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 a drop in the ocean | Isaac

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MessageSujet: a drop in the ocean | Isaac   a drop in the ocean | Isaac Icon_minitimeJeu 2 Juil - 13:22

Giulia n’avait jamais compris pourquoi et elle ne comprenait toujours pas. Pourtant, ils avaient été très proches, ils s’aimaient autant que ses frères et elle s’aimaient. Alors pourquoi ? Pourquoi ne l’avait-il jamais contacté depuis l’enterrement ? Pourquoi ne l’avait-il qu’à peine regardé lorsqu’ils avaient enterrés Thomas ? Giulia avait beau retourner leur histoire depuis leur rencontre dans tous les sens, elle ne trouvait pas d’explication légitime. Ils s’étaient appréciés dès le premier jour. Elle aimait leur rendre visite, leur cuisiner des cookies comme elle savait si bien les faire, ils se baladaient souvent ensemble, retrouvaient Joe le canard qui avait une fois pincé Isaac si fort que Giulia s’était moqué de lui sur tout le chemin du retour, puisque Thomas dû le porter jusqu’à la voiture. Elle n’avait jamais eu l’impression de perdre Thomas, ce qui lui arrivait si souvent lorsque ses frères trouvaient l’amour. Au contraire, elle avait l’impression de se rapprocher davantage de son frère, ce qu’elle n’avait jamais cru possible. Isaac avait connu ces moments de crise où la jeune femme ne pouvait cesser de pleurer et était incapable de marcher. Il en avait non seulement été le spectateur, mais il s’était tout de suite rapproché d’elle, contournant tout le monde, dépassant son petit-ami sans un regard : il s’inquiétait sincèrement pour elle et non pas juste parce que c’était « la soeur de ». Il était de ces personnes douces qui comprenaient que dans ces moments, il était impossible de lui imposer quoique ce soit, que seul la patience et la délicatesse permettait d’en venir à bout. La première fois qu’il avait été confronté à une crise, Isaac avait tout simplement posé un baiser sur sa joue, puis il avait étendu sa main sur son dos et était resté ainsi, immobile, toute une nuit, au milieu du salon familial. Alors non, elle ne parvenait pas à comprendre la raison de son silence. Parfois, elle ne pensait pas à lui pendant des semaines, accaparée par la souvenir de Thomas et les questions sur son existence, sur son propre futur, des questions métaphysiques qui ne faisaient que davantage l’engouffrer dans son propre malheur. Si elle ne pouvait avoir des réponses à ces questions, elle pouvait en avoir sur la question du silence d’Isaac. Elle devait savoir. Elle le devait non parce qu’elle avait besoin de lui, non parce qu’il pouvait lui être utile, mais parce qu’elle ne supportait pas d’avoir fait quelque chose qui avait causé ce silence. Elle avait fauté, et elle détestait cela.

Son portable n’avait pas quitté ses mains de toute l’après-midi. Vers cinq heures, elle avait pianoté le prénom d’Isaac, puis était restée bloquée : il lui était impossible de trouver les mots. Ce sms désespérément vide l’avait tracassé l’après-midi entière, fructifiant une espèce de boule qui bientôt accapara son être entier : Giulia avait tous les symptômes d’une nouvelle crise. Or, à vingt et une heure, on entendit une porte claquer et ce n’était pas le père Simmons qui sortait fumer sa cigarette, parce qu’il était déjà dans sa chambre. Elle ne se souvenait plus très bien du chemin qui menait à la maison d’Isaac, ça faisait un bout de temps qu’elle ne l’avait pas fait. Aussi, Giulia prit le double de temps pour y parvenir. La pression montait au fur et à mesure jusqu’à ce qu’elle fut dans un état pitoyable. Les nerfs au vif, elle pleurait, trébuchait et criait dans la rue. Les passants n’osaient pas la regarder : un tel spectacle de souffrance effrayait toujours. Devant cette porte en bois marron, Giulia frappa trois coups et cria le prénom d’Isaac. Elle colla son front contre la porte, comme épuisée. À présent, elle murmurait le prénom de son ami, telle une supplication. Elle n’avait pas conscience de son état, elle se réveillerait le lendemain, épuisée physiquement par son excursion et psychologiquement. « Ouvre-moi... Isaaaa—ac ». cria-t-elle une dernière fois, comme une dernière supplication avant qu’elle ne suffoque.
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MessageSujet: Re: a drop in the ocean | Isaac   a drop in the ocean | Isaac Icon_minitimeJeu 2 Juil - 18:02


Tout lui semble si étrange quand il n’est pas avec Dexter. Même son appartement lui semble presque étranger. Et c’est une pensée qui lui fait mal, affreusement mal. Parce que ce foyer ne devrait pas le mettre autant mal à l’aise ; parce qu’il devrait y trouver le réconfort dont il manque, dont il manque cruellement. Et pourtant, il se trouve là, assis sur son canapé à regarder autour de lui sans arriver à se sentir à sa place. C’est même douloureux comme sensation. Parce que Thomas lui manque plus violemment alors, parce que son absence est plus grande encore. Isaac a ce nœud à l’estomac, cette boule dans la gorge. Il se sent étouffer entre ces quatre murs mais il se sent incapable de bouger. Incapable d’aller retrouver le jumeau pour se laisser apaiser par la chaleur de ses bras. Il s’en sent indigne. Il se sent coupable. Il fait du mal à Thomas, à l’homme qu’il aime. Il le trahit. Ce n’est pas l’attitude d’un homme envers son âme-sœur. Il a prévenu Dexter qu’il ne viendrait pas ce soir, rapidement. Un message court, sans âme. Juste quelques mots jetés sur son téléphone portable et c’était tout. Il n’a pas regardé s’il lui avait répondu. Il ne veut pas imaginer la douleur qu’il lui a infligée. Son beau-frère doit être blessé de son absence soudaine alors qu’ils passaient tant de temps ensemble ces derniers temps. Alors que leurs nuits sont emplies de cette chaleur qu’ils se donnent l’un l’autre. Il se sent coupable pour ça aussi. Pour tout un tas de choses en réalité. Il se sent coupable de ne pas avoir encore trié les affaires, de laisser leur appartement comme il était – avant. De vivre dans cet espace-temps où Thomas est encore en vie. Il s’en veut de s’attacher à Dexter, de s’attacher tellement qu’il a besoin de lui même quand il se sent un peu mieux. Même quand il arrive à passer quelques heures sans pleurer, roulé en boule sur le canapé. Il se sent vide. Il se sent vide sans Thomas. Sans Dexter. Il se sent vide. Et seul. Il est seul, au fond. Il le sera bien un jour, à nouveau. Quand Dexter partira, quand Dexter décidera que leur relation sans définition ne peut pas aller plus loin. Quand il comprendra qu’ils se font plus de mal que de bien. Pour l’instant, ça les aide ; pour l’instant, ça apaise le vide dans leur poitrine. Mais la chaleur finira par les brûler. Elle finira par les consumer jusqu’à ce que la haine devienne plus forte. Trop forte. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de ce qu’ils apprécient dans cette situation. Et Isaac a peur. Il a peur de voir arriver ce moment parce que ça signifiera qu’il aura vraiment tout perdu. Absolument tout. Et il ne sait pas quoi faire, il se sent perdu. Il se sent perdu sans Thomas à ses côtés, sans Dexter et son corps chaud près du sien. Il se sent perdu dans ce monde en noir et blanc. Ce monde qu’il ne reconnaît pas. Parfois, il a envie de hurler le prénom de Thomas jusqu’à ce que sa voix se brise, jusqu’à ce qu’il n’ait plus la force de crier. Mais rien ne sort. Tout reste bloqué dans sa gorge. Et tout est en train de pourrir au fond de son estomac.

De grands coups frappés à sa porte d’entrée le sortent de ses pensées et il sursaute. Terrifié. Il reste immobile sur le canapé, en priant pour que tout ça ne soit qu’un effet de son imagination. Et puis il y a la voix, cette voix si familière et qui sonne pourtant comme étrangère à ses oreilles. Giulia. La sœur de Thomas et Dexter. Sa petite princesse. Celle qu’il considérait comme sa propre petite sœur. Il avale sa salive. Ça fait si longtemps qu’il ne l’a pas vue – depuis l’enterrement de Thomas. Souvent, il s’est promis d’aller la voir ; souvent il s’est promis de prendre son courage à deux mains et de l’appeler. Mais au dernier moment, il se défilait. Il rebroussait chemin en se promettant de le faire le lendemain. Pendant tout ce temps, il a repoussé l’échéance, incapable d’affronter la peine immense de Giulia. Incapable de pouvoir lui tendre la main quand elle a sûrement besoin d’aide, elle aussi. Et il s’en veut. Il s’en veut terriblement. Est-ce qu’elle le déteste à présent ? Lentement, il va jusqu’à la porte, espère presque un instant qu’elle sera partie. Mais il y a ce grand cri, entre douleur et plainte qui déchire ses entrailles, qui déchire le silence. Alors il se précipite, ouvre sa porte. Isaac réceptionne le corps presque mort de Giulia entre ses bras et la serre. Fort. Aussi fort qu’il peut, si fort qu’il aurait pu la briser en deux. « Je suis là, il souffle en caressant doucement la longue chevelure blonde. Je suis là, Giulia. » Il ne sait pas quoi dire d’autre. Il n’a pas les mots. Il n’a pas les mots pour atténuer la peine et la souffrance, pour combler le vide et l’absence. Il n’a pas les mots pour arrêter la douleur de cette perte qui les a brisés. « Je suis là. » Alors Isaac reste là, sur son palier avec la jeune femme pressée contre lui. Une vague de larmes vient lui brûler les yeux et sa gorge se noue. Il pense à Dexter, à ce qu’il ressentirait en voyant sa sœur ainsi et il raffermit sa prise sur Giulia. Peu importe si les voisins les voient, peu importe sa tenue froissée. Peu importe le reste. Isaac prend conscience qu’elle a besoin d’être sauvée. Qu’elle a besoin de se retrouver. Elle n’a eu personne depuis l’enterrement. Elle a refusé de se tourner vers son frère, elle a refusé de lui parler. Et voilà qu’elle est là ce soir, à sa porte. « Je suis là, il répète encore une fois, posant un baiser sur le haut du crâne parfumé. » Il ne changera pas tous ces jours où il a été absent pour elle, il ne pourra pas rattraper le temps perdu. Il peut seulement tenter d’être là maintenant. D’être là ce soir qu’elle a fait un pas vers lui – ce même pas qu’il a eu si peur de faire avant. « Je te demande pardon ma petite Giu, murmure-t-il en laissant les larmes couler silencieusement. Je te demande pardon. » Thomas lui en voudrait de ne pas avoir eu le courage de lui venir en aide, Thomas serait en colère. Pour tant de choses encore.


Dernière édition par Isaac T. Mendelson le Mar 21 Juil - 9:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: a drop in the ocean | Isaac   a drop in the ocean | Isaac Icon_minitimeMer 8 Juil - 17:33

Giulia ne se contrôlait plus réellement : elle martelait contre ce qu’elle croit être la porte d’Isaac, criant aussi fort que sa force le lui permettait. Elle a la tête qui tourne, les joues mouillées autant que son gilet parce qu’il s’est doucement mis à pleuvoir et elle respire difficilement. En tant qu’amatrice de livre en tout genre, elle avait de nombreuses fois imaginées ces femmes désespérées qui viennent frapper aux portes de leurs amants pour les supplier de les emmener loin de leur maris, loin de leur vie misérable : si elle avait été la Giulia de cette époque, elle se serait présentement trouvée ridicule à s’adonner au bovarisme, elle détestait cela. Or, cela ne semblait pas lui parcourir le moins du monde, puisqu’elle tapait et criait toujours plus fort, empreinte au désespoir ultime, proche du souffle ultime, celui qui ne fait plus souffrir. Elle sait exactement ce qui va se passer lorsqu’il ouvrira la porte, elle sait sur le bout des doigts les mots qui sortiront de sa bouche, ceux qui font mal, ceux qui blessent, ceux que l’on préfère toujours taire. Mais aujourd’hui, Giulia en avait marre de se taire, elle ne le pouvait plus. Elle allait enfin pouvoir extériorisé tout ce qui bouillait en elle depuis si longtemps, depuis la… depuis la mort de Thomas, ça lui ferait du bien, ça lui ferait tant de bien qu’après tout ne pourrait que mieux aller. Elle lui ferait la tête encore un peu, mais elle espérait au fond qu’Isaac réapparaitrait dans son quotidien. Elle ne demandait pas beaucoup, au final, juste qu’il passe la voir, de temps en temps, elle aimerait tant voir son petit visage hésitant, désolé de la voir dans cette état, un peu comme Dexter. Ce dernier n’était pas venu le voir très fréquemment, à vrai dire, sa première réelle visite n’était que très récente, ou, autrement dit, très éloignée de l’enterrement de Thomas, mais cette visite avait comme… rassuré Giulia. Non qu’elle se sentait mieux, mais elle s’était sentie un peu moins seule dans sa tristesse, elle s’était rendue compte qu’elle n’était pas la seule à souffrir, ce qui ne l’étonnait guère, puisque Thomas était très aimé. Comment aurait-il pu en être autrement ? Alors oui, Giulia comptait sur cette visite pour bousculer les choses, pour les remettre dans l’ordre afin d’aller, peut-être vers un mieux, mais il y avait encore beaucoup de chemin à parcourir pour y parvenir. Et, en effet, ces réflexions qu’elle avait eu depuis quelques semaines déjà se dévoilaient à elle sous une autre perspective : elle avait juste envie de crier, de lui montrer à quel point son silence lui faisait du mal. Elle n’était plus aussi calme, emportée par la tristesse, elle était comme hystérique et physiquement épuisée. Si bien qu’au lieu d’avoir une discussion posée comme elle l’avait plus ou moins espérée, elle s’écroula lorsque la porte s’ouvrit. Elle l’avait sentie se rapprocher et, prise de panique, elle avait automatiquement fondue en larmes, trop emprunt aux souvenirs d’un temps où elle venait chez lui avec le sourire ou, si elle venait en pleurs, elle en ressortait toujours le sourire aux lèvres. Là, serrée dans les bras d’Isaac, elle ne cessait de pleurer, parce que ça lui faisait bien trop mal de respirer. Elle entendait ses « je suis là » qu’il répétait et c’est exactement ce qu’il fallait faire, parce que Giulia n’entendait que des bribes de sons, de demi sons qu’elle réunissait difficilement. Il est là, répétait-elle, comme pour analyser ce qu’il dit, comme pour pleinement en prendre conscience. Elle sentait ses doigts caresser sa chevelure libérée, puis son baiser sur son front. Ça la rassurait et doucement ses pleurs se calme. Après cinq minutes, sa respiration était encore saccadée, mais elle se reprenait. « Je ne peux pas… te pardonner. » murmura-t-elle, tandis qu’elle luttait avec ses muscles qui tendaient ses lèvres vers le bas et faisaient trembler sa lèvres inférieure. Elle n’avait pas envie de pleurer, il fallait qu’il entende très clairement ses mots. « Je ne peux pas, c’est trop simple. Il me faut plus que ça. Isaac. » Elle articula son prénom après avoir fini sa phrase, après un petit silence qui signifiait la difficulté qu’elle avait pour mettre un prénom sur un individu, une image sur un nom. Tout ce qui était inné ou qui venait progressivement chez l’homme, Giulia avait l’impression de le perdre petit à petit, comme si elle régressait. Mais elle ne voulait pas divaguer, perdre le fil de ses pensées comme il lui arrivait si souvent. Elle s’était rassise devant lui, si près de lui qu’elle sentait sa poitrine se soulever puis redescendre. « Il faut qu’on se parle, parce que je ne peux plus continuer comme ça. Je… je ne peux plus ! » dit-elle en levant un peu la voix en fin de phrase, accompagnant un nouveau flot de larmes. Ça lui faisait de mal de le voir : un mélange de mélancolie d’un temps révolu et de douleur d’un présent insupportable.
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MessageSujet: Re: a drop in the ocean | Isaac   a drop in the ocean | Isaac Icon_minitimeJeu 16 Juil - 10:26


C’est douloureux de la voir là. Douloureux de voir sa propre souffrance, douloureux d’entendre ses larmes. Ça le ramène à tout ce qu’il ressent depuis tant de temps. À son cœur qui se meurt lentement. Ça le ramène à l’absence, au manque de Thomas. De Dexter, aussi. Parce que son beau-frère lui manque, plus qu’il ne devrait. Plus qu’Isaac ne l’aurait imaginé. Et il sait que ce n’est pas bien, il sait que c’est déplacé. Son ignominie lui semble être jetée en pleine figure maintenant que Giulia est dans ses bras, pleurant à chaudes larmes ce frère qu’elle a perdu. Il devrait être en train de mourir de chagrin, lui aussi. Il devrait être en train de pleurer. Il devrait ressentir toute cette peine dans sa poitrine, comme sa belle-sœur. Et il la ressent, il continue d’avoir mal. Chaque jour. Chaque seconde. Mais la vérité c’est que Dexter l’aide. Dexter apaise la douleur et panse les plaies une à une. Comme un baume magique, comme une crème réparatrice. Et alors Isaac se sent mieux, un peu. Il sent sa poitrine qui s’ouvre à nouveau. Lentement, doucement. À force de douceur et de tendresse, à force de nuits passées contre lui. Et il sait pourtant qu’il ne devrait pas. Il ne devrait pas aller mieux, il n’a pas le droit. Pas avec son beau-frère, pas avec le jumeau. Que dirait Giulia si elle savait pour eux ? Si elle savait qu’ils passent la plupart de leurs nuits dans les bras l’un de l’autre à se serrer jusqu’à laisser leurs chaleurs se mélanger. Comme pour fuir ces pensées dérangeantes, il serre un peu plus le corps tremblant contre lui. Il sait qu’il doit rattraper le coup. Qu’il doit arranger cette situation qui les étouffe tous les deux. Pour Giu, pour Thomas. Pour lui aussi. Il a besoin d’elle comme elle a besoin de lui. Ils se sont éloignés depuis trop longtemps et le deuil les a séparés trop douloureusement. Ils vont recoller les morceaux, rattacher toutes les pièces de leurs âmes écorchées et se reconstruire enfin. Elle le mérite, ils le méritent. « Je sais que ça ne suffira pas, il souffle avec douceur, passant sa main dans les mèches blondes. Je ferai tout ce que tu voudras pour me faire pardonner. Tout. » Parce qu’il veut la retrouver, il veut retrouver cette petite blonde pétillante qui était comme une vraie sœur pour lui. La disparition de Thomas a été tragique pour eux tous, mais ils peuvent s’en sortir. Ils peuvent se relever et continuer d’avancer. Ensemble. Ils titubent encore, comme amputés. Ils ont été amputés – en mourant, Thomas a pris une partie de leur corps, de leur âme. Ils ne sont plus que des êtres à moitié formés, à moitié entiers. Des êtres à moitié en vie. Et ils avancent à travers un brouillard trop épais, seuls. Isaac a trouvé en Dexter une lumière à travers la brume. Il a trouvé quelqu’un à qui se raccrocher. Et même si ce n’est pas bien, même si c’est mal, Isaac en a besoin. Il a besoin de l’équilibre même précaire que lui apporte son beau-frère.

La voix de Giulia monte un peu dans les aigus, s’éraille sur la fin de ses phrases. Il y a trop de tristesse dans ses mots. « On parlera autant que tu le voudras, ma belle, il murmure. Viens, on rentre. » Doucement, il la relève en la gardant dans ses bras. Serrée contre lui. Accroché à elle pour lui rappeler qu’il ne la laissera pas tomber. Qu’il est là désormais et que plus rien ne pourra lui arriver. C’est comme une promesse silencieuse, c’est un accord tacite. Et même s’il a failli à tous ses devoirs, même s’il l’a abandonnée sans le vouloir, il sera là désormais. Isaac sera là quoi qu’il arrive. Il installe la blonde sur son canapé, caresse sa joue avec un sourire tendre sur les lèvres. « Reste là, je vais te chercher un peu d’eau. » Cette parenthèse lui laisse le temps de souffler, de reprendre sa respiration. De ravaler les larmes qui lui brûlent les yeux. Il voudrait que Dexter soit là, que Thomas soit encore en vie. Il voudrait qu’on lui dise quoi faire, quoi dire. Comment agir. Il ne sait pas s’il arrivera à la consoler comme elle le souhaite. Comme elle l’attend. Il ne sait pas s’il trouvera les mots, les gestes. Qui pourrait arriver à atténuer cette douleur intolérable dans la poitrine ? Il ne pourra pas remplacer Thomas ; il ne pourra que soutenir. Être un simple appui dans la tempête. Il observe Giulia un instant silencieusement quand il revient au salon. Toute cette tristesse, toute cette souffrance. Cette même douleur qu’il ressent entre ses côtes, dans son estomac. Ce même vide dans les yeux brillants de larmes. « Tiens, bois un peu, il lâche en tendant le verre. Ça te fera du bien. » Maladroitement, il s’assoit à côté d’elle, regard fixé sur ses mains tremblantes. Qu’est-il censé dire ? Il n’y a rien à dire, rien à faire. Il est coupable de l’avoir délaissée. Trop englué dans sa propre peine, il en a oublié que le monde tournait autour de lui. Il a oublié que d’autres que lui avaient de la peine, souffraient aussi. Il a pourtant essayé, maintes et maintes fois ; il a essayé de trouver le courage d’aller voir la famille de Thomas. Mais c’était encore trop dur, c’était encore trop compliqué. Trop douloureux. C’était trop tôt pour se replonger dans cette famille qu’il aimait comme la sienne. Et il n’y a eu que Dexter. Il n’y a eu que lui dans son petit univers brisé. Il n’a laissé entrer que lui dans cette toute nouvelle solitude. « J’ai voulu venir, tu sais. J’ai voulu t’appeler, il commence finalement, la voix chevrotante. Tous les jours. Mais chaque fois, je me dégonflais. Je trouvais une fausse excuse pour ne pas le faire. » Isaac avale sa salive, lance un coup d’œil peiné à Giulia. « J’avais peur, j’avais mal. Je n’y arrivais pas. » Il n’avait pas la force de revoir les Simmons, de retrouver cet univers où il a connu Thomas. Cet univers où il vivait encore voilà quelques mois. Tout lui aurait rappelé ce bonheur trop vite enfui, ce bonheur qu’on lui a arraché. Tout lui aurait rappelé qu’il a été heureux à ses côtés et que plus aucun espoir ne lui était désormais permis. « Je… Il me manque tellement, il bégaye. Et j’avais tellement peur de vous revoir. J’avais tellement peur de craquer devant vous, de ne pas être assez fort… » Et fort, Isaac ne l’est toujours pas. Une larme glisse sur sa joue trop blême, creuse. « C’est trop dur sans lui. »


Dernière édition par Isaac T. Mendelson le Mar 21 Juil - 9:03, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: a drop in the ocean | Isaac   a drop in the ocean | Isaac Icon_minitimeLun 20 Juil - 20:40

Giulia était cet esclave qui redescend dans sa caverne pour contempler des ombres, lui qui a observé le soleil. Elle était parvenue à sortir la tête de l’eau pour y sombrer de nouveau, et de plus belle. En y repensant, elle avait l’impression de rêver, ça ne pouvait qu’être un songe, un si doux songe, mais rien de plus que cela. Parce que la douleur à laquelle elle assisté lui paraissait si réelle qu’il lui semblait que rien d’autre ne serait à sa portée : elle se laissait aller au malheur, parce que c’est la seule chose qui l’assurait de son existence. C’est exactement ce qu’elle fit : la colère se dissipa, écrasée par ce poids si imposant, par ce couteau planté dans son ventre, par ce feu qui brûlait les cellules de sa peau puis s’attaquait à sa chair. Elle s’accrocha à Isaac au lieu de le repousser, parce qu’elle était comme aspirée à la vie. Elle serra davantage son attache quand elle l’entendit s’excuser. Elle ferma les yeux pour davantage profiter de ces mots, elle les recueillit dans ses mains et ne les lâcha pas, elle ne les lâcherait pour rien au monde. Elle les serrait si fort que ses ongles s’enfoncèrent dans sa peau, mais elle n’y fit pas attention : rien ne pourra les lui arracher. Elle en voulait tellement à Isaac de l’avoir laissé souffrir par elle-même, mais ainsi serrée contre lui, elle lisait en lui une grande tristesse. Peut-être était-ce trop dur pour aller la voir ? Si les choses étaient inversées, Giulia aurait été incapable d’aller lui rendre visite, elle pouvait donc le lui accorder. Mais était-ce la véritable raison ? L’aimait-il encore ? Ou est-ce que la perte de Thomas marquait la fin d’une époque, celle où il était à la fois son ami et son roc ? Giulia rassembla ce qui lui restait encore de force pour suivre son ami qui l’invita à entrer : elle avait désespérément besoin de réponses, sans quoi elle ne se donnerait pas long feu. Elle se voyait mourir petit peu à petit peu et même si elle y mettait autant de force possible (venir ici en était une preuve flagrante), elle se sentait dépérir : elle ne pourrait éviter une fin tragique. Elle hocha la tête lorsqu’Isaac lui annonça qu’il allait lui prendre un verre d’eau. Elle avait besoin de se désaltérer, elle se sentait si… vide. Les pleurs étaient passés, elle n’avait plus rien à pleurer, plus d’eau à gaspiller, si bien qu’elle resta immobile, les joues encore légèrement humides, à regarder en face d’elle la petite table du séjour. Elle leva enfin les yeux, mais s’empressa de les redescendre, car les souvenirs étaient encore trop douloureux et lui rappelaient la mort et la perte, or il lui fallait absolument être forte pour entendre ce qu’il avait à lui dire, pour l’entendre lui dire qu’elle comptait encore pour lui, qu’il l’aimait encore. Elle avala l’eau qu’il lui tendit, doucement, comme pour repousser ce moment où ils auraient cette conversation qu’elle avait tant attendue. Elle avait peur. Elle avait peur de ce qu’il pourrait lui dire. Un instant, elle eut peur de ne pas pouvoir supporter ses pleurs, si jamais il venait à s’effondrer à son tour, elle n’était pas aussi fort que lui, elle n’arriverait pas à… Mais ses pensées furent interrompues par la douce voix d’Isaac. Il parlait doucement, comme si ça lui coutait de nombreux efforts pour sortir ces mots. Immobile, Giulia observa son visage quand il lui dit qu’il avait voulu appeler. Elle lui demanda mentalement : pourquoi ? Pourquoi ne l’a pas tu fais alors ? Qu’est-ce qui t’en a empêché ? Mais sa réponse ne lui convint pas. Enfin, elle comprenait qu’il avait eu peur, elle-même avait encore peur, mais était-ce suffisant ? Muette et sans mots, elle aurait voulu pouvoir poser ne serait-ce qu’une main réconfortante sur son épaule lorsqu’il lui avoua sa peine, celle d’avoir perdu cet amour en lequel il croyait tant. Alors qu’elle avait cru qu’elle n’avait plus rien à pleurer, plus suffisamment de forces pour, des larmes roulèrent automatiquement sur ses joues. La gorge se gonfla en un rien de temps, rien qu’à l’entendre murmurer que c’était trop dur sans lui. Elle comprenait. Elle comprenait parce qu’elle se le répétait dix fois par jours, en boucle. C’était bien trop dur sans Thomas. Il était non seulement un membre de la famille, mais celui qui lui permettait de tenir. Il était la joie, dont Dexter manquait, la stabilité qu’il manquait à Giulia, l’assurance absence chez leurs parents. Il n’était pas parfait et même si Giulia avait tendance à l’embellir, elle le savait humain, mais même avec tous les efforts du monde, avec toute la rationalité qui lui restait, elle ne pouvait penser autrement à son frère qu’en être absolument magnifique, fait de bonté et d’amour. Alors oui, c’était définitivement bien trop dur pour lui. De son index, elle effaça la perle salée qui roulait sur la joue d’Isaac. « Tu peux craquer devant moi. » murmura-t-elle douloureusement, la gorge encore enflée. Elle savait que ce n’était pas vrai, elle savait qu’il essayait et qu’il essayerait toujours de la protéger, mais c’était justement le silence qui la tuait chaque jour un peu plus. C’était ça, qu’elle était venue lui dire aujourd’hui. « Vous essayez toujours de me protéger, tous. Je comprends et je vous remercie, mais ce dont j’ai besoin, c’est de voir que je ne suis pas toute seule. Je n’en peux plus de la solitude et tout ce que reflètent les visages étrangers, c’est de la solitude. J’ai besoin de vous voir pleurer. Ça ne m’aide pas du tout vos visages serrés. Retenir vos larmes ne m’aide pas mais ça ne vous aide pas non plus. » dit-elle en une fois. Elle reprit sa respiration, essoufflée. Elle prit une gorgée d’eau et déposa son verre sur la petite table. Elle prit ses mains et murmura : « On est une famille, une seule et même famille et on va gérer ça ensemble. On a pas d’autre choix, en fait. Soit on décide de s’entraîner, soit chacun pourrira de son côté et on sait à quoi ça ressemblera. » Elle laissa supposer que l’état auquel chacun arrivera sera celui dans lequel elle se trouvait. Les larmes aux yeux, elle avala sa salive douloureusement, parce que ça lui faisait mal de penser à son état pitoyable. Elle ne voulait pas que Dexter et Isaac finissent comme elle. Même si elle était une cause perdue, eux, ne l’étaient pas. Elle userait de ses dernières forces pour les aider. « Je ne veux pas que vous finissiez comme moi, alors aidons-nous. Il faut arrêter de se fuir comme on l’a déjà tant fait, d’accord? Arrêtez de me fuir, parce que je veux vous aider. » finit-elle. Elle lui sourit tendrement et, furtivement, lui dit : « C’est normal que ce soit si dur, surtout pour toi. C’était ton âme soeur. »
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MessageSujet: Re: a drop in the ocean | Isaac   a drop in the ocean | Isaac Icon_minitimeMar 21 Juil - 8:57


Il s’en veut. Isaac s’en veut d’avoir abandonné celle qu’il a toujours considéré comme une véritable petite sœur. Il aurait dû être là pour elle, il aurait dû être présent pour l’épauler. Mais il a fui. Il a fui le monde extérieur, effrayé à l’idée de se retrouver dans un univers où Thomas n’était pas. Où Thomas n’était plus. Parce que c’était un univers où il ne voulait pas vivre, où il ne voulait pas évoluer. Ça lui semblait bien trop dur, bien trop difficile ; ça lui semble encore aujourd’hui bien trop compliqué. Alors comment aurait-il pu aider tous ceux qui, comme lui, se sentaient complètement anéantis ? Comment aurait-il pu être d’une aide quelconque alors qu’il n’arrivait à rien de lui-même ? Et son petit cocon de chaleur avec Dexter avait été si confortable, si apaisant qu’il avait préféré oublier tout ce qui n’était pas eux. Tout ce qui n’était pas cette petite bulle chaude et douce dans laquelle il se perdait avec plaisir. Et maintenant qu’il voit les grands yeux de Giulia, si semblables à ceux de ses frères, plonger dans les siens, il se sent coupable. Terriblement coupable. Parce qu’il a failli à son devoir. Parce qu’il a trahi son fiancé en laissant sa sœur de côté. Celle qu’il aimait par-dessus tout, celle qu’il aurait protégée contre vents et marées. Thomas aurait pu traverser les continents pour la rejoindre. Et il aurait compté sur Isaac pour faire de même. Ses lèvres tremblent quand une larme s’échappe doucement de ses paupières. Isaac sent comme une brûlure sur sa joue quand elle y glisse et il doit se mordre la langue pour ne pas avoir un mouvement de recul quand la blonde vient l’essuyer. Il ferme les yeux, retient comme il peut le torrent d’émotions qui l’envahit soudain. Pourquoi c’est si dur ? Pourquoi ne peut-il juste pas être là pour elle qui en a tant besoin ? Il le veut. Il veut tellement pouvoir être là, pouvoir l’aider. Lui tendre la main. Mais il y a comme sa poitrine qui se resserre sur son cœur, l’étouffe lentement. Parce qu’il voit Thomas, partout. Dans ses yeux, dans ses gestes. Dans sa voix. Il voit Thomas à travers elle, à travers le souvenir de sa famille. Et alors la douleur est plus puissante encore. Plus dévastatrice. Silencieusement, il l’observe. Il se demande combien de temps il pourra tenir sans s’effondrer devant elle. Elle dit qu’elle a besoin qu’il craque, elle a besoin de voir qu’il a mal lui aussi. Mais il est effrayé à l’idée de laisser la peine l’envahir, détruire ses résistances déjà faibles. Parce qu’une fois la digue détruite, Isaac n’est pas sûr de pouvoir s’arrêter. Et s’il pleurait indéfiniment ? Et s’il pleurait jusqu’à se dessécher, jusqu’à en mourir tout simplement ? Lentement, il serre les doigts qui sont venus prendre les siens. Peut-être pourrait-il s’y accrocher ? Un peu, juste un peu. Juste le temps de lui montrer combien il a mal. Juste le temps de lui dire que, lui aussi, il souffre. Comme elle. Comme Dexter. Comme leurs parents. Et tant pis s’il n’arrive plus à stopper le flot de larmes après ça. Tant pis s’il souffre un peu plus. Il aimerait que Dexter soit là, qu’il le serre contre lui en lui répétant que tout ira bien, que ça passera. Que la douleur s’arrêtera. Et un jour, le gouffre béant se sera refermé. Doucement. Un jour, il sera de nouveau sur pieds.

« Il me manque tellement, souffle-t-il et sa voix chevrote misérablement. J’aimerais qu’il soit là. Chaque jour. » Il aimerait qu’il revienne pour que son monde retrouve son ordre habituel ; il aimerait qu’il revienne pour que son univers soit à nouveau lui-même. Mais il n’y a que le vide, il n’y a que l’absence. Et cette constatation est chaque jour un peu plus dure, un peu plus difficile à accepter. La souffrance, la colère. Le sentiment d’injustice et de dégoût. Les rares moments d’étincelle que lui offre Dexter. Et le noir, l’obscurité. Ce gouffre sans fond dans lequel il continue inexorablement de s’enfoncer. Fatigué, Isaac plonge son visage entre ses mains et commence à sangloter. D’abord doucement puis quand le poids sur sa poitrine devient plus lourd encore, les larmes deviennent bruyantes à ses yeux. C’est comme un torrent qui dévale la pente vertigineuse d’une montagne et finit sa course à l’océan. C’est pareil à une tempête en pleine mer qui fait chavirer les navires, laissant les passagers noyés sous les vagues, échoués près de la rive. Isaac n’est plus qu’une épave, flottant ça et là au gré du vent qui souffle. Il n’est plus qu’une carcasse vide. Parce qu’on lui a arraché une partie de son âme, parce qu’on lui a enlevé sa raison de vivre. Et tous les Dexter du monde n’arriveront pas à reconstituer ce morceau de son cœur qui a disparu. « Je suis désolé, je… il bégaye à travers les pleurs. » Il s’en veut pourtant de penser comme ça, parce que son beau-frère a été d’une aide précieuse. Parce qu’il ne serait plus là sans le jumeau. Et le besoin de lui, la nécessité de sa présence dans sa vie est une réalité plus forte encore à chaque jour qui passe. Et il ne peut qu’espérer que cela dure, qu’il reste auprès de lui longtemps. Très longtemps. Aussi longtemps qu’il le veuille bien. Parce qu’il sait effacer la peine, il sait taire les larmes. Il sait faire renaître un rayon de soleil. Et alors la vie ne lui paraît soudainement plus aussi fade. « On ne voulait pas te délaisser… Je ne voulais pas te délaisser, il assure, le ton tremblant. Mais j’étais incapable de… de prendre soin de moi-même. Alors comment aurais-je pu être là pour toi ? Je n’y arrivais pas… » Il est devenu comme un fantôme jusqu’à ce que son beau-frère amène une dernière lueur d’espoir dans son quotidien sans son fiancé. « Je n’y arrivais pas, répète-t-il. Je suis désolé… » Mais comment expliquer au monde qu’il a trouvé son salut en la personne qui est la copie conforme de l’être qu’il a le plus aimé ? Comment expliquer au monde que, dans sa tête, dans son cœur, ça n’a rien de malsain ou de faux ? Que son affection pour Dexter est vraie ? Personne n’y croirait. Il n’est pas même sûr que le jumeau veuille bien le croire. « Je voudrais tant qu’il soit là… » Et il y a ce visage qui se dessine sur sa rétine, si distinct. Si net. Mais pour la première fois depuis la mort de Thomas, il ne sait plus vraiment quel frère il préférerait voir en cet instant.
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MessageSujet: Re: a drop in the ocean | Isaac   a drop in the ocean | Isaac Icon_minitimeJeu 3 Sep - 18:32

Giulia lui demandait de craquer devant elle, parce qu’elle avait besoin de savoir que sa douleur était partagée. Presque égoïstement, cette confession qu’il lui ferait à travers quelques mots et beaucoup de larmes lui suffirait à relativiser. Non, elle n’était pas la seule à souffrir et cette douleur ne faisait pas d’elle une psychopathe, mais au contraire une personne lambda, un individu avec des sentiments. Mais jusque là, elle n’avait encore vu personne pleurer Thomas, parce qu’il ne fallait pas pleurer devant Giulia, pas devant cette petite déjà si fragile, elle n’avait pas besoin de ça alors que c’était bien seulement cela qu’elle réclamait. Qu’on lui montre que la douleur n’est pas insupportable, mais partagée. Lorsqu’Isaac se confit enfin à elle, en murmurant ces quelques mots qu’elle n’a de cesse répété depuis le décès de son frère, Giulia se sentit presque soulagée. Une chaleur s’empara de son corps et, presque paradoxalement, ses yeux se remplir derechef de larmes. Ces aveux la touchait au plus profond d’elle-même, parce qu’ils faisaient de la perte une événement réel et non un produit imaginaire que la jeune femme aurait grossi. Non, la douleur était normale et non exagérée. Ces aveux la libéraient, mais lui faisaient surtout comprendre qu’il ne s’agissait plus d’un rêve, mais d’une réalité absolue, qu’aucune relativité n’altérerait. Thomas était mort et c’était douloureux pour tout le monde. Telle était la réalité à laquelle on ne pouvait que s’accrocher. Giulia y comprit. Elle n’était plus seule. Elle n’aurait plus à gérer ça de son côté. Mais était-ce aussi facile ? Parce que lorsqu’elle perçu des larmes couler sur les joues de son ami, ce geste familier qu’elle fit ne lui paru par approprié, elle ne savait pas vraiment ce qu’elle faisait… Elle avait si peur de mal agir. Peut-être n’aurait-elle pas dû se montrer aussi dur avec lui, d’autant plus qu’elle va soudainement bien mieux… Elle n’avait pas eu l’intention de le briser davantage en lui faisant ses confessions, elle avait juste agi, sans réfléchir aux conséquences. Elle s’était laissée porter par la vague dans laquelle elle se noyait progressivement. Elle s’était dit « non, pas cette fois-ci, pas encore, je n’en peux plus, je ne veux plus de ça, je ne le mérite pas », mais avait-elle bien agi pour autant ? Ainsi lovés l’un contre l’autre, elle ne savait plus. Elle se contenta d’essuyer ces larmes de la même manière qu’il avait essuyé les siennes quelques minutes auparavant. « Je ne t’en veux pas. » murmura-telle. Mais il continua de se blâmer, de répéter qu’il n’aurait pas dû. Giulia ne parvint pas à rester silencieuse très longtemps. Elle posa son visage devant le sien et lui dit : « Ne t’inquiète pas pour moi, je ne t’en veux pas et je comprends mieux. Je comprends enfin pourquoi et c’est tout ce qui importe. Alors ne t’en veux pas, tu n’étais pas en état comme je ne l’étais pas, ne le suis peut-être toujours pas. Je pense que l’on va avoir besoin de temps, mais pour tout ce qui s’est passé, je te pardonne alors fais-en de même, s’il te plait. » Sa voix lui sembla bien trop forte, mais elle avait eu besoin de courage pour imposer ses mots, pour tenter de se faire comprendre. Elle avait réussi. Elle avait réussi à trouver les bons mots, non ? Elle souhaitait le soulager, n’était-ce pas ce qu’elle venait de faire avec ces quelques mots ? Giulia se sentit presque soulagée pendant un instant, parce qu’elle venait de réussir là où elle avait toujours échoué. Elle avait trouvé les mots, ne s’était pas laissée emporter par ses émotions, par ses pensées entremêlées, par le flux d’informations qu’elle avalait sur le moment. Elle s’était concentrée sur son objectif et était parvenue à exprimer exactement ce qu’elle voulait dire. Ce n’était certainement pas parfait et elle serait peut-être la seule à remarquer ce changement, mais ça lui donna tant d’espoir ! Elle prit un longue inspiration et sentit des piqûres agréables dans ses membres. « Moi aussi Isaac, moi aussi… Mais je crois que Thomas voudrait qu’on fasse des forts et qu’on soit heureux. Pas tout de suite, non, mais… dans un futur plus ou moins proche, tu vois ? Et je ne dis pas ça en imitation des séries américaines nulles qui attribuent ces pensées à des salopards, non… là, je suis certaine que Thomas nous dirait cela s’il en avait la possibilité. »
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MessageSujet: Re: a drop in the ocean | Isaac   a drop in the ocean | Isaac Icon_minitimeMer 9 Sep - 10:18


En parler rendrait tout ça encore plus réel. La douleur, le vide. L’absence. Tout ça n’était finalement pas un sombre cauchemar mais bien une réalité – sa réalité. Et la présence de Giulia accentue cette sensation que tout prend enfin forme, que tout devient parfaitement tangible. Parce que Thomas est mort et que rien ni personne ne pourra le remplacer ; parce qu’il est seul et complètement perdu dans ce qu’il ressent désormais. C’est peut-être aussi pour ça qu’il refusait de voir la sœur de Thomas et Dexter. Parce qu’à s’abîmer dans sa relation avec son beau-frère, il en venait presque à oublier que son fiancé était parti. Décédé. Mais reprendre contact avec la jeune femme signifiait accepter d’être veuf. Accepter d’être seul. Et Isaac n’était peut-être pas encore prêt pour ça. Il ne l’était pas jusqu’à être mis devant le fait accompli par sa belle-sœur elle-même venant frapper à sa porte, la douleur suintant par tous les pores de sa peau. C’est douloureux de mettre des mots sur ce qu’il ressent – de mettre des mots sur ses maux. Il n’a pas envie de vomir tout ce chagrin qui le consume, pas devant Giulia. Elle a besoin qu’on soit fort pour elle, elle a besoin qu’on la soutienne. Et elle recherche pourtant cette même peine chez autrui, chez tous ceux qui ont été proches de Thomas un jour. Sans doute pour se dire qu’elle n’est pas seule dans cette barque complètement lancée à la dérive ; sans doute pour se dire que d’autres souffrent, tout comme elle. Isaac lâche un minuscule sourire, le cœur trop lourd et en peine. « Du temps, il souffle difficilement. Du temps, c’est tout ce qu’il nous reste maintenant. » Comme une fatalité. Du temps pour guérir les blessures, du temps pour se reconstruire. Du temps pour se relever et continuer d’avancer. Du temps. C’était le seul luxe permis à Isaac et ses proches, à tous ceux qui partageaient de loin ou de près son deuil et sa tristesse. Du temps que le brun consacrait à passer dans les bras d’un autre comme pour occulter le vide et l’absence de celui qu’il aime. Du temps qu’il passe avec son beau-frère dans l’espoir de faire taire la douleur. Et parce qu’il se sent bien avec Dexter, Isaac continue encore et encore de revenir auprès de celui qui semble être en mesure d’effacer les traces de sa peine. Reste la culpabilité, tranchante, humiliante, qui lui coupe la respiration chaque fois qu’il n’est plus avec le jumeau, parce que Thomas le détesterait pour lui avoir fait ça, parce que jamais Thomas ne lui pardonnerait une telle trahison. Mais Isaac ne peut pas s’en empêcher, Isaac brave cet interdit et le goût de bile sur ses lèvres pour tout simplement sentir le poids sur sa poitrine s’alléger. Et certainement que la présence de Giulia à ses côtés accentuait le malaise indéfinissable au fond de son estomac. Si elle savait, elle les haïrait ; si elle savait, elle ne voudrait plus jamais leur parler. Et Isaac, dans un éclair de lucidité, comprend qu’il aura réussi alors à détruire le reste de la famille Simmons déjà éclatée. Fatigué, il passe une main lasse sur son visage après s’être légèrement écarté de la jeune femme. Sa proximité est douce sur son cœur, mais il n’est pas sûr de la mériter.

« Je sais bien qu’il voudrait qu’on avance, qu’on reprenne le cours de nos vies et qu’on soit heureux, il répète d’une voix morne, brisée. Bien sûr qu’il le voudrait, Thomas était la personne la plus altruiste que je connaissais. » Oui, Thomas le voudrait. Parce que Thomas lui en voudrait de se complaire dans sa misère malheureuse pendant encore des années ; parce que Thomas l’avait toujours poussé vers le haut. Mais Thomas n’était plus là. Il n’était plus là et Isaac allait devoir faire sans lui désormais. Sans son soutien, sans sa présence au quotidien. Sans son sourire qui lui amenait des palpitations dans le ventre et la poitrine. « Mais, pour l’instant, j’en suis tout simplement incapable. » Isaac est fatigué. Las. Il ne souhaite rien d’autre que passer ses journées allongé sur son canapé, à tout simplement fixer le vide jusqu’à sentir sa vue se brouiller, devenir douloureuse. Il aimerait sentir la chaleur de Dexter contre lui, lui rappelant qu’il peut se raccrocher à son beau-frère. Il aimerait passer la nuit avec lui, juste pour reposer ses paupières. C’est grâce à son beau-frère s’il ne s’effondre pas totalement, c’est grâce à son beau-frère s’il respire encore même difficilement. Sans le brun pour l’attirer vers la lumière, Isaac se serait laissé glisser vers le fond, toujours plus loin. Isaac reprend un peu plus vie dans les bras du jumeau, malgré tout ce que cela engendre. Et il n’arrive pas à se passer de la sensation d’apaisement qui lui noie les côtes chaque fois que son corps trouve sa place contre celui de son beau-frère. Dexter est la réponse à son mal-être, étrangement. Et même si personne ne le comprend, Isaac n’a plus la force de le nier. Pauvrement, il lance un regard à Giulia, comme dans l’espoir de trouver des réponses. Un petit rien, n’importe quoi. Juste de quoi se rassurer, sans savoir exactement sur quoi. « Il y a des jours où j’ai l’impression que ma vie s’est terminée le jour où on l’a enterré ; d’autres jours, je me répète qu’il serait furieux de voir que je ne suis même pas encore retourné au travail. D’autres encore où je l’attends, le cœur battant, à espérer le voir passer la porte de notre appartement, soupire-t-il. Je n’ai plus le courage de rien. Je suis même incapable de me lever le matin. Je ne sais même pas quand est le matin, parce que je passe mes journées enfermé dans le noir. » Et le soir, il vient se réfugier dans cet autre appartement, dans ces bras qui l’accueillent sans rien dire. Sans rien demander. « Tu sais, il m’arrive encore d’appeler son téléphone portable. Juste pour écouter sa messagerie, pour entendre sa voix. C’est un peu comme s’il était là. » Mais le vide et la douleur s’abattent sur Isaac à chaque fois qu’il vient à raccrocher et il se promet alors de ne plus jamais s’infliger pareille souffrance. Mais, le lendemain, il recommence. Comme un drogué en recherche de sa dose ; comme un drogué en manque. Thomas lui manque. Dexter lui manque. Il crève de douleur et de solitude, dans cet appartement. Et il est fatigué, si fatigué. « Et toi, raconte-moi. Comment est-ce que tu passes tes journées ? »
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