AJB | Just a smart mouth kid

« Oui Maman? » Je souris en décrochant le téléphone, adossé au mur de la bibliothèque avec nonchalance. Je jette un coup d'oeil à l'heure, constatant que j'ai largement un peu de temps à consacrer à ma chère mère. Je coule un regard et un clin d'oeil charmeur à la jolie blonde qui vient de me passer devant, mais tâche de me concentrer sur la conversation. « Evidemment que je rentre ce week-end, j'ai plein de linge à laver... Mais oui, je sais que c'est l'anniversaire de Papa, je plaisante ! » Je la laisse me houspiller un moment, ça lui fait plaisir et après tout elle n'a pas d'autres enfants après lesquels crier. Elle me sermonne rapidement, m'interroge sur le cadeau que j'ai acheté, son prix, me demande si je veux qu'elle participe, qu'elle sait que je n'ai pas beaucoup d'argent et puis mes dettes, la bourse, Cambridge, elle est tellement fière... Ma mère a l'extraordinaire capacité de tenir une conversation à elle toute seule. J'ai dû dire trois mots et elle vient de passer à des remontrances pour mes blagues puériles, à une inquiétude pour ma situation de vie et enfin à la fierté parentale. Le tout en moins de cinq minutes. Impressionnant. Si cette femme avait su utiliser son don pour le bavardage et sa prodigieuse mémoire - comment diable peut-elle se souvenir de ma machine à laver d'occasion qui fonctionnait mal lors de ma première année? - elle aurait sans doute pu devenir avocate ou quelque chose dans ce genre. Voir médecin. Mais non, ma maman est institutrice. Ce qui est un bon usage de sa tendance à répéter une infinité de fois les mêmes consignes. Ou bien est-ce là une déformation professionnelle? Je n'ai guère le temps de divaguer plus longtemps, elle vient de terminer son monologue et si je veux pouvoir esquiver une heure de conversation téléphonique et le hors forfait, c'est le moment où jamais. « Je sais maman, ne t'en fais pas. D'ailleurs, je dois aller réviser là, je viens d'arriver à la BU... Oui, je prendrais le train de 11h. Mais oui je vais me réveiller à temps. Non, non, ne m'appelle pas. A samedi maman, je t'aime, bisous. » Enfin, je peux ranger mon Iphone dans ma poche. Gadget inutile d'après ma génitrice et inutilement cher surtout. Appareil indispensable pour survivre dans le terrain hostile qu'est cette fac de requins. En médecine, on croise les jeunes gens de bonne famille les plus prétentieux, les plus arrivistes, les plus mesquins et les plus compétitifs qu'il soit donné de voir. Ces gars-là m'auraient mangé tout crû dès ma première année en générale si je n'avais pas tout de suite su m'adapter. Ce n'est pas dur au fond, je suis quelqu'un d'assez sympathique, je ne m'attire pas d'ennuis, je fais profil bas, j'entre dans le moule. Enfin, non, justement, je me fais remarquer, ce qui est la norme ici en fin de compte. Par l'excellence de mes résultats scolaires, mes copines toutes plus belles que celles des autres. Je ne suis peut être pas riche, mais je suis doué. Et je ne laisserai pas ces sales gosses faire obstacle à mes ambitions. En m'imposant dès le début, je suis à peu près libre d'être moi-même désormais, d'autant que ce que je suis n'a rien de menaçant. Evidemment, ils n'apprécient pas d'être battus par un gamin venu d'une famille de classes moyennes, entré grâce à une bourse au mérite. Mais je bosse dur, il n'y a qu'à me voir, assis devant mon tas de bouquins, étudiant avec précision les schémas et les notes que j'ai soigneusement pris en cours. Cours que je manque jamais, ce qui ne m'empêche pas de faire la fête et de m'intéresser aux demoiselles. Comme la superbe blonde de tout à l'heure, assise juste devant moi. Ses longs cheveux sont attachés à la va vite, avec un crayon et elle a l'air plongée dans son travail. Pendant un instant, cette vision me distrait de ma propre étude mais je secoue vivement la tête. Non. Je dois me concentrer et arrêter de me perdre dans des rêveries dès qu'une jolie fille passe. Ma mère pense que je suis romantique, mon ex pense que je suis un connard indécis. Je présume que c'est une question de perspective. Tout ce que je sais pour l'instant c'est que ce A en anatomie ne s'obtiendra pas par l'opération du saint esprit. Mon téléphone affiche un nouveau message, que j'hésite à lire. Sara. Je dévérouille l'écran. « Hey bb ! Je sais que tu bosses, désolée, juste pour te prévenir qu'avec les filles on va à la soirée de Josh. J'espère que tu viendras... » Trois petits points. Comme dirait Josh, elle te veut. Encore une fois, je secoue la tête. Je vais bien évidemment venir. Je ne peux pas résister à Sara. Je crois que j'aime cette fille depuis que j'ai 13 ans. C'était ma voisine quand je vivais encore à Londres, ma meilleure amie, ma première compagne de beuverie, mon premier baiser, mon premier road trip, ma première fois. Sara, c'est la femme de ma vie. Ou pas d'ailleurs. Conneries. Je respire doucement, souris. A chaque fois c'est pareil, elle me connaît par coeur et sait que je ne sais pas lui dire non. Elle sait aussi je ne saurais pas non plus dire non à cette blonde canon si elle venait me demander de lui offrir un café. Et pourtant, elle est encore là, depuis toujours. Même fac, même département, différente branche. Pédiatrie. La prolongation de ma spécialité quand on y pense. « Bien sûr que je serais là Calderon, par contre ce coup ci je paie pas ta bouteille, tu te démerdes. » J'éteins finalement l'Iphone, je sais que je vais me perdre dans une infinie distraction sinon. Comme toujours, c'est ma faible capacité de concentration qui me freine. Sans ça, j'aurais déjà bouclé ce chapitre et je serais plus à l'heure sur mon programme de la journée. Bon, Josh et les autres attendront, je ne quitterai pas cette bibliothèque tant que je ne connaîtrais pas tout par coeur. Dieu merci, je ne suis pas aussi stupide que distrait. J'aurais fini à passer le balais dans le garage de mon père. Quoique, j'aurais pu l'aider et être mécanicien, je ne suis pas malhabile de mes mains. Vaut mieux pour un futur docteur. Enfin, si j'arrive un jour à voir le bout de mes études et de ses exams. Et, alors que je suis enfoncé depuis plusieurs heures dans mon cours et que je commence à prendre mon rythme, un raclement de chaise et une voix m'interpellent « Salut. » Je lève la tête pour reconnaître en cette apparition Blondie, la fille de tout à l'heure. Oh non. Ne me regarde pas comme ça ma belle, je vais devoir te donner tout ce que tu demandes. « Hum, ma copine là bas, la petite brune te trouves canon et... hum, c'est assez puéril mais pourrais-tu lui donner ton numéro de téléphone? De préférence pas un faux. Elle est timide, ça lui ferait plaisir. » La brune en question est bien entendu ravissante. Parfois, j'ai l'impression que toutes les femmes sont belles juste pour me compliquer la vie. Heureusement que je ne suis pas bi, les tentations du monde auraient été insoutenables. « Hum bien sûr. Tu devrais lui dire que je suis un gentil garçon, un très bon coup, mais que je ne suis absolument pas fiable. Le mot poli pour me décrire est volage je crois. » Je griffonne néanmoins mon numéro sur un bout de papier et elle le prend avec un imperceptible sourire, visiblement amusée par ce manège adolescent. « Je transmettrai monsieur... » Oh oui, bien sûr. Les formalités. « Brown. Andrew Brown. » Elle hoche la tête et réplique « Elle c'est Katie. » Je réalise soudain, alors qu'elle reprend déjà place à sa table sous les ricanements amusés de ses copines, qu'elle ne m'a pas dit son nom. Je ris, presque en silence, nous échangeons un dernier regard et je sais déjà que Katie aura beau être la fille la plus intelligente, gentille et sexy du monde, c'est son énigmatique amie qui m'occupera l'esprit pour les prochaines heures. Les prochains jours qui sait. Je me replonge dans mon travail, tâchant de chasser toute image de ses cheveux dorés et toute image de ma bonne vieille Sara. Elles finiront par me rendre dingues, toutes autant qu'elles sont.

→ Ton heure de gloire est enfin arrivée, un producteur de cinéma vient de te remarquer dans la rue et te propose de devenir la star de son nouveau film. Que lui dis-tu ? Je me vois dans l'obligation de refuser, à moins qu'il puisse attendre deux ans, que je termine mes études et prenne enfin une année sabbatique.

→ Une pauvre fille en pleurs chante All by myself avec son cornet de glace à la vanille en plein de milieu de la rue retournant tous les regards sur son passage, y compris le tien. Ta réaction ? Je ne sais pas résister à une fille, surtout si elle pleure, je m'en vais donc la rejoindre et même chanter avec elle si elle veut. Et puis je lui offre un café et je lui demande pourquoi elle pleure. Et je la console. Et je lui offre un verre. Vraiment, c'est comme elle voudra.

→ Ton(ta) cousin(e) t'avoue sous l'emprise de l'alcool son attirance pour toi, et tente de t'embrasser. Premières impressions à chaud ? Réactions à froid ? Houla. Je sais que j'ai du mal à résister aux filles mais c'est ma cousine quand même. C'est borderline illégal. Et si jamais on avait un enfant, il risquerait de vraiment mal finir. Alors merci, mais non merci. Même si à chaud, suivant mon taux d'alcoolémie et son taux de sexy, je risque de répondre au baiser. Mais non rien de plus et à froid on en parle et on met un terme à tout ça et on oublie. Enfin, on essaie, ça risque de donner des dîners de famille bizarres.

→ Ton idée du parfait samedi soir : une soirée arrosée au Carling à Oxford, une nuit de folie au Fez Club de Cambridge, une sortie au théâtre de Londres ou une soirée geek avec plat commandé et partie de jeux vidéos avec tes meilleurs potes ? FEZ CLUB ALL THE WAY ! Et si possible précédée par la soirée pizza/jeux vidéos, parce que je suis le roi de FIFA 2012

→ T'es au confessionnal, tu peux avouer ta pire faute, ou encore un secret particulièrement pesant que tu n'aimerais pas voir révélé. Que dis-tu au père Patrick pour te soulager la conscience ? Houla, je suppose qu'aux yeux de l'Eglise, de toutes les églises mêmes, je suis un vil pêcheur. Que Dieu me pardonne, je suis un infidèle. Et je suis probablement amoureux de ma meilleure amie.

→ Le père Patrick était en fait un vrai sociopathe fan de Pretty Little Liars, et t'envoie un sms anonyme où il vous demande de choisir entre un secret révélé qui pourrait anéantir ta réputation ou briser ta famille, et de voler la bague de fiançailles Cartier d'un de vos amis. Après mûre réflexion, qu'est-ce que tu choisis ? Ce n'est pas comme si je me cachais de quoique ce soit, j'assume entièrement qui je suis, d'où je viens et ce que je fais. Et pour ce qui est de Sara, idem, pas une surprise. Donc que le scandale éclate hein.

→ C'est le mec (la fille) de tes rêves, tu en es persuadé(e) et pourtant, celui(celle)-ci est en couple avec quelqu'un d'autre. Tu te la joues résigné(e), stratégique, ou éploré(e) ? On veut les détails ! Je n'ai aucune stratégie et la fille de mes rêves changent environ une fois tous les quinze jours. Je m'en remettrai je pense.

→ Dans dix ans, je me vois bien ouvrir un resto spécialité moules frites avec Camille Jules Martin, marié, six gosses et à l'origine d'une toute nouvelle sauce roquefort-épinards et toi, des projets pour l'avenir ? Gynécologue, par pitié. J'aimerai m'installer à Londres. Avoir une Porsche. Rouge. Pour le reste, mon Dieu, je n'oserai pas m'avancer.

→ Et enfin, honnêtement, entre truth ou dare, qu'est-ce que tu préfères ? (oui ça rime !) Réponse ici.

De vous à nous, dîtes-nous. Votre personnage a-t-il déjà entendu parler des Trouble Makers ? Si oui, qu'en pense-t-il ? Désapprouve-t-il de leurs actions ou bien serait-il prêt à tout faire pour qu'ils le remarquent ? Rêverait-il même d'en faire partie? Ou serait-il prêt à rejoindre le premier anti-fanclub de ces chers TM? À moins qu'il ne s'en foute complètement de leurs activités (raison à préciser)?
Et le Judging Cambridge Club alors, le connaît-il? Si oui, l'audace dont fait preuve ce groupe l'impressionne-t-il ou le révulse-t-il ? Et leurs critiques alors, les prend-t-il en compte ou pense-t-il plutôt qu'elles ne vous servent à rien ? Votre personnage serait-il du genre à vouloir impressionner cette élite et voire même la rejoindre ou aimerez-t-il au contraire la voir disparaître ?

Les Trouble Makers ont l'air plutôt marrants, bien qu'un peu cons sur les bords. Ca peut s'avérer dangereux leurs conneries je suis sûr. Mais bon, ça ne me concerne pas vraiment... Et le JCC est bien, autant sur le principe parfaire la réputation de l'université me paraît une bonne idée, j'ai un peu du mal avec leur snobisme parfois. Certains des membres sont très sympas et ils oeuvrent pour la bonne cause cela dit, alors tant qu'ils ne laissent pas de côté les gens méritants mais pas très riches et qu'ils ne jouent pas les sales fils à papas en permanence, je les tolère sans mal. Il faut dire que j'ai d'autres chats à fouetter et que les clubs étudiants, c'est le dernier de mes soucis. Entre mes cours et l'aviron, le JCC n'est pas ma priorité dirons-nous.