DIV - There's a grief that can't be spoken.

Teenage Disaster - 2001

« Tu sais que t'es pas franchement normal pour un adolescent? » La voix de sa sœur aînée lui fait lever le nez de la partition qu'il était en train de déchiffrer. Il hausse un sourcil surpris sans vraiment répondre. Il n'a pas vraiment besoin de lui demander, il sait qu'il n'est pas très normal de façon général. Et de toute façon, il n'a jamais besoin de demander à Sarah qu'elle s'explique. Elle a plutôt du mal à s'arrêter de parler. « Déjà, tu adores ta belle-mère, c'est super louche. » Il hausse les épaules. Détester sa belle-mère par principe serait bien stupide. On ne vit pas dans un Disney non plus, pas de mégère tortionnaire ici. Simplement une femme qui a remplacé sa mère biologique aux côtés de son père. Une femme souriante, une femme aimable. Une femme qui a pris le temps de s'intéresser au gamin paumé qu'il était et qu'il est toujours un peu. Et Sarah voit bien qu'il n'est pas convaincu. Elle, ça lui a suffit pourtant. Elle aurait préféré que le gamin paumé s'attache à elle plutôt que d'adorer sa belle-mère. Elle aurait préféré être la confidente de ce gosse qui n'en dit pas assez. Mais s'il faut insister, elle insistera. « Tu détestes le sport, et tu joues de la flûte traversière. Tu vas pas me dire que c'est pas original, ça. » Il hausse à nouveau les épaules comme un adolescent apathique et ça arrache un sourire à la brune. « Tu vas pas me ressortir le cliché de l'adolescent qui adore le football américain. C'est pas parce que ça marche dans tes films que c'est la vérité. Les nerds existent aussi dans tes films. » Pas qu'il se sente vraiment nerd, mais c'est sûrement le rôle dont il écoperait dans une comédie américaine. « Et la flûte traversière, c'est juste pour voir ce que ça donne. » En vrai, il fait surtout du piano. Il a juste voulu se diversifier. Mais cela ne semble pas être convainquant. Le simple fait de jouer de la flûte traversière, même de façon ponctuelle, porte apparemment atteinte à son statut d'adolescent normal. Statut auquel il n'a jamais vraiment trop accorder d'importance de toute façon. « Et tu fais du théâtre aussi. A croire que tu veux vraiment emmerder papa. » Il lui offre un petit sourire en coin. Emmerder le paternel n'est pas vraiment son but premier. Il serait plus juste de noter que celui-ci n'apprécie pas les passions diverses et variées de son fils. « Quoi qu'emmerder ses parents, ça va, c'est typique. » Elle a l'air satisfaite de trouver enfin quelque chose d'à peu près normal chez son artiste de frère. Il faut dire que leurs autres frères ne sont pas vraiment du même sang. Pas de la même mère. Alors c'est avec David qu'elle s'attendait à avoir le plus de points communs, mais elle n'en trouve pas beaucoup. Si ce n'est leur humour de merde. Alors elle aimerait bien comprendre. Comprendre comment avec des gènes qui sont sensés se ressembler ils peuvent être si différents. « Et tu ne parles jamais. Il faut t'arracher les mots de la bouche. » Il lui adresse un sourire qui veut sans aucun doute dire "c'est sûr, on est bien différents sur ce point". Et c'est pour ça. Parce qu'il n'a pas besoin d'en dire plus que ça. Parce qu'il n'exprime que le nécessaire. Parce qu'il n'aime pas en faire des tonnes, qu'il n'aime pas parler de lui, qu'il n'aime pas sentir l'attention des autres sur lui... Mais qu'il parle ou non, l'attention de Sarah lui est toute dévouée. « Oh! Et tu as la libido d'un escargot. Ça, c'est le plus anormal. » Après un énième haussement d'épaules, David se décide à défendre son honneur. Bien qu'il lui importe peu de savoir ce que sa sœur pense de sa sexualité, puisqu'il sait bien que, normal ou non, elle l'apprécie comme il est. C'est l'avantage d'être du même sang. « Fais pas genre que tu t'y connais en gastéropode. Si ça se trouve, ils ont une libido de dingue. » Mais la réponse ne suffit pas à Sarah qui fixe son petit frère avec insistance. Il faut qu'il s'explique. Il n'a pas le choix. Il faut qu'il lui lâche quelque chose sans quoi il va l'avoir sur le dos toute la journée. « Bon ok. » Il admet sa défaite et ça suffit déjà à lui arracher un sourire ravi alors qu'elle attend la suite. « Ce n'est pas parce que je ne couche pas avec tout le monde que j'en ai pas envie, ok? » « AAAAAAW. » Les yeux de Sarah brillent comme s'il était un chaton adorable qui vient de faire un truc adorable et il ne comprend pas vraiment. Mais s'il fallait qu'il comprenne les réactions illogiques de sa sœur, la vie serait bien compliquée. Il préfère hausser à nouveau les épaules et se repencher sur sa partition. S'en suit un léger silence pendant lequel il espère avoir enfin satisfait le besoin de ragots de Sarah... Mais il est bien vite déçu. « Si tu crois pouvoir me congédier comme ça, frangin, tu te fourre le doigt dans l’œil jusqu'au coude. » Il lève discrètement les yeux au ciel, mais elle n'est pas dupe. « Mais du coup, si c'est juste que t'arrives pas à te trouver une nana, j'peux t'aider hein!! » Il retient de justesse un soupir et offre à sa sœur son plus beau sourire. « Ça ira Sarah, j'crois que je m'en sortirais tout seul, un jour. » A son tour de hausser les épaules sans cacher une certaine déception. Elle qui voulait se montrer utile, voilà comment on la remercie. Elle se lève pour laisser son frère tout seul mais il l'interrompt à voix basse, comme s'il ne voulait pas vraiment qu'elle l'entende. « Et puis qui te dit que j'ai envie de me trouver une fille..? » C'est un peu plus de la provocation que la réalité. David ne dirait pas non à l'idée de se trouver une jolie fille. Mais il ne dirait pas non à un beau garçon pour autant. Pourquoi se priver de la moitié de l'humanité quand de toute façon, il sait qu'il ne réussira pas à avoir qui que ce soit dans son lit. Et Sarah lui lance un regard en coin, pas sûre de ce qu'elle vient d'entendre. « Tu préfères les mecs? Tu veux vraiment emmerder papa? » « Tu sais bien que tout ce que je fais l'emmerde. Mais non, je finirais bien pas lui ramener une fille tout ce qu'il y a de plus normale un jour... » Ou pas. Ce n'était pas vraiment sa préoccupation du moment. « Mh... Tu fais partie de ces gens étranges qui ne savent pas se décider en somme. » Son haussement d'épaule est un peu moins nonchalant, un peu plus tendu, et Sarah sait tout de suite qu'elle a fait une boulette. « Si tu le dis. » Mais la conversation est close. Elle ne pourra rien rattraper aujourd'hui, et elle s'en voudrait presque. C'est rare que David s'ouvre comme ça à elle, et elle a réussi à le faire se fermer un peu plus. Mais son ton est clair. La conversation est close, il n'a plus envie d'en parler. Elle soupire doucement mais elle abandonne. Elle sait qu'il ne fera que se braquer un peu plus si elle tente de s'excuser. « Au fait, j'étais sensée venir de la part de papa. Il veut que tu ai fini tes devoirs de maths avant le diner, alors bouge tes fesses. » Sarah a ce don, quand on lui confie un message à faire passer, elle s'arrange toujours pour l'oublier ou le transmettre le plus tard possible.



Grown-Up Mess - 2006

Il s'était installé à sa place habituel. Le canapé de Timmy était devenu depuis peu son lieu de vie. Son cocon. Le canapé où ils buvaient le soir après le boulot, celui où il passait ses weekends à jouer sur la console de Tim, et celui qui lui servait de lit depuis que son père avait décidé qu'il ne pouvait pas héberger un fils qui ne voulait pas aller à la fac. Une fois le choc passé, David avait retrouvé son équilibre. Plus ou moins. Il s'était fait une raison, il s'était adapté. Et Sarah avait beau dire qu'elle allait convaincre leur père de changer d'avis, il n'y croyait pas vraiment, et avait décidé de faire sans. Il avait décidé qu'il se ferait son chemin lui-même et qu'il s'en sortirait par ses propres moyens. Un jour. Pour l'instant, il bosse à MacDo en squattant chez un mec qu'il fréquente aux cours de théâtre. Cours auxquels il peut assister parce que sa belle-mère continue de les lui payer en toute discrétion. Cours qu'il ne manquerait pour rien au monde parce qu'ils sont son avenir. Son avenir dont il a dangereusement besoin, alors qu'il rumine sur ce vieux canapé. Et c'est pour lui rappeler que cet avenir peut peut-être exister que Sarah a décidé de s'imposer chez Timmy. Elle ne le connait pas vraiment, mais elle est venue chercher son frère à la sortie du cours de théâtre, et elle l'a suivit jusqu'à son nouveau chez-lui, jusqu'à ce canapé un peu triste mais qui est l'endroit où son frangin a décidé de passer sa vie depuis quelque temps. « C'est quand même pas le canapé le plus confortable du monde. » David hausse les épaules en lui tendant la bière qu'il est allé se chercher dans le frigo, puis il décapsule la sienne avant de la porter tranquillement à ses lèvres. Il aurait su que Sarah viendrait ce soir, il aurait un peu rangé... Mais tant pis. Elle peut voir comment il vit réellement. Et elle voit. Elle ne manque pas de relever avec un air surpris le nombre impressionnant de bouteilles de bières et d'alcools plus forts qui traînent sur la table du salon et autour du canapé. Mais elle ne fait pas de commentaire. Ce qui achève de surprendre David. Que sa frangine se taise n'était pas courant. Elle était parfois d'une franchise un peu trop maladive. Une sorte de diarrhée verbale à laquelle il s'était habitué, à force de la supporter depuis sa plus jeune enfance. Et c'était peut-être le fait d'avoir une sœur tellement bavarde qui avait fait de lui un garçon si introverti. Un garçon introverti qui ne semblait s'exprimer réellement que sur scène. « Mais ton Tim a l'air gentil. » Et elle lance un regard qui se veut complice à David. David qui avale une nouvelle gorgée de bière, avec son habituel air neutre. « Il n'est pas mon Tim. C'est juste Tim. » Sarah a l'air un peu déçue mais elle s'en remettra. Et puis ce n'est pas comme si elle avait vraiment eu l'occasion de faire sa connaissance, au Tim. Il leur avait tenu compagnie sur le chemin depuis le cours de théâtre avant de s'éclipser dans sa chambre pour les laisser un peu tranquilles, en famille. Un ange, ce jeune homme, sincèrement. Il rendait la vie du brun bien plus facile. Il lui permettait d'avoir l'esprit un peu plus serein. Et surtout, il ne disait pas un mot sur sa récente surconsommation d'alcool. Surconsommation qu'il comprenait pour avoir lui aussi eu des bas. Même s'il se dit sûrement que tout ça ne peut pas durer. Et c'est pour y mettre fin que Sarah est là. Elle finit par soupirer et attraper la main de son frère. Comme pour attirer son attention. Comme pour l'inciter à lever les yeux vers elle pour qu'elle puisse accrocher son regard au sien. Alors il la regarde dans les yeux sans trop oser rompre le contact. Parce que c'est sa frangine après tout, une bouée de sauvetage comme une autre. Et ce regard qui se veut un peu trop insistant l'empêche d'aller coller ses lèvres au goulot de la bouteille. « David. Tu vas pas bien. » Un sourire un brin cynique étire les lèvres du brun. Comme s'il n'était pas au courant. « Si tu réussis à aller à Londres, tu me promets que ça ira mieux? » Il hausse un sourcil surpris avant de hausser les épaules, un peu désabusé. « C'est pas comme si j'avais les moyens d'y aller maintenant de toute façon... » Et il voit le visage de sa sœur s'illuminer légèrement alors qu'elle lui colle une enveloppe dans la main. Il la dévisage comme pour chercher un sens à ce qu'elle fait, comme si elle allait finir par lui expliquer. Elle qui ne se fait jamais prier pour dire tout ce qui lui passe par la tête. Mais pas un mot, juste un mouvement de menton pour lui faire signe de s'intéresser à l'enveloppe. Il pose sa bière sur la table et sort un bout de papier. Un bout de papier magique. Un billet pour Londres. Et quand il lève les yeux vers sa sœur, il a perdu sa flegme, et s'il ne dit rien, c'est juste parce qu'il ne sait pas quoi dire. « Bon, je sais que pour le logement c'est pas forcément évident. Mais j'ai une nana de la fac que je connais plutôt bien qui s'est installée là-bas, et elle m'a dit qu'elle pouvait t'héberger jusqu'à ce que tu trouves tes repères. » Et David ne peut pas s'empêcher de sauter au cou de sa sœur. Il n'est pas du genre très expressif, mais là, il ne peut pas vraiment faire autrement. Et il sent les larmes au bord de ses yeux. « Sarah, tu es parfaite. » Elle rigole et renvoie ses cheveux en arrière avec un brin d'ironie. « Je sais, je sais... » Mais elle rattrape les mains de son frère et son sourire disparaît un peu trop brutalement. « Mais tu seras tout seul là-bas, sweetie. Tu ne peux pas te laisser aller comme tu l'as fait ici. Il faut que tu t'en sorte, il faut que tu te battes. » Il approuve avec un léger sourire. Sarah a toujours bien aimé jouer à la psy et lui donner des conseils pour qu'il aille magiquement mieux. « Je... T'en fais pas pour moi, je m'en sortirais. Je te devrais bien ça... » Elle colle son front au sien, comme s'ils avaient toujours été des frères et sœurs trop unis, dignes d'une de ces séries américaines qu'elle regarde trop. « Ça veut dire que t'as abandonné pour papa, je suppose. » Elle a une petite moue avant de froncer les sourcils. « Non, c'est juste que j'ai décidé que tu pouvais lui prouver qu'il avait tort, et que ça lui ferait les pieds! » David récupère sa bière avec un sourire amusé aux lèvres, avant de la tendre vers sa sœur. Il s'agit bien là de quelque chose pour quoi trinquer. Ce soir, il a quelque chose à fêter.



Adult Chaos - 2015

C'est en titubant un peu qu'il reçoit dans ses bras la tornade qui s'avère un peu plus rapide qu'il ne l'avait prévu. Et celle-ci lui colle quinze baisers sur le visage alors qu'un sourire s'étend d'une de ses oreilles à l'autre. Ça fait longtemps qu'elle n'est pas revenue à Londres. Elle avait l'habitude de s'imposer les premières années, s'assurer que son frère ne replonge pas dans ses mauvaises habitudes. Mauvaises habitudes comprenant un canapé trop mou, des bières avant midi et au moins un whisky avant seize heure. Et puis elle avait vu qu'il s'en sortait. Pas forcément très bien, mais à sa manière. Accumulant les petits boulots alimentaires et les rôles très secondaires dans quelques films et séries. Il s'en sortait tant bien que mal sans réussir pour autant à prouver à son père qu'il avait une certaine valeur. Sans prouver à son père qu'il avait fait le bon choix en dédiant sa vie à sa passion. Sans prouver à son père qu'il pouvait très bien vivre sans suivre un parcours universitaire classique. Mais il n'avait pas abandonné. Il avait continué, lutté. Comme il l'avait promis à sa sœur. Et ça avait suffit à la rassurer, de voir son obstination et sa ténacité. Et cela faisait bien deux ou trois ans qu'elle n'était pas revenue à Londres. Mais c'était l'occasion. L'occasion pour elle de quitter sa Belgique natale pour retrouver son petit frère qui allait devenir une super star. Une star qui l'emmène dans un café parisien sans plus faire attention à la carte ou aux prix. Il n'en a pas encore vraiment l'habitude, de ne pas faire trop attention aux prix, mais il est avec sa sœur et il veut qu'elle ait le meilleur. Il veut lui montrer que sa vie est mieux. Il veut lui montrer que c'est la vérité : il va enfin avoir un rôle central dans une production immense. C'est un peu à elle qu'il le doit. Une fois installée, elle dévisage son frère un instant avant de retrouver ses vieilles habitudes. « Alors. Tu as prévu d'acheter quoi une fois que tu seras riche? » Il rigole doucement. Il avait presque prévu la question. « J'ai déjà investi dans un appartement potable, moins délabré que le précédent... » Elle hoche vivement de la tête comme pour approuver une telle initiative. « Et un piano. » La moue de Sarah est légèrement déçue. Pas de folies imprévues. Pas de nouvelles passions. « Tu pourrais te diversifier un peu... » « Je pensais prendre des cours de chant aussi, histoire de pas avoir de problème de voix pendant les films. » Elle hoche la tête avec un peu plus de conviction. « Voilà, ça ça change un peu. Encore un petit effort et tu trouveras vraiment une nouvelle passion. » Il hausse les épaules de cette façon qu'il a de faire. « Tu n'es pas obligé de prendre le rôle de papa tu sais, surtout maintenant que je vais pouvoir vivre en étant simplement acteur. » Sarah sourit doucement. Même maintenant que David réussit enfin à percer, le paternel reste un sujet sensible. Parce que même si son fils a réussi à lui prouver qu'il avait tort de douter de lui et de sa capacité à devenir un vrai acteur, même s'il a relevé le défi, ça ne suffit pas à les réconcilier. Et toute la bonne volonté de Sarah n'a pas suffit à convaincre le vieil homme de venir voir son fils dans son nouveau chez-lui. « C'est juste que tu aimes faire la même chose depuis que tu es tout petit, c'est terrifiant pour les gens normaux comme moi, qui ne se passionnent qu'à moitié. » Il sait qu'elle se veut rassurante alors il lui rend son sourire, mais au fond, il partage ses passions, lui aussi. Il y a le théâtre et la musique. Voilà, c'est partagé. « Mais tu as raison. Tu as enfin réussi à faire reconnaître ton talent. » David hausse les épaules, peu convaincu. « Mon talent, mon talent, c'est vite dit. Ils ont surtout reconnu ma gueule qui ressemblait étrangement au précédent acteur. » "Qui était de toute évidence plus talentueux" ne précise-t-il pas, mais sa sœur l'entend très bien. Elle lève les yeux au ciel. « Et bien tant pis si tout ce qu'ils sont capable de voir c'est le beau gosse! » Il rigole doucement, sa sœur adore prétendre qu'il est un Don Juan, quand elle sait très bien que depuis l'adolescence, il a toujours du mal à fréquenter des gens. « Tant pis pour eux. Maintenant c'est à toi de leur montrer que t'es plus qu'un joli visage. » Il rigole toujours. Et avale une gorgée de ce café viennois qu'il a commandé. « Et ne rigole pas comme si je ne racontais que des idioties! Je le vois bien que tu fais des efforts! » Il hausse un sourcil. Des efforts? Pour être un bon acteur? Ça, il ne le nierait pas. Il s'est toujours démené pour offrir aux autres la meilleure prestation possible, même s'il n'a apparemment pas ce talent certain qu'ont d'autres. « Tu parles plus. » Ils savent tous les deux que ce n'est pas vraiment un détail. Et c'est vrai, il est plus expressif qu'il pouvait l'être. Mais il ne peut pas vraiment lui expliquer que c'est parce qu'il joue dans la vie de tous les jours aussi. Il joue à être plus que lui. Il joue à être au niveau de ce qu'on lui demande. Parce qu'il fait partie de quelque chose de plus grand que lui, maintenant. « C'est peut-être parce que j'ai plus de choses à raconter, maintenant que je vais devenir une star internationale. » Et ça fait rire Sarah. Parce qu'elle sait bien que David est le genre de garçon qui peut ravaler son orgueil pour profiter de la chance qui lui est donnée. Pour profiter de cette expérience. Parce qu'elle a confiance en lui et qu'elle sait pertinemment qu'il réussira à faire oublier les circonstances bien tristes qui l'ont amené là où il se trouve. « Maintenant que tu vas être bien placé dans la belle société anglaise, je refuse que tu fasses comme si tu n'avais jamais aucun ragot pour moi! J'ai pas intérêt d'apprendre les choses par les médias! » Il lui tire la langue. « Je t'appellerais des fois. » Cette fausse promesse lui arrache un sourire. « Et j'espère que tu sais que tu as le rôle de mister le plus sexy... Du coup, tu vas me ruiner la saga vu que tu ne peux décemment pas être mon fantasme hein. » « J'espère bien... » Il joue un instant avec sa tasse. « Mais je pense que tu peux trouver bien ailleurs hein. J'suis sûr que Potter te plaît, fais pas semblant. Et Snape a aussi un certain charme... » Sarah hausse un sourcil alors qu'il laisse sa phrase en suspens, un brin pensif. « Ça va bien avec le staff? » Il acquiesce. Ça finira bien par aller. Un jour. Et la rancune infondée que les autres pouvaient avoir à son égard n'était pas une bonne raison d'inquiéter sa chère sœur. Il était habitué à ne pas être ami avec tout le monde. Il était habitué à ce qu'on ne l'apprécie pas énormément, que ce soit pour de bonnes raisons ou non. Et si l'attitude des autres à son égard ne changeait pas, il finirait simplement par s'y faire.