SRK - J’ai dit que j’étais un drogué, j’ai jamais dit que j’avais un problème.

Et ce jour-là j'étais morte. Je ne bougeais plus, je ne parlais plus, mes yeux étaient grands ouverts et vide comme si je ne ressentais plus rien. C'était une sensation horrible, une sensation paralysante qui me donnait l'air d'être une sorte de cadavre flottant vulgairement sur l'eau. Pourtant, j'étais toujours en vie, c'était à l'intérieur que j'étais détruite, c'était à l'intérieur qu'il n'y avait plus ce qu'on appelait la vie. Comment en étais-je arrivé là ? Pour savoir il faut remonter plus loin, beaucoup plus loin.

Les mauvaises habitudes d'un homme peuvent parfois devenir le quotidien de certains enfants. Cela avait débuté bien avant ma naissance parait-il, ma mère était folle amoureuse de mon paternel et mon père aussi mais il l'était moins qu'elle, beaucoup moins et il sortait souvent tard le soir, beaucoup trop tard. Peut-être qu'ils s'étaient mariés trop tôt ? Vingt ans ce n'est pas un âge pour se marier, c'est trop jeune. Ma mère lui a souvent reproché son manque d'engagement envers elle, son manque d'attention aussi et ces reproches ont souvent mené à des disputes. Au début elles étaient plutôt petites les disputes mais quand la femme de mon père tomba enceinte, elles sont devenues plus violentes. La femme demandait plus d'attention, elle était plus exigeante envers son mari et il n'aimait pas toutes les attentes de sa femme qui le fatiguaient. Alors un jour sous le coup de la fatigue et de la colère l'homme imposa son mécontentement à sa femme en la frappant. Une claque, une seule claque qui en amena d'autres avec le temps, d'autres plus fortes et plus puissantes avant d'entamer avec des coups de pieds, des coups de poings jusqu'à installer une vraie violence dans leur couple. Et bien sûr la folle amoureuse au lieu de se défendre ou d'aller chercher de l'aide encaissa toute cette sauvagerie pendant des années, devant ses enfants à qui elle demandait de ne pas en parler et en cachant tout cela à son entourage. Mais évidemment cela ne pouvait pas durer quand même, ça s’arrêta un jour, un triste jour dont je me souviendrais toujours.

On ne peut pas supporter autant de violence sans exploser et il y a un moment où l'amour se transforme tout bonnement en haine. Je n'étais pas présente lors de la scène, j'étais caché avec mes autres frères et soeurs dans un endroit où on pouvait le moins entendre les cris et les disputes. Mes oreilles étaient bouchées avec mes deux mains mais je pouvais tout de même entendre quelques bruits de déchirantes conversations. Cela dura pendant dix minutes au moins avant qu'un bruit sourd et assourdissant se fît entendre, comme un coup de fusil. Je restais là en serrant la main à un de mes frères ou soeurs, paralysée par la peur. « qu'est-ce que...» Il fallait que je me lève et que j'aille voir car il n'y avait plus aucun bruit, c'était le silence complet et j'étais la plus âgée, c'était à moi d'aller voir.

Ce que je vis me prit par les tripes. Je tombais par terre choquée par toute cette effusion d'hémoglobine. Mon père se tenait loin à un deux de ma mère qui était sur le sol sans vie et morte, une grosse blessure était présente au niveau de son ventre. Finalement l'inévitable c'était bel et bien produit. Aucune larme ne sortais de mes yeux, j'étais trop abasourdie pour ça et je voyais un revolver sur le sol vers le canapé. Mon père avait son t-shirt en sang et lui, contrairement à moi, il pleurait. Cette vision de lui en train d'être triste me révulsa puis me mit en colère, très en colère et c'est avec ma voix de gamine de quinze ans que j'hurlais. « Mais qu'est-ce que t'as foutu ?! » Je me relevais tremblante, mon visage devait être monstrueux à ce moment-là et complètement déformé par la colère. Puis je me dirigeais vers le cadavre de la pièce qui avait déjà été roué de coups avant de périr d'une balle et je me retournais vers mon père. Comment avait-on pu en arriver là bon sang ? Il pleurait toujours mais je n'éprouvais aucune pitié pour le monstre qui n'avait pas su se montrer digne et qui avait osé frappé sa femme un jour. Un sourire étrange se dessina sur mon visage, ce n'était pas réellement un sourire car il exprimait un profond dégoût et une immonde tristesse. « Qu'est-ce qu'on va dire cette fois ? Qu'elle s'est fait ça en tombant dans les escaliers ? » Il releva la tête vers moi, avec une expression de frayeur puis de culpabilité puis il tendit une main vers sa défunte femme avant de se mettre à pleurer plus fort.

Je ne m'attarderais que sur les moments importants et je vais vous résumer les détails dans ces phrases. Après cet évènement on a vite été séparés mes soeurs, mes frères et moi, trop nombreux on était disaient-ils. On se fît recueillir dans des familles d'accueil plus ou moins louches ou plus ou moins sympathiques. Moi je me retrouvais avec une bonne famille qui décida même de m'adopter un peu plus tard, c'est à dix-huit ans que je quittais l'Allemagne car malgré leur gentillesse je n'arrivais pas à arrêter de me dire que ce n'était pas mes vrais parents et puis mes frères et soeurs me manquaient, je fuguais donc avec le peu d'économie que j'avais. C'est aussi à dix-huit que pleins d'autres problèmes m'arrivèrent. Je fus vite en manque d'argent et il fallut que je me trouve un job mais ce travail n'était pas assez bien payé -merci le mcdo- et on m'expulsa de mon petit studio New yorkais. Après avoir vécu sans domicile pendant plusieurs mois, en dormant parfois dans la rue ou bien chez des gens que je connaissais à peine, je m'aventurais dans ce qu'on appelle les entrailles de New york. Vous pouvez très bien dire que j'aurais pu demander de l'argent à mes parents mais la fierté m'en dissuadait et puis mon passé avait tendance à me rattraper pour me rendre malheureuse et vulnérable.


Un jour que j'errais dans les sombres rues de New York, un peu éméchée et très fatiguée avec de grosses cernes violacés qui avait pris places sur mon visage je me fis accoster par un homme. Il devait être plus âgé que moi et il empestait l'alcool, il m'attrapa par l'épaule pour me demander si j'étais libre ce soir et je le repoussais. Mais il recommençait, deux trois fois voir quatre avant que je ne m'énerve. « T'as pas compris ou quoi ?! Vire tes sales pates et dégage ! » Il prit mal la remarque, il me poussa avec sa faible force d'homme ivre puis il empoigna le col de ma veste miteuse, il avait surement cru que j'étais une de ses femmes faibles et sans défenses mais malgré ma fatigue j'eus le la force de lui mettre un coup de poing dans la figure. Il fut repousser en arrière et il se cogna net contre le mur et c'est l'esprit un peu embrouillé qu'il jura puis qu'il revint à la charge mais qu'avant que je ne lui donne un deuxième coup de poing un inconnu surgit de l'obscurité le plaqua contre le mur puis le frappa jusqu'à que le parasite décampe la queue entre les jambes. « J'aurais pu m'en occuper. » Disais-je sèchement à l'homme qui venait de m'aider. Je n'avais jamais aimé être aidé par la gente masculine, ça me donnait toujours l'impression d'être faible. Je resserrais ma veste contre moi, la fermeture était cassée et les boutons qui la maintenaient laisser passer le froid. Il me regardait étrangement et il s'approcha de moi, je reculais car il était vraiment très grand même s'il n'avait pas l'air très costaud. « Je t'ai pas sauvée pour te faire du mal après tu sais. » Je fronçais les sourcils, mes bras étaient toujours autour de moi, je n'aimais pas la façon dont il s'adressait à moi. « Ne te prends pas pour un super héros. » Bien sûr au lieu de le remercier bien gentiment et repartir d'un autre côté je restais froide et acide envers lui comme si c'était lui qui avait voulu me faire du mal. « Ce n'est pas ce que je fais. » Son calme apparent me surprenais, ce garçon était étrange à sa place je serai déjà partie. « Pourquoi tu me regardes comme ça ? » Il s'approcha encore mais jamais trop près. « Qu'est-ce que t'as au bras ? » Quoi ? Je regarde mon bras, mon poignet plus précisément, il est un peu rouge comme si on l'avait attrapé un peu violemment voir tordu en fait, je le massais doucement et le garçon l'attrapa avec facilité. « Et c'est mon poignet ! Lâche-le ! » Je ne me dégageais même pas, le peu de force que j'avais tout à l'heure semblait s'être dissipée. « C'est mon copain qui m'a tiré le poignet alors qu'on se disputais. » Ma propre phrase m'étonna. « Il m'a fait mal alors je suis partie très vite. » Ce n'était pas l'amour de ma vie et puis une petite voix me disait que même si je lui pardonnais tout de suite il allait recommencer. « Pourquoi ça t'intéresse ? » C'est vrai, il était trop curieux ce mec. « Moi c'est Chenoa et toi ? » Je retirai mon poignet violemment et un peu agacé. « Tu dois d'abord répondre à mes questions ! » Je le poussais puis je tournais à droite pour partir, je n'avais pas envie de perdre mon temps avec lui et puis il me fatiguait mais il m'attrapa doucement par les épaules. « Mais !? Qu'est-ce- » Il me coupa dans ma lancée. « Tu es une fille plutôt méchante en fait, je viens juste de t'aider... » Je restais immobile pendant un moment avant de me dégager, murmurer mon prénom et partir très rapidement pour qu'il ne me rattrape pas.

Une violente dispute était en train d'éclater et c'était la mienne. J'étais dans une colère noire, j'hurlais presque quand je parlais. C'était James, prénom très courant par ici, il était mon copain et on était en conflit à propos du fait que j'allais encore me faufiler dans les entrailles de Ny pour aller voir un homme que j'aimais bien. Il me disait que c'était dangereux, que je ne devais pas y aller et que s'il m'arrivait quelque chose il ne s'en remettrait pas. Il me prenait pour une gamine, pour une petite fille incapable de savoir reconnaitre un danger alors que je savais ce que je faisais. Je détestais ça, c'était insupportable. « Je ne suis plus une enfant ! Tu n'as pas à me dire où je dois aller ou pas ! » Cela faisait deux ans que je n'avais pas revu l'homme qui m'avait aidé et j'approchais de la vingtaine d'année environ. James était à peine plus âgé que moi. « Je le sais très bien Sonje. » Et on continua comme ça pendant au moins vingt minutes à argumenter, jusqu'à que la colère monte si haut que quelque chose d'horrible m'arriva. Ça avait été rapide, il m'avait attrapé par l'épaule avant de claquer sa main contre ma joue. Il l'avait fait si fort que les larmes m'étaient montées aux yeux. Le silence fît son apparition et il recula comme s'il avait peur que je ne mette à le frapper à mon tour mais je m'écroulais par terre, paralysée par le choc, c'était comme si je vivais un moment déjà vu déjà vécu et ça me faisait peur. Après deux minutes d'inactivité, James s'approcha de moi pour me demander si ça allait, je relevais la tête vers lui puis je le repoussais violemment sur la moquette. « Non ! Je ne veux pas finir comme elle... » J'étais passée de personne paralysé à personne brulante de rage. Mes yeux avaient l'air de sortir de leurs orbites puis je respirais très fort, je me relevais avec force puis je me dirigeais vers notre chambre. J'attrapais tous les vêtements qui me passaient par la main et je les fourrais dans un grand sac noir avant de partir en ignorant les supplications de ce vil personnage.

Je m'étais enfuie à la vitesse de la lumière -sans vouloir me vanter- et j'avais atterri dans une rue éclairée mais peu fréquentée. L'endroit ne sentait pas très bon comme si les gens s'étaient mis à uriner un peu partout mais je m'en fichais j'étais trop sous le choc pour m'en souciais. Je ne pleurais plus, je restais immobile adossée contre le mur, mon gros sac à côté de moi et la tête dans mes bras. Je respirais assez fort, surement pour me calmer et je ne voulais plus bouger. « Sonje ? » Je sursautais, je reconnaissais cette voix. « Encore toi ? » Ma phrase était sortie de ma bouche sans que je m'en rende compte. C'était lui, le garçon, le sauveur, le super-héros si ça lui convient au teint mate et beau comme s'il était indien ou bien autre chose je ne sais pas. « Tu te souviens de moi ? » Question bête, il venait tout juste de prononcer mon prénom. Il avait l'air encore plus grand que dans mes souvenirs et toujours aussi peu costaud. « Bah oui sinon je t'aurais pas- » A mon tour de le couper. « Je sais c'est bon. » Il me fixa gentiment. « Qu'est-ce que tu fais là toute seule ? » Je baissais la tête lentement. « Mon copain m'a frappée alors je suis partie. » Il changea étrangement d'expression comme s'il compatissait. « C'est pas la première fois hein ? » Je relevais ma tête vers lui. « La deuxième en fait. » Il me sourit. « Tu as bien fait. » j'haussais les épaules. « Je sais. » Il sort quelque chose de sa poche ça ressemble à un joint, il l'allume avec un briquet puis il commence à fumer. « Te gêne pas. » Lâchais-je en faisait mine de tourner la tête. « T'en veux ? » Je secouais la tête pour refuser. Je ne voulais pas entrer dans un truc comme la drogue, je savais que si je commençais il y avait de fortes chances que je ne puisse plus m'arrêter mais ça ne m'empêcha pas de desserrer mes bras pour tendre ma main vers lui. « Bon passe ... Mais un peu. » Il en sortit un deuxième qu'il alluma puis il me le tendit. J'avais pris ce joint parce que j'avais envie de me sentir bien et d'après ce que j'avais entendu, fumer des trucs du genre ça aidait bien.

J'aimais bien ce garçon. Non, je l'adorais. C'était une sorte d'ovni lumineux, très chaleureux qui me donnait envie de vivre à fond les bananes. Je le retrouvais souvent après le boulot et grâce à lui j'avais même réussi à me trouver un appart avec un loyer qui me convenait. Il était mon meilleur ami et j'étais très heureuse de l'avoir dans ma vie. Les années passèrent, défilèrent à très haute vitesse et elles furent les meilleures de ma vie je crois. J'avais Aalam mais aussi d'autres gens qui étaient mes amis, des gens géniales mais je n'avais plus aucune relation amoureuse car ça ne me disaient rien.

J'étais dans ce café à l'ambiance douce et agréable en compagnie de cet indien que j'aimais bien. Il me racontait sa vie en prenant bien soin de me faire subir tous les détails croustillants. C'était plus plutôt marrant en fait, il avait toujours un truc drôle raconter et je ne savais pas comme il faisait pour trouver toutes ces idées. Mes yeux étaient plongés dans les siens et je me perdais dans son marron profond tout en écoutant son discours, j'avais envie de lui dire quelque chose, ça me brulait les lèvres puis ça me faisait sourire. « Tu sais, cette fille est plutôt marante hein mais dès fois je me demande si elle fait exprès ou si c'est vraiment elle et bien sûr je- » Il remarquait que je le regardais vraiment fixement et sans m'arrêter. « Oh, Sonje je passe mon temps à parler ... A ton tour, vas-y dis un truc cool ! » Il souriait à pleine dents avec son air de défi habituel et moi je continuais à le fixer sans rien dire. « Euh ? Tu veux pas parler ? » Je me reprenais quand il changea son expression plus joyeuse à une autre moins amicale. « Non, je ... » Je ne savais absolument pas quoi dire. « Qu'est-ce que tu veux que je te dise Aalam ? » Questionnais-je en fronçant grossièrement les sourcils. « N'importe quoi, tout ce qui te passe par la tête enfin ! » Répliqua-t-il avec un ton faussement réprobateur. « Eh bah ... » Je réfléchissais, je voulais dire un truc cool vous voyez ? Pour pas paraître nulle à ses yeux. Je détournais la tête et je regardais les gens passer, des gens pressés, peu aimables voir stressés ou bien d'autres moins désagréables, plus beau, l'air plus heureux. Ce que je voyais me fît sourire et je dis sans m'en rendre compte. « Je t'aime. » C'était dit trop fort pour qu'il ne puisse pas entendre et c'était dit trop sérieusement pour qu'il puisse penser que je me fichais de lui ou bien que je pensais l'aimer comme un frère. « Sonje ? » Je me retournais vivement, inconsciente de mes précédentes paroles. « Quoi ? » Il me regardait bizarrement. « T'es sérieuse ? » Je fronçais les sourcils. « Mais quoi ? J'ai fait quoi ? » Un regard d'incompréhension se dessinait sur son beau visage. « Mais t'as dit que tu ... » « Que je ? » Il détourna la tête, se mordant la lèvre. « Tu ... M'aimais ? » Je fis une grimace avant d'adosser mes coudes sur la table. « Que... Quoi ? » Il ne répondit pas autre chose. « J'ai dit ça ? Sérieux ? Je ... » Sans m'en rendre compte en plus, bordel c'était juste embarrassant comme situation. « Je... Je ... Je... » Putain, j'arrivais même plus à m'exprimer. « Bordel Lam, j'ai vraiment dit ça ? » Aucune réponse de sa part, encore. « Mais réponds ! » Je savais que j'avais dit ça au fond mais je voulais qu'il confirme. « Oui tu l'as dit. » Je m'adossais contre le siège du café cette fois-ci. « C'est assez embarrassant comme situation ... » Il reporta son regard vers moi, ses traits s'étaient durcis. « Tu le penses ou c'est une connerie ? » La gorge soudainement sèche, je fus incapable de répondre. « C'est pas drôle de dire ce genre de choses tu sais... » Je rêvais où il était en colère ? Son regard paraissait déçu puis furieux et devant mon silence de mort il se leva pour partir. Et je le laissais se diriger vers la porte. « Attends ! » Je me levais furieusement sachant qu'aucun d'entre nous n'avait payé l'addition. Je l'attrapais par le bras et le tirais vers l'arrière mais il se dégagea avec vitesse. « Mais putain laisse-moi répondre au moins ! T'es con ou quoi ?! » La moitié du café s'était retourné vers nous parce que j'avais crié. « Qu'est-ce que t'as à dire alors ? » « T'es fâché parce que j'ai dit ça ? » Il détourna la tête. « Aalam ... Je voulais pas dire ça... » Il fronça un sourcil et tenta de se retourner vers la porte. « Non ! » M'exclamais-je en le forçant à rester. « Je veux dire pas maintenant. » Je baissais la tête. « Ça m'a échappé mais ça ne veut pas dire que je ne le pensais pas. » Il baissa la tête vers moi. « Donc je ... T'aime  tu sais ? » Il ne me dit rien et colla sa tête contre mon front, genre vous voyez quoi ? Pour me dire sans me dire qu’il pensait pareil que moi et qu’il était content de ce que je lui avait avoué sans le vouloir.

Le bonheur est éphémère vous savez ? Et je me souviens très bien du moment où il s'est effacé de ma vie en moins de soixante secondes. Soixante secondes ? Mais vous y croyez ? En si peu de temps on peut vraiment effacer des années de bonheur ? Eh bien oui car après quelques années merveilleuses le destin s'est encore acharné sur moi en m'arrachant tout mon bonheur d'un seul coup.

On me tira de l'eau avec force, on me secoua puis finalement on me gifla, ce n'est que quand j'hurlais à cause de la douleur qu'on me demanda si ça allait. « Commet ça va ? J'ai l'air d'aller bien tu trouves ? » Je n'avais même pas vouvoyé l'inconnu qui m'avait aidé. « Je vais te dire ce qui ne va pas, écoute moi bien d'accord ? J'ai perdu mon enfant, j'ai fait une fausse couche et tu sais pourquoi ? Parce que le père n'est plus là. » Il secoua la tête me disant que je ne devrais pas être malheureuse à cause d'un homme qui m'avait abandonné. « Il est parti dans un monde où il est en paix connard. » Je m'étais exprimé avec dureté. « C'est pas sa faute, un sale enfoiré la tuer parce qu'il roulait complètement bourré et il me l'a pris. » Je m'arrêtais, sonnée et malheureuse, je ne voulais pas me dire encore une fois que je ne le reverrais plus. « Il est mort bordel ... C'est pas possible ... On avait pleins de projets, on aurait dû... » On avait prévu de s'installer dans un appartement pour accueillir notre enfant et fonder une famille et faire des tas d'autres trucs débiles du genre. « Je veux pas ... Je veux le revoir ... j'aurais dû... » J'aurais dû l'empêcher de partir, j'aurai dû savoir. Je me levais en poussant la personne qui m'avait sorti de l'eau puis je me mis à courir sur la berge jusqu'à épuisement.

Chers parents,

Je suis désolé de vous avoir abandonné et je tiens à m'excuser d'avoir agi de façon immature et complètement impulsive. Cela fait des années qu'on ne sait pas vu je sais mais je suis partie à New york afin de découvrir le monde. Il m'est arrivé des choses là-bas, des choses épouvantables mais aussi merveilleuses. Cette année je suis tombée dans une sorte de crise horrible qui a débuté à cause du décès de mon fiancé et de mon future enfant. Après cet évènement j'ai fait d'énormes bêtises que je ne pourrais pas vous raconter mais aujourd'hui j'ai décidé de me reprendre et d'entamer des études à Cambridge comme vous me l'aviez autrefois conseillé. Je vais encore me chercher et quand je me serais trouvé je viendrai vous revoir en espérant que vous voudrez toujours de moi.

Avec toute mon affection,
Sonje Rachel Keller.

RIP AALAM
02/11/1989 - 05/01/2013

→ Ugh j’ai soif, mon verre est viiiiiiiiide ! Vous croyez qu’on peut considérer la menthe comme un fruit ? Seriously, ça pousse dans l’herbe comme n’importe quelle plante, ça devrait être considérée comme un fruit et quand je vous demanderai si je dois boire un mojito ou une bière cerise, je n’aurai pas à privilégier l’un par rapport à l’autre pour avoir ces foutus cinq fruits et légumes. Je mange de la salade tous les jours à cause de ça, mais je. Ne. Suis. Pas. Un. laaaaaapin. D’ailleurs tu mets quoi dans une salade de fruits rouges ? Des fruits rouges peut-être ?

→ Pff, c’est ce que je n’arrête pas répéter à Francine qui habite à côté de chez moi mais elle ne m’écoute pas. Et elle n’arrête pas de gueuler quand j’appelle mes amies à deux heures du matin. Ca te dérangerait que je t’appelle ? Bah fais ce que tu veux hein, c'est pas mon problème.

→ On parle, on parle mais on n’a même pas commandé. Alors mojitoooo ou bière cerise ? Un mojito !

→ Tu as des gouts bizarres mais j’ai soif ! Ouh ouh barman ! Coucouuuuuuuuu j’ai un billet pour toi ! Je peux le mettre dans votre caleçon ? Vous avez la tête d’un strip-teaseur ! Je ne serai pas contre une petite danse langoureuse… Finalement ça sera tequila pour tout le monde et vous savez ce qui va avec la tequila ? Le guacamole ? Oh qu’est-ce qui riiiiiiime avec guacamole ? Casserole ?

→ Troooooooooll/guacamole, you’re right ! Damn quelle heure est-il ? Je dois appeler la cousine de l’oncle de la meilleure amie de ma tante qui habite à Sydney, parce qu’elle est géniale. Tu connais Sydney ? L’autre jour, j’ai appris qu’Ewan Mcgregor avait tourné à poil là-bas. MEC EWAN A POIL CA NE TE FAIT RIEN ? Je  le connais pas je peux pas vraiment donner un avis.

→ J’ai des bouffées de chaleur rien que d’y penser. Ouh il reste un apérifrais sur la table, tu le mange ou pas ? OUI ! PASSE LE MOI BORDEL !

→ Tant mieux, parler de guacamole, ça donne faim. C’est une bonne situation ça scribe ?? Tu crois que si je mets plein de points d'interrogation à la fin de ma question, est-ce que le pouvoir interrogatif de cette question devient plus grand ??? Euh, tu peux toujours essayer.

→ Je ne sais pas, je demande. Tu porte une chemise alors qu’il fait 15 mille degrés. Aïe caramba la tequila est arrivée ! Cheers ! Omg c’est moi ou j’entends la sublime voix de Paul. SHE’S GOOOOOT A TICKET TO RIDE BUT SHEEEEE DON’T CAAAARE ! Non tu ne rêves pas, le talent c’est de famille. C’est quoi la première chanson des beatles qui te vient à la tête et pas de triche ! Tu ne regardes pas le jukebox parce que si on doit vivre une grande histoire d’amour ou juste une minuscule histoire de sexe, la taille ne compte pas, je dois savoir si tu es digne d’intérêt. Quoi que non, ça ne compte qu’à moitié. Jouons à j’épouse, je tue, je couche avec Ewan Mcgregor, Colin Firth et Pippa Middleton ! Tu sais que tu parles trop ? J'arrive même pas à te suivre ...

→ Ew, je ne suis pas d’accord. Tu as de la chance d’avoir un beau petit cul. Tu dois vraiment être apprécié de la gente masculine. Pour combien tu te baladerais dans la rue en string ? Parce que je suis prête à mettre le prix qu’il faut. Enfin pour ça il faudrait que je sois payée. On est le combien ? Ah oui, j’ai trouvé ! Ca me fait penser tu sais pourquoi septembre est le neuvième mois et non le septième, octobre le dixième et non le huitième, novembre le onzième et non le neuvième et décembre le douzième et non le dixième ? parce que c'est comme ça, ça te dérange ?

→ Ah merde on m’appelle ! J’arriiiiiiiiiiiiive ! C’est Sam ! Tu connais Sam ? Non, sorry.

→ Dommage. Hop cul sec et on se revoit vite pour manger du guacamole. Surtout n’oublie pas de venir en string. Byyyyye !