pour améliorer la situation. Ils étaient aller trop loin. Ils n’avaient pas le temps de réparer les dégâts qu’ils avaient créé. Ils devaient partir, sortir, faire bonne figure, gérer les répétitions.

Oh mon dieu les répétitions.

Raphael se pressait, lissait ses vêtements vainement, il les changerait dès qu’il serait dans sa loge. Il occupait ses mains pour dissimuler les tremblements. Il se pinçait la lèvre pour réguler sa respiration. Le mot « coupable » résonnait dans sa tête, et il avait l’impression de l’avoir marqué au fer rouge au creux de ses reins. Il fixait le sol et parlait avec la voix mal assuré de celui qui cherche à s’enterrer au plus profond pour disparaître. Il n’y avait plus rien à faire. Il était venu ici pour améliorer les choses - il aurait pourtant du savoir qu’elles étaient déjà au mieux - et il avait fait pire, bien, bien pire. L’espoir s’échappait, la certitude que rien, rien n’irait jamais bien lui saignait la gorge. Lentement mais surement, il paniquait.

Il hocha fébrilement la tête lorsque Noah lui indiqua qu’il pouvait partir, que la voix était libre. Il aurait voulu rire. Ils avaient fait ça tellement de fois, lorsqu’ils étaient ensemble, et qu’ils se retrouvaient dans la loge de l’un ou de l’autre pour profiter d’un peu d’intimité. Il fallait toujours s’y reprendre à plusieurs fois pour regarder, l’un volant toujours un baiser au guetteur au lieu de sortir et de profiter de la voix libre. Mais il n’y aurait pas de baiser taquin, il n’y aurait pas de regard amoureux, il n’y aurait pas deux mains qui viendrait - dans un rire - sur le haut du crâne de Raphael pour essayer de fixer sa coiffure. Il n’y avait qu’un ordre, qu’une demande de rapidité, et puis une main qui se serre contre son jean pour arrêter les tremblements. Il jette un dernier regard à Noah. Il veut dire quelque chose. Il ne sait pas quoi. Des nouvelles excuses ne changeraient rien. Il voulait lui dire qu’il l’aimait. Et puis quoi encore ? Après le baiser à moitié inconscient qui avait déclenché l’erreur de leur vie, il allait vraiment jeter ses sentiments aux pieds de Noah avant de disparaître ? Pouvait-il être plus lâche ? Il ouvrit plusieurs fois la bouche, la referma à chaque fois, et s’agrippa à la porte avant de sortir du champ de vision de Noah. Il disparu dans le couloir, et à partir de ce moment là, tout s’enchaina de manière assez flou.

Il eut l’impression de trébucher sur ses propres pieds. Il se mordit la lèvre jusqu’au sang, et pressa le pas pour arriver jusqu’à sa loge. Il claqua la porte derrière lui, et se retourna pour fermer le verrou. Il se rendit compte que ses mains tremblaient et il eut tout le mal du monde à verrouiller la serrure. Comme si toute la tension accumulée avait enfin atteint son paroxysme, il explosa. Il fut prit dans un sursaut de larme. Il paniquait. La pression sur sa poitrine et ses poumons se fit si violente qu’il ne fut plus capable de trouver de l’air. Ses muscles se crispaient les uns après les autres pour lutter contre ses propres tremblement. Ses yeux se noyaient dans les larmes, il suffoquait. Ses mains malhabiles et nerveuses virent défaire sa chemise qu’il ne supportait plus. Il brisa plusieurs bouton, lui même inconscient de la force qu’il pouvait mettre dans ses gestes désespérés. Passé un certain point ses genoux refusèrent de le porter et il s’effondra au sol, s’appuyant le dos sur ce qui devait être une table.

Dans son crâne, les souvenirs le submergeait. Il se voyait rentrer de Paris, heureux, heureux comme il ne l’avait jamais été. Il voyait le regard de Jane. Il sentait à nouveau le sentiment de panique, le sentiment de terreur à mesure qu’elle déroulait son jeu. Il se revoyait tourner le dos à Noah. Il entendait encore ses suppliques, ses maigres tentatives de le retenir. Il l’entendait se briser et il avait envie de vomir. Il se souvenait de ce soir pendant le Phantom, de l’angoisse paralysante, de la terreur désespéré qui l’avaient étreint alors qu’il ne savait pas si Noah allait s’en sortir. Chacune de ses expériences s’imprimaient de manière vivide dans son esprit, et il avait l’impression de toutes les revivre avec autant de précision que la première fois. Il ne parvenait plus à se calmer. A tâtons il parvint à attraper une bouteille d’eau sur la table, et chercha à boire avant de s’asperger avec la bouteille. L’électrochoc de l’eau dégoulinante supposé le calmer ne parvint qu’à lui glisser un peu de lucidité. Il se souvint de sa situation, du pacte fait avec Jane et qu’il venait de briser. Il se souvint de Maggie, qui ne se doutait de rien et qu’il avait chercher à protéger de tout ça du mieux qu’il pouvait. La seconde plus tard, il se souvint de Charles. Charles qui avait la vie devant lui. Charles qui avait eu le courage de prendre les devants sur ce qu’il voulait. Charles qu’il n’avait pas assez soutenu. Charles dont il ne voyait plus que les veines tranchées.

L’instant d’après il n’était plus qu’un gosse. Il devait avoir quoi, à peine douze ans. On avait du lui dire qu’il ne retournerait pas chez ses parents ce week end, parce que finalement ils avaient d’autre plan. Il était seul, les autres étaient rentré. Il suffoquait, dans sa solitude, il ne voyait plus les touches de son piano. Il ne se souvenait plus de grand chose de cette époque là, seulement du sentiment écrasant de solitude, d’échec, et de ne pas être assez bien, seulement d’avoir trouver quelque chose de suffisamment pointu, suffisamment coupant. Il se souvenait seulement des gouttes de sang qui s’échappait de son bras. Il se souvenait de la douleur aiguë qui remplaçait doucement celle lourde et envahissante d’amertume, de solitude et de malêtre. Il se souvenait du calme et de la sérénité qui suivait la blessure.

D’un geste souple qui savait visiblement trop bien ce qu’il faisait il retira sa montre, se redressant fébrilement, il mit la main sur quelque chose de pointu, coupant, avant de se laisser retomber. Malgré les larmes, malgré le mouvement incessant, violent et erratique de sa poitrine pour trouver de l’air, il se concentra sur son poignet. Ses yeux cherchèrent à s’accrocher au fine cicatrice rectiligne qui s’y dessinait déjà. Un instant il regarda sa veine bleu, entouré de la seule parcelle de peau intacte de toute cicatrice. Il glissa son doigt dessus. Tremblant il rattrapa la lame, il tourna la main et d’un geste vif qui manquait cruellement de précision il entailla la peau. La douleur pulsa dans son cerveau, le sang ne tarda pas à apparaître. Il traça trois autres lignes juste en dessous l’une de l’autre. A chaque ligne sa main se faisait de plus en plus agile. A force de bloquer sa respiration avant chaque coupure, il finit par pouvoir respirer à nouveau normalement. Doucement, au rythme des gouttes de sang le calme revint. Et la lucidité. Ses yeux regardèrent à nouveau les cicatrices qui saignaient et il se tapa la tête contre la table. « Putain. » Il attrapa sa chemise à côté de lui - qu’il ne remettrait de toute façon pas - et fit une pression sur son poignet. Il regarda le plafond, encore sonné et absent, désespéré par les méthodes qu’il était capable d’employer. Après quelques minutes il lâcha la pression et se releva. Il fouilla dans une boite afin de trouver un pansement. Il remit sa montre, dissimulant parfaitement sa connerie - si seulement c’était si simple. Dans le placard, il attrapa une chemise propre, et l’enfila devant ce qui se trouvait être un petit miroir, il vit les marques encore rouge sur son épaule et il se mordit la lèvres, les dissimulant sous sa chemise. Ca allait définitivement le poursuivre bien plus loin que la fin de la journée.


DONE
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