EIY ♦ Hello! I've come to serenade you. I can't play guitar. I can't play this either, but I thought it'd be less obvious.

« RELÂCHEZ LES LOUTRES, JE RÉPÈTE, RELÂCHEZ LES LOUTRES BANDE D'IDIOTS ABSOLUS! » Il n'y avait pas plus belle phrase que cette dernière pour démarrer le récit d'un écrivain misérablement cynique. Pour être tout à fait honnête, il ne l'était pas au début de sa carrière. Juste un peu idiot. Un peu con, si le mot est approprié. Un peu comme ces écrivains pessimistes qui ne levaient jamais le nez pour voir le soleil se lever. Voilà. Comme Kafka, son merveilleux prédécesseur. Son exutoire. Sa dose quotidienne. Son larbin. Alors, voici pour vous l'histoire d'un être humain oublié de la société. Comme nous tous.

La naissance

Hôpital de Swansea. Pays de Galles. Royaume-Uni. Europe. Planète terre. Seul système solaire connu à ce jour. En cette date bénie du 16 janvier 1982, une musique pop et répétitive envahissait toutes les radios européennes, une poignée de lâches mettait fin à leur jour et pour compenser la joie morbide des présentateurs qui annonceraient la nouvelle augmentation du taux de décès, de nouveaux êtres humains étaient encore forcés de naître. L'un d'eux était un petit gallois. Pas si gallois que ça au vu de ses origines paternelles, mais là n'est pas le but de ce récit. Il s'appelait Ewan. Isaac aussi. C'était au choix à vrai dire. Ce pauvre petit gallois souffrait déjà d'un souci conséquent d'identité mais ses deux géniteurs n'étaient malheureusement pas capables de prendre une décision concrète. Même à un âge si avancé. D'un puéril.
Notre petit gallois, pas si gallois que ça, a donc grandi parmi des fous. Il a pourtant longtemps cru qu'il en était un jusqu'à ce que notre jeunot se rende compte que le simple fait de ne ressentir aucune sensation de faim se traduisait en réalité par celui d'appartenir à une famille aisée. Énormément aisée. Encore à cette époque, il ignorait tout de ce qui coulait à travers ses pauvres veines. Celles qu'il trouvait d'une utilité terrifiante. Laides et toutes vertes. Il en faisait même des cauchemars, ce pauvre petit gallois.

Pauvre Ewan.
Pauvre Isaac.
Bombe humaine à deux têtes.

Un âge à deux chiffres. Étrange de constater à quel point les petits détails comme ceux-ci retenaient l'attention du jeune garçon plutôt que le gâteau ridicule qui se tenait face à lui. Ce jour-là, une longue mèche brune jouait malicieusement avec ses nerfs, son pull en cachemire lui provoquait une crise d'urticaire sans précédent et le rire ennuyant de son aîné lui donnait cette envie si rare de lâcher le gâteau. Ou d'y plonger sa tête. On s'y sentait toujours mieux à l’intérieur, parmi crème pâtissière et morceaux de fruits confis. Néanmoins, notre gallois favori ne fit rien des deux. Il était le plaisantin de la famille. Pourquoi donc perdre son temps à jouer l'opportuniste ? Il se sentait bien dans ce rôle-là. Il se sentait protégé. C'était tout bête. Un plaisantin dans la peau d'un opportuniste.

Tout bête.

La mort

Londres. Planète terre. Enfin peut-être. Qui pouvait savoir à vrai dire. Les scientifiques étaient de parfaits affabulateurs, qui sait. Et cela aurait fait un super sujet pour son devoir de science. L'impact des astronomes sur la naïveté humaine : Information concrète ou manipulation.?. Il aurait, à coup sur, récolté une note à la hauteur de son désintéressement pour la science. Mais cela aurait eu son effet. Au moins, les étoiles, elles, elles ne mentaient pas. Elles observaient les humains de loin et non de près. Elles étaient intemporelles. Comme lui.
A présent Londonien, il se faisait une place parmi cette foule de capitalistes idiots et bornés. Du haut de ses 15 ridicules années, il eut déjà un goût très prononcé pour la littérature anglaise et étrangère en dehors de ce qu'il savait faire de mieux : le plaisantin en panne d'idées. Ses géniteurs avaient tout misé sur sa réussite certaine et dépensaient des sommes astronomiques pour les frais scolaires de cette prestigieuse école londonienne. Lui n'en disait rien. Les règles strictes de l'établissement ne provoquaient pas la moindre crainte chez lui, tant qu'il pouvait lire en paix. Le plaisantin s'envolait donc un peu loin. Peut-être un peu trop. Il n'était plus Ewan. Mais Isaac. Caractère bipolaire ? Certainement.

Certainement.

A cet époque-ci, ses cheveux bruns commencèrent à sérieusement rebiquer et ses yeux altéraient constamment : Passant d'un gris quasi-métallique à un bleu quasi-terrifiant pour ensuite arriver à un vert. Un simple vert. Angoissant et apaisant à la fois. Vert. Une très bonne couleur. Intemporelle et à l'image de la terre elle-même. Le jeune londonien ne favorisait pas toujours ce que la nature avait à offrir, mais il lui arrivait de faire des exceptions. Comme celle-ci. Et ensuite ? Ensuite, il redevenait cet adolescent silencieux et friand de romans pessimistes. Ses parents n'intervenaient jamais dans de telles situations. Selon eux et en dépit de son caractère à réveiller les morts les plus profonds, il n'était présent sur cette terre que pour ses excellentes notes. Eux, ils rêvaient grands. Lui, il ne rêvait pas du tout. Il vivait comme bon lui semblait. A l'abri des fous et bouffons. Sa psychologue appelait ça "Trouble dysthymique", incluant en très grande partie une isolation sociale considérable. Il a bien évidemment refusé de l'admettre jusqu'à ce que sa petite traîtresse de conscience ne vienne intervenir à seulement deux mois de son 17ème anniversaire. Et pour cela, ses parents ont dû employer une force de rigueur pour que tout puisse rentrer dans l'ordre. Adieu les beaux quartiers de Belgravia. Bienvenue à l’institut psychiatrique de Maudsley. Pour le meilleur comme pour le pire.

Le pire.
Tout n'était qu'une question de point de vue.

Un an. Ce fut le temps de survie d'un jeune homme que rien ne soupçonnait. Un jeune homme qui ne touchait pas à la drogue. Un jeune homme qui ne dénigrait ni ses parents ni le reste de sa famille. Un jeune homme qui ne voulait jamais rien à personne et dont la seule perte était celle de ne pas assez exister. Sa convalescence dura six ans dans laquelle il fut contraint d'avoir son traitement médical à chaque étape de ses études supérieures. Trouble enfin envolé, lui aussi prit son envol. Mais dans une toute autre direction. Après avoir passé trois ans à l'université des arts londoniens, une prestigieuse école de cinéma l’accueillit à bras ouverts. Une aubaine ? Un miracle ? Ou tout simplement un coup de piston de la part de ses parents ? Dieu seul le savait. Mais en dépit de toutes ces futilités engendrées par la bêtise humaine, on pouvait constater avec joie qu'Ewan tapissait peu à peu Isaac dans l'ombre. Ce dernier lui avait pillé six années de sa minable vie de plaisantin. Il était donc tant qu'il revive. Qu'Ewan revive.

La renaissance

Au final, notre petit gallois favori et ce jeune londonien pessimiste y ont bien trouvé un juste milieu. Difficilement, certes. Mais la mission était, tout de même, considérée comme réussie. Ewan Isaac Young, cadet d'une demie-royauté familiale, savait enfin comment il devait faire fonctionner le cours de sa vie. Sorti de sa promotion, il ne lui avait fallu que deux ans avant qu'une grande chaîne télévisée accepte de le compter parmi ses rangs. Scénariste pour gagner sa vie. Scénariste pour déverser tout ce surplus d'idées n'étant plus le bienvenu dans sa tête. Il n'écrivait que trois épisodes par saisons, mais les faisait avec une ponctualité très organisée. Il aimait ce train de vie, car il n'y avait personne pour contredire ses idées. Il se savait néanmoins pessimiste, mais tenait énormément à ces oeuvres qu'il qualifiait lui-même de "médiocres". Son cynisme dosé et son sang-froid tenace ont eu raison de son succès, mais lui refusait encore de mettre tout cela sous son propre compte. Modeste? Certainement.
Rentrant d'une journée de tournage, il eut la surprise de tomber nez à nez sur une peluche. Une loutre pour combler la curiosité de certains. La pauvre malheureuse fut accrochée sur la porte d'entrée de son appartement, un dépliant accroché autour de son cou. Le scénariste, partagé entre la curiosité et l'épuisement, ne tarda à mettre la main sur ce mystérieux dépliant pour en lire le contenu.

« "RELÂCHEZ LES LOUTRES, JE RÉPÈTE, RELÂCHEZ LES LOUTRES BANDE D'IDIOTS ABSOLUS" - Les aventures de Captain Pugwash. Saison 3, épisode 4.

Parce que je ne savais à qui donner la dernière loutre. Au plaisir de vous revoir Captain. »

Il n'avait jamais su de qui il s'agissait. D'autant plus que peu de gens en savaient sur sa passion envolée pour le Captain Pugwash, un pirate quelconque. Tout comme lui. Il referma brièvement le dépliant sur sa main et libéra la loutre murmurant d'un ton terriblement monotone : « On va bien s'entendre toi et moi.. »

Entre oubliés de la société, cela se comprenait.

Quant aux femmes, il en avait connu des tas durant sa vie d'adulte. Des dizaines, des vingtaines. Peut-être même plus. Peut-être même moins. Il les a découvertes une par une, a descellé chacune de leur personnalité. Parfois chacune de leur corps céleste. Il ne les oubliait pas. Elles étaient devenues ses muses. Ses sources d'inspiration. Son échappatoire temporaire au pessimisme. Elles étaient là, et pour toujours. Il partageait leurs pensées, leurs idées féministes. Celles que certains hommes ignoraient par pur sexisme, mais qu'Ewan Isaac Young, lui, accueillait à bras ouverts. Il les respectait avec une conviction si frappante qu'il en fit le thème de son dernier roman : Les déesses oubliées de l'Olympe. Elles étaient étourdissantes, c'était un fait.

Et c'est ainsi que la renaissance d'Ewan Isaac Young eut lieu.
Oublié mais admirable.

→ Ton heure de gloire est enfin arrivée, un producteur de cinéma vient de te remarquer dans la rue et te propose de devenir la star de son nouveau film. Que lui dis-tu ? Ça commencerait par un soupire. Un trèèèès long soupire. Enfin, je lui répondrais que je n'ai pas et n'ai jamais eu une tête d'acteur, que je ressemble à une loutre sous acide et qu'il ne faut pas me faire confiance car j'ai été élevé par des pirates aux visages monstrueusement caricaturales. Avec cette note, j'essayerais de le soudoyer pour participer à son film en tant que scénariste. La manipulation, c'est plutôt cool.

→ Une pauvre fille en pleurs chante All by myself avec son cornet de glace à la vanille en plein de milieu de la rue retournant tous les regards sur son passage, y compris le tien. Ta réaction ? Simple et rapide. Je lui arracherais sa glace des mains et la lui mettrais sur son crane. Je poserais mes mains sur ses p'tites joues malheureuses et lui dirais calmement : "Le cirque passe bientôt dans la ville. La-bas, on vous acceptera comme vous êtes, croyez-moi" Et ensuite... je m’éclipserai bredouille. Ce genre de femme m'exaspère, si vous saviez.

→ Ton(ta) cousin(e) t'avoue sous l'emprise de l'alcool son attirance pour toi, et tente de t'embrasser. Premières impressions à chaud ? Réactions à froid ? Tut tut tut ! Les loutres ne s'accouplent pas avec les castors. Nameoh. Il faut savoir concilier les deux et dans le cas de ma chère cousine, elle se serait déjà enfuie à l'autre bout de notre bonne vieille Angleterre.

→ Ton idée du parfait samedi soir : une soirée arrosée au Carling à Oxford, une nuit de folie au Fez Club de Cambridge, une sortie au théâtre de Londres ou une soirée geek avec plat commandé et partie de jeux vidéos avec tes meilleurs potes ? Il y a tellement de samedis soirs parfaits à mon sens. J'en piocherais donc un qui est celui de partager sa nuit avec une merveilleuse muse à ses côtés entre musiques classiques et idées romancières. C'est du moins nettement mieux que de la passer avec tonton la loutre.

→ T'es au confessionnal, tu peux avouer ta pire faute, ou encore un secret particulièrement pesant que tu n'aimerais pas voir révélé. Que dis-tu au père Patrick pour te soulager la conscience ? Ô père Patrick, entend mes paroles... désolé, je n'ai pas pour habitude de déverser toutes mes nombreuses fredaines mais s'il le faut : j'ai fait croire à mon meilleur ami du lycée que j'étais décédé après avoir eu une aventure très blasphématoire avec lui. Disons que je n'avais pas entièrement assumé d'avoir mis Big Ben à l’intérieur de ce dernier. C'était l'unique solution.. du moins, je le pense. Ça se rachète ce genre de chose Ô père Patrick ?

→ Le père Patrick était en fait un vrai sociopathe fan de Pretty Little Liars, et t'envoie un sms anonyme où il vous demande de choisir entre un secret révélé qui pourrait anéantir ta réputation ou briser ta famille, et de voler la bague de fiançailles Cartier d'un de vos amis. Après mûre réflexion, qu'est-ce que tu choisis ? Ma famille possède de très bons contacts donc j'aurais surement affaire aux services secrets anglais pour régler toute cette aventure puérile. Dans le cas où je n'aurais pas l'aide de la famille, eh bien... je lui achèterais cette foutue bague et lui conseillerais d'aller vite demander en mariage cette femme qu'il aime tant au lieu d’embêter la vie si paisible de certains marginaux. Ha.

→ C'est le mec (la fille) de tes rêves, tu en es persuadé(e) et pourtant, celui(celle)-ci est en couple avec quelqu'un d'autre. Tu te la joues résigné(e), stratégique, ou éploré(e) ? On veut les détails ! La polygamie n'a jamais fait de mal à personne, voyons ! Mais attendez que je formule ma phrase d'une autre manière : les couples ne me font pas peur. Si une jolie demoiselle me plait, je ne considérais en rien son compagnon comme une quelconque barrière ou quoi que ce soit.. Au contraire, je trouverais cela davantage plus cocasse. Le plaisir est dans la chasse, jamais dans la capture.

→ Dans dix ans, je me vois bien ouvrir un resto spécialité moules frites avec Camille Jules Martin, marié, six gosses et à l'origine d'une toute nouvelle sauce roquefort-épinards et toi, des projets pour l'avenir ? Continuer de perturber l'univers tout entier comme je le fais si bien. Accessoirement, devenir scénariste en chef si je n'écrivais pas de telles inepties. Le simple fait de penser à avoir un enfant me terrifie, pas seulement parce que ce n'est pas dans mes projets d'avenir, mais il risquerait de se faire embrigader par ma famille. Soit la pire chose qui puisse arriver sur cette pauvre petite terre. La pire.

→ Et enfin, honnêtement, entre truth ou dare, qu'est-ce que tu préfères ? (oui ça rime !) Dare sans la moindre hésitation. J'ai un goût très prononcé pour les défis de toutes sortes. Réjouissants. Récréatifs. Tout ce que vous voulez et je le ferais volontiers.

De vous à nous, dîtes-nous. Votre personnage a-t-il déjà entendu parler des Trouble Makers ? Si oui, qu'en pense-t-il ? Désapprouve-t-il de leurs actions ou bien serait-il prêt à tout faire pour qu'ils le remarquent ? Rêverait-il même d'en faire partie? Ou serait-il prêt à rejoindre le premier anti-fanclub de ces chers TM? À moins qu'il ne s'en foute complètement de leurs activités (raison à préciser)?
Et le Judging Cambridge Club alors, le connaît-il? Si oui, l'audace dont fait preuve ce groupe l'impressionne-t-il ou le révulse-t-il ? Et leurs critiques alors, les prend-t-il en compte ou pense-t-il plutôt qu'elles ne vous servent à rien ? Votre personnage serait-il du genre à vouloir impressionner cette élite et voire même la rejoindre ou aimerez-t-il au contraire la voir disparaître ?

Ring a bell. Ce n'est pas la première fois qu'il entend ces deux désignations. ll a d'ailleurs eu affaire à ces dernières plusieurs fois bien qu'il n'ait fréquenté aucune des deux universités, privilégiant en priorité les grandes écoles. Néanmoins, il a connu des étudiants provenant respectivement de Cambridge et Oxford. Cela ne devait donc pas lui passer au-dessus. En revanche, en ce qui concerne sa propre opinion quant à ces deux confréries, il n'est pas spécialement clément. Pour être plus clair, ces groupes désignent à chacun les deux extrêmes qu'Ewan ne peut tolérer. Pour lui, l'absence de juste milieu justifie cette haine réciproque qu'il éprouve. L'un n'est pas assez mature et l'autre l'est beaucoup trop. Cela chiffonne donc énormément les neurones d'Ewan et il en vient vite à se demander pourquoi les doyens de ces facultés continuent de faire perpétuer de telles bagatelles.