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 I've got a broken smile, an arrogant line, I'm really no one special

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MessageSujet: I've got a broken smile, an arrogant line, I'm really no one special   I've got a broken smile, an arrogant line, I'm really no one special Icon_minitimeMar 12 Juin - 17:00

« Mademoiselle Foster? » Livide, je reste plantée là, fermement cramponnée à la barre de métal qui forme le pied du lit. Je crois que si je lâche, mes jambes ne parviendront plus à me porter. « Mademoiselle Foster, vous m'avez entendu? Avez-vous compris? » Comment diable cette godiche peut-elle être interne en chirurgie? Je ne suis pas stupide et associer les mots état critique et accident de voiture ne relève pas de la gymnastique intellectuelle des plus ardues. Je hoche toutefois la tête en signe d'approbation, dent serrées, incapable de décrocher un mot. Il m'a quand même listée comme son contact d'urgence ce connard. Moi et Papa. Dans cet ordre. L'ironie de la chose me ferait rire en d'autres circonstances. « Votre père a donc été prévenu, il m'a dit qu'il venait avec le reste de votre famille, voulez-vous les attendre ici ou dans la salle d'attente des familles? » L'agaçante doctoresse en herbe me tire de mes pensées. Le reste de ma famille. Je ne crois pas non. Je ne suis absolument pas en état d'affronter ma mère et ma soeur. Thomas ne pourra pas venir tout de suite, on est en pleine semaine et il est à l'internat à Londres. Je serais restée pour lui, mais là, je ne peux pas. Je ne peux physiquement pas. « Non, je vais y aller. S'il vous demande pourquoi je ne suis pas là... » J'hésite une fraction de secondes mais je n'ai pas la patience d'élaborer une belle rhétorique et encore moins d'être polie « Et bien, dites leur que j'ai fait mon possible pour ne pas les voir et que je ne compte pas répondre à leurs appels. » Elle a la décence de ne rien dire et remonterait presque dans mon estime pour la placidité et la douceur avec laquelle elle m'écoute. J'enfile mon blazer, passe une main nerveuse sur mon slim dans une vague tentative de lui donner un air moins froissé, lance un dernier regard au corps désespérément inerte de Calixte puis quitte cet hôpital glauque et froid. J'ai horreur des hôpitaux. Vraiment. Je ne supporte pas ces endroits blancs, trop propres, cette odeur aseptisée, la mine hagarde des visiteurs, le visage fermé et pressé du personnel médical... Une fois dehors, j'inspire une grande bouffée d'air et fume une cigarette, en attendant mon taxi. Je ne sais pas exactement ce que je fais, je n'arrive pas à penser à autre chose. Mon frère étendu dans ce lit immaculé. Cette chambre si impersonnelle, si ordonnée. Je peux trouver une foule de défauts à Calixte, je peux le détester profondément quand l'envie me prends, mais il n'en demeure pas moins la personne la plus vivante, la plus passionnée que je connaisse. Demeurait. Il ne peut toutefois pas mourir. Surtout pas aussi stupidement. Bordel. Un putain d'accident de voiture. Il a loupé un tournant parce qu'il avait bu. Franchement, peut-on faire plus cliché? Non, il ne va pas mourir. Le médecin, le vrai, a dit qu'il avait de bonnes chances de s'en tirer. Même si son cas reste inquiétant. Inquiétant. Pas un mot qu'on veut entendre dans la bouche d'un chirurgien. Mais il ne mourra pas. Je ne parviens pas à chasser l'image de lui, inanimé, vide. Les yeux clos. Lui qui dort trois heures quand ça lui prend. Lui qui brûle constamment de vie, d'énergie, de cette étincelle de folie qui l'entraîne à faire les pires conneries mais qui fait aussi de lui un des êtres que j'aime le plus au monde. Ce con. Putain, ce con.

« Hey ho ma belle, ça va aller? » Je lève la tête, sans même avoir conscience des larmes qui inondent silencieusement mes joues. Le chauffeur de taxi. Oui. Bien sûr. Je lui donne l'adresse d'un pub des quartiers nord et il obtempère sans sourciller, comprenant apparemment que je ne suis pas d'humeur à ce qu'on me fasse la leçon. Je lui laisse un billet un peu trop gros pour la course mais n'y prête pas garde et entre dans le bar avec une démarche d'automate. Je commande un whisky. Puis quatre. Puis j'arrête de compter. Je vide mon paquet de clopes. Le joint que je partage avec une lycéenne dans les toilettes des filles ne me fait strictement aucun effet et je me surprend à appeler un contact de mon répertoire que j'ignorais posséder encore. Il se pointe, comme venu de nulle part. Je m'installe à l'avant de sa voiture, il me fait deux, trois avances, je souris, je sors une liasse de billets et je récupère divers petits sachets auxquels je n'avais pas touché depuis des lustres. Il me propose une soirée, j'accepte. Ici ou ailleurs. Je me croirais presque deux ans en arrière dans les pseudos fêtes underground de mes pseudos potes. J'étale ma poudre blanche sur une table à peu près propre dans la cuisine et la sépare avec une de mes cartes de crédit, dans un geste bien trop naturel. J'avale une pilule. Je remets la main sur une bouteille de whisky. Reprends un cachet. L'image de mon frère endormi s'efface peu à peu. Toutes les images s'effacent. Le monde me paraît à la fois plus confus et plus paisible. Je ne pense plus à rien. C'est reposant. Calixte. Tout. Tout s'échappe. Je m'allonge sur un sofa, respire doucement. Tout doucement. Je ne pleure plus. Pendant un moment - des minutes, des heures, je ne saurais le dire – je me sens tranquille. Pas heureuse. Non, bien sûr que non. Mais vidée. Apaisée. Ne pas être triste ce n'est pas être heureux, mais c'est déjà bien. Je préfère cette apathie médicamenteuse à la peine bien trop réelle que me procure la vision de Calixte dans le coma. Ou l'idée qu'il pourrait ne pas se réveiller. Ou ne plus être le même. Je fuis, je me cache comme je l'ai toujours fait. Mais cette fois, ma solution est d'autant plus radicale que le mal est grand. J'aimerai tellement dormir. Me reposer enfin. Ne plus penser à rien. Certes, ma vie pourrait être bien pire. Mais je ne serais pas une vraie gosse de riches occidentale privilégiée si je ne croyais pas en la psychanalyse, si je n'avais pas une foule de problèmes aussi existentiels qu'imaginaires, si je ne souffrais pas d'un handicap émotionnel assez conséquent qui me conduit, d'une part à rejeter toute vague tentative de bonheur parce que j'ai décidé que ce n'était pas l'amour de quelqu'un d'autre qui me rendrait heureuse, d'autre part à répondre par la drogue et la fuite en avant à un drame familial. Sinon, bien entendu, je vais très bien. Je suis jolie, riche, intelligente, j'ai un sens de l'humour renversant, une vie sexuelle riche en rebondissements et une tenue de l'alcool impressionnante qui me permet de profiter pleinement de ma vie étudiante. Mais se satisfaire de son sort est beaucoup trop facile, il faut croire que le syndrome de la drama queen contamine le tout Oxford. Je tente d'ouvrir les yeux, les couleurs et les formes tourbillonnent un instant. Sans savoir pourquoi, je me retrouve à danser, beaucoup, longtemps, avec beaucoup de gens. Un regain d'énergie me fait tenir, je bois des litres d'eau, ne prête aucune attention à ce qu'on me dit, avale je ne sais quoi. Mon coeur bat à toute vitesse, je sue, j'ai chaud, tellement chaud. Mon blazer est perdu depuis longtemps, j'enlève mon débardeur. Mais je me sens mal, je pleure sans savoir pourquoi et j'ai l'impression d'oublier quelque chose de très important. Je trouve un lit sur lequel je m'allonge, retrouve peu à peu mon calme. Quel désastre ambulant je fais. Il faut croire que je demeure irrésistiblement attirée par tout ce qui est sombre et torturé, que je me retrouve inévitablement à jouer cette parodie de moi-même dans les mêmes scénarios ridicules, avec les mêmes considérations stupides. Parce qu'au final, quelque soit l'élément déclencheur de mes pulsions un rien autodestructrices, elles ne sont que le fruit de mon égocentrisme maladif. Au final, je ne cherche pas tant à échapper aux autres qu'à l'exercice douloureux de l'introspection.

Fort heureusement pour moi, ma cervelle bourrée de substances plus ou moins licites est bien loin de toutes ces considérations et c'est la sérénité même que l'on conduit à l'hôpital toute sirène dehors. Il faut croire que mon organisme s'était habitué à mon mode de vie presque sain et que ce petit retour à de vieilles habitudes ne lui a pas plu. Accident de voiture et overdose accidentelle, vraiment, quelle belle série B pour ados cela ferait. J'en rirais bien, mais j'ai beaucoup trop mal. Partout. Je grimace, tente un mouvement, puis me redresse brusquement pour vomir mes tripes sur l'infirmière peroxydée venue prendre ma tension. Elle sourit bravement, ma tête lourde retombe sur l'oreiller qui sent la lessive et je me rendors aussi sec, ayant à peine le temps de souligner l'ironie de ma position. Pour quelqu'un qui a haine aussi viscérale que moi des hôpitaux, franchement. Je parviens à dormir d'un sommeil sans rêve et sans pensée, ma brave petite matière grise a la bonté de me préserver encore un peu. Car le réveil sera rude. Très rude. D'autant qu'au vu de la nature de mon accident de parcours, on ne me laissera pas sortir sans une batterie de rendez-vous avec un psy. Bordel. Je ne sais même pas combien de temps j'ai dormi. Je ne sais même pas qui ils ont contacté. J'aurais préféré que l'on appelle personne, mais au vu des circonstances, ça me semble peu probable. Kin. Lemon. Bon Dieu. Je serre les paupières en pensant à Thomas, que va-t-il penser? Encore une fois, j'échoue misérablement dans ma tâche de grande soeur. Elisabeth est peut-être chiante, mais contrairement à Calixte et maintenant moi, elle ne l'a jamais mis dans une telle situation. Bien sûr, ça n'aurait pas dû se passer comme ça. Et bien entendu, je vais devoir m'expliquer. Encore et encore. On ne me croira pas, on me sermonnera. J'ai déjà toutes les scènes en tête, avec tout le monde. Je les vois d'ici, je prédis leur réaction. Je tape ma tête contre la tête du lit avec un gémissement rageur. Putain de merde. Il faut que Calixte aille mieux. Il le faut vraiment. Je me redresse, lance un regard en coin à ma perfusion. Bah, autant jouer la carte du mauvais pitch de série télé jusqu'au bout. Je me lève et m'aventure dans le couloir, à la recherche de la chambre de mon frère. Pour un peu, je prierai. Mais évidemment, ça ne servirait à rien, la plantureuse infirmière blonde m'arrête avant que je parvienne à déterminer dans quel couloir je suis. Note pour moi-même, dans la vie, on ne laisse pas les patients se balader à moitié à poil, leur perf sous le bras à travers l'hôpital. Vaincue et lasse, je retourne me coucher, réclamant toutefois des nouvelles de Calixte, avec ma moue de fille gâtée capricieuse. Quel beau nom nous faisons aux Foster. J'entends d'ici les remarques de ma mère. Je me replonge toutefois sous mon drap et me rendors, assommée par je ne sais quel médoc qu'ils me donnent. Amusant que l'on refile des cachets à une nana qui sort d'une overdose d'ailleurs. Mystère de la science que je n'aurais pas le courage d'éclaircir et je préfère rester planquée sous ma couette. Je paierai bien assez cher mes incartades, autant profiter du répit qu'on m'accorde.
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