YMCA - Douleur acide.

"Votre fils est atteint de boulimie. Je suis navré de vous l'apprendre mais les symptômes sont identiques à ce trouble alimentaire." Je croisais les bras tout en baissant la tête. Je ne voulais pas affronter le regard de pitié du psychiatre ni lire la douleur ainsi que la honte dans les yeux de mes parents. "Mon fils boulimique ? C'est impossible !" Ma mère était indignée par les propos du médecin. Elle avait passé son temps à me forger une image idéaliste, d'un fils parfait, éduqué aux règles de bonnes manières irréprochables. Ce qu'elle ne savait pas c'est que je souffrais du regard des autres. Alors je bouffais. Je bouffais jusqu'à m'en exploser les entrailles et vomir par la suite. Sans parler de ces innombrables réveils nocturnes ou je n'avais plus le contrôle de moi même en ouvrant le réfrigérateur. J'étais lasse de me battre contre moi même, il me fallait une échappatoire, quelque chose qui me permettrait d'évacuer toute cette souffrance. Mon corps était frêle proche du rachitisme et cela je le devais à ma maladie. Je n'osais même plus poser les yeux sur un miroir de peur de tomber nez à nez avec mon propre reflet. Le psychiatre en question soupira face au déni de ma mère, au regard désapprobateur de mon père. "Je vous assure que votre fils est malade. Il va très mal psychologiquement. Il doit être suivis par un psychiatre." Mon père se leva péniblement sous le regard outré de ma mère. "Tu vois bien qu'il ne va pas bien. Regarde le bien ! Il va nous crever entre les pattes bordel !" Je compris pour la première fois qu'en dehors de ses reproches incessantes, de sa vie d'aristocrates peiné mon père avait compris que j'allais mal et que je souffrais.


"Bonjour Milésime est-ce que vous savez sais pourquoi vous êtes ici aujourd'hui ?" Allongé sur un fauteuil je regardais le plafond en quête d'un défaut quelconque. J'avais l'impression d'être un exclus de la société. Un malade mental qui avait besoin d'écouter une femme radoter des questions toutes aussi stupides les unes que les autres. "Appelez moi Cory. Je préfère." Elle ricana rapidement suite à ma réponse en souriant légèrement. Je n'avais jamais entendu un rire aussi doux. Je tournais rapidement la tête vers elle pour entrevoir la femme qui en quelques secondes venait de captiver mes pensées. Je n'avais même pas fais attention à elle en rentrant. "D'accord, je vous appellerais Cory dans ce cas. Mais pourquoi ce prénom ? représente t-il quelque chose d'important pour vous ?" Les yeux bleutés de cette femme me captivait davantage que ces conneries de psychologie à deux balles. Serait-elle un ange ? Était-elle venue pour moi ? "Vous êtes jeune. Êtes vous un ange Mademoiselle ?" Elle se mit à rire de plus belle. "Vous répondez à mes questions, par des questions Cory. Et vous comment vous percevez vous ?" Troublante, vraiment troublante. "Comme un déchet de la société Mademoiselle." L'ange brune mit un certain temps à répondre. Je l'entendais farfouiller dans ses poches avant de répondre aussitôt. "Vous allez écrire sur ce bout de papier cinq mots qui vous caractérise le plus et je ferais de même pour moi. Prenez le comme un jeu et non comme une punition." Débile comme idée mais pourquoi pas. "Vous connaissez mon dossier. Ce n'est pas du jeu." Je rencontrais encore ce sourire. "Justement, je voudrais vous prouvez à quel point la société est désolante et ignorante en prenant nullement la peine de connaître un jeune homme aussi intéressant que vous." Pour la première fois, je me sentais rougir et je détestais cette sensation.


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→ Dans la vie, on cherche toujours à atteindre un but, quelque chose de vraiment personnel, un idéal de vie, un rêve, quelque chose qui vous rendrait heureux(se) finalement. Pour vous qu’est-ce que c’est ?  J'ai l'impression de passer ma vie chez le psy. Je voudrais tellement être accepter. Pourquoi vivons nous dans un monde où la différence est-elle prohibée ? Je sais que je ne suis pas parfait. D'ailleurs, je ne veux pas l'être. Je voudrais que l'on me regarde avec respect, que l'on cesse de m'observer comme-ci j'étais une bête de foire sortit tout droit d'un asile. J'aimerais pouvoir faire disparaître tous ces rictus désagréables sur le visage des gens. Etre différent n'est pas une maladie. Je respire le même air que tout le monde.

   → Et qu’est ce qui vous bloque en fin de compte ? La méconnaissance des gens. L'improbable ignorance dont peuvent faire preuve certaines personnes. La cruauté sans fin des humains. Comment peut-on vivre dans un monde comme le notre après autant d’immoralité ?

   → Je vois. Est-ce que vous avez des regrets ? Le suicide est une marque de lâcheté mais je n'irais pas jusque là. Je ne suis pas assez courageux. Mais je regrette d'être né comme je suis.

   → Qu’est-ce qui vous rends heureux(se) dans votre vie aujourd’hui. Une personne, une passion ? Les livres. Ils ne me jugent pas eux et m'apportent énormément de connaissance sur le monde.

   → Et est-ce que vous vous sentez seul parfois ? Je suis la solitude. Oui, je me sens seul, à l'abandon.

   → Rien d’anormal je vous rassure, mais dîtes moi, qu’est ce que vous attendez des autres, qu’ils vous aiment, qu’ils vous comprennent ou qu’ils vous respectent ? Les trois sans doute. Mais je n'attends pas de miracle vous savez. J'ai pas mal vécu pour comprendre que l'espoir fait vivre.

   → Et qu’est ce que vous attendez de vous même ? Être fort mentalement. Mais malheureusement, cela se voue à des échecs constants.

   → Et Peut être que vous vous en demandez trop. Qu’en pense votre entourage ? Mes parents ont autre chose à penser que de s'occuper des troubles psychiques de leur fils.

   → Est ce que vous sentez soutenu dans vos choix par votre famille et vos amis ? Je n'ai pas vraiment mon mot à dire concernant mes choix. C'est plutôt ma famille qui a le dernier mot.

   → Bien, nous continuerons la semaine prochaine si vous voulez bien, n’hésitez pas à m’appeler si vous avez un souci d’horaire.