| Sujet: LOW | I am the one thing in life I can control Dim 28 Fév - 20:59 | |
| lyall o. walters stained glass eyes and colorful tears
| introductionLyall est né le 3 mai 1994 à Londres ✘sa mère avait dû épouser un homme violent, qui les battait, car elle était en situation d’irrégularité ✘il a vécu dans un univers clos fait de coups et d’hurlements pendant des années ✘sa rencontre avec son meilleur ami, Connor, quand il avait six ans, a été un véritable chamboulement ✘pendant des années il s’est réfugié chez lui, alors que le père de Connor, avocat, se démenait pour permettre à Lydia de divorcer ✘ le divorce a enfin été prononcé quand ils avait onze ans ✘ils sont devenus frères quatre ans après ✘ce qui est problématique car Lyall est fou amoureux de son meilleur ami ▬ âge : 21 going on 22 ▬ nationalité : britannico-congolais ▬ métier : étudiant en médecine et professeur de danse ▬ quartier : camden town ▬ orientation sexuelle : pansexuel ▬ statut : plus ou moins dans une relation libre avec mon meilleur ami qui ne peut pas abandonner son job de prostitué (oui, c'est compliqué) ▬ groupe : oyster card ▬ avatar : cykeem white |
en 2005en 2009aujourd'huiUn petit garçon assis dans un siège trop grand pour lui, dans une salle de spectacle. Sept ans, tout au plus. Il regarde, la bouche grande ouverte, les danseurs, sur la scène, simplement costumés, un peu de maquillage, des collants, dégradés de couleurs. Une découverte. Une révélation. Deux danseurs, plus particulièrement. Un jeune noir, une métisse. Si loin l’un de l’autre sur scène, mais qui détonent dans cette foule de corps blanc. L’homme qui s’avance. L’enfant, hypnotisé. Mais soudain, le décor change. Le regard du danseur qui croise celui de l’enfant, alors même que son visage est déformé par un hurlement : « TU N’ARRIVERAS JAMAIS A RIEN, PETIT CON ! TOI ET TA MERE N’ETES QUE DES EMMERDES EN PLUS DANS MA VIE ! » La peur, la fuite. Le théâtre qui disparait. A la place une entrée de maison, sombre. Une femme, pas vieille du tout, mais les traits vieillis par la fatigue, l’angoisse, la peur. Elle se penche vers le petit garçon, toujours le même, peut-être un peu plus âgé, lui sourit tendrement – il n’oubliera jamais ce sourire. « Monte dans ta chambre, mon chéri ». Le garçon qui essaie de protester. Elle ne le laisse pas. Le verrou tourne, elle répète sa phrase, un ordre cette fois, la panique perceptible dans sa voix. Le garçon monte les marches, quatre à quatre. La porte d’entrée qui claque. Les insultes. Les cris. Il se roule en boule dans son lit. L’homme qui demande en hurlant où il est. La jeune femme qui répond, la peur sensible dans sa voix, qu’il est absent, chez un ami. L’homme qui crie qu’il ne la croit pas, cette garce. Le garçon qui entend. Qui se lève, serre une petite croix dans sa main. Qui murmure une prière, ouvre la fenêtre. Noir. Une autre fenêtre, une autre chambre. Un autre petit garçon. Un sourire, franc et honnête. Une chaleur nouvelle dans son cœur, qui perce peu à peu à travers le froid de sa peur. Mais soudain un cri. Un hurlement.Je me réveille brusquement, en sueur, et me mords la langue pour ne pas émettre un son. Le gout désagréable du sang emplit ma bouche, mais je n’y prends pas garde, trop occupé à écouter les tambourinements incontrôlables de mon cœur. Il me faut quelques minutes pour me calmer, et me rappeler que je ne suis pas enfermé dans un cauchemar, mais dans la chambre familière de mon meilleur ami, Connor, chez qui j’ai passé la nuit. On a discuté et joué à des jeux toute la nuit, avant de finalement nous écrouler, aux alentours de six heures du matin. J’essuie mes mains moites sur la couverture, jetant un coup d’œil à l’heure. 14h07. Et merde. « Connor ! Wake up ! » je murmure-hurle, me demandant si ma mère m’attends anxieusement à la maison, ou si elle se doute que je suis encore chez lui. Evidemment, ce parfait abruti y met tout, sauf du sien, et pousse un gémissement de protestation, avant de rouler sur le côté et de… me tomber dessus. Je laisse échapper une sorte de "ouuuuuuuf " interminable, alors que l’air quitte complètement mes poumons, et que Connor, au lieu de se relever et de me laisser respirer, ugh, s’étale sur moi, comme si j’étais un vulgaire matelas. « Leave me alone » il murmure, et un reniflement méprisant m’échappe. C’est la meilleure, celle-là. C’est lui qui m’écrase et c’est moi qui l’embête ? Non mais oh. « Putaaaaaain » geint-il après avoir eu la courtoisie de ne pas m’assassiner, et je lève les yeux au ciel, insensible au petit show de Connor Noel Barton. Dieu sait qu’en neuf ans d’amitié particulièrement serrée, j’ai eu le temps de m’habituer à ce spectacle ambulant. « Il est quelle heure ? Tu crois qu’on doit descendre ? Vraiment ? Parce que bon … Je crois que je peux presque entendre mon oreiller me parler, là … » Je lève à nouveau les yeux au ciel – je vous jure qu’un jour ils vont rester coincer, à force – et me lève finalement à mon tours. Je trébuche lamentablement sur ma couverture alors que je m’aperçois que Connor se tient devant son armoire et se déshabille. Me rattrapant comme si de rien n’était à son lit, je toussote un peu, afin de m’éclaircir la gorge. Stay calm, Walters. « Deux heures passées. Alors oui, on doit descendre. Now, bouge-toi le cul, on a pas toute la journée » je réponds tout en enfilant rapidement les affaires propres que j’ai apporté avec moi. Comme depuis mes sept ans, mon samedi après-midi (ainsi que mes lundis et jeudis soirs) est consacré à la danse. Ce fut d’abord une heure, puis deux, avant de devenir trois l’an passé, voire quatre en période de répétitions. Cette année a apporté une nouvelle modification, puisque Connor, pris d’une passion soudaine pour la guitare – don’t even ask – s’est inscrit à des cours dans mon centre, et fait le trajet de l’allée avec moi (il a rarement le courage d’attendre la fin de mon cours, bien qu’il vienne me voir, parfois), ce qui est plutôt cool. Même si je dois toujours le presser pour ne pas être en retard, parce que j’ai une sainte horreur de ça. Enfin, pour une fois, il est plutôt rapide, et n’a pas passé trois plombes à choisir ses fringues, ce qui est une victoire comme une autre. Une fois qu’il a terminé ses pitreries, nous nous rendons dans la cuisine, et c’est avec quelque surprise que je vois ma mère, installée tranquillement à leur table, en face du père de Connor, qui se précipite pour lui dire bonjour à sa façon. Je souris quand je vois leurs mains liées sous la table, heureux pour eux, pour elle. Après ce qu’elle a vécu, elle mérite un homme comme lui. Quelqu’un qui tienne véritablement à elle. Et surtout, qui est tout sauf violent. Je me dirige vers elle et la serre tendrement dans mes bras, avant de faire un signe de tête à Oliver, et m’assois à côté d’elle, attrapant un bout de brioche dans la foulée. « Qu’est-ce que tu fais là, m’man ? » je demande, intrigué. Puis mon regard s’assombrit. « Tout va bien ? Est-ce qu’il s’est passé quelque chose ? Il n’est pas venu te voir à la maison, pas vrai ? » Mon regard croise le sien, et son calme a tôt fait de me rassurer. Avec amour, elle pose sa main libre sur la mienne, et je sens mes épaules se relâcher. « Tout va bien, ne t’inquiète pas. Rien de tout ça. » Elle se tourne vers Oliver, un sourire éblouissant sur les lèvres. Elle est magnifique, ma mère, vous n’imaginez même pas. Malgré les épreuves, les angoisses, elle reste une des plus belles femmes au monde, avec ses grands yeux en amande, sa peau d’ébène, ses traits fins, ses belles lèvres pulpeuses, et ses formes délicates. « Oliver et moi avons quelque à vous annoncer ». Je la regarde, puis le regarde, avant de la regarder à nouveau, mais rien ne vient. J’ai un peu l’impression de regarder un match de tennis, en fait, sauf que je ne vois pas la balle, et que l’échange est complètement invisible à mes yeux. Or, le suspens, ça va bien trois secondes, mais quand vous êtes un ado, chez votre meilleur pote, et que vos deux parents semblent être les gamins cachotiers dans la salle, bah ça le fait moyen, quand même. J’ai l’impression d’être la seule personne mature, dans cette pièce, c’est dingue. « Ce suspens est intenaaaaable ! » J’acquiesce, pour une fois pas trop réticent à montrer mon accord avec mon meilleur ami – qui a la mauvaise manie, quand on admet qu’il a raison, de se pavaner comme s’il était le nouveau Louis XIV. Ma curiosité est telle que je sens mes jambes s’agiter sous la table, alors que j’enfourne une part de brioche, pour m’occuper. Même si je me doute que ça a un rapport avec eux, je veux l’entendre de leur bouche. Je veux savoir ce qu’ils vont faire, quel est leur avenir… notre avenir. « Lydia et moi allons nous marier. » J’ouvre grand les yeux et la mâchoire, un moment déstabilisé. Je sais qu’ils s’aiment, je sais qu’eux, ça remonte à loin, mais… n’est-ce pas un poil rapide ? J’ai peur pour ma mère. Pas par rapport à Oliver, non, il est exactement l’homme qu’il lui faut, j’en suis sûr, mais par rapport au mariage, à cette institution, ce qu’elle représente. Certes, ça fait plus de six ans qu’elle vit séparée de… lui, mais est-elle véritablement prête ? Je ne sais pas. Alors je me tourne vers mon meilleur ami, comme pour m’accrocher à une ancre, à ce qui, je sais, ne change pas à mes côtés, du moins je l’espère. Il fronce les sourcils, réaction normale, surprenante de sa part, et de fait, de courte durée, puisqu’elle laisse vite place à un grand sourire, à l’affirmation de leur bonheur. J’esquisse un sourire incertain, n’osant pas exprimer mes inquiétudes à voix haute. De toute façon, je n’en ai pas vraiment le temps. Connor est monté sur ressorts. « T’entends ça bro ? On va devenir Bro ! » Je palis à ces mots, prenant conscience de toutes les réalités que ça englobe. Bros. Frères. Véritablement. Haha. Evidemment. Evidemment. « C’est pas tout ça, mais on va être en retard en cours ! Enfin, même si ce sont pas vraiment des cours qui nécessitent qu’on se lève aussi tôt un samedi, je vous l’accorde. Mais vous connaissez Monsieur Ponctualité ici présent … On fête ça ce soir ? » Je cligne des yeux, et les regarde tour à tour, à la fois confus, inquiet, et légèrement dépassé par tout ce qui vient d’être dis. Ce n’est que quand je croise le regard légèrement inquiet de ma mère que je me reprends. Je secoue la tête, et souris, tout en donnant un petit coup sur le sommet du crâne de l’autre abruti. « N’écoutez pas cet idiot, il raconte n’importe quoi, il est jaloux parce qu’il n’est pas aussi parfait que moi, et qu’il est incapable d’arriver à l’heure quelque part. » Je me penche vers ma mère, et la serre fort dans mes bras, l’embrassant sur la tempe, avant de prendre Oliver dans une courte étreinte. « Je suis content pour vous deux. Vous méritez d’être heureux, ensemble, vraiment. » Tous deux me font un grand sourire, et lui la saisit délicatement, sans aucune brusquerie, par la taille. « Merci, Lyall. C’est très important pour moi, et pour Oliver, que cette union te convienne, à toi aussi. » Je hoche la tête, compréhensif. « Ne vous inquiétez pas. Vous n’auriez pas pu trouver mieux, vraiment » j’affirme, sûr de moi. Mon cœur se brise un peu quand je regarde mon… frère, mais je ne le montre pas. « Now, debout, parce qu’on va être en retard, et que j’ai un spectacle à préparer, moi, espèce de feignasse. » Sans l’attendre, j’attrape mon sac de danse, et me dirige vers la sortie. « A tout à l’heure, tous les deux ! Pas de bêtises en mon absence ! » je m’écries depuis l’entrée, avec un petit rire. Life is not so bad. ** Je sors de la bouche de métro, et m'arrête un instant, éblouis par la lumière du soleil, plus agressive que je ne l'aurais cru. Je cligne des yeux à plusieurs reprises, jusqu'à ce que le monde autour de moi ne soit plus un vague ensemble d'ombres aux contours bleus et violets, avant de reprendre ma route en direction du skatepark, notre lieu de "hang-out" comme le dit si bien Jake, l'endroit où cette bande de potes hétéroclites que je me traine depuis des années à établi son QG. C’était juste lui et moi, au début, us against the world, et puis progressivement, au fil de nos années collèges et maintenant lycées, d’autres branches se sont naturellement ajoutées à notre arbre, sans que nous n’ayons aucun contrôle dessus, des personnalités aussi diverses qu’il y a de couleurs dans le monde. Des ados un peu dépassés par la vie, comme nous deux, beaux dans leurs différences, dans leurs réussites et leurs erreurs, qui se sont découverts ensemble, assis à contempler ce skatepark, ou en train de faire des acrobaties, des figures. C’est l’endroit qui nous permet d’échapper à la réalité de nos vies, notre petite bulle. Parfois, je viens même ici pour m’entrainer. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec elle. Je souris quand je l'aperçois, assise sur le rebord d'une des pistes les plus hautes. Des écouteurs dans les oreilles, les yeux fermés, elle balance ses pieds au rythme de la musique, perdue dans son petit monde fait de rock alternatif et de... comment elle appelle ça déjà ? pop-punk ? post-hardcore ? Quoi qu'il en soit, l'image est digne d'un film, ses longs cheveux rouges foncés battant au vent, sa chemise à carreaux, bien trop large pour elle, légèrement entrouverte. Le cœur battant un peu, j'entreprends de grimper, et m'assois à ses côtés, sans qu'elle s'aperçoive de ma présence. Retenant un rire, j'attrape sa main, sans prévenir. Elle sursaute en ouvrant brusquement les yeux, et perd l'équilibre, manquant de dégringoler de son perchoir. Sans parvenir à me contrôler cette fois, j'éclate de rire, et la saisie par la taille pour l'aider à se stabiliser. Elle me lance un regard faussement agacé. « Lyall ! » Son ton est réprobateur, mais je la connais suffisamment pour savoir qu'elle n'est pas en colère contre moi. Je la détaille du regard en silence, et ressens un petit pincement au cœur. Je l'aime, cette fille. Mais ce n'est pas assez. Ce n'est jamais assez. Quoi que je fasse, ça n'est jamais suffisant pour me faire tourner la page. Douze années que je le connais, douze années qu'il a chamboulé mon existence, douze années que je ne peux pas effacer de mon cœur, peu importe à quel point j'en ai envie. « Quoi ? J'ai quelque chose sur le visage ? » Je souris tendrement, replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille, avant de me pencher pour l'embrasser. Mon cœur bat, mais ne s'emballe pas. Jamais assez. « Rien d’autre que ta beauté » je murmure, mi-sérieux, mi-plaisantin. Elle lève les yeux au ciel, me donnant un petit coup de coude, et un silence confortable s’installe entre nous, que je viens finalement briser. « Tu voulais me parler ? Tu m'as dit que c'était urgent ». J'essaie d'apparaître nonchalant. Intérieurement, je pense : "please don't be my third ex-girlfriend in less than a year, please don't be my third ex-girlfriend in less than a year". C'est égoïste. Hypocrite. Je sais tout ça. Mais j'ai besoin... J'ai besoin d'être en couple. Quand je suis dans une relation, dans l'euphorie d'un début, je parviens presque à faire disparaître ce que je ressens pour lui. Et avec Nina... avec Nina, ça marche mieux qu'avec les autres. Peut-être parce qu'elle faisait déjà parti de la bande, elle. Peut-être parce qu'on remonte à tellement loin que cette nouvelle étape dans notre relation n'a été qu'une évolution, pas un chamboulement. « Sweetie... ? » je demande, avenant, après un autre moment de silence. Je ne veux pas la brusquer, mais je commence à m'inquiéter, vraiment. Elle doit le percevoir dans ma voix, parce que, après s'être mordu la lèvre, elle se lance finalement. « J'ai... Hum. J'ai quelque chose... de très important à te dire, et... » Elle marque une pause, inspire un grand coup. Un petit rire jaune lui échappe. Je cherche son regard, mais elle refuse obstinément de croiser le mien. « God. C'est probablement la chose la plus difficile que j'ai jamais faite » ajoute-t-elle, le ton amer. Mon estomac fait des nœuds, alors qu'elle prend toujours soins d'éviter mon regard. Je lui prends les mains, avec douceur, l'obligeant à se tourner légèrement vers moi. « Tu sais que tu peux tout me dire, Nina. Tu n'as pas à avoir peur de me parler » je murmure avec tendresse, conscient qu'elle a besoin d'être rassurée. Elle relève la tête, ses iris gris rencontrant enfin mon regard d'ébène. Ils sont emplis de peur, de désespoir. Mais aussi d'une lueur nouvelle, que je n'arrive pas bien à saisir. « Martin » dit-elle simplement. Je fronce les sourcils. Martin ? Je ne connais pas de Martin. Qu'est-ce que... ? « Je... Je ne suis pas sûr de comprendre » je réponds finalement, rendu nauséeux par l'angoisse. Elle secoue la tête de droite à gauche, riant à nouveau, un rire sans joie, et se passe la main dans les cheveux. Elle a l'air... épuisée. « Martin. Pas Nina. Martin. » J’écarquille les yeux, incrédule. Je sens ma mâchoire se décrocher, mon cerveau arrêter de fonctionner. Je n’arrive pas à penser, à réfléchir. Je n’arrive pas à comprendre. Le choc est tel, qu’elle ( il, une part encore active, minuscule, de mon cerveau, me corrige) semble disparaitre devant moi, comme si toutes mes fonctions s’éteignaient. C’est à peine si je la ( le !) vois se prendre la tête dans les mains, désespéré. « Je suis désolé… J’aurais dû… j’aurais dû t’en parler avant… avant qu’on se mette ensemble… je traine ce poids depuis si longtemps… et je n’ai jamais… jamais eu le courage… » Un hoquet lui échappe, et je me rends compte avec horreur qu’el… qu'il sanglote. Sans hésiter, je le prends dans mes bras, et le serre très fort contre mon cœur. E... Il se fige, choqué, et j’attends que les sanglots s’arrêtent pour me détacher de lui. Je pose mes mains sur ses épaules, et plonge mon regard dans le sien. Tendrement, sans le brusquer, je me penche vers lui, et dépose un léger baisé sur ses lèvres. Puis je me recule à nouveau, et caresse sa joue du dos de ma main. « Ça ne change rien à ce que je ressens pour toi » j’affirme. C’est une certitude. Certes, cette confession m’a choqué. Qui s’attend à ce genre de chose ? Mais une fois la surprise passée, tout ce qui reste, c’est cette certitude : homme ou femme, Nina… pardon, Martin, reste Martin. Reste la personne avec qui je suis. Et ça ne fait aucune différence pour moi. « V… Vrai… vraiment ? » J’acquiesce de la tête. « Oui. Homme ou femme, ça ne change rien. Tu es toi, et c’est tout ce qui compte ». Les larmes recommencent à couler sur son visage, mais cette fois, ce sont des larmes de gratitude, de soulagement, sans doute, à l’idée d’avoir été accepté. Il se jette dans mes bras, et nous restons un long moment ainsi, silencieux. Puis, un petit ricanement m'échappe, et il se détache de moi, interrogateur. « Quoi ? » J’étouffe un gloussement, les yeux pétillants de malice. « Je viens de me rendre compte, mais… on t’offre la possibilité de choisir ton prénom, ce dont tout le monde rêve, et toi, tu choisis Martin ? Martin ? God, quel loser. » je lui lance, éclatant franchement de rire cette fois. Il fait une moue, et me repousse, faisant mine de bouder. Mais je le connais, je sais qu’il n’est pas en colère contre moi. « Oh, shut up, you moron ». J’inspire un grand coup, rassemblant le courage nécessaire pour frapper à la porte. J’ai peur de ce qui m’attend derrière, peur de ce que cela annonce. Je pense à la danse contemporaine, à notre spectacle de Noël, dans six semaines. Ma famille ira me voir, comme toujours. Mes amis viendront m’applaudir, même me siffler, tout pour m’embarrasser, comme toujours. J’ai tellement travaillé. J’aime tellement ça. J’aime sentir mes muscles tirer sous l’effort, mon corps prendre les formes que j’imagine dans ma tête, chaque centimètre de peau s’étirant, chaque muscle qui se cache derrière devenu presque visible, comme ce fut le cas pour ce danseur que je vis s’épanouir sur scène, il y a si longtemps, et qui réveilla en moi cette passion insoupçonnée. J’aime la danse, plus que tout au monde, peut-être, si ce n’est ma mère, et… et lui, bien sûr. Mais c’est un amour que je vais devoir vivre dans l’ombre, lui aussi, je ne peux m’empêcher de penser avec amertume, alors que je parviens enfin à toquer à cette porte maléfique. Un "entrez" étouffé se fait entendre, et je déglutis, avant de pénétrer dans le bureau de ma professeur principale, Mrs. Anvers. Je prépare cinq A-levels : biologie, physique, mathématiques, littérature anglaise et histoire, et elle m’apprend les maths depuis maintenant trois ans. « Ah, Lyall » dit-elle avec un sourire. Elle m’aime bien, Mrs. Anders. Tous les profs m’aiment bien. Je suis, après tout, le parfait petit élève, abonné aux As, polis, travailleur, déterminé à réussir, qui ne lève jamais le ton, ne dérape jamais hors du rôle qu’il s’est fixé, celui de l’adolescent responsable, déjà adulte. « Asseyez-vous » ajoute-t-elle, désignant un siège devant son bureau. Je m’exécute, posant mon sac à mes pieds, et me mords la lèvre, mal à l’aise, avant de lever la tête vers elle. Son regard océan est impassible. « Vous… hum, vous vouliez me voir ? » je demande finalement, et dois me retenir de ricaner. Evidemment qu’elle veut te voir, abruti, elle ne t’aurait pas convoqué, sinon. D’autant plus que tu sais exactement pourquoi. « Oui. » Elle marque une pause. J’ai envie de gueuler, de lui hurler de se bouger le cul, mais je n’en fais rien. A la place, je baisse à nouveau la tête. Je joue avec mes doigts, les mains posées sur mes cuisses. Elles sont moites, c’est dégoutant. « La limite de demandes d’inscription pour Oxford et Cambridge est dépassée. » Je grince des dents, mais ne réponds rien, le regard fixé sur mes doigts. « J’ai remarqué que vous n’avez pas déposé de dossier » continue-t-elle, quand elle voit que je ne semble pas être disposé à répondre. « Vous aviez le niveau d’y prétendre, pourtant. Et considérant votre… milieu, je suis presque certaine que vous auriez pu obtenir une bourse. » Mon cœur a un raté, mon souffle se coince dans ma gorge. Je sais tout ça. Croit-elle vraiment que je ne le sais pas ? J’ai passé des heures sur le site d’Oxford, à lire la présentation de toutes leurs licences, même celles qui ne m’intéressaient pas. J’ai passé des heures à imaginer, aussi, ce que ça serait, d’être élève à l’université d’Oxford. Ce que ça voudrait dire, par rapport à moi, à ma mère, fille sans éducation, arrivée du Congo illégalement à quinze ans, obligée de se marier quatre ans plus tard pour des papiers. Par rapport à lui, ce déchet, qui nous répétait sans cesse que nous étions des bons à rien. « Je sais » je murmure presque imperceptiblement, avant de déglutir. Mon palais est un véritable désert. « Lyall. Regardez-moi ». Je me mords la lèvre, et relève finalement la tête. Je ne vois ni colère ni déception, dans ce regard. Seulement de la compassion. Et je crois que c’est pire. Je crois que j’aurais préféré qu’elle soit déçue. « Si vous le savez, pourquoi n’avez-vous pas essayé ? Est-ce à cause de votre mère ? ». Je secoue négativement la tête. Evidemment que non. Ma mère aurait été si fière. Oliver aussi, bien sûr. Ils auraient tout fait pour me soutenir, tout comme lui, je le sais. « Est-ce à cause de Connor, alors ? » Je sens mon corps se tendre malgré moi. Je sais qu’elle ne sous-entend rien derrière ça, mais le fait que même les professeurs soient au courant de la puissance des liens qui nous unissent me fait presque paniquer. « Non » je lâche dans un souffle, mon regard rencontrant le sien à nouveau. Cette fois, il reste en place. Et je sens mes barrières s’effondrer, ma langue se délier, ma façade se fissurer. « J’ai… j’ai eu trop peur » je murmure, les mots comme du poison dans ma bouche. J'ai trop de regrets pour un ado de dix-huit ans. « … d’échouer. Je ne… Je ne me sentais pas capable… Je ne pensais pas pouvoir… réussir ». Voilà. La bombe est lâchée. Je suis prisonnier d’une tornade faite de doutes, d’incertitudes, à laquelle je ne parviens pas à échapper. C’était mon secret jusqu’à présent, mais j’ai déjà trop de secrets, j’imagine, ça devenait trop lourd à porter. Je suis dévoré par la peur de l’échec, par celle de ne pas être assez bien pour les autres, de ne jamais réussir, de ne pas faire les choses comme il faut, de devenir comme lui, en somme, une pourriture alcoolique et violente, faite de haine et de ressentiment. Elle me ronge, cette peur, elle est là, dans mon estomac, elle ne me quitte jamais, elle est pire la nuit, quand Connor est endormi, elle se fait plus forte, le silence devient assourdissant, il me rend fous, et elle rampe, dans ma tête. Tu finiras comme ton père, de toute façon. Alors pourquoi tenter ? « Vous ne pouvez pas le savoir si vous n’essayez pas ». J’ouvre la bouche, pour lui rétorquer qu’elle ne comprend pas, qu’elle ne me connait pas, ou ma famille, mes gènes, mais elle me lance ce regard de professeurs, et je me tais. « Entre ce que vous pouvez faire et ce que vous croyez pouvoir faire, Mr. Walters, il y a un gouffre. Contrairement à ce que vous avez l’air de penser, vous êtes un garçon intelligent, rapide d’esprit. Mais surtout, vous êtes quelqu’un de travailleur, d’impliqué dans ce qu’il fait. » Des flashs. Etirements. Mouvements. Enchainements. Chorégraphies. Spectacles. Liberté. « Ce sont des qualités exceptionnelle que vous avez là. Qui vous permettront d’aller loin dans la vie, croyez-moi. J’ai vu suffisamment d’élèves défiler devant mes yeux pour savoir lesquels ont ce qu’il faut pour briller par la suite. » Elle me sourit, alors que ses mots résonnent dans mon cerveau. Je veux la croire, mais en même temps, je n’y arrive pas. Pas totalement. « C’est dommage » ajoute-t-elle dans un soupire « pour Oxford et Cambridge. Mais ce ne sont pas les seules universités dignes de vous ! C’est pour ça que je veux m’assurer aujourd’hui avec vous de vos plans futurs. Il est nécessaire que vous choisissiez une université dans laquelle vous pourrez vous épanouir. D’accord ? » Mon cœur se serre dans ma poitrine, mais je ne dis rien, me contentant de hocher la tête affirmativement. Je ne lui dis rien des images qui défilent dans ma tête, celles d’un petit garçon dans un justaucorps de danse, d’un jeune adolescent qui court pour gagner un peu de muscle, d’un jeune homme qui répète, encore et encore. Un secret de plus, bien gardé, dans le coffre-fort qu'est mon esprit. ** Avec un grognement, je me passe les mains sur le visage, frottant mes yeux comme pour me réveiller. Ceux qui disent que la première année de médecine et la pire… well, n’ont pas totalement tort, mais ne sont pas non plus complètement dans le vraie. Être étudiant en médecine est un long cycle de tortures qui se répètent à l’infini. Et le pire dans tout ça ? Au bout d’un moment, vous ne pouvez même plus compter sur la caféine. Ça ne marche juste plus. La médecine vous la met K.O, la caféine. Et tous les étudiants en deuxième année ont une breakdown quand ils s’en rendent compte. Nous, en troisième année, on est devenus complètement imperméables à ça. Des espèces d’étudiants robotisés. Ça n’empêche que l’effet du café me manque, parfois. Nouveau soupire. Qu’est-ce que je donnerai pour une tasse… non, une bassine… « What the… ?! » Je sursaute quand je sens un poids sur mes épaules, et réalisant que ce n’est que Connor, je tente vainement de me dégager. Je redouble mes efforts et mes protestations quand il m’embrasse sur la joue, rougissant furieusement. Bon dieu, ce que je peux le haïr parfois, cet imbécile heureux. « Allez. Sauvegarde et éteins ton ordi. On sort, ce soir. » Je frissonne en sentant son souffle sur mon oreille. Près. Trop près. Beaucoup trop près. Je tente de le repousser à nouveau, mais c’est sans espoir. La proximité de son visage laisse place à une pression un peu plus prononcée sur mes épaules. Un massage. Un. Massage. Je ne sais pas ce que j’ai fait de mal dans une vie antérieure, mais ça devait être sacrément grave pour me mettre dans une situation pareille. Mais c’est qu’il est doué, en plus je ne peux m’empêcher de penser, alors que je sens les nœuds dans mon dos se délier peu à peu. Je ferme les yeux, presque malgré moi, et profite du moment. Il est de courte durée. « Le bourge m’a invité. Il m’a dit que je pouvais amener qui je voulais. » Je ne peux pas m’empêcher de grimacer à la mention de son client. I know where this is going, and I don’t like it. Avec un soupir, je me dégage de ses doigts de fées et fais pivoter ma chaise vers lui… pour me rendre compte qu’il est à moitié nu. Oh god. Abort mission, abort mission. « Jeez, Connor, faut que t’arrêtes avec cette manie de te balader à poil tout le temps ! Espèce d’exhibitionniste ! » je m’exclame, fermant les yeux et me pinçant l’arête du nez pour dissimuler mon trouble. « Et je ne peux pas… j’ai ce papier à finir… » j’ajoute en soupirant de lassitude. Il me lance ce regard que je connais bien, et je lui réponds avec ce regard qu’il connait tout autant, celui qui veut dire "I hate you, why did I chose you as my best friend, seriously". « T’es épuisé, t’as besoin de te détendre. Donc ce soir, on sort. Point. » Je grince des dents. Je connais ce point. C’est celui qui veut dire qu’il ne cessera pas de me harceler tant que je n’aurai pas dit oui. Ce qui arrivera, à un moment ou à un autre. Parce que, soyons honnêtes, je ne suis pas capable de résister à Connor. Et franchement, je ne sais même pas si c’est parce que je suis désespérément amoureux de lui ou parce qu’il est tout simplement… épuisant. « Le bourge, hein ? » je demande, histoire de faire dériver la conversation. Je me tourne à nouveau vers l’écran d’ordi, et me mets à jouer avec la souris. « Vous vous voyez pas mal, en ce moment. Ça se passe bien ? » Je pose la question sur un ton désinvolte, comme si de rien n’était, comme si pour moi, ça ne signifiait rien. Mais en réalité, j’ai l’estomac qui se noue à l’idée même d’entendre sa réponse. J'ai envie de lui hurler que je l'aime, que je veux qu'on se mette ensemble. Mais je ne le fais pas. Lâche. C’est pathétique. Connor ne sait même pas que je ne suis pas hétérosexuel. Je ne lui ai jamais dit, pour Martin. Celui-ci est reparti dans son pays paternel, la Suède, à la fin du lycée, parce que les droits des transsexuels sont – bien évidemment – beaucoup plus avancés là-bas, n’avouant la vérité aux autres que quelques semaines avant son départ. Il m’avait demandé de garder le secret durant toute notre année de terminale, et j’ai accepté. It was not my secret to tell, after all. On avait déjà rompu, parce qu’on avait fini par se rendre compte tous les deux que, si au début, c’était tout neuf, tout beau, tout excitant, après onze mois…il n’y avait plus grand-chose, si ce n'est une très forte amitié. Et puis, il y avait le départ, l’opération… Martin ne voulait pas "être un poids pour moi", même s’il ne l’a jamais été. Bref, avec tout ça, et le fait que je ne suis sorti que le temps d’un mois avec une trans, que j’ai tendance à éviter de passer du temps avec mes petites-amies quand je sais que Connor est dans les parages (ce qui fait qu’il n’a tellement pas vu Claire, qu’il croit encore qu’elle est biologiquement une femme), et que, comme vous vous en doutez, je n’ai jamais encore franchi le pas d’avoir un petit-ami, lui n'a jamais remis en question ma pseudo-hétérosexualité. En réalité, je suis mort de trouille à l’idée qu’il puisse apprendre que je peux aussi être intéressé par les hommes, comme si ça allait lui permettre de réaliser ce que je ressens pour lui. Alors je me suis enfoncé dans ce non-dit. Je n’ai jamais trouvé le bon moment pour lui avouer, même quand j’ai découvert, il y a trois ans, le terme de pansexualité, celui qui me définissait parfaitement. Ni hétéro, ni gay, ni bi, mais pan. Quelqu’un qui se fiche du sexe, du genre, de l’orientation… de tout, en somme. Sauf de son meilleur ami. Et qui, terrorisé à l’idée que celui-ci puisse réaliser que ses sentiments étaient tout sauf platonique, a préféré ne jamais précisé que, s’il n’était pas gay, il n’était pas hétéro non plus. « Wait. T’es sérieux, là ? Oui, ça se passe très très bien. Généralement, il m’appelle, me sort un très romantique " j’ai envie de te baiser, rejoins-moi" ou alors – attention, on atteint le haut level du romantisme là ! – un "viens-me baiser, viens me prendre ! " » Je grimace. Il ne s’en rend pas compte, plaisante, mais chacune de ses paroles est comme un coup de poignard dans l’estomac. Et les mots qui suivent ne font que remuer le couteau dans la plaie. Alors je laisse tomber. Je ne me sens pas de me battre aujourd’hui, anyway. « Allez, fini la rigolade. Debout. Va te préparer. On part dans quinze minutes. Point. » Je lève les yeux au ciel, avant de sourire, amusé malgré moi, une fois que je suis certain qu’il ne peut pas me voir. Puis je me lève, avec un nouveau soupire. Je sais déjà comment va finir cette soirée. Moi tout seul, ou en train de discuter avec quelqu’un, à supposer qu’il y ait des gens un tant soit peu intéressants, et lui dans le lit d’un énième inconnu d’un soir. Whatever. « Au point où j'en suis » je murmure, me disant qu'un peu d'alcool pourra toujours me faire du bien. ─ pseudo/prénom : caraphernelia billie etc etc. ─ âge : 20 ans (god god god god god). ─ fréquence de connexion : eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeh. mes concours se finissent le 18 avril? ─ comment avez-vous découvert ticket to ride et qu'en pensez-vous ? pfiouuuuuuu idk et que c'est moche. ─ inventé ou pévario ? inventé wesh. ─ code : by Laure ─ crédits : whorecrux. | |
Dernière édition par Lyall O. Walters le Lun 29 Fév - 20:20, édité 1 fois |
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