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| EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” | |
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| Sujet: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Lun 16 Sep - 23:48 | |
| Elizabeth Alaina Preston-Lawrence w/ Lara Pulver→ habite à Cambridge, depuis maintenant cinq ans. → âgé(e) de 40 ans, et elle le vit très bien ! → né(e) le 17 Mars 1973. à Londres. → est Activiste et militante féministe et LGBT*, fondatrice d'une association qui aide les femmes seules/mamans célibataires dans le besoin, auteure de plusieurs livres sur la cause LGBT, figure de proue de divers mouvements, chroniqueuse, et plus récemment, professeur à l'université de Cambridge en Women & Gender Studies. → un t-shirt likes boys, but who cares really ? → est actuellement veuve. | → pseudo : Oreo → âge : 19 ans → comment avez-vous connu le forum ? Je le connaissais déjà avant, puis je l'ai oublié, puis je suis retombée dessus, je l'avais mis dans mes favoris apparemment → code : TIRELIPIMPOM sur le... ahem code bon → crédits : Tumblr. → de quelle couleur sont les petits pois ? POIS. |
to be or not to be« Papa, maman. Je suis enceinte. » annonça Elizabeth non sans une pointe de défi dans la voix. Après un instant de silence stupéfait qui lui parut une éternité, la tempête se déchaîna dans le foyer pourtant tranquille des Lawrence. Elizabeth Alaina Lawrence, dix-huit ans à peine, avait un bébé qui grandissait dans son ventre. La bombe atomique à laquelle personne ne s’attendait.
Il fallait dire que la famille Lawrence en cette année 1991 n’était pas vraiment préparée à ce type de révélation au potentiel scandale exacerbé. On aurait pu s’y attendre pourtant, quiconque connaissant cette famille d’intellectuels ne sachant plus vraiment où donner de la tête avec eux : une flopée d’acteurs, chanteurs, danseurs, peintres, philosophes, écrivains, et autres intellectuels que les mauvaises langues s’amuseraient à qualifier de « bobos », des excentriques qui vivaient dans un immense appartement dans les quartiers huppés de Londres et considéraient encore Mai 68 comme la plus grande avancée sociale de ce siècle. Archibald et Helen, les parents d’Elizabeth, étaient d’ailleurs à Paris à l’époque des émeutes et y avaient pris part avec toute la fougue de leur jeunesse, fougue qu’ils sauraient si bien transmettre à leurs filles plus tard. Trois filles, trois caractères entiers, trois comètes enflammées. Et Elizabeth n’était pas des moindre. Elève brillante à l’école mais toujours prête à contredire un professeur, elle était la digne héritière de ses parents et remplissait à merveille son rôle d’aînée : Daisy et Katharine, respectivement ses cadettes de trois et six ans, avaient chacune un caractère bien trempé, mais aucune n’était aussi déchaînée que leur aînée. Quand elle avait atteint quinze ans, Elizabeth était une belle jeune fille qui passait facilement pour plus âgée, et surtout, elle avait la belle assurance et la confiance de celles qui ont passé sans entraves l’adolescence et se savent déjà femmes. C’est à cet âge-là qu’elle était tombée follement amoureuse de Nicholas Preston. Il avait dix ans de plus qu’elle, mais ni l’un ni l’autre n’avaient semblé y attacher de l’importance : pour Elizabeth, Nicholas était l’homme de sa vie, et elle l’aimait avec toute la passion dévorante d’un premier amour. Nicholas, du haut de ses vingt-cinq ans, était militaire et se construisait une carrière brillante jonchée de coups d’éclats et d’exploits héroïques. Jamais il n’aurait pensé s’attacher à autre chose qu’à son travail : Elizabeth lui démontra le contraire. Et pendant onze ans, ces deux êtres que rien ne rassemblait ne devraient jamais cesser de s’aimer comme au premier jour.
Trois ans plus tard, elle était tombée enceinte de lui et l’avait découvert quelques jours avant de passer l’équivalent de son baccalauréat. La chose n’était pas prévue, mais ni elle ni Nicholas n’avait paniqué. Elizabeth était, déjà à l’époque, une féministe pure et dure, partisane bien entendu de l’avortement, et elle savait que Nicholas partageait ses convictions, de même que ses parents. Quelle que soit sa décision, elle savait qu’elle serait soutenue. La réflexion, néanmoins, se fit assez rapidement au sein du jeune couple. Ils étaient fous amoureux l’un de l’autre, Nicholas avait de bons revenus, et si sa famille à lui s’indignerait sûrement de cette « surprise », celle d’Elizabeth les soutiendrait sûrement. Ce bébé, quoiqu’inattendu, était le fruit de leur amour. Décidant de prendre cette grossesse surprise comme un signe, ils décidèrent très vite de garder le bébé. Elle n’avait même pas encore pris cette décision qu’elle l’adorait déjà, ce bout de chou qu’elle sentirait grandir en elle mois après mois, semaine après semaine, jour après jour jusqu’à l’accouchement. Alors oui, l’annonce de cette grossesse et de son intention de la mener à terme provoqua l’effarement général de la famille, qui avait toujours cru qu’Elizabeth ne voudrait jamais avoir d’enfants et ne se marierait jamais. Mais après moins de vingt-quatre heures de « tu es sûre ma chérie ? C’est une lourde responsabilité tu sais ; es-tu sûre d’être prête pour la vie de mère ? », la décision d’Elizabeth avait été acceptée par tout le clan Lawrence et l’on se mit déjà à discuter du prénom et à faire des paris… Tout s’annonçait sous le meilleur des auspices pour Nicholas, Elizabeth, et leur enfant à naître. Un foyer chaleureux, une famille compréhensive et prête à les soutenir de toutes les manières possibles, un entourage ouvert d’esprit et aimant, des perspectives d’avenir éclatantes… Qu’aurait-on pu rêver de mieux ? Et c’est dans cette atmosphère loufoque, atypique, mais tellement épatante que naquit le petit Leopold, aussitôt chouchouté par ses jeunes grand-parents et ses tantes ravies de pouvoir pouponner le bébé… Quant à Elizabeth, elle exultait. Elle avait le plus adorable des fils, elle aimait Nicholas plus que jamais, elle venait d’être acceptée à Queen Mary malgré ses « frasques » (ainsi avait-on appelé sa grossesse au secrétariat de l’université) et grâce à ses excellents résultats (et l’influence d’Archibald, philosophe renommé et mécène de Queen Mary). Ah, qu’elle était fière, le premier jour de classe, lorsqu’elle était arrivée le menton fièrement relevé pour affronter la marée de regards suspicieux et les premières rumeurs dont elle n’aurait que faire… Et ça n’était que le début !
La nouvelle était tombée un peu plus d’une semaine auparavant. Le major Nicholas Preston était mort au combat, quelque part en Afghanistan, ou était-ce en Irak, elle ne s’en souvenait même plus. Tué en plein exercice à cause d’une bombe tombée trop près du van qu’il conduisait avec un camarade. C’était comme si on lui avait arraché le cœur avec la main. Bien sûr qu’il avait compris, le général qui était venu lui apporter la nouvelle, bien sûr qu’il avait compris ce long silence, ce long moment de réalisation, ce moment où l’on voit s’écrouler sous ses yeux onze ans de vie commune et presque huit ans de mariage, ce moment où le monde est soudain désert et où il ne reste plus que soi-même et le vide béant sous ses pieds. Après l’annonce, on avait loué son courage, son sang-froid. Sans se douter vraiment qu’à l’intérieur, elle était ravagée. A moins qu’on ait préféré faire semblant de ne rien voir. Les jours qui avaient suivi l’avaient, paradoxalement, aidée à garder la tête hors de l’eau. Il y avait tant de choses à faire, organiser les funérailles, préparer les faire-parts de décès, régler les affaires avec le notaire, elle en avait eu la tête qui tourne. Au moins n’avait-elle pas eu le temps de penser à sa propre douleur, anesthésiée pour quelques temps. Une femme forte, qu’on disait d’elle. Non, une femme qui essaye tant bien que mal de tenir debout au milieu de tout ce chaos, voilà tout… Et puis, il fallait bien qu’elle tienne pour Leo, non ? Détachant son regard du morbide cercueil, Elizabeth coula un regard vers son fils. Son fils. Il avait été si courageux depuis le début de toute cette pagaille. Il avait pleuré bien sûr, comme il était bien naturel de le faire, comme elle aurait dû faire, mais il avait été si courageux qu’elle en ressentait une immense bouffée de fierté et d’amour rien qu’en le regardant, là encore, affronter la cérémonie en retenant ses larmes avec plus ou moins de succès. C’était bien le fils de son père. Sentant les larmes lui monter aux yeux, Elizabeth détourna le regard mais serra plus fort la main de Leo dans la sienne. Sois fort mon fils, c’est presque terminé…
« Et maintenant, qu’est-ce que tu vas faire ? » demanda Katharine à sa sœur, les jambes repliées sous elle alors qu’elles étaient toutes les deux assises sur le canapé du salon. Daisy et Kate étaient toutes les deux venues lui rendre visite aujourd’hui, deux semaines après l’enterrement de Nicholas. Elles avaient été extraordinaires, toutes les deux. Malgré leurs études ou jobs prenants, elles avaient été extrêmement présentes pour leur aînée, la soutenant et l’épaulant à travers cette épreuve difficile. Personne n’aurait pu le faire mieux qu’elles. Elles n’avaient chacune que vingt-trois et vingt ans, mais elles connaissaient mieux que personne le fonctionnement de leur sœur et comment l’aider sans provoquer son exaspération ou un sentiment de ras-le-bol si courant chez les gens qui ont perdu un être cher. « T’as que vingt-six ans. Tu vas reprendre ta thèse ? Et les associations dont tu t’occupes ? » « Pour la thèse, je ne sais pas encore. Pour les associations, bien sûr. Je ne peux pas laisser tomber tous ces gens comme ça, malgré la situation actuelle… » « Non, mais tu pourrais vouloir faire une pause… Prendre un peu de temps pour toi ? » Elizabeth haussa les épaules. « Ca ne servirait pas à grand-chose. Autant que je fasse quelque chose d’utile de mon temps libre. Ca m’aidera à ne pas penser à… tout ça. » soupira-t-elle en désignant ‘tout ça’ d’un vague geste de la main. « Je vais emmener Leo en voyage aussi. Ca nous fera du bien de passer quelques semaines rien que tous les deux, loin de la famille et de l’agitation de Londres. » « C’est une bonne idée ! » « Il a été incroyable ces dernières semaines. Un vrai petit homme… » « Il faut dire qu’il a de qui tenir, entre Nicholas et sa forte tête de maman. »
Elizabeth esquissa un sourire. Katharine, satisfaite de lui avoir arraché cette mimique, releva les yeux et son regard tomba sur un article de journal encadré au mur. « Attends, c’est toi là sur la photo ? Les seins à l’air et sur les épaules de… Mon Dieu, mais c’est Nicholas ! » L’expression médusée de Katharine valut à Elizabeth son premier fou rire depuis bien longtemps. « Quoi, ça t’étonne ? Je pensais que tu serais habituée à nos bizarreries, depuis le temps ! C’était à une manifestation contre un verdict injuste à un procès opposant une prostituée et son client qui a failli la tuer à force de la brutaliser… Un moment mémorable ! » « J’imagine ! Ca remonte à quand ? » « Presque neuf ans… » Le temps de faire le calcul, et Katharine poussait une exclamation ébahie. « Ne me dis pas que c’est ce à quoi je pense ! » Elizabeth arqua un sourcil. « Pourquoi tu crois que c’est CETTE photo-là que j’ai accroché et pas une autre ? D’accord, elle est très réussie, mais tout de même je trouvais ça sympa de garder une trace du jour où Leo a été conçu… » « Tu lui diras un jour ? » « Alors là certainement pas ! »
« Ms Lawrence, vous avez une minute pour discuter de votre planning la semaine prochaine ? » « Bien sûr Scott, asseyez-vous je vous en prie. » Sans relever immédiatement le nez de son dossier, Elizabeth devina néanmoins la présence de son assistant qui prenait place sur le fauteuil en face d’elle, de l’autre côté de son grand bureau au troisième étage d’un bel immeuble près de Covent Garden, à Londres. Il s’agissait là des bureaux de la Fondation Preston, qu’Elizabeth avait créée un an après la mort de Nicholas. Fondation qu’Elizabeth considérait comme son plus grand accomplissement depuis l’obtention de sa thèse sur l’œuvre d’Elisabeth Badinter ; elle s’était battue contre vents et marées pour obtenir les fonds, trouver des partenaires, mobiliser des troupes, monter une équipe, mais depuis treize ans maintenant qu’elle existait, la Fondation Preston (nommée ainsi en la mémoire de Nicholas, évidemment) avait fait beaucoup parler d’elle, et la plupart du temps en bien. Constituée de toute une équipe d’avocats et de juristes expérimentés, la plupart bénévoles, quelques-uns salariés, son but initial était d’aider les femmes en proie à une justice injuste à obtenir réparation quand le système patriarcal et misogyne leur faisait tort. Des femmes battues qui n’ont jamais osé parler aux jeunes filles violées « parce qu’elles portaient une jupe trop courte donc c’est qu’elles le voulaient, non ? », des femmes au foyer dont le mari n’a pas voulu entendre le « non » aux salariées harcelées par leurs employeurs, la Fondation a vu passer un nombre de cas impressionnant et s’est développé, petit à petit, jusqu’à diversifier ses activités grâce aux dons généreux de nombreux mécènes à travers le monde. Soucieuse d’équité et toujours prête à défendre la veuve et l’orphelin, Elizabeth (qui avait repris son nom de jeune fille) avait décidé de s’attaquer aussi aux problèmes rencontrés par les personnes s’apparentant aux LGBT* ; la Fondation finançait diverses actions, associations et manifestations, et il y a maintenant trois ans de ça, elle avait même été en mesure de fonder le Refuge Preston pour héberger, nourrir, conseiller et aider toutes les personnes LGBT* expulsées de chez elles en raison de leur orientation sexuelle ou leur identité. Ce Refuge était le bébé d’Elizabeth, qui s’y rendait plus souvent qu’à son tour pour rendre visite aux pensionnaires et voir quelles améliorations y apporter. Depuis treize ans que la Fondation existait, Elizabeth aussi avait vu son quota de popularité grimper en flèche, et elle était passée du statut de simple militante à celui de tête de proue d’un bon nombre de mouvement féministes et égalitaires. Bourreau de travail, dotée d’un mental de fer et d’un sacré franc parler, elle s’était vue conviée à des émissions, des débats, des reportages, avait écrit ou co-écrit plusieurs livres dont deux best-sellers, et était maintenant une figure incontournable des débats dès qu’il s’agissait de féminisme, d’homosexualité, d’identité sexuelle, ou que savait-elle encore…
« Le journaliste du Guardian a rappelé afin de vous proposer un horaire pour votre interview. Ce jeudi à quatorze heures, cela vous conviendrait-il ? » « 14h30 plutôt, je déjeune avec ma sœur et je n’ai pas envie de me presser. D’ailleurs Leo n’a pas appelé pour annuler celui de ce midi n’est-ce pas ? Pas comme la dernière fois ? » « Non Ms Lawrence, le déjeuner avec votre fils tient toujours. J’ai réservé au Royal Thai, si cela vous convient. » « Vous savez très bien que je vous fais entièrement confiance là-dessus, Scott. Et combien de fois vais-je devoir vous demander de m’appeler Liz ? Ca fait cinq ans qu’on travaille ensemble ! » s’amusa-t-elle avec un sourire en coin. Sacré Scott. Ce trentenaire un peu court sur pattes et à l’œil vif avait rapidement conquis le cœur d’Elizabeth (professionnellement parlant, bien sûr !) dès les premiers jours où il était venu travailler pour elle. Il fallait dire qu’Elizabeth était terriblement exigeante sur ses assistants, et jusqu’à présent, aucun n’avait duré plus d’un an à ses côtés. Trop de choses à faire, trop d’heures sup’ certainement, pas assez de sens de l’organisation, pas assez de motivation… Et puis un jour, Scott était apparu, discrètement, un matin, et il avait fait son petit trou de souris avec ce professionnalisme et ce côté consciencieux qu’Elizabeth avait tout de suite appréciés. Il était très sérieux, parfois un peu trop, mais était capable de surprendre son entourage en révélant tout à coup un esprit mordant et un chouïa cynique qui n’était pas pour déplaire à la redoutable quarantenaire. Il n’avait jamais réellement été en contact avec le milieu féministe ou LGBT avant, mais depuis qu’il avait intégré la Fondation, il prenait son travail très à cœur et s’était parfaitement intégré à son nouvel environnement. En un mot comme en cent, Scott était l’assistant parfait, et Elizabeth ne pouvait pas se passer de lui. Ce qui lui posait sacrément problème quand Scott partait en congés, mais heureusement (pour elle) il n’en prenait presque jamais. Parfait, vous dis-je ! Ce qu'elle ignorait encore, c'était que quelques jours plus tard, Scott allait être l'une des victimes des attentats de Londres, et que son état nécessiterait un séjour à l'hôpital. Et qu'ainsi, elle découvrirait avec stupeur qu'en lieu et place de sa famille, c'était son numéro à elle qu'il avait donné comme numéro d'urgence à l'hôpital...
Deux heures plus tard, Elizabeth sortait de l’immeuble et aperçut son grand échalas de fiston au coin de la rue. Un grand sourire illuminant son visage, elle s’avança discrètement par derrière lui et lui plaqua ses deux mains sur les yeux par surprise. « Devine qui c’est ! » s’exclama-t-elle malicieusement avant de l’embrasser sur la joue. Comme à son habitude, Leo fit la grimace mais l’étincelle dans ses yeux lui prouvait qu’il était en réalité ravi de la voir. Elle le connaissait par cœur… Aussi bien que si elle l’avait fait ! « Maman arrête, j’ai plus cinq ans ! Imagine qu’un paparazzi nous voie… » « La prochaine superstar des Maraudeurs part déjeuner avec sa féministe de mère, tu crois qu’on a une chance de faire les gros titres avec ça ? Allez, arrête de raconter des bêtises et viens, je meurs de faim ! » répliqua-t-elle en lui pinçant la joue avant de l’entraîner par le bras jusqu’au restaurant réservé par Scott. Chic, de bon goût, et de très bonne qualité, l’assistant avait encore une fois tapé dans le mille ! « Alors, ce tournage, ça commence bientôt ? Tu avances bien dans ton… Analyse du personnage ? » s’enquit Elizabeth en piochant une chips à la crevette. « Oh arrête, on ne va pas passer le déjeuner à parler boulot quand même, non ? » répondit Leo d’un air faussement désespéré qui tira un sourire à sa mère. « Bon, alors je change de sujet : elle est jolie, ta Lily Evans ? » « Ah, tu vois quand tu veux. » sourit Leo. « Pas mal, pas mal. Mais caractérielle. Je ne sais pas pourquoi, mais elle me rappelle quelqu’un que je connais, une féministe qui aime bien emmerder son monde et faire peur aux hommes… Aïe ! Hé, l’attaque de chips, c’est déloyal on a dit ! »
Ainsi allait la vie chez les Lawrence mère et fils. La mort de Nicholas avait été une épreuve terrible pour le petit garçon de huit ans et sa mère de vingt-six ans, mais Elizabeth avait rapidement pris conscience du rôle qu’elle avait désormais à endosser. Ca n’avait pas été simple au début, et elle avait souvent eu de gros doutes sur le bien fondé de son entreprise, à savoir élever son fils seul tout en menant sa carrière de front, mais au final, elle pensait ne pas s’en être trop mal tirée. A vrai dire, se consacrer à l’éducation de son fils et endosser à la fois le rôle de la mère et du père avait été salvateur pour elle et l’avait aidé à reprendre pied dans le tumulte qui avait suivi la mort de Nicholas, et dans les années qui avaient suivi. Avec son mental d’acier et sa détermination à toute épreuve, elle avait admirablement tenu le choc. Pas seule bien sûr, un bon psycho-thérapeute et ses sœurs l’avaient aidée à tenir, mais tout de même. Elle s’était bien démerdée, mine de rien. Elle avait tenté d’inculquer des valeurs à son fils, et elle pensait avoir plutôt bien réussi… Même si ça ne se voyait pas toujours ! Elizabeth et Leo avaient toujours été très proches, très unis, parfois plus comme des copains qu’une mère et son fils d’ailleurs, mais c’est grâce à ça qu’ils avaient passé le cap difficile de l’adolescence, après tout. Elizabeth était fière de son fils. Très fière. Des choses qu’il avait accomplies, de l’homme qu’il était en train de devenir, du fait qu’il ait adopté son nom de jeune fille comme nom de scène. C’était le plus beau cadeau qu’il lui avait jamais fait. Si Daisy avait pu voir ça…
« Tu iras à la commémoration pour Daisy samedi ? » demanda Leo comme s’il lisait dans les pensées de sa mère. « Bien sûr, Katharine m’a encore écrit pour me demander de venir. Déjà neuf ans… » soupira-t-elle non sans tristesse. Trois ans après la mort de Nicholas, ç’avait été au tour de Daisy. Sa petite sœur. C’avait été tellement dur pour tout le monde… Tuée par un patient de son mari. Elizabeth se souviendrait toujours du jour où Kate l’avait appelée, hystérique, pour lui dire que Daisy avait été assassinée. Une nouvelle fois, son monde s’était effondré. Mais, aussi affreux cela puisse-t-il paraître, cette fois elle était ‘préparée’. Elle savait comment réagir. Comment ça se passerait. Comment s’en sortir le moins cassé possible. Et c’était ce qu’elle avait fait ; prenant sur elle, elle s’était imposée comme l’homme (ou plutôt, la femme) de la situation et avait donné un coup de main partout où elle avait pu, avec l’organisation des funérailles, les communications avec la presse au regard de la carrière de Daisy, la famille, réconforter les uns et les autres… Katharine surtout, qui avait été inconsolable. Et l’était toujours. Elizabeth était inquiète à son sujet, très inquiète. Malgré les années qui avaient passé, elle n’arrivait pas à sortir de sa dépression et continuait de tenir Henry pour responsable de sa mort. Elizabeth retint un soupir contrit. Pauvre Henry. Ca n’avait déjà pas été facile pour lui et Violet… Elle en savait quelque chose. N’était-elle pas passée par les mêmes tourments alors que son fils avait sensiblement le même âge que Violet ? Henry et Elizabeth, bien que s’entendant plutôt bien, n’avaient jamais été très proches. Jusqu’à ce jour. Leur perte commune avait malgré eux tissé une sorte de lien, qu’ils le veuillent ou non. Et Elizabeth, à sa manière, avait envie d’aider Henry et de le voir retrouver une vie normale. Et pour ça, il fallait commencer par solutionner le problème de Katharine… La partie était loin d’être gagnée.
L’après-midi s’écoula à un rythme effréné, et il était déjà neuf heures lorsqu’Elizabeth rentra chez elle. Après avoir prise une longue douche brûlante, elle s’attela à sa valise pour Cambridge, où elle retournait après ces quelques jours passés à Londres. Elle s’était vue offrir un poste de professeur en Women & Gender Studies il y avait maintenant deux ans, et elle adorait ce nouveau job –qui en rajoutait à son emploi du temps de ministre, mais qu’importe. On lui donnait la parole, on lui donnait la possibilité d’atteindre la jeune génération. Comment refuser ? Et puis Cambridge était un cadre tellement plus agréable que Londres… Tant qu’elle pouvait encore gérer sa Fondation, elle était ravie ! Evidemment ce train de vie ne laissait pas beaucoup de temps à de nouvelles rencontres amoureuses, mais elle n’en faisait pas vraiment sa priorité. Elle avait essayé, peu avant ses quarante ans, de s’inscrire sur un site de speed dating sur les conseils de Katharine, mais le résultat avait été catastrophique ! Depuis, elle avait arrêté de chercher. Elle était encore une très belle femme et quelques opportunités s’était présentées… Mais aucun n’avait su la convaincre de s’engager sur le long terme. Alors Elizabeth se contentait d’une petite histoire par-ci par-là, sans beaucoup de perspectives d’avenir… Et ça lui convenait très bien ! Soudain son téléphone se mit à vibrer. Sur l’écran, elle put déchiffrer : « Bonsoir Liz. Dispo pour un dîner ce soir ? Aux chandelles bien entendu… Alex ». Un sourire en coin étira ses lèvres. Puis, sans répondre, elle jeta le téléphone sur le lit. Ta-ta !
Dernière édition par Elizabeth A. Lawrence le Mer 18 Sep - 17:56, édité 9 fois |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Lun 16 Sep - 23:49 | |
| that is the question Rêve ou réalité, toujours est-il que vous êtes chez le psy, allongé sur ce fameux divan, à faire le bilan de votre vie merdique ou parfaite, tout en sachant qu’un développement parfait n’existe pas que nous sommes tous au mieux normalo-névrotiques. Au cours de la séance votre psychiatre aborde différents sujets et c’est en essayant d’être vraiment honnête pour une fois que vous répondez à ces quelques questions, parce qu’après tout il a de jolis cheveux. → Dans la vie, on cherche toujours à atteindre un but, quelque chose de vraiment personnel, un idéal de vie, un rêve, quelque chose qui vous rendrait heureux(se) finalement. Pour vous qu’est-ce que c’est ? What the... J'étais pas en train de dormir ? Henry, qu'est-ce que tu fabriques dans ma tête ?! Bon, d'accord, de toute façon ce n'est qu'un rêve, n'est-ce pas ? Je suppose que c'est normal de faire une séance d'analyse avec son beau-frère dans un rêve foireux... Screw you Freud, je préférais le rêve avec Hugh Jackman. Anyways, quelque chose qui me rendrait finalement heureuse... Mais je le suis déjà, tu sais ! J'ai un job de rêve, un fils que j'adore et qui réalise ses rêves, je suis parfaitement épanouie, que veux-tu que je demande de plus ? Bon, dans un monde parfait, je n'aurais pas besoin de faire un scandale par mois pour faire bouger les mentalités sur la cause du féminisme, et le père de Leo serait toujours là. Ainsi que ma soeur, Daisy. Mais tu le sais aussi bien que moi old chap, on ne peut pas toujours avoir ce qu'on veut dans la vie. Et le bonheur, c'est aussi de savoir faire avec ce qu'on a. Et avec ce qu'on a perdu. Aujourd'hui mon seul rêve pour l'avenir c'est de voir mon fils heureux et la société progresser. Ca me suffirait largement.
→ Et qu’est ce qui vous bloque en fin de compte ? Pas grand chose, je te l'ai dit. Ce que je veux, je me bats pour l'obtenir. J'ai perdu l'habitude de laisser quelque chose me bloquer. Je ne suis pas triste, je ne suis pas tourmentée, mon psychanalyste et mon job m'ont aidée à éviter de sombrer quand les temps ont été dur. Je regarde devant moi, pas derrière.
→ Je vois. Est-ce que vous avez des regrets ? Bien sûr, comme tout le monde. Je regrette que Daisy soit partie si tôt. Je regrette que Katharine s'enferme dans sa haine contre toi. Je regrette qu'il soit si difficile de combler le manque laissé par l'absence d'un être cher. Je regrette que tu aies tant de difficultés à retrouver une vie amoureuse normale. Je regrette que Leo ait si peu connu son père. Je regrette qu'il n'ait pas pu être élevé par cet homme extraordinaire. Je regrette que ce soit moi qu'il ait dû supporter comme maman. Je regrette de l'avoir parfois un peu délaissé pour aller jouer les justicières. Je regrette que le monde ne soit pas encore un meilleur endroit pour les femmes. Mais des remords, aucun.
→ Qu’est-ce qui vous rends heureux(se) dans votre vie aujourd’hui. Une personne, une passion ? Mon fils me rend heureuse. Mon travail me rend heureuse. Ca me suffit largement ! Je suis une quarantenaire tout ce qu'il y a de plus satisfaite de sa vie, avec les bosses qu'elle comporte !
→ Et est-ce que vous vous sentez seul parfois ? Ca m'arrive. Quand Leo n'est pas à la maison, quand l'anniversaire de la mort de Nicholas approche, quand nous perdons un procès et qu'un violeur est remis en liberté, quand un jeune transsexuel arrive au Refuge en larmes parce que ses parents l'ont foutu à la porte. Dans ces moments-là, j'ai l'impression d'être seule dans une bulle de verre avec l'impossibilité d'en sortir.
→ Rien d’anormal je vous rassure, mais dîtes moi, qu’est ce que vous attendez des autres, qu’ils vous aiment, qu’ils vous comprennent ou qu’ils vous respectent ? Un peu des trois j'imagine. Mais j'ai compris il y a longtemps qu'il ne fallait rien faire pour susciter l'amour ou l'admiration des autres : il faut agir en sa propre conscience, et le reste suivra naturellement. Mais comme tout le monde, j'aime être aimée, comprise et respectée ! Hélas quand on est une femme et une militante féministe aussi acharnée et controversée que moi ça n'est pas toujours simple.
→ Et qu’est ce que vous attendez de vous même ? Je ne sais pas. De continuer la lutte encore de nombreuses années ? De connaître plus de victoires et moins de défaites ? De réussir à faire vraiment évoluer les mentalités ? D'être une bonne maman, une bonne soeur, une bonne amie, une bonne tout ? Tes questions n'ont aucun sens, Henry. Je suppose que j'attends de moi-même de ne plus échouer nulle part.
→ Et Peut être que vous vous en demandez trop. Qu’en pense votre entourage ? Que j'en demande trop... Mais c'est en visant la lune qu'on atteint les étoiles, pas vrai ?
→ Est ce que vous sentez soutenu(e) dans vos choix par votre famille et vos amis ? Absolument, et tant que j'aurai leur soutien, je saurai que je suis dans le droit chemin et que je devrai continuer à le suivre ! La famille et les amis, les valeurs les plus sûres de notre civilisation !
→ Bien, nous continuerons la semaine prochaine si vous voulez bien, n’hésitez pas à m’appeler si vous avez un souci d’horaire.
Dernière édition par Elizabeth A. Lawrence le Mar 17 Sep - 16:34, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Lun 16 Sep - 23:52 | |
| Bienvenue officiellement Bon courage pour la fiche, et puis n'hésite surtout pas à venir nous poser les questions et même à passer sur la chatbox !! et puis trèèèès bon choix pour Lara (et je dis oui pour le lien Elizabeth/Stephen ;D) |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Mar 17 Sep - 0:00 | |
| MERCIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII les loulous, vous êtes adorables Je compte bien passer sur la chatbox, j'y étais même tout à l'heure mais FA a bugué merci de votre accueil, vous êtes tous formidables :brille: Stephen - Je vais y réfléchir et je te mpotte dès que j'ai une illumination (sinon ce sera après validation xD) |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Mar 17 Sep - 0:12 | |
| Bienvenuuuuuuue Ah si ma prof d'identités et cultures pouvait être Lara Pulver... Ou Maman Lawrence for that matter :arrow:Bref, bonne rédaction de fiches, j'aime déjà ce perso et welcome agaiiin edit: et le titre |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Mar 17 Sep - 7:43 | |
| MAMAAAAAAAAAAAN Bon, j'ai cours dans 20 minutes, j'ai sans doute le temps de te répondre dans l'autre sujet |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Mar 17 Sep - 13:06 | |
| Bienvenuuue sur TTR et bon courage pour ta fiche ! |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Mar 17 Sep - 16:13 | |
| FISTOOOOOOOOON la vache, tu es matinal mais merci pour ton aide dans l'autre sujet, je vais pouvoir faire une Liz super top cool grâce à tout ça Merci Liberty, pour ton accueil :brille: (Lily Collins ) |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Mar 17 Sep - 16:24 | |
| Comment j'aime trop ses occupations et Lara est magnifique je viendrais sûrement te quémander un lien (si si même que j'ai peut-être un embryon d'idée) :babycutie:. Bienvenue parmi nous et bon courage pour ta fiche . |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Mar 17 Sep - 16:36 | |
| Merci beaucoup Jessalynn j'aime beaucoup ton avatar de Jane Levy d'ailleurs, très joli anyways, un lien, ce sera avec graaand grand plaisir, tu as titillé ma curiosité tiens |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Mar 17 Sep - 16:39 | |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Mar 17 Sep - 18:01 | |
| - Elizabeth A. Lawrence a écrit:
- la vache, tu es matinal
t'as vu ça ? et je viens à peine de rentrer chez moi là en tous cas, j'adore ta fiche pour l'instant |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Mar 17 Sep - 19:21 | |
| Re-bienvenue du coup ! Si tu as des questions, n'hésite pas à nous mpotter ou à venir sur la CB Je lirai tout ça dans la soirée Je l'ai un peu parcourue et j'ai hâte de voir ce que tu as écrit |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Mer 18 Sep - 12:54 | |
| Ce choix d'avatar omg La grande classe J'ai hâte de voir ce que tu vas faire de Martin Freeman HEHEHE Bienvenue, officiellement |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Mer 18 Sep - 12:58 | |
| ADOPTE MOIIIII sisi faut toujours avoir une Foster dans sa famille toi-même tu sais JE VIENDRAIS SQUATTER TES COURS A CAMBRIDGE |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Mer 18 Sep - 13:01 | |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Mer 18 Sep - 13:16 | |
| Ta présentation semble très bien Après il faut surtout attendre l'avis de Leo sur la fiche complète Par contre, Daisy est morte quand j'avais 4 ans, donc il y a 8 ans, pas 10 - enfin moi c'est ce que j'ai mis dans ma présa, donc si ça ne te dérange pas, il faudrait juste changer en " 8 ans déjà .. ou presque dix ans déjà " pour qu'on reste cohérents du coup ça fait moins chiffre rond et tout mais bon Edit: Oui, au fait, moi c'est Violet ^^ |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Mer 18 Sep - 13:53 | |
| OMG MUMMY LAWRENCE I LOVE YOU SO MUCH !!!!! tu peux épouser papa si tu veux |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” Mer 18 Sep - 13:58 | |
| /me pointe une épée sur toi et te fais chevalier de la table ovale de TTR et te valide pour cette fiche pleine d'esprit et d'humouuur |
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| Sujet: Re: EAL # “Feminism is the radical notion that women are human beings.” | |
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