RMF - Mysterious and precise she's a killer queeeen

« Allo Rosie? c'est Gran » La petite fille que je suis grimace mais réponds poliment et laisse la grand-mère richissime bavarder « Tu es grande maintenant, sept ans, l'âge de raison n'est-il pas? Je suis contente que tu sois sage et que tu ailles bien, continue comme ça surtout. Tu me passes Maman? » Je tends le combiné, me faisant réprimander pour mon manque d'enthousiasme. Je n'y peux rien, si Gran a une voix perçante et si elle sent le Xérès. Bien que ce dernier point ne se ressente pas au téléphone, je n'oublie rien pour autant.


« Tu viens ce soir Rosiiiie? » Bien sûr oui, plutôt crever merci. J'enfile mes chaussures et envoie un sms en réponse « Non, grippe désolée. » Je souris, monte dans la voiture de ma mère qui me dépose quelques heures plus tard chez Kin, une amie de la famille, plus âgée que moi mais vachement marrante. Hors de question que j'aille m'enterrer à une soirée DVD moisie chez je ne sais quelle pimbêche de ma classe, alors que mon amie me fera sûrement goûter un plat raffiné ou un bon vin. Et elle a toujours de supers beaux vêtements à me prêter, qui me garantiront de faire sensation auprès des idiotes que je dois me coltiner pendant les fêtes. J'ai du mal à les supporter ces filles... Mais un sms de Lemon vient me remonter le moral et je me promets de lui rendre visite demain. Hors de question de léser ma meilleure amie d'une quelconque façon.



« Rose chérie, essaie donc le blazer pourpre. » Je retiens un rire, cette situation est franchement risible. Qu'est-ce que c'est que ces accoutrements idiots? Je regarde mon frère aîné, qui fait mine de se faire vomir. Ca résume bien l'idée. Il se redresse brusquement, alors que ma mère nous contemple avec une pointe de fierté. Les dignes enfant du Révérend Foster. La famille parfaite et l'image lustrée qu'elle veut renvoyer étincellent dans ce tailleur pour institutions privées du quartier historique. On finirait par y croire nous mêmes... Enfin Elisabeth y croit. Elle finira comme Maman. Ce serait triste, si ce n'était pas si pathétique. Un grand bruit retentit alors et me tire de mes songes. Calixte vient de renverser un portant de pantalons pour hommes, sous les cris des vendeuses. Il retient un fou rire, tout comme moi, tandis que tout le monde s'affaire pour réparer les dégâts. « Sortez de là ! » mugit alors la propriétaire et nous ne nous le faisons pas dire deux fois !


« Thomas? Thomas t'es là, tu m'entends? La fenêtre elle... »
« Est ouverte, comme toujours. Ca va aller Rose, t'as l'air de planer un peu? »
« T'en fais pas, je vais bien, j'arrive bientôt. Dors bien. Et merci »
Je raccroche sans un mot de plus, m'adosse contre un mur de briques et vomit mes tripes tant que je le peux. Je ne vais pas bien, le monde tourne à trois cent à l'heure et je suis lente, désespérément immobile. J'ai encore le sang gorgé de je ne sais quelle saloperie et mon esprit est complètement ailleurs. Je persiste à vouloir marcher jusqu'à chez moi mais finit par m'assoir sur le trottoir, tentant d'écrire un texto à Calixte sans confondre trop de lettres. Je ne sais même pas ce que je j'écris et encore moins pourquoi j'ai appuyé sur le bouton envoyer. Mais cette soirée était affreuse et me paraîtra bien pire demain. Demain. Dimanche. Tout à l'heure, la messe. Cette idée me fait doucement rire. Nouveau message. Thomas. « Tu t'en sors? » Je ne réponds pas et entreprends mon escalade habituelle et vient m'échouer dans son lit, rassurée par la présence de mon petit frère près de moi. Faites qu'il ne termine pas comme nous.


« 6 croissants pour 12 £ si tu veux. » Les messages "codés" des dealers sont tous plus ridicules les uns que les autres. Des croissants, la semaine dernière des livres... L'important est certes ne n'employer aucun mot s'approchant de speed, cam, daube et tutti quanti, mais je dois dire que la subtilité n'est pas le fort de mon cher Pete. Je réponds par l'affirmative et la confirmation ne tarde pas. « Ok. Après les cours, comme d'hab. » Je lève les yeux au ciel mais range vite mon portable, voyant Kate approcher. Je souris et nous nous engouffrons dans notre salle d'histoire et prenons des notes avec passion. Pas que j'apprenne quoique ce soit sur la vie de Shakespeare, mais ça permet de passer le temps plus facilement que les maths. Je quitte la salle de classe en quatrième vitesse et esquive mes "amies" pour aller récupérer mes croissants... Quelle vie minable je mène.


« Oh Rosie, Rosie, je suis si fière de toi ! Papa est très content lui aussi, il espère te voir dimanche si tu n'as pas trop de travail... Tu as beaucoup de travail? Ah oui, je comprends, mais essaie de te détendre quand même ma chérie, ne va pas te tuer à la tâche. Oh je suis si contente... Bon je te laisse, l'eau bout, à bientôt trésor ! » Je soupire et raccroche, avant d'envoyer valser mon téléphone sur le lit. Une fois n'est pas coutume, je suis bel et bien en train de bosser. Mais disons que si je ne vais pas à la messe dimanche, c'est surtout parce que Lemon organise je ne sais quel évènement au Carling et que je n'ai pas du tout envie de jouer la comédie de mon adolescence. Bien que je mène une vie considérablement plus saine depuis mon entrée à l'université, cela ne veut pas dire que j'entends m'enfoncer dans la mascarade.


«Tu ne nous contrôlera jamais. Et ce n'est pas en enfermant Thomas dans cette école pour riches délinquants juvéniles que tu changeras quoique ce soit. C'est le meilleur d'entre nous et tu n'as pas le droit de lui faire ça. Et tu sais aussi que me couper les vivres serait une honte, deux enfants indignes sur quatre, ça fait un très mauvaise moyenne pour les Foster. Alors tu me laisse vivre, tu laisse Thomas tranquille et je promets de rester calme et de ne pas te déshonorer d'avantage. » Ma mère fond en larmes, mon père ouvre grand la bouche, ma soeur se réfugie dans les bras de son mari et mon petit frère me regarde avec douceur, puis hoche doucement la tête. Je m'en veux terriblement de le laisser entre leurs mains. Mais il me comprend. Je tourne les talons, claque la porte pour le symbole et part sans me retourner. Décidément, cette année aura été pleine de rebondissements. Qui aurait imaginé que je m'assagisse pour mieux envoyer valser le conservatisme familial? Mais c'est chose faite, alors autant continuer à aller de l'avant. Keep calm and carry on.

→ Ton heure de gloire est enfin arrivée, un producteur de cinéma vient de te remarquer dans la rue et te propose de devenir la star de son nouveau film. Que lui dis-tu ? Tout dépend du film, mais je serais probablement intéressée.

→ Une pauvre fille en pleurs chante All by myself avec son cornet de glace à la vanille en plein de milieu de la rue retournant tous les regards sur son passage, y compris le tien. Ta réaction ? « Stowe? Encore, vraiment? »

→ Ton(ta) cousin(e) t'avoue sous l'emprise de l'alcool son attirance pour toi, et tente de t'embrasser. Premières impressions à chaud ? Réactions à froid ? Je doute que ce soit le genre de Carter ou de n'importe lequel de mes cousins/cousines, mais bon, je me la jouerai pas Andrestan si c'est ta question.

→ Ton idée du parfait samedi soir : une soirée arrosée au Carling, une nuit de folie au Fez Club, une sortie au théâtre de Londres ou une soirée geek avec plat commandé et partie de jeux vidéos avec tes meilleurs potes ? Carling FTW, quelle question.

→ T'es au confessionnal, tu peux avouer ta pire faute, ou encore un secret particulièrement pesant que tu n'aimerais pas voir révélé. Que dis-tu au père Patrick pour te soulager la conscience ? D'abord, je parlerai pas au père Patrick, je serais certainement obligée de parler au mien. Donc comprends que je pourrais pas lui dire grand chose. Imagine sa tronche si je lui explique ma pire faute est certainement d'avoir laissé ma mère s'occuper de mon petit frère en l'expédiant dans une affreuse pension et que je m'en veux terriblement de pas avoir été une meilleure soeur. Il le prendrait personnellement.

→ Le père Patrick était en fait un vrai sociopathe fan de Pretty Little Liars, et t'envoie un sms anonyme où il vous demande de choisir entre un secret révélé qui pourrait anéantir ta réputation ou briser ta famille, et de voler la bague de fiançailles Cartier d'un de vos amis. Après mûre réflexion, qu'est-ce que tu choisis ? Ma famille est en miettes et aucun de mes secrets ne pourraient anéantir irrémédiablement ma réputation, alors il pourrait aller se faire foutre.

→ C'est le mec (la fille) de tes rêves, tu en es persuadé(e) et pourtant, celui(celle)-ci est en couple avec quelqu'un d'autre. Tu te la joues résigné(e), stratégique, ou éploré(e) ? On veut les détails ! Chéri, ça risque pas de m'arriver.

→ Dans dix ans, je me vois bien ouvrir un resto spécialité moules frites avec Camille Jules Martin, marié, six gosses et à l'origine d'une toute nouvelle sauce roquerfort-épinards et toi, des projets pour l'avenir ? Déjà je viendrai manger des moules frites chez Camille. Après, je suppose que je finirai prof de fac plus intéressée par le bar à cocktails en bas de chez moi que mes étudiants. Sauf s'ils sont canons.

→ Et enfin, honnêtement, entre truth ou dare, qu'est-ce que tu préfères ? (oui ça rime !) Dare, demandez à TWF

Aaaaah, ces bons vieux TM ! Que serait Oxford sans eux hein? Bon la nouvelle version ultra anarchiste qui vient de faire son petit coup d'état m'inquiète un rien et je trouve extrêmement culotté et irrespectueux de se substituer de la sorte à une institution locale. S'ils voulaient, ils n'avaient qu'à former leur propre groupuscule, plutôt que de pirater celui des autres, c'est très mal élevé. Et puis, ils me faisaient rire moi les TroubleMakers avec leurs blagues débiles et leurs anecdotes, faut qu'ils reviennent !

Et le JCC et bien c'est comme pour tout n'est-ce pas? Cambridge fait ce que fait Oxford mais moins bien. Le JCC c'est les TM, moins drôles, moins fous, moins audacieux, plus élitistes, plus hermétiques et plus cul serrés. C'est très cambridgien remarquez et non sans hypocrisie. Parce critiquer, lister et catégoriser c'est facile mais le faire tout en ayant des membres comme Terence Hepburn, ça relève de la supercherie de haut vol quand même.