What a sad beautiful tragic love affair. (Joan & Jaya)

Distance, timing, breakdown, fighting. Silence, this train runs off its tracks.  

Ça faisait trois mois. Trois mois qu'elles sortaient ensemble, qu'elles jouaient les amoureuses inséparables, mais surtout qu'elles se mentaient à elles-mêmes. Au fond, Jaya le savait bien : elle n'était pas prête pour se relancer dans une vraie relation durable, et Joan non plus. Sa dernière histoire d'amour avait été simplement catastrophique. Elle c'était laissée embarquer, devenant une sorte de femme objet, trop amoureuse pour ouvrir les yeux et réaliser que ce n'était pas normal que ce salop la trompe avec toutes les filles d'Oxford. Diplômée, elle avait réussit à laisser tout ça derrière elle, retournant à Londres. Le cœur en morceau, sa fierté perdu, elle c'était lancée corps et âme dans son nouveau boulot. Se figurant qu'elle n'avait pas besoin d'une relation amoureuse, que ce n'était simplement pas fait pour elle. Puis lorsqu'elle avait prit la décision de sortir de nouveau, se sentant trop seule, elle était tombée du Joan et le courant était tout de suite passé. Relation kleenex, simplement de passage, une sorte de romance éclaire où tout allait trop vite. Un premier rendez-vous, un second, puis déjà elles passaient tout leur temps libre ensemble, squattaient l'une chez l'autre allant même jusqu'à y laisser leur brosse à dent. Alors aujourd'hui, après trois mois, ça dérapait sérieusement. C'était bien simple : elles passaient le plus clair de leur temps à se disputer. Les manies de l'une, les remarques de l'autre, les superstitions que la mère de Jaya avait bien malgré elle transmise à sa fille, et ce besoin de tout contrôler ou presque... Bref, c'était l'overdose.
Joan avait, une fois de plus passé la nuit chez Jaya. Les colocataires de cette dernière étaient déjà partie au travail, il ne restait plus qu'elle et Joan qui était encore au lit. La veille, elles c'étaient disputées parce que Joan avait laissé sa serviette de bain mouillée en tas dans un coin de la chambre. Quelques baisers et cette vilaine serviette était oubliée. Ou presque. Puisque le matin venu, en se tirant du lit, la serviette était toujours là, non loin de la porte, à côté du sac à main de Joan qu'elle avait aussi la manie de laisser par terre. Ça agaçait Jaya. Elle n'était pas totalement maniaque non, bien que par habitude, vivant en colocation, elle rangeait derrière elle pour éviter que ce soit le chaos. Mais là c'était trop : elles c'étaient engueulées la veille à ce sujet, mais Joan n'avait visiblement pas écouté puisque cette serviette était encore là. Roulée en boule, encore humide. Elle essayait quoi ? de faire pousser des champignons ? De plus, son sac à main était part terre ce qui, selon sa mère, était mauvais pour les finances. Elle le lui avait déjà dit, mais c'était à croire que ce qu'elle racontait à Joan rentrait pas une oreille et sortait de l'autre. Échappant un long soupire elle se pencha pour ramasser la serviette avant de reporter son attention sur Joan qui dormait paisiblement. Puis sans réfléchir plus longtemps elle lança la serviette en boule sur la jeune femme qui évidemment se réveilla en sursaut.