Et voilà. Je me retrouve encore une fois en terre inconnue à mon réveil. Malgré un léger mal de crane, je me rappelle avec une étonnante précision de la soirée d'hier et je ne suis finalement pas très surpris de partager le lit de l'homme qui m'a offert un bon nombre de verre. Il faut vraiment que je me calme avec ça. L'excuse de la recherche d'identité sexuelle ne tient plus, même vis-à-vis de moi-même. Jeune et con pourquoi pas mais il y a des limites. Le problème c'est que les limites je les ai franchies et dépassées depuis longtemps. Maintenant, même en me retournant et en essayant de voir le plus loin possible je les distingue à peine et les oublie parfois complètement. Après être resté allongé sur le dos, les yeux ouverts, rivés au plafond dans ce lit qui n'est pas le mien et esquissé quelques sourires en souvenir de la folle nuit que je viens de passer, je décide de me lever sans réveiller mon « hôte » encore endormi et part à la recherche de la salle de bain. L'appartement est agréable, le coquin doit foutrement bien gagner sa vie. C'est le genre de lieu typique qu'un homme comblé de 30 ans peut rêver d'avoir. Mais un homme comblé ne ramène un jeunot comme moi chez lui pour passer la nuit. La douche me fait du bien et me remet un peu en forme après cette nuit mouvementée. Je souris à mon reflet dans le miroir au-dessus du lavabo. «
Bonne pioche Evan, bien joué ! » En enfilant mon jean je passe nonchalamment la main dans la poche arrière qui se trouve être vide. Et merde ! Bien, très bien, je n'ai pas argent sur moi. Je n'ai aucune idée d'où je me trouve dans Londres mais avec la chance que j'ai c'est certainement très loin de chez moi. Et l'heure tourne. Il est grand temps de rentrer avant que mon père commence à s'inquiéter. Le plus simple -et le plus rapide- serait de prendre un taxi, mais sans argent ça rend la tâche un peu compliquée. Je reste pensif un instant... Et puis mince au point où j'en suis, autant pousser le bouchon jusqu'au bout, quitte à aller encore une fois trop loin. Je retourne dans la chambre et retrouve Luke qui n'a pas quitté le lit. La seule différence avec tout à l'heure c'est qu'il est réveillé et qu'il a les yeux fixé sur moi. Il esquisse un sourire satisfait et je détourne machinalement le regard pour partir à la recherche de mon T-shirt. Je brise le silence pesant qui commençaient à s'installer en demandant sans le regarder : «
Tu aurais 30 £ à me passer ? » Je vois sur son visage qu'il est d'abord surpris mais un fou rire le prend assez rapidement et il se redresse sur un coude pour me répondre : «
Ah parce qu'il faut que je te paye pour cette nuit ? » Quel con. En voyant mon air exaspéré il se reprend «
Oula, te vexes pas. T'étais très bien, je t'avoue que j'avais un peu peur d'être déçu mais que nenni ! C'est vrai que tu mérites une récompense, mais on peut peut-être s'arranger autrement. » Je le regarde hébété. Ma demande lui fait un effet pas possible, il prend un malin plaisir à se foutre de moi et même en sortant du lit il n'a pas perdu son humour de la veille. Mais là, maintenant, tout de suite ça ne me fait plus rire. En temps normal je serais rentré dans son jeu. Cet homme, cette répartie, c'est tout ce qui me plait. J'ai déjà eu à faire à des types comme lui et inutile de dire qu'à chaque foi j'ai pris mon pied. Mais je me dois d'être sérieux deux minutes. «
J'ai juste besoin d'un peu de fric pour un taxi. » Il semble se calmer un petit peu mais tout est relatif, il a toujours ce sourire insupportable sur le visage. Il se redresse complètement, de façon à être maintenant assis et adossé contre le mur. «
T'es sûrement loin de chez toi. » dit-il en répondant à la question qui est restée muette mais que je me pose depuis tout à l'heure. «
T'as une petite bouille trop clean pour venir d'ici. » Il me fixe toujours et allume une cigarette. Je n'aime pas ça. Cette tentative de psychanalyse me rend fou et s'il faut que je repasse par la case lit pour le faire taire et lui enlever ce satané sourire du visage je le ferais, ce qui pourrait aussi accessoirement me permettre d'avoir un peu d'argent pour rentrer. Il me jauge un peu du regard. «
T'as raison, traine pas trop, papamaman vont s'inquiéter. » Je réplique en essayant de garder mon calme : «
C'est ce qui arrive quand on les prend au berceau hein ! » Décidemment, pour lui j'avais atteint un niveau d'hilarité tout à fait exceptionnel. «
T'étais vachement entreprenant gamin, si tu vois ce que je veux dire. A croire que malgré ton jeune âge tu as déjà un bon flair. » Il sourit, satisfait. Bon... Je n'ai rien à ajouter de particulier. Outre le fait que je n'ai ni argent ni T-shirt je ne vois pas de raison de rester ici un instant de plus. «
Alors comme ça on a des problèmes de thune. » continu-t-il en me proposant une cigarette. Je m'approche pour prendre le paquet qu'il me tend et m'assoit sur le lit. «
Ouais. Les temps sont durs. » Il soupire. «
Je te le fais pas dire. Dis j'ai peut-être quelque chose à te proposer si tu es vraiment intéressé... » Je le coupe. «
La prostitution non merci, je fais ça pour mon bon plaisir vois-tu, pas besoin d'être payé pour, ça perdrait de son charme. Je te demandais juste un coup de main. » Il ignore ma remarque et continu. «
Je vais pas y aller par quatre chemins, tu m'as pas l'air de rester bloqué par le politiquement correct -sinon tu serais pas là. T'as jamais pensé à aller encore plus loin... Et être payé pour ? » Ce. Type. Est. Taré. «
Ça avait l'air de te faire marrer tout à l'heure mais te demander de l'argent était une belle tentative non ? » Il sourit encore et toujours. «
Je te parle pas de ça, pour qui tu me prends ? J'ai un minimum de respect pour l'humanité figure toi, je vais pas te demander de pousser le vice jusque-là ! Non mais tu pourrais mettre ta petite personne à la contribution de l'art par exemple. » Je l'arrête, c'est à mon tour de rire. «
Poser nu pour des calendriers de cul, c'est ça que tu appelles de l'art ? » «
Du calme cow boy ! Laisse-moi finir. Ça c'est à la portée de n'importe qui. Non je te parle d'autre chose, après va savoir si tu auras assez de cran... Mais pour le coup tu serais parfait pour le rôle. La preuve, j'ai remarqué ta belle gueule hier et avoir passé la nuit avec toi m'a pas tellement déçu. Je pense que je m'adresse à la bonne personne. » Je me demande un instant s'il est sérieux ou s'il se fout carrément de moi. Mais ça colle bien au personnage et vu qu'il semble bien gagner sa vie, je suppose que quel que soit son poste dans l'industrie du porno, ça marche plutôt bien pour lui. «
Euh... C'est assez atypique comme proposition. » Il semble ravi que nous soyons enfin sur la même longueur d'onde. «
Si tu es intéressé je te laisse mon numéro. » Son ton est soudain plus langoureux et sensuel, comme s'il était prêt à me sauter dessus à tout instant. «
La question est : Est-ce que ça te tente ? » J'écrase ma clope dans le cendrier et me lève pour faire quelques pas dans la pièce avant de lui répondre comme pour relever le défi. «
Y a très peu de choses que j'ose pas tu sais ! » Je suis idiot. Oui mais à bien y réfléchir, le porno est un moyen comme un autre de gagner un peu d'argent et même si je pense ça uniquement pour me donner bonne conscience, il y a pire. J'enfile mon T-shirt que je viens de retrouver, m'empare de ma veste, étonnamment bien rangée sur le dossier d'une chaise et me retourne vers lui. «
Mais papamaman vont vraiment commencer à s'inquiéter. » Je fais un pas vers la porte lorsqu'il lance un «
Attend ! ». Il se lève à son tour et me rejoint dans l'entrebâillement de la porte. Il me fixe droit dans les yeux et agite deux billets sous mon nez avant de me saisir par la taille pour les glisser dans ma poche arrière. «
Ça peut toujours servir. Et puis tu le mérites amplement. » Je sens qu'il commence à défaire m'a ceinture en me plaquant doucement contre le mur. «
Pas trop pressé j'espère ? » murmure-t-il en m'embrassant dans le cou et en ouvrant la braguette de mon jean. Je le laisse faire et l'embrasse à mon tour après lui avoir répondu «
Au point où j'en suis. »
- Spoiler:
(Juste parce que j'ai écrit la suite pendant ma quatrième heure de bac blanc ce matin et que j'aime bien faire de la psychologie interne de personnage.)
Une fois devant chez moi je monte les deux étages en courant. J'ai à peine franchi le seuil de la porte que la voix de mon père retenti dans l'appartement. «
Evan c'est toi ? » J'enlève ma veste et me dirige vers la cuisine. «
Oui, oui... » J'entre dans la pièce et le découvre assis à table, un journal à la main, sirotant un café. Il lève les yeux vers moi. «
Je suis désolé, j'aurais dû te prévenir que je ne rentrais pas... » Je vois bien à sa tête qu'il essaye vainement de paraitre en colère. «
Tu as vu l'heure qu'il est ? » Je baisse la tête comme un enfant bien sage qui accepte dignement une punition qui ne sera jamais formulée. Mon père est comme ça, pas du genre à montrer un semblant d'autorité avec son fils de 18 ans. Parfois je me dis qu'il devrait... Je murmure un «
désolé » qui se veut convaincant et fais quelques pas à reculons pour sortir de la pièce lorsqu'il me demande en portant la tasse à ses lèvres : «
Je peux savoir où tu as passé la nuit ? » C'est bien la première fois qu'il pose la question et pourtant c'est rare que je reste ici le week end. D'habitude je n'ai pas d'explication à fournir mais je suppose qu'après avoir vu un article sur la consommation d'alcool et de drogue chez les jeunes il s'inquiète un peu et tente de remplir un minimum son rôle de père autoritaire. Je suis pris de court et la seule chose que j'arrive à formuler est un vague et timide «
Euh... Chez Lina. » Le visage de mon père s'éclaircit tout à coup et je devine très bien ce qu'il est en train de penser à ce moment précis. J'ai dormi chez Lina donc je file le parfait amour avec elle. Il est le plus heureux des hommes, même s'il essaye de le cacher. «
Bien. Préviens juste la prochaine fois. » J'acquiesce poliment et sors de pièce mais il me rappelle. «
Et Evan ! Je suis content pour vous ! » Je traverse le couloir et m'enferme dans ma chambre. Il fallait que ça arrive ça. Mon père n'a absolument aucun doute sur ma sexualité parce qu'il croit dur comme fer à tout ce que je lui dis et depuis un petit bout de temps, la meilleure excuse pour expliquer où je suis passé quand la vérité est inavouable c'est «
J'étais avec Lina. » Une fille que mon père connait et en qui il a totalement confiance, qui a été ma voisine et ma meilleure amie pendant près de dix ans avant qu'on déménage. Le fait est que nous ne nous sommes pas lâché et que je la vois toujours. Gamine charmante, souriante et polie, le rêve pour mon père qui avait peur qu'une absence d'amour maternelle et de présence féminine à mes côtés ne soit néfaste pour mon éducation. Cela fait un petit bout de temps que je le soupçonne d'imaginer une quelconque histoire d'amour entre elle et moi. C'est pas plus mal en fait. La dernière chose que je veux c'est avouer mon homosexualité à mon père. Ce n'est pas sa réaction que j'appréhende particulièrement, il le prendrait sans doute très bien, mais au fond j'ai juste peur de le décevoir. Après le départ de ma mère il s'était promis de me faire mener la vie la plus normale possible. Je ne veux pas qu'il croit avoir échoué. Je vis très bien le fait d'être gay, je l'assume pleinement... Mais pas avec mon père. Je me demande encore comment il fait pour ne pas l'avoir découvert. Mais bon tant mieux. Et Lina est une bonne planque. Il faut juste que je pense à la prévenir. Ça l'exaspérerait et la ferait rire à la fois. Je tapote mon téléphone dans la poche de mon jean. « Si tu te sens près passe moi un coup de fil. » m'avait dit Luke. Je n'hésite pas une seconde de plus. «
Et bah dis donc t'as pas hésité longtemps ! » J'attends un instant avant de répondre : «
Je marche ! ». Il me répond en rigolant «
J'en étais sûr. »
__________
Samedi matin. Il est encore tôt et tout le monde doit surement être encore endormi. Je me lève discrètement sans prendre le temps de m'habiller, ce serait une perte de temps vu ce que j'ai à faire. Je traverse le long couloir qui sépare ma chambre de celle d'Alexander en tendant l'oreille. C'est bien ce que je pensais, personne n'est encore levé. J'ouvre lentement la porte de sa chambre et passe la tête par l'entrebâillement. «
Je dérange ? » Je suis faussement ironique, il est clair qu'il est très rare que je le dérange. Il est assis sur son lit, entouré d'une tonne de papier qu'il est en train de lire. C'est étonnant qu'il travaille de si bon matin. Il enlève ses lunettes et me regarde en souriant. «
Jamais. » J'entre dans la pièce et ferme la porte à clef derrière moi, sait-on jamais, ce serait dramatique d'être dérangé. «
Je viens payer mon loyer. » Certes je l'avais déjà payé un grand nombre de fois ce mois-ci, mais vu la taille du manoir, je peux encore y aller sans me faire trop de soucis. Je traverse la chambre pour grimper sur le lit à ses côtés tandis qu'il range rapidement le tas de feuille pour me faire de la place. Je commence à l'embrasser et demande distraitement «
C'est quoi tout ça ? » Il met un moment avant me répondre. «
Un nouveau projet, mais t'occupe. » Je ne tilte pas tout de suite, bien trop occupé mais demande quand même : «
Pour un nouveau film ? » Je relève la tête pour le regarder et le voit hocher la tête. «
Ben t'aurais pu m'en parler quand même ! » Je lui souris et me penche pour attraper les papiers qu'il a posés sur la table de nuit et commence une lecture en diagonale de tout un tas de chiffre. «
Attends, c'est le budget ça ? » Je lui montre un chiffre impressionnant en bas à droite de la feuille. J'explose de rire. «
Merde, t'es passé par combien de lit pour avoir autant ? Les choses sérieuses commencent on dirait. » Je murmure à son oreille «
Tu me réserves quoi cette fois ? » Autant que je m'imprègne du personnage tout de suite ! Il prend un air sérieux et rerange les papiers que j'ai déplacés. «
Rien. » Je relève la tête. «
Pardon ? » Je m'écarte de lui, stupéfait. «
Tu ne fais pas partie du casting Evan. » Merci, j'ai compris. «
PARDON ? » J'y crois pas, c'est une blague. Il a la possibilité de faire un film avec un budget professionnel de haute qualité et je ne suis pas invité. « Je ne veux pas que tu joues dans ce film, c'est tout, fin de l'histoire. On peut reprendre où on en était s'il te plait ? » Je le regarde hébété. «
Ça veut dire quoi ça ? Non mais tu déconnes, je peux savoir pourquoi ? » «
Ecoute c'est encore moi qui décide non ? » Il se fout de moi ! «
Tu disais pas la même chose y a un an ! » Le pire c'est qu'il a l'air sérieux et il me répond le plus naturellement du monde : «
T'as quel âge Evan ? Tu veux faire du porno toute ta vie ? » «
Rien à voir, change pas de sujet. Je te demande pourquoi TOI tu refuses de ME faire jouer dans TON film. Dis-moi que c'est une blague Alex... » Il rigole, ce qui ne cache absolument pas le sérieux de l'affaire et s'approche de moi pour me dire «
C'est moi qui t'héberge, c'est mon film, c'est moi qui décide. » Je le repousse et m'allonge vexé sur le côté gauche du lit, les bras derrière la tête. Ah il veut jouer à ça. «
Je vais décider une grève du sexe moi figure toi. » Moi aussi je peux être sérieux quand je veux. Je crois que c'est bien la première fois que je m'embrouille avec Alex. Mais il y a un début à tout. «
Evan je te rappelle que tu es le seul ici à ne pas payer de loyer parce que tu partages mon lit. Et pas que de temps en temps. Alors réfléchis bien à ce que tu fais. » Voilà, c'est un bon résumé de notre relation. On couche, il m'héberge, et je joue -même si apparemment cette période est révolue- dans ses films. Une relation pas prise de tête comme on en fait peu et il fallait que ça devienne compliqué. Géniale. Pris d'un élan, je me retrouve sur lui, le chevauche et lui plaque sles deux épaule contre le matelas. «
Je vais faire le trottoir, c'est pas grave, ça paye bien aussi. » Oui, c'est du drama queenage de haut niveau mais cette situation me dépasse. Il prend un ton plus doux et me murmure en tentant de se libérer «
Mais ça je refuse aussi tu vois. » Il me sourit et se lève pour enfiler une chemise. «
Essaye de m'en empêcher tiens, je demande à voir ! » Ce type est quand même carrément sexy. Même si je voulais faire une grève du sexe je n'y arriverais pas. Il me lance un regard taquin et je sens bien que la situation va dégénérer très vite. «
Je vais aller en toucher deux mots à ton père. » dit-il en se dirigeant vers la porte. Menace suprême qui fait son effet. Il faut dire qu'il me connait bien. «
N'essaye même pas ! » Je me lève à mon tour pour me mettre entre la porte et lui. Au point où on en est je devine que cette histoire va encore se terminer au lit. «
Tu devras d'abord me passer sur le corps. » A ses yeux je devine que l'idée ne semble pas le déranger. «
Ok » Je passe mes bras autour de son cou et l'embrasse. Je suis faible, très faible, mais c'est dur de lui résister.
____________
Je prépare mon entrée avec le plus de sérieux possible. Revoir Tristan et son chéri ne m’enchante guère mais ses retours parmi ses anciens amis sont si rares que je refuse de rater cette occasion. Et pour être honnête je ne comprends pas tout à fait ce qui se passe. Aux dernières nouvelles Tristan m’avait gentiment chevauché et embrassé devant son pauvre copain qui est parti dans une crise d’hystérie absolument incroyable. Ah les joies de la vie de couple ! Et aujourd’hui il veut présenter ledit copain à ses ex-amis pornstar… C’est du foutage de gueule ou je ne m’y connais pas. J’ouvre la porte un peu trop violemment et avance dans la pièce où se tient cette réunion d’anciens élèves. «
Bah alors, on dort là-dedans ? Je pensais pourtant que ça serait la grosse fiesta, la dernière fois c’était plus… hot ? » Tous les regards se tournent vers moi tandis que je prends place aux côtés d’Alexander. Ce n’est donc pas une blague, Tristan est bel et bien en train de présenter l’amour de sa vie à l’assistance. Je rigole intérieurement, c’est dingue à quel point je peux jouir de cette situation. «
Andrea, on s’est déjà rencontrés il me semble. Tu faisais la vaisselle, même, je crois bien. » Je me sers un verre en le jugeant du regard. Après tout je n’avais pas vraiment fait sa connaissance l’autre fois. Mais le peu que j’avais vu de lui se confirme, il est pas mal du tout et pourrait être très sexy s’il n’avait une attitude si coincée, il est mal à l’aise et ça se voit clairement. «
La vaisselle, oui, c’est ça. » dit-il en tentant un sourire. «
Tu as retrouvé ton chien ? » C’est Tristan qui répond «
Plus de peur que de mal, finalement. » Qu’il prenne sa défense sur ce sujet est presque touchant. «
Je rêve Tris tu lui as présenté ton mec avant nous ! » J’explose de rire en voyant l’air paniqué d’Andrea. Personne n’est au courant donc. «
C’est normal, j’ai une place privilégiée dans le cœur de Tristan. Ou au moins dans son lit. Je suis sûr que ses draps se rappellent encore de moi. » Tristan qui semble vouloir à tout prix mettre les choses au clair réplique : «
Les draps peut-être, mais pour ma part et je suis vraiment désolé, ce type a totalement effacé tes performances sexuelles de mon esprit. » Sur ce, il embrasse Andrea sous une nuée de sifflement. Je me tais, mais je n’en pense pas moins. «
Come on’ Tris, quand es-tu devenu si terre à terre ? Moi qui pensais que se taper son cousin était un signe de folie non maitrisée, je suis un peu déçu » Mon Dieu, quitter le porno ne lui a pas réussi… Il lève sa main qui tient fermement celle d’Andrea au-dessus de la table, aux yeux de tous. «
Je suis fiancé maintenant, faut que je songe à me calmer un peu. Tu devrais y penser grande folle ! » Me calmer moi ? Jamais ! Surtout si c’est pour ressembler à leur petit couple parfait. Quel intérêt ? J’évite soigneusement le regard d’Alex et réplique : «
Ca n’y compte pas trop, je serai là quand tu divorceras, comme un couple sur deux dans le monde. » On se marre bien, l’ambiance est bonne enfant mais soyons sérieux deux minutes. Ça m’étonnerait que Tristan Faure est autant changé, ce n’est pas parce qu’il nous présente son chéri, vitrine de sa nouvelle vie, qu’il est différent, je ne suis pas dupe. «
Oui, ne compte pas trop là-dessus non plus. On se passera de ton défaitisme Ev', Andrea et moi n'allons pas divorcer, et si ça devait arriver, je saurais m'arranger pour qu'on reste sex-friends, ça fonctionne bien entre nous, il n'y a pas de raisons de se priver. De plus, on pourra pas se détester plus qu'on l'a déjà fait, alors on ne craint pas grand chose. » Je me demande pendant un moment s'il ne s'est pas drogué avant de venir. Je n'en crois pas mes oreille, Tristan Faure est vraiment en train de me tenir ce discours ! «
Si on m'avait dit qu'un jour ce libéré de Tristan Faure allait épouser un lord français au nom à rallonge, j'aurai sans doute ri comme jamais. J'espère au moins que tu vas pas t'appeler Leroy-Duchesne ? » Réponse immédiate de Tristan : «
C'est parce que tu ne me connais pas bien, Calvin lui voyait déjà un intérêt scénaristique à notre relation avant même qu'elle n'existe. » Je me retourne vers Calvin mi- amusé mi- agacé «
Vous étiez un peu mes BJ à moi, et pourtant je vous avais pas encore vus ensemble. Mais toute cette haine mêlée d'admiration, ça ne pouvait que fonctionner. Sexuellement du moins, j'ai pas vu plus loin! » Je ne peux m'empêcher de rigoler. «
Calvin et son sixième sens... La haine. Ca me rappelle quelque chose mais, impossible de savoir quoi... » Je lance un clin d'oeil à ce cher Andy histoire de lui montrer que je me rappelle de tout. Mais Tristan, encore une fois prend la défense de son fiancé. «
Un sentiment humain que tout le monde connaît même toi! » Je hausse les épaules et regarde Tristan sortir son paquet de cigarette et se lever. «
Je vais m'en griller une dehors. Traumatisez pas mon fiancé. » Je laisse cette tâche aux autres et me lève à mon tour. «
Je te suis, if you don't mind » Tristan ne semble pas surpris. «
Je ne coucherai pas avec toi même dehors, mais tu peux. » En quittant la salle j'entends Calvin dire à Andrea «
T'inquiètes pas, c'est du déjà vu pour Trist', il l'intéresse pas. » Ah s'il savait ! Une fois dehors je lui réponds : «
Je ne comptais pas te faire coucher avec moi dehors, ce que tu peux être trivial. » Je m'allume une cigarette et un silence s'installe. C'est le moment ou jamais pour lui demander des explications. «
Alors c'est quoi ce soir, Tris ? Le déballage de l'amour et de ses bienfaits ? » J'ai du mal à le comprendre et en plus cette situation a le don de sérieusement m'agacer. «
Je sors avec mon petit ami, rien de plus normal » A d'autre ! Merde a quoi joue-t-il ? «
Et l'autre jour, c'était quoi ? Tu sortais avec ton petit ami aussi, pendant que tu t'installais sur mes genoux dans son appartement ? » Il semblait s'attendre à une remarque de ce genre. «
Tu es prévisible. » «
Evidemment que je le suis, mais tu dois bien admettre qu'il y a de quoi se poser des questions. Je veux bien concevoir que tu rêves mariage et grande cérémonie mais Tris, ça, ça n'est pas toi. » Ma remarque lui faut de l'effet, ça y est, j'ai son attention. «
Qu'est ce qui n'est pas moi ? » Le dialogue est enfin possible et je me lance. «
Le bon chic bon genre avec un balais dans le cul ? Le mec qui rentre en hurlant qu'il ne trouve pas son chien ? Il faudrait faire la liste des choses qui ne cadrent pas mais la liste est longue » J'y vais fort, mais il n'y a que ça pour le faire réagir. «
Tu ne le connais pas. Sache juste qu'il n'est pas du tout coincé avec moi. » Sa réponse est froide et son regard d'une violence sans pareil. Il ne déconne donc pas en protégeant Andrea. «
Easy, sugar, j'essaye pas de vous faire rompre, juste de comprendre. » Parce qu'au fond je m'en fous avec qui il couche. Lui et moi c'est terminé depuis longtemps mais j'ai encore un minimum de sympathie pour lui et je refuse de le voir foutre en l'air sa vie. «
Je l'aime. Demande à Calvin, il te trouvera sûrement une explication logique. » Je souris. Calvin est bien le seul à trouver le comportement de Tristan tout à fait normal. Mais il en faut un peu plus pour me convaincre. Je me rappelle de la crise d'Andrea et même si j'ai trouvé la situation plutôt comique il faut admettre que c'était aussi très effrayant. «
Fais attention à ce que tu fais. Ce type, en dehors de toute considération physique, m'avait quand même l'air sacrément dangereux l'autre jour. » Il me coupe immédiatement. «
On va se marier, il venait de te trouver sur mes genoux dans son appartement, il a crisé, il est un peu drama queen, mais c'est ce qui fait son charme crois-moi. » Cette conversation a été d'une inutilité tout à fait remarquable. Mais bon, j'ai fait mon boulot, j'ai la conscience tranquille ! «
Si tu le dis, c'est toi qui vis avec, après tout. » Nous jetons nos cigarettes par terre en même temps et il me regarde fixement dans les yeux pour me demander : «
Autre chose ? » «
Non, je ne crois pas. C'est dommage, toi et moi on aurait pu aller loin »