I fell in love, now I feel nothin' at all - ft. Joey

Une fois n’était pas coutume, après tout, il ne pouvait pas vraiment se le permettre, au vu de sa situation un peu bancale, Jesse avait décidé de sécher les cours. La fin de l’année arrivait avec rapidité et il pouvait bien se permettre de se faire porter pâle une après-midi, encore plus quand c’était pour rejoindre une jolie fille de Holland au parc du coin. Il n’aimait rien tant que de sortir avec ces filles qui avaient un sac à main aussi cher que son loyer ou son budget du mois pour les faire vivre tous les deux, lui et sa sœur ; parce qu’elles étaient riches et qu’elles ne rechignaient pas à tout payer, quand ils sortaient. Il fallait dire que ça constituait pour lui une sacrée économie ainsi que des plaisirs qu’il n’aurait pas pu se permettre s’il avait dû mettre la main à la poche. Alors oui, en ce bel après-midi de mars, il préfère rejoindre la jolie brune, fille à papa bon chic bon genre, qui est venue l’aborder alors qu’il jouait de la guitare devant l’entrée du métro, pour récupérer quelques pièces. Elle, Faith, lui avait glissé un billet de dix livres avec un papier contenant son numéro, le tout accompagné d’un petit clin d’œil aguicheur qui n’avait pas manqué de le faire sourire. Ils s’étaient revus une fois ou deux depuis et elle n’avait pas été avare ; parfois, elle le regardait même comme un miséreux, comme si elle avait pitié de lui mais Jesse ne s’en offusquait pas. Grand bien lui fasse, si ça pouvait l’aider à se sentir mieux. A croire que les princesses avaient un goût prononcé pour les musiciens aux jeans troués et sans le sou. La clope au bec, son étui à guitare à ses pieds et un gobelet de chez Starbucks à la main, le blondinet attend, tapotant du pied le banc sur lequel il est assis au rythme d’une mélodie inaudible. Le temps passe, un peu trop rapidement et il a beau regarder l’heure sur son téléphone toutes les deux minutes, il lui faut bien se rendre à l’évidence ; soit Faith est terriblement en retard, soit elle ne viendra pas du tout. Une tentative d’appel sur le téléphone de la jeune fille mais il tombe directement sur le répondeur, ce qui lui fait lâcher un juron contrarié. Bitch… Et dire qu’il avait réservé son après-midi pour elle. Il marmonne, vidant son café d’un trait avant de le jeter dans la poubelle la plus proche, façon joueur de basket, la mine morose. A court d’idées, il finit par sortir sa guitare folk, la posant sur ses genoux pour jouer quelques morceaux. Là, le visage concentré, la clope à la bouche, son éternel jean troué sur les genoux, il a l’air de sortir tout droit d’un groupe de punk mais la douceur de ses traits lui donne presque l’air d’un ange tombé du ciel. Combien de temps passe ? Sans doute pas beaucoup mais, quand il joue, parfois, il oublie tout le reste. C’est une paire de baskets aux couleurs criardes, plantée devant lui, qui lui fait relever les yeux, ses prunelles croisant celles de Joey. Presque aussitôt, un sourire ravi vient ourler le pli de ses lèvres. « Joey Barton, tu tombes toujours à pic, dis donc ! » Il penche légèrement la tête, l’observant avec malice. Lui et Joey étaient… amis, amants aussi à l’occasion. Rien d’exclusif entre eux et c’était sans doute pour ça qu’ils s’entendaient aussi bien, au final ; parce que Joey le comprenait, qu’elle ne lui faisait pas de crises de jalousie quand il interrompait leur conversation pour envoyer un SMS à une autre fille, elle ne voulait pas de chocolats ou de fleurs et surtout, elle partageait son aversion pour l’attachement sous toutes ses formes. « Une petite bourge de Holland m’a posé un lapin, tu le crois, toi ? » Franchement, c’était scandaleux…

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❝ I fell in love, now I feel nothin' at all ❞

Joey avait discrètement quitté l’école, un peu après la pause déjeuner. Elle savait que Romy lui ferait probablement un sermon, lorsqu’elle rentrerait ce soir à la maison, mais elle ne s’était clairement pas senti le courage d’aller à son cours de mathématiques. Vraiment, ce cours était une torture. Le professeur était nul, et en plus il aimait bien faire des réflexions blessantes aux élèves qui ne comprenaient pas ce qu’il racontait – et elle faisait parti des élèves en question, bien entendu. Et puis, vraiment, les premiers jours de printemps étaient là. Elle avait pu ressortir sa jolie robe rose fushia, et les baskets qui allaient avec. Alors, clairement, ce n’était pas pour rester à l’intérieur de sa salle de classe. Elle avait commencé par faire quelques boutiques, même s’il s’agissait là plus de lèche-vitrine qu’autre chose. Malheureusement, elle n’avait pas vraiment les moyens de s’acheter des vêtements de grandes marques. Il lui arrivait même de faire ses propres tenues, pour économiser – et puis c’était toujours cool, lorsque quelqu’un complimentait sa tenue et qu’elle répondait que c’était elle qui l’avait faite, toute seule, comme une grande. Mais elle ne pouvait s’empêcher de rêvasser devant ces belles vitrines. Elle se disait qu’un jour, peut-être qu’elle parviendrait à les porter. Elle ne savait pas encore ce qu’elle ferait, plus tard. C’était bien trop lui demander que de penser à ce qu’elle ferait la semaine prochaine, déjà, alors ne parlons même pas de trois longues années. Elle était bien incapable de se projeter aussi loin. Mais ce qu’elle savait c’est que, oui, elle aimerait bien pouvoir s’acheter ces vêtements qui la faisaient rêver.

Après une bonne heure de lèche-vitrine – et, fine, peut-être un sac contenant quelques produits de maquillages auxquels elle n’avait pas pu résister – elle continua sa promenade, un immense sourire aux lèvres. Et elle aurait continué ainsi, poursuivant sa torture mentale – parce que, oui, si on le lui demandait, elle était persuadée que les espions utilisaient cette technique-là pour faire parler leurs suspects – si elle n’avait pas reconnue cette silhouette, un peu plus loin. Son sourire s’agrandit, si c’était encore possible, comme elle le regardait jouer de la guitare, un peu à l’écart. « Joey Barton, tu tombes toujours à pic, dis donc ! » la salua-t-il, alors qu’elle le rejoignait après quelques instants. Jesse était son … Hum. Elle n’en savait trop rien, en fait. C’était Jesse. Ils s’amusaient bien ensemble, passaient du bon temps. C’était le genre de relations qui ne prenait pas trop la tête. Ils profitaient simplement du moment présent, sans se poser trop de questions, et c’était exactement ce dont elle avait besoin. Un mec qui ne lui demandait pas plus, qui se contentait de simplement désirer ce qu’elle avait à lui offrir. « Une petite bourge de Holland m’a posé un lapin, tu le crois, toi ? » Elle lâcha un petit rire, roulant des yeux. « Seriously ? » répondit-elle dans son rire, avant de s’approcher de lui, son rire se transformant en un sourire en coin. « Mais qui peut dire non à cette si jolie bouche ? » demanda-t-elle en venant déposer ses lèvres sur les siennes. Elle posa ses doigts sur sa joue, la lui caressant, comme elle approfondissait le baiser, se collant un peu plus contre lui – même si cela s’avérait un peu compliqué, avec la guitare qui se tenait entre les deux. « It’s her loss … » souffla-t-elle contre ses lèvres, haussant des épaules nonchalamment, sans bouger pour autant.

On ne lui avait jamais posé le moindre lapin et, avouez qu’il suffisait de le regarder pour comprendre pourquoi. Alors, bien entendu, il avait toutes les raisons du monde de s’en plaindre auprès de la jolie Joey ; il était sûr qu’elle, au moins, le comprendrait, sans doute parce qu’ils avaient un fonctionnement similaire. Si la grande partie des gens jugeraient certainement qu’ils étaient totalement dysfonctionnels, ni l’un ni l’autre n’avait tendance à y prêter la moindre attention. Ils étaient comme ils étaient et ils se complétaient à merveille. Forcément, sa mésaventure la fait rire et il ne peut pas vraiment le lui reprocher, il aurait réagi de la même façon si les rôles avaient été inversés, bien entendu. « Seriously ? » se moque-t-elle en s’approchant, malicieuse. Il lève les yeux au ciel avant d’esquisser un début de moue contrite, comme si cela s’avérait être réellement une véritable déception. « Mais qui peut dire non à cette si jolie bouche ? » susurre-t-elle avant de l’embrasser, ses doigts venant caresser sa joue comme elle approfondit le baiser tandis que la main du jeune homme vient, elle, se poser au creux de ses reins. Il en ronronnerait presque de plaisir s’il n’était pas si occupé à profiter de ce baiser bienvenu. « It’s her loss … » souffle-t-elle sur ses lèvres, lui arrachant un sourire amusé tandis que ses doigts glissent de sa hanche jusqu’à sa cuisse, un air mutin sur le visage. Il aimait ces moments avec elle, sans prise de tête, sans engagement aucun ; Joey n’attendait pas de lui qu’il l’invite au restaurant ou qu’il la couvre de cadeau, elle se contentait de ce qu’il avait à donner, tout comme il se satisfaisait de ce qu’elle voulait bien lui offrir. Sans doute auraient-ils pu faire un beau couple, sans chichis et sans querelles, si leurs vies avaient été moins messed up mais la question n’était pas à l’ordre du jour. « Jesse ? » Une voix familière le sort de sa contemplation de la jeune fille et il tourne la tête pour tomber nez à nez avec Faith, échevelée et essoufflée, preuve qu’elle avait sans doute beaucoup couru pour tenter d’être à l’heure malgré tout. Le blondinet ne se démonte pas, dévisageant la rousse à la tenue impeccable avec assurance, sans la moindre vergogne, ses doigts revenant machinalement se placer sur sa guitare. « Faith… » constate-t-il sans la moindre vergogne de se retrouver si près d’une autre alors que c’était avec elle qu’il avait rendez-vous. Mais, après tout, c’était de sa faute, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même, elle était en retard. « J’avais fini par croire que tu ne te montrerais plus. » Et peut-être était-ce ce qu’il espérait secrètement, maintenant que Joey était apparue comme par magie. La jolie rousse à l’allure fort bourgeoise se contente de hausser les épaules avec une nonchalance bien loin de lui être habituelle, à en juger par le petit air pincé qu’elle conserve même en voulant se montrer désinvolte. « C’est qui, elle ? » interroge-t-elle de son air guindé, adressant un regard vraisemblablement teinté d’un jaloux mépris à la jeune Barton. « Oh, mh… C’est Joey, on va au même lycée. » Faith se contente d’un petit bruit étouffé, qui en disait long sur ce qu’elle pouvait penser du lycée de seconde zone en question et, si sa classe sociale était une chose qu’elle pouvait pardonner à Jesse, elle aurait, de toute évidence, bien du mal à faire l’impasse sur celle de la jeune Barton.

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En attendant, elle avait beau se moquer gentiment de lui, elle devait bien avouer que cela l’arrangeait, qu’on lui ait posé un lapin. Hey, cela voulait dire qu’elle passerait probablement une très bonne après-midi en sa compagnie, et ça c’était plutôt sympa. Et puis, elle avait pas mal de sac à porter, et ça commençait à faire un peu lourd, pour ses frêles épaules. Elle, demoiselle en détresse ? Si peu. Elle le laissa approfondir le baiser, avant de lâcher un petit soupir de plainte en entendant le « Jesse ? » dans son dos. Uuurg, la retardataire. Mal gré, une petite moue déçue étirant ses traits, elle se décala un peu de lui. « Faith… » répondit-il sans plus de considération, lui tirant un petit rire. C’était ce qu’elle aimait bien, chez lui. Il ne se prenait pas vraiment la tête, du moins sur ce sujet-là. Il se retrouvait proche d’une autre fille alors qu’il était supposé en voir une autre ? Osef. Et c’était typiquement sa propre façon de penser. « J’avais fini par croire que tu ne te montrerais plus. » Joey ne put vraiment s’empêcher de la regarder, d’un air mi-appréciateur, mi-circonspect. Mouais. Elle était plutôt mignonne, il fallait bien lui donner ça. « C’est qui, elle ? » Si la lycéenne aurait pu se vexer de son ton méprisant, il n’en fut rien. Elle s’en moquait un peu, pour tout dire. « Oh, mh… C’est Joey, on va au même lycée. » Et un ricanement moqueur, un. De nouveau, cependant, elle ne s’en formalisa pas vraiment. Ce n’était pas qu’elle n’avait pas d’amour propre, mais disons simplement que l’avis d’une totale inconnue à son sujet, elle s’en fichait comme de l’an 40 – et autant dire que vu les notes qu’elle se tapait en histoire, elle n’en avait juste strictement rien à faire. Elle lâcha un petit rire, comme une idée lui traversait l’esprit, tout à coup. Son regard malicieux se posa sur son amant, et elle ouvrit la bouche, prenant un air offusqué. « Mais … Doudou … Tu lui as pas dit ? » demanda-t-elle en tentant de garder cet air sérieux sur le visage – bon, elle n’était pas vraiment bonne comédienne, cependant, donc cela n’allait peut-être pas en sa faveur. « Enfin, pumkin, voyons ! » Elle écarquilla des yeux en regardant la jeune fille, tentant de prendre un air parfaitement sidéré. Là encore, le fait qu’elle ait tout bonnement envie d’éclater de rire rendait les choses un poil compliquées. « Qu’est-ce que je t’ai dit la dernière fois, hein ? » Elle secoua la tête, ramenant ses bras sur la poitrine, avant de rouler des yeux. « Quand on prévoit un plan à trois, il faut prévenir la troisième personne ! Je pensais qu’elle était au courant. Roh mon roudoudou ! » Elle claqua sa langue contre son palais dans un son très mélodramatique, avant de s’adresser à la jeune fille. « Ces hommes, j’vous jure ! Rien dans la cervelle ! » reprit-elle en feintant l’exaspération, allant même jusqu’à ébouriffer les cheveux du jeune homme. Elle faillit lâcher un « Mais c’est comme ça que je t’aime, mon p’tit chaton » mais se retint à la dernière minute, se disant que c’était peut-être un poil trop. Alors, tentant tant bien que mal de retenir son rire, elle regarda son amant, ses yeux pétillants de malice, tout en lui lançant un sourire laissant sous-entendre que, s’il voulait la rouquine, elle pouvait aussi se casser et les laisser seuls – oui, on pouvait en dire beaucoup, avec un simple sourire.

Le ricanement moqueur de Joey à sa remarque sur leur fréquentation du même lycée ne peut que lui tirer un sourire amusé même si, visiblement, à en croire son air pincé, Faith ne semble pas partager leur amusement. « Mais … Doudou … Tu lui as pas dit ? » s’exclame-t-elle soudain, lui faisant hausser un sourcil interrogateur, comme il se demande déjà ce qu’elle a encore pu inventer. Pas qu’il n’en ait pas déjà une petite idée, bien sûr, mais c’est bien plus amusant de ne pas chercher à trop creuser afin de conserver un semblant de surprise. « Enfin, pumkin, voyons ! » Faith ne semble toujours pas goûter ces marques d’affection un peu trop démonstratives comme son regard mauvais se pose sur Joey tandis que sa main droite vient trouver place sur l’épaule de Jesse, en un geste un brin trop possessif au goût du blondinet. Il n’aimait pas vraiment les pots de colle, aussi jolies soient-elles, et la rouquine avait beau venir de Holland, elle ne ferait pas exception. Le jour où une petite bourge rousse de Holland lui ferait tourner la tête n’était pas arrivé… « Qu’est-ce que je t’ai dit la dernière fois, hein ? » Il rentre dans son jeu, amusé par ses mimiques, haussant les épaules avec un petit air contrit en signe d’excuse, son sourire se faisant plus timide. Contrairement à la jeune Barton, il était plus doué pour verser dans l’art de la comédie mais Faith ne remarquerait sans doute même pas ses talents, en inculte qu’elle était. « Quand on prévoit un plan à trois, il faut prévenir la troisième personne ! Je pensais qu’elle était au courant. Roh mon roudoudou ! » Bon, là, malgré tous ses talents d’acteur, il a bien du mal à garder son sérieux un tant soit peu, encore plus quand il aperçoit du coin de l’œil l’air outré de la rousse, qui ouvre la bouche si grand qu’on croirait un poisson sorti de l’eau et en manque cruel d’air. « Ces hommes, j’vous jure ! Rien dans la cervelle ! » en rajoute-t-elle encore une couche, toujours dans l’excès sans pour autant être agaçante, comme elle seule savait le faire, ébouriffant ses boucles blondes avec vigueur. Ses grands yeux bleus se posent sur la petite fille riche, toute endimanchée dans ses beaux habits de marque, et qui semble attendre un démenti formel ou le rire gras indiquant que tout ceci n’était qu’une plaisanterie de très mauvais goût. « Je suis désolé, Faith, j’étais pourtant sûr de t’en avoir par… » Il n’a même pas le temps de finir sa phrase qu’une gifle un brin trop violente, comparé à ce à quoi on aurait pu s’attendre venant de la part d’un petit bout de femme comme elle, vient le cueillir en plein vol, lui brûlant la joue et lui arrachant une grimace douloureuse. Son oreille siffle tellement qu’il n’entend même pas l’insulte qu’elle lui marmonne avant de tourner les talons, ses chaussures hors de prix claquant sur le pavé. Haussant les épaules, le lycéen masse légèrement sa mâchoire endolorie, finissant tout de même par se fendre d’un sourire. « Qui aurait cru qu’un aussi petit gabarit avait la force d’une catcheuse professionnelle ? » marmonne-t-il avant d’éclater de rire plus franchement. « Franchement, t’en as trop fait, je sais même pas comment elle a pu y croire une seule seconde ! T’es vraiment une mauvaise actrice ! » ricane-t-il, déposant sa guitare à côté de lui avant de l’attirer contre lui. « Et en plus, je me suis pris une sacrée gifle ! Tu comptes te faire pardonner, j’espère ? » interroge-t-il, prenant soudainement cet air de chien battu qui lui allait si bien.

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Il n’y avait rien à dire, Jesse était un bien meilleur comédien qu’elle ne l’était. Elle surjouait de fou, était tout bonne incapable de garder son sérieux, et que dire de ses raclements de gorge lorsqu’elle tentait, avec beaucoup de difficultés, de retenir un rire ? Alors que Jesse ressemblait réellement à un petit-ami contrit, pris la main dans le sac de sa gaucherie. Mais bon, elle ne pouvait pas avoir tous les dons du monde, après tout ! « Je suis désolé, Faith, j’étais pourtant sûr de t’en avoir par… » Ce ne fut même pas par comédie qu’elle fusilla l’adolescente lorsqu’elle donna une claque à Jesse. Aucun sens de l’humour, celle-là. Bon, okay, c’était peut-être aussi le but de cette plaisanterie, il fallait bien l’avouer. Pour la choquer un peu, la faire se barrer, aussi, pourquoi pas. Et cela avait l’effet escompté. Dommage pour la jolie joue de son amant, qui avait pris un poil cher dans toute cette comédie. « Qui aurait cru qu’un aussi petit gabarit avait la force d’une catcheuse professionnelle ? » dit-il avant de lâcher un rire franc, qui fit qu’elle ne put pas retenir le sien bien longtemps. « Franchement, t’en as trop fait, je sais même pas comment elle a pu y croire une seule seconde ! T’es vraiment une mauvaise actrice ! » Elle se laissa attirer contre lui sans cesser de rire, avant de rouler gentiment des yeux. Oui, elle était mauvaise actrice, et alors ? Osef, c’était pas l’important. L’important, c’était qu’elle s’était bien amusée, et que l’autre rousse s’était barrée, les laissant seuls tous les deux. « Et en plus, je me suis pris une sacrée gifle ! Tu comptes te faire pardonner, j’espère ? » Nouveau roulement d’yeux face à son exagération, mais elle vint cueillir ses lèvres entre les siennes, avant de la lui mordiller doucement du bout des dents. « Pauvre petit Jesse, si sensible et délicat … » souffla-t-elle, ses yeux pétillants de malice se plantant dans les siens. « J’ai bien quelques idées qui me traversent l’esprit, là tout de suite, mais j’aurai peur de te faire bobo … Faudrait pas t’abimer plus que ce que cette méchante fille ne l’a fait … » reprit-elle, joueuse, toujours aussi mauvaise comédienne lorsqu’elle exagérait. Elle finit par l’embrasser de nouveau, laissant ses mains glisser sous son haut, qu’elle posa sur sa taille. « N’empêche, qui aurait cru que quelqu’un giflerait pour ça, surtout. » lâcha-t-elle, plus sérieusement, avant de rouler des yeux à nouveau. Elle caressa brièvement sa peau de son pouce, avant d’aller le paquet du jeune homme dans sa poche pour lui en voler une, qu’elle porta bien rapidement en bouche avant de l’allumer. « Sérieusement quoi … » Elle lâcha un petit rire, comme elle crachait la fumée de cigarette sur le côté. « Elle croyait quoi, que t’étais l’amour de sa vie, que t’allais l’épouser et lui faire un milliard de petits bébés ? » Nouveau rire, plus proche du ricanement cette fois-ci, tant l’idée lui semblait saugrenue. « Eerk, t’imagines l’horreur que ça doit être ? » Oui, rien qu’à l’idée de s’imaginer elle-même avec un mari et des enfants, elle ne put retenir un frisson parcourir son échine. De toute façon, avec sa chance, elle les enterrait bien rapidement à la suite d’un stupide accident.

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