Katharine & Lilian ~ Shit happens. Girls fight.

Je descends l'escalier et voit Matthew au garde à vous devant la porte. Je souris et secoue la tête. "Tu sais qu'on ne pars que dans 10 minutes ?" "Oui oui ! Mais au moins, je suis prêt !" "Bon... Je mets mes chaussures et on y va, mais ne reste pas planté là !" Je vais dans le vestibule prendre ma paire de talons fétiches et mon trench, les enfile puis attrape mon sac à main et les clefs de la maison. "ON Y VAAAAAAAAAAAAA !" crie mon fils en sortant dans la rue en courant. Aujourd'hui, il y a une sorte de fête de son école et je me suis portée volontaire pour tenir un des stands, reste à savoir lequel et avec qui. Nous arrivons à peine qu'il me quitte pour rejoindre ses copains et que l'on m’envoie au stand de gâteaux.
C'est au bout de presque une demi-heure que me rejoint ma "co-équipière" pour la journée. Je suis arrivée tôt, mais là, la ponctualité on dirait qu'elle ne connait pas... Et comme par hasard, qui s'avance vers le stand... Madame Lawrence. "Bonjour" dis-je sans la moindre émotion. « On ne se parle pas, vous n’existez pas. Si jamais je vous vois vous approcher de mes enfants, vous serez le deuxième Hargrave à finir en prison. Suis-je bien claire ? » Bon, ça commence bien. Je lève les yeux au ciel et lui répond: "En prison parce que je m'approche de vos enfants ? Vous vous rendez compte que ça n'a absolument aucun sens ?" Je tourne la tête pour regarder mon fils au loin. « Et défendre son frère qui a tué de sang-froid une femme qui ne lui avait rien fait ça a du sens peut-être ? » Mon sang se glace et je respire un grand coup puis me retourne vers elle. "C'était mon frère et j'imagine que vous auriez fait pareil pour le votre s'il vous avez supplié comme le mien l'a fait. Je n'ai fait que mon boulot et cela ne veut en aucuns cas dire que je cautionne ses actes." Et comment le pourrais-je. Depuis cette histoire, j'ai honte de l'appeler mon frère, et rien que d'avoir à penser à ce qu'il a fait me répugne. « A votre place, j’aurai fait mon boulot pour qu’il reste en prison toute sa vie si vous ne cautionner pas ses actes ! C’est facile de se défendre, alors que vous auriez pu les condamner ! » Wow. Okay. C'est vrai que j'aurai pu aider à le condamner à perpétuité sauf que c'était pas ça mon boulot. Je devais le défendre. Et franchement, si je l'avais voulu, j'aurai pu gagner ce procès au point où il ne serait même pas allé en prison. Il aurait eu un bracelet ou serait allé dans un asile, mais il aurait très bien pu ne pas y aller du tout. C'est avec mes collègues que nous avions établis la stratégie de ce procès et on ne pouvais pas décevoir l'opinion publique tant ce procès était médiatisé. Je pourrais le lui dire ça. Elle me ficherait peut-être la paix, ou alors elle n'en serait que plus blessée.

"J'aurais pu. Oui. Mais je ne l'ai pas fait et ça ne m'empêche pas de dormir. Et je comprends que vous souffriez de ce qu'il s'est passé, mais c'est dans le passé, et ce n'est pas aujourd'hui que l'on va changer quoique ce soit. Alors si vous pouviez laisser ça dans le passé, ça serait mieux pour tout le monde." Sur ce je me retourne vers la caisse du stand et organise le fond de caisse que l'on nous a confié. « Vous croyez vraiment que je peux oublier ? Prétendre que tout ceci n’est pas arrivé pour mieux vivre ma vie ? Vous croyez que je vais passer à autre chose ? VRAIMENT ? » Je l'entends hurler derrière moi et tente de ne pas perdre mon sang froid, mais ses reproches sont tout à fait légitimes. Perdre quelqu'un n'est enviable à personne, et je comprends sa douleur en quelque sorte. J'ai eu beaucoup de mal à me remettre de la mort de ma mère. « Vous pourriez laisser ça dans le passé si ça avait été arrivé à votre propre frère ? » Elle rit et je sers mes poings sur la table. Mon frère n'est peut-être pas mort, mais c'est comme s'il l'était. L'homme que j'avais connu et admiré était mort ce jour là, avec cette femme. « Comment voulez-vous que je laisse dans le passé alors que j’ai perdu ma sœur, une femme qui aurait du être présente à des évènement importants de ma vie, comme la naissance de mes enfants ou la reconnaissance que l’on me donne au travail ? » Je laisse une larme s'échapper et je ressens presque sa douleur. Je n'ose pas imaginer ce qu'elle ressent, mais là, je n'en peux plus. Elle me blâme pour tout cela et pense que je ne suis que la salope qui a protégé son frère. Si seulement elle savait la vérité... "Et vous croyez que je n'ai rien perdu dans cette histoire ?" Je le dis calmement puis me retourne vers elle, les yeux encombrés par mes larmes qui menacent de tomber. " Vous avez perdu votre soeur, et moi mon frère. Vous allez dire, que non, qu'il est toujours vivant mais vous n'imaginez pas ce que c'est que de découvrir que la personne que vous admirez depuis votre plus jeune âge est capable de tuer. Et le pire, c'est que je n'ai rien vu. Tout ça se passait sous mon nez, et je n'ai rien vu. J'aurai pu le laisser pourrir en prison pour le restant de ses jours mais j'étais une avocate débutante et je n'ai pas pu faire ce que je voulais. " Je respire un coup et avance d'un pas vers elle.  " Et ne me parlez pas de perdre quelqu'un trop tôt, quelqu'un qui aurait du voir vos joies et vous réconforter dans vos peines, parce que je ne connais que trop ce sentiment. Ce procès a détruit ma mère, et ça l'a tellement rongé qu'elle s'est laissé allé jusqu'à ce qu'elle en meurt. J'y ai aussi laissé mon mariage. Vous le saviez ça ? Je pense que non. Et désormais, mon fils se trouve à grandir sans son père parce qu'il a quitté le pays, trop honteux d'avoir été marié à la femme qui a laissé le meurtrier le plus détesté du pays s'en sortir avec une peine si légère." Je me retourne et m'éloigne de quelque pas pour essuyer mes larmes. « Ce sont vos actions, vos décisions qui vous ont couté un mariage. Aujourd’hui, vous ne pouvez blâmer que vous-même ! » Je pouffe de rire, écœurée. « Mais je suis désolée pour votre mère… »  Je secoue la tête et lève les yeux au ciel. "Comme si vous en aviez quelque chose à faire... Vous devez être contente, vous avez perdu quelqu'un, moi aussi ! Un point partout, pas vrai ?" Je lui réponds sarcastiquement. « Parce que vous croyez que j’en suis au point de vouloir la mort d’un membre de votre famille, à part votre frère, pour qu’on en soit au même point ? Pour qu’on ressente la même douleur ? Vous me prenez pour quel monstre ? Vous croyez que ça m’amuse ? Que je souhaite le malheur de votre famille ? Mais vous n’avez rien compris ! Je vous en veux parce que vous avez défendu votre frère, parce que vous lui avez sauvé la vie, parce que vous lui avez permis d’avoir une vie tranquille alors qu’il ne méritait rien d’autre que de la prison et l’enfer que cela peut représenter. En aucun cas, je n’ai voulu le décès de votre mère. » "Ce qui est sûr, c'est qu'il a détruit plus que je ne l'en pensais capable. Et sa mort n'aurai aidé personne." Ou peut-être que si. Je me sentirais sûrement plus en sécurité s'il n'était pas dans le coin. « Oui maintenant vous vous rendez compte de ce qu’il a fait. » Elle s'éloigne de moi et je sens une culpabilité insoupçonnée surgir en moi. Peut être que si j'avais été plus présente pour mon frère, il n'aurait pas fait tout ça. Je prends une grande respiration et laisse tout ça derrière moi, je dois penser à mon fils en priorité. Je prends ma place aux côté de Madame Lawrence et débute ainsi une journée des plus compliquées.

« Mamaaaaan ! On est prêts ! » Je fronce les sourcils et relève la tête du nouveau script et des notes que je suis en train de prendre. Prêts ? Mais on est samedi ! « Mamaaaan ! » Jedépose mes lunettes sur mon bureau. Je crains le pire. Je regarde ma montre et me dirige vers la source de ce cri. Toute la famille est habillée, coiffée, déguisée même. « Que se passe-t-il ? » Un regard vers ma petite dernière et je sens que j’ai dit une bêtise. Je fais le tous de mes enfants et mon regard se pose sur Agnès, qui est aussi prête à partir. « Je… » Je suis perdue, confuse. Je ne sais plus ce qui se prépare dans cette famille. « Les enfants, tout est de ma faute ! J’ai complètement oublié de prévenir votre mère. On lui laisse 5 min et on sera tous prêts à partir. » Agnès leur sourit et me suit dans mon bureau. « Je vous avez laissé un mot, plusieurs mêmes. C’est la fête de l’école aujourd’hui. » J’acquiesce bêtement avant de faire le lien. La fête de l’école bien sûr ! L’évènement auquel j’ai droit d’assister avant de partir faire le tour du monde pour promouvoir mon film. Je range précieusement le script avant de remercier Agnès. J’enfile une paire de chaussures et une veste avant d’embarquer tout le monde dans la voiture. Nous arrivons à l’école, légèrement en retard. Agnès me sauve, une nouvelle fois, en m’indiquant un groupe de Maman qui doit organiser l’évènement, afin que l’on m’attribue un poste, tandis qu’elle s’amusera avec les enfants. Je fais signe à mes enfants tandis que l’on me donne la responsabilité du stand de gâteau avec une deuxième personne. Je me dirige vivement vers celui-ci, préparant mentalement mes excuses pour la personne qui va me côtoyer pendant quelques heures. Ce n’est pas à mon habitude d’arriver en retard ! Je me fige à quelques mètres, remarquant une silhouette que je connais trop bien à mon poste. No fucking way. Je ne travaillerai pas avec Lilian Hargrave. Prête à faire demi-tour et à changer de poste, elle relève la tête. "Bonjour" Regard neutre, ton sec. Je prends une longue inspiration et ferme les yeux un instant. Je ne peux pas décevoir mes enfants en quittant l’établissement et je ne peux pas lui laisser le plaisir de m’avoir fait fuir. Je finis par la rejoindre. « On ne se parle pas, vous n’existez pas. Si jamais je vous vois vous approcher de mes enfants, vous serez le deuxième Hargrave à finir en prison. Suis-je bien claire ? » Je prends une longue inspiration pour me calmer. Personne ne comprend pourquoi je suis autant énervée contre elle. Mais personne n’a vécu ce que j’ai vécu. "En prison parce que je m'approche de vos enfants ? Vous vous rendez compte que ça n'a absolument aucun sens ?" Mes lèvres et mes poings se serrent. Je n’aime pas trop qu’on se foute de moi. « Et défendre son frère qui a tué de sang-froid une femme qui ne lui avait rien fait ça a du sens peut-être ? » Je ne peux m’empêcher d’hausser le ton.

Attachant mes cheveux, j’essaie de me calmer une nouvelle fois. Pour le bien de nos enfants, de cette fête d’école, et pour notre bien à nous surtout, je dois l’oublier. Sauf qu’oublier que cette femme est là, que son frère est dehors, ce n’est pas facile. "C'était mon frère et j'imagine que vous auriez fait pareil pour le votre s'il vous avez supplié comme le mien l'a fait. Je n'ai fait que mon boulot et cela ne veut en aucuns cas dire que je cautionne ses actes." « A votre place, j’aurai fait mon boulot pour qu’il reste en prison toute sa vie si vous ne cautionner pas ses actes ! C’est facile de se défendre, alors que vous auriez pu les condamner ! » Moi ce sont les siens, que je ne cautionne pas, que ça soit son frère ou non. C’est vrai que je peux comprendre que l’on puisse faire des actes pour l’amour de notre famille, pour protéger ses frères, sœurs, parents enfants – surtout les enfants – mais il y a certains actes qui sont condamnables que ça soit notre famille ou non. Pourtant, il semblerait que nous n’avons pas la même opinion sur ce sujet. Décidément, elle est aussi butée que moi. "J'aurais pu. Oui. Mais je ne l'ai pas fait et ça ne m'empêche pas de dormir. Et je comprends que vous souffriez de ce qu'il s'est passé, mais c'est dans le passé, et ce n'est pas aujourd'hui que l'on va changer quoique ce soit. Alors si vous pouviez laisser ça dans le passé, ça serait mieux pour tout le monde." Le passé ? Oublier juste parce que c’est le passé et que tous les autres sont passés à autre chose ? « Vous croyez vraiment que je peux oublier ? Prétendre que tout ceci n’est pas arrivé pour mieux vivre ma vie ? Vous croyez que je vais passer à autre chose ? VRAIMENT ? » Une nouvelle fois, je m’emporte et le ton monte. Lilian Hargrave a le don de me mettre dans un état pas possible. « Vous pourriez laisser ça dans le passé si ça avait été arrivé à votre propre frère ? » Je ris comme une hystérique en essayant d’imaginant si l’assassinat de son propre frère pourrait lui apporter une souffrance comme la mienne. « Comment voulez-vous que je laisse dans le passé alors que j’ai perdu ma sœur, une femme qui aurait du être présente à des évènement importants de ma vie, comme la naissance de mes enfants ou la reconnaissance que l’on me donne au travail ? »                    

Une larme s’échappe pour glisser le long de ma joue. Je hais me montrer si faible dès qu’on commence à parler de Daisy, pourtant je ne peux m’en empêcher. On me l’a enlevée bien trop tôt pour que j’arrive à parler d’elle calmement. Donc Lilian subit ma colère. Elle prend pour son frère, pour des actes qu’il a commis, lui. "Et vous croyez que je n'ai rien perdu dans cette histoire ?" Je lève les yeux au ciel. Ca serait presque trop facile de jouer les victimes. Elle se retourne vers moi, les larmes aux yeux elle aussi. Fronçant les sourcils, je subis à son tour son élan de colère. " Vous avez perdu votre soeur, et moi mon frère. Vous allez dire, que non, qu'il est toujours vivant mais vous n'imaginez pas ce que c'est que de découvrir que la personne que vous admirez depuis votre plus jeune âge est capable de tuer. Et le pire, c'est que je n'ai rien vu. Tout ça se passait sous mon nez, et je n'ai rien vu. J'aurai pu le laisser pourrir en prison pour le restant de ses jours mais j'étais une avocate débutante et je n'ai pas pu faire ce que je voulais. " Elle ne semble pas s’arrête. Elle fait un pas dans ma direction, l’air encore plus déterminé. " Et ne me parlez pas de perdre quelqu'un trop tôt, quelqu'un qui aurait du voir vos joies et vous réconforter dans vos peines, parce que je ne connais que trop ce sentiment. Ce procès a détruit ma mère, et ça l'a tellement rongé qu'elle s'est laissé allé jusqu'à ce qu'elle en meurt. J'y ai aussi laissé mon mariage. Vous le saviez ça ? Je pense que non. Et désormais, mon fils se trouve à grandir sans son père parce qu'il a quitté le pays, trop honteux d'avoir été marié à la femme qui a laissé le meurtrier le plus détesté du pays s'en sortir avec une peine si légère." Tout à coup, son malheur me frappe en pleine face. Je ne m’attendais pas à trouver une femme rayonnant de bonheur – après tout, son frère est un meurtrier – mais de voir qu’elle a perdu des membres de sa famille également pourrait presque me faire regretter ma colère. Pourtant, je n’y arrive. Je n’arrive pas à la prendre en pitié. « Ce sont vos actions, vos décisions qui vous ont couté un mariage. Aujourd’hui, vous ne pouvez blâmer que vous-même ! » Je prends une longue inspiration, avant d’entendre sa répondre qui ne tardera pas à fuser. Cependant j’arrive à glisser une dernière parole avant le renvoi de la balle. « Mais je suis désolée pour votre mère… »            

M’y attendant presque, je la vois me rire au nez, comme si j’avais dit une absurdité. "Comme si vous en aviez quelque chose à faire... Vous devez être contente, vous avez perdu quelqu'un, moi aussi ! Un point partout, pas vrai ?" Un point partout ? Elle se moque de moi ? « Parce que vous croyez que j’en suis au point de vouloir la mort d’un membre de votre famille, à part votre frère, pour qu’on en soit au même point ? Pour qu’on ressente la même douleur ? Vous me prenez pour quel monstre ? Vous croyez que ça m’amuse ? Que je souhaite le malheur de votre famille ? Mais vous n’avez rien compris ! Je vous en veux parce que vous avez défendu votre frère, parce que vous lui avez sauvé la vie, parce que vous lui avez permis d’avoir une vie tranquille alors qu’il ne méritait rien d’autre que de la prison et l’enfer que cela peut représenter. En aucun cas, je n’ai voulu le décès de votre mère. » Et tout à coup, ça me frappe. Je me rends compte que ça aurait pu être moi à la place de sa mère, que mes enfants auraient pu grandir sans moi. Malgré tout ce qui a pu se passer, si Garrett n’avait pas été là, je ne sais pas si j’aurai survécu. "Ce qui est sûr, c'est qu'il a détruit plus que je ne l'en pensais capable. Et sa mort n'aurai aidé personne." Ma gorge se serre. Je ne sais pas, je ne sais plus quoi répondre. Si ça m’aurait aidé moi ? Aidé votre mère qui aurait peut-être pu vivre en se disant qu’il se sentait trop coupable pour continuer à vivre ? Je ne sais plus. Mon regard se brouille. Je secoue la tête, mettant fin à la conversation. « Oui maintenant vous vous rendez compte de ce qu’il a fait. » Sans un regard, je m’éloigne d’elle, prenant une des premières commandes de la journée qui s’annonce difficile.