she wore blue (ylmaz)

Sous la forme que vous souhaitez, dites où où en est votre personnage dans la vie en 2010.

Un passe temps qui avait ses racines dans la famille : une grand-mère avec une voix de rossignol, un oncle qui pinçait la guitare comme personne, la musique avait toujours fait partie de sa vie, depuis son plus jeune âge. Plus encore elle était partie intégrante de lui. Il a appris la guitare, et puis il a commencé à fredonner. C’était graduel, c’est venu doucement, et puis un jour, sans vraiment y penser, avec un ami, il s’est retrouvé à jouer dans les rues de Londres, à Trafalgar square. Des reprises, essentiellement. Et puis sont venue les compositions. Un rêve qu’ils avaient, sans pourtant l’avoir jamais formulé à voix haute, sans avoir jamais décidé de devenir un groupe.
Ça n’avait jamais été plus loin, la passion et l’amitié étaient leur seuls moteurs, et puis une tragédie a annihilé tout espoir, emporté sur son passage, déferlante glaciale, l’idée même de poursuivre, concrétiser le rêve, le fantasme. En janvier, peu après les fêtes du nouvel an, l’un des piliers de cette joyeuse troupe est fauché dans un terrible accident qui le laisse tétraplégique. Un coup très sur pour les quatre amis ; aucun ne sait vraiment comment faire face, et les relations s’étiolent.

Nouvelle échappée pour Ylmaz qui, cassant de nouveau sa tirelire, se lance sur les traces de ses aïeux : un voyage qu’il avait toujours voulu entreprendre, un projet qui avait toujours flotté dans son esprit. La rencontre avec les espaces sauvages de la Crimée. Les rues pavées du quartier historique d’Istanbul. Le froid de l’hiver pétersbourgeois. Deux années à entendre soir après soir, battus par le crépitement des feux de cheminée, les vieilles histoires ancestrales, et celle, tragique et poignante, d’un amour malmené. Histoire du loup et de la rose, les cœurs brisés qui ne se sont jamais recousus, la voix encore tremblante du vieux grand-père, protagoniste se rappelant de ses jeunes années.
Retour à Londres. L’écriture éclot. Les mots s’écoulent, le poison qu’on extrait, exorcisme littéraire. C’est ‘La Rose de Novgorod’ le premier roman, le succès immédiat.

Sous la forme que vous souhaitez, dites où où en est votre personnage dans la vie aujourd'hui.

Il ne s’imaginait pas se marier. Pas non plus devenir père. Pas si rapidement. Pas dans ces circonstances. Une nuit un peu arrosée a suffi, deux familles conservatrices ont fait le reste, nouant deux vies qui s’étaient tout juste heurtées. Ni l’un ni l’autre ne voulait vraiment de ce mariage, elle peut-être plus que lui, ou du moins, y étant moins réticente. Après tout, il est beau garçon, c’est un excentrique mais il a un certain succès dans la vie. Il l’avait trouvée belle, mais ne l’a aimée qu’une nuit, quelques heures, dans la chaleur des draps qu’ils ont partagé. L’étreinte sans promesses ni lendemains. Quelle ironie.

Le regard attendri, il la regarde dormir, si paisible et si innocente, blottie contre lui. Elle était le cadeau inattendu, sa rose à lui, plus précieuse encore qu’une princesse. Alexandra. Şura. Elle n’y est pour rien, elle. C’est elle qui le fait rester, qui lui donne l’envie de jouer le rôle dans lequel il s’est retrouvé enfermé. Tous les soirs, c’est le même rituel – on ne peut rien refuser à une petite bouille de trois ans, alors, inlassablement, il lui dit, dans la langue de ses parents, les poètes ottomans, les rimes la bercent, la voix paternelle, rassurante. Il ne l’aurait pas cru lui-même.