RAB ❧ je déteste les discussions, elles font parfois changer d'avis

rachel amanda baker

... Cher journal,

... Oui je sais, c'est bateau comme accroche mais c'est comme ça que l'on fait non ? Que ce soit dans les livres ou dans les films, les personnages commencent toujours leur journal intime comme cela. C'est vrai que j'aurais pu changer d'en-tête pour me démarquer des autres, mais je n'ai vraiment aucune idée de comment commencer. J'aurais pu te donner un petit nom, « Journal » ce n'est pas le top du top tu es bien d'accord avec moi. Mais pour le moment cela restera comme ça. Après tout ce n'est pas comme si tu pouvais me répondre et te rebeller. Et d'ailleurs c'est surement la première et dernière fois que j'écris la-dedans. Pourquoi ? Simplement parce que c'est un cadeau que l'on m'a offert et pour lui faire honneur je me suis dit je vais au moins l'utiliser une fois et comme je m'ennuie un peu en ce moment je me suis dit pourquoi pas. Mais si on est réaliste une fois que je n'aurais plus rien à écrire, tu vas finir au fond d'un tiroir où je vais t'oublier et où tu vas rester pendant un long moment avant que je te ressorte de là, car je ferai du rangement où en tombant sur toi par hasard. Enfin tu vois le genre quoi. C'est dommage parce que tu es plutôt joli comme journal, une couverture d'un rouge flamboyant - ma couleur préférée - avec une jolie calligraphie noire, mais l'écriture ce n'est vraiment pas mon truc. Surtout écrire sur moi, une fois que je t'aurais dit tout ce qu'il y a à dire sur ma vie, je n'aurais plus grand-chose à consigner. Je ne suis pas le genre de fille à me plaindre où à écrire mes états d'âme sur le papier, là où n'importe qui pourrait tomber dessus et tout lire. C'est une bonne façon de se faire prendre lorsque l'on écrit tous ses petits secrets dans un journal, aussi joli soit-il.

... Alors, dans la logique des choses, on commence d'abord par les présentations. Je m'appelle Rachel Amanda Baker. Ce qui est une bonne chose, car je n'aime pas trop les surnoms. Pour essayer de raccourcir Rachel et ne pas trouver un sobriquet ridicule, il faut se creuser les méninges. Donc ça me va comme ça. J'ai bientôt dix-neuf ans, mais on m'en donne facilement moins à cause de ma petite taille et de ma bouille enfantine et je l'avoue, j'en joue parfois pour obtenir ce que je veux. En règle générale, j'obtiens toujours ce que je veux, c'est une chose importante à savoir sur moi. Plus butée et déterminée que moi, cela existe surement, mais c'est quand même dur à trouver. Je suis une vraie pile électrique, je ne tiens pas en place. Ma personnalité se reflète d'ailleurs par mon physique je pense. J'ai les cheveux rouges et des fringues souvent très colorées. Enfin bref, sinon je suis célibataire, ce qui n'est pas plus mal puisque je me cherche encore. Je ne sais pas si je suis attirée par les garçons, les filles, ou même les deux et à vrai dire, je ne me pose pas trop la question non plus. Quand je tomberais amoureuse, que ce soit d'une nana ou d'un mec, je le vivrais a fond dans n'importe quel cas. Mais en attendant je m'amuse et c'est très bien comme ça. Sinon je suis en première année de droit et ça me plait beaucoup puisque j'aime beaucoup défendre les autres, mais bon sinon comme tous les cours, il y a des moments barbants comme devoir se taper toutes les lois à connaître par cœur, mais une fois mes études terminées, je pense que je m'épanouirais dans le métier d'avocate. Je pense que tu en sais assez sur moi maintenant, ou en tout cas tu cerne assez bien le personnage, passons alors à mon histoire.

... Commençons par le commencement. Je suis née dans la grande ville de New York, la Grosse Pomme comme ils disent, quelques semaines avant terme. Mais je ne suis pas née seule, j'avais et j'ai toujours d'ailleurs une soeur jumelle, elle s'appelle Abbey. Si petite, il était impossible de nous différencier, même pour nos parents lorsque nous faisions un effort, en grandissant notre caractère nous à très vite permis de le faire. Abbey est tout l'inverse de moi. Elle n'aime pas s'imposer, elle est très discrète et réservée, mais ce n'est pas faute d'efforts de ma part pour avoir essayé de la décoincée un peu. Rien à faire. Mais bon, c'est ma soeur et je l'aime, même si parfois je la trouve un peu rabat-joie et pas très rigolote. Après tout, la famille ce n'est pas cencée être rigolo. Quand j'étais enfant, c'était un peu moi qui faisais la loi à la maison et j'aime a croire que c'est peut-être encore le cas. Mon petit monde tournait autour de moi. Pour le moindre petit truc, je trouvais toujours quelque chose à redire, que ce soit pour choisir le prénom de nos nombreux animaux de compagnie, quand on refaisait la décoration de la maison ou autre. Je voulais toujours que ce soit moi qui décide et en général le reste de la maison finissait par céder et j'avais le dernier mot. Et oui, je ne lâche pas facilement le morceau. On peut donc dire que j'ai eu une enfance heureuse même si tout n'était pas toujours tout rose, comme dans n'importe quelle famille. Mais je voyais toujours le côté positif et j'étais le petit bout de bonheur dans la maison des Baker.

... Les choses ont commencé à se gâter lorsque Jason et Maryanne, les deux ainés de la famille ont quitté la maison pour l'Angleterre. Cela a été un coup très dur pour moi, peut-être le plus dur de tous. Je pensais qu'on resterait toujours tout ensemble. Pas forcément dans la même maison, je suis réaliste, chacun à sa vie et doit la construire sans avoir les autres dans les pattes, mais je pensais que l'on ne serait jamais aussi éloigné les uns des autres, encore moins sur deux continents différents. C'est alors que j'ai commencé à me mettre tout le monde à dos, mes parents mais, en particulier, mes deux autres sœurs, Abbey et Kitty, la cadette de la maison. Pour cette dernière ce n'était pas trop difficile, étant donné son jeune âge, je n'avais pas trop à me creuser la cervelle pour la mettre en rogne. C'était ma façon à moi de dire « hey, regardez-moi, je vais mal ». Mais à l'époque comme aujourd'hui, je n'aime toujours pas parler de mes états d'âme et je trouve des stratagèmes pour le faire comprendre autour de moi. Notre mère en a vite eu ras la casquette de cette situation et m'a tiré les vers du nez. Je ne suis pas très fière, mais j'ai pleuré comme une madeleine. Je déteste pleurer. C'est un signe de faiblesse. Suite à cela, notre mère à alors décider, pour mon bien comme pour celui du bien-être à la maison de me faire aller rejoindre mes deux ainés en Europe. Elle préférait que j'aille chez Maryanne, à Londres, celle-ci étant la plus responsable et c'est également pour cette raison que je préférais plutôt m'installer chez Jason à Oxford.

... Cela fait donc un peu plus d'un an que j'ai quitté la côte ouest des États-Unis pour l'Europe et si les choses vont tout de même un peu mieux, ce n'est toujours pas le monde des bisounous. Pour commencer, la dernière année de lycée n'a pas été chose facile. Mes camardes me regardaient différemment à cause de mon style vestimentaire et de mes cheveux rouges, mais aussi parce que j'étais la petite nouvelle, venant des USA et on n'a pas vraiment le même état d'esprit que les Anglais. Avec des résultats exemplaires, je suis donc entrée à Oxford, en première année de droit comme je te l'ai dit au début, mais ce n'est toujours pas chose facile. Si ça c'est un petit peu arrangé avec mes camarades, cette fois c'est Jason qui songe à m'abandonner une seconde fois pour rentrer chez nous. Je ne lui ai déjà pas pardonné la première fois où il est parti. Je l'ai clairement pris comme un abandon et je le prends toujours comme tel. Et là, il songe encore à m'abandonner. S'il le fait, cette fois, c'est certain, il n'y aura aucun retour possible entre lui et moi.

... Voilà cher journal, tu connais les grandes lignes de ma vie maintenant, mais de toute façon je n'ai pas le temps de t'en dire plus, il faut que je retourne en cours. Cela va être une mise en situation, ce que je préfère, car ce n'est pas que de la théorie comme ces cours de lois barbants à souhaits. Je ne sais pas trop comment te dire au revoir. Je dois dire quoi ? Gros bisous ? A la prochaine ? Ça fait un peu bizarre d'écrire ça à la fin, mais bon, tu as compris où je voulais en venir c'est le plus important.

... Rachel A. Baker.

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