TJS ❅ La logique est le dernier refuge des gens sans imagination.

Il était une fois une jeune femme qui rencontra un beau photographe dans les rues de Londres, et elle en tomba aussitôt amoureuse. Elle devint rapidement sa muse, et pendant des mois, ils ne vécurent que l’un pour l’autre, voyageant partout en Europe et vendant les photos prises afin de payer le prochain voyage et le prochain hôtel. Et puis, un jour, la jeune femme tomba enceinte, et leur voyage pris fin. Ils retournèrent à Londres, où la jeune femme se fit déshéritée par ses parents pour avoir ainsi disparu. Lui, grâce à l’aide sa famille, trouva l’argent pour louer une petite maison et fit tout pour la rendre confortable pour la femme qu’il aimait. Ils se marièrent alors que la grossesse de la jeune femme n’était pas encore visible, et ce fut le dernier jour parfait de leurs existences.
Quelques mois plus tard, ils apprirent que la jeune épouse attendait deux enfants au lieu d’un, un événement bien au-dessus de leurs moyens, déjà juste pour un enfant. Déjà, la discorde sembla s’installer au sein du couple, qui se sépara durant un long mois où elle resta dans cette maison qu’il continua à payer tout en habitant ailleurs. Finalement, une belle nuit d’été, elle sentit qu’elle s’apprêtait à donner la vie à leurs deux filles, et au lieu d’appeler un taxi ou même une ambulance, elle l’appela lui.
Tiffany naquit cette nuit là, peu avant sa sœur, Alessa. Prophétiquement, ce fut son père qui choisit son prénom, et sa mère s’occupa de celui de sa sœur. Ils rentrèrent tous dans la petite maison de Londres, comme si tout allait s’arranger, et les premières années leur donnèrent raison.
Le père de Tiffany gagna en reconnaissance dans le monde de la photographie et ils purent emménager dans une maison plus grande, tandis que son épouse trouva un travail en bijouterie. En grandissant, Tiffany devint de plus en plus proche de son père, qu’elle adorait accompagner à son travail. Elle ne comprenait pas le sérieux de sa mère et était une rêveuse, comme son père. Et puis, jamais il ne s’énervait contre ses maladresses qui la faisaient parfois renverser en domino plusieurs projecteurs.
Et puis, dans l’année des onze ans de Tiffany, la bijouterie où travaillait sa mère fut braquée, et bien qu’elle s’en sortit, le traumatisme fut tel qu’elle ne redevint jamais la même. Ce fut une période difficile pour Tiffany, car bien qu’elle essaya, jamais elle n’arriva à réconforter sa mère, et, mal à l’aise par tant de malheurs, elle finit par l’éviter, abandonnant définitivement son lien déjà fragile avec celle qui l’avait mise au monde. Cependant, cette difficulté ne sembla pas atteindre sa sœur, qui arriva à faire sourire leur mère à nouveau, et pour la première fois de sa vie, Tiffany ressentit des sentiments négatifs pour sa jumelle. Ainsi, elle voulut que son père la préfère à Alessa, puisque celle-ci avait la préférence de leur mère. Plus tard, elle s’en voulut pour ses actes, mais seulement lorsqu’il fut trop tard pour faire marche-arrière.
Ainsi, Tiffany commença à multiplier les coups bats envers celle qui fut autrefois sa première confidente, allant jusqu’à se faire du mal à elle-même pour ensuite accuser Alessa. Son père la crut aussitôt, mais avec le temps, sa mère prit la défense d’Alessa, encourageant encore plus Tiffany à détester de plus en plus sa sœur. Ensuite, elle regretta les temps passés, mais elle craignit que si elle faisait un pas vers elle, elle soit rejetée.
Finalement, ces nouvelles disputes incessantes firent partie de leur quotidien, et le père de Tiffany finit par quitter son épouse autrefois si aimée. Après cette annonce, Tiffany eut un affreux sentiment de culpabilité qui dura plusieurs semaines, puis, les vrais changements commencèrent, et elle se sentit revivre. Ayant quinze ans, elle put demander à rester avec son père, tandis que Alessa choisit naturellement leur mère. Elle dut malgré tout rendre visite à sa mère, mais elle fut moins gênée par sa présence, et elle ne croisa presque plus sa jumelle, ce qui fut pour elle un point aussi positif que négatif, car tant qu’elles étaient obligées d’être sous le même toit, Tiffany avait toujours un espoir que les choses s’arrangent. Maintenant elle savait que ça ne serait pas le cas.
Le jour de ses seize ans, son père l’emmena à l’avant-première d’un film auquel il avait participé en tant que photographe de plateau, obtenant ainsi deux entrées. En voyant toute cette équipe de tournage si complice, en voyant ce bonheur qu’ils semblaient vivre, ce fut une révélation pour elle : elle voulait elle aussi faire partie de cet univers. Le lendemain, son père vint avec elle pour lui acheter sa première caméra, et elle fit tout pour s’améliorer au plus vite.
Lorsqu’elle en eut presque fini avec ses études secondaires, Tiffany entendit parler de la Central Film School et elle commença aussitôt à préparer son dossier. Tout semblait s’accorder pour le mieux dans sa vie quand son père lui annonça que sa mère avait appelé, exigeant d’elle qu’elle vienne passer quelques jours chez elle et sa sœur, la dernière chose que souhaitait Tiffany, mais elle s’exécuta malgré tout.
En arrivant là-bas, Tiffany eut la surprise de découvrir un dossier de la Central Film School posé négligemment sur une table, et elle comprit que son père avait parlé de son inscription à Alessa, qui avait de toute évidence décidé de lui mettre des bâtons dans les roues. Elle faillit faire une scène, mais se décida finalement pour une tout autre approche. Elle commença par s’excuser auprès de sa jumelle, en y croyant presque elle-même lorsqu’elle lui dit qu’elle était désolée pour tout ce qu’il s’était passé entre elles et qu’elle souhaitait repartir sur de nouvelles bases. Les jours qui suivirent convainquirent presque Tiffany qu’elle voulait vraiment cette paix, et elle renonça presque à la phase finale de son projet, mais finalement, au moment de partir, elle désigna le dossier d’inscription de sa sœur et lui proposa de le poster sur le trajet. Alessa accepta, et c’est ainsi que le dossier se retrouva au cœur du feu de cheminée qu’elle fit en rentrant chez elle.
Tiffany ne sut jamais si sa jumelle avait deviné ce qu’était devenu le dossier, en tout cas, jamais elles n’en parlèrent. Elle sut juste qu’elle avait été prise et Alessa non. A la Central Film School, elle passa des années merveilleuses, bien qu’elle eut toujours énormément de travail à faire. Mais elle aimait être débordée, puisqu’elle faisait ce qu’elle aimait.
Lorsque Tiffany finit ses études, elle passa un an à chercher un premier projet, cherchant en vain un réalisateur qui voudrait d’elle comme assistante, et elle trouva finalement un film anglais à petit budget qui fut le plus gros flop de l’année.

→ Dans la vie, on cherche toujours à atteindre un but, quelque chose de vraiment personnel, un idéal de vie, un rêve, quelque chose qui vous rendrait heureuse finalement. Pour vous qu’est-ce que c’est ? Ce que je voudrais vraiment, ça serait tout plaquer pour aller aux Etats-Unis et réaliser de gros films à succès, et pas des navets comme ceux auxquels j'ai pu participer. Franchement, ça n'aide pas niveau réputation. Et puis.. J'ai honte de l'avouer mais.. Je voudrais réussir là où ma soi-disant soeur échouerait. Je voudrais pouvoir lui montrer que malgré ses manigances, j'ai gagné, et que elle, elle n'est rien. Je voudrais qu'elle ait l'impression de n'être rien, qu'elle soit triste, et ainsi, je pourrais la regarder de haut et comprendre pourquoi je me suis battue toute ma vie.

→ Et qu’est ce qui vous bloque en fin de compte ? Euh, à part d'arriver sur place et d'être ignorée parce que personne ne veut me donner ma chance ? Eh bien, je n'ai pas les moyens, déjà, et puis ça me fait peur d'aller là-bas, c'est effrayant de tout recommencer comme ça, aussi loin.

→ Je vois. Est-ce que vous avez des regrets ? Evidemment que j'en ai. Parfois, je me demande si ma famille aurait pu évoluer différemment. Si mes parents auraient pu rester ensemble, et si les choses auraient pu s'arranger avec ma soeur. Peut-être que j'aurais dû être plus gentille avec elle, ou du moins, être moins méchante, mais je suis sûre qu'elle voulait vraiment me faire du mal en s'inscrivant à école de cinéma, donc je ne sais pas si je peux vraiment dire que je le regrette.

→ Qu’est-ce qui vous rends heureuse dans votre vie aujourd’hui. Une personne, une passion ? J'aime vraiment faire les magasins avec mes amis, ça compte ? Sinon, je dirais tourner des films, pas forcément des longs, j'adore prendre ma caméra, aller dans la rue, et prendre un peu n'importe quoi pour manipuler ensuite les images et leur faire dire tout autre chose que ce qu'elles représentaient au début.

→ Et est-ce que vous vous sentez seul parfois ? Jamais lorsque j'ai un travail en cours, puisque je suis toujours entourée de beaucoup de monde. Mais du coup, lorsque ça s'arrête, bien sûr, ça me fait un vide, mais c'est normal, non ?

→ Rien d’anormal je vous rassure, mais dîtes moi, qu’est ce que vous attendez des autres, qu’ils vous aiment, qu’ils vous comprennent ou qu’ils vous respectent ? Le respect est un minimum, non ? Je n'attends pas particulièrement à ce que l'on me comprenne, vu que j'ai parfois des réactions et des pensées qui échappent à la compréhension de la plupart des gens, mais tant pis, c'est parfois peut-être mieux pour eux je pense. Par contre, je me fiche que les gens m'aiment ou pas, à part certaines exceptions, évidemment.

→ Et qu’est ce que vous attendez de vous même ? J'aimerai réussir à penser moins au travail, et me consacrer beaucoup plus aux relations humaines. Voir du monde juste pour discuter, s'amuser, et pas toujours dans le but de se faire des relations qui pourront être utile plus tard.

→ Et Peut être que vous vous en demandez trop. Qu’en pense votre entourage ? Mon père a toujours été comme moi, il a rencontré ma mère à cause de son travail, et lorsqu'ils voyageaient, c'était du travail. Il ne pense qu'à ça, et je pense que je tiens de lui, même si c'est moins fort, je crois. Par contre, mes amis trouvent que je ne passe pas suffisamment de temps avec eux, et mes ex copains ont souvent trouvés comme motif de rupture que je ne pensais qu'au travail, donc c'est plutôt partagé.

→ Est ce que vous sentez soutenue dans vos choix par votre famille et vos amis ? Bien sûr ! Mon père m'a toujours aidé, depuis que je suis toute petite, et mes amis trouvent ça vraiment cool. Certains voudraient même que je les aide à trouver un job d'acteur, alors en attendant qu'on perce tous, on fait des courts et moyens métrages pour s'entraîner, c'est le meilleur moyen que je connaisse pour passer du temps avec ses amis !

→ Bien, nous continuerons la semaine prochaine si vous voulez bien, n’hésitez pas à m’appeler si vous avez un souci d’horaire.