BAHC → Une femme qui est enceinte, elle est aware qu'elle attend un enfant, tu vois?

27 novembre 1994. Salt Lake City. Qui ne connaît pas cette ville, capitale de l’Utah, dans le Nord des Etats-Unis ? C’est obligé que vous la connaissiez puisqu’elle a accueillis des Jeux Olympiques d’hiver. Bref, passons sur le point d’histoire, c’est mon lieu de naissance. Je n’ai ni frère, ni sœur et je suis issue d’une des familles les plus riches de la ville. Mon père travaillait comme chercheur scientifique, il passait plus de temps à son laboratoire qu’à la maison. Ma mère quant à elle, dirigeait une grande entreprise internationale et de ce fait, elle devait voyager aux quatre coins du monde régulièrement. Les seuls souvenirs que j’ai vraiment de mes parents, c’est le nombre incalculable de cadeaux que je recevais lorsqu’ils revenaient. Ils n’ont jamais été là pour moi, ils ne m’ont pas vraiment vu grandir dans le fond. J’ai été élevé par des nounous. Pour la plupart je ne les aimais pas et je prenais un malin plaisir à me comporter comme une vraie teigne alors que dans le fond, elles n’avaient rien demandé. Ce n’était pas de ma faute si mes parents n’étaient pas là. Ce n’était pas de leur faute si j’avais besoin de mes parents mais je me suis toujours comporter comme ça avec elle.

A sept ans, je me rends compte que j’adore le ski et le snowboard. Mes parents m’ont inscrit à des cours pour que je fasse quelque chose de mes mercredi après-midi. J’adhère totalement à ces deux sports et en un rien de temps, je commence à faire des compétitions. Déjà à l’époque, je n’aimais pas beaucoup les cours mais là, il est clair que mon futur sera skieuse ou snowboardeuse professionnelle. Mes parents pensent que je suis jeune et que je vais finir par changer d’avis. Une sportive dans la famille ? Et puis, quoi encore ? Ils ne croient pas réellement en moi. Ils reconnaissent que j’ai du talent mais ils ne me voient pas sportive professionnelle. Pour eux c’est une hérésie, quelque chose qui est presque impossible chez les Chase. Néanmoins, je ne perds pas espoir. Ils peuvent m’empêcher de devenir ce que je veux mais ils ne peuvent pas m’empêcher de rêver. Lorsqu’ils voient que je passe plus de temps sur les pistes et que je commence à sécher les cours à cause de ça, ils m’interdisent catégoriquement de me revoir sur des skis. Mais je désobéis. J’ai treize ans lorsque je pars sur les pistes de Salt Lake avec mes amis. On enchaîne les pistes : une bleue, deux rouges et une noire. C’est là que j’ai eu un accident. En débarquant à l’hôpital, la première chose que mes parents ont dîtes c’est qu’ils n’étaient pas content de ce que je venais de faire. Ils ne comprenaient vraiment rien. Quoi qu’il en soit, ils ont gagné : le médecin a finalement dit à mes parents que moi et le ski c’était finis, c’était même plus la peine d’y penser. Si eux étaient soulagés, moi j’étais déprimée.

Quelques semaines plus tard on déménage à cause du boulot de mon père. Je n’ai pas réellement compris pourquoi on devait partir. Je n’ai pas réellement cherché non plus. Moi je voulais rester à Salt Lake City, c’était ma ville. On a déménagé à Londres. Mais là, j’étais loin  d’imaginer ce qui allait se passer. Scolarisée dans un établissement privé, je me devais de travailler. J’avais perdu mon rêver, j’avais pas la foi de travailler mes cours mais j’ai quand même bosser. Au moins, les matières scientifiques. Je délaissais les matières qui ressemblaient de près ou de loin à des langues étrangères ou à de la littérature. Seulement, ça, c’était avant d’apprendre la tromperie de mon père. J’avais quatorze ans lorsque ma mère m’a expliqué la raison pour laquelle elle avait l’intention de demander le divorce à mon père. J’ai eu du mal à l’accepter, je me suis renfermée sur moi-même. Quand le divorce a été prononcé, j’ai craché ton mon venin à la tronche de mon père.

Quelques mois ont passé. J’aurais pensé que mon père éviterait de fréquenter la femme avec laquelle il avait trompé ma mère mais pas du tout. J’ai juste reçu une lettre un jour comme quoi il m’invitait à un repas de famille avec sa nouvelle famille. Ma mère m’a forcé à y aller. Ca a sans doute été la pire soirée de ma vie. Je faisais bien comprendre à chacun des membres de la table que jamais je ne les accepterais. Ils n’étaient pas de ma famille. Mon père a essayé de comprendre pourquoi je réagissais comme ça. Il m’a proposé de venir vivre une semaine sur deux chez lui mais ça aussi c’était hors de question. Je lui fis comprendre que je ne voulais pas d’eux. Je ne voulais pas faire partie de leur famille, je ne voulais pas non plus qu’il fasse partit de la mienne. Mon père ne semblait pas comprendre. Il croyait que c’était parce que je ne voulais pas le voir heureux. Qu’il soit heureux, j’attendais que ça mais pas avec eux, c’est tout. Après ça, j’ai décidé de ne plus parler à mon père, de ne plus le croiser dans la rue. Il m’envoyait des cartes et un billet à tous mes anniversaires mais rien n’y faisait.

Les années ont fini par passé. Aujourd’hui, j’ai dix-neuf ans. J’ai finis par obtenir mon diplôme d’Etat. Mon père est venu à ma remise des diplômes mais je ne l’ai même pas calculé. Je n’avais pas envie d’aller lui parler. Ma mère était là aussi. J’ai décidé de m’orienter dans une filière d’art de la scène. Je veux devenir actrice et ça personne ne pourra me l’enlever. J’ai décidé de me mettre à travailler même si je passe énormément de temps à faire la fête. Me réconcilié avec mon père me semble quelque chose d’impossible. Pour avoir obtenu mon diplôme ma mère m’a payé une maison dans le quartier de Notting Hill. Aujourd’hui, je vis seule, je suis indépendante. Ma mère me verse, bien évidemment une somme généreuse tous les mois, juste au cas où mais ça passe essentiellement dans les vêtements. Même si je déteste mon père, j’adore ma vie.

→ Ugh j’ai soif, mon verre est viiiiiiiiide ! Vous croyez qu’on peut considérer la menthe comme un fruit ? Seriously, ça pousse dans l’herbe comme n’importe quelle plante, ça devrait être considérée comme un fruit et quand je vous demanderai si je dois boire un mojito ou une bière cerise, je n’aurai pas à privilégier l’un par rapport à l’autre pour avoir ces foutus cinq fruits et légumes. Je mange de la salade tous les jours à cause de ça, mais je. Ne. Suis. Pas. Un. laaaaaapin. D’ailleurs tu mets quoi dans une salade de fruits rouges ? C'est quoi cette question?! Déjà on s'connaît? Apparemment pas mais puisque ça à l'air tellement important pour toi, j'vais te faire une petite liste. Tu notes? Je mets des fraises, des cerises, de la banane, de la poire, de la pêche et j'aime bien mettre un agrume du style une organe histoire de donner un peu de couleur. Bon après, ça dépend aussi des fruits que j'ai à la maison et de la saison.

   → Pff, c’est ce que je n’arrête pas répéter à Francine qui habite à côté de chez moi mais elle ne m’écoute pas. Et elle n’arrête pas de gueuler quand j’appelle mes amies à deux heures du matin. Ca te dérangerait que je t’appelle ? Bah si je suis au lit avec un beau garçon ouais ça risque de me déranger mais sinon, absolument pas. Et puis au pire, j'ai pris l'habitude d'éteindre mon téléphone toutes les nuits comme ça personne ne me dérange, tu vois le genre?

   → On parle, on parle mais on n’a même pas commandé. Alors mojitoooo ou bière cerise ? Mojitoooooooooooo bien évidemment. J'aime pas la bière et puis c'est pas assez fort. Pour s'amuser faut un max de grammes d'alcool dans le sang, la bière c'est pas assez fort. Avoue, t'es d'accord avec moi?

   → Tu as des gouts bizarres mais j’ai soif ! Ouh ouh barman ! Coucouuuuuuuuu j’ai un billet pour toi ! Je peux le mettre dans votre caleçon ? Vous avez la tête d’un strip-teaseur ! Je ne serai pas contre une petite danse langoureuse… Finalement ça sera tequila pour tout le monde et vous savez ce qui va avec la tequila ? Le guacamole ? Oh qu’est-ce qui riiiiiiime avec guacamole ? Le guacamole, t'es sérieuse là?! Et ce qui rime avec guacamole c'est bien évidemment alcool. Ouais, t'as vu j'ai de la suite dans les idées, toi aussi tu trouves?

   → Troooooooooll/guacamole, you’re right ! Damn quelle heure est-il ? Je dois appeler la cousine de l’oncle de la meilleure amie de ma tante qui habite à Sydney, parce qu’elle est géniale. Tu connais Sydney ? L’autre jour, j’ai appris qu’Ewan Mcgregor avait tourné à poil là-bas. MEC EWAN A POIL CA NE TE FAIT RIEN ? Ecoute, j'peux en trouver des milliers comme lui qui serait capable de se mettre à poil rien que pour moi. Alors okay, lui il est connu mais bon... C'est pas parce qu'il tourne à poil que c'est forcément un bon coup. Enfin, moi j'dis ça, j'dis rien...

   → J’ai des bouffées de chaleur rien que d’y penser. Ouh il reste un apérifrais sur la table, tu le mange ou pas ? J'pense que je vais le prendre. Je suis pas du genre à partager et puis, comme tu l'as dis tout à l'heure, tu manges que de la salade pour avoir cinq fruits et légumes par jour.

   → Tant mieux, parler de guacamole, ça donne faim. C’est une bonne situation ça scribe ?? Tu crois que si je mets plein de points d'interrogation à la fin de ma question, est-ce que le pouvoir interrogatif de cette question devient plus grand ??? Euh là j'dois t'avouer que tu m'inquiètes légèrement. T'as pris quoi à part de l'alcool? Nan mais franchement, soyons réaliste: t'as forcément fait un mélage légèrement douteux pour avoir des questions aussi stupides que ça, non?

   → Je ne sais pas, je demande. Tu porte une chemise alors qu’il fait 15 mille degrés. Aïe caramba la tequila est arrivée ! Cheers ! Omg c’est moi ou j’entends la sublime voix de Paul. SHE’S GOOOOOT A TICKET TO RIDE BUT SHEEEEE DON’T CAAAARE ! Non tu ne rêves pas, le talent c’est de famille. C’est quoi la première chanson des beatles qui te vient à la tête et pas de triche ! Tu ne regardes pas le jukebox parce que si on doit vivre une grande histoire d’amour ou juste une minuscule histoire de sexe, la taille ne compte pas, je dois savoir si tu es digne d’intérêt. Quoi que non, ça ne compte qu’à moitié. Jouons à j’épouse, je tue, je couche avec Ewan Mcgregor, Colin Firth et Pippa Middleton ! Ma chanson préférée des Bbeattles, c'est Help. Et pour le coup c'est toi qui aurait vraiment besoin d'aide. Tu veux qu'on joue à ça?! J'crois que j'suis pas assez bourrée pour te suivre dans ton délire, désolée...

   → Ew, je ne suis pas d’accord. Tu as de la chance d’avoir un beau petit cul. Tu dois vraiment être apprécié de la gente masculine. Pour combien tu te baladerais dans la rue en string ? Parce que je suis prête à mettre le prix qu’il faut. Enfin pour ça il faudrait que je sois payée. On est le combien ? Ah oui, j’ai trouvé ! Ca me fait penser tu sais pourquoi septembre est le neuvième mois et non le septième, octobre le dixième et non le huitième, novembre le onzième et non le neuvième et décembre le douzième et non le dixième ? Putain mais tu peux pas arrête deux secondes avec tes questions?! Non mais j'suis sûre que tu comprends même pas ce que tu me demandes. Okay, moi aussi j'ai pas vraiment compris ce que t'as voulu me dire mais bon quand même quoi. Si septembre c'est le neuvième mois de l'année, c'est parce que c'est comme ça. Puis tu vas forcément trouver une civilisation où Septembre est le premier mois de l'année. Regarde les chinois, ils ont pas la même nouvel an que nous alors qu'on vit sur la même planète.

   → Ah merde on m’appelle ! J’arriiiiiiiiiiiiive ! C’est Sam ! Tu connais Sam ? Ouais c'est celui qui ne bois pas. Quoi?! C'est vrai, c'est ce qu'ils disent à la pub. Et ne me demande surtout pourquoi ils l'ont appelé Sam. Alors c'est qui Sam?

   → Dommage. Hop cul sec et on se revoit vite pour manger du guacamole. Surtout n’oublie pas de venir en string. Byyyyye !