ah → give me some whisky right now or i swear to god

J’ai encore du mal à croise qu’on en est là aujourd’hui. Tout sur le papier paraissait parfait. J’avais rencontré l’homme parfait que je connaissais depuis quelques temps grâce à mon frère. On s’est marié, on a eu une merveilleuse fille qui s’est finalement transformée en un monstre adolescent. On aurait vraiment pu avoir la belle vie, celle dont toutes les petites filles rêvent. C’est drôle dans les contes ils ne racontent pas que les princes charmants peuvent aussi avoir un penchant pour les hommes. Ca ne me dérange absolument pas. Mais quand il s’agit de MON prince, dans MON lit alors que je travaillais, ça passe beaucoup moins. Henry m’a toujours dit que je dramatisais trop les choses. Les affaires de Kenneth doivent toujours en pâtir. Mais j’aimerai bien le voir dans cette situation. Bon c’est vrai que sous le coup de la colère, j’ai tendance à faire des choses insensées, ce qui donne lieu à des scènes assez surréalistes pour les autres. « Amy » Je secoue la tête. « Don’t Amy me. » Je hais quand il prend ce ton, on dirait que j’ai sept ans. Je lui lance un regard noir, et serre les poings, prête à exploser encore une fois. Ces rdv chez les avocats ne font que m’énerver. Il faut que je me calme. Henry n’est pas le seul à me dire que j’ai le sang chaud et que je pars trop souvent au quart de tour sans raison dès qu’il s’agit de Kenneth. Mais il y a bien une raison, voire des centaines pour que ça arrive, et ce sourire insupportable que j’ai pourtant longtemps adoré, ce sourire colgate qui lui a valu la célébrité et la une des tabloïds à vie est la principale. Je ne le supporte plus. Principalement parce que ça me rappelle trop de souvenirs, d’une vie que je m’efforce d’oublier. Prétendre que ce mariage n’a pas eu lieu est bien difficile puisque tout me le rappelle. C’est difficile de tirer un trait sur trois ans de mariage et toutes ces années passées ensemble. J’ai l’impression qu’il a fait ça avec une telle facilité. Ca ne l’a jamais dérangé de s’envoyer en l’air avec quelqu’un d’autre. Dans notre lit. Tout neuf. Je me revois encore balancer toutes ses affaires dans la piscine, pour laquelle il avait tant insisté. « Fais un effort pour Aileen. »  Je grogne et le regard de mon avocat m’empêche de me lever pour lui hurler dessus. Il faut dire qu’il est plutôt bon et ça serait dommage de le perdre maintenant. « Ne mêle pas Aileen à tout ceci, Kenneth. » « Pourtant… » « Pourtant, rien du tout. Aileen habitera avec moi. Tu n’as pas de vie stable, toujours en tournage on ne sait où. Je ne veux pas que notre fille grandisse sur les plateaux de tournage et qu’elle s’imagine qu’elle aura la belle vie, elle aussi. » Mon ton est sec et catégorique. Je ne lui laisserai pas notre fille pour qu’il joue à la petite famille parfaite 2.0 sans moi. « Puis tu vas être occupé avec ton nouveau petit ami, j’ai un très bon souvenir de vos activités pour passer le temps. » J’essaie d’être ironique mais ma voix se casse sous l’émotion. Cette image est gravée dans ma tête, celle qui a détruit mon mariage pour toujours. Je pensais vraiment que Kenneth était le bon. Kenneth éclate de rire et acquiesce. « C’est vrai qu’on risque d’être occupés » « Seriously, Kenneth, ne recommence pas. Je me fous de savoir ce que tu vas faire et avec qui tu vas le faire. » « Amy, ne sois pas rabat-joie comme ça, ça ne te va pas. Je préfère quand tu souris. » « Il fallait y penser avant d’aller voir ailleurs. »


« Laisse-mooooooi, je peux conduire Marcooo ! » Je souffle pour dégager les cheveux qui me cachent la vue tandis que Marco, qui était soi-disant mon ami, secoue la tête et tient fermement mes clés de voiture dans sa main. « Je-je te préviens Marco Polo, je ne suis pas d’humeur à jouer et à te prouver que j’ai raison. » J’ai toujours raison de toute façon. Je lui saute dessus pour récupérer mes clés mais je me casse la figure avant de l’atteindre. Il me rattrape et m’installe sur une chaise. « Appelle quelqu’un pour qu’on vienne te chercher. » Je secoue la tête. Mauvaise idée. Je tente de me redresser pour avoir le dernier mot et essayer de récupérer ces foutues clés une dernière fois. « Marco, je vais bien. Maintenant, rends-moi mes clés, on m’attend à la maison. » Il les range dans sa poche et m’annonce que je pourrai les récupérer demain matin. Il m’abandonne sur ma chaise et retourne s’occuper des autres clients. « Tu viens de perdre une cliente Polo ! » Je me relève avec difficulté et quitte l’établissement, sans un regard pour ce voleur de clé. Je suis sûre qu’il va repartir avec ma voiture. Je pose mes fesses brutalement sur les marches devant l’entrée et appelle la seule personne qui pourra m’aider et qui ne me jugera pas. « Henryyy ? » « Amy ? » « J’ai un problème avec la voituuure, Marco Polo ma volé mes clés. » « What ?? Bon sang Amy qui est Marco Polo ? Ou es tu ? » « rooh mais tu sais Marco Poloooo, Henry, suis un peu ! Je suis, euh, devant The Anchor. C’est très joli d’ailleurs, tu devrais venir jeter un coup d’œil, ça devrait te plaire, je pense. » « Tu peux m’attendre ici ? » « Of course ! Je ne vais pas laisser ma voiture à ce danseur de tango ! » « Danseur de...j’arrive dans vingt minutes.» Il raccroche, ne me laissant même pas le temps de protester. 20 min c’est beaucoup trop long. Je range mon téléphone et hurle à la porte du pub. « J’AI TROUVE QUELQU’UN MAIS TU N’AS PAS INTERET A ME PIQUER MA VOITURE MARCOOO SINON JE TE POURSUIRAI JUSQU’EN ENFER ! » Qu’il m’ait entendu ou non, il est prévenu. En attendant que mon cher frère daigne venir me chercher, je me lance dans une partie furieuse d’Angry Birds qui finit par un téléphone explosé par terre. Je ne prends même pas la peine de ramasser les morceaux et les fixe, jusqu’à ce qu’une voiture s’arrête devant moi. Henry descend de celle-ci et échoue à mes côtés sur les marches. « C’était qui ce Marco ? A part un danseur de tango ? » J’hausse les épaules. « Je ne sais pluuuus. Le barman peut-être à moins qu’il soit le serveur. En tout cas, il a osé prendre mes clés de voiture. Je te jure que si je le retrouve, je vais lui montrer qu’on n’est pas en Argentine ici ! » Il éclate de rire tandis que je fronce les sourcils. Ça n’a rien de drôle ! « Moi aussi je t’aurais pris tes clés. J’aimerai pas que tu te tue en voiture et si on ajoute ton taux d’alcoolémie à ta conduite merdique il y a de quoi s’inquiéter. Bon je t’accorde qu’il faut te connaître un peu. » Ma bouche s’ouvre en un « o » de surprise. Personne n’a le droit de critiquer ma conduite à part moi ! Quoi que Henry a raison. Je laisse passer cette remarque désobligeante et pose ma tête sur son épaule, en soupirant. « Comment se fait-il que tu sois le seul homme, capable de venir me chercher à n’importe quel heure de la nuit ? » « Tu trouveras quelqu’un de bien Amy, je te le promets. » Je soupire une nouvelle fois et arrive à sourire. C’est ce qui aurait déjà du arriver avec Richard, Ian, Edward ou même Kenneth. Pourtant, j’en suis à picoler dans un vulgaire pub et à de voir appeler mon cher frère pour qu’il vienne me chercher parce que je suis trop ivre pour reprendre la voiture. « Ça fait longtemps que j’ai abandonné cette idée Henry. » « Moi aussi. » Il m’attire dans ses bras pour me réconforter. Mais je ne peux m’empêcher de verser quelques larmes. Les vannes sont ouvertes. « Pourquoi ? Pourquoi ça n’a pas marché ? Je suis si horrible que ça ? Personne ne veut de moi, même pas ma propre fille, qui a décidé que vivre chez son père avec son nouveau fiancé et son vulgaire chien était une meilleure idée. » Je ne sais même pas où elle est, ni ce qu'elle fait ce soir. Je sais que c'est pour ça qu'elle m'abandonne. Parce que je ne m'intéresse pas à elle, que je préfère aller faire la fête et m'enivrer avec des inconnus. Mais qu'est-ce que je pourrai lui dire ? Faire avec elle ? Ça fait longtemps qu'on ne se comprend plus et pourtant j'aurai voulu qu'elle reste, pour avoir une présence à la maison, me dire qu'elle sera toujours là pour moi. « C’est une ado, elle veut impressionner ses amies avec son papa célèbre et sa grande piscine, crois moi ça n’a certainement rien à voir avec toi. Cesse de pleurer, tu es la femme la plus forte que je connaisse. » J’éclate de rire malgré moi. « Et Kenneth était aussi une ado ? Ian, Edward ou même Richard ? C’était des ados aux aussi ? Non. Et pourtant ça ne les a pas empêché de m’abandonner eux aussi. » J’essuie mes larmes et arrive à sourire. « Heureusement que tu es là. Le seul homme qui ne m’a pas abandonné ! On devrait te donner un award pour ça. Oh mais tu en es déjà un ! » il me sourit et me serre la main. Que ferais-je sans lui ? Pas grand-chose, je pense. « Et si on allait chercher tes clés avant que tu ne demandes à ton propre frère de t’épouser ? » Ew, non jamais de la vie. Il m’aide à ma relever et je m’accroche à lui. « T’as raison, tu auras sûrement plus de chance que moi de les récupérer. Je l’ai toujours soupçonné d’être gay. » Je souris à mon frère qui affiche une drôle de tête et ensembles nous partons à la conquête de mes clés de voiture.