Worst.Date.Ever (rp libre)

Situation : Joueur 1 & joueur 2 forcés d'accompagner un ami à une séance de speed dating, se retrouvent à devoir joueur le jeu et en face l'un de l'autre, pour les cinq minutes les plus embarrassantes de leur vie. Non seulement, ils n'avaient pas tellement envie de venir à la base, mais en plus de ça ils ne sont pas vraiment compatibles. Ils se rappelleront tous les deux de ce rendez vous comme le pire auquel ils n'aient jamais participé !

Je n'avais pas vraiment envie de venir. C'est rare, je suis d'ordinaire la première à entraîner mes collègues dans un bar quelconque pour s'égosiller au karaoké, faire des shots de tequila et parler du jour glorieux où on réalisera nos propres films, deviendra auteur à succès ou la dernière coqueluche d'Hollywood. Mais je suis fatiguée. Cela fait une semaine que j'enchaîne les pirouettes pour éviter les acteurs, confus quant au manque de clareté qui règne sur le plateau. Il faut dire que les consignes des producteurs exécutifs, du réalisateur et de la directrice de la photographie ne sont pas franchement compatibles. Personne n'a l'air de vouloir faire le même film, ce qui commence à devenir très compliqué. J'avais donc envie de dîner avec ma famille, me caler devant la télé et me coucher tôt, une fois n'est pas coutume.

Mais non, je suis à une soirée de speed-dating. Des fois, je maudis ma coloc. Je l'aime bien, mais des fois, je la maudis. Déjà, on a dû se traîner jusqu'à Chelsea, ce qui veut dire 20 minutes de Tube et un changement à Victoria. Et ce bar est vraiment beaucoup trop posh. J'ai beau venir d'une famille plutôt aisée, ce n'est pas mon environnement naturel, tout le monde est trop guindé et propre sur soi. Je n'ai rien contre ce genre de soirée pourtant, ça peut être rigolo. Mais ce n'est pas ici qu'on rencontrera des gens sympas. Des costards cravates, des robes Calvin Klein, des serveurs pingouins... Je fais tâche avec mon jean troué, ma grosse ceinture, mon vieux gilet tricoté main et mon haut en dentelle, piqué à ma mère. Il y avait écrit casual smart sur l'invitation, je suppose qu'on a pas tous la même définition. Je me fais juger par le maître d'hôtel et soupire, déjà agacée par les strictes normes sociales et le sexisme ambiant. La soirée se veut LGBT friendly pourtant, mais clairement, on ne fréquente pas les mêmes clubs.

On m'attribue un bracelet violet spécial bi - les lesbiennes en ont un rose et les gays un bleu, cliché quand tu nous tiens - puis la clochette sonne et je me dirige vers une table. Je lance un dernier regard teinté de désespoir à ma colocataire, mais elle n'a pas l'air d'avoir changé d'avis. Heureusement, elle a payé mon ticket d'entrée en dédommagement de mon soutien moral. Et il y a du champagne gratuit. J'ai beau être de nature curieuse et optimiste, je n'ai pas le meilleur pressentiment. Mais qui sait, peut-être qu'il y aura un autre individu ordinaire perdu parmi ce défilé de banquiers et d'avocates.