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 What a lovely way with words, is that the way you see the world? - Leila

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MessageSujet: What a lovely way with words, is that the way you see the world? - Leila   What a lovely way with words, is that the way you see the world? - Leila Icon_minitimeSam 10 Mar - 17:01

Cela faisait bien trente minutes que je regardais régulièrement l'horloge au-dessus du bar qui allait bientôt indiquer la fin de mon service. Dans dix minutes il serait minuit et je pourrais enfin arrêter d'être serveuse et redevenir une simple cliente. Je soupirais. Le Carling, un samedi soir, à cette heure-ci... L'enfer, il n'y avait pas d'autre mot. Je ne prenais jamais les soirs de weekend d'habitude, préférant travailler gentiment en semaine car même s'il y avait moins de client c'était aussi beaucoup moins fatiguant et beaucoup plus agréable. Et puis en semaine la moyenne d'âge des consommateurs augmentait considérablement. Ce soir, comme tous les samedis soir, une grande partie des jeunes d'Oxford s'était donné rendez-vous ici. Je ne savais pas comment faisait Dénys pour regarder tout le monde boire verre sur verre et continuer à travailler avec toujours le même entrain et le sourire aux lèvres. En semaine j'acceptais de le faire et j'aimais bien ce boulot mais ce soir j'avais plus envie de consommer que de servir. « Dans exactement 5 minutes tu pourras me servir une Tequila Sunrise s'il te plaiiiiiiit Dénys ? » Je regardais mon cousin avec une tête mi-de martyr mi-de petite fille sage qui mérite une récompense après un long et laborieux travail. Je fis un dernier tour dans la salle histoire de finir mon service en beauté (pas question de bâclé mon boulot même si je ne faisais qu'un simple remplacement ce soir) et alla m'asseoir du côté client du bar et dit à Dénys en prenant la consommation qu'il me tendait : « On est tellement mieux de ce côté-là ! ». J’allais maintenant attendre que Leila finisse sa prestation sur scène pour lui proposer de lui payer un verre. Elle avait mis le feu au Carling pendant environ une heure et j'étais persuadée qu'elle devait être dans le même état de fatigue que moi, si ce n'était plus ! Elle descendit enfin de scène et vint me rejoindre directement au bar en lançant joyeusement : « Alors ? Heureuse d'avoir fini ton service ? D'où j'étais, tu m'apparaissais partiellement agacée de travailler un soir comme celui-ci. Enfin, tu n'as pas perdu de temps » tandis qu'elle s'asseyait à mes côtés. « Grand Dieu, si tu savais ! Le samedi c'est décidémment vraiment la folie. Il faut avoir le talent, le courage et la patience de Dénys pour arriver à gérer ça calmement ! » Et j'étais loin d'avoir toutes ces qualités, même avec la meilleure volonté du monde. « Ça fait deux heures que je rêve de ce cocktail, je le savoure vraiment !! » ajoutais-je en rigolant. J'étais heureuse de passer le reste de la soirée avec Leila que je ne connaissais finalement pas si bien que ça. Elle avait été une des premières personnes dont j'avais fait la connaissance par moi-même en arrivant à Oxford. Evidemment, Rose et Lucy m'avait gentiment présentée et intégrée dans leur cercle d'amis mais Leila suivait les mêmes cours de photos que moi et j'avais tout de suite trouvé que c'était une fille tout à fait agréable avec laquelle je pourrais et voulais très bien m'entendre. Elle m'inspirait confiance, et ce depuis que je l'avais rencontrée à l'université. Elle faisait partie, comme la moitié d'Oxford, des habitués du Carling en tant que cliente et chanteuse et mon petit boulot de serveuse m'avait permis de passer plus de temps avec elle ces derniers temps. « Dis donc tu étais incroyable sur scène ! Une vraie star, d'où tu tiens ça ? » Oui, je restais fascinée par tous ces artistes autour de moi... Lucy qui avait tout pour elle, la voix, la prestance sur scène et Chandler avec le groupe qu'il avait formé avec Jason... La musique n'était vraiment pas mon truc, mais j'admirais ceux qui avaient vraiment du talent pour ça ! « Une vraie star, une vraie star, je pense que tu pousses un peu, mais merci. Ravie que tu aies aimé » dit-elle en rigolant. « Quant à savoir d'où me viennent ses capacités, honnêtement, je n'en ai aucune idée. Ma mère était mannequin, mon père homme d'affaire, alors... Disons simplement que j'ai commencé la musique très jeune et, que je me suis toujours plus ou moins débrouillée! Piano, violon, guitare, chant, composition... je crois bien que j'ai tout essayé ! Mais et toi ? D'où te vient cette curiosité ? » Une mère mannequin et un père homme d’affaire ? A bien y réfléchir ça se voyait dans sa façon d’être, elle était du genre déterminée, cela ne faisait aucun doute ! « Ben dis donc t’as pas perdu de temps ! Je suis déjà incapable de chanter correctement sous la douche alors jouer d’un instrument haha ! Non c’est vraiment pas mon truc. » Je m’imaginais pendant deux secondes devant un piano ou une guitare à la main. L’image était plutôt comique à vrai dire. « Je suis curieuse de nature, c’est grave hein, ça en devient maladif ! » Je sirote mon verre tout en parlant. « Non en fait j’aime bien connaître les gens du coin, d’Oxford je veux dire. Je suis arrivée de Londres au début de l’année et c’était comme un grand saut vers l’inconnu ! C’était bizarre au début de pas connaitre grand monde mais on s’habitue vite ! » Lalalala, je déteste raconter ma vie, ça m’apprendra à poser des questions ! « Tu viens d’où toi ? » Et hop la, magnifique déviation du sujet ! « Je suis originaire d’Égypte. J'ai grandi au Caire. Je suis arrivée à Oxford à l'âge de 14 ans. J'ai eu du mal à m'y faire au début, c'est clair que c'était un gros changement, mais au final j'aime ma vie ici. Même si j'ai parfois le mal du pays. Et toi ? Tu te plais ici ? » Je ne pus m’empêcher de rigoler un peu. Cette conversation ressemblait à un match de tennis, les questions réponses s’alternaient très rapidement. « Ouais c’est cool ! » Bon, autant y aller carrément ! « Je connaissais Rose en fait, donc je me suis installée chez elle au début et là je viens juste d’emménager chez Bonnie. » Bonjour, je suis une grosse squatteuse ! « J’avais besoin de changer un peu d’air et… Finalement ça fait du bien ! Et tu retournes en Egypte de temps en temps ? T’as de la famille qui est restée là-bas ? » J'avais conscience d'être quelque peu indiscrète et la dernière chose que je voulais était de mettre Leila mal à l'aise. J'eus très envie de m'excuser pour ma question, lui dire qu'elle n'était pas obligée de répondre et me fondre en excuse comme je sais si bien le faire mais elle me devança : « Je n'y suis pas allée depuis un petit moment, maintenant. La famille de ma mère y vit toujours, mais je doute qu'ils aient réellement... envie de me voir rentrer » Mince mince mince mince mince. Bravo Gem. Ça m'apprendra, la prochaine fois je me mêlerai de mes propres affaires au lieu de remuer sans le vouloir le couteau dans la plaie en faisant ressurgir des vieux souvenirs apparemment pas très agréables. Pendant un instant je ne sus quoi répondre et baissai les yeux sur mon verre maintenant vide. « Et ça se passe bien la vie en collocation, sinon? » Je la remerciai intérieurement d'avoir changé de sujet et répondis aussitôt : « Oui, c'est chouette, c'est... Bonnie est adorable alors c'est parfait ! » Je souris maladroitement pour cacher la gêne qui s'était emparée de moi -par ma faute soit dit en passant- et interpellai Dénys en lui désignant mon verre. « La même chose s'il te plait. » Après m'être mangé l'intérieur des lèvres en cherchant timidement comment faire oublier ma petite gaffe, je décidai de faire tout l'inverse et dis avec une voix douce : « Je suis désolée Leila si... Enfin, je sais pas ce qui s'est passé mais si tu as besoin d'en parler tu peux. » Je regrettai tout de suite d'avoir prononcé cette phrase et essaya de me rattraper. « Enfin ça fait du bien de se confier parfois et… Moi ça m’a fait du bien, donc, enfin bref voilà. » J’avais peur d’avoir quelque peu plombé l’ambiance de la soirée mais Leila eu une réaction tout à fait étonnante et plutôt agréable. « Désolée ? Mais de quoi Gemma? De t'être montrée indiscrète ? D'avoir ravivé de mauvais souvenirs? Et alors? Ce n'était pas volontaire. Et puis, tu ne pouvais pas prévoir que tes questions me mettraient mal à l'aise. Après tout, on ne se connaît pas tant que ça. Je ne t'en veux pas, rassure-toi! Quant à mon histoire, crois-moi, tu n'as aucune envie d'entendre ça » Elle finit son verre et demanda au serveur de la resservir. J’étais dans un sens soulagée qu’elle ne soit pas vexée de mon impolitesse involontaire mais en même temps intriguée par son passé qui semblait être douloureux. Pas par curiosité mais par humanité, je me sentais mal de savoir que cette si gentille fille avec qui je prenais un verre n’avais pas eu une vie très rose. « Je suis désolée quand même, je m’excuse pour tout et n’importe quoi, faut pas vraiment faire attention mais la… C’est pas trop grave au moins ? » Je m’en voulais de poser toutes ces questions, mais au moins je saurais à quoi m’attendre une prochaine fois et ça m’évitera de gaffer encore et encore. « Pour faire court, disons que j'ai plutôt mal supporté de venir vivre en Angleterre. Mon père nous l'a imposé, pour prendre en charge ma demi-sœur, dont j'ignorai alors jusqu'à l'existence. A partir de là, j'ai commencé à faire n'importe quoi; drogues, sexe de manières abusives et, j'en passe » Je souris pour lui faire comprendre que je la comprenais et que j’étais prête à tout entendre, je n’étais pas ici pour juger qui que ce soit. Je n’avais imaginé que Leila ai pu être différente avant, elle semblait tellement naturelle… « Je suis plutôt du genre volage et impulsive. Je ne réfléchis pas toujours à ce que je fais et, on me dit souvent que je ne pense qu'à moi. Ceci explique peut-être pourquoi j'ai eu une liaison avec le mari de ma demi-sœur et, donné naissance à son fils » J’encaissai cet aveu en silence. Je m’étais imaginé beaucoup de chose mais pas ça… Alors oui, elle en avait fait du chemin pour en arriver jusque-là ! Parler avec des gens qui ont un passé aussi douloureux que celui de Leila me fait toujours relativiser sur mes propres problèmes. Mais j’avais tout à fait conscience que la petite altercation que j’avais eu il y a quelques moi de cela avec ma mère n’était pas très importante par rapport à ce que vivaient certaines personne. C’était aussi pour cela que je ne me considérais pas comme ayant réellement des problèmes. Leila finit son verre d’une traite et appela Dénys : « je pense que l'on va avoir besoin d'une bouteille entière! » Il remplit nos deux verres encore une fois et je m’empressai de porter la boisson à mes lèvres. « Oh Leila je sais pas quoi te dire, c’est… C’est étonnant… Enfin venant de toi, je t’avoue que je ne m’attendais pas du tout à ça ! Et hum… On peut très bien arrêter d’en parler tout de suite mais sinon… Tu en as fait quoi de l’enfant ? » Au point où en était autant aller jusqu’au bout. Au moins je serais fixée, je connaitrai l’histoire en entier et n’aurais pas à me poser sans cesse des questions. De mon point de vue c’était plus honnête de tout lui demander d’un coup et ne plus en parler après. « Euh... » Je sentis qu’elle hésitait. « Mes parents, vois-tu, n'ont pas vraiment accepté cette grossesse. Ils avaient d'ailleurs tellement peurs d'être montrés du doigt, qu'ils m'ont envoyé la mener à bien chez mes grands-parents paternels, en Espagne. L’Égypte étant inenvisageable de toute façon, compte tenu de nos, enfin de leurs croyances. Bien sûr, j'avais les moyens financiers de le prendre en charge, mais je n'étais pas prête. Trop jeune, trop irresponsable, dans le même temps. C'est un couple espagnol qui a adopté Liam. Mes grands-parents les connaissaient bien et, je les avais également rencontré un couple de fois. Cela a rendu les choses un peu plus faciles, je crois » L’histoire terminée, je bus la fin de mon verre avant de le reposer un peu trop violement sur le trottoir. Ma tête commençait sérieusement à tourner, sûrement à cause du dernier verre. « Je t’offre un autre verre pour digérer un peu tout ça. » Je fis un signe de tête à Dénys qui remplit presque machinalement nos verres non sans m’avoir lancé son regard réprobateur qui voulait, je le savais très bien, dire « Fais gaffe à toi Gem. » Je bus une gorgée de ce nouveau cocktail et dit à Leila « Tu l’as revu Liam ? NON. NON. STOP. Parlons d’autre chose, je voulais pas te faire autant parler de ça, excuse-moi ! » Mes questions n’avaient pas eu l’air de tant la déranger que ça. « Ça va, t'en fais pas » Elle posa une main sur mon épaule, ce qui eu automatiquement le don de me rassurer. « Et pour te répondre, non. Je n'ai pas revu Liam. J'en ai eu l'occasion, d'ailleurs ma grand-mère n'arrête pas de me tanner avec ça, mais j'en sais rien, je peux pas. Je me dis qu'au moment-même où je verrais son visage, je n'aurai qu'une envie: le ramener avec moi. Or, Liam n'est plus à moi. Ce n'est plus mon fils, donc... » J’encaissai une nouvelle fois les aveux de Leila. Je comprenais parfaitement son choix. Impossible de m’imaginer ce que j’aurais fait à sa place mais sa réaction était absolument humaine. Il fallait avoir beaucoup de courage pour faire et penser ce qu’elle venait de ma dire. Si elle était restée sereine tout le temps de son discours, je sentis qu’elle était presque à bout et que parler lui faisait du mal. Ses yeux se remplirent de larmes et se battait pour ne pas les laisser couler. « Excuse-moi. Je suis rarement aussi émotive. C'est juste que j'ai pas l'habitude de parler de ça et puis, l'alcool commence à faire son effet je crois » Je me levai de mon tabouret pour la prendre dans mes bras. « T’excuse pas, je comprends tout à fait. Ça fait du bien de laisser sortir tout ça mais on peut s’arrêter le pour ce soir ! » Je m’écartai d’elle et lui souris gentiment. « C’est dur ce qui t’es arrivé mais je pense que tu as eu une réaction très mature et exemplaire. » Je bus encore une gorgée de mon cocktail. « Et l’alcool fait carrément effet… » Elle leva son verre et me dit dans un sourire : « Oui ! A la tienne! Et, merci de m'avoir écouté. Ce n'est pas un sujet que j'ai l'habitude d'aborder. Compte tenu des circonstances, c'est pas quelque chose dont je sois autorisée à parler chez mes parents. Et comme ça fait souffrir ma sœur, je préfère éviter de me confier à elle. Néanmoins, je me vois forcée de constater que ça m'a fait du bien, alors merci. Mais ce serait pas mal si on parlait de quelque chose de plus gai maintenant. Et qu'on se limitait un peu sur l'alcool aussi » Je lui souris à mon tour, prête à contester mais je ne pus que remarquer que mon cerveau marchait un peu au ralenti… Avant que je dise quoi que ce soit, elle se pencha à mon oreille pour me murmurer : « Je ne voudrais pas subir les foudres de ce cher Dénys, tu comprends? ». J’explosai de rire automatiquement. Il fallait dire qu’après un verre ou deux je trouvais un rien absolument hilarant. « Baaaaaaaaah ! Dénys va arrêter de nous servir de toute façon, il culpabilise trop sinon ! » Après avoir entendu toute l’histoire de Leila, il était dur de changer innocemment de sujet. Mais il le fallait ! « Ce que j’ai bien aimé chez toi, tout de suite, ça a été tes photos ! Et ça ne peut pas mentir, je me suis dit ‘Avec un tel coup d’œil, cette fille est forcément quelqu’un de bien !’ » Un jour j’arrêterai de boire un coup de trop ! « Et bien! Merci Gemma. Mais si tu continus comme ça, je vais bientôt me sentir à l'étroit dans mes chaussures, tu sais » dit-elle en reprenant gentiment mon lamentable changement de sujet. « Il faudrait aussi que tu me montres tes photos à l'occasion. On pourrait même se faire des petites séances ensemble. Après tout ce n'est pas juste. Aussi loin que je m'en souvienne, je n'ai jamais vu ton travail moi! » Je souris timidement et tente un geste flou de la main pour signifier un « ce n’est pas graaaaaaaaave ». J’ai tout de même un peu mal à la tête. Sans être complètement bourrée, je suis un peu plus que pompette. Il est grand temps de rentrer si je veux avoir la force de me lever demain matin à une heure décente. « Tu sais quoi ? Je te laisse mon numéro de téléphone et on se prend un café dans la semaine ou je te montrerai quelques-uns de mes derniers tirages ! » Je descends, non sans peine du haut tabouret du bar et lui dis avec un clin d’œil : « De toute façon on se voit en cours lundi ! Ça m’a fait plaisir de passé la soirée avec toi mais là il ne faut pas que je tarde à rentrer, je me souviens encore de mon adresse mais je ne sais pas pour combien de temps ! »



Dernière édition par Gemma H. Thompson le Lun 30 Juil - 13:14, édité 12 fois
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MessageSujet: Re: What a lovely way with words, is that the way you see the world? - Leila   What a lovely way with words, is that the way you see the world? - Leila Icon_minitimeSam 17 Mar - 17:17

Samedi soir, 23h50. Le Carling était bondé. Les trois quarts de la jeunesse d'Oxford s'y étaient retrouvés et, ils étaient déjà sacrément alcoolisés. Je ne serais pourtant pas celle qui viendrait les en blâmer. D'abord, parce que j'étais pompier réserviste, non pas policier. Ensuite parce que je n'étais pas en service et, que je ne faisais pas mieux de mon côté quand j'avais décidé de festoyer. Enfin parce que pour l'heure, j'avais d'autres choses auxquelles penser. Sur scène, il n'y avait que moi. Moi et ma guitare. Comme d'habitude, quoi. Pas de choristes, pas de batterie, ni de basse. Aucune fioriture, je détestais tout ça. C'était juste moi. Ma musique. Mes compos et, un public pour apprécier - ou non- ma prestation. Parce que c'était comme ça que ça fonctionnait. Soit ils aimaient et Dénys me rappellerait -une nouvelle fois-, soit ils n'aimaient pas et, je n'avais plus qu'à plier bagage. Mais au final, je m'en fichais pas mal. J'aimais la musique, j'étais douée pour ça je crois, mais ce n'était pas ma vocation principale. Je rebondirais tel un chat, sur mes pattes. Quoi qu'il arrive, je me relevais toujours alors à quoi bon m'en faire pour ça? 00h00. J'avais chanté pendant plus d'une heure et, c'est avec un certain plaisir que je saluais mon public, disparaissant sous leurs applaudissements enjoués et, les quelques sifflements grossiers de trois types ivres. Posant ma guitare dans ce qu'on pourrait communément appeler 'les coulisses', je rejoignais ensuite la boîte, redevenant ainsi une cliente lambda pour mon plus grand plaisir. Gemma avait elle aussi fini son service et, elle me fit signe de la rejoindre tandis qu'elle discutait brièvement avec Dénys. Lui souriant, j'ajoutais alors à l'intention de la miss « Alors ? Heureuse d'avoir fini ton service ? D'où j'étais, tu m'apparaissais partiellement agacée de travailler un soir comme celui-ci. Enfin, tu n'as pas perdu de temps » concluais-je amusée, en jetant un bref coup d’œil au verre de téquila qu'elle avait commandé. « Grand Dieu, si tu savais ! Le samedi c'est décidément vraiment la folie. Il faut avoir le talent, le courage et la patience de Dénys pour arriver à gérer ça calmement ! Ça fait deux heures que je rêve de ce cocktail, je le savoure vraiment !! » répliqua-t-elle, tandis que nous nous amusions toutes les deux de sa remarque. En même temps, Gemma avait toujours le mot pour rire, qu'on se le dise. Puis et, une fois que nous eûmes retrouvés nos esprits, je commandais à mon tour quelque chose à boire. « Comme d'habitude » m'étais-je contentée de lancer à Dénys, qui disparut aussitôt pour me préparer tout ça. Gemma toujours aussi bavarde quant à elle, continuait de blablater tout sourire, en profitant pour me complimenter sur ma prestation scénique. « Dis donc tu étais incroyable sur scène ! Une vraie star, d'où tu tiens ça ? » Oui, bon d'accord, j'étais très flattée, mais il ne fallait tout de même pas exagérer. « Une vraie star, une vraie star, je pense que tu pousses un peu, mais merci. Ravie que tu aies aimé » répondis-je, en lui lançant un petit coup d'épaule, amusée. « Quant à savoir d'où me viennent ses capacités, honnêtement, je n'en ai aucune idée. Ma mère était mannequin, mon père homme d'affaire, alors... Disons simplement que j'ai commencé la musique très jeune et, que je me suis toujours plus ou moins débrouillée » Leila Fernandez jouant les modestes?! Quelle nouveauté ! « Piano, violon, guitare, chant, composition... je crois bien que j'ai tout essayé! Mais et toi ? D'où te vient cette curiosité ? » Bien sûr, je la taquinais.« Ben dis donc t'as pas perdu de temps ! Je suis déjà incapable de chanter correctement sous la douche alors jouer d'un instrument haha ! Non c'est vraiment pas mon truc. » dit-elle en riant, s'imaginant probablement la scène. Il est vrai qu'au premier abord, je ne la voyais pas réellement en tant que musicienne, mais après tout sait-on jamais? « Je suis curieuse de nature, c'est grave hein, ça en devient maladif ! Non en fait j'aime bien connaître les gens du coin, d'Oxford je veux dire. Je suis arrivée de Londres au début de l'année et c'était comme un grand saut vers l'inconnu ! C'était bizarre au début de pas connaitre grand monde mais on s'habitue vite ! » poursuivit-elle tout en sirotant son verre, m'en disant un peu plus sur sa vie dans le même temps. Remarquez c'était de bonne guerre, puisqu'elle n'avait de cesse de me questionner sur mes origines. « Tu viens d'où toi ? » Elle n'allait tout de même pas tout savoir et ne rien payer! « Je suis originaire d’Égypte. J'ai grandi au Caire » répondis-je en buvant une gorgée à mon tour « Je suis arrivée à Oxford à l'âge de 14 ans. J'ai eu du mal à m'y faire au début, c'est clair que c'était un gros changement, mais au final j'aime ma vie ici. Même si j'ai parfois le mal du pays. Et toi ? Tu te plais ici ? » . « Ouais c'est cool! » répliqua-t-elle d'un air enjoué, avant de continuer sur sa lancée. « Je connaissais Rose en fait, donc je me suis installée chez elle au début et là je viens d'emménager chez Bonnie. J'avais besoin de changer un peu d'air et... Finalement ça fait du bien ! » Moi qui pensais stopper là cette conversation embarrassante en jouant de l'effet boomerang, faut croire que j'avais plutôt mal élaboré mon plan. « Et tu retournes en Égypte de temps en temps? T'as de la famille qui est restée là-bas? » Nous y voilà, enfin. C'est à ce moment-là que nous en venions aux petites confidences, n'est-ce pas? Un verre à la main et, à l'abri des écoutes indiscrètes le climat était propice à la confession pourtant, je n'avais jamais aimé parler de moi et je doutais alors que Gemma, aussi sympathique soit-elle ait réellement envie d'être confrontée à mes drames familiales. « Je n'y suis pas allée depuis un petit moment, maintenant. La famille de ma mère y vit toujours, mais je doute qu'ils aient réellement... envie de me voir rentrer » bafouillais-je en terminant mon verre d'une traite, en demandant un second dans la foulée. Après la manière dont j'avais "déshonoré" la famille, je ne pouvais pas les blâmer, mais je n'en sais rien, je les trouvais tout de même un peu injustes et hypocrites de réagir comme ils le faisaient. Surtout que mes grands-parents et mes oncles ne m'avaient rien dit directement, mais j'avais déjà surpris quelques-unes de leurs conversations avec ma mère et, on ne pouvait pas dire qu'en ce qui me concernait ils étaient très cléments. « Et ça se passe bien la vie en collocation, sinon? » Changer de sujet, encore et toujours. Moyen comme un autre de cacher mon malaise après tout. « Oui, c'est chouette, c'est... Bonnie est adorable alors c'est parfait! » bafouilla-t-elle gênée, avant d'interpeller le barman et de lui demander en désignant son verre « la même chose s'il te plaît ». Quand je vous disais qu'elle n'avait pas réellement envie d'être confrontée à mes drames familiaux, vous comprenez mieux maintenant? Si le simple fait que ma voix se serre et que j'élude le sujet la rendait mal à l'aise, alors j'osai à peine imaginer comment elle réagirait, ce qu'elle dirait, si toutefois elle apprenait pour Ethan et Liam. Gênée, elle se mordit alors la lèvre un petit moment tandis que je l'observai, silencieuse. Puis elle continua sur sa lancée, se confondant en excuses ou quelque chose qui y ressemblait. « Je suis désolée Leila si... Enfin, je sais pas ce qui s'est passé mais si tu as besoin d'en parler tu peux. Enfin ça fait du bien de se confier parfois et... Moi ça m'a fait du bien, donc, enfin bref voilà. » Amusée, je laissai alors échapper un rire discret « Désolée ? Mais de quoi Gemma? De t'être montrée indiscrète ? D'avoir ravivé de mauvais souvenirs? Et alors? Ce n'était pas volontaire. Et puis, tu ne pouvais pas prévoir que tes questions me mettraient mal à l'aise. Après tout, on ne se connaît pas tant que ça. Je ne t'en veux pas, rassure-toi! » dis-je en souriant. « Quant à mon histoire, crois-moi, tu n'as aucune envie d'entendre ça » annonçai-je l'air grave, avant de finir mon verre d'une traite. « Un autre! » quémandai-je ensuite, un sourire maladroit au bord des lèvres. « Je suis désolée quand même, je m'excuse pour tout et n'importe quoi, faut pas vraiment faire attention mais la... C'est pas trop grave au moins ? » demanda-t-elle, timidement. « Tout dépend ce que tu entends par grave, en fait » répondis-je du tac au tac. Réalisant qu'elle ne lâcherait probablement pas l'affaire, je décidais de me dévoiler un semblant. De toute manière, Gemma n'avait pas l'air d'être le genre de fille à colporter des ragots et tout ce qui s'en suit. J'avais l'étrange impression que je pouvais lui faire confiance, ce qui était plutôt rare chez moi. Particulièrement si l'on prenait en compte le fait que je n'avais que de très rares amies. « Pour faire court, disons que j'ai plutôt mal supporté de venir vivre en Angleterre. Mon père nous l'a imposé, pour prendre en charge ma demi-sœur, dont j'ignorai alors jusqu'à l'existence. A partir de là, j'ai commencé à faire n'importe quoi; drogues, sexe de manières abusives et, j'en passe » Remarquant qu'un type éméché nous écoutait, je le fusillai du regard l'incitant à s'éloigner. Puis je reprenais là où je m'étais arrêtée « Je suis plutôt du genre volage et impulsive. Je ne réfléchis pas toujours à ce que je fais et, on me dit souvent que je ne pense qu'à moi. Ceci explique peut-être pourquoi j'ai eu une liaison avec le mari de ma demi-sœur et, donné naissance à son fils » concluais-je, mal à l'aise, en m'enfilant un autre verre. « Dénys ! » appelais-je « je pense que l'on va avoir besoin d'une bouteille entière! ». Bien que Gemma me soit tout à fait sympathique, je réalisais aussi que l'alcool commençait à faire son effet, auquel cas je ne me serais jamais confiée de la sorte. Note à moi-même: ne jamais commencer à boire le ventre vide. Elle se saisit de son verre et le porta à ses lèvres, encore sous le choc de ma révélation. Puis elle retrouva ses esprits et poursuivit: « Oh Leila je sais pas quoi te dire, c'est... C'est étonnant... Enfin venant de toi, je t'avoue que je ne m'attendais pas du tout à ça ! Et hum... On peut très bien arrêter d'en parler tout de suite mais sinon... Tu en as fait quoi de l'enfant ? ». Arrêter d'en parler maintenant n'y changerai pas grand-chose, pensai-je alors. Puis je m'attendais à cette question. « Euh... » bafouillai-je, à la recherche d'une manière simple et précise de lui expliquer la chose « mes parents, vois-tu, n'ont pas vraiment accepté cette grossesse. Ils avaient d'ailleurs tellement peurs d'être montré du doigt, qu'ils m'ont envoyé la mener à bien chez mes grands-parents paternels, en Espagne. L’Égypte étant inenvisageable de toute façon, compte tenu de nos, enfin de leurs croyances. Bien sûr, j'avais les moyens financiers de le prendre en charge, mais je n'étais pas prête. Trop jeune, trop irresponsable, dans le même temps. C'est un couple espagnol qui a adopté Liam. Mes grands-parents les connaissaient bien et, je les avais également rencontré un couple de fois. Cela a rendu les choses un peu plus faciles, je crois » En vérité ? Connaître ce couple ne m'avait été d'aucun réconfort. C'était la vie de mon fils que je leur avais confié, de ce petit être qui neuf mois durant en moi c'était développé. Nécessairement, ça avait été une déchirure de m'en séparer. « Je t'offre un autre verre pour digérer un peu tout ça » s'exclama-t-elle après avoir terminé le sien. Amusée, je regardai donc Dénys nous servir, ne pouvant m'empêcher de remarquer le regard réprobateur qu'il me lançait. Non, mais dis-donc, Gemma était une grande fille, ce n'était tout de même pas ma faute si elle enchaînait les cocktails?! En plus de ça c'était de notre âge, il paraît! Entamant déjà son nouveau verre, elle ajouta alors : « Tu l'as revu Liam ? NON. NON. STOP. Parlons d'autre chose, je voulais pas te faire autant parler de ça, excuse-moi ! ». A ces mots, je ne pus m'empêcher de laisser échapper un rire discret. « Ça va, t'en fais pas » répliquai-je en posant une main amicale sur son épaule « Et pour te répondre, non. Je n'ai pas revu Liam. J'en ai eu l'occasion, d'ailleurs ma grand-mère n'arrête pas de me tanner avec ça, mais j'en sais rien, je peux pas. Je me dis qu'au moment-même où je verrais son visage, je n'aurai qu'une envie: le ramener avec moi. Or, Liam n'est plus à moi. Ce n'est plus mon fils, donc... ». Sentant les larmes me monter aux yeux, je me pinçais brièvement l'arrête nasale, avant de reprendre confuse « Excuse-moi. Je suis rarement aussi émotive. C'est juste que j'ai pas l'habitude de parler de ça et puis, l'alcool commence à faire son effet je crois ». Maintenant, on pouvait changer de sujet, n'est-ce pas? Elle se leva alors et me serra dans ses bras. Touchée, je lui adressai un sourire timide tandis qu'elle s'écartait de moi et ajoutait « T'excuse pas, je comprends tout à fait. Ça fait du bien de laisser sortir tout ça mais on peut s'arrêter la pour ce soir ! C'est dur ce qui t'es arrivé mais je pense que tu as eu une réaction très mature et exemplaire. » Disons plutôt que je n'avais pas eu le choix. Si seulement Liam avait eu un père, enfin si seulement ce dernier m'aimait et était resté près de moi, alors peut-être que le petit vivrait avec moi. Mais ce qui était fait était fait, n'est-ce pas? « Et l'alcool fait carrément effet... » reprit-elle quelques secondes plus tard, en buvant une gorgée de son cocktail. Amusée, je levai alors mon verre vers elle, avant de lâcher « Oui ! A la tienne! Et, merci de m'avoir écouté. Ce n'est pas un sujet que j'ai l'habitude d'aborder. Compte tenu des circonstances, c'est pas quelque chose dont je sois autorisée à parler chez mes parents. Et comme ça fait souffrir ma sœur, je préfère éviter de me confier à elle. Néanmoins, je me vois forcée de constater que ça m'a fait du bien, alors merci. Mais ce serait pas mal si on parlait de quelque chose de plus gai maintenant. Et qu'on se limitait un peu sur l'alcool aussi » dis-je avant de lui glisser à l'oreille « Je ne voudrais pas subir les foudres de ce cher Dénys, tu comprends? ».

A ces mots, elle explosa de rire. « Baaaaaaaaah ! Dénys va arrêter de nous servir de toute façon, il culpabilise trop sinon ! » Pas faux. Il n'empêche qu'il avait l'air de me tenir pour responsable du niveau d'ébriété de Gemma. « Ce que j'ai bien aimé chez toi, tout de suite, ça a été tes photos ! Et ça ne peut pas mentir, je me suis dit 'Avec un tel coup d'oeil, cette fille est forcément quelqu'un de bien !' » s'exclama-t-elle quelques secondes plus tard, toujours aussi enjouée. Okay. Pourquoi pas? Bien sûr elle passait du coq à l'âne, mais après tout j'avais demandé à ce qu'on change de sujet donc: soit! « Et bien! Merci Gemma. Mais si tu continus comme ça, je vais bientôt me sentir à l'étroit dans mes chaussures, tu sais » dis-je, dans un rire. « Il faudrait aussi que tu me montres tes photos à l'occasion. On pourrait même se faire des petites séances ensemble. Après tout ce n'est pas juste. Aussi loin que je m'en souvienne, je n'ai jamais vu ton travail moi! ».

uc.
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