| Sujet: family shall come first w/ Melody Lun 14 Oct - 20:57 | |
| Je dois bien l'admettre, en tout franchise, je suis réellement excitée, et pas qu'un peu. Le fait que j'attende ma cousine sur le quai quasiment désert de Cambrige en ce samedi matinal n'y est pas pour rien, et le fait que je parvienne toujours à lire, dans ses jeunes yeux, l'engouement qu'elle éprouve à l'idée d'être, précisément, ma cousine, n'est pas tout à fait innocent non plus. Peu de gens sont fiers de moi, ou l'ont été, en tout état de cause. Henry l'est bien sûr, depuis le début je pense, et finalement les gens qui comptent vraiment le sont, mais il a été déjà difficile de relativiser le mépris profond que j'ai longtemps inspiré à tous les gens que mon esprit rattache à Oxford. Les étudiants, le corps professoral, il n'a jamais été bien simple pour moi de trouver le moindre intérêt à fouler les allées de l'université tout bonnement incapable de rendre qui que ce soit impressionné par mes prouesses intellectuelles et étudiantes ; et sans doute à raison, bien entendu, étant donné que la psychologie n'a pour ainsi dire jamais été mon truc.
Mais au delà des simples études, mes frasques lors des cours de théâtre et oeuvres dessinées n'ont pas déclenché plus d'approbation que le reste, et il a bien fallu que je finisse par admettre que ce monde là n'était pas pour moi. Trop intellectuel, sans doute, pour une fille un peu trop artiste au goût des autres, c'est d'ailleurs ce qui finira peut être par me perdre de manière définitive ; en attendant, le monde doit bien reconnaître que la pauvre Juliet Russell a fait du chemin et qu'elle n'a plus grand chose à envier à qui que ce soit.
Melody a toujours fait partie de ces gens qui, ayant le mérite d'être des membres de ma famille, apprécient mes talents d'actrice plus que la liste de mes conquêtes nocturnes, et si elle a légèrement tendance à suivre les traces de sa cousine en matière de déchéance, il me semble de mon devoir, maintenant que j'ai le demi-centimètre de recul d'avance sur elle nécessaire à ma propre santé morale, de tenter de la recadrer un peu, tout en lui faisant profiter des avantages que je tire directement de mon statut d'actrice sur une grosse production, à savoir la visite VIP des coulisses et l'essayage discret et illicite de costumes de scènes. Je compte bien sur ce week end entre cousines pour passer du bon temps, et j'ai pour projet de regagner Londres avec elle demain soir pour rejoindre Henry qui, je n'en doute pas une seconde, sera superbement ravi de me voir.
Quand le train s'arrête enfin, je me hisse pour apercevoir ma cousine et quand c'est chose faite, un sourire satisfait s'étire sur mes lèvres tandis que je m'élance vers elle d'un pas guilleret, plus qu'enthousiaste. «Hello ! » je lance d'un air joyeux. « Je suis vraiment très très contente de te voir. Le trajet s'est bien passé ? » |
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