KIMBERLEY&JAMES - I'll be quiet, I promise

12 h 45. J'ai la tête qui tourne. Mes jambes me tiennent à peine, elles sont lourdes. Je termine de recoudre le front d'une petite fille et je m'assure que les constantes du patient que l'on vient d'opérer sont régulières. J'ai envie de dormir. J'ai besoin de me poser dans un lit, un canapé, une voiture, n'importe quoi pourvu que je puisse m'étendre de tout mon long et ENFIN fermer les yeux. Comme c'est souvent le cas, j'ai passé la nuit à l'hôpital. J'ai bien essayé de faire une petite sieste pendant ma pause, mais avec les allées et venues de mes collègues c'était peine perdue. Faute de mieux, je me suis résolu à avaler plusieurs tasses de café. Me voilà donc parfaitement réveillé. Le problème c'est que je n'ai rien mangé depuis près de huit heures et, mon ventre commence à crier famine. Puisque c'est l'heure de ma pause déjeuner, c'est tout naturellement que je me rends à la cafétéria de l'hôpital. C'est sûr, leurs mets sont loin d'égaler ceux de Gordon Ramsay, mais j'ai appris à m'en contenter. « Bonjour Mary! ». Cette femme? C'est probablement la seule qui se donne la peine de nous sourire. Les autres 'serveuses' sont à peine capable de dire bonjour alors, je ne me contente de les saluer, de les remercier et de la route. Mais avec cette adorable quadragénaire, c'est différent. Pipelette, elle peut parfois passer des heures à me parler de la pluie ou du beau temps ou à me questionner sur ma vie privée. D'ailleurs c'est un peu grâce à elle qu'entre Sally et moi ça c'est fait. Si c'est pour ça que je l'apprécie autant? Peut-être bien oui, mais il faut dire que cette femme est adorable et qu'elle a toujours le mot pour ire. Pour moi, c'est un peu comme une seconde maman ici.

« Je peux m'asseoir? ». Plongée dans un bouquin, la jeune femme finit par lever les yeux vers moi. « Je sais ce que tu vas me dire, ce ne sont pas les tables qui manquent, mais je me suis dit que ça pourrait être sympa de déjeuner avec toi; enfin si tu arrêtes de me fusiller du regard comme ça! ». Oui parce que le moins qu'on puisse dire c'est que Kimberley n'est pas toujours très joviale. En tout cas, pas quand je suis dans les parages. Je ne pense pas qu'elle m'en veuille tout particulièrement, non je crois plutôt qu'elle se méfie. Pourquoi? Je l'ignore, mais elle reste toujours sur sa réserve avec moi. Un peu comme si elle ne pouvait pas me faire confiance, comme si elle craignait que l'on devienne proches ou quelque chose dans ce goût-là. Pour être tout à fait franc, sa réaction me dépasse, mais c'est une jeune femme vraiment sympathique, tellement douce et attachante que j'en sais rien... J'aimerais beaucoup, je sais qu'on pourrait devenir de bons amis. Si seulement elle me laissait ma chance, je pense que nous pourrions devenir extrêmement proches elle et moi. « Je te jure, je vais me faire tout petit » je promets en m'asseyant. « Et puis, Sally travaille aujourd'hui alors t'en fais pas, je ne tenterai rien, c'est promis ». J'espère sincèrement que ma petite boutade va la faire sourire. D'abord, parce que je suis loin d'être un séducteur né et qu'elle a dû le remarquer ensuite, parce que j'aimerais vraiment qu'on ait une conversation sympa. Nous nous entendons bien, mais nos rapports sont toujours restés strictement professionnels et je trouve ça dommage.