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 Mama thinks she made us angels ❙ The Worells

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MessageSujet: Mama thinks she made us angels ❙ The Worells    Mama thinks she made us angels ❙ The Worells  Icon_minitimeMer 12 Sep - 21:11


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Mama thinks she made us angels
The Worells

Son bras gauche le lançait et pourtant il était incapable de le soulever. Ce fut le premier signe pour Ernest. Quelque chose n'allait pas, quelque chose clochait. Ça et le sale goût qu'il avait à la bouche, et cette impression que sa propre tête était aussi lourde qu'une enclume. Il ne savait même pas pourquoi il avait ouvert les yeux, il voulait les refermer mais il ne le pouvait pas. Paupières trop lourdes pour pouvoir véritablement se reposer, les nerfs à vif tellement que sa propre peau l'étouffait, bouche sèche, pied droit qui tremblait, envie de sortir son arme imaginaire et de se tirer une balle dans la tête… Oh oui et son bras. Ernest était en manque. Le brun fit de son mieux pour pivoter dans son lit, se débattant quelques instants avec les couvertures et bougeant son bras valide pour pouvoir atteindre le tiroir, sa tête toujours dans l'oreiller. Le tiroir était vide. Merde. Ernest se laissa tomber par terre, certain d'être réveillé pour de bon. Enfin… Si réveillé était le terme exact, il avait juste l'impression de s'être pris une grande claque en plein visage, un peu comme dans sa jeunesse quand il vivait dans un appartement miteux et que le premier train faisait trembler les meubles les réveillant tous. Mauvais souvenir. Très mauvais souvenir. Pourquoi y repenser maintenant? Ça n'avait aucun sens, ce n'était pas rationnel et même… "Damn it." Ernest s'énerva tout seul contre le tiroir, le tirant complètement et renversa même la table de chevet. Tiroir vide. Pas de seringues. Rien à s'injecter. Ernest était quelqu'un de prévoyant et qui avait trop besoin de son shoot hebdomadaire pour vivre et… Il était préparé n'est-ce pas?

Marcher n'était pas une option aujourd'hui et ce fut donc quasiment en rampant et presque à quatre pattes qu'il alla vers son placard. Une autre cachette. Une autre boite. Vide. Rien du tout. Il était tiraillé entre donner un coup de poing dans le mur et… c'était tout, il n'avait la force de rien… Absolument rien. Le meilleur scénario aurait été qu'il s'habille, aille à Soho et achète une dose bon marché. Sauf que ses jambes ne voulaient tout simplement pas aujourd'hui. Et l'ironie dans tout ça? C'était juste une conséquence de son accoutumance à la drogue. Enlevez lui sa précieuse seringue et il sera perdu, donnez lui en… Il sera également condamné. Il n'y avait pas de retour possible pour Ernest. Il avait déjà vu des brochures et de nombreux programmes pour décrocher mais pour lui qui consommait depuis des années… C'était juste impensable. Et puis il ne pourrait plus exercer du tout. Adieu le boulot, adieu le cabinet. Ou alors il pouvait essayer d'arrêter d'une manière plus douce, trouver un substitut et ensuite arrêter le substitut et ensuite passer des jours terré dans son appartement à attendre que les effets du sevrage, effets si charmants passent eux aussi. Tout était une question de volonté, n'importe qui était capable d'arrêter. Ernest eut un rire, appuyé contre la porte du placard, toujours à même le sol, il ne blessait personne dans le fond, sa vie ne devenait pas soudainement plus intéressante mais il avait pris l'habitude, parce qu'un jour il s'était senti un peu trop faible et il avait de l'argent. Adolescent, on se sent bon à rien, en plus tu n'étais pas assez bien pour papa alors… Oui, ce produit miracle va tout arranger, ça va changer ta vie mon petit. Est-ce qu'il avait de regrets? Merde… Il était trop tôt pour ça, enfin selon lui, il était là, assis par terre dans un vieux t-shirt de son université et dans un caleçon, à se sentir vieux et usé, parce qu'il n'était qu'un addict qui n'avait pas sa dose. Que dirait ta mère si elle te voyait mon vieux?

"… Il faut vraiment que j'arrête de penser parfois." dit le médecin à voix haute avant de tenter de se diriger vers le salon. Tâche difficile, essayez donc de vous déplacer avec vos deux jambes qui ont décidé de se mettre en grève. Screw you John Watson, I've got some real issues here, pensa Ernest arrivant finalement dans le salon. Sur le canapé, une couverture, rouge, pas à lui, probablement Sophia qui l'avait oubliée là à son dernier passage et Ernest ne remarquait que maintenant. Il s'enroula rapidement dedans, entièrement, seul le haut de sa tête dépassant, ses cheveux ayant l'air quasiment roux à présent. Et maintenant quoi? Il n'avait toujours pas quitté le sol, ses jambes ne semblaient pas vouloir coopérer et… il avait froid. De ce genre de froid qui ne semble venir que de l'intérieur. Dis donc… Il avait l'âme d'un poète aujourd'hui, peut être que tout son délire était digne d'être couché sur du papier. Il était pris d'un autre fou rire alors que le bruit caractéristique de clé se fit entendre. Quelqu'un entrait dans son appartement. Hors il n'y avait qu'une seule autre personne dans tout Londres qui avait les clés… Et elle ne pouvait pas déjà être de retour… si? "Sophia j'espère que tu ramènes à manger avec toi… eh dis… tu peux commander des nouilles?" demandait déjà le frère à la porte qui s'ouvrait.


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MessageSujet: Re: Mama thinks she made us angels ❙ The Worells    Mama thinks she made us angels ❙ The Worells  Icon_minitimeJeu 13 Sep - 11:16

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Take another walk out of your fake world
please put all the drugs out of your hand
you'll see that you can breath without not back up
some much stuff you got to understand

Il était aux alentours de midi lorsque Sophia rentra enfin. Le week end avait été plutôt chargé : un aller-retour à Brighton pour récupérer quelques vieux papiers qui malheureusement se révélaient fort utiles dans sa vie administrative d’aujourd’hui, et du coup l’inévitable visite à sa mère. Visite fort courte heureusement, celle-ci devant partir travailler, assez cependant pour se sentir épuisée. Pas avant un an au minimum la prochaine, hein, voir dix… au point où ils en étaient !
Mentir était long et prouvant, enfin si sa mère apprenait qu’elle ne suivait pas un quelconque cursus menant à un métier professoral, elle la découperait en morceau et jetterait sans aucun scrupule son corps aux vagues, alors bon…

Quoi qu’il en soit, tout ça était terminée : elle était rentrée. La clé dans la porte, le ahanement de bœuf grognon parce que la bandoulière de son sac lui sciait l’épaule, autant de signes qui ne devraient pas tromper Ernest.
Ernest qui l’accueillit aussitôt par une question et un ordre. Oui bonjour grand frère, moi aussi je suis contente de te voir !

Ben, j’ai juste pris des trucs au pakistanais du coin…. Deux secondes, j’pose mon sac. Tu veux quoi comme nouilles ?

Le sac fut vite balancé à terre, de toute manière il n’y avait rien de fragile dedans, et les clés jetées sur le meuble. Ce fut alors seulement à ce moment là que la jeune femme se tourna vers son frère et vit enfin dans quel triste état il état. Posant les sacs plastiques un peu plus doucement sur la grande table, elle soupira et vint se mettre à sa hauteur, lui passant un bras atour des épaules.

Ce serait peut-être mieux de la soupe, non ? Là on dirait que t’as un pied dans la tombe… J’t’ai déjà dit de te couvrir un peu plus et de mettre une écharpe.

Un, deux… trois on y va. Et aïe… C’est dur d’essayer de soulever à bras le corps un frère aîné qui nous dépasse de plusieurs bons centimètres. Encore plus dur en talons haut, même ! Tant bien que mal, Sophia coucha Ernest sur le canapé, pas la force d’aller jusqu’à la chambre. Elle s’éclipsa vite fait, lui ramena deux-trois oreillers qu’elle lui cala sous la nuque, et une autre couverture.

Soupe, tisane…hydrate toi ! Et ouais des nouilles, sucres lents… enfin t’as fait médecine donc tu sais ça mieux que moi. Je te prépare des coquillettes !

Bien sûr, elle avait déjà vu son frère malade. Cepedant, Sophia n’avait jamais eu le réflexe d’appeler le docteur, cette chose là coûtant cher malgré tout, alors même si Ernest avait de l’argent, non elle ne le faisait pas. Pas qu’elle souhaita sa mort, cela n’était pas inscrit dans ses gestes, c’est tout….
La jeune femme s’éclipsa rapidement, et revint avec une tisane et du miel qu’elle posa sur la table basse. Voilà déjà un bon début, non ?

Tu veux la télé, un film ?

En collant (le clac clac des talons pourrait donner des envies de meurtre à son grand frère chéri et Sophia ne voulait pas finir en morceau dans la Tamise), elle baissa les stores et ferma les volets des fenêtres, plongeant la pièce dans une semi obscurité.
Les nouilles cuisaient, ne restait plus qu’à attendre. Bon ben… le repos ne serait pas pour tout de suite ?
Avec un soupir blasé, Sophia s’assit sur l’un des gros accoudoirs du canapé. Elle enleva ses bracelets, les glissa dans sa poche, et passa une main dans les cheveux de son frère. Sa manière à elle de le réconforter, elle savait pas vraiment quoi faire d’autre.

Si t’es sage, t’auras une berceuse…

Ce qui mettait Ernest dans cet état ? Sophia ne le savait pas. Elle faisait toujours attention à ne rien voir des marques discrètes mais pourtant présentes, qu’elle pouvait voir furtivement sur l’un des bras de son frère, de ses absences qui ne la regardait pas, de son comportement en général. Elle était quoi ? Juste une fille de la campagne, elle savait pas lire les signes, elle voulait pas, alors elle restait là, les yeux voilés, à s’occuper de lui comme elle le pouvait et non, non elle ne bougerait pas.
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MessageSujet: Re: Mama thinks she made us angels ❙ The Worells    Mama thinks she made us angels ❙ The Worells  Icon_minitimeDim 16 Sep - 18:57

Ernest avait raison, c'était bien Sophia et il eut un léger sourire aux lèvres en voyant sa petite soeur rentrer dans son appartement. Oui, il se souvenait précisément du jour où il lui avait donné les clefs en lui faisant promettre de ne pas la perdre… La menace? Elle ne pourrait plus participer à ses soirées de guitarhero, surtout que leur groupe était plutôt bien classé. (Oui, personne ne pouvait pas battre Loki and the mischiefs, même si les deux Worells se disputaient un peu trop souvent pour savoir qui ferait Loki et one of the mischiefs.) Enfin bref, Ernest n'allait très certainement pas gagner la médaille du frère de l'année mais il était bien content de voir sa soeur en cet instant. Ce n'était pas comme s'il pouvait l'envoyer chercher ce dont il avait le plus besoin là tout de suite, quel genre de frère serait-il s'il le faisait… Non, Sophia n'était pas au courant pour son addiction et les choses étaient mieux ainsi, de toute façon qu'est-ce qu'Ernest pouvait lui dire? Il y avait beaucoup de choses qu'il était capable d'accepter mais ce n'était certainement pas le regard que pourrait lui jeter sa soeur le jour où elle apprendrait la vérité. Il avait déjà accepté qu'il était une véritable déception dans les yeux de sa mère, mais Sophia? C'était une tout autre paire de manche. La preuve, elle ne fit aucun commentaire en voyant l'état plus que déplorable de son aîné, mais ce n'était pas la première fois qu'elle le voyait ainsi et certainement pas la dernière. Les deux Worells avaient déjà vécu ensemble à plusieurs reprises et parfois, Sophia prenait son canapé en otage et Ernest ne disait rien, trop habitué à sa soeur et à sa machine à café. (Non, il ne s'était pas encore remis de ce fameux matin où il avait trouvé l'horrible appareil dans sa cuisine en train de préparer un breuvage qu'il n'affectionnait pas particulièrement, Ernest n'était pas anglais pour rien, il aimait le thé et absolument rien d'autre.)

Bref, il fut plus que reconnaissant que Sophia ne fasse aucun commentaire et se contenta de lui demander ce qu'il voulait manger. "Je sais pas moi… Des nouilles au poulet? Des nouilles au boeuf? Des nouilles quoi…" Ernest n'avait pas vraiment l'esprit clair et son envie soudaine de nouilles se résumait uniquement à cela, une envie, il n'avait pas vraiment réfléchi, il avait juste la gorge affreusement sèche à présent et son estomac commençait à faire des siennes. Ernest ne se voyait pas vraiment vomir devant sa soeur et pourtant, il avait la tête qui tournait quand elle le souleva, voilà pourquoi il se laissa faire quand elle l'entraîna vers le canapé. Ah ce canapé… La première chose qu'il avait acheté dans son appartement, une fortune pour quelqu'un qui venait juste d'arriver de Brighton, qui avait simplement un poste d'interne dans un hôpital et qui rechignait à appeler sa mère pour demander de l'aide. Ce canapé en cuir avait été une petite victoire à l'époque et il eut donc un autre sourire tandis que Sophia lui apportait des coussins, le frère n'ayant pas la moindre intention de bouger. Ernest n'avait même pas la force de s'emparer de la télécommande, en fait, il était très bien sur le canapé, dans la semi-pénombre, il aurait même pu se rendormir s'il l'avait voulu. Mais non, il y avait toujours cette brûlure au fin fond de sa gorge et un de ses pieds s'était mis à taper contre le rebord du canapé sans qu'il ne s'en rende compte. "Il n'y a rien je suppose, même pas un épisode de Doctor Who… C'est triste." marmonna t-il avant de prendre la peine de vérifier, mais Ernest n'était pas en état de se concentrer sur quelque chose d'aussi futile que la télévision.

Il sentit la présence de Sophia au dessus de lui, et surtout la main de sa soeur dans ses cheveux, et il se redressa tant bien que mal, tentant de la regarder malgré ses propre mèches de cheveux qui lui retombaient sur le visage. "Au fait en parlant de berceuse, c'était comment Brighton? Maman va bien? Elle n'a pas été trop… enfin trop elle-même…" Ernest haussa les sourcils en terminant sa phrase, reposant péniblement sa tête sur les coussins. Mais comment pouvait-il qualifier sa mère? La dernière fois qu'il l'avait vu remontait à Noël dernier et encore… Il ne s'était pas présenté chez elle avec un sourire aux lèvres, Sophia avait dû l'y trainer. Il n'y avait même pas eu de véritables célébrations et comme toujours, la conversation entre Ernest et sa mère s'était terminée sur une dispute. Ce n'était pas que le médecin ne faisait pas d'efforts... C'était juste qu'il avait cessé d'écouter sa mère il y a bien longtemps, au moment où il s'était rendu compte que les adultes ne prenaient pas forcément les bonnes décisions et que sa propre mère n'était définitivement pas un modèle... Et Sophia se retrouvait au milieu de tout ça. Pas de doute, il était vraiment nul comme grand frère.
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MessageSujet: Re: Mama thinks she made us angels ❙ The Worells    Mama thinks she made us angels ❙ The Worells  Icon_minitimeLun 17 Sep - 0:19

Maman… Sophia aimait pas trop ce mot là en fait, de même que la personne. Pour eux, leur mère avait subi beaucoup. On pouvait lui reprocher bien des choses, mais pas de les avoir abandonné. Cela ne l’empêchait pas d’avoir ses défauts, mais pour sa mère, la jeune femme ne pouvait plus rien faire. Si elle restait à ses côtés, elle-même s’éteindrait, ne deviendrait plus qu’une marionnette, une poupée.
Sophia avait fait son choix : la fuite, le mensonge. C’était perdre un peu de l’affection de sa mère, c’était accepter de souffrir plus qu’il ne le fallait. Elle n’était pas une fille modèle, ne le serait jamais. Elle se débrouillait également moins bien qu’Ernest au même âge, et avait de trop grandes incertitudes quant à son avenir. Sophia avait peur de grandir, peut-être est-ce là la vérité ? Peter Pan à grande gueule et à poitrine, son mal être était là, grand, profond mais non, jamais pris au sérieux. Parce qu’on la pensait forte, parce que son goût pour le cynisme et l’autodérision semblait être une arme efficace, parce qu’elle laissait personne l’approcher. La jeune femme avait ses blessures, certaines ne cicatrisaient pas. Elle ne s’étendait pas trop dessus, trop de silence et de barrière, sa vie était là, sous ses yeux, elle la traversait. Il n’y avait pas de recette miracle.
Mais les yeux de son frère, Sophia ne savait toujours pas les affronter. Encore jeune lorsque Ernest était parti, elle avait vécu son départ comme une culpabilité. Aujourd’hui encore, la peur d’être une mauvaise fille, une mauvaise sœur, lui nouait la gorge. Comme si ce que lui offrait Ernest n’était rien d’autre que de la pitié. Ils communiquaient par disputes, par piques, par plaisanteries, mais était-ce tout ? Ce gouffre entre eux se comblerait ou ne se comblerait pas, mais leur lien était bancal et étrange, rempli d’amour et de tristesse à la fois.

Ouais, maman va bien. Elle m’a encore reproché pleins de trucs donc c’est que ça va, non ? Elle bossait, je suis pas restée longtemps… J’ai pas eu l’impression que les choses aient beaucoup changé à Brighton, t’iras voir par toi-même si t’as envie.

Ernest aimait sa ville, pas Sophia. Elle était passée au cimetière aussi, la tombe de son ancien professeur n’était pas fleurie et elle-même n’avait pas pensé à apporter quelque chose. La jeune femme s’en était voulue, il n’y avait rien à faire contre ça.
Pour se donner contenance, Sophia retourna bien vite en cuisine s’occuper des nouilles. Elle chercha de quoi les assaisonner, tâchant de renfermer tous ses secrets dans l’armoire de son esprit. Avec Ernest, elle partageait beaucoup, mais pas tout.
Du professeur, il ne savait rien ou presque. Elle n’avait jamais voulu le lui dire et même à présent que le deuil était passé, elle n’avait pas pu. Cela avait été comme un père, un père rien que pour elle pour la soustraire à sa mère ainsi qu’à l’ombre de son frère. Un père avec qui elle n’avait jamais eu à rendre de compte.
Sauf que la vie est pleine de décès, on ne peut pas lutter.

Tant bien que mal, la brune réussit à assaisonner ses nouilles avec un bouillon de poulet. Elle apporta l’assiette ainsi que des couverts à son frère, il semblait déjà plus calme. Manger allait peut-être lui faire du bien ?

On parle plus de maman, ok ? Pas envie de m’énerver, il va déjà me falloir du temps pour que je me calme et le chat du voisin du dessus, est même pas là pour que je shoote dedans.

De fait, Sophia était épuisée. Avait-elle réellement envie de passer son après midi avec un malade ? L’idée de courir, s’enfuir de l’appartement, lui effleura l’esprit. Elle ne ferait rien de tel, malgré l’envie. Tout n’était que rêves et embryons, le silence avait sa valeur et les gestes ne s’accomplissaient pas.

T’as prévenu ton cabinet que tu pourrais pas faire tes consultations ou bien je le fais pour toi ? Promis cette fois ci je leur dit pas que t’es mort et enterré ! Ni que tu es soudain revenu sous la forme d’un zombie mangeur de cervelle humaine…

Sophia avec un téléphone, ce n’est jamais une bonne combinaison. Elle décida de laisser son frère manger en paix, après avoir réajusté la couverture sur lui, et fila dans la salle de bain se doucher. Enlever l’odeur du train, celle des transports en commun… Rapide malgré tout, elle revint au bout de quelques minutes en jogging – sa tenue de je-bouge-plus-de-l’appart-, avec une serviette enroulée autour des cheveux.

T’arrives à manger, je te fais autre chose ? T’as bu ? Non t’as pas bu, jte ramène un verre d’eau.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Brute, Sophia l’était. Oui, au moins tout autant qu’attentive… Elle n’avait pas peur de la maladie, habituée à ignorer ses propres rhumes et migraines depuis l’adolescence –pas d’argent pour le docteur, les médicaments…-, la voir chez les autres ne l’effrayait pas également. Même si Ernest se retrouvait à vomir tripes et boyaux, Sophia s’occuperait de lui. Elle était sa sœur, elle avait des choses à payer, sa propre conduite à elle. Elle devait l’aider, elle le ferait.
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MessageSujet: Re: Mama thinks she made us angels ❙ The Worells    Mama thinks she made us angels ❙ The Worells  Icon_minitimeMar 18 Sep - 14:27

Il y avait quelque chose dans le ton de Sophia qui rappelait toujours à Ernest qu'ils n'avaient pas tous les deux les mêmes souvenirs de Brighton. Le médecin se souvenait d'après midi passés sur la plage, à courir de galets en galets, de soirées étudiantes un peu trop arrosées où lui et ses amis finissaient toujours dans des manèges pour enfants ou même Ernest qui tentait de nager jusqu'au vieu Brighton Pier, histoire de toucher le bois brûlé. Oui, Ernest avait eut une enfance plutôt joyeuse, pas parfaite, mais assez pour le contenter, il n'avait pas été battu ni même maltraité, avec Sophia ils étaient juste des enfants du divorce comme beaucoup trop d'enfants en fait. Mais grandir sans père n'avait jamais fait de mal à personne, n'est-ce pas? D'autant plus qu'ils étaient plus des erreurs de parcours qu'autre chose, Mr Worell ayant bien refait sa vie. D'ailleurs un jour, il faudrait qu'il dise à sa soeur qu'il avait retrouvé la trace de leur père, mais comme tout, cela faisait parti des choses dont ils ne parlaient pas vraiment. Un simple regard suffisait, ou même fermer les yeux pour faire semblant de ne pas voir. Ils étaient tellement forts à ce petit jeu tous les deux que le jour où tout viendrait à s'effondrer, qu'ils devraient face à toutes les choses qu'ils se disaient sans vraiment se le dire en somme, eh bien… Ce serait désastreux. Ernest eut un maigre sourire face à la réaction de Sophia, elle ne partageait décidément pas son amour pour Brighton, chose qu'il n'avait jamais compris, mais sa soeur et lui étaient bien différents. Peut être que c'était leur aversion pour leur mère qui les réunissait? Peut être. "Okay… On ne parle plus de maman… tu as raison, je vais me donner encore plus mal au crâne. Ou à la tête. J'ai oublié comment on dit. Et pourtant je suis médecin." Ernest eut un léger rire, bien roulé au chaud dans ses couvertures. "Et hors de question d'embêter le chat des voisins, c'est moi qui doit faire face aux plaintes d'abord… et toutes les nouilles du monde ne suffisent pas pour affronter notre charmante voisine, crois moi."

D'ailleurs en parlant de nouilles, Ernest se mit tant bien que mal en position assise, se disant que tout de même il serait mieux sur le sol. Il aurait préféré manger avec des baguettes plutôt qu'avec des couverts, oui, cela avait tendance à arriver quand on s'amusait à draguer un livreur de plats thaïlandais. Les choses devenaient ensuite très bizarres quand le dit livreur débarquait chez vous avec uniquement des nouilles et rien d'autre, pas de vêtements, ni de chaussures… Ernest se contentait d'hausser les épaules et de l'entraîner à l'intérieur de l'appartement avec la promesse d'un repas chaud et d'autres choses qui se passaient en privé et loin, très loin des yeux de Sophia. Bref, pas une bonne idée de se remémorer ces deux semaines de nouilles gratuites avec sa soeur à côté, surtout quand elle lui parlait. Hmm? Le cabinet. Mince. Son travail. Ses patientes. Ernest poussa un soupir, plantant sa fourchette dans l'amas de nouilles. "Non c'est bon… Ils finiront bien par comprendre que je ne viens pas, pas vrai?" Ernest eut un haussement d'épaules alors qu'il tentait de mâcher. Cela ne lui ressemblait pas du tout de ne pas se soucier de son travail mais il ne se voyait pas dans sa salle de consultation là tout de suite. Il y avait beaucoup trop de choses en jeu, sa réputation en tant que médecin, son droit de pratiquer… Il valait mieux être un médecin un peu flemmard que ne pas être médecin du tout, surtout que le brun ne se voyait vraiment pas exercer un autre métier. Il aimait son job et ce, même s'il risquait de passer pour un pervers.

Trop absorbé par ses pensées et par ses nouilles, il remarqua à peine sa soeur qui filait dans la salle de bain. Depuis le temps, Ernest était plus qu'habitué à la présence de quelqu'un d'autre dans son appartement, et oui, le docteur insistait toujours à dire son appartement, entretenant la fausse illusion qu'un jour prochain sa soeur aurait un chez elle. Sa présence ne le dérangeait pas, bien au contraire, qui savait ce qu'il aurait fait aujourd'hui si elle n'avait pas été là. Au moins, là, il avait l'estomac rempli. "Non ça va merci… je me débrouille très bien avec les nouilles… Mais je veux bien quelque chose à boire. Je crois qu'il reste encore du jus d'orange non? À moins qu'une certaine Sophia ait encore tout fini." Le pire dans tout ça, c'était qu'Ernest pouvait très bien se débrouiller tout seul et s'occuper de lui, mais c'était juste qu'il n'en avait pas envie. Un scientifique aurait dit que c'était son système hormonal qui était complètement déréglé à cause de la drogue et que le manque provoquait une baisse accrue de dopamine dans son cerveau ce qui provoquait la déprime et le manque d'intérêt. Ernest n'avait pas envie de réfléchir là tout de suite, il abordait son addiction de manière plus que non-scientifique et face à son poison, il n'était qu'un homme qui ne cherchait qu'une échappatoire à sa vie bien rangée et merdique. Pas vraiment de rêves, pas vraiment d'illusions, juste quelques minutes en plus. "Hey tu sais ce qu'on pourra rajouter dans le jus d'orange?" Il leva les yeux vers sa soeur. "De la vodka, et ensuite qu'on pourrait sortir et… et voir ce qui se passe." Sa proposition était plus que risible, il était probablement incapable de faire deux pas et il voulait combattre son addiction en la remplaçant par une autre, juste un peu moins coûteuse. C'était un cercle parfait.
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MessageSujet: Re: Mama thinks she made us angels ❙ The Worells    Mama thinks she made us angels ❙ The Worells  Icon_minitimeMar 18 Sep - 15:24

Sophia avait parfois l’impression qu’Ernest lui reprochait de ne pas apprécier Brighton comme lui le faisait. C’était étrange non ? Même ville de naissance, même famille, même sang, et pourtant les ressentis étaient totalement différents. Là où Ernest se rappelait du soleil et de la plage, sa cadette ne voyait qu’en Brighton le lieu d’où son père les avait abandonné, puis d’où Ernest lui-même s’était enfui.
Elle ne s’était pas fait d’amis là bas, gamine trop paumée pour se laisser correctement approcher. Des connaissances, oui, des « hello », des « bonjours », mais rien de plus. De toute manière on l’avait marqué : elle était la fille de la femme qui n’avait pas su garder son mari. Elle avait tenté de se reconstruire pourtant, laissant son professeur la guider vers d’autres horizons où il serait plus facile pour elle de s’épanouir mais… la vie est une garce, rien de plus.
Alors Sophia n’aimait pas Brighton tout en se sentant honteuse, coupable de ses propres sentiments vis-à-vis de sa ville et de son passé. Là-dessus, elle n’affronterait pas Ernest. Elle n’avait jamais eu le cran également de lui dire combien elle avait souffert de son départ à lui, sans personne pour lui dire que non, que c’était normal mais que ce n’était pas de sa faute. Tout ça parce qu’elle se cachait derrière un sens de l’humour cynique et violent, un bouclier non pas pour la protéger, mais la blesser.
Elle soupira en entendant son frère parler et lui rapporta un verre de jus d’orange tout simple. Hors de question de lui apporter de l’alcool dans son état, au mieux cela le ferait vomir, au pire … hé bien ce serait pire ?
Sans un mot elle saisit le téléphone et appela le cabinet : sa solidarité féminine lui commandait de faire prévenir ces femmes qu’il faudrait reporter leurs rendez-vous, qu’elle ne gâche pas des heures et des minutes peut-être précieuses, à attendre sans la moindre nouvelle. Le dialogue avec la secrétaire fut court, elles évoquèrent les épidémies de grippe et de gastro qui se préparaient, et le fait que le docteur Worell n’avait pas pris beaucoup de repos ces derniers temps et qu’il ferait mieux de reprendre des forces cette fin de semaine. Sophia remercia la brave dame et raccrocha.
Elle avait d’un coup l’air plus vieille, plus mature, plus éteinte aussi. Pour quelques secondes seulement, elle ressembla à leur mère, elle en avait conscience, cela la terrifiait. « Ok Champion, tu te reposes et si ce soir ça va mieux alors oui on sortira et tu pourras te trouver un bel éphèbe à qui refiler tes microbes pendant que moi je me ferais juste draguer par des gros lourds. En attendant, pas d’efforts, pas d’alcool, juste des nouilles et du jus d’orange. » Et si cela devait se terminer par une dispute alors Sophia partirait tout simplement de l’appartement. Elle comptait cependant sur son frère pour se montrer un minimum mâture, même s’ils se connaissaient en réalité bien peu.
Il lui semblait souvent que leur fraternité était fausse, téléphonée, comme chacune des relations qu’elle avait pu avoir dans sa vie, familiales ou amoureuses.
En attendant, la jeune femme avait faim. Elle se fit rapidement dans la cuisine, l’équivalent d’un sandwich qui fut vite englouti au plus grand plaisir de son estomac. Et maintenant ? Regarder la télévision serait déranger son frère, et Sophia se sentait trop énervée pour lire. L’appartement lui sembla d’un coup immense et hostile : elle ne voulait pas rester ici.
Sortir ce soir serait bien, oui, elle oublierait le regard de sa mère et le fait qu’elle ne valait rien. Il suffisait juste qu’Ernest aille un peu mieux…
La cuisine était calme, silencieuse, pas le genre de pièce où l’on a envie de vivre malgré tout, mais pour le moment cela était son sanctuaire. Dehors il y avait la vie et à côté, un frère malade. Qu’est-ce qui la retenait ici, l’empêchait de claquer la porte ? Tout et rien à la fois, c’est la vie, c’est comme ça…
A nouveau, Sophia revint vers Ernest. Il lui semblait déjà un peu mieux, elle sourit.
« au fait en montant, j’ai entendu les commères bavarder à propos d’un livreur thaï….. t’es pas innocent, je suppose ? »
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MessageSujet: Re: Mama thinks she made us angels ❙ The Worells    Mama thinks she made us angels ❙ The Worells  Icon_minitimeMer 19 Sep - 21:08

Il était certain qu'en tant que frère… Ernest n'assurait pas. Il était un peu rouillé et s'il avait pu tout simplement lire un manuel et avoir des cours, il aurait accepté sans aucune hésitation, cependant, les choses n'étaient pas aussi simples. Il y avait une différence d'âge assez importante entre eux et Ernest se souvenait certes difficilement, du jour où sa soeur était venue dans ce monde. Le petit garçon qu'il était s'était alors penché vers le berceau en fronçant les sourcils et demandant tout de suite à sa mère pourquoi est-ce que le bébé était en train d'hurler. Visiblement, c'était normal, mais sa mère s'était contentée de le traiter d'idiot et leur père… Ernest fronçait les sourcils dans le présent, ne pouvant pas se rappeler d'une présence paternel à ce moment précis. Ce n'était pas quelque chose de rare dans son enfance, combien de fois son père avait manqué ses anniversaires? Les spectacles de l'école? Oui, il n'avait pas vu Ernest qui se lançait dans les monologues, simplifiés pour un enfant de neuf ans, de Shakespeare, prenant la place d'Henry V à la tête de l'Angleterre. Non, il n'y avait que sa mère au premier rang, clamant à qui voulait l'entendre "c'est mon fils" avec Sophia sur ses genoux, qui ne portait aucun intérêt à la pièce et voulait seulement la couronne qu'il y avait sur la tête d'Ernest. Une couronne de papier en guise de bons souvenirs, il en avait beaucoup avec sa soeur, juste avant que ces derniers ne soient contraint de vivre dans la rue à cause de leur mère. Il se souvenait qu'il avait essayé de faire marcher la petite fille, en vain, histoire qu'elle fuit les parents et leur dispute incessante, mais non, leur mère, devenant alors une véritable marâtre et lui ôtant sa petite soeur des mains le lui avait interdit.

Ernest poussa un soupir, finissant tranquillement son jus d'orange. "Okay c'est toi qui décide, de toute façon ce n'est pas comme si j'avais la force de protester pas vrai? Mais ce serait bien si on sortait… Et non, il n'y a pas que des lourds qui te draguent. Il suffit juste de ne pas être très difficile." Ernest était vraiment la dernière personne à qui il fallait demander ce genre de conseils. Sa vie amoureuse? Chaotique était le mot parfait. Il ne savait tout simplement pas ce que relation signifiait et les plus longues qu'il avait pu avoir n'excédaient pas les trois semaines. Ernest se lassait juste très facilement et il était attiré par des choses complètement différentes chez une femme comme chez un homme. Il pouvait vous parler parce qu'il aimait bien la couleur de vos yeux, votre t-shirt, votre clavicule qui dépassait de votre vêtement, la façon que vous pouviez vous mordre la lèvre inférieure. Il se laissait séduire par absolument n'importe quoi. Une bonne chose selon certains, très mauvaise pour d'autre."Ou alors vraiment bourrée." finit-il rapidement en reposant le verre sur le sol."Et je ne refile mes microbes à personne, je me protège, et j'espère que tu en fais de même." Ah Ernest et la prévention… En tant que gynécologue, il avait beaucoup de choses à dire et en tant que grand frère eh bien… Il en avait encore plus à dire. Il était le genre de grand frère qui couvrait son visage quand Sophia mettait un haut un peu trop décolleté ou même à demander son âge aux hommes qui la draguaient. Et parfois les dits hommes finissaient dans le lit d'Ernest mais chut, cela était arrivé juste ou deux fois… Ou dix. Mais qui comptait vraiment?

Et Ernest était en train de se dire qu'il était vraiment un grand frère plus que déplorable quand Sophia lui fit part des derniers commérages. Oops. Lui qui pensait avoir été discret. "Oh ça…" Il eut un sourire, les yeux rivés sur son plat, soudainement fasciné par les nouilles. Il n'avait pas vraiment prévu d'en parler avec Sophia, en même temps qu'est-ce qu'il y avait dire? Ernest ferait un peu plus attention à l'avenir, et il éviterait de se faire surprendre dans l'ascenseur en train d'embrasser un autre homme. Mais qui était-il pour dire non dans une telle situation? "Tu arrives un peu en retard, disons juste que dans leur pays, c'est la coutume de satisfaire les clients." Ça y est, les souvenirs revenaient et Ernest avait ce sourire d'idiot sur le visage. Espérons que Sophia ne remarque rien. "Quitte à être trop généreux. Et je vais arrêter de parler tout de suite avant que tu me demandes les détails et la taille de son… Hmm… nouilles." Voilà, une diversion, c'était parfait et discret et … oui, il ferait mieux de se reposer avant de songer à arpenter les pistes de danse des clubs londoniens. Et en plus… Ernest était un bon danseur.
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MessageSujet: Re: Mama thinks she made us angels ❙ The Worells    Mama thinks she made us angels ❙ The Worells  Icon_minitimeJeu 20 Sep - 10:51

« Génial, à toi le macaroni sautillant, à moi le spaguetthi tremblottant. Si vous avez fait ça sur le canapé, je te tue, tu m’entends ? »

Ainsi donc Ernest avait réussi à s’occuper lors de son absence. Cela avait quelque chose de frustrant de constater ainsi que son frère avait une vie sexuelle fort occupée lorsqu’elle-même n’avait absolument rien. Quel enfoiré… En attendant il était très difficile de se payer du bon temps lorsque ce qui vous servait de pieu était le canapé du salon de votre frère ainé. Quant à découcher, hé bien Ernest était peut-être trop possessif pour laisser faire ça ? Il préférait se taper ses conquêtes à elle, que de la laisser vivre sa vie. Dieu qu’il était énervant…
Parfois, Sophia se disait qu’elle ferait tout aussi bien de lui faire payer les piles de son joujou vibrant, bien caché dans ce qui lui servait de table de nuit.

Un haussement d’épaule plus tard, la jeune femme abandonna l’idée de frapper son aîné. Il était malade, il avait une excuse, cet enfoiré… Enfin, cela se paierait un jour tôt ou tard. Peut-être qu’il avait choppé un truc avec la bouffe thaï, après avoir fait des bêtises avec ? En ce cas ce serait bien fait pour lui, il ne l’avait pas volé ! Boudeuse, la jeune femme abandonna malgré tout également l’idée de l’étouffer avec un coussin.

« N’empêche, la …. ‘coutume de satisfaire le client’, dit comme ça on dirait juste que tu t’es offert les services d’un prostitué, c’est glauque. Enfin s’il est majeur hein… »

Il avait l’air de tenir à cette sortie nocturne. Sophia savait jamais vraiment ce qui passait par la tête de son illustre aîné, cependant lorsque quelque chose lui plaisait c’était assez facile à deviner. Oui, ils sortiraient sûrement, peut-être juste pour une air mais après tout, évacuer l’appartement un peu leur ferait du bien ? Elle en profiterait pour aérer, si elle devait dormir dans cette pièce cette nuit, autant que ce soit sans chopper de microbes.
Que dirait leur mère si elle les voyait, là, tous les deux ? Fallait pas se faire d’illusions, deux gamins paumés dans des similis de corps d’adultes, et qui se retrouvaient à pas savoir quoi faire quand l’un était malade et l’autre triste. Ils n’étaient rien d’autre que des foutus comédiens, jouant ceux qui possédaient un lien familial, mais sinon ?
Sophia ne se rappelait pas d’Henry V, de la couronne en papier sur laquelle elle avait allègrement bavé et machouillé une fois la pièce terminée. Une pièce extrêmement longue d’ailleurs, surtout joué par les enfants, elle avait dormi comme le bébé qu’elle était encore, lors du monologue de la saint Crispin.
Aujourd’hui, elle n’oserait jamais adopter une telle conduite, cela va sans dire.
Non, Sophia de ballades nocturnes –son imagination ?- avec Ernest, et du fait qu’il avait toujours écouté patiemment ses histoires abracadabrantesques à propos de trolls mangeurs d’enfants, pour ensuite la rassurer et lui dire que les trolls, il s’en occupait.
Elle se souvenait du Ernest adolescent qui était parti un jour, comme son père avant lui, et de celui adulte qu’elle avait retrouvé à Londres, barbu, grandi. Il y avait eu les mails aussi, ceux auquel elle n’avait jamais vraiment su quoi répondre, l’impression de parler à un inconnu. Lui raconter sa vie ? Mais une gamine de treize ans, ça n’a pas de vie !

« Ernest, tu sais bien danser toi hein ? Lorsque t’iras mieux, tu pourras m’aider ? Je manque de souplesse et de talent aussi, faut que je trouve vite fait le moyen de gagner des deux. »

Son frère savait tout faire, son frère était un « golden boy », une merveille. Il attirait aussi bien les mecs que les nanas et personne ne savait lui dire non. Elle, elle avait encore du boulot pour arriver à son niveau…
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MessageSujet: Re: Mama thinks she made us angels ❙ The Worells    Mama thinks she made us angels ❙ The Worells  Icon_minitimeSam 22 Sep - 18:23

Ernest éclata de rire alors qu'il tentait de mâcher, manquant pratiquement de s'étouffer. Ce serait une mort plus que stupide, lui, le médecin, mort étouffé par une nouille, son amour de la cuisine exotique le rattrapant finalement. Il posa son plat sur le sol, histoire d'éviter les moindres dégâts, essuyant du revers de la main les larmes qui étaient apparues au coin de ses yeux. "Juste au passage… c'est quand même mon canapé." dit-il entre deux toussotements. Et puis, Sophia et lui ne s'étaient jamais vraiment mis d'accord en disant qu'il n'avait pas le droit d'aller sur le dit canapé avec l'une de ses conquêtes. Cela faisait parti des imprévus de la vie qu'Ernest ne pouvait pas vraiment prévoir et en plus, ça arrivait toujours si vite! Enfin non… Pas si vite que cela, mais le médecin était tout ce qu'il y a de plus d'humain et il y avait bien trop de moments où il ne réfléchissait pas et alors ses pulsions devenaient libres, il n'y avait plus rien pour les maîtriser et cela pouvait avoir des conséquences désastreuses… Surtout pour le canapé. "Tu peux encore dormir dessus je t'assure… il est propre… J'ai vérifié avant que tu reviennes." Stop talking right now, pensa aussitôt Ernest se disant qu'il en révélait beaucoup trop, donnant encore plus de raisons à sa soeur de ne pas vouloir rester ici. Pour être honnête, il ne voyait pas vraiment Sophia ailleurs. Oui, Ernest était le grand frère hypocrite qui ne voulait pas admettre qu'il vivait avec sa soeur, se plaignant parfois avec ses sous entendu bien lourds mais qui en même temps aimait bien la voir roulée en boule sur le canapé quand il partait au travail…

Le médecin était un paradoxe vivant et il était capable de changer d'avis du tout au tout, ses amis le trouvaient simplement bizarre, d'autres trouvaient ça mignon et puis… il y avait tout simplement ceux qui s'en moquaient et qui lui avaient conseillé d'aller voir un psychiatre. Ernest chez un psychiatre? Il rendrait fou son cher confrère au bout d'une demi-heure et ce, avant même d'arriver à l'histoire du livreur thaïlandais, car si seulement c'était la seule aventure complètement folle et sans lendemain d'Ernest, si seulement… "Il était majeur crois moi… et puis tu me vois me payer les services d'un ou d'une prostituée? J'ai la subtilité d'un manche balai alors je pense que dans ce genre de situations, même moi je ne saurais pas quoi dire." Ernest à court de mots? Cela arrivait très rarement et il avait entendu dire au fil des ans qu'il parlait trop. Il ne voyait pas cela comme une mauvaise critique, cela l'encourageait juste à parler plus, comment apprendre à connaître les gens dans les moindres détails sinon? Enfin non, pas dans les moindres détails justement, juste entendre leur histoire les plus fascinantes et voir ce qu'il y avait de meilleur et de plus excitant chez eux. C'était tout ce qui intéressait Ernest, car dès qu'on basculait de l'autre côté et que les choses commençaient à avoir ce côté sérieux et un peu trop adulte, il fuyait comme un vulgaire voleur.

Oui, un voleur seulement à la recherche d'éléments précis, qui pillait à coups de sourire et qui n'oubliait jamais de vous embrasser à la fin avant de s'éclipser, car bien sûr, il était toujours le premier à partir, toujours le premier à reconnaître les signes de l'attachement et il fuyait alors. Ce n'était pas juste, ce n'était pas joli à voir et donc pas de belle histoires d'amour pour Ernest. Il poussa un soupir et sortit tant bien que mal de la couverture et tenta de se lever. C'était tout de suite mieux avec le ventre rempli et ce fut avec une main moins tremblante qu'il s'empara de son assiette et de son verre vide, les jambes un peu lourdes. Heureusement, il était habillé, certes il ne portait qu'un vieux t-shirt froissé qui proclamait une phrase de Wilde (I have nothing to declare except my genius), et un caleçon, mais c'était toujours mieux que rien. Il parvint à se diriger jusqu'à l'évier où il y déposa la vaisselle sale, se disant qu'il la ferait un autre jour… Ou même la semaine prochaine, cela dépendrait de son humeur…

Et le grand frère avait la tête dans le réfrigérateur, à la recherche d'un quelconque dessert quand Sophia lui posa une autre question. "Il existe plein de moyens de gagner en souplesse." déclara t-il en tournant vers elle, tenant de la gelée dans les mains. Il ne savait même pas ce que ça faisait là, le dessert avait une couleur verte fluorescente et … oui, il allait vraiment manger ça. "Je veux bien t'aider mais je crois que je ferai un bien piètre prof' de danse… enfin… je peux toujours essayer, ça ne coûte rien pas vrai?" Une cuillère et quelques pas plus tard, Ernest déposait l'abominable dessert sur la table du salon, les yeux fixés dessus, se demandant quand est-ce que cet espèce de flan allait arrêter de bouger. Non vraiment, qui avait acheté une horreur pareille? Lui ou Sophia? "Mais…" Il tenta de se concentrer mais le dessert s'agitait toujours, faisant un bruit plus que bizarre. "Il y a toujours la méthode boire et aller danser, une très bonne combinaison, ça peut donner de très bonnes choses… Ou alors très mauvaises, c'est du genre cinquante, cinquante, mais tu es plutôt chanceuse non?" Ernest toucha le bloc de sucre avec son index, retenant un rire en voyant que ça n'allait pas s'arrêter. Pourquoi cette soudaine dérision? Bonne question, un coup il avait froid et puis ensuite il voulait rire, ah la drogue et ses charmants effets... Il se tourna vers Sophia, espérant qu'elle ne ferait aucune remarque sur sa soudaine fascination. "D'ailleurs tu me fais penser que je connais un très bon prof de danse… Ou du moins connaissais. Hmmm…" Ernest fronça les sourcils, pensif. "Il me faudrait un nom pour la catégorie de tous les hommes avec qui j'ai couché et qui m'ont dit leur prénom et autre juste après… Ça serait vraiment utile." Et le pire dans tout ça? C'était qu'Ernest était sérieux, le nombre commençait à devenir élevé.
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