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 Destiny, my name is destiny ♦ LIA

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MessageSujet: Destiny, my name is destiny ♦ LIA   Destiny, my name is destiny ♦ LIA Icon_minitimeVen 9 Mar - 22:35

Depuis toujours, je vis avec un nombre très réduit de certitudes. L’incertitude est un leit motiv de ma vie. Incertitudes sur la survie de ma sœur, le fait qu’on puisse un jour me la ramener, certitude sur mon avenir, sur ma relation avec ma mère, sur ma réussite économique, sur l’amour que les gens me portent, sur ma capacité à aller au bout des choses que j’entreprends. Incertitudes sur mes origines, mes goûts, l’endroit où je vais, sur la vie elle-même.
Une certitude s’est cependant toujours imposée, dure, froide et réaliste : j’avais eu un père pour quelques jours, et puis il était mort. Il avait laissé sa vieille voiture pour ma mère, lui avait demandé de me la donner quand je serai plus grand. C’était l’histoire qu’elle m’avait toujours raconté, l’histoire que j’avais en tête. Et cette unique certitude vient de subir une sacrée pression.

Je suis installé à l’avant de ma voiture, incapable de savoir ce que je cherche ici. Cambridge est une grande ville avec une grande université dans laquelle étudient des milliers d’étudiants. Et moi je cherche un prénom dans la foule, une seule tête. Et puis je ne sais même pas ce que je suis censé dire. « Salut, je m’appelle Lucas, mon père est le tien, c’est drôle non ? » Je crispe en avalant la fin de mon sandwich. La recherche a été un peu compliquée mais j’ai fini par retrouver la trace de la famille Logan grâce à l’adresse que ma mère avait laissé sur l’enveloppe de la lettre qu’elle comptait lui envoyer, à lui. Mon père. Je rêve.
Je soupire, extirpe un ticket de caisse sur lequel j’ai noté un prénom. Lia. Lia Logan. Sa fille. Pourquoi est-ce que je veux voir d’abord la fille ? C’est une très bonne question. J’ai besoin de faire ces démarches, c’est un ressenti que j’ai et que je ne peux pas nier. Mais la chose semble presque désespérée et bien trop maladroite. Lia Logan est sur facebook, heureusement pour moi. Elle est même amie avec cette fille que j’ai déjà rencontrée chez Bianca, Juliet. Le monde est petit, et l’idée me fait grimacer.
Je soupire en sortant de la voiture, jette l’emballage de mon sandwich en passant. Facebook dit architecture. Rien ne me semble plus compliqué en ce moment que de trouver le bâtiment d’architecture dans cette énorme université vraiment trop fréquentée, mais je m’avance courageusement entre les élèves, je passe presque inaperçu.

J’ai trouvé la fameuse lettre en me rendant dans l’appartement de ma mère. Le prétexte était tout trouvé, je devais récupérer quelques affaires. J’ai eu le malheur, ou la bonne intuition selon le point de vue, de fouiller dans des papiers qui me concernaient directement, et j’ai trouvé l’enveloppe décacheté et jamais envoyée.
Elle lui écrivait pour lui dire que j’avais cinq ans. Quelle triste ironie. Elle lui réclamait de l’argent aussi, mais ça c’est nettement plus prévisible. C’était peu avant qu’elle rencontre son mari actuel, ce qui a du jouer dans la réclamation empressée d’une grosse somme.

Je finis par trouver le bâtiment par un miracle inexplicable, et pénètre à l’intérieur juste pour le visiter. Je fronce le nez, déambule dans le hall et les couloirs et m’autorise une vague contemplation semi admirative des lieux. Je marche presque à reculons, incapable de faire preuve d’assez de jugeote pour marcher droit et m’éviter certains aléas du destin, et d’ailleurs le destin s’empresse très rapidement de frapper à mon porte – ou d’entrer en collision directe avec mon dos. Des livres volent, chutent et s’échouent par terre, et j’écarquille les yeux en tâchant de reprendre l’équilibre pour me retourner. « Merde… Pard- » Je me fige d’un coup et pivote sur mes talons. Ah ça, pour sûr, le destin a une sacrée dose d’humour. A croire qu’on n’obtient jamais autant les choses que quand on est pas sûr d’en vouloir. « Pardon. » Je tousse, m’agenouille pour aider Lia Logan à ramasser ses bouquins par terre. Finalement, je n’ai même pas besoin d’inventer un quelconque mensonge pour mon entrée en matière. « Mais non, mais non, c'est moi, je ne faisais signe à mon amie et je n'ai pas regardé où j'allai ça m'apprendra. Et puis bon, y a pas de mal hein. » Elle me fixe un moment et je me demande l’espace d’une seconde et dans un réflex totalement stupide de mon cerveau si elle se doute déjà que quelque chose cloche. Pourtant il est évident qu’elle ne peut pas s’imaginer une seconde qu’elle parle en ce moment même à… son demi-frère ? Je grimace légèrement et tousse. « T'es pas en archi toi, je me trompe? Non parce que je connais la plupart des gens dans ce cours et je me serais souvenu de toi quand même. Bref, désolée, je t'offre un café en dédommagement? » Je secoue la tête en écarquillant un peu les yeux. « Pas en archi non, je suis venu… visiter la fac. Et chercher quelqu’un. Mais peu importe. » Oui, peu importe. Quelle est la formule déjà, pour annoncer à quelqu’un qu’il fait partie de votre famille ? Ou plutôt que vous faites partie de la sienne, parce qu’en l’occurrence c’est son père dont on parle. Je secoue la tête. « Euh… oui, pourquoi pas ? Enfin non. » Je fronce le nez. « Si. Mais c’est moi qui paye, je ne regardais pas non plus, j’étais trop occupé à regarder la structure du bâtiment. Je ne marche jamais à reculons d’habitude. » Je souris un peu. « Par contre je connais pas le coin, il va falloir m’indiquer les bonnes adresses de Cambridge ». Elle acquiesce, avec un sourire, visiblement convaincue par mes faibles arguments. Ensuite, elle s'empare de mon bras comme si on se connaissait depuis toujours et marche vers la sortie.« C'est adooorable, quel gentleman ! Au fait, je dirais qu'on en est arrivés au stade des présentations, alors moi c'est Lia. Et je propose qu'on aille au café Nerro, c'est juste en face et c'est meilleur que la pisse de chat qu'ils servent à la cafétéria. Mais avant qu'on y aille, on peut essayer de trouver cette personne que tu cherches. Je suis à Cambridge depuis un bout de temps, alors si elle est dans ce département je peux t'aider à la trouver. Sinon, je suis très forte pour amadouer les secrétaires. » Elle marque enfin une pause et mon trouble doit se sentir légèrement plus cette fois-ci. « Lucas, enchanté. » Deux L, la coïncidence est drôle, ou en tout cas semble l’être suffisamment pour concentrer mon esprit cinq secondes supplémentaires sur autre chose que la question qui a suivi directement l’annonce du lieu ou nous nous rendrions. Je grimace très légèrement, que répondre ? Est-ce que c’est vraiment le moment ? Je préfèrerai qu’elle soit assise. Repousser l’échéance est lâche et inutile mais sérieusement, je ne peux pas faire ça tout de suite. « Euh, en fait, je me suis déjà renseigné, et la personne que je cherche n’a pas cours aujourd’hui. Je pensais que si, mais non. Alors je… passerai la voir chez elle plus tard. » J’esquisse un sourire et acquiesce vivement pour appuyer la véracité tissée de mensonge de mes propos et la suit vers l’extérieur. J’ignore définitivement quelle idée m’est passée par la tête pour entreprendre une telle mission, et entendons-nous bien, cette fille a l’air adorable, mais lui lancer une bombe dans la tête en lui annonçant que nous sommes frères et sœurs, ou peu importe, tout ça semble nettement moins sympathique pour elle. « Alors tu… étudies ici en quelle année ? » Je tente de sujet de conversation tandis qu’elle nous entraine vers le café en question. « La dernière, avec un peu de chance ! Je suis en M2 de Design Environnemental et Architecture. Ce n'est pas aussi pompeux que ça a en l'air... Enfin un peu. Et toi tu n'es pas à Cambridge donc, tu fais quoi dans la vie? » Je souris, acquiesce lentement tandis que l'on s'installe à la terrasse du café. Elle plaque des lunettes de soleil sur son nez, je me contente de m'installer sans enlever ma veste. Il fait beau, je n'irai pas dire cependant que la chaleur est réellement au rendez-vous. « Un peu tout et n’importe quoi. Je suis inscrit à des cours d’éco à la fac de Londres mais j’ai plus ou moins lâché l’affaire ». Je fronce un peu le nez, elle ne doit pas être familière de l’échec, n’en donne pas l’impression en tout cas. « Je sers dans un bar et je fais des photos. Et parfois je garde la fille d’une de mes amies aussi ». Je souris un peu. « C’est pas un job mais ça prend du temps. » Je me mords la lèvre, le serveur vient prendre la commande en haussant très très haut un sourcil légèrement blasé. « Un café pour moi ». J’interroge Lia du regard, j’ai presque oublié quel était mon réel objectif de la journée.

« Un café aussi... Non finalement plutôt un machiato. Quoique non, j'en ai pris un à midi... » Elle semble en proie à une réelle hésitation et feuillète rapidement les pages du menu déjà bien garni, tandis que ce serveur un peu effrayant attend qu’elle daigne se décider. « Ou une limonade sinon. Ouais non, il fait pas très chaud quand même... Un chocolat chaud? Non, non... Un thé, oui voilà un thé. Vert. Non. Un thé au citron. » Je retiens mon rire tandis qu’elle referme la carte pour la lui rendre. Je tourne les yeux histoire que le serveur courroucé ne s’offusque pas du fait que je sois ostensiblement en train de me foutre de lui. « Voilà, un café et un thé au citron, merci ! » Il s’éloigne et elle m’avise de nouveau, j’inspire et souris légèrement. « Mais alors si tu étudies à Londres, qu'est-ce qui te conduis ici? Tu es venue juste pour trouver cette personne? » Ma main fouille automatiquement l’intérieur de ma veste. « C’est un peu compliqué. » J’en sors un vieux paquet de cigarettes et j’hausse un sourcil. « Ca t’ennuie ? » J’indique le paquet en en sortant un et me mords un peu la lèvre. « Je recherche quelqu’un qui fait partie de ma famille… mais qui n’est pas vraiment au courant. » Elle se dresse un peu sur sa chaise comme si l’intérêt de l’enquête avait soudainement piqué sa curiosité, ce qui doit en fait vraiment être le cas. Si elle savait… non mais, il faut qu’elle sache. J’ai l’impression d’être une espèce de malade en train d’étudier sa demie sœur sans vouloir lâcher la vérité et… oui, il faut qu’elle sache. « Certes, en effet voilà qui est délicat... Haem, tu sais à quoi elle ressemble? Enfin tu sais où la chercher? Comme j'te disais, on peut faire un tour dans l'administration de la fac, j'ai mes entrées et on me doit des faveurs. Enfin... Disons qu'après avoir failli me faire rater mon master après une erreur d'entrée informatique, ils peuvent bien me rendre un petit service. » J’inspire, allume ma cigarette et inspire une longue taffe en avalant une gorgée du café que le serveur a déposé sur la table entre deux, avec son thé au citron. « Hm… » Je tousse un peu, soudainement mal à l’aise, me mords un peu les lèvres. J’aurais sans doute du me preparer un peu mieux au discours qu’il m’est aujourd’hui nécessaire de sortir. « Okay… panique pas, mais… C’est toi que je suis venu chercher. » J'hausse un sourcil expectatif et me tais. « Vraiment? Non mais je veux dire, tu es sûr de ton coup? Tu sais Logan, c'est un nom de famille répandu. Et puis, comment tu peux en être sûr? Je veux bien que la famille slave de ma mère soit relativement étendue, mais Lucas c'est pas très Russe. Ni Slovène, j'ai de la famille en Slovénie aussi je crois. Enfin quoique... Tu peux pas être anglais, je connais toute la famille de Papa. T'es l'enfant caché de ma tante Janice? Je savais qu'elle avait eu une folle jeunesse mais je pensais qu'elle était du genre à jouer la sécurité malgré tout. Bref, tu fais partie de ma famille, aucun doute là dessus? » Je me mords la lèvre, j’ignore si parler autant est sa façon bien à elle d’évacuer le choc de la révélation mais je ne sais pas non plus comment je suis censé répondre à ça. Je fronce le nez, inspire une nouvelle taffe de ma cigarette et lui adresse un sourire d’excuse. « Respire, d’accord ? » Je secoue la tête. « Aucun doute, non. Ton père s’appelle Daniel Logan, et il a… fréquenté ma mère. Dans ses jeunes années. » Je grimace, quelle magnifique façon de dire les choses, vraiment, mon talent naturel pour les explications devrait être plus souvent salué. « Je suis le fils de ton père. » Je grimace et me fige, en attendant la crise de panique ou l’afflux de mots ou la gifle ou…

Elle semble se plonger assez longuement dans ses réflexions et je n’ose perturber le silence qui règne. Si j’avais un jour par hasard appris que j’avais de la famille supplémentaire, la nouvelle m’aurait ravi – ce qui finalement est un peu arrivé – mais pour la seule raison que ma famille a moi ne vaut pas grand-chose dans le genre. Seulement si sa vie avec son père a été parfaite de A à Z et que tout a toujours été rose, la nouvelle doit tenir sans doute plus du choc que d’autre chose. « Explique-moi. Qui es-tu, d'où viens-tu, quel âge as-tu, comment sais-tu que Daniel est ton père, qui est ta mère, pourquoi mon père est-il parti? Il t'a abandonné? Il... » J’inspire, écrase ma cigarette dans le cendrier en face de moi et commence par secouer vivement la tête pour écarter les doutes les plus douloureux. « Il ne m’a pas abandonné. Il ignore que j’existe. » Je me mords la lèvre et inspire de nouveau. « Je m’appelle Lucas Cooper, j’ai 24 ans. Je suis né à Londres et ma mère habite là-bas mais je ne vis plus avec elle depuis quelques mois, conflits d’intérêts. » Je grimace un peu, l’expression n’est sans doute pas la plus adéquate pour décrire la relation qui m’a uni avec ma mère durant nos derniers mois de cohabitation. « C’est une longue histoire, mais j’ai du passer dans notre ancien appartement pour récupérer certaines affaires qu’elle avait gardées et qui m’appartenaient, et j’ai trouvé une lettre. Une lettre que ma mère a écrite à ton père quand j’avais aux alentours de dix ans. » Je fronce le nez, joue machinalement avec la tasse de café devant moi. « Pour lui annoncer qu’il avait un fils, et qu’elle avait l’intention de lui réclamer de l’argent. Ca coïncide avec le moment où ton père a commencé à devenir vraiment célèbre, non pas que je suive l’actualité de ses comédies musicales mais je me suis renseigné avant de venir, et le moment aussi où ses ressources financières ont commencé à être un peu moins florissantes. » Le fait est qu’elles ne l’ont jamais été, mais la catastrophe était particulièrement criante quand son mari a décidé qu’il n’était plus utile de travailler mais qu’il a continué à foutre en l’air l’argent familial. « Ma mère m’a toujours dit que mon père était mort quand j’étais bébé ». Je fronce un peu le nez, me mords la lèvre. « Je n’attends rien de particulier, hein, et j’ai pas l’intention de bousculer votre vie. Je ne sais même pas vraiment pourquoi je suis venu. » « Tu ne bouscules rien, enfin si, bien sûr, tu bouscules tout mais ce n'est pas une mauvaise chose. Enfin, je veux dire, je ne vais pas te laisser t'en aller sur ces bonnes paroles et faire comme si tu n'existais pas. Tu es donc mon demi-frère, ma famille et je ne veux pas faire comme si ce n'était rien. J'en suis incapable. » Je la fixe un instant en jouant toujours avec la tasse vide de café posée devant moi. « Il faut que tu parles à mon... notre père. Je ne sais honnêtement pas comment il réagira, mais il te ne laissera pas tomber. J'y veillerai. » J’inspire, hoche légèrement la tête. « Je veux le rencontrer mais Lia, je ne lui demande pas de me traiter comme son fils. Je ne suis pas un ado stupide qui recherche la paternité. » J’hausse une épaule, je ne suis pas là pour réclamer quoi que ce soit et je ne voudrais surtout pas que mes intentions sur le sujet soient mal entendues. Je n’ai aucunement l’intention de demander de l’argent ou n’importe quoi d’autre, la seule chose que je veux c’est savoir, en réalité. Savoir pourquoi j’ai si injustement été privé d’une vie moins pénible à cause de l’égoïsme sans limite de ma mère. « J’ai une autre sœur, ma mère a eu une deuxième fille. » Je fronce le nez, rallume une cigarette d’un geste machinal. « Elle est dans le coma, dans une clinique de Londres. Je dois y être la majeure partie du temps au cas où elle se réveille, alors… je ne suis pas ici pour vous vivre dans les pattes ». Ceci dit, la jeune femme qui se tient en face de moi a l’air réellement adorable, et effectivement avoir une famille dont au moins la composition semblerait normale serait assez reposant, mais on n’arrive pas chez les gens au bout de vingt-quatre ans pour chambouler tout ce qui a déjà été établi. Je soupire un peu. « Je suis désolé pour le choc ».

Elle semble plongée dans ses pensées. Je m’en veux un instant d’avoir bouleversé sa vie qui était sans doute beaucoup plus simple quelques minutes seulement auparavant. Mais je n’aurais pas été capable de vivre dans le secret, les gestes de l’impulsion sont souvent ceux qui semblent le plus justes. Je sursaute légèrement quand sa main s’empare de la mienne, la fixe en fronçant légèrement le nez. J’ignore ce que le geste signifie, ça n’est étonnement pas désagréable, ça ne me met même pas mal à l’aise. Je n’en connais pas franchement un rayon sur les rapports familiaux, ni même sur les rapports sociaux en général. Je me perds dans des effluves de pensées et elle lâche finalement ma main. Mon cœur vibre étrangement, comme si le soulagement était la clé de tous ces ressentis brouillons qui m’anime depuis que la vérité s’est échappée de ma bouche. Elle s’empare d’une serviette sur laquelle elle griffonne quelques informations, puis qu’elle me tend. « D'accord... Voilà mon numéro de téléphone, mon adresse ici et celle de mon père à Londres. Je ne t'oblige à rien bien sûr, prends le temps dont tu as besoin et n'hésite pas à me contacter, si tu as des questions ou envie de parler... » J’acquiesce lentement et m’empare de la serviette, sortant mon portefeuille pour la glisser à l’intérieur. Je sors également l’argent pour payer et inspire. « Je t’appellerai. » J’hoche la tête, le bilan est étrangement positif, j’ignore comment je le ressens, je ne sais pas même dire comme je me sens. « Je t’enverrai un message aussi, avec mon numéro ». Au cas où ? Je ne sais même pas. Je me redresse, elle a sans doute besoin de temps pour assimiler tout ça, de temps pour comprendre et réaliser, appréhender, et je ne veux pas l’embêter plus longtemps. « J’espère qu’on se reverra vite. » Je fronce un peu le nez, comme si la phrase sonnait étrangement sortie de ma propre bouche.
Elle se lève et je l’imite, et sans prévenir, s’approche. En moins de temps qu’il en faut pour que je réalise, elle se place dans mes bras. Je m’immobilise un instant, peu coutumier de tout ce qui touche à l’affection, particulièrement avec quelqu’un dont je viens de bouleverser la vie. Finalement, mes bras se resserrent à leur tour autour d’elle et j’inspire doucement. Elle se détache doucement et je me mords la lèvre. « Oui, j'espère aussi, appelle-moi. » J’acquiesce, la regarde un instant s’éloigner avant de moi-même prendre la direction de ma voiture.


Dernière édition par Lucas W. Cooper le Sam 10 Mar - 18:54, édité 1 fois
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Destiny, my name is destiny ♦ LIA Empty
MessageSujet: Re: Destiny, my name is destiny ♦ LIA   Destiny, my name is destiny ♦ LIA Icon_minitimeVen 9 Mar - 23:30

« Oui. Oui. D'accoooord maman. » J'échange un regard entendu et désolé avec ma camarade, elle esquisse un mouvement étrange dans l'air, me faisant comprendre que ce n'est rien. Toutes les mères sont pareilles, sous prétexte que l'on prend le temps de décrocher, de dire bonjour et de répondre à leurs questions, elles s'imaginent que nous avons tout le temps du monde pour bavarder avec elle. Au moins, le téléphone permet une certaine mobilité et ne compte plus le nombre de papiers que j'ai rempli, de journaux que j'ai lu, de mails que j'ai envoyé tout en téléphonant avec ma génitrice. Mais, étant donné que pour une fois c'est elle qui est pressée, elle raccroche rapidement et je peux donc moi aussi vaquer à mes occupations. Et ce n'est pas vraiment ça qui manque, même si présentement je ne sais pas encore ce que je vais faire cette après-midi. Un thé me semble nécessaire, je suis de ces organismes typiquement britannique qui ne fonctionnent pas sans leur dose quotidienne de théine.

Et puis, il y a bien ce projet de maquette que Kate et moi devons rendre et j'aurais bien profité de notre après-midi de libre pour avancer, mais elle travaille. Jamais une concordance d'emploi du temps, si peu d'heures de cours, c'est un sacré comble. Elle me donne rendez-vous pour le lendemain, ce à quoi j'acquiesce avec véhémence, tout en amorçant une sortie. Si elle doit partir, autant ne pas me faire perdre mon temps non plus. Kate est une partenaire de travail idéal, efficace, bosseuse, pragmatique et très ouverte à mes idées. Mais en ce qui concerne sa personne en dehors du cadre scolaire... Et bien c'est la fille qui ne vous parle que de ses grands projets et vous descend à quel point elle est géniale dans la face. Pas par vanité, simplement parce que c'est une première de la classe compulsive. « Demain, 8h30, ça marche. » Je fais quelques pas en arrière lui adresse un signe de la main « Ouiiii, je serais à l'heure, à dem... » Mais je n'ai pas le temps de finir ma phrase et percute quelqu'un. Note pour moi-même, marcher, c'est mieux en avant.

« Merde… Pard- » commence une voix masculine. Je me retourne pour que nous puissions nous faire face et il marque une pause avant de terminer « Pardon. » Je souris et vais pour le rassurer, mais il est déjà en train de ramasser mes livres qui ont voltigé dans la collision. Je les fourre dans mon sac, en me disant qu'un jour cette pauvre besace cédera et que je me retrouverais bien dans l'embarras. En espérant que ce jour ne soit pas aujourd'hui. J'esquisse un nouveau sourire et parvient finalement à m'excuser à mon tour « Mais non, mais non, c'est moi, je ne faisais signe à mon amie et je n'ai pas regardé où j'allai ça m'apprendra. Et puis bon, y a pas de mal hein. » Je profite de mon bavardage pour regarder de plus près mon interlocuteur, dont le visage ne me dit absolument rien. Il n'a pas une tête d'étudiant en première année et au vu de mon ancienneté dans cette fac et mon don pour me créer facilement des liens, je trouve étonnant de ne l'avoir jamais vu avant. Et en bonne curieuse, je ne manque pas de soulever la question « T'es pas en archi toi, je me trompe? Non parce que je connais la plupart des gens dans ce cours et je me serais souvenu de toi quand même. Bref, désolée, je t'offre un café en dédommagement? » Prompte moi? Si peu.

« Pas en archi non, je suis venu… visiter la fac. Et chercher quelqu’un. Mais peu importe. » J'arque un sourcil, m'apprêtant à lui offrir mon aide. S'il cherche quelqu'un dans le coin, je pourrais possible le renseigner, après tout j'ai passé un nombre considérable d'heure entre ces murs et je peux me targuer d'avoir un cercle de connaissances relativement vastes. Mais le jeune homme enchaîne, l'air un peu perdu et confus. « Euh… oui, pourquoi pas ? Enfin non. » Faudrait savoir mon vieux. Je fronce le nez, un peu amusée par tant d'indécision. « Si. Mais c’est moi qui paye, je ne regardais pas non plus, j’étais trop occupé à regarder la structure du bâtiment. Je ne marche jamais à reculons d’habitude. Par contre je connais pas le coin, il va falloir m’indiquer les bonnes adresses de Cambridge » Je ris doucement, ce jeune homme a l'air tout à fait adorable et courtois. Familière comme à mon habitude je passe mon bras sous le sien et entame la marche vers la sortie, tout en babillant joyeusement « C'est adooorable, quel gentleman ! Au fait, je dirais qu'on en est arrivés au stade des présentations, alors moi c'est Lia. » Je lui assène un sourire étincelant et continue « Et je propose qu'on aille au café Nerro, c'est juste en face et c'est meilleur que la pisse de chat qu'ils servent à la cafétéria. Mais avant qu'on y aille, on peut essayer de trouver cette personne que tu cherches. Je suis à Cambridge depuis un bout de temps, alors si elle est dans ce département je peux t'aider à la trouver. Sinon, je suis très forte pour amadouer les secrétaires. » Je lui glisse un sourire malicieux, même s'il garde cet mine un peu ahuri, comme si trop de choses étaient en train de se passer dans sa tête. C'est sûr que ce n'est pas en balbutiant et en changeant d'avis qu'il va réussir à s'imposer face aux Cerbères de l'administration, il en a eu de la chance de tomber sur moi !

« Lucas, enchanté. » rétorque le garçon, un peu désarçonné. Je dois dire qu'il encaisse plutôt bien mon bavardage et mon comportement familier. D'autres auraient pu me lancer des regards réprobateurs ou tenter de fuir mon envahissant contact. Il prend la situation avec flegme, sans se défaire de son air complètement ahuri. C'est peut-être juste son expression au naturel. Si oui, ça a dû et doit encore lui poser quelques soucis dans la vie. Je souris néanmoins, tandis qu'il continue à bafouiller un peu, tentant de s'expliquer « Euh, en fait, je me suis déjà renseigné, et la personne que je cherche n’a pas cours aujourd’hui. Je pensais que si, mais non. Alors je… passerai la voir chez elle plus tard. » Je hoche simplement la tête, comprenant qu'il n'a visiblement pas envie que je me mêle de cette affaire. Je soupçonne la recherche d'une ex petite amie ou autre petit drame personnel dans ce goût là et m'abstiens donc de commenter. Je ne veux pas me retrouver mêler à une scène de ménage. Quoique, ça pourrait être drôle. Le dénommé Lucas me tire de ma rêverie par une question somme toute banale, alors que nous marchons vers le café. « Alors tu… étudies ici en quelle année ? » Je rétorque, en pressant le pas « La dernière, avec un peu de chance ! Je suis en M2 de Design Environnemental et Architecture. Ce n'est pas aussi pompeux que ça a en l'air... Enfin un peu. » Je ris et renvois naturellement la question « Et toi tu n'es pas à Cambridge donc, tu fais quoi dans la vie? » Question vague s'il en est. Nous arrivons finalement, je fais un signe au serveur, qui commence à me connaître. Je m'installe en terrasse, en bonne britannique un rayon de soleil signifie forcément Ray-Ban sur le nez et contact avec l'extérieur. Même s'il fait 12 degrés. Réflexe nordiste que voulez vous, il faut profiter de la lumière.

Lucas répond finalement, toujours un rien hésitant. Il n'a pas l'air particulièrement décidé dans la vie et je ne saurais l'en blâmer. « Un peu tout et n’importe quoi. Je suis inscrit à des cours d’éco à la fac de Londres mais j’ai plus ou moins lâché l’affaire. Je sers dans un bar et je fais des photos. Et parfois je garde la fille d’une de mes amies aussi. C’est pas un job mais ça prend du temps. » Je hoche la tête avec douceur, je ne doute pas en effet que s'occuper d'une enfant n'est pas une mince à faire. Ses dires confirment ma supposition, ce charmant jeune homme n'est pas particulièrement stable ou décidé. En même temps, il n'est pas le seul, se trouver - sentimentalement et professionnellement - est en quelque sorte le but de toute jeunesse rondement menée. Etudes ou petits boulots, ce n'est qu'un des signes, un des choix que l'on est amenés à faire. Fort heureusement, l'arrivée d'un serveur hautement condescendant interrompt ma digression interne et ne daigne pas ouvrir la bouche, nous regardant simplement avec son sourcil fou. Diable, comment fait-il pour dresser son sourcil si haut? C'est comme s'il avait une existence indépendante. Très expressif en tout cas. « Un café pour moi » Ah oui, la commande. Vu l'amabilité de l'employé, je joue de ma capacité à bavarder sans fin « Un café aussi... Non finalement plutôt un machiato. Quoique non, j'en ai pris un à midi... » Je réfléchis, tourne les pages du menu avec un air d'idiote finie et reprends ma feinte hésitation « Ou une limonade sinon. Ouais non, il fait pas très chaud quand même... Un chocolat chaud? Non, non... Un thé, oui voilà un thé. Vert. Non. Un thé au citron. » Je referme la petite carte, la lui tends avec un sourire resplendissant et conclu « Voilà, un café et un thé au citron, merci ! » Je me tourne alors vers Lucas, comme si de rien était et poursuit la conversation « Mais alors si tu étudies à Londres, qu'est-ce qui te conduis ici? Tu es venu juste pour trouver cette personne? » Si oui, c'est ce que j'appelle de la dévotion, cette fille - je reste sur mon idée qu'il s'agit d'une ex - est bien chanceuse. Ou alors c'est un stalkeur fou. Dans ce cas là, elle a plutôt pas de bol.

Lucas a été hilare face à ma prestation rondement menée, mais nous en venant finalement au coeur du sujet, qui semble franchement le perturber. « C’est un peu compliqué. » Je n'en doute pas. Il sort un paquet de cigarettes et s'inquiète poliment « Ca t’ennuie ? » Je réponds par la négative et il parvient finalement à enchaîner. « Je recherche quelqu’un qui fait partie de ma famille… mais qui n’est pas vraiment au courant. » Hein, quoi? Une famille cachée? Voilà qui est bien plus palpitant qu'une histoire de coeur. Malgré moi, je me dresse sur le bord de ma chaise, attentive. Il n'a pas l'air de vouloir ajouter quoique ce soit et je marmonne donc « Certes, en effet voilà qui est délicat... Haem, tu sais à quoi elle ressemble? Enfin tu sais où la chercher? Comme j'te disais, on peut faire un tour dans l'administration de la fac, j'ai mes entrées et on me doit des faveurs. Enfin... Disons qu'après avoir failli me faire rater mon master après une erreur d'entrée informatique, ils peuvent bien me rendre un petit service. » Je lui assène un sourire éclatant, tandis que le serveur vient déposer nos boissons sur la table, sans un mot. J'en connais un qui n'aura pas de pourboire moi.

« Hm… » bafouille alors Lucas. Je reporte mon attention sur lui, prête pour une nouvelle série de bafouillements. Il tire sur sa cigarette avec une certaine anxiété, visiblement très mal à l'aise. Finalement, il me regarde et lâche de but en blanc « Okay… panique pas, mais… C’est toi que je suis venu chercher. » J'écarquille grands les yeux et éclate spontanément de rire. Elle est bien bonne. Pourtant, le jeune homme n'a pas l'air de plaisanter. Mais qu'est-ce qu'il raconte? C'est parfaitement ridicule, je veux bien que ma famille ne soit pas des plus ordinaires, mais quand même. Qui peut-il bien être d'abord? Un neveu déshérité qui vient réclamer de l'argent à Daddy? Un cousin éloigné des contrées russes dont ma mère se vante si souvent? Je le regarde, interloquée et prends conscience que je n'ai pas parlé depuis un moment. « Vraiment? » Puis me rendant compte de la stupidité de la question, j'ajoute « Non mais je veux dire, tu es sûr de ton coup? Tu sais Logan, c'est un nom de famille répandu. Et puis, comment tu peux en être sûr? Je veux bien que la famille slave de ma mère soit relativement étendue, mais Lucas c'est pas très Russe. Ni Slovène, j'ai de la famille en Slovénie aussi je crois. Enfin quoique... Tu peux pas être anglais, je connais toute la famille de Papa. T'es l'enfant caché de ma tante Janice? Je savais qu'elle avait eu une folle jeunesse mais je pensais qu'elle était du genre à jouer la sécurité malgré tout. Bref, tu fais partie de ma famille, aucun doute là dessus? » Bon je panique peut-être un peu. Et je raconte n'importe quoi surtout. Je parle trop. Je m'arrête. Voilà, c'est mieux.

« Respire, d’accord ? » J'obéis, prends une longue inspiration et expire lentement, en me concentrant sur les mouvements de mon abdomen. Respiration ventrale. Comme Papa m'a appris, le truc contre le stress qu'il fait faire à ses danseurs. Voilà. « Aucun doute, non. Ton père s’appelle Daniel Logan, et il a… fréquenté ma mère. Dans ses jeunes années. » Donc famille paternelle, surprenant. Je le regarde, continue à me concentrer sur ma respiration, sentant venir la déclaration mais préférant m'accrocher à l'espoir qu'il n'est pas... « Je suis le fils de ton père. » voilà ça. Une petite partie de ma cervelle hyperactive a envie de lui répondre, que moi c'est Lia et pas Leia, mais l'heure n'est sans doute pas à la blague de nerds. Et s'il n'a pas vu Star Wars, ça va jeter un froid. Je me contente de le regarder avec une tête de poisson hors de l'eau, toute idée de respiration relaxante abandonné. Je suis abasourdie, autant je pourrais imaginer ma mère avoir eu des enfants dans le dos de Papa, autant je n'ai jamais pensé à cette éventualité. Pourtant, mon père est un homme charismatique et séducteur, il a son petit succès dirons-nous. Mais une sorte de complexe d'Electre latent a dû m'empêcher de songer à mon père fréquentant d'autres femmes. Ou bien ce n'est tout simplement pas une pensée que l'on aime formuler, à raison d'ailleurs. Une fois n'est pas coutume, je ne sais pas quoi dire. Mais alors vraiment pas. Je ne sais même pas pourquoi j'accepte tout simplement cette idée. Je ne questionne pas une seconde les propos de Lucas, l'idée qu'il puisse mentir ne m'effleure même pas. Pourquoi inventer une histoire pareille et jouer la nervosité et l'anxiété de la sorte? Ce serait ridicule. Je le crois, la question ne se pose même pas. Mais ma curiosité sans pareille est en éveil et une foule de questions se bousculent dans ma tête. Curiosité justifiée par ailleurs. Parce que salut je suis ton frère, soit. Mais des détails sont la bienvenue. Sur tellement de choses. Par quoi commencer? Les mots me viennent enfin, simples, directs. « Explique-moi. Qui es-tu, d'où viens-tu, quel âge as-tu, comment sais-tu que Daniel est ton père, qui est ta mère, pourquoi mon père est-il parti? Il t'a abandonné? Il... » J'imagine mon père, ce héros, l'homme qui m'a chérie et élevée envers et contre tous, à une époque où être papa célibataire n'était pas du tout hype et avant-gardiste, en lâche, en homme qui abandonne sa progéniture. Dieu sait où Lucas a grandi, dans quel environnement. S'il avait été un enfant heureux et épanoui, il ne serait pas là, devant moi, à déterrer son passé en quête de ses origines. Qu'as-tu fait Papa, qu'as-tu fait à ce pauvre garçon?

Après avoir écrasé sa cigarette dans le cendrier, le jeune homme me rassure très vite « Il ne m’a pas abandonné. Il ignore que j’existe. » Je dois admettre que je suis soulagée. Apprendre que mon père a abandonné un enfant aurait été insoutenable. J'attends la suite, ou plutôt je l'appréhende. Qui sait ce que Lucas a pu vivre, subir même. J'ai été plutôt gâtée par la vie, mais si j'ai appris une chose c'est que ce n'est définitivement pas le cas de tout le monde. Et puis, je tiens véritablement à en apprendre un peu plus sur lui. Après tout... C'est mon frère. Je n'ai pas le temps de retourner la question plus longtemps, il se lance finalement dans un long récit pour répondre à ma rafale de questions. « Je m’appelle Lucas Cooper, j’ai 24 ans. Je suis né à Londres et ma mère habite là-bas mais je ne vis plus avec elle depuis quelques mois, conflits d’intérêts. C’est une longue histoire, mais j’ai du passer dans notre ancien appartement pour récupérer certaines affaires qu’elle avait gardées et qui m’appartenaient, et j’ai trouvé une lettre. Une lettre que ma mère a écrite à ton père quand j’avais aux alentours de dix ans. Pour lui annoncer qu’il avait un fils, et qu’elle avait l’intention de lui réclamer de l’argent. Ca coïncide avec le moment où ton père a commencé à devenir vraiment célèbre, non pas que je suive l’actualité de ses comédies musicales mais je me suis renseigné avant de venir, et le moment aussi où ses ressources financières ont commencé à être un peu moins florissantes. Ma mère m’a toujours dit que mon père était mort quand j’étais bébé. » Je me laisse le temps d'assimiler toutes ces informations et reprends mon souffle par petites inspirations et expirations, le choc et le flot d'émotions et de pensées qui m'animent se ressentant physiquement. J'ai l'impression d'avoir visé juste et qu'il n'est pas très heureux de sa vie avec sa mère. Des ennuis financiers apparemment. Probablement pas que ça, les ennuis ont tendance à ne pas arriver seuls.

Ses mots viennent une nouvelle fois me tirer de mes digressions intérieures « Je n’attends rien de particulier, hein, et j’ai pas l’intention de bousculer votre vie. Je ne sais même pas vraiment pourquoi je suis venu. » Je secoue vivement la tête de gauche à droite et mes mains suivent le mouvement. Foutaises. J'ai passé un an à m'occuper d'enfants que je connaissais pas à l'autre bout du monde, je ne vais pas me désintéresser de ma propre famille. « Tu ne bouscules rien, enfin si, bien sûr, tu bouscules tout mais ce n'est pas une mauvaise chose. » Je crois que je me remets du choc initial et que ma pensée incessante se remet en marche. « Enfin, je veux dire, je ne vais pas te laisser t'en aller sur ces bonnes paroles et faire comme si tu n'existais pas. Tu es donc mon demi-frère, ma famille et je ne veux pas faire comme si ce n'était rien. J'en suis incapable. » Et c'est la pure vérité, je me connais, je ne peux pas le laisser s'envoler dans la nature maintenant. Il ne sait pas dans quoi il s'embarque le pauvre. « Il faut que tu parles à mon... notre père. Je ne sais honnêtement pas comment il réagira, mais il te ne laissera pas tomber. » Sachant que Papa n'est pas exactement connu pour sa douceur et sa délicatesse, qu'il est enclin à s'emporter et à ne pas croire Lucas, j'ajoute dans un souffle, plus pour moi-même que pour lui « J'y veillerai. » Mon implication pour la cause de cet encore inconnu peut sembler disproportionnée, mais je ne suis pas du genre à laisser le temps et la vie me filer entre les doigts. Il ne sert à rien de ressasser sans fin les propos du jeune homme, les faits sont là et le plus vite tout le monde les acceptera, le plus vite nous pourrons apprendre à vivre avec.

« Je veux le rencontrer mais Lia, je ne lui demande pas de me traiter comme son fils. Je ne suis pas un ado stupide qui recherche la paternité. » Je lève la tête vers lui, songeuse. Oui certes, il n'a peut-être pas envie d'avoir une toute nouvelle famille qui vienne envahir sa vie. Enfin, c'est tellement plus compliqué toute cette histoire. « J’ai une autre sœur, ma mère a eu une deuxième fille. » Oui, je peux comprendre qu'une ce soit suffisant, à ce qu'on m'a dit les soeurs peuvent être agaçantes. « Elle est dans le coma, dans une clinique de Londres. Je dois y être la majeure partie du temps au cas où elle se réveille, alors… je ne suis pas ici pour vous vivre dans les pattes. » Je reste abasourdie un moment, ne l'entendant qu'à peine s'excuse de l'onde de choc qu'il a créée. Je ne peux pas pas m'empêcher de penser que la vie a été sacrément vache avec ce pauvre garçon. Comment a-t-il pu en arriver à une telle situation? Si sa mère avait des ennuis, pourquoi n'a-t-elle pas contacter mon père? Et puis, pourquoi ne pas avoir dit la vérité dès le départ? Je songe un bref instant à quel point nos vies auraient pu être différentes. Dans un réflexe pioché je ne sais où, ma main s'empare doucement de celle de Lucas à travers la table et je la serre un moment. Que lui dire? Autant je suis ravie de l'accepter dans ma vie à bras ouverts et d'apprendre à mieux le connaître, autant cela ne change rien à la complexité et à l'injustice de cette situation. Je le regarde, tranquillement, comme cherchant des réponses dans ses yeux clairs. Je parviens finalement à lâcher sa main et à articuler quelques mots, en griffonnant sur une serviette en papier. « D'accord... Voilà mon numéro de téléphone, mon adresse ici et celle de mon père à Londres. Je ne t'oblige à rien bien sûr, prends le temps dont tu as besoin et n'hésite pas à me contacter, si tu as des questions ou envie de parler... » Je laisse ma phrase en suspens, ne sachant pas vraiment si c'est le bon moment pour vider ma tasse de thé et partir ou pour engager une conversation.

Il prend le papier que je lui tends et le glisse soigneusement dans son porte-feuille avant de répondre « Je t’appellerai. Je t’enverrai un message aussi, avec mon numéro. » J'opine du chef dans un parfait mimétisme du geste qu'il a fait il y a quelques instants. Je ne peux m'empêcher de sourire en repensant à ses petites mimiques et notamment cet art de froncer les sourcils et de gigoter le nez, qui me rappelle effectivement beaucoup mon père. Mais c'est peut-être moi qui voit des connections là où il n'y a que des gestes communs. Il se lève et glisse « J’espère qu’on se reverra vite. » avec un nouveau plissement de nez, que je ne peux pas avoir imaginé. Je me lève à mon tour et, possiblement stupidement, fais un pas vers lui pour le serrer dans mes bras. Il est considérablement plus grand que moi et j'ai l'air d'une petite fille s'agrippant à un parent sur le départ, mais j'ai besoin de me rassurer, d'être certaine que tout ceci est réel. Qu'il a bien été physiquement là pendant toute cette conversation. Je me détache finalement et lance « Oui, j'espère aussi, appelle-moi. » Je prends soin de partir dans la direction opposée à la sienne, ne sachant pas vraiment où je vais en vérité. Mais j'ai besoin de prendre un peu l'air et marcher dans les ruelles de la ville me fera le plus grand bien. Histoire que je me fasse à l'idée que j'ai un frère, une promenade ne devrait pas faire de mal.

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Destiny, my name is destiny ♦ LIA
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