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 Out of Touch | Ludwig & Jamie

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Anonymous


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MessageSujet: Out of Touch | Ludwig & Jamie   Out of Touch | Ludwig & Jamie Icon_minitimeMer 26 Déc - 15:44








Out of Touch



La serveuse a l’air un peu perplexe quand elle m’apporte ma commande ; je ne peux pas vraiment lui en vouloir, parce que c’est vrai que la nature de ma demande est un peu déroutante, et qu’il est rare qu’il y ait beaucoup de personnes moroses et solitaires isolées dans le box d’un café anonyme pendant les fêtes, surtout le jour du Boxing Day.
Mais je ne peux rien y faire ; le Boxing Day, avec ses soldes outrageantes, ses batailles et ses coups de dents et d’ongles pour récupérer la dernière paire de Prada en taille 3½, ses papiers de couleurs chatoyantes qui affichent des ribambelles de chiffres, d’offres spéciales et de rabais, me déprime singulièrement.

C’est toujours déprimant de voir des gens de tout sexe et de tous âges se précipiter en piaillant et trépignant vers le rayon chaussures ou maroquinerie des grands magasins et en ressortir avec des sacs griffés remplis à ras-bord quand on n’a pas le moindre sou vaillant. Et ça l’est encore plus quand, plusieurs semaines après s’être fait virer du luxueux appartement de son premier amant, on ne s’est toujours pas remis d’avoir été utilisé et vite-fait rejeté.
Ce qui, pour en revenir à la carte du bar que j’ai soigneusement épluchée pour trouver quelque chose à même de me remonter le moral et de ne pas trop faire souffrir mon porte-monnaie (qui n’est ni Dior, ni Chanel, ni Armani), explique la singularité de ma commande.
Sur un petit sous-verre à côté de ma main gauche, le remède conseillé par mes amis pour se remettre d’une petite peine de cœur : un verre de vodka, la plus forte proposée sur le menu des boissons. Sur une petite assiette à côté de ma main droite, ce que mes amies m’ont assuré être la meilleure solution pour se remettre d’un cœur brisé : un croissant pur-beurre qui m’a coûté les yeux de la tête, et un chocolat viennois dont la crème Chantilly est saupoudrée d’une poussière de pépites de cacao – ce qui, quand on y réfléchit bien, est ridicule, mais mes amies m’ont bel et bien conseillé de « rester en contact avec mes émotions ».

Je ne sais pas si leurs allusions à « la facette féminine de mon être » cachaient d’autres desseins que celui, ma foi honorable, de me consoler. Si elles cherchaient subtilement à obtenir des informations sur ma nuit avec Evan Moore, par exemple. Dans tous les cas, elles en ont été pour leurs frais ; je n’ai pas l’intention de mentionner une seule fois à voix haute ce qui s’est passé lors de cette fameuse nuit, ni même d’y repenser. En fait, je n’ai même pas l’intention de prêter une nouvelle fois attention à cette partie de mon identité qui trouve les hommes beaucoup plus attirants que les femmes.
« Une chance que je ne sois pas vraiment gay », songé-je avec force en continuant à hésiter entre une bouchée de croissant trempé dans du chocolat et une gorgée de vodka. Après tout, c’est vrai. Je n’ai… absolument rien fait avec Evan qui soit différent d’avec une fille ; pas de chose… insérée là où rien ne devrait être inséré. Pas pour moi, en tout cas.
Ce qui est une chance, vu que puisque rien ne s’est passé de ce côté-là de mon anatomie, je ne suis pas vraiment gay, non ? Ce qui me laisse largement le temps de me retourner (sans mauvais jeu de mot) et de corriger mon style de vie pour en faire quelque chose de plus honorable.

Pas que je vais abandonner mon travail d’hôte téléphonique érotique, évidemment ; j’ai besoin de cet argent pour vivre et poursuivre mes études jusqu’à devenir l’assistant parfait d’un cabinet d’avocat ou d’un cabinet de notaire. Mais je peux rectifier ces pulsions.
Pas que j’ai quoi que ce soit contre les gays, évidemment. Evidemment pas. J’ai moi-même brièvement décidé d’explorer ce côté-là de ma personnalité, le temps de quelques sorties d’une nuit avec Evan. J’avais même envisagé la possibilité d’être gay moi-même. Mais cette expérience avec Evan, justement, m’a prouvé le mal-fondé de ma démarche.

« Je ne suis pas homosexuel », me répété-je, toujours sans toucher à ma commande, m’appuyant un peu plus étroitement sur le siège rouge de ma banquette ; il m’est maintenant évident que je n’ai absolument rien en commun avec ces hommes avides de coucheries qui seraient prêts à prétendre n’importe quoi et à manipuler n’importe qui pour arriver à leurs fins. Je n’ai rien à voir, une fois de plus, avec ces obsédés irrespectueux.

J’ai soudain envie de me renverser mon chocolat chaud sur la figure pour me brûler au troisième degré, de m’aveugler à la vodka et de m’étouffer avec mon croissant.
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