MEA > lost somewhere in the ocean

L'australie ... Ses plages, ses spots de surf, ses grandes métropoles pleine de vie, ses ... déserts arides où il ne se passe absolument rien. Voilà d'où je viens. Vous prenez une carte de l'Australie, vous pointez le milieu et bam, vous tombez à coup sûr sur Alice Spring. A Alice Spring, on a un paysage de rêve. Du sable à perte de vue, c'est magnifique. Du soleil toute l'année. Et puis la chaleur, et puis le vent brûlant du désert ... y a de quoi faire rêver et donner envie. Vous voulez vous divertir ? Rien de plus simple, prenez la voiture, faites environ 1500 kilomètres et vous tombez sur la prochaine ville la plus proche ! Bref, assez parlé du cadre magnifique dans lequel j'ai grandi ! Venons-en au plus important, c'est-à-dire moi. Ma famille possède le Reptile Center, seul truc marrant à faire dans ce coin de désert, depuis deux générations. Eh oui, vous vous avez eu un chien quand vous étiez gamin, moi j'avais des varans, chacun son truc. Donc voilà, ma mère rencontre mon père parce que cette ville est minuscule, ils ont un magnifique bébé, moi, et ils reprennent l'affaire familiale. Le schéma classique par chez nous et sûrement celui qu'ils auraient aimé que je suive.

Mais non, j'aime l'originalité, vous allez comprendre. Toute ma scolarité, je l'ai faite à la School of Air. Attention messieurs mesdames les européens, c'est bien d'une école par radio dont on parle, pas d'une école où on apprend à piloter des avions. Comme on a pas d'université, encore moins de profs de la côte assez taré pour s'exiler dans le désert, on recevait nos cours par radio. Un peu mieux que l'école à la maison quoi. J'ai donc fait ma scolarité comme ça, jusqu'à l'âge de 12 ans. Après, comme tous les gamins du coin, je suis allé au collège et au lycée à Melbourne, en pensionnat. Ca m'a fait bizarre de quitter le sable et les croco, ça c'est clair, mais c'était pour le meilleur malgré tout. Bon okay, ma mère et mon père m'ont manqué quand même et je prenais l'avion régulièrement pour venir les voir. Mais Melbourne quoi ... ça n'a rien à voir ! J'ai vu l'océan pour la première fois, un sacré choc pour un gamin du désert. Et puis, j'ai connu la ville, la vraie. Passer de 20 000 habitants à 4 millions, il y a de quoi être un peu perdu. Je me suis rendu compte qu'en fait, j'étais assez sociable, que ça me plaisait bien de faire les 400 coups et de faire le caïd. J'ai passé pas mal de temps à sécher les cours, me prendre des heures de colle, faire le mur, fumer de la weed mais finalement, c'était pas des années si catastrophique que ça. J'ai décroché mon diplôme, pas avec une moyenne excellente, je dois bien l'avouer. La conseillère d'orientation arrêtait pas de me rabattre es oreilles avec ses "mais qu'est-ce qu'on va faire de toi Matthew ?". Franchement, moi même j'en savais rien.

Alors une fois mon diplôme de fin d'études en poche, j'ai simplement décidé de prendre un petit boulot dans un parc animalier un peu plus loin de Melbourne. Encore vous allez me dire, mais c'est mon père qui m'a pistoné, donc j'ai pas eu trop le choix. J'avais 18 ans, tout ce que je voulais c'est garder ma vie de pacha sans faire trop d'effort. J'ai pas été un de ces dompteurs de croco qui font tomber les filles. Non moi j'étais à la caisse, et c'était pas plus mal. Croyez pas que ça m'est empêché d'avoir mon petit tableau de chasse, je suis pas mal comme garçon, faut bien se le dire. J'ai fait ça pendant deux ans, jongler entre les postes de ce parc, entre la caisse, l'accueil, la vente de bouffe, l'entretien, bref, tous les petits bulots qui inspirent personne. Mais mine de rien, ça m'a permis d'économiser un petit paquet même si pas mal de mes salaires passait dans la weed et dans la bière. Quand j'ai annoncé à mes parents que je voulais faire le tour de l'Europe en sac à dos, ils ont juste soupiré. "Mais qu'est-ce qu'on va faire de toi ...". J'étais sûrement pas à la hauteur de leurs espérances mais moi-même j'avais aucune idée de ce que je voulais faire de ma vie. Enfin si, mais rien de réalisable. J'ai une vraie passion pour la photo. Pas pour la photo numérique, ça tout le monde y touche, ça ressemble à rien. Moi ce que j'aime c'est les vieux appareils, les argentiques qui vous donnent souvent un résultat imprévisible et souvent magnifiques. Mais allez dire à vos parents que vous voulez vivre de ça, j'aurais tout aussi bien pu leur dire que j'allais devenir clown dans un cirque.

Alors j'ai fait mon sac, j'ai mis mon appareil photo autour de mon cou et je me suis envolé, direction Athènes. Pourquoi Athènes ? C'était la destination la moins chère quand je suis arrivé à l'aéroport en short et en tongs, avec mes économies sous le bras. Du coup je suis parti de là, j'ai longé toute la méditerranée en stop, logé chez l'habitant, parfois dans la rue. Mais ça a été les meilleurs mois de ma vie. En juillet, soit un an après mon départ de l'Australie, je me pose sur le territoire anglais, me disant que là au moins, je n'aurais pas la barrière de la langue. Mais leur accent est atroce, j'ai eu un mal fou à les comprendre, et à me faire comprendre. Du coup j'ai continué mon trip, poussé jusqu'en Irlande avant de revenir sur Londres. J'avais dit à mes parents que ce voyage serait pour moi le moyen de trouver ma voie, de savoir ce que je voulais faire .... Tu parles. J'en avais toujours pas la moindre idée. Alors quand je me suis retrouvé à l'aéroport de Londres, à devoir reprendre un billet pour Melbourne, j'ai tourné les talons. Hors de question d'être une nouvelle déception. J'allais trouver un truc à faire et j'allais le trouver ici. Me reprendre un boulot si il fallait, peut-être continuer la photo, j'en savais trop rien mais il était temps d'y réfléchir sérieusement.

Un coup de chance ou le destin, j'en sais rien, mais j'ai trouvé un poste de pion dans un lycée. Ca vendait pas du rêve, c'est clair mais ça me permet de louer un espèce de petit studio dans un coin de la ville, c'est déjà ça. La photo, c'est définitivement ce qui me botte mais j'ai toujours pas trouvé le courage d'en parler à mes parents. Pas avant d'en avoir fait quelque chose, si jamais j'en fais quelque chose. Alors je me contente de continuer ma petite vie, sans trop me poser de questions. Je vais au taf sur ma Vespa, je traîne dans des bars, je rencontre des filles, je prends des photos, je fume un joint, je dors et la vie continue.

→ Mais je t'en prie, assieds-toi donc... Tu tombes bien, je reprendrais bien un... un verre. Tu me l'offres ? Sans gène, il prend place sur la banquette à côté de la demoiselle, la dévisageant de la tête aux pieds, un sourire sur les lèvres qui en dit long sur le taux d'alcool qui circule dans ses veines. "Ca dépend c'que tu bois, je paie pas d'alcool de fillette, même aux filles. Que d'l'alcool fort, sinon comment qu'on peut rigoler !"

→ Une triple vodka pour moi, de façon au point où j'en suis tu sais, je suis plus tellement à ça près. Et puis de toute façon, ça aide à voir les choses plus belles, tu crois pas ? Il hausse des épaules nonchalamment avant de descendre son whisky sec. "J'crois pas que ça aide ma jolie. Pour ça vaut mieux taper dans les trucs plus marrants tu vois, pas dans l'alcool. Après t'es obligée d'en boire plein et ça t'grille les neurones et ce s'rait con que t'es plus de neurones tu vois. J'te filerai bien un p'tit truc plus drôle mais j'ai touuuut fumé."

→ Je bois souvent, moi, il faut croire que les choses ne sont pas si belles dans ma vie de tous les jours... Je crois que c'est à cause de l'amour, quelque chose comme ça. T'as déjà été amoureux, toi ? Il soupire avant de pencher la tête en arrière en se massant les tempes. "Ecoute poupée, pas d'numéro de fille désespérée avec moi okay ? T'es bien trop mignonne pour qu'tu sois abattue à cause d'un trou d'uc. Euuuuh ouais ... j'crois ouais ça m'est arrivé. J'crois même que j'suis en train de tomber amoureux d'toi." Il reluque son décolleté avant de faire signe au serveur de lui remettre la même chose.

→ Moi je suis amoureuse de mon professeur de psycho qui n'est plus mon professeur mais entre nous, c'est impossible. Un peu comme Romeo & Juliet, d'ailleurs, ce qui est assez drôle mine de rien. Tu fais quoi dans la vie, sinon ? "Hum, faut pas taper dans les vieux, y a plein de jeunes super sympa qui d'mandent qu'à aimer hein." Il lui adresse un sourire qui se veut charmeur même si l'effet n'est peut-être pas au rendez-vous. "Moi dans la vie .... j'suis ... j'suis photographe. Ouaip m'dame. J'suis photographe mais pas encore reconnu, c'est là tout l'problème de ma vie."

→ Oh c'est drôle ça. Enfin non, d'ailleurs, pas tellement. Moi je suis actrice, ça c'est drôle tu trouves pas ? Tu veux un autographe ? Il hausse à nouveau des épaules en rigolant. "J'vois pas ce qui a de drôle. T'es canon, t'pourrais être ce que tu veux toi. Tiens vas-y signe là." Il remonte la manche de sa chemise pour lui offrir son avant bras en guise de support.

→ Je crois que je vais t'embrasser maintenant, j'en ai vraiment trop envie. Non en fait, j'en suis sûre, tiens. T'embrasses bien, ça va. Tu viens souvent ici ? Parce que j'ai l'impression que c'est la première fois que je te vois, et pourtant je suis une habituée. Inutile de lutter contre les avances d'une créature, d'autant plus quand on a bu. "Wow. C'était inattendu. T'peux recommencer quand tu veux ! Nan j'viens jamais là, c'est la première fois. J'crois que c'est le destin qui a voulu ça t'vois, pour qu'on se rencontre."

→ Je vois. Mais, tu es venu tout seul ou tes amis sont dans le coin ? T'as des amis, pas vrai ? "J'ai plein d'potes moi, c'est ça l'charme australien ! C'est juste que cette bande de lâcheurs ils sont tous rentrés chez eux comme des p'tits vieux.

→ Et en dehors de tes amis, tu es célibataire ou pas ? "Libre comme l'air. Y a bien trop d'jolies filles pour que j'en choisisse qu'une seule."

→ D'accord. Et tu vis chez tes parents ou tu as ton propre appartement ? Il rit à nouveau avant de s'envoyer son verre cul sec. "Mes parents vivent en Australie poupée, fallait bien que j'trouve mon propre endroit où crécher."

→ Super, on peut aller chez toi alors ? "Euh ouais, carrément." La classe australienne, ça n'a pas de prix !