jch - I love rock'n roll ... So put another dime in the jukebox baby ♫ Jersey

« Oh mais c’est la petite Jersey ! Comme elle est mignonne, elle finira à Cambridge tout comme ses parents !». Je venais tout juste d’arriver dans le salon et déjà du haut de mes 8ans, les amies de ma mère me désespéraient. Elles étaient too much, trop maquillées, trop sophistiquées et leur tailleur style « Reine Elisabeth » non merci. Certains diraient que j’ai de la chance d’être née dans une bonne famille, je ne manquais jamais de rien, et j’avais déjà un nom. Pour moi, c’était déjà l’horreur alors que je n’avais pas encore 10ans ! Je me laissais embrasser par cette dame dont je ne connaissais pas le nom, puis ma mère m’invita à aller dans l’autre petit salon pour travailler mon solfège. Je m’exécutais et traversai la salle pour atteindre la petite porte du fond. Je me disais que j’allais enfin être libre.

Parfois j’avais l’impression d’être tombée dans la mauvaise maison. Peut être y’a-t-il eu échange à la naissance ? Je ne me plaisais pas dans toutes ces règles, ces bonnes manières et cette rigueur. Mais je n’avais pas le choix, je devais être « parfaite » aux yeux de mes parents et de leurs amis. Je prenais place devant ce grand piano à queue et commençais à jouer la lettre a Elise… je la connaissais par cœur.

De l’enfance à l’adolescence, il n’y a qu’un pas. J’avais envie de grandir rapidement pour pouvoir prendre mes propres décisions. Enfin, je savais que je ne pourrais pas choisir moi-même l’université dans laquelle j’étudierais. Cambridge, mes parents n’avaient que ce mot à la bouche. L’école la plus prestigieuse de l’Angleterre, et surtout la plus respectable. Mes parents se sont rencontrés là-bas, depuis cette époque, mon père est devenu un célèbre avocat et ma mère est la présidente de plusieurs associations… plus barbante les unes que les autres.

Je grandissais dans ce monde qui ne semblait pas être le mien ; ce qui provoqua chez moi : un dédoublement de personnalité ! Chez moi et en haute société j’étais Jersey Hamilton, mais lorsque j’étais avec mes amis inconnus aux yeux de mes parents, je devenais Jaze. Pas facile de jouer deux personnes à la fois… Je n’avais que 15 ans et pourtant… j’avais l’impression d’en avoir 18 ! Vivre à 100 à l’heure, c’était devenu ma vie. Lorsque j’étais chez moi, ou dans les réceptions auxquelles mes parents étaient invités, je me tenais bien, pas un mot de travers, des mercis, des sourires, poignées de mains, bref tout le tralala habituel de ce genre de monde ! Et puis quand j’arrivais à m’échapper pour quelques heures ; je filais dans le garage d’un de mes amis pour faire du rock ! Oui, vous m’avez bien entendu ! Blouson de cuir noir, jean et bottes… je jouais dans un groupe, j’étais la guitariste du groupe ! Et oui, il est loin le piano à corde et ses partitions de classique ! C’est mon petit secret à moi !

« Jersey ! Ton dossier d’inscription a Cambridge ! Qu’est ce qu’il fait encore sur le bureau ? » J’arrivais dans le bureau de mon père, ma mère tenait dans ses mains le dossier en question. D’un air innocent, j’ajoutais « Je me demandais ce que j’en avais fait ! ». Je voyais le regard noir de ma mère, j’ai bien cru qu’elle allait me fusiller sur place. En réalité, j’avais planqué un dossier pour Oxford dans ma chambre. Tous mes amis, enfin les vrais, pas ceux que je fais semblant d’aimer durant les soirées mondaines, allaient à Oxford. J’allais me retrouver coincée avec tous ces filles/fils a papa ; je désespérais déjà. Je saisis le dossier, et filai dans ma chambre. Quelques minutes plus tard, ma mère déboula dans mon « espace privé ». « Je viendrais avec toi demain pour porter ton dossier. J’ai tellement hâte de voir ma fille entrer à Cambridge ! ». J’avais tellement envie de lui dire le fond de ma pensée, mais idiote comme je le suis, j’aggravais mon cas. « Je suis ravie de marcher dans vos pas, mère. ».

Nous y voilà ; la rentrée a Cambridge. Mon dossier avait été accepté sans problème puisque j’avais la chance d’être une très bonne élève, et le fait que mes parents aient été étudiants là-bas aidait aussi ! J’espérais que je me fondrais dans la masse et que personne ne découvrirait ma double vie. Espérons que le JCC me laisse tranquille…

Les premiers jours passèrent, je m’entendais plutôt bien avec ma coloc’ de chambre qui semblait tout aussi blasée que moi de tout ce « chichi ». J’essayais tant bien que mal de ne plus penser à la musique et au groupe… mais c’était difficile ! Je n’avais qu’une envie : franchir les portes de Cambridge pour celle d’Oxford… mais c’était la mort assurée !

Je suis donc enfermé dans un monde qui ne me ressemble pas, mais je dois faire avec. Je finirais peut être par trouver des « petits rebelles » comme moi… et former un groupe de rock clandestin ?

→ Ton heure de gloire est enfin arrivée, un producteur de cinéma vient de te remarquer dans la rue et te propose de devenir la star de son nouveau film. Que lui dis-tu ? Le cinéma ? Je ne crois pas que ce soit fait pour moi. Je suis bien trop timide… je rigole bien sur ! Je joue deux rôles dans ma vie : la parfaite petite fille riche et la fille surexcitée dans son groupe de rock ! Qui mieux que moi pourrait convenir pour ce rôle ?

→ Une pauvre fille en pleurs chante All by myself avec son cornet de glace à la vanille en plein de milieu de la rue retournant tous les regards sur son passage, y compris le tien. Ta réaction ? Je m’approche d’elle et chante avec elle, même si ce n’est pas vraiment mon style de chanson. Ce n’est pas de ma faute, dès qu’il y a de la musique quelque part, je dois chanter ou danser.

→ Ton(ta) cousin(e) t'avoue sous l'emprise de l'alcool son attirance pour toi, et tente de t'embrasser. Premières impressions à chaud ? Réactions à froid ? « Euh tu fais quoi là ?» Voilà ma première réaction, puis l’autre je le repousse gentiment en ajoutant « je ne suis pas celle que tu crois ». Et ensuite, je prends la fuite !

→ Ton idée du parfait samedi soir : une soirée arrosée au Carling à Oxford, une nuit de folie au Fez Club de Cambridge, une sortie au théâtre de Londres ou une soirée geek avec plat commandé et partie de jeux vidéos avec tes meilleurs potes ? Franchement ? Une bonne répète avec mon groupe de rock, et on fini dans un bar à boire de la bière jusqu’à pas d’heure !

→ T'es au confessionnal, tu peux avouer ta pire faute, ou encore un secret particulièrement pesant que tu n'aimerais pas voir révélé. Que dis-tu au père Patrick pour te soulager la conscience ? Que j’ai déjà couché avec un mec ? Bon c’était mon meilleur ami, on était bourrés… mes parents ne sont pas au courant et veulent que je me marie vierge … oups … !

→ Le père Patrick était en fait un vrai sociopathe fan de Pretty Little Liars, et t'envoie un sms anonyme où il vous demande de choisir entre un secret révélé qui pourrait anéantir ta réputation ou briser ta famille, et de voler la bague de fiançailles Cartier d'un de vos amis. Après mûre réflexion, qu'est-ce que tu choisis ? Même si je signe mon arrêt de mort, je préfère que mes parents soient au courant ! A moins que la soi-disant bague soit celle d’une de mes « fausses » amies !

→ C'est le mec (la fille) de tes rêves, tu en es persuadé(e) et pourtant, celui(celle)-ci est en couple avec quelqu'un d'autre. Tu te la joues résigné(e), stratégique, ou éploré(e) ? On veut les détails ! Je ne suis pas du genre à briser des couples, encore moins si ces personnes font partie de mon entourage… mais je teste de loin si leur couple est fiable. A la moindre faille… me voilà !

→ Dans dix ans, je me vois bien ouvrir un resto spécialité moules frites avec Camille Jules Martin, marié, six gosses et à l'origine d'une toute nouvelle sauce roquefort-épinards et toi, des projets pour l'avenir ? Sur scène ! La relève des Beatles est arrivée, man ! Pour ce qui est du couple, du mariage et les gosses… très peut pour moi ! On verra ça dans un futur loin… très loin !

→ Et enfin, honnêtement, entre truth ou dare, qu'est-ce que tu préfères ? (oui ça rime !) J’adore la compétition donc pour moi « Dare » … et il faut avouer que chez moi la vérité sonne faux !

→ En pleine soirée baby-sitting, l'adorable petite fille aux cheveux blonds que vous gardez s'installe sur vos genoux et vous demande, d'un air suppliant : « Moi plus tard, je veux être la Reine d'Angleterre. Papa m'a dit que pour pouvoir le faire, il fallait aller à l'université. Mais il a dit aussi qu'il fallait choisir entre Oxford et Cambridge, parce que ce sont elles les meilleures d'Angleterre. A ton avis, il vaut mieux apprendre à devenir Reine à Oxford, ou à Cambridge ? » Tu as de meilleure chance si tu choisi Cambridge. Après tout, les meilleurs élèves y étudient. Cette école est celle de l’excellence, il faut avoir de bonne notes, mais aussi un bon comportement… ce que tu ne trouveras pas à Oxford !

→ Après avoir écouté votre argumentaire, elle s'interrompt une seconde et fronce étrangement le nez. « Mais, au fait, qu'est-ce que c'est, le Judging Cambridge Club ? » Ce sont des personnes qui évaluent le niveau des élèves de Cambridge. Ils font une sorte de classement du meilleur au moins bon. Pour avoir toutes les chances d’arriver au sommet de la liste, il faut être irréprochable et le premier de sa classe !

→ « Aaaah, d'accord. Je comprends mieux. Et les TroubleMakers, alors ? C'est la même chose ?» Pas vraiment, c’est même plutôt l’inverse. Il vaut mieux ne pas apparaître dans leur liste noire ; cela nuira à ta scolarité et à tes chances de devenir une Reine.

→ « C'est bien compliqué tout ça. Mais alors, si je choisis Cambridge et que finalement je préfère Oxford, j'ai le droit de changer en cours de route ? » Hélas non. Lorsque ta décision est prise, tu n’as plus le choix, pas de retour en arrière, petite.

→ « Hm... Bon. Ca m'avance pas beaucoup. Mais en même temps, j'ai le temps. »