roomies & bff w/ Jessie

Je range le dernier paquet de cornflakes dans le placard du haut et m'étire un peu. J'ai terminé plus tôt que Jessie qui doit tourner quelques scènes de nuit, et ma flemme phénoménale m'a empêchée de cuisiner quoi que ce soit pour le dîner. Mon repas s'est donc soldé par un bol de céréales que j'ai mangé en téléphonant à Henry. Il va bien, et moi mieux maintenant que je n'habite plus toute seule dans une chambre d'hôtel. J'ai quand même raccroché, à regrets, au bout de presque une demie heure de conversation, pour éviter de lui prendre trop de son temps. Je m'affale ensuite devant la télé, demain est un jour libre mais je doute que Jessie ait envie de faire quoi que cez soit qui implique de sortir de cette appartement habillé autrement qu'en sac poubelle - ce qui n'est pas loin d'être mon cas actuellement. Je zappe jusqu'à ce que j'entende la porte claquer, et me lèvre alors avec enthousiasme pour accueillir ma meilleure amie.  « Hello dear », je lance en lui claquant un bisou sur la joue. « Alors? Pas trop fatiguée? » Je me modère très largement, mais j'ai en réalité une tonne de choses à lui dire, et à lui demander.

Parce qu'elle est allée voir Henry.

« Je suis claaaaquée. Et je crève la dalle ! » Ca ne m'étonne pas tellement, même dans l'hypothèse où nous aurions besoin d'un régime quelconque pour garder la ligne pendant le tournage, le rythme en lui même remplace aisément les salles de sport - du moins je crois. J'acquiesce doucement, toute la compassion du monde pouvant aisément transparaitre sur mes traits - ce n'est pas parce que je suis pressée de récolter son approbation sur Henry que je ne peux pas y mettre les formes. Je la suis dans la cuisine et m'assois sur le plan de travail en relevant mes cheveux dans un chignon négligé. Ma mère a haussé un sourcil sceptique quand je lui ai expliqué que je m'installais avec Jessie, rapport sans doute au fait que je suis incapable de m'occuper de mes affaires toute seule, mais je trouve finalement que notre collaboration se passe au mieux. « T'as déjà mangé peut-être? Ah et t'es de repos aussi demain, non? Je crois que les garçons font avoir leur première scène avec la carte, et d'autres trucs entre Maraudeurs. Ca risque de les occuper un moment » Je hoche vivement la tête et m'étire un peu. « Des céréales, avant que tu ne rentres, je mourrais de faim », j'explique en riant un peu. « Et oui, repos demain, et je compte bien en profiter pour dormir toute la journée... » je penche la tête et plisse le front. « ... mais je passerai sans doute la soirée à Londres » (et la nuit?). Mais Jessie approche et me fourre un sushi au saumon dans la bouche, ne me faisant pas l'économie d'un regard sévère. « Mange. Pour de vrai. » Je m'exécute sagement, m'abstenant de faire remarquer que le bol énorme de cornflakes précédemment avalé m'est largement suffisant étant donné qu'elle enchaîne sur un sujet beaucoup plus intéressant. «  Alooors, tu vas voir Henryyyyy? » Je ris un peu et joins mes mains en dessous de mon menton pour hocher la tête avec enthousiasme. « Ouiii... » Je laisse échapper un "aw" amoureux et penche la tête sur le côté. « Il m'a dit que tu avais été le voir? Je n'arrive pas à croire que je sois obligée de te demander pour avoir un debriefing!! »

« C'est exaaact. J'ai pris un rendez-vous au cabinet pour être sûre de pouvoir discuter un peu. Bon il doit me prendre pour une tarée maintenant, mais au besoin, il s'occupera de mon cas. » Je ricane un peu et roule des yeux - de toute façon, pas besoin d'Henry pour déterminer que, comme moi, Jessie est effectivement légèrement folle. Mais c'est aussi ma meilleure amie, ma soeur, et tout ce qui va avec - son avis sur mon futur mari est donc légèrement important à mes yeux. « Mais rassure-toi, je ne l'ai pas traumatisé à vie... Enfin, je ne pense pas, il faudra attendre qu'il tombe sur Ludwig pour ça je suppose. »Je ris un peu, puis fronce le nez, essayant de m'imaginer Henry et Ludwig en train de partager une conversation. Je ne doute pas une seconde du fait que mon très cher ami serait tout à fait capable de se surpasser en le mettant horriblement mal à l'aise et me mords la lèvre pour éviter tout son inopportun qui pourrait m'échapper quand je tente d'imaginer la mine contrite d'Henry. « On a papoté un peu, on a pris un thé, il a essayé vainement de me psychanalyser et j'ai décidé que je l'aimais bien. » J'applaudis et m'approche pour me jeter à son cou un instant, soulagée par la réponse qu'elle m'offre après tant de suspens. « Je suis tellement contente que tu l'aimes bien, si tu savais ! » Je ris et la laisse continuer de manger en piquant moi même un sushi, me laissant tomber sur la chaise la plus proche de la sienne. « Je suis vraiment amoureuse de lui, et je crois que ça ne s'arrange pas vraiment avec le temps ».
uc

Il est presque minuit et la journée a été longue, mais il ne manque plus qu'une prise. Pour être sûre. Katharine doit déjà avoir des heures et des heures de film et je plains les pauvres âmes qui devront se coltiner la post-production. Mais cette scène ne requiert rien de trop compliqué. Rien à voir avec le premier baiser de James et Lily, qui a demandé des heures de travail et un nombre de prises assez ridicules, en fin de compte. Je remets en place la longue tresse qui pend dans mon dos, affiche un doux sourire et le clap résonne. Il s'agit d'une brève conversation entre Lily et Marlene, nous la tournons plusieurs fois uniquement pour trouver les meilleurs angles de caméra.

Mais finalement, c'est dans la boîte et après un long bâillement, je m'étire et peux enfin quitter ma loge. J'évite soigneusement notre chère réalisatrice, n'ayant pas envie de me lancer dans une grande discussion là, tout de suite. Je bénis la petitesse de Cambridge et la proximité de notre appartement, qui se situe littéralement à trois rues du tournage. Je laisse la porte se refermer derrière moi et balance mon sac dans l'entrée, avec une discrétion de pachyderme. Je suis toutefois reçue avec un bisou sur la joue et un « Hello dear » qui me remettent un peu d'aplomb. « Alors? Pas trop fatiguée? » Je baille encore une fois à la simple évocation de mon état de fatigue, et réplique en me dirigeant vers le frigo « Je suis claaaaquée. Et je crève la dalle ! » Fort heureusement, j'avais prévu le coup et un large plateau de sushis m'attends sagement. Je m'empare ensuite d'une boîte de nouilles instantanées et tandis que la bouilloire chauffe, pioche quelques makis à la baguette. Je désigne la nourriture de la main, invitant ma meilleure à se servir. « T'as déjà mangé peut-être? Ah et t'es de repos aussi demain, non? Je crois que les garçons font avoir leur première scène avec la carte, et d'autres trucs entre Maraudeurs. Ca risque de les occuper un moment » Un sourire en coin apparaît, tandis que j'imagine Eliott, Aaron et Leo éveiller les gamins en eux pour incarner au mieux les joyeux garnements. Mais moi demain, je dors !

« Des céréales, avant que tu ne rentres, je mourrais de faim. Et oui, repos demain, et je compte bien en profiter pour dormir toute la journée... mais je passerai sans doute la soirée à Londres. » Je fronce les sourcils d'un air faussement sévère et enfourne un sushi au saumon dans la bouche de ma meilleure amie. « Mange. Pour de vrai. » dis-je, d'un ton ne laissant pas de place à la discussion. Je pose le plateau de nourriture à côté d'elle et entreprend de touiller les nouilles. Mais ce n'est pas sans afficher un sourire taquin que je me laisse choir sur une des hautes chaises longeant le plan de travail. « Alooors, tu vas voir Henryyyyy? »

Ma question n'est pas vraiment innocente et le couinement enthousiaste de Julliet me confirme que ce changement de sujet est fort à propos. « Ouiii... Il m'a dit que tu avais été le voir? Je n'arrive pas à croire que je sois obligée de te demander pour avoir un debriefing!! » Je ris un peu, j'attendais qu'elle aborde le sujet à vrai dire. Après tout, moi aussi je peux m'amuser à ne pas tout raconter. « C'est exaaact. J'ai pris un rendez-vous au cabinet pour être sûre de pouvoir discuter un peu. Bon il doit me prendre pour une tarée maintenant, mais au besoin, il s'occupera de mon cas. » J'attrape du bout des doigts un sashimi et ménage un petit effet, avant de finalement ajouter « Mais rassure-toi, je ne l'ai pas traumatisé à vie... Enfin, je ne pense pas, il faudra attendre qu'il tombe sur Ludwig pour ça je suppose. » A vrai dire, ce pourrait être drôle, mais je ne pense pas que ce soit le moment de suggérer l'idée. « On a papoté un peu, on a pris un thé, il a essayé vainement de me psychanalyser et j'ai décidé que je l'aimais bien. » Et j'imagine que c'est ça que ma chère blondinette voulait savoir.

uc